0232 Sous le ciel de Paris (partie 2 de 3).

- Par l'auteur HDS Fab75du31 -
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Auteur homme.
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Récit libertin : 0232 Sous le ciel de Paris (partie 2 de 3). Histoire érotique Publiée sur HDS le 27-06-2020 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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0232 Sous le ciel de Paris (partie 2 de 3).
Samedi 13 octobre 2001
Le matin suivant cette belle soirée à Montmartre et cette magique nuit d’amour, je me réveille à côté de mon bobrun. A vrai dire, je me réveille aussi à cause de mon bobrun. Ce sont ses bras qui m’enserrent, ce sont des bisous légers posés sur mon cou qui me font émerger de mon sommeil.
Et pourtant, mes oreilles m’apportent le bruit familier de la respiration de son sommeil à lui. Ainsi, tout en dormant, mon bobrun a eu envie de me faire un câlin. N’est-ce pas le geste, l’envie, le besoin d’un gars amoureux ? Comment pourrait-il aller voir ailleurs alors qu’il a l’air si heureux avec moi ?
La lumière remplit déjà le petit appart. Je me lève, j’attrape mon portable, il est 8h20. Je vais faire un tour aux toilettes.
Lorsque je reviens, mon Jérém a changé de position. Il est désormais allongé sur le dos, ses pecs et ses tétons dépassent du pli du drap, ses bras écartés dominent toute la largeur du petit lit.
Je m’approche de lui, je l’embrasse. Le bel au lit dormant se remue, il sort peu à peu du sommeil. Ma bouche quitte la sienne pour aller embrasser son cou, doucement, lentement. Jérém renverse sa tête en arrière et ma langue glisse de son cou vers ses pecs. Mes doigts saisissent le drap et le descendent petit à petit, ils dégagent le chemin à la lente mais inexorable descente de mes lèvres le long de son torse.
Je m’enivre des petites odeurs tièdes de sa peau, je sens ses doigts se glisser dans mes cheveux. C’est d’abord une caresse douce, qui devient ferme, puis directive, puisqu’elle guide ma tête vers ses tétons que je vais mordiller pendant quelques instants. Jusqu’à ce qu’elle exerce une nouvelle pression, invitant ainsi mes lèvres et ma langue à aller voir plus bas, vers ses abdos, vers le chemin de bonheur qui conduit à sa virilité.
Mes doigts cessent de descendre le drap lorsque celui-ci se trouve à la lisière des poils de son pubis. Je pose mon nez sur le tissu qui cache encore ses attributs masculins. Je suis comme un fou, je m’enivre de l'odeur de sa bite déjà tendue par une belle érection.
J’adore faire durer, j’adore savourer et profiter de cet instant où tout est possible et rien n’est encore ébauché, où nos désirs sont encore intacts. J’adore sentir son désir, son envie, son excitation, son impatience.
Quant à mon impatience à moi, elle fait qu’à peine quelques instants plus tard je libère sa queue, que je la découvre bien droite, fière, palpitante, frémissante. Je la regarde, la contemple, l'admire. J’hésite entre me jeter dessus direct et l'avaler d’une seule traite, jusqu'à la garde, ou bien prendre mon temps, la titiller, la goûter petit à petit avec ma bouche, millimètre par millimètre, de la parcourir lentement depuis le gland d'où perle déjà une goutte cristalline de nectar, jusqu'à la naissance des bourses, jusqu’à frôler ses poils avec le bout de mon nez et m'enivrer de son odeur virile.
Je choisis la voie lente, la dégustation de gourmet plutôt que la frénésie de gourmand. Je titille son gland, je me rends ivre de ce petit goût qui ne cesse de suinter de son frein au gré des caresses du bout de ma langue.
Mon bobrun frémit de bonheur. J’aime tellement lui faire plaisir. Et j’adore son petit sourire canaille juste avant que ma bouche ne s'enroule enfin autour de son gland, se referme, l'emprisonne. Et j’adore tout autant ce long gémissement de plaisir que ma bouche arrive à lui arracher lorsqu’elle descend lentement, inexorablement, le long de son manche raide, ne lui laissant d’autre choix que de s’abandonner totalement à mes caresses. Et lorsque ses doigts se crispent dans mes cheveux, pile au moment où mes lèvres atteignent la garde de sa queue, je sens mon excitation et mon bonheur exploser.
Pendant un bon petit instant, je garde sa queue bien au chaud dans ma bouche. Puis, guidé par les mains de Jérém toujours accrochées à mes cheveux, je fais remonter les lèvres et ma langue en sens inverse, je prends le temps de goûter à toute la puissance et à toute la saveur de cette queue magnifique.
« Putain, Nico, c'est trop bon, continue, vas-y suce moi, putain suce-moi ! » je l’entends lâcher, comme une supplication.
Ce qui me donne des frissons, c'est d'imaginer l'onde de plaisir se propager dans son corps de petit Dieu, et de savoir que cette onde est provoquée par le contact de nos corps, de nos désirs. C’est l’escalade vers le précipice de la jouissance, une avancée lente, insupportable, insoutenable. C’est de voir sa petite gueule se crisper pendant l'orgasme, lorsqu'il perd tout contrôle (même si le contrôle, il l'a perdu depuis longtemps, quand ses lèvres sont entrées en contact avec les miennes), comme si l'instant se prolongeait dans le temps, comme si ça se passait au ralenti.
Ce qui me rend carrément dingue, c'est de me focaliser sur ses giclées que je reçois dans la bouche et que j’avale lentement, comme si c'était une sorte d'élixir. Et de savoir que c’est moi qui lui ai offert ce nouvel orgasme.
Après cette bonne pipe du matin, Jérém me fait m’allonger à mon tour sur le lit. Et alors que ses lèvres et sa langue excitent l’un de mes tétons, sa main empoigne doucement ma queue et entreprend de la branler. En ciblant mes points érogènes majeurs, le bobrun n’a pas besoin de me caresser longtemps pour me faire venir à mon tour.
Après m’être essuyé, je le prends dans mes bras et nous nous faisons des câlins. Mais très vite, la beauté de son corps, sa proximité, son goût viril qui persiste dans ma bouche, cette légère odeur de transpi qui se dégage de ses aisselles, tout conduit à nouveau à faire monter mon excitation. Mes caresses câlines ne tardent pas à se transformer en caresses coquines autour de ses tétons.
« Allez, on se lève » fait le bobrun, en bondissant du lit.
« Déjà ? » je fais, alors que je serais bien resté un peu plus au lit et que j’aurais bien recommencé une nouvelle galipette.
« Si on se lève pas, on va recommencer ».
« Et alors, c’est grave ? ».
« Il vaut mieux qu’on aille faire un tour ».
« Pourquoi ça ? ».
« Parce que j’ai match cet après-midi ».
