0314 Des surprises, et quelques imprévus (partie 1)
Récit érotique écrit par Fab75du31 [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 24-02-2022 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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0314 Des surprises, et quelques imprévus (partie 1)
Le jour de l’anniversaire de Jérém, en rentrant de mes cours, je me sens très frustré de ne pas pouvoir fêter cette journée spéciale avec lui. Et encore plus frustré qu’il m’ait annoncé qu’à cause de ses engagements sportifs il ne pourrait pas me recevoir à Paris le week-end qui arrive.
Jeudi 17 octobre 2002.
Le lendemain, cette frustration s’est mélangée à un regret lancinant. Je me dis que j’aurais dû tout laisser tomber, monter à Paris et lui faire la surprise. Je me dis que je dois impérativement aller le voir ce week-end, ou lundi. C’est décidé, je vais l’appeler dans la soirée pour lui dire que j’ai trop envie de le revoir et que je vais aller le voir. Ou alors, il est toujours temps de lui faire une surprise. D’autant plus que j’ai sa nouvelle adresse. Oui, j’ai envie de lui faire une surprise.
Je suis en plein dans mes cogitations, lorsque j’entends taper à la porte. Ça y est, le fameux gâteau annoncé par Albert est prêt. Ça tombe bien, je commence à avoir un petit creux. Je baisse le son de la télé, je saisis la poignée, j’ouvre la porte. Et là, je manque de tomber à la renverse. Mon cœur s’emballe, ma respiration se fige. Je suis instantanément en nage, en apnée.
Jérém se tient là devant moi, beau comme un Dieu, habillé d’une chemise à petits carreaux noirs et blancs complètement ouverte sur un t-shirt blanc ajusté à son torse sculpté, mettant bien en valeur ses pecs. C’est quasiment pile la même tenue que sur cette photo de lui prise sur la prairie des Filtres et qui me rend dingue. A un détail près. Ses pecs et sa virilité ont pris une ampleur qu’ils n’avaient pas au moment de cette photo d’adolescent. Sur son visage, un beau sourire à la fois charmant et doux.
« Salut, il me lance.
— S… salut » je tente de faire bonne figure, alors que je suis en train de me liquéfier sur place.
Le bobrun s’avance vers moi, il me serre très fort dans ses bras et m’embrasse comme un fou. La surprise, c’est lui qui me l’a faite.
Un instant après, le bel ailier parisien me pousse vers l’intérieur de mon studio avec une fougue animale. Ses yeux noirs se plantent dans les miens, et ne les lâchent plus. Son regard charnel me déshabille, comme s’il arrachait mes fringues. Il me fait me sentir nu, et complétement à lui. Le bobrun ne prononce pas un mot. Et pourtant, tout son corps et tous ses gestes parlent de désir, d’ardeurs, d’envies de mâle. Je sens qu’il est chaud bouillant. Je sais de quoi a envie mon beau mâle brun. Je sens que je vais très vite être débordé par sa virilité. En une fraction de seconde, mon excitation grimpe vers des sommets où ma raison flanche.
Je ne me trompe pas. Après avoir claqué la porte derrière lui, Jérém me colle contre le mur juste à côté. Tout en continuant à m’embrasser avec cet enivrement impétueux, volcanique, il empoigne mes fesses par-dessus le jeans, il les palpe avec ses mains puissantes, les malaxe, les écarte. Je sens les parois de mon trou se tendre. Et cette sensation me rend dingue. J’ai envie de lui, putain, qu’est-ce que j’ai envie de lui, et de me sentir à lui !
Mais j’ai aussi et avant tout envie de le prendre dans mes bras, de sentir son corps contre le mien, de le couvrir de bisous, d’enfoncer mes doigts dans ses beaux cheveux noirs. Je tente de le serrer contre moi, mais le bobrun se dégage aussitôt. Il a d’autres projets en tête, d’autres priorités. Il défait ma ceinture, ma braguette, il baisse mon froc et mon boxer. Le bout de ses doigts effleure mon pubis et j’ai l’impression que ma queue va exploser. Ses gestes précipités expriment pleinement l’urgence du désir qui l’anime. C’est si bon, c’est divin que de se sentir à ce point convoité par le gars qu’on désire plus que tout, de ressentir cette rencontre parfaite, cette sublime complémentarité des envies.
Jérém défait sa propre ceinture, baisse son froc et son boxer. Sa queue apparaît, belle, tendue, délicieuse, conquérante. J’ai envie de l’avoir en bouche, j’ai envie de l’avoir dans mon cul, j’ai envie de me faire tringler pendant des heures, et j’ai envie de le faire jouir là, tout de suite.
En attendant, animé par une pulsion irrépressible, je tente de la toucher, mais le bogoss m’en empêche. Et il me retourne aussitôt, il me plaque face au mur. Je sens sa queue bouillante se caler entre mes fesses. Je n’oublierai pas la première fois où Jérém m’a plaqué contre le mur de cette façon. C’était juste après la bac philo, après que je l’avais chauffé pendant l’épreuve. Et putain, comment il avait été chaud et bien macho dès notre arrivée à l’appart de la rue de la Colombette ! Comment il m’avait montré qui était le mâle dans la pièce. Ce soir, je ne demande pas mieux que de me sentir à lui comme dans cette journée qui, je le réalise, date de presque un an et demi déjà. Comment le temps passe ! Et pourtant, il ne semble pas avoir de prise sur notre envie l’un de l’autre.
« Tu la veux, hein ? je l’entends me souffler à l’oreille.
— Oh, que oui !
— Tu la veux dans le cul, c’est ça ?
— Putain, oui !
— Tu veux que je te baise là, tout de suite ?
— Et comment !
— Tu as envie que je te jute dedans, hein ?
— Autant que tu veux. Mais prends ton temps, baise-moi bien avant !
— T’as vraiment envie que je te défonce, toi !
— Tu as vu l’effet que tu me fais ?
— Tu me kiffes, hein ?
— Grave !
— Tu kiffes ma queue !
— Oh, putain, ouiiiiiiiiiiiiii. Allez vas-y, prends-moi !
— Je vais t’enculer, mec…— Vas-y !
— Dis-le !
— Encule-moi, beau mec !
Son torse chaud et musclé collé contre mon dos, sa façon de me plaquer contre le mur avec toute la puissance de son corps musclé de rugbyman, sa queue qui envahit ma raie, son gland qui titille malicieusement ma rondelle, ses lèvres qui effleurent mon oreille, son souffle chaud qui chatouille ma peau. Ses mots bien choisis pour chauffer à bloc mon imaginaire et mes fantasmes. Ce petit jeu m’excite grave. Sa parfaite attitude de petit con sûr de son pouvoir de mâle dominant embrase mes sens.
Sa queue tient désormais ma rondelle en joue. Je frémis, je tremble de désir. Qu’est-ce que j’ai envie de l’avoir en moi ! Il fait durer, et l’attente me semble une torture. Aucun autre gars ne sait me chauffer, me faire languir, me rendre dingue à ce point.
Et puis, ça vient enfin. Jérém crache dans sa main, il enduit sa queue, puis ma rondelle. Il empoigne mes fesses, les écarte. Il laisse glisser son gland en moi et il me pénètre lentement, très lentement. A chaque millimètre d’avancement, un frisson secoue mon corps. J’adore cette sensation de me sentir envahi, rempli, entravé par sa puissance sexuelle. Et ses ahanements, son souffle saccadé traduisant son plaisir à lui ne font que décupler le mien.
« Oh, putain, qu’est-ce que c’est bon, Jérém, je ne peux m’empêcher de lâcher, sonné par le bonheur de le sentir glisser en moi, alors qu’il n’a même pas encore commencé à me pilonner.
Le bogoss glisse en moi lentement mais fermement, il s’enfonce en moi jusqu’à la garde. Lorsque son voyage s’arrête, ses couilles se calent lourdement contre les miennes. J’ai le sentiment qu’elles sont bien pleines, et que ce soir je vais recevoir une bonne dose de jus de bobrun. J’ai vraiment envie d’être rempli par son jus.
