30 Le vendeur du magasin d’électroménager.

- Par l'auteur HDS Fab75du31 -
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Récit libertin : 30 Le vendeur du magasin d’électroménager. Histoire érotique Publiée sur HDS le 19-05-2024 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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30 Le vendeur du magasin d’électroménager.
Toulouse, juillet 2016.


Ce samedi matin, j’ai enfin décidé d’aller m’acheter un lave-linge. Je me rends donc dans un magasin spécialisé situé dans un centre commercial situé au sud de Toulouse pour bénéficier des conseils d’experts.
Je viens tout juste de rentrer dans l’immense espace de vente lorsque ta présence me percute comme un semi-remorque lancé à toute allure.
Tu es brun, la peau bien mate, je te donne tout juste la trentaine. Ta chevelure insolemment fournie est rabattue vers l’arrière et fixée avec un bon coup de gel. Ça te donne un air de jeune fauve à l’insolente virilité. Ta belle barbe brune de quelques jours, bien drue, est soignée au cordeau, les contours très nets. Décidemment, tu ne négliges point ton apparence. Tu sais que tu es bogoss, et tu tiens à l’affirmer. Je remarque que tu as les yeux gris. Un brun aux yeux gris, ça ne court pas les rues. Ça m’intrigue. Et ça me charme.
Il y a quelque chose d’intense, de félin dans ton regard. C’est un regard de tigre, un tigre mâle, plein d’une sauvagerie que je sens latente, et presque palpable. Un tigre bien musclé, au sommet de sa vigueur, un tigre prêt à bondir sur sa proie.
Mais aussi un tigre « en cage », engoncé dans une tenue aux couleurs du magasin, et comme « emprisonné » derrière le comptoir. Un tigre rongeant son frein, fusillant partout autour de lui avec son regard de b(r)aise.
Lorsque je l’ai croisé pour la première fois, je n’ai pas pu le soutenir plus que quelques dixièmes de seconde avant d’en être comme foudroyé.
Car ta présence et ton regard m’intimident au plus haut point. Je devine chez toi un potentiel de mec dangereux, le genre de gars qui pourrait vite démarrer pour peu qu’on le cherche.
Beau tigre brun, sous ton gilet rouge, tu portes un t-shirt noir. Pour moi, le noir occupe la deuxième place du podium des couleurs les plus sexy pour un t-shirt, juste derrière l’inégalable, l’imbattable, le sublime, j’ai nommé le blanc.
Le blanc sublime la brunitude par le biais d’un contraste saisissant.
Le noir sublime lui aussi la brunitude, mais par le biais d’une insistance, d’une délicieuse redondance.
Chacune des couleurs joue le rôle d’un exhausteur de brunitude, et de bogossitude plus en général.
Excellent choix, le noir, mon beau vendeur !
Et excellent également le choix du col, en V, à l’échancrure assez profonde, laissant entrevoir la douce naissance de tes pecs, ainsi qu’un généreux aperçu de peau mate parsemée d’une délicieuse repousse de poils bruns, une toison mâle visiblement rasée depuis quelque temps déjà. Ta peau a l’air très douce, et mes lèvres ressentent déjà l’envie irrépressible de s’y poser dessus, sans tarder, et sans retenue.
Le coton noir qui dépasse de ton gilet semble avoir été coupé exprès pour mouler l’arrondi de tes épaules et le calibre de tes biceps. Des biceps qui deviennent carrément impressionnants à chaque fois qu’ils sont sollicités par un mouvement de ton bras, dessinant ainsi une jolie bosse musclée.
Et puis il y a le détail, le truc sexy qui m’achève. Pas un, mais deux. D’abord, une chaînette de mec aux mailles larges posée autour de ton cou puissant, descendant sur tes pecs saillants. Mais aussi, et surtout, un tatouage qui démarre juste en-dessous de la manchette gauche de ton t-shirt, disparaît ensuite sous le coton, pour réapparaître dans le creux de ton épaule et remonter en direction de ton oreille.
Une chaînette qui n’est pas sans m’en rappeler une autre, sur une autre peau mate, une chaînette tant de fois vue en train d’onduler au gré des va-et-vient d’un garçon en train de me faire l’amour.
Un tatouage qui, lui non plus, n’est pas sans m’en rappeler un autre, celui que Jérém s’était fait faire après le bac.
Me voilà subjugué par ta sexytude, oh splendide Tigre Mâle, tout en étant happé par une mélancolie qui ressemble à un abîme sans fin.
Je m’approche un peu de toi, juste ce qu’il faut pour lire ce qui est marqué sur ton badge.
« Kevin ».
Je trouve que ce prénom te va comme un gant. Parfaite désignation de jeune mâle.
Pendant cette manœuvre d’approche « incognito », je croise une nouvelle fois ton regard. Tu dégages vraiment un truc animal, sauvage, un truc qui m’inspire un désir complétement déraisonnable mêlé à un irrépressible sentiment de danger. Un mélange viril qui me donne carrément le tournis.