« Et donc ? ».
« Notre préparateur sportif dit que pour être au top sur le terrain, il ne faut pas trop baiser les jours de match ».
« S’il le dit… ».
Le rugby me prive ainsi d’un nouveau moment de plaisir avec mon bobrun. Mais c’est pour la bonne cause, et je me dis que je ne perds rien pour attendre.
Nous allons petit-déjeuner dans un bar proche de l’appart. Le jus de fruit est bien frais, le croissant croustillant, le café bien corsé. La présence de mon Jérém juste magique. Je vis comme dans un rêve où tout me rend heureux.
Après le petit déj, nous repartons pour un nouveau tour dans Paris. Nous n’avons qu’un temps limité, Jérém doit être dans les vestiaires à 14 heures pétantes.
Nouveau trajet, nouveau métro. Nouvelle incursion dans cette ville souterraine qui est le double de la ville de surface mais en plus frénétique. Une deuxième ville de vitesse, de gens pressés, de pas perdus. Une ville qu’on a tout autant envie de retrouver pour se déplacer que de quitter une fois arrivés à destination.
Tout Paris est à portée en un coup de métro. Ainsi, par la magie des croisements de lignes, nous quittons le ciel aux Buttes Chaumont et nous ne le retrouvons qu’en émergeant à côté de l’Arc de Triomphe.
Nous remontons les Champs Elysées jusqu’à la place de la Concorde. Nous traversons la cour du Louvre, avec sa Pyramide parachutée au beau milieu de ses ailes imposantes. J’aimerais tant avoir le temps de visiter le Musée, mais je commence fortement à douter que ce ne sera pas pour cette fois-ci. Je suis un peu frustré mais je me dis qu’il y a des priorités dans la vie, et que passer du temps avec mon bobrun est ma priorité absolue pour ce week-end. Et alors que nous quittons déjà l’esplanade devant le Palais Royal pour continuer notre balade, je me dis que j’aurai le temps de visiter le Musée le plus connu au monde à d’autres occasions.
La rue de Rivoli avec ses porches nous conduit à l’Hôtel de Ville, majestueux.
La première fois qu’on débarque à Paris on est impressionnés par la Grandeur. La grandeur des espaces urbains, la grandeur architecturale des bâtiments historiques, la grandeur artistique des monuments, la grandeur de son projet architectural et urbanistique. On est touchés par la beauté d’une ville où tout semble conçu pour en mettre plein la vue, sans répit.
Mais il est un endroit qui, de par son histoire, l’une des plus anciennes de la capitale, et de par son allure, une beauté à la fois austère mais indémodable, met tout le monde d’accord pour en faire l’un des symboles incontestables de la ville.
Dès que l’image des deux clochers carrés de la cathédrale de Notre Dame traverse ma rétine, je suis saisi par une émotion esthétique qui me bouleverse.
Plus j’approche, plus je suis happé par sa silhouette imposante. Sur le parvis, je suis complètement sous le charme. Devant Notre Dame, je me sens tout petit. Car « du haut de ses clochers, plus de huit siècles me contemplent ». Huit siècles, mais aussi le génie de bâtisseurs hors normes, le travail acharné de milliers d’hommes et de femmes qui ont rendu cela possible. L’immense bâtisse semble vibrer encore de l’énergie des esprits qui l’ont conçue et voulue, du bruit des chantiers pharaoniques qui l’ont faite sortir de terre, des pleurs, des cris, des souffrances, des espoirs des hommes que ses pierres ont côtoyés et vu disparaître au travers des son histoire.
J’ai toujours été fasciné, ébloui, impressionné par le travail de ces hommes qui, au travers des siècles, ont bâti les cathédrales, des œuvres qui figurent parmi les merveilles absolues de notre civilisation. Je ressens une admiration infinie pour ces bâtisseurs initiaux qui ne disposaient ni des techniques, ni du matériel moderne, et pour les architectes dont les connaissances n'étaient pas celles d'aujourd'hui, qui ne disposaient d'aucun moyen de calculs pour vérifier à l'avance la solidité de l'ouvrage, et qui pourtant ont réalisé cette prouesse exceptionnelle.
Mais parmi toutes les grandes cathédrales, Notre Dame a toujours eu une place particulière dans mon cœur. Peut-être parce que, grâce à un film d’animation qui a bercé mon adolescence, j’ai l’impression de la connaître mieux que toutes les autres.
En la voyant si imposante, comme un bateau de pierre qui a traversé les siècles, qui a survécu à la révolution, aux guerres, qui a connu une deuxième jeunesse grâce à un livre de génie dont le dessin animé de mon adolescence est une adaptation, il m’est bien évidemment impossible d’imaginer que dans moins de vingt ans elle manquera de peu de disparaître dans un affreux brasier. Et pourtant, ainsi va l’Univers. Les choses, comme les Êtres, naissent, vivent, passent. Il suffit d’un moment de distraction, d’un agent de sécurité formé à la va vite, peut-être d’un mégot jeté négligemment ou d’un câble électrique mal isolé, pour risquer d’anéantir le travail de centaines d’années, de milliers d’hommes. Et de priver l’Humanité d’une présence qui lui rappelle ce que le génie des Hommes peut faire de meilleur.
Mais pour l’heure, la Dame de Pierre conserve toute son allure, sa beauté, sa grâce, sa superbe.
« Allez, on y va ? » j’entends mon bobrun me lancer, tout en allumant une nouvelle clope.
« Je voudrais faire un tour à l’intérieur ».
« Vas-y, mais ne tarde pas, on doit rentrer ».
Pénétrer dans un pareil lieu augmente encore le sentiment de me trouver face à quelque chose de grand, d’immense, quelque chose qui me dépasse. Je me sens encore plus petit que sur le parvis, encore plus happé par la force qui se dégage de ces pierres presque millénaires. Car l’intérieur de la cathédrale, avec ses voûtes à des dizaines de mètres du sol, ses piliers impressionnants, ses arcades gothiques, ses vitraux colorés, ses rosaces immenses, sa lumière tamisée, apaisante, son silence lourd et son écho vibrant, son ambiance si particulière dans laquelle le temps semble comme suspendu, ne fait que confirmer et amplifier encore mon admiration et ma fascination. Définitivement, ces pierres imposent le respect.
Cette sensation d’avoir été confronté à quelque chose de grand qui me dépasse et m’interpelle me suit en dehors de la cathédrale, pendant un long moment.
Nous continuons notre balade jusqu’à tomber sur le Centre Pompidou. Là aussi j’aimerais pouvoir visiter. Là aussi, je me dis que j’aurai le temps de le faire plus tard.
Nous venons de laisser derrière nous le bâtiment à la façade faite de bric et de broc, lorsqu’un panneau pointé droit devant nous attire mon attention. « Marais ».