Le bogoss passe une main à plat sur mon ventre, et l’autre en travers sur mes pecs. Il me plaque fermement contre lui et commence à me pilonner. C’est à la fois lent, sensuel, puissant. L’intense bouquet olfactif qui se dégage de sa peau vrille mes neurones en profondeur. Le fait est qu’au-delà de son parfum, j’ai l’impression de capter tout un tas de petites odeurs qui parlent de son désir, de sa virilité. J’ai l’impression de sentir un début de transpiration. Mais aussi l’odeur de sa queue qui a envie de jouir. Je ne sais pas si ce sont de véritables sensations olfactives ou si c’est mon excitation qui me joue des tours, mais ça me rend dingue. Son attitude, sa façon de me plaquer contre son corps, de me secouer, d’exciter mes tétons finissent de m’achever.
Ses couilles caressent les miennes, les percutent doucement, puis plus lourdement. L’ampleur et la cadence de ses coups de reins changent, augmentent peu à peu d’intensité. Son souffle animal se fait de plus en plus brûlant. J’aime quand il est dans cet état, quand son animalité prend le dessus et le pousse à des gestes rares et qui me font un effet terrible. Le beau mâle mordille tour à tour mon oreille, la peau dans mon cou, celle en bas de ma nuque. Le frottement de sa barbe, la fraîcheur humide laissée par sa salive me poussent un peu plus vers une douce folie des sens.
De l’extérieur, ça pourrait sembler une bonne tranche de baise. Mais au plus profond de moi, je sais que nous sommes quand-même en train de faire l’amour. Je sens que Jérém a tout autant envie de jouir que de me faire jouir. Dans son attitude, il y a une sacrée dose de mâlitude, pourtant doublée d’un profond respect. Si ce n’était pas le cas, ça ne pourrait pas être aussi bon.
« Putain, qu’est-ce que c’est bon, Jérém ! », je finis par lâcher, dans un état second.
— Tu as un cul d’enfer ! il me glisse à son tour.
— Tu as une queue d’enfer ! »Et là, mon bobrun lâche les trois mots les plus excitantes qui existent pour mes oreilles :— Je vais jouir… — Fais toi plaisir !
— Je vais te remplir… »Je sens son corps se raidir, se plaquer encore plus fort contre le mien. Ses coups de reins cessent d’un coup, sa queue s’enfonce au plus profond de moi. A chaque râle étouffé, son bassin augmente sa pression contre le mien, comme s’il voulait s’enfoncer en moi un peu plus loin encore. Ses couilles écrasent les miennes, sa virilité la mienne. Le bobrun me remplit, giclée après giclée. Et c’est bon à un point inimaginable.
Ainsi, lorsque sa main atterrit sur ma queue, elle n’a même pas besoin de me branler. Dès que ses doigts enserrent mon gland, je jouis.
Le bobrun demeure enfoncé en moi, le souffle profond. Il me serre désormais dans ses bras musclés, et je me sens fabuleusement bien. Une douce et intense chaleur monte dans mon ventre et se propage dans tout mon corps jusqu’à mon trou rempli de sa queue et de son jus. Comment il doit être chaud et épais son petit jus de mec !
Lorsqu’il se retire de moi, mon trou s’en trouve aussitôt délaissé. L’absence de sa queue est tout aussi vibrante que sa présence. Toutes mes chairs pétillent encore autour du souvenir de ses va-et-vient.
Je me retourne aussitôt, j’ai besoin de le regarder. Sur son front, dans le creux de son cou, sa peau est moite de transpiration. Son beau t-shirt blanc porte désormais de nombreux plis, témoins de l’animalité de notre étreinte. Le coton suit le mouvement de ses pecs ondulant au gré de sa respiration, une respiration profonde, témoignant de l’effort sexuel tout juste accompli. Au-dessous de ses paupières lourdes, je croise son regard assommé de plaisir. Il est tellement beau et touchant !
Je le prends dans mes bras et je l’embrasse avec la fougue que nous inspire le garçon qu’on aime et qui vient de nous offrir une expérience sensuelle hors normes.
Quelques instants plus tard, visiblement échaudé par l’effort, Jérém tombe sa chemisette, laissant ce beau t-shirt blanc, magnifique artifice pour sublimer un torse spectaculaire, aveugler mon regard. Ah, putain, comment les manchettes moulent bien ses beaux biceps !
Sans un mot, il m’entraîne vers le lit. Il s’allonge, et je me blottis dans ses bras.
« Qu’est-ce que j’aime faire l’amour avec toi… je l’entends me glisser après un soupir de bien-être.
— Je croyais que tu voulais me baiser… je le cherche, pour le fun.
— Oh que oui ! Je t’ai bien niqué, hein ? il me cherche à son tour, un sourire malicieux et craquant au bord des lèvres.
— Très bien niqué… et bien plus que ça !
— Bien plus que ça, oui…— Pour moi ça a été plus que ça dès la première fois à ton appart à Toulouse.
— Je sais…— J’avais envie de tout avec toi. J’avais envie de te sentir contre moi, j’avais envie de coucher avec toi, j’avais envie de te donner du plaisir. Mais, plus que tout, j’avais envie d’exister pour toi.
— Tu existais depuis un bon moment…— Je ne le savais pas, j’avais l’impression que tu ne me calculais pas du tout. Je te croyais hétéro !
— C’est vrai que je n’ai rien fait pour t’aider à comprendre.
— Si j’avais su, je t’aurais invité à réviser chez moi bien plus tôt !
— Je ne sais pas si j’aurais accepté. Avant, je n’aurais pas été prêt et je t’aurais jeté. Tu l’as fait au bon moment.
— T’étais vraiment un sacré petit con !
— Ça, tu peux le dire !
— Tu t’es quand même bien amélioré depuis !
Le bogoss me sourit et je fonds. Je regarde sa nudité, son torse musclé et délicieusement poilu, ses épaules, ses pecs, ses abdos, ses cuisses, ses mollets, sa belle queue. Je regarde le garçon que j’aime, qui vient tout juste de me faire l’amour, je le contemple dans le doux abandon après l’orgasme. Et je me dis que parfois, même après bientôt deux ans de complicité sensuelle et de jouissance, j’ai encore du mal à croire que c’est moi que ce petit Dieu mâle a choisi pour découvrir le plaisir entre garçons. Et j’ai encore plus de mal à me dire que ce petit Dieu, je crois bien qu’il m’aime lui aussi.
« Si je me suis amélioré, c’est parce que tu es mon Ourson, finit par lâcher le beau rugbyman en me serrant très fort dans ses bras puissants.
— Et puis, toi aussi, t’as grandi, il continue.
— Si j’ai grandi, c’est parce que tu es mon p’tit Loup ! je lui glisse, en plongeant mon visage dans le creux de son épaule, les yeux rendus humides.
— Ah, j’oubliais, je me souviens d’un coup, j’ai quelque chose pour toi.
— Tu as quoi ?
— Un petit cadeau pour ton anniversaire.
— Mais moi je n’ai rien prévu pour le tien !
— Tu rigoles ? Tu as prévu Campan, et tu es revenu ce soir ! Ta présence est le plus beau cadeau du monde ! ».
Un nouveau sourire s’esquisse sur sa belle petite gueule de mec et c’est le plus beau des remerciements. Je tends le petit paquet à Jérém qui le déchire aussitôt.
— Ah, cool, j’aime bien celui-ci. L’un des gars de l’équipe le porte et il sent super bon !
— Dois-je comprendre que tu t’approches suffisamment, je dirais même excessivement, ou plutôt dangereusement, même, de la peau de ce gars pour sentir son parfum ? je le cherche.
— Possible… il se marre.
— Petit con, va !
— N’importe quoi ! Quand il revient de la douche il en met tellement qu’il en fait profiter à toute l’équipe !
— Mouais… je feins de m’offusquer.
— Ta gueule, Ourson !
— Ah, « ta gueule » c’est ta façon de me remercier du cadeau ? je plaisante.
— Ta gueule et merci pour ce cadeau !