Tu as l’air d’un mec pas commode, instinctif et impulsif, d’un bon macho, un tantinet bourrin et probablement homophobe, à fleur de peau vis à vis de ta sexualité, capable de démarrer au quart de tour dès lors qu'on te chatouillerait à peine sur ce sujet. Je t’imagine bagarreur, plus à même de régler tes différends en jouant des poings que de la diplomatie.
Je regarde tes grandes mains puissantes de mec et j’imagine la prise qu’elles pourraient avoir sur mon corps si tu acceptais, rêver est toujours permis, de défouler tes besoins de mec sur moi.
Je rode entre les étalages, télé, ordi, frigo, consoles, portables. J’erre sans but réel, je crois qu’en fait je ne cherche qu’à attirer ton attention, à te pousser à venir me voir.
Bingo, tu finis par quitter ton comptoir et approcher avec ta démarche féline, assurée, implacable.
Putain, qu’est ce que je vais bien pouvoir te raconter ? Je sens que je perds tous mes moyens, que je ne vais même pas être capable de soutenir ton regard de près…
(T’as le chic Nico, pour te fourrer dans des situations pas possibles ! Maintenant, il faut assumer mon grand !)
Tu es désormais devant toi, à un mètre de moi, à moins d’un mètre de moi, tout près, et tu me fixes. Je sens ton regard sur moi, un vrai regard qui me déshabille, qui me pénètre. As-tu déjà senti le désir qui me ravage ?
— Bonjour Monsieur.
Ta façon de m’appeler « Monsieur » installe d’entrée une certaine distance entre nous, mais n’empêche qu’elle me fait drôlement d’effet.
Et en plus, évidemment, tu as la voix de l’emploi. Chaude, vibrante, avec beaucoup de graves, une voix qui sent la testostérone à plein nez. Et tu as le ton qui va bien, le ton d’un mec sûr de lui, habitué à se faire entendre et à être écouté.
(Oui, mec, vas-y, donne-moi des ordres, dis-moi de te pomper jusqu’à te faire jouir et somme-moi d’avaler ton jus !)
— Bonjour… je bafouille.
— Vous avez besoin d’un conseil ?
(J’ai surtout besoin de te sucer, oui !)
— Je… je… je… regarde…
(Oui, tu regardes quoi, Nico ?)
— Je regarde…
(Je ne sais plus où j’habite !)
Je suis venu pour acheter un lave-linge. Mais un lave-linge me paraît tellement pas… fun ! Vite, vite, il faut que je trouve quelque chose de plus « sexy » !
(Mais regarde devant toi, espèce d’idiot, tu es en face des casques audio ! C’est fun, ça, un casque audio…)
— Je me tâte pour acheter un casque audio !
(Sauvé, Nico ! Respire maintenant !)
— Voyons, je peux vous conseiller ce modèle…
Bien évidemment, tu es encore plus intimidant maintenant que tu es devant moi que tout à l’heure derrière ton comptoir. Tu es si près de moi qu’on pourrait dire que tu as dépassé les limites de mon espace vital. Cette proximité me met mal à l’aise et m’excite en même temps.
Je ne sais pas trop comment décrire la sensation que je ressens à cet instant. On dirait qu’autour de toi ça sent… le mâle. Oui, le mâle. Il n’y a pas d’autres mots pour décrire cela. Tu es juste là, devant moi, et tout d’un coup l’air est comme saturé d’une sorte de sensualité sauvage. Ça pue carrément le sexe autour de toi.
Pendant que tu me parles, j’ai du mal à me concentrer sur tes mots. Je me sens chavirer. Mes narines sont percutées de plein fouet par un parfum, ton parfum de mec.
C’est un parfum frais, à la fragrance poivrée et entêtante, un parfum qui me transporte loin d’ici, dans une salle de bain où tu t’es certainement douché, plus tôt ce matin. J’imagine l’eau ruisselant sur ce beau corps d’homme, je t’imagine en train d’étaler le gel douche sur ta peau mate, de recouvrir tes muscles d’une mousse fine et soyeuse.
Je t’imagine en train de parcourir chaque recoin de ton corps, jusqu’à la queue, de t’y attarder, pourquoi pas la caresser, pourquoi pas faire tomber une belle trique matinale par une bonne branlette sous l’eau chaude – à quoi, à qui penses-tu pendant que tu t’astiques le manche ? – pendant que ta copine est encore au lit ou en train de préparer le petit déjeuner. Est-ce que tu as couché avec elle hier soir ? Est-ce que tu lui as fait l’amour, est-ce que tu l’as baisée ? Ou bien elle t’a juste sucé, avalé peut-être ?
Je t’imagine en train de jouir sous la douche, j’imagine les jets puissants giclant de ta queue et se perdant dans l’évacuation. Quel gâchis !
Je t’imagine rester encore un moment sous l’eau, presque hébété, en train de récupérer de l’effort. Tu ressors enfin de la cabine, le corps ruisselant, les cheveux dégoulinant et