J’avais entendu parler de ce quartier parisien gay-friendly, mais je n’avais pas fait jusque-là le rapport avec la vie de Jérém dans la capitale. Mais à cet instant précis, je réalise qu’avec la présence de ce quartier, Paris offre comme aucune autre ville en France la possibilité de faire des rencontres.
« C’est ici le Marais ? » je ne peux m’empêcher de me demander à haute voix.
« Je crois, oui… » fait Jérém.
« Tu es déjà venu ici ? ».
« Non, jamais. Ni en balade, et encore moins pour draguer des mecs, si c’est le sens de ta question » il se moque de moi.
« Je n’ai rien dit ».
« Je préfère que les choses soient claires ».
« Je te crois, Jérém ».
Nous traversons le Marais, quartier tantôt chic, tantôt monumental, avec ses bâtiments aux façades en pierre et en brique, aux toits en ardoise, tantôt aux allures de village, avec des ruelles et des passages de conte de fée. Et souvent très gay aussi, avec ses saunas, ses bars, ses magasins aux couleurs de l’arc en ciel bien foncé.
En arrivant aux Buttes Chaumont, nous nous arrêtons dans un petit bistrot pour manger un bout. Lorsque nous rentrons à l’appart, Jérém prends une douche et se prépare à partir pour le match.
Mon bobrun revient de la salle de bain habillé d’un t-shirt noir parfaitement coupé mettant en valeurs ses épaules, ses biceps et le V de son torse, d’un short en jeans mettant en valeur son beau cul musclé. Sa tenue est complétée par une casquette, à l’envers bien entendu, avec mèche de cheveux bruns qui dépasse de l’espace au-dessus de la languette de réglage, casquette lui donnant une parfaite allure de petit con de compétition. J’ai trop envie de lui.
« Ça me fait plaisir que tu viennes au match » il me lance, l’air plutôt fier.
« Ça me fait plaisir aussi de venir te voir jouer… même si je préfèrerais te voir jouir… ».
« T’es vraiment un coquin, toi ! » il me répond, tout en plantant son regard brun dans le mien, comme s’il voulait aspirer mon âme.
« C’est de ta faute, t’as qu’à pas être aussi sexy ! ».
« Allez, on y va, j’ai un match à jouer ! » me lance le bogoss, en attrapant son sac de sport, le sac du trésor Mâle.
Mon Jérém semble bien parti pour quitter l’appart, lorsque je le vois s’arrêter net, se retourner, me regarder bien dans les yeux, le regard empli d’une flamme des plus coquines. Le bogoss laisse tomber son sac de sport à terre, il s’avance vers moi, il m’attrape par les épaules, il me fait tomber sur le lit. Et il entreprend de m’embrasser fougueusement, pendant que ses mains se glissent sur mon t-shirt pour aller agacer mes tétons.
« Je croyais qu’on n’avait pas le temps » je le taquine.
« Et je croyais que tu ne devais pas faire de sexe avant le match » j’insiste, alors que le bobrun continue de me couvrir de bisous et de m’exciter.
« Ferme ta bouche… » il lâche, la voix traînante.
« Si tu continues comme ça, c’est sûr que je vais te faire jouir » je le préviens, alors que je sens mon érection monter à grand pas.
« Qui a dit que j’ai envie de jouir ? ».
Et ce disant, il défait ma braguette, il descend mon short et mon boxer et il commence à me sucer. C’est bon à en perdre la raison. Le bogoss me pompe avec entrain, comme s’il voulait précipiter mon orgasme. Le temps presse. Mais quelques instants plus tard, alors que je commence à ressentir les premiers frissons annonciateurs de l’explosion de mon plaisir, sa bouche quitte ma queue. Le bogoss défait sa braguette, il ôte son short et son boxer. Sa belle queue se dresse fièrement devant moi. Il ôte également son t-shirt noir, son torse musclé et velu, ainsi que ses beaux tétons saillants se dévoilent à moi, tellement sensuels, tellement tentants. Mais alors que je m’attends à sentir sa queue s’enfoncer en moi, à me sentir envahi et possédé par sa virilité puissante, le bogoss s’allonge sur le lit, sur le dos, à côté de moi et me lance :« J’ai envie de toi ».
Voilà comment je me retrouve une nouvelle fois à faire l’amour à mon beau rugbyman, juste avant un match important. La sensation de me sentir glisser en lui, le frisson apporté par chacun de mes va-et-vient entre ses fesses musclées, ce sont des bonheurs inouïs. Quant au fait de voir mon bobrun prendre son pied, le sentir ahaner de plaisir, gémir de plaisir, voir et sentir ses mains parcourir fébrilement mon torse, enserrer mes biceps, mes épaules, mes pecs, mes tétons, cela décuple mon excitation et m’approche très vite et dangereusement de l’orgasme. J’ai très envie de jouir en lui, mais j’essaie de me retenir.
Cette fois-ci, l’étincelle qui va embraser mes sens est apportée par sa main se glissant délicatement entre nos deux bassins et caressant mes couilles. Dès que le bout de ses doigts entre en contact avec mes bourses, et alors que j’entends le bogoss me chuchoter, comme dans un état second :« Je sens que tu vas bien gicler, mec ».
A cet instant précis, je me sens perdre pied.
« Je viens, Jérém ».
« Fais toi plaisir p’tit mec ».
Qu’est-ce que ça m’excite sa façon de m’appeler p’tit mec !
Mon orgasme est tellement intense que, pendant les derniers coups de reins qui accompagnent mes giclées, pendant que mon esprit s’évapore sous l’action d’un plaisir qui dépasse l’entendement, je ressens le besoin impérieux de m’abandonner sur son torse et d’enfoncer mon visage dans le creux de son épaule. Le bogoss m’enlace de ses bras puissants et glisse ses doigts fébriles dans mes cheveux. Et alors que je sens sa queue raide compresser mes abdos, je suis surpris par une sensation on ne peut plus excitante, la sensation d’une chaleur qui se répand sur mon torse. Mais ce n’est pas la chaleur qui embrase le ventre pendant l’orgasme. C’est une chaleur qui se diffuse sur ma peau. Les ahanements profonds et excités de mon beau mâle m’indiquent qu’il est en train de jouir à son tour.
« T’as joui finalement… » je lui lance, alors que nos torses moites de jus de bogoss viennent de se décoller.
« Je n'ai pas pu retenir, c'était trop bon ».
« M’en parle pas, c’était fou ».
« Tu y prends goût, p’tit mec ! » il me lance, avec un grand sourire, ses doigts jouant doucement avec mon oreille.
« Toi aussi tu y prends goût ».
« C’est juste pour te faire plaisir » il me glisse, tout en se marrant dans la moustache.