— De rien, de rien. L’année prochaine l’Ourson t’offrira une boîte remplie d’oursins.
— Tu seras mon Oursin, alors…— T’es qu’un sale type ! je l’apostrophe, tout en claquant un chapelet de bisous sur son cou.
— Tu sais de quoi j’ai envie ? il me glisse.
— Dis-moi ?
— D’aller nous faire un resto et de te refaire l’amour après…— Ça me paraît être un programme tout à fait raisonnable… à un détail près…— Quel détail ?
Et là, on entend toquer à la porte.
« Tu attends quelqu’un ? fait Jérém, soudainement crispé.
— Non… je lui réponds, pas du tout sûr de moi, alerté par sa crispation soudaine.
Dans ma tête, un doute irrationnel mais effrayant s’impose. Il ne faudrait pas que Ruben ait décidé de rappliquer ce soir par surprise. Non, ce n’est pas possible. Il ne ferait pas ça. Je ne lui ai donné aucun signe de vie, il ne m’en a pas donnés non plus. Il faudrait une sacrée dose de malchance pour que cela change pile ce soir.
Je remonte mon froc à toute vitesse. Le laps de temps entre l’instant où je saisis la poignée de la porte et celui où le battant s’ouvre sur le visage souriant de Denis me paraît interminable.
« Chose promise, chose due, me lance le vieil homme, tout en me tendant une assiette avec une part généreuse de gâteau.
— Le chef pâtissier a terminé son ouvrage, il précise, et il m’envoie en livreur.
— Merci, merci beaucoup, il a mis une grosse part en plus !
— Il a cru voir que tu avais de la visite…— On ne peut rien lui cacher !
— Il passe sa vie devant la fenêtre, il a des dossiers sur chaque locataire, il plaisante.
— Sacré Albert ! En tout cas, j’ai bien de la visite, une visite par surprise.
— Bonjour, fait mon bobrun dans mon dos.
— Ah, il avait vu juste. Bonjour Jérémie, content de te revoir.
— Content de vous revoir aussi !
— C’est son anniversaire, il est venu me faire une surprise.
— Ah, bon anniversaire, alors ! Au fait, joli match l’autre fois ! Bel essai, et très belle transformation !
— Merci, merci beaucoup, fait Jérém.
— Passez nous voir si vous avez une minute ! ».
« Ils sont vraiment adorables, je commente, après avoir refermé la porte.
— C’était quoi le détail ? me balance le bobrun.
— Quel détail ?
— Juste avant que ton proprio se pointe tu m’as dit que mon programme resto-sexe était tout à fait raisonnable, mais à un détail près…— Ah oui… j’aimerais ajouter quelque chose en haut de ce programme pour le rendre encore plus fabuleux…— A savoir ? »
Un instant plus tard, le bogoss s’installe sur le lit accoudé sur ses avant-bras, le t-shirt blanc bien tendu sur ses pecs et ses biceps. Les jambes légèrement écartées, le regard fripon, la braguette saillante. Je me glisse sur lui, je l’embrasse longuement. La force qui m’attire vers ce garçon est puissante, déraisonnable, irrépressible. C’est une force tout aussi sensuelle qu’affective. Il y a tant de désir dans mon élan. Mais il y a tout autant de tendresse et d’affection. Ce garçon m’attire et me touche infiniment.
Je le pompe doucement, je distille lentement son plaisir viril. J’ai adoré sa façon de me prendre sans préliminaires. J’ai adoré le sentir en moi, me sentir à lui. Lorsqu’il me prend, c’est lui qui contrôle son propre plaisir. Mais lorsque je le suce, c’est moi le maître de son bonheur sensuel. Et l’ivresse de l’avoir en bouche m’a terriblement manqué.
Je le suce, mon regard happé par le blanc immaculé de son t-shirt, mais je le soulève un peu pour découvrir ses abdos à la peau mate, délicieux contraste. Sentir ses ahanements à chaque va-et-vient, à chaque coup de langue, ça c’est un délice indescriptible. Et lorsque ses doigts atterrissent sur mes tétons, et j’ai l’impression de perdre la raison.
« Oh putain, Nico, qu’est-ce que c’est bon ! » je l’entends soupirer. Du coin de l’œil, je vois sa tête partir vers l’arrière, ce qui a pour effet de bomber encore un peu plus ses pecs et de tendre ses abdos d’une façon tout à fait spectaculaire. Je sais qu’à cet instant précis son cerveau est le théâtre d’une tempête de frissons géants. Je sais qu’à cet instant précis, tout ce dont il a besoin est de jouir. Alors, je continue de le pomper sans relâche. Car il me tarde de le voir, le sentir jouir, je veux goûter à son petit jus de mec, je ne peux plus attendre.
« Oh, Nico, je vais jouir ».
Sa queue vibre entre mes lèvres, son gland frémit sous ma langue. Et une salve de bonnes giclées chaudes explose dans ma bouche. Son goût prégnant de petit mâle se répand en moi. Et ses râles de plaisir me donnent le vertige.
« J’ai bien aimé ton détail, fait le bobrun, fripon.
— Moi aussi, beaucoup !
— Tu veux jouir ?
— Pas maintenant, je vais attendre le dernier acte de ton programme pour ça ! »Son sourire est à la fois amusé et sexy à mort. Il s’allume une cigarette qu’il ne fume qu’à moitié, puis il passe à la douche.
Lorsqu’il revient de la salle de bain, son torse de statue grecque est violemment mis en valeur par un t-shirt noir super bien ajusté. Dès qu’il passe l’encadrement de la porte, je sais qu’il porte le parfum que je lui ai offert. Jérém s’approche de moi, et l’intense fragrance qui se dégage de sa peau vrille mes neurones.
« Putain, qu’est-ce que tu sens bon !
— Je t’avais dit que ce parfum est une tuerie.
— J’ai envie de te sauter dessus !
— Tu vois ?
— Pourquoi, tu as envie de sauter dessus à ce mec de ton équipe ?
— Mais ta gueule ! Allez, on va au resto ! »
Avant de sortir, nous passons faire un petit coucou à Albert et Denis. J’aime bien ce petit « rituel » lorsque Jérém vient à Bordeaux. Chez mes voisins, c’est l’un des rares endroits où nous pouvons vraiment être Jérém&Nico, en dehors de l’amour. Les deux vieux hommes nous reçoivent les bras ouverts, toujours aussi accueillants.
« Alors, il paraît que c’est ton anniversaire aujourd’hui ? fait Albert.
— C’était hier, en fait.
— Et tu fais quel âge ?
— Vingt et un ans.
— Vingt et un ans, putain, vingt et un ans ! T’imagine Denis ! Je ne me souvenais même pas qu’on pouvait avoir vingt et un ans !
— Pourtant, on les a eus nous aussi. La télé était encore en noir et blanc et on parlait des francs par millions… et être pédé était un délit, énumère Denis.
— Mais surtout, on ne voyait pas autant de beaux garçons qu’aujourd’hui ! s’exclame Albert.
— En tout cas, bon anniversaire Jérémie, il enchaîne. Profite bien de tes vingt et un ans. Profitez tous les deux de vos vingt ans, car ils partent si vite !
— Sur ça, il a bien raison, abonde Denis.
— Au fait, on t’a vu à la télé, Jérémie, fait Albert.
— Tu étais très beau, le plus beau de tous ! lance Denis. D’ailleurs, la caméra ne te lâchait pas !
— Ah, je ne l’ai pas rêvé ! je m’exclame. Il était tout le temps à l’écran !
— C’était son premier match, ils voulaient montrer le nouveau poulain de l’écurie Stade Français !
— J’imaginais que tu étais un bon ailier, fait Denis, plus sérieusement. Mais là, tu m’as scotché. Tu as la technique, et tu as l’aisance. Tu es rapide, mais précis, et ton jeu est beau. Tout n’est pas encore parfait, bien sûr, parce que tu es jeune. Ton jeu manque un peu de fluidité parce que tu viens tout juste d’arriver dans une équipe déjà formée. Mais ça va vite venir. Aussi, si je peux me permettre de te donner un conseil de vieux con, tu dois apprendre à anticiper davantage, et surtout à garder la tête froide. Apprend à garder la tête froide et tu seras une véritable machine de guerre. Tu as un sacré potentiel. Apprend à te faire confiance, et je te garantis que ton niveau va très vite exploser.
— Merci, merci beaucoup, fait Jérém, l’air visiblement touché par ces mots.
— Tu es le genre de pierre brute que tout entraîneur rêve d’avoir à façonner, ajoute ce dernier. Je suis certain que dans quelques années, on va te retrouver en équipe de France.
— Il y a du travail !
— Bien sûr qu’il y a du travail, et tu n’imagines même pas à quel point. Mais dans la vie, il faut toujours viser la Lune. Car, même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles.
— Je vise la Lune, et même au-delà !
— C’est bien. Il n’y a que quand on croit en son rêve qu’on est sûr d’arriver quelque part. Il n’y a que quand on croit en soi qu’on est certains de miser sur le bon cheval. Moi, je crois en toi, monsieur Jérémie !
— Merci, merci encore, fait mon bobrun, visiblement ému par cette conversation.
— Allez, bonne soirée les garçons ! »Nous traversons la petite cour au sol rouge et nous marchons dans la rue. Jérém ne lâche pas un mot. Je me tourne vers lui, je croise son regard. Il est brillant, et humide.
« Ça va, petit Loup ? je le questionne.
— Ça va.
— Tu es sûr ?
— Oui !
— Ce sont les mots de Denis qui… je tente de le questionner.
— Laisse tomber…— Si, dis-moi…— Je voudrais tellement entendre ces mots de la bouche de mon père, il me lance, alors qu’un voile de tristesse embue son regard.
— Ton père ne t’a pas appelé après ton match à la télé ?
— Non.
— C’est vrai ?
— Pas le moindre coup de fil, pas le moindre message.
— Mais il doit être fier de toi, non ?
— Je n’en sais rien.
— Tu as demandé à Maxime ?
— Il n’habite plus à la maison, et il le voit très peu aussi.
— En tout cas, moi je suis fier de toi, de ton travail, de tes efforts. Tu as l’air heureux sur le terrain, et je suis heureux pour toi ».
« C'était la première fois que je regardais un match de rugby en entier à la télé, je lui glisse une fois installés au restaurant.
— Ça ne m’étonne pas de toi, il se marre, la tristesse s’évaporant peu à peu de son regard.
— Oui il faut une première fois à tout. Et je suis d'accord avec Denis tu as un sacré potentiel et tu n'as besoin de personne pour réussir.
— J’aimerais en être si sûr que vous !
— Et alors, dis-moi, comment tu as vécu ces premiers matches ?
— La toute première fois que j'ai entendu mon nom annoncé dans ce grand stade, j'avais du mal à en croire à mes oreilles. J’avais l’impression de vivre la scène de l’extérieur. Quand j’ai entendu annoncer « Tommasi », pendant une seconde je me suis dit « tiens, il y a un autre joueur qui s’appelle comme moi ». Si tu savais comment j’avais peur de ne pas être à la hauteur !
— Mais tu l’as été, et ça s’est bien passé !
— Je crois…— Et le premier match à la télé ?
— Laisse tomber ! Jamais j’ai stressé autant à cause d’un match. Depuis des jours le coach n’arrêtait pas de nous rappeler que le match était transmis en direct et qu’on n’avait pas le droit à l’erreur. Quand j’ai vu les caméras, j’étais tellement stressé que j’en avais mal au ventre. J’ai dû me faire violence pour sortir des vestiaires.
— Quand tu es sorti des vestiaires, tu étais magnifique !
— Je n’étais pas trop ridicule ?
— Pas du tout ! Tu avais l’air un peu perdu, mais je pense que c’est normal. Mais dès que le jeu a commencé, tu étais complètement dedans, et tu te donnais à fond. Au bout d’une minute, j’avais déjà oublié que c’était ton premier match à la télé. Parce que tu faisais partie de l’équipe.
— C’est vrai que j’ai vite oublié les cameras…— Mais les cameras ne t’ont pas oublié ! On t’a beaucoup vu à l’écran, et dans de beaux premiers plans ! J’étais presque jaloux que tant de gens te voient de si près ! »Le bobrun sourit malicieusement.
« En revanche, quand le journaliste t’a chopé après la fin du match, t’étais pas à l’aise.
— Ah putain, ce con de journaliste ! Je ne m’attendais pas du tout à ça ! Et surtout pas au premier match. Je n’avais pas imaginé une seule seconde qu’ils viendraient me faire chier. Mais quand j’ai vu cette caméra sur le bord du terrain, je me suis dit : « ça c’est pour moi », et ça n’a pas loupé ! Ce con de journaliste m’a barré le chemin avec son gros micro et le type de la caméra s’est presque jeté sur moi. Je ne sais même pas ce que j’ai raconté. Tout ce que je me souviens c’est cette lumière dans les yeux, le journaliste qui me hurle dans les oreilles, et aucune idée de ce que je vais raconter. J’ai raconté de la merde, non ?
— Tu te trompes. Là aussi, tu t’en es plutôt bien sorti.
— Si tu le dis…— Je te promets ! Au fait, tu sais que j’ai regardé le match chez mes parents à Toulouse ?
— Avec ton père ?
— Oui… enfin, disons, d’une certaine façon. C’était l’anniversaire de Maman, et on a fait un repas. Il y avait ma cousine et son mec. On a regardé le match tous ensemble.
— J’imagine qu’il n’a pas vraiment apprécié de voir ma gueule à la télé !
— Il y a eu un accrochage à ce sujet… avec ma cousine !
— Un accrochage avec ta cousine ?
— Entre mon père et ma cousine, oui. Elodie l’a poussé à bout.
— C'est-à-dire ?
— Dès qu’elle t’a vu à l’écran, elle a commencé à faire des allusions sur nous. Mon père n’a pas aimé. Mais elle a insisté, et mon père a fini par lui dire de la fermer. Maman est intervenue et il lui a demandé pourquoi il était si chiant vis-à-vis de ça. Et il a fini par balancer qu’il avait peur que je ne sois jamais heureux en étant gay. Je pensais qu’il avait honte de moi, mais en fait, il s’inquiète pour moi.
— Vous en avez reparlé après ? il me questionne, entre deux bouchées de paëlla.
— Non, pas du tout. Mais après ton « interview », Elodie est revenue à la charge et lui a demandé comment il avait trouvé le nouveau joueur du Stade. Tu sais, le Stade, c’est son équipe de cœur…— Je sais bien, oui…— Ça a dû lui arracher la gueule, mais il a fini par admettre qu’il t’avait trouvé « pas mal ».
— Ah, juste « pas mal » ? il feint de s’offusquer.
— Il faut savoir que dans son système de notation, « pas mal » c’est un 19.5/20.
— Ah d’accord, ça me va alors !
— J’ai eu l’impression que ce « pas mal » était une sorte de pas qu’il faisait enfin vers moi. Je ne partais que le lendemain et j’ai pensé que nous aurions l’occasion de reparler de tout ça et de faire la paix. Mais il est resté tout aussi distant. Avant de partir, je lui ai écrit une lettre.
— Une lettre ? Et tu lui as raconté quoi ?
— Je lui ai écrit ce que je ne saurais jamais lui dire de vive voix. Que je ne serais peut-être jamais le fils dont il a rêvé, mais que je fais de mon mieux pour être heureux. Et que pour être heureux, j’ai aussi besoin de son soutien, parce que je l’aime.
— Et il t’a répondu ?
— Non. Mais en tout cas, je suis content d’avoir regardé ce match avec lui. Parce que j’ai pu voir que ça a changé sa vision sur toi.
— Tu crois ça… il plaisante.