« C’est ça, à d’autres. Le coup de bite, quand on y a gouté, on ne peut plus s’en passer ! » je le taquine.
« Mais ta gueule ! Regarde-toi un peu dans quel état tu es, va donc prendre une douche ! ».
« Et toi donc ! » je le taquine à mon tour.
Je vais à la douche en premier, Jérém y revient après moi. Pendant que je m’habille, je ressens dans mon ventre la douce chaleur qui suit un bel orgasme. En repensant à l’incroyable moment de plaisir que je viens de partager avec mon bobrun, je me dis que même si ce n’est pas la première fois que Jérém me demande de le prendre, je trouve toujours tout autant incroyable ma chance de pouvoir goûter à l’intimité ultime d’un Dieu Mâle comme Jérém. Après ce partage sensuel, après cette marque de confiance qu’est le fait de se donner à moi sans protection, je me sens rassuré. Et je me dis que sa fougue, son désir, sa façon de se donner à moi, sont autant de marques qui doivent à tout jamais me rassurer vis-à-vis des doutes et des questionnements qui m’ont assailli lorsqu’on a traversé le Marais. Non, Jérém ne couche pas ailleurs.
« Allez, on y va, je suis déjà en retard ».
« A qui la faute ? » je le cherche.
« A toi, t’es un obsédé du cul ».
« Et toi non… ».
Lorsque nous arrivons au stade, nous sommes obligés de nous séparer. Jérém se dirige vers l’entrée des joueurs, vers les vestiaires. Quant à moi, je vais au guichet, je donne mon nom et je rentre directement dans l’enceinte du stade. Jérém a pu m’obtenir une place au bord du terrain.
Je ne m’intéresse pas vraiment au rugby, et la simple idée de me déplacer pour voir un match ne me traverserait même pas l’esprit si ce n’était pas pour la raison que mon bobrun y joue. Mais il faut bien admettre qu’il règne dans les tribunes une ambiance festive qui donne la pêche, une ambiance saturée de testostérone qui fait vibrer pas « mâle » de cordes sensibles en moi. Car il y a pas mal de beaux mecs dans les tribunes. Le plus souvent sans copines, entre potes, ce qui leur permet d’exprimer tout leur potentiel d’hétéros de base se passionnant pour le sort d’un ballon ovale et pour les bières.
Le match va bientôt démarrer, les deux équipes déboulent sur le terrain.
Je cherche mon Jérém du regard, je le trouve facilement. Il est tellement sexy dans son maillot blanc et bleu ciel, il le porte divinement. Sur le terrain, on ne voit que lui. Je ne vois que lui.
Le jeu démarre et je ne peux pas le quitter du regard. Mon bobrun a l’air de s’éclater et c’est beau à voir. A la faveur du jeu, il s’approche suffisamment de moi pour que nos regards se croisent. Je suis presque certain qu’il me cherchait. Je suis carrément sûr de lui avoir vu esquisser un petit sourire en me voyant.
A la quinzième minute de jeu, Tommasi marque son premier essai. Ses co-équipiers le félicitent. Mais il en est un qui le félicite plus longuement que les autres, qui le prend dans ses bras et semble lui chuchoter quelque chose à l’oreille qui a l’air de bien le faire marrer. C’est le co-équipier auteur de la passe que mon bobrun a transformé en essai.
Le gars est assez loin, mais suffisamment proche pour que je détermine qu’il s’agit d’un mec blond, avec une chevelure fournie qui, reliée avec une barbe drue d’au moins une semaine, forme une sorte de crinière virile qui a l’air très douce. Le mec n’est pas très grand mais il a l’air sacrement bien bâti. A lui aussi le maillot ciel et blanc lui va comme un gant.
D’entrée, sa carrure me rappelle une autre carrure bien connue, celle de mon pote Thibault. D’ailleurs il porte le même maillot, le numéro 9, celui du demi de mêlée, que mon pote toulousain.
Un besoin pressant prend instantanément forme dans mon esprit : il faut que je voie ce gars de près. Un vœu qui, à la faveur des déplacements de l’action de jeu, ne tarde pas à être exaucé.
Le boblond finit par se retrouver à quelques mètres de moi. De dos, d’abord. C’est un dos massif, surmonté par un cou puissant, entouré par des beaux biceps rebondis à souhait. Mais aussi un cul d’enfer, ainsi que des cuisses et des mollets solides.
Le gars possède un profil bien barbu, bien mec, bien viril, bien sensuel. De plus, sa simple présence respire la virilité, ainsi que l’autorité naturelle.
C’est dans sa façon de se planter au milieu du terrain, les jambes un peu écartées, les pieds bien plantés au sol, les bras croisés, les épaules vers l’arrière, le cou très droit. C’est dans sa façon de tenir la truffe en l’air en permanence, humant l’air du jeu, très attentif à tout ce qui se passe, comme un lévrier à l’affut de sa proie, comme s’il tentait tout le temps d’anticiper pour avoir un coup d’avance. C’est dans sa façon de chercher sans cesse à coordonner l’action de son équipe. Le mec est un meneur, ça ne fait pas un doute.
Le jeu vient de s’arrêter, l’un des joueurs de l’équipe adverse tente de transformer un essai. Le boblond est peut-être à dix mètres de là où je me trouve. Une distance relativement rapprochée qui me permet de réaliser qu’en même temps que cette virilité bien marquée qui en impose, le gars dégage une sorte de douceur qui me fait craquer. Ça doit venir de ses cheveux blonds qui donnent des envies d’infinies caresses. De sa peau claire qui donne des envies de bisous. De ses petites oreilles prises entre les cheveux et la barbe qui donnent des envies de mille câlins.
La transformation est ratée, le boblond exulte de bonheur. Même sa façon de manifester sa joie, en sautillant sur place et en levant les bras a quelque chose de profondément sexy.
Je me demande quel est le prénom d’une telle bombasse mâle. Soudain, une intuition s’impose à moi, comme une évidence. Et si c’était lui, le fameux…« Ulysse ! Ulysse ! Tu es le meilleur ! » j’entends une nana crier pas très loin de moi.
Et là, je vois le boblond se retourner et lâcher l’un des sourires les plus incendiaires que je n’ai jamais croisés de ma vie.
J’ai toujours cru que le plus incendiaire des sourires ne pouvait venir que d’un bobrun. Le gars me fait revoir ma copie avec un argument de taille. Avec ses yeux gris, clairs, limpides et lumineux comme le diamant, son visage entouré par ces cheveux blonds et cette barbe dans laquelle son petit menton tout mignon semble noyé ; avec sa peau claire, les joues et le front marqués par la rougeur de l’effort, le gars ressemble à un véritable ange viril. Et son sourire est beau à se damner.