— Je le crois, oui. Parce que je l’ai vu de mes propres yeux. Il a été impressionné par ton niveau. Quand tu as marqué, je sais que ça a fait un déclic dans sa tête. Il a vu qu’on peut aimer les garçons et être un super bon joueur, et s’en sortir comme un chef. Parce que tu t’en es sorti comme un chef, mon petit Loup. Si tu savais comment je suis fier de toi ! »Son regard ému et son sourire doux me touchent au plus haut point.
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Jeudi 17 octobre 2002.
Le lendemain, cette frustration s’est mélangée à un regret lancinant. Je me dis que j’aurais dû tout laisser tomber, monter à Paris et lui faire la surprise. Je me dis que je dois impérativement aller le voir ce week-end, ou lundi. C’est décidé, je vais l’appeler dans la soirée pour lui dire que j’ai trop envie de le revoir et que je vais aller le voir. Ou alors, il est toujours temps de lui faire une surprise. D’autant plus que j’ai sa nouvelle adresse. Oui, j’ai envie de lui faire une surprise.
Je suis en plein dans mes cogitations, lorsque j’entends taper à la porte. Ça y est, le fameux gâteau annoncé par Albert est prêt. Ça tombe bien, je commence à avoir un petit creux. Je baisse le son de la télé, je saisis la poignée, j’ouvre la porte. Et là, je manque de tomber à la renverse. Mon cœur s’emballe, ma respiration se fige. Je suis instantanément en nage, en apnée.
Jérém se tient là devant moi, beau comme un Dieu, habillé d’une chemise à petits carreaux noirs et blancs complètement ouverte sur un t-shirt blanc ajusté à son torse sculpté, mettant bien en valeur ses pecs. C’est quasiment pile la même tenue que sur cette photo de lui prise sur la prairie des Filtres et qui me rend dingue. A un détail près. Ses pecs et sa virilité ont pris une ampleur qu’ils n’avaient pas au moment de cette photo d’adolescent. Sur son visage, un beau sourire à la fois charmant et doux.
« Salut, il me lance.
— S… salut » je tente de faire bonne figure, alors que je suis en train de me liquéfier sur place.
Le bobrun s’avance vers moi, il me serre très fort dans ses bras et m’embrasse comme un fou. La surprise, c’est lui qui me l’a faite.
Un instant après, le bel ailier parisien me pousse vers l’intérieur de mon studio avec une fougue animale. Ses yeux noirs se plantent dans les miens, et ne les lâchent plus. Son regard charnel me déshabille, comme s’il arrachait mes fringues. Il me fait me sentir nu, et complétement à lui. Le bobrun ne prononce pas un mot. Et pourtant, tout son corps et tous ses gestes parlent de désir, d’ardeurs, d’envies de mâle. Je sens qu’il est chaud bouillant. Je sais de quoi a envie mon beau mâle brun. Je sens que je vais très vite être débordé par sa virilité. En une fraction de seconde, mon excitation grimpe vers des sommets où ma raison flanche.
Je ne me trompe pas. Après avoir claqué la porte derrière lui, Jérém me colle contre le mur juste à côté. Tout en continuant à m’embrasser avec cet enivrement impétueux, volcanique, il empoigne mes fesses par-dessus le jeans, il les palpe avec ses mains puissantes, les malaxe, les écarte. Je sens les parois de mon trou se tendre. Et cette sensation me rend dingue. J’ai envie de lui, putain, qu’est-ce que j’ai envie de lui, et de me sentir à lui !
Mais j’ai aussi et avant tout envie de le prendre dans mes bras, de sentir son corps contre le mien, de le couvrir de bisous, d’enfoncer mes doigts dans ses beaux cheveux noirs. Je tente de le serrer contre moi, mais le bobrun se dégage aussitôt. Il a d’autres projets en tête, d’autres priorités. Il défait ma ceinture, ma braguette, il baisse mon froc et mon boxer. Le bout de ses doigts effleure mon pubis et j’ai l’impression que ma queue va exploser. Ses gestes précipités expriment pleinement l’urgence du désir qui l’anime. C’est si bon, c’est divin que de se sentir à ce point convoité par le gars qu’on désire plus que tout, de ressentir cette rencontre parfaite, cette sublime complémentarité des envies.
Jérém défait sa propre ceinture, baisse son froc et son boxer. Sa queue apparaît, belle, tendue, délicieuse, conquérante. J’ai envie de l’avoir en bouche, j’ai envie de l’avoir dans mon cul, j’ai envie de me faire tringler pendant des heures, et j’ai envie de le faire jouir là, tout de suite.
En attendant, animé par une pulsion irrépressible, je tente de la toucher, mais le bogoss m’en empêche. Et il me retourne aussitôt, il me plaque face au mur. Je sens sa queue bouillante se caler entre mes fesses. Je n’oublierai pas la première fois où Jérém m’a plaqué contre le mur de cette façon. C’était juste après la bac philo, après que je l’avais chauffé pendant l’épreuve. Et putain, comment il avait été chaud et bien macho dès notre arrivée à l’appart de la rue de la Colombette ! Comment il m’avait montré qui était le mâle dans la pièce. Ce soir, je ne demande pas mieux que de me sentir à lui comme dans cette journée qui, je le réalise, date de presque un an et demi déjà. Comment le temps passe ! Et pourtant, il ne semble pas avoir de prise sur notre envie l’un de l’autre.
« Tu la veux, hein ? je l’entends me souffler à l’oreille.
— Oh, que oui !
— Tu la veux dans le cul, c’est ça ?
— Putain, oui !
— Tu veux que je te baise là, tout de suite ?
— Et comment !
— Tu as envie que je te jute dedans, hein ?
— Autant que tu veux. Mais prends ton temps, baise-moi bien avant !
— T’as vraiment envie que je te défonce, toi !
— Tu as vu l’effet que tu me fais ?
— Tu me kiffes, hein ?
— Grave !
— Tu kiffes ma queue !
— Oh, putain, ouiiiiiiiiiiiiii. Allez vas-y, prends-moi !
— Je vais t’enculer, mec…— Vas-y !
— Dis-le !
— Encule-moi, beau mec !
Son torse chaud et musclé collé contre mon dos, sa façon de me plaquer contre le mur avec toute la puissance de son corps musclé de rugbyman, sa queue qui envahit ma raie, son gland qui titille malicieusement ma rondelle, ses lèvres qui effleurent mon oreille, son souffle chaud qui chatouille ma peau. Ses mots bien choisis pour chauffer à bloc mon imaginaire et mes fantasmes. Ce petit jeu m’excite grave. Sa parfaite attitude de petit con sûr de son pouvoir de mâle dominant embrase mes sens.
Sa queue tient désormais ma rondelle en joue. Je frémis, je tremble de désir. Qu’est-ce que j’ai envie de l’avoir en moi ! Il fait durer, et l’attente me semble une torture. Aucun autre gars ne sait me chauffer, me faire languir, me rendre dingue à ce point.
Et puis, ça vient enfin. Jérém crache dans sa main, il enduit sa queue, puis ma rondelle. Il empoigne mes fesses, les écarte. Il laisse glisser son gland en moi et il me pénètre lentement, très lentement. A chaque millimètre d’avancement, un frisson secoue mon corps. J’adore cette sensation de me sentir envahi, rempli, entravé par sa puissance sexuelle. Et ses ahanements, son souffle saccadé traduisant son plaisir à lui ne font que décupler le mien.
« Oh, putain, qu’est-ce que c’est bon, Jérém, je ne peux m’empêcher de lâcher, sonné par le bonheur de le sentir glisser en moi, alors qu’il n’a même pas encore commencé à me pilonner.
Le bogoss glisse en moi lentement mais fermement, il s’enfonce en moi jusqu’à la garde. Lorsque son voyage s’arrête, ses couilles se calent lourdement contre les miennes. J’ai le sentiment qu’elles sont bien pleines, et que ce soir je vais recevoir une bonne dose de jus de bobrun. J’ai vraiment envie d’être rempli par son jus.
Le bogoss passe une main à plat sur mon ventre, et l’autre en travers sur mes pecs. Il me plaque fermement contre lui et commence à me pilonner. C’est à la fois lent, sensuel, puissant. L’intense bouquet olfactif qui se dégage de sa peau vrille mes neurones en profondeur. Le fait est qu’au-delà de son parfum, j’ai l’impression de capter tout un tas de petites odeurs qui parlent de son désir, de sa virilité. J’ai l’impression de sentir un début de transpiration. Mais aussi l’odeur de sa queue qui a envie de jouir. Je ne sais pas si ce sont de véritables sensations olfactives ou si c’est mon excitation qui me joue des tours, mais ça me rend dingue. Son attitude, sa façon de me plaquer contre son corps, de me secouer, d’exciter mes tétons finissent de m’achever.
Ses couilles caressent les miennes, les percutent doucement, puis plus lourdement. L’ampleur et la cadence de ses coups de reins changent, augmentent peu à peu d’intensité. Son souffle animal se fait de plus en plus brûlant. J’aime quand il est dans cet état, quand son animalité prend le dessus et le pousse à des gestes rares et qui me font un effet terrible. Le beau mâle mordille tour à tour mon oreille, la peau dans mon cou, celle en bas de ma nuque. Le frottement de sa barbe, la fraîcheur humide laissée par sa salive me poussent un peu plus vers une douce folie des sens.
De l’extérieur, ça pourrait sembler une bonne tranche de baise. Mais au plus profond de moi, je sais que nous sommes quand-même en train de faire l’amour. Je sens que Jérém a tout autant envie de jouir que de me faire jouir. Dans son attitude, il y a une sacrée dose de mâlitude, pourtant doublée d’un profond respect. Si ce n’était pas le cas, ça ne pourrait pas être aussi bon.
« Putain, qu’est-ce que c’est bon, Jérém ! », je finis par lâcher, dans un état second.
— Tu as un cul d’enfer ! il me glisse à son tour.
— Tu as une queue d’enfer ! »Et là, mon bobrun lâche les trois mots les plus excitantes qui existent pour mes oreilles :— Je vais jouir… — Fais toi plaisir !
— Je vais te remplir… »Je sens son corps se raidir, se plaquer encore plus fort contre le mien. Ses coups de reins cessent d’un coup, sa queue s’enfonce au plus profond de moi. A chaque râle étouffé, son bassin augmente sa pression contre le mien, comme s’il voulait s’enfoncer en moi un peu plus loin encore. Ses couilles écrasent les miennes, sa virilité la mienne. Le bobrun me remplit, giclée après giclée. Et c’est bon à un point inimaginable.
Ainsi, lorsque sa main atterrit sur ma queue, elle n’a même pas besoin de me branler. Dès que ses doigts enserrent mon gland, je jouis.
Le bobrun demeure enfoncé en moi, le souffle profond. Il me serre désormais dans ses bras musclés, et je me sens fabuleusement bien. Une douce et intense chaleur monte dans mon ventre et se propage dans tout mon corps jusqu’à mon trou rempli de sa queue et de son jus. Comment il doit être chaud et épais son petit jus de mec !
Lorsqu’il se retire de moi, mon trou s’en trouve aussitôt délaissé. L’absence de sa queue est tout aussi vibrante que sa présence. Toutes mes chairs pétillent encore autour du souvenir de ses va-et-vient.
Je me retourne aussitôt, j’ai besoin de le regarder. Sur son front, dans le creux de son cou, sa peau est moite de transpiration. Son beau t-shirt blanc porte désormais de nombreux plis, témoins de l’animalité de notre étreinte. Le coton suit le mouvement de ses pecs ondulant au gré de sa respiration, une respiration profonde, témoignant de l’effort sexuel tout juste accompli. Au-dessous de ses paupières lourdes, je croise son regard assommé de plaisir. Il est tellement beau et touchant !
Je le prends dans mes bras et je l’embrasse avec la fougue que nous inspire le garçon qu’on aime et qui vient de nous offrir une expérience sensuelle hors normes.
Quelques instants plus tard, visiblement échaudé par l’effort, Jérém tombe sa chemisette, laissant ce beau t-shirt blanc, magnifique artifice pour sublimer un torse spectaculaire, aveugler mon regard. Ah, putain, comment les manchettes moulent bien ses beaux biceps !
Sans un mot, il m’entraîne vers le lit. Il s’allonge, et je me blottis dans ses bras.
« Qu’est-ce que j’aime faire l’amour avec toi… je l’entends me glisser après un soupir de bien-être.
— Je croyais que tu voulais me baiser… je le cherche, pour le fun.
— Oh que oui ! Je t’ai bien niqué, hein ? il me cherche à son tour, un sourire malicieux et craquant au bord des lèvres.
— Très bien niqué… et bien plus que ça !
— Bien plus que ça, oui…— Pour moi ça a été plus que ça dès la première fois à ton appart à Toulouse.
— Je sais…— J’avais envie de tout avec toi. J’avais envie de te sentir contre moi, j’avais envie de coucher avec toi, j’avais envie de te donner du plaisir. Mais, plus que tout, j’avais envie d’exister pour toi.
— Tu existais depuis un bon moment…— Je ne le savais pas, j’avais l’impression que tu ne me calculais pas du tout. Je te croyais hétéro !
— C’est vrai que je n’ai rien fait pour t’aider à comprendre.
— Si j’avais su, je t’aurais invité à réviser chez moi bien plus tôt !
— Je ne sais pas si j’aurais accepté. Avant, je n’aurais pas été prêt et je t’aurais jeté. Tu l’as fait au bon moment.
— T’étais vraiment un sacré petit con !
— Ça, tu peux le dire !
— Tu t’es quand même bien amélioré depuis !
Le bogoss me sourit et je fonds. Je regarde sa nudité, son torse musclé et délicieusement poilu, ses épaules, ses pecs, ses abdos, ses cuisses, ses mollets, sa belle queue. Je regarde le garçon que j’aime, qui vient tout juste de me faire l’amour, je le contemple dans le doux abandon après l’orgasme. Et je me dis que parfois, même après bientôt deux ans de complicité sensuelle et de jouissance, j’ai encore du mal à croire que c’est moi que ce petit Dieu mâle a choisi pour découvrir le plaisir entre garçons. Et j’ai encore plus de mal à me dire que ce petit Dieu, je crois bien qu’il m’aime lui aussi.
« Si je me suis amélioré, c’est parce que tu es mon Ourson, finit par lâcher le beau rugbyman en me serrant très fort dans ses bras puissants.
— Et puis, toi aussi, t’as grandi, il continue.
— Si j’ai grandi, c’est parce que tu es mon p’tit Loup ! je lui glisse, en plongeant mon visage dans le creux de son épaule, les yeux rendus humides.
— Ah, j’oubliais, je me souviens d’un coup, j’ai quelque chose pour toi.
— Tu as quoi ?
— Un petit cadeau pour ton anniversaire.
— Mais moi je n’ai rien prévu pour le tien !
— Tu rigoles ? Tu as prévu Campan, et tu es revenu ce soir ! Ta présence est le plus beau cadeau du monde ! ».
Un nouveau sourire s’esquisse sur sa belle petite gueule de mec et c’est le plus beau des remerciements. Je tends le petit paquet à Jérém qui le déchire aussitôt.
— Ah, cool, j’aime bien celui-ci. L’un des gars de l’équipe le porte et il sent super bon !
— Dois-je comprendre que tu t’approches suffisamment, je dirais même excessivement, ou plutôt dangereusement, même, de la peau de ce gars pour sentir son parfum ? je le cherche.
— Possible… il se marre.
— Petit con, va !
— N’importe quoi ! Quand il revient de la douche il en met tellement qu’il en fait profiter à toute l’équipe !
— Mouais… je feins de m’offusquer.
— Ta gueule, Ourson !
— Ah, « ta gueule » c’est ta façon de me remercier du cadeau ? je plaisante.
— Ta gueule et merci pour ce cadeau !
— De rien, de rien. L’année prochaine l’Ourson t’offrira une boîte remplie d’oursins.
— Tu seras mon Oursin, alors…— T’es qu’un sale type ! je l’apostrophe, tout en claquant un chapelet de bisous sur son cou.
— Tu sais de quoi j’ai envie ? il me glisse.