Ainsi le voilà, le fameux Ulysse, le nouveau meilleur pote de mon Jérém. Je l’avais imaginé brun, aussi grand que Jérém. Même genre de mec, quoi. Il n’en est rien. Je l’avais également imaginé du même âge que Jérém. Là aussi je me suis planté lamentablement. Car le gars doit facilement avoir cinq ou six ans de plus.
Bref, je réalise à quel point j’avais tout faux sur ce gars. Sauf le fait qu’il est bogoss. Mais j’étais loin d’imaginer que derrière ce prénom si atypique, si rare, si mythique, se cacherait une telle bombasse mâle, une bombasse blonde, un gars beau comme un Dieu et armé d’un putain de charme qui défriserait même les statues de Notre Dame.
Le fait d’imaginer que mon bobrun puisse côtoyer un tel gars au quotidien, qu’ils soient très proches suffit à provoquer en moi une intense poussée de jalousie.
Et si, entre ces deux-là…Non, Nico, arrête un peu tes délires. Le gars n’a pas du tout l’air d’être homo…Jérém non plus, et pourtant…Arrête un peu, tu veux ? Tous les beaux rugbymen ne sont pas gay…Mais rien que le fait de côtoyer un gars comme Jérém peut donner des envies, susciter des vocations, faire naître des besoins… quant au fait de côtoyer un gars comme cet Ulysse…Mais ta gueule, Nico ! Jérém t’aime, il t’aime tellement qu’il a surmonté plein de tabous pour toi, il te reçoit à Paris, il te fait l’amour, il se donne à toi…Le ballon ovale repart vers la ligne de but de l’équipe adverse. Comme un lévrier ayant enfin levé sa proie, Ulysse détale comme une fusée, il se mélange aux autres joueurs.
Au gré des errances du ballon, d’impressionnants mouvements de joueurs se produisent. Voir trois dizaines de mecs bien costauds courir sur un terrain, dans la même direction, voir tant de muscles, de fougue, de puissance, de vitesse, de gnaque, de testostérone en action, ça fait toujours son bel effet.
A la base, je trouve le rugby un sport particulièrement disgracieux. Voir tant de mâles se mettre des coups de malade, chercher la confrontation physique brutale, en risquant des blessures, parfois graves, et tout ça pour obtenir le contrôle d’un ballon, je trouve cela complètement idiot.
Et pourtant, il faut bien admettre que le rugby possède son charme. Un charme qui, en ce qui me concerne, tient exclusivement à ses joueurs. A mes yeux, le rugby est avant tout et surtout une incroyable vitrine de beaux mâles. Ainsi, le gars qui a eu l’idée du calendrier des Dieux du Stade n’a fait que trouver la plus belle des façons de mettre à l’honneur ce que le rugby a de plus beau à montrer. Non pas son jeu, mais ses joueurs.
Le rugby, comme les autres sports co, présente cependant un autre atout majeur, bien plus noble que le jeu lui-même : il rend possibles de magnifiques aventures humaines. Pour prendre conscience de cela, il suffit de parcourir les biographies souvent passionnantes d’anciens joueurs.
Ainsi, le fait que le rugby a le pouvoir de façonner des corps de dieux grecs et des belles histoires humaines ferait presque oublier à quel point c’est un sport inélégant.
L’action se poursuit, le ballon ne cesse de parcourir le terrain dans tous les sens. Je tente de faire un inventaire rapide des charmes masculins en présence. Dans chacune des équipes y a un certain nombre de bogoss avec des corps et des petites gueules à faire naître illico l’envie de leur donner la bonne pipe sans protection (alors qu’il faut quand même se protéger, car une bonne petite gueule et un corps de Dieu ne valent pas garantie de cleanitude, et le risque est trop grand).
Oui, les bombasses mâles ne manquent pas, mais mon regard ne cesse de revenir sans cesse auprès des deux charmes masculins qui agissent sur moi comme deux aimants entre lesquels mon esprit balance et se déchire.
Jérém, Ulysse, Ulysse, Jérém, le bobrun, le boblond. Au milieu de la foule, on ne voit qu’eux, je ne vois qu’eux. Car l’un comme l’autre, et chacun dans son style très différent, ils dégagent une aura virile, un truc de dingue. Les avoir tous les deux dans le même coup d’œil, est une expérience extrême. Excès de bogossitude, surchauffe de neurones.
A force de mater, l’inévitable finit par se produire. Lorsque l’action amène le boblond vers le coté du terrain proche de la tribune où je suis installé, je finis par croiser son regard. Et c’est un regard clair, profond, viril, un peu sévère mais terriblement charmant, un regard dans lequel on a envie de se noyer, un regard qui happe mon esprit, qui semble me mettre à nu, et lire direct dans mes pensées. Un regard qui fait vibrer toutes mes cordes sensibles sur l’intense « fréquence » du Masculin. Un regard tellement intense et pénétrant que je suis incapable de le soutenir pendant plus d’une seconde.
Une seconde pendant laquelle je me demande si le gars n’a pas capté que je le mate. Quand je dis que le boblond est à l’affût de tout ce qui se passe…Le boblond s’éloigne à nouveau très vite, happé par l’action de jeu. Une seule petite seconde, et pourtant je suis secoué par ce simple contact, car le frisson provoqué par son regard résonne toujours en moi comme une douce ivresse.
Le jeu s’emballe, je sens que quelque chose d’important va se produire. Ulysse récupère le ballon et, après quelques enjambées, juste avant qu’un joueur adverse ne fonce sur lui, il s’en sépare. Sa passe est parfaitement calculée et maîtrisée. Car Jérém est bien placé, et il reçoit le ballon à pleines mains, en pleins abdos. Puis, il détale comme un lapin, il glisse sur la ligne de jeu comme une fusée. Plusieurs joueurs de l’autre équipe tentent de lui barrer le chemin, mon bobrun arrive à chaque fois à les éviter ou à les dégommer sans ralentir. Comme quoi, le sexe avant le match ne nuit en rien à la performance sportive.
Jérém fonce droit devant lui et finit par marquer un essai spectaculaire. Un essai qui, à quelques minutes de la fin du match, assure un avantage irrattrapable pour son équipe. Grâce au tandem Jérém/Ulysse, la victoire est dans la poche.
« Klein et Tommasi sont en train de créer un sacré duo de choc ! » j’entends un mec lancer juste derrière moi.
« C’est vrai, depuis trois matchs qu’on les voit jouer, leur complémentarité de jeu est de plus en plus marquée ».
« Ils vont aller loin ces deux-là ».
Quelques instants plus tard, l’arbitre annonce la fin du temps de jeu. L’équipe de Jérém et Ulysse a gagné.
Une fois de plus, je vois le bobrun et le boblond se féliciter mutuellement, se prendre dans les bras, pecs contre pecs. Ah qu’elle est belle cette étreinte virile. Ah putain que c’est beau ce contact entre beaux mâles en sueur, le brun et le blond, le Yin et le Yang, deux éléments qui se complètent à la perfection.
Ah comme ça m’est insupportable de les imaginer plus intimes que ça…Mais tais-toi, Nico !
Les joueurs sortent du terrain, direction les vestiaires. Rien que le fait d’imaginer tous ces beaux mâles se déshabiller les uns à côté des autres, passer aux douches me donne des frissons à la fois d’excitation et d’inquiétude. Je me souviens des mots de Thibault, lorsqu’il m’a raconté comme il ne pouvait pas s’empêcher de mater certains gars sous les douches, et en particulier Jérém… est-ce que Jérém mate Ulysse ? Est-ce qu’Ulysse mate mon Jérém ? Que pensent-ils l’un de l’autre ? Dans la vie ? Dans le jeu ? Sous la douche ?
J’ai-dit-ferme-la-Nico !
Une bonne demi-heure plus tard Jérém sort du stade, tout beau, tout propre, les cheveux encore humides, sentant bon le déo de mec, le corps encore chaud de l’effort fourni pendant le match. Il porte le sac de sport aux couleurs de l’équipe par-dessus l’épaule et il me rejoint sur le parking où il m’avait donné rendez-vous en arrivant.
« Félicitation, champion ! » je lui lance.
« Merci ! Mais ce n’est pas moi qui ai gagné, c’est l’équipe. Le rugby est un sport d’équipe, sans les autres gars, on n’est rien ».
« Vous vous complétez bien avec… Ulysse ».
« C’est un très bon joueur ».
« Hey, Jérém ! » j’entends une voix appeler mon bobrun.
Jérém se retourne et je me retourne en même temps que lui, attiré par la voix mâle qu’on vient d’entendre. C’est une voix posée, thoracique, une voix qui me fait frissonner.
Ulysse porte un t-shirt rouge et un jeans, et il vient vers nous, lui aussi avec son sac de sport aux couleurs de l’équipe par-dessus l’épaule.
« Tu viens boire un coup ? » il lance à Jérém.
« Non, je ne pense pas. Mon… cousin est venu me voir pour le week-end et je vais lui faire faire un tour en ville. Au fait… Ulysse, voilà Nico mon cousin… Nico, voilà Ulysse… ».
« Enchanté » je lui lance, tout autant décontenancé par ce « cousin » que Jérém a sorti de je ne sais pas où que par la musculature du boblond mise en valeur par ce beau t-shirt.
« Tu étais au match, dans les premiers rangs… » il me lance, en me regardant droit dans les yeux avec son regard clair et blond. Un regard qui, vu de si près, est carrément aveuglant. Sa poignée de main est solide. En ça aussi ce gars me rappelle mon pote Thibault.
« Oui… » je fais, un peu inquiet que le boblond puisse lâcher devant mon Jérém que je l’ai maté pendant le match.
« J’ai trouvé le match très intéressant. Vous formez une bonne équipe » j’enchaîne, pour changer de sujet.
« Il y a encore du taf, mais on y travaille » il me lance.
« Venez tous les deux, on va au Pousse au Crime » il enchaîne, en s’adressant à Jérém.
« Sans façon, Ulysse. Nico n’est là que pendant le week-end et je tiens à qu’il garde une bonne opinion de son cousin ».
« Comme tu voudras. Mais ce soir on fait péter le champ ! » fait le boblond en nous quittant pour aller rejoindre d’autres joueurs.
« Ton cousin, hein ? Celle-là je ne l’avais pas vue venir » je le taquine, dès qu’Ulysse est assez loin.
« Ne le prends pas mal, Nico, je préfère rester discret. Dans les vestiaires, les blagues sur les pd fusent dans tous les sens. Le rugby est un monde très macho. Je commence juste à m’intégrer, je commence tout juste à faire mes preuves. Je n’ai pas envie qu’on se moque de moi, qu’on me traite comme une merde. Tu comprends ça, Nico ? ».
« Je comprends, oui ».
« Mais ça ne change rien à ce qu’il y a entre nous… ».
« Il y a quoi entre nous ? ».
« Tu sais bien ce qu’il y a ».
« J’aimerais bien l’entendre ».
« Je ne sais pas dire ce genre de choses. Mais je crois que je te l’ai montré depuis Campan. J’ai beaucoup changé pour ne pas te perdre ».
« C’est vrai, Jérém, et j’apprécie vraiment beaucoup ».
Si nous n’étions pas en public, je le couvrirais de bisous. Mais nous ne sommes pas seuls, et je dois me faire violence pour maîtriser mon amour débordant.
J’adore me balader dans Paris avec mon bobrun. J’ai l’impression de marcher dans une dimension où notre amour ne dérange personne, en tout cas aucun des inconnus que nous croisons. Non pas que nous nous affichions, mais je me sens bien, en paix avec moi-même et avec le monde. Personne ne nous connaît et cet anonymat est tellement agréable. Jérém semble lui-aussi toujours aussi bien dans ses baskets. C’est bon de visiter Paris tout en ayant sans cesse envie de lui faire des bisous. C’est bon de découvrir des merveilles, tout en me disant : dans une heure, je ferai l’amour avec lui. Et en me disant aussi que Jérém en a tout autant envie que moi.
Paris le jour possède une beauté insolente. Mais Paris la nuit révèle un charme inouï. Nous dînons dans une brasserie non loin de la place de la Concorde. J’adore aller au resto avec Jérém, me retrouver en tête à tête avec lui, au milieu de tant de gens qui sont les témoins inconscients de notre amour discret.
Il est dix heures lorsque nous rentrons à l’appart des Buttes Chaumont. C’est l’heure parfaite pour lui montrer à quel point ses mots de tout à l’heure m’ont touché. C’est l’heure parfaite pour le couvrir enfin de bisous, et pour refaire l’amour. Ce dont nous ne nous privons pas, pas du tout. Je fais l’amour avec un mec beau comme un Dieu, un grand rugbyman en devenir. Ah, putain, qu’est-ce que j’ai comme chance !
Après le plaisir dans l’appart plongé dans une semi-obscurité faiblement éclairée par la petite lampe de chevet, nous nous assoupissons dans les bras l’un de l’autre.
Il est un peu plus de onze heures lorsque je suis tiré de mon premier sommeil par une sonnerie de téléphone qui n’est pas la mienne.
Jérém se réveille en sursaut, il se penche par-dessus le matelas pour récupérer son jeans nonchalamment abandonné au sol avant nos ébats. Il sort le téléphone de la poche et regarde l’écran.
« Ils font chier ! » il souffle, agacé, la tête dans le coltard.
« Qu’est-ce qui se passe ? ».
« Ce sont mes potes » il me répond, alors que la sonnerie vient de cesser.
« Ulysse ? ».
« Oui ».