— Dis-moi ?
— D’aller nous faire un resto et de te refaire l’amour après…— Ça me paraît être un programme tout à fait raisonnable… à un détail près…— Quel détail ?
Et là, on entend toquer à la porte.
« Tu attends quelqu’un ? fait Jérém, soudainement crispé.
— Non… je lui réponds, pas du tout sûr de moi, alerté par sa crispation soudaine.
Dans ma tête, un doute irrationnel mais effrayant s’impose. Il ne faudrait pas que Ruben ait décidé de rappliquer ce soir par surprise. Non, ce n’est pas possible. Il ne ferait pas ça. Je ne lui ai donné aucun signe de vie, il ne m’en a pas donnés non plus. Il faudrait une sacrée dose de malchance pour que cela change pile ce soir.
Je remonte mon froc à toute vitesse. Le laps de temps entre l’instant où je saisis la poignée de la porte et celui où le battant s’ouvre sur le visage souriant de Denis me paraît interminable.
« Chose promise, chose due, me lance le vieil homme, tout en me tendant une assiette avec une part généreuse de gâteau.
— Le chef pâtissier a terminé son ouvrage, il précise, et il m’envoie en livreur.
— Merci, merci beaucoup, il a mis une grosse part en plus !
— Il a cru voir que tu avais de la visite…— On ne peut rien lui cacher !
— Il passe sa vie devant la fenêtre, il a des dossiers sur chaque locataire, il plaisante.
— Sacré Albert ! En tout cas, j’ai bien de la visite, une visite par surprise.
— Bonjour, fait mon bobrun dans mon dos.
— Ah, il avait vu juste. Bonjour Jérémie, content de te revoir.
— Content de vous revoir aussi !
— C’est son anniversaire, il est venu me faire une surprise.
— Ah, bon anniversaire, alors ! Au fait, joli match l’autre fois ! Bel essai, et très belle transformation !
— Merci, merci beaucoup, fait Jérém.
— Passez nous voir si vous avez une minute ! ».
« Ils sont vraiment adorables, je commente, après avoir refermé la porte.
— C’était quoi le détail ? me balance le bobrun.
— Quel détail ?
— Juste avant que ton proprio se pointe tu m’as dit que mon programme resto-sexe était tout à fait raisonnable, mais à un détail près…— Ah oui… j’aimerais ajouter quelque chose en haut de ce programme pour le rendre encore plus fabuleux…— A savoir ? »
Un instant plus tard, le bogoss s’installe sur le lit accoudé sur ses avant-bras, le t-shirt blanc bien tendu sur ses pecs et ses biceps. Les jambes légèrement écartées, le regard fripon, la braguette saillante. Je me glisse sur lui, je l’embrasse longuement. La force qui m’attire vers ce garçon est puissante, déraisonnable, irrépressible. C’est une force tout aussi sensuelle qu’affective. Il y a tant de désir dans mon élan. Mais il y a tout autant de tendresse et d’affection. Ce garçon m’attire et me touche infiniment.
Je le pompe doucement, je distille lentement son plaisir viril. J’ai adoré sa façon de me prendre sans préliminaires. J’ai adoré le sentir en moi, me sentir à lui. Lorsqu’il me prend, c’est lui qui contrôle son propre plaisir. Mais lorsque je le suce, c’est moi le maître de son bonheur sensuel. Et l’ivresse de l’avoir en bouche m’a terriblement manqué.
Je le suce, mon regard happé par le blanc immaculé de son t-shirt, mais je le soulève un peu pour découvrir ses abdos à la peau mate, délicieux contraste. Sentir ses ahanements à chaque va-et-vient, à chaque coup de langue, ça c’est un délice indescriptible. Et lorsque ses doigts atterrissent sur mes tétons, et j’ai l’impression de perdre la raison.
« Oh putain, Nico, qu’est-ce que c’est bon ! » je l’entends soupirer. Du coin de l’œil, je vois sa tête partir vers l’arrière, ce qui a pour effet de bomber encore un peu plus ses pecs et de tendre ses abdos d’une façon tout à fait spectaculaire. Je sais qu’à cet instant précis son cerveau est le théâtre d’une tempête de frissons géants. Je sais qu’à cet instant précis, tout ce dont il a besoin est de jouir. Alors, je continue de le pomper sans relâche. Car il me tarde de le voir, le sentir jouir, je veux goûter à son petit jus de mec, je ne peux plus attendre.
« Oh, Nico, je vais jouir ».
Sa queue vibre entre mes lèvres, son gland frémit sous ma langue. Et une salve de bonnes giclées chaudes explose dans ma bouche. Son goût prégnant de petit mâle se répand en moi. Et ses râles de plaisir me donnent le vertige.
« J’ai bien aimé ton détail, fait le bobrun, fripon.
— Moi aussi, beaucoup !
— Tu veux jouir ?
— Pas maintenant, je vais attendre le dernier acte de ton programme pour ça ! »Son sourire est à la fois amusé et sexy à mort. Il s’allume une cigarette qu’il ne fume qu’à moitié, puis il passe à la douche.
Lorsqu’il revient de la salle de bain, son torse de statue grecque est violemment mis en valeur par un t-shirt noir super bien ajusté. Dès qu’il passe l’encadrement de la porte, je sais qu’il porte le parfum que je lui ai offert. Jérém s’approche de moi, et l’intense fragrance qui se dégage de sa peau vrille mes neurones.
« Putain, qu’est-ce que tu sens bon !
— Je t’avais dit que ce parfum est une tuerie.
— J’ai envie de te sauter dessus !
— Tu vois ?
— Pourquoi, tu as envie de sauter dessus à ce mec de ton équipe ?
— Mais ta gueule ! Allez, on va au resto ! »
Avant de sortir, nous passons faire un petit coucou à Albert et Denis. J’aime bien ce petit « rituel » lorsque Jérém vient à Bordeaux. Chez mes voisins, c’est l’un des rares endroits où nous pouvons vraiment être Jérém&Nico, en dehors de l’amour. Les deux vieux hommes nous reçoivent les bras ouverts, toujours aussi accueillants.
« Alors, il paraît que c’est ton anniversaire aujourd’hui ? fait Albert.
— C’était hier, en fait.
— Et tu fais quel âge ?
— Vingt et un ans.
— Vingt et un ans, putain, vingt et un ans ! T’imagine Denis ! Je ne me souvenais même pas qu’on pouvait avoir vingt et un ans !
— Pourtant, on les a eus nous aussi. La télé était encore en noir et blanc et on parlait des francs par millions… et être pédé était un délit, énumère Denis.
— Mais surtout, on ne voyait pas autant de beaux garçons qu’aujourd’hui ! s’exclame Albert.
— En tout cas, bon anniversaire Jérémie, il enchaîne. Profite bien de tes vingt et un ans. Profitez tous les deux de vos vingt ans, car ils partent si vite !
— Sur ça, il a bien raison, abonde Denis.
— Au fait, on t’a vu à la télé, Jérémie, fait Albert.
— Tu étais très beau, le plus beau de tous ! lance Denis. D’ailleurs, la caméra ne te lâchait pas !
— Ah, je ne l’ai pas rêvé ! je m’exclame. Il était tout le temps à l’écran !
— C’était son premier match, ils voulaient montrer le nouveau poulain de l’écurie Stade Français !
— J’imaginais que tu étais un bon ailier, fait Denis, plus sérieusement. Mais là, tu m’as scotché. Tu as la technique, et tu as l’aisance. Tu es rapide, mais précis, et ton jeu est beau. Tout n’est pas encore parfait, bien sûr, parce que tu es jeune. Ton jeu manque un peu de fluidité parce que tu viens tout juste d’arriver dans une équipe déjà formée. Mais ça va vite venir. Aussi, si je peux me permettre de te donner un conseil de vieux con, tu dois apprendre à anticiper davantage, et surtout à garder la tête froide. Apprend à garder la tête froide et tu seras une véritable machine de guerre. Tu as un sacré potentiel. Apprend à te faire confiance, et je te garantis que ton niveau va très vite exploser.