« Qu’est-ce qu’il te veut à cette heure-ci ? ».
« Je suis sûr qu’il est avec les autres gars, et qu’ils veulent que j’aille faire la bringue avec eux ».
Sur ce, le téléphone se met à sonner à nouveau.
« Putain… ils ne vont pas me lâcher, surtout après une victoire ».
« Tu veux faire quoi ? » je l’interroge.
« Dis… » il me lance, après un instant de flottement « ça t’embête si on va prendre un verre avec eux ? ».
La sonnerie vient de s’arrêter à nouveau. Je suis un peu pris au dépourvu par la proposition de Jérém. Je suis dans le lit du gars que j’aime, et je venais de m’assoupir. Je suis partagé entre l’envie de rester au chaud et m’endormir pour de bon à côté de Jérém et la curiosité de connaître un peu plus ses potes. Notamment Ulysse.
« Non, on peut y aller si tu veux » je finis par lui répondre, car je sens qu’il en a envie aussi, sinon il ne l’aurait pas proposé.
« Merci, Nico » fait mon Jérém, en accompagnant ses mots par un bisou sur ma joue.
Un instant plus tard, il rappelle Ulysse.
« Hey, mec, ça va ? » il fait, avec un sourire radieux.
Il s’en suit une conversation de deux ou trois minutes pendant laquelle mon bobrun ne cesse de sourire, de rire, de se marrer. Ce que lui raconte son pote doit être plutôt drôle.
« Ok, ok, je viens, je viens, fais pas chier ! » j’entends mon bobrun lâcher juste avant de raccrocher.
« Merde, il va falloir se doucher et s’habiller à nouveau » il souffle en raccrochant.
« On va où ? »« Dans une boîte où nous avons nos habitudes. Par contre… tu es toujours mon cousin, ok ? ».
« Mais oui !!!!!!!!!!!! ».
Le métro, la nuit, a des allures de paysage lunaire. A cette heure tardive, la ville souterraine est certes moins densement peuplée, mais non pas dépourvue de bogossitudes filantes.
Une demi-heure plus tard, nous franchissons la porte du fameux Pousse au Crime, une boîte branchée du centre-ville. Je suis heureux que Jérém ne veuille pas me cacher, qu’il me présente à ses amis, même si ce n’est qu’en tant que cousin.
La boîte pullule de bogoss plutôt bien bâtis. En fait, c’est un repère à rugbyman. Ce lieu serait donc un aperçu du Paradis si la bogossitude ne s’accompagnait pas d’un corollaire bien moins attirant, à savoir, une importante présence féminine attirée par l’imposante présence masculine.
Nous venons de rentrer lorsque je vois un mec blond faire de grands gestes à notre encontre, un mec dans lequel je reconnais le bel Ulysse. Le gars est assis à une table dans un coin avec plusieurs autres mecs, chez qui je reconnais autant de co-équipiers, et deux nanas. Ulysse fait une place à Jérém à côté de lui, je m’assois à côté.
En le voyant ainsi de près, assis, je peux détailler le spécimen comme il se doit. Je peux apprécier une nouvelle fois ses beaux cheveux qui ont vraiment l’air terriblement doux, tout comme sa barbe, une barbe bien taillée, avec les bords bien nets, qui entoure son visage.
Ulysse porte une chemise vert « camouflage » complètement ouverte sur le même t-shirt rouge de tout à l’heure, t-shirt mettant bien en évidence ses pecs de fou, sur lequel est désormais posée une belle chaînette de mec. Les manches de la chemise sont retroussées sur ses biceps saillants. Une belle montre massive est accrochée à son poignet gauche, tandis qu’une gourmette brillante est attachée à son poignet droit.
Définitivement, avec sa gueule d’ange viril, le boblond barbu est sexy à mort. Une sexytude encore décuplée par les quelques marques au nez et aux joues dues aux coups reçus pendant le match. Mais comment on peut cogner une petite gueule comme la sienne qui ne demande qu’à recevoir des bisous ?
Les tournées de bières et autres boissons alcoolisées s’enchaînent sans que je puisse suivre le rythme. Les mecs déconnent entre eux et je ne peux faire qu’écouter leurs conversations portant essentiellement sur les deux grands sujets autour desquels gravite l’Univers tout entier, à savoir, le rugby et les nanas. Jérém discute et rigole avec tous les gars, et j’ai l’impression que les gars l’apprécient bien. Il a l’air de s’être vraiment bien intégré au groupe, son nouveau monde. Mais le mec avec lequel il semble avoir la plus grande complicité est définitivement le bel Ulysse. D’ailleurs, ils n’arrêtent pas de se marrer dans leur coin.
Je me sens un peu exclu de ce petit monde, et je commence à me dire qu’au-delà de l’aspect bogossitude, ce genre d’ambiance hétéro ne m’attire pas vraiment.
Une nouvelle tournée de boissons vient d’être servie, lorsque les gars décident d’organiser un petit tournoi de bras de fer. Deux co-équipiers de Jérém s’y lancent, puis deux autres. Après quoi, des voix se lèvent pour demander un duel entre Jérém et Ulysse. Il y en a qui parient que mon bobrun va dégommer le boblond et d’autres prêts à parier l’exact contraire.
« Celui qui perd paie une tournée à tout le monde ! » lance l’un des gars, suivi d’une ovation d’approbation du groupe.
« Eh les gars, vous ne devriez pas jouer à ce genre de conneries, ça c’est bon pour se fracturer le radius et le cubitus ou encore le poignet, et pour louper une saison entière » fait l’un des gars.
« Eh, Guérin, si tu es aussi rabat-joie avec ta meuf, je la plains » fait Ulysse, taquin.
« Je ne suis pas le préparateur sportif de ma meuf, mais le vôtre, bande de petits cons ! ».
Les deux potes s’installent face à face, prennent position. Les deux coudes se posent sur la table, les mains se joignent, les avant-bras se touchent, les biceps se gonflent. Le contraste entre la peau bien mate de mon bobrun et la peau claire du boblond est saisissant.
« C’est pas juste ça » j’entends Ulysse rouspéter.
« De quoi tu parles ? » fait Jérém.
« Regarde ça » fait le boblond, tout en empoignant l’avant-bras de Jérém d’une main et le caressant avec l’autre « regarde-moi cette saloperie d’italo-toulousain, avec la peau bronzée à toute saison ».
« Mais ta gueule ! » lâche Jérém, tout en dégageant son avant-bras de la prise d’Ulysse « dis plutôt que t’as la trouille que cet avant-bras ne fasse qu’une bouchée du tien ».
« C’est ça ! » fait le boblond, sur un ton de défi, tout en posant lourdement son coude sur la table et en présentant sa main ouverte.
Jérém en fait de même, et les doigts des deux potes s’entrelacent. Un instant plus tard, le bras de fer s’engage, sous les encouragements bruyants des autres gars. Le duel est serré, les biceps en présence semblent développer une puissance sensiblement identique. Très vite, il paraît évident que cela ne se jouera pas à la puissance, mais à l’endurance.
Les secondes s’enchaînent, les deux gars chauffent, mais rien ne se passe, les mains oscillent mais ne penchent ni dans un sens ni dans l’autre.
Les deux compétiteurs sont entourés par les encouragements des coéquipiers ainsi que d’une petite foule qui s’est attroupée autour de l’action.
Puis, à un moment, mon bobrun semble peu à peu prendre le dessus. Les mains commencent peu à peu à pencher du côté de sa victoire. Ceux qui ont parié sur Jérém, se félicitent de façon plutôt sonore. Les autres encouragent le boblond à ne pas se laisser faire.
L’avantage de Jérém semble désormais acquis. Mais c’est sans compter avec la ressource physique du boblond. Ce dernier rassemble toutes des forces et les envoie contrattaquer. La progression de Jérém est stoppée net. La remontée d’Ulysse est spectaculaire, en quelques secondes, les mains reviennent à la position initiale. Puis, petit à petit, l’avantage commence à s’inverser. Le moral des troupes change de signe instantanément. Ulysse est félicité, Jérém est encouragé Mon Jérém a beau tenter de résister, la progression du boblond semble inarrêtable. Au prix d’un dernier effort, dont l’intensité est rendue par la grimace de douleur qui déforme sa belle gueule, Jérém arrive à bloquer la progression de son adversaire alors que les bras penchent à près de 45 degrés. Mais un instant plus tard, il est obligé de lâcher, l’effort étant devenu insoutenable pour lui. Sa main heurte bruyamment la table et Ulysse se lève d’un bond, l’attitude triomphante.
Jérém a l’air déçu. Jérém n’a jamais aimé perdre. Mais Ulysse a la victoire « amicale ».
« Eh, Jérém, tu as vraiment failli m’avoir. Putain, tu m’as vraiment chauffé. On se fera la revanche le week-end prochain et s’il le faut, tu vas me mettre une branlée ».
Il est près d’une heure lorsque la « tournée du perdant » est commandée. Les gars continuent à discuter de chose et d’autre, et ils ne semblent vraiment pas pressés de partir.
Plus j’observe Ulysse, plus la sensation que j’avais ressentie pendant le match semble se confirmer. Le gars est très charismatique, c’est un vrai meneur. Il y a une sorte de magnétisme qui se dégage de son regard intense, qui impose le respect, mais aussi de sa voix basse, virile, de son débit de parole lent, posé, de sa façon d’être, de son attitude assurée et rassurante. Un magnétisme qui en fait un leader naturel, un gars qu’on écoute dès qu’il l’ouvre.
Définitivement, que ce soit de par sa taille, sa carrure, son charisme, son rôle dans l’équipe et cette virilité tranquille qui le caractérisent, ce gars me fait penser à Thibault. Et cela est vrai également pour l’ascendant qu’il semble avoir sur Jérém. Jérém qui semble boire chacun de ses mots et qui semble porter sur ce gars un regard très admiratif. A croire que mon bobrun a besoin d’avoir un pote pour qui il a de l’estime, un pote qui le guide, qui le rassure.
Pourvu que ça s’arrête là et que ça ne dérape jamais comme ça a dérapé avec Thibault…Nico, ta gueule !
A un moment, Jérém part faire un tour aux toilettes. Pendant quelques minutes, je me retrouve seul avec un verre à nouveau plein que je n’ai plus du tout envie de boire.
« Ça va, le cousin ? » j’entends Ulysse me demander à brûle-pourpoint, la voix traînante, l’haleine agréablement alcoolisée.
« Ça va, ça va ».
« Et sinon, tu fais quoi dans la vie, le cousin ? ».
« Je fais des études à Bordeaux ».
« C’est bien ça » il commente, sans chercher à en savoir plus, l’esprit nageant entre les degrés d’alcoolémie.
Puis, comme s’il reprenait ses esprits, il enchaîne :« Toi aussi t’es à Bordeaux, comme la copine de Jérém ».
« Euh… oui, c’est ça » je confirme, en me souvenant que Jérém avait emprunté la belle voiture d’Ulysse pour venir me voir à Bordeaux en prétextant une copine.
Soudain, j’ai l’impression que ça façon de m’appeler « le cousin » en détachant bien ces mots du reste de la phrase est une façon de me faire comprendre qu’il ne croit pas à l’explication de Jérém quant à notre relation et qu’il se doute de quelque chose. L’alcool délie sa langue, mais le gars a l’air bien perspicace. Mais je me fais peut-être des films.
« Et toi, tu es de la région ? » je tente de faire diversion.
« Non, moi je suis un ch’ti ! Je suis originaire de Dunkerque ».
« Ah, oui, c’est bien ch’ti, ça ! » je commente bêtement, alors que je réalise que le gars a un petit accent qui le rend encore plus charmant.
« Ah, l’autre cousin vient de revenir ».
Il est près de deux heures et une nouvelle tournée est commandée. Je me sens fatigué, et je n’ai plus qu’une envie, celle de me retrouver dans le lit de mon Jérém, blotti dans ses bras.
La conversation porte sur une nana qu’Ulysse se serait tapée le week-end précédent. Les gars le taquinent à cause de sa copine « officielle » de la Rochelle. Mais le boblond a du répondant, et l’alcool le rend très joueur.
Puis, soudain, je vois la tablée échanger des regards complices, chuchoter des mots apparemment drôles. Je comprends qu’il se passe quelque chose, car tout le monde semble sourire sous la moustache et changer d’attitude. Je suis les regards des gars et je réalise qu’ils convergent vers une nana brune qui est en train de traverser la salle accompagnée d’une copine. Elle est bien gaulée, bien habillée, bien maquillée, elle a un regard profond et charmeur. Bref, elle flirte avec la vulgarité tout en y échappant de justesse.
En passant à un mètre de notre tablée, elle lance un « Bonjour » plutôt hautain, auquel tous les gars s’empressent de répondre, presque à l’unisson. Tous sauf Ulysse et Jérém.
« Alors, tu vas pas lui dire bonjour ? » j’entends l’un des gars lancer à mon Jérém, un gars que j’ai entendu appeler Léo à plusieurs reprises pendant la soirée.
Jérém ne lui répond pas, préférant lancer un sourire gêné, boire une gorgée de bière et allumer une nouvelle cigarette.
Mais Léo revient à la charge et, avec son plus beau sourire, il balance un truc que je reçois comme un coup de poing en plein ventre.
« T’as du bien t’amuser le week-end dernier avec elle ».


Prochain épisode, dans 15 jours.

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