— Merci, merci beaucoup, fait Jérém, l’air visiblement touché par ces mots.
— Tu es le genre de pierre brute que tout entraîneur rêve d’avoir à façonner, ajoute ce dernier. Je suis certain que dans quelques années, on va te retrouver en équipe de France.
— Il y a du travail !
— Bien sûr qu’il y a du travail, et tu n’imagines même pas à quel point. Mais dans la vie, il faut toujours viser la Lune. Car, même en cas d'échec, on atterrit dans les étoiles.
— Je vise la Lune, et même au-delà !
— C’est bien. Il n’y a que quand on croit en son rêve qu’on est sûr d’arriver quelque part. Il n’y a que quand on croit en soi qu’on est certains de miser sur le bon cheval. Moi, je crois en toi, monsieur Jérémie !
— Merci, merci encore, fait mon bobrun, visiblement ému par cette conversation.
— Allez, bonne soirée les garçons ! »Nous traversons la petite cour au sol rouge et nous marchons dans la rue. Jérém ne lâche pas un mot. Je me tourne vers lui, je croise son regard. Il est brillant, et humide.
« Ça va, petit Loup ? je le questionne.
— Ça va.
— Tu es sûr ?
— Oui !
— Ce sont les mots de Denis qui… je tente de le questionner.
— Laisse tomber…— Si, dis-moi…— Je voudrais tellement entendre ces mots de la bouche de mon père, il me lance, alors qu’un voile de tristesse embue son regard.
— Ton père ne t’a pas appelé après ton match à la télé ?
— Non.
— C’est vrai ?
— Pas le moindre coup de fil, pas le moindre message.
— Mais il doit être fier de toi, non ?
— Je n’en sais rien.
— Tu as demandé à Maxime ?
— Il n’habite plus à la maison, et il le voit très peu aussi.
— En tout cas, moi je suis fier de toi, de ton travail, de tes efforts. Tu as l’air heureux sur le terrain, et je suis heureux pour toi ».
« C'était la première fois que je regardais un match de rugby en entier à la télé, je lui glisse une fois installés au restaurant.
— Ça ne m’étonne pas de toi, il se marre, la tristesse s’évaporant peu à peu de son regard.
— Oui il faut une première fois à tout. Et je suis d'accord avec Denis tu as un sacré potentiel et tu n'as besoin de personne pour réussir.
— J’aimerais en être si sûr que vous !
— Et alors, dis-moi, comment tu as vécu ces premiers matches ?
— La toute première fois que j'ai entendu mon nom annoncé dans ce grand stade, j'avais du mal à en croire à mes oreilles. J’avais l’impression de vivre la scène de l’extérieur. Quand j’ai entendu annoncer « Tommasi », pendant une seconde je me suis dit « tiens, il y a un autre joueur qui s’appelle comme moi ». Si tu savais comment j’avais peur de ne pas être à la hauteur !
— Mais tu l’as été, et ça s’est bien passé !
— Je crois…— Et le premier match à la télé ?
— Laisse tomber ! Jamais j’ai stressé autant à cause d’un match. Depuis des jours le coach n’arrêtait pas de nous rappeler que le match était transmis en direct et qu’on n’avait pas le droit à l’erreur. Quand j’ai vu les caméras, j’étais tellement stressé que j’en avais mal au ventre. J’ai dû me faire violence pour sortir des vestiaires.
— Quand tu es sorti des vestiaires, tu étais magnifique !
— Je n’étais pas trop ridicule ?
— Pas du tout ! Tu avais l’air un peu perdu, mais je pense que c’est normal. Mais dès que le jeu a commencé, tu étais complètement dedans, et tu te donnais à fond. Au bout d’une minute, j’avais déjà oublié que c’était ton premier match à la télé. Parce que tu faisais partie de l’équipe.
— C’est vrai que j’ai vite oublié les cameras…— Mais les cameras ne t’ont pas oublié ! On t’a beaucoup vu à l’écran, et dans de beaux premiers plans ! J’étais presque jaloux que tant de gens te voient de si près ! »Le bobrun sourit malicieusement.
« En revanche, quand le journaliste t’a chopé après la fin du match, t’étais pas à l’aise.
— Ah putain, ce con de journaliste ! Je ne m’attendais pas du tout à ça ! Et surtout pas au premier match. Je n’avais pas imaginé une seule seconde qu’ils viendraient me faire chier. Mais quand j’ai vu cette caméra sur le bord du terrain, je me suis dit : « ça c’est pour moi », et ça n’a pas loupé ! Ce con de journaliste m’a barré le chemin avec son gros micro et le type de la caméra s’est presque jeté sur moi. Je ne sais même pas ce que j’ai raconté. Tout ce que je me souviens c’est cette lumière dans les yeux, le journaliste qui me hurle dans les oreilles, et aucune idée de ce que je vais raconter. J’ai raconté de la merde, non ?
— Tu te trompes. Là aussi, tu t’en es plutôt bien sorti.
— Si tu le dis…— Je te promets ! Au fait, tu sais que j’ai regardé le match chez mes parents à Toulouse ?
— Avec ton père ?
— Oui… enfin, disons, d’une certaine façon. C’était l’anniversaire de Maman, et on a fait un repas. Il y avait ma cousine et son mec. On a regardé le match tous ensemble.
— J’imagine qu’il n’a pas vraiment apprécié de voir ma gueule à la télé !
— Il y a eu un accrochage à ce sujet… avec ma cousine !
— Un accrochage avec ta cousine ?
— Entre mon père et ma cousine, oui. Elodie l’a poussé à bout.
— C'est-à-dire ?
— Dès qu’elle t’a vu à l’écran, elle a commencé à faire des allusions sur nous. Mon père n’a pas aimé. Mais elle a insisté, et mon père a fini par lui dire de la fermer. Maman est intervenue et il lui a demandé pourquoi il était si chiant vis-à-vis de ça. Et il a fini par balancer qu’il avait peur que je ne sois jamais heureux en étant gay. Je pensais qu’il avait honte de moi, mais en fait, il s’inquiète pour moi.
— Vous en avez reparlé après ? il me questionne, entre deux bouchées de paëlla.
— Non, pas du tout. Mais après ton « interview », Elodie est revenue à la charge et lui a demandé comment il avait trouvé le nouveau joueur du Stade. Tu sais, le Stade, c’est son équipe de cœur…— Je sais bien, oui…— Ça a dû lui arracher la gueule, mais il a fini par admettre qu’il t’avait trouvé « pas mal ».
— Ah, juste « pas mal » ? il feint de s’offusquer.
— Il faut savoir que dans son système de notation, « pas mal » c’est un 19.5/20.
— Ah d’accord, ça me va alors !
— J’ai eu l’impression que ce « pas mal » était une sorte de pas qu’il faisait enfin vers moi. Je ne partais que le lendemain et j’ai pensé que nous aurions l’occasion de reparler de tout ça et de faire la paix. Mais il est resté tout aussi distant. Avant de partir, je lui ai écrit une lettre.
— Une lettre ? Et tu lui as raconté quoi ?
— Je lui ai écrit ce que je ne saurais jamais lui dire de vive voix. Que je ne serais peut-être jamais le fils dont il a rêvé, mais que je fais de mon mieux pour être heureux. Et que pour être heureux, j’ai aussi besoin de son soutien, parce que je l’aime.
— Et il t’a répondu ?
— Non. Mais en tout cas, je suis content d’avoir regardé ce match avec lui. Parce que j’ai pu voir que ça a changé sa vision sur toi.
— Tu crois ça… il plaisante.
— Je le crois, oui. Parce que je l’ai vu de mes propres yeux. Il a été impressionné par ton niveau. Quand tu as marqué, je sais que ça a fait un déclic dans sa tête. Il a vu qu’on peut aimer les garçons et être un super bon joueur, et s’en sortir comme un chef. Parce que tu t’en es sorti comme un chef, mon petit Loup. Si tu savais comment je suis fier de toi ! »Son regard ému et son sourire doux me touchent au plus haut point.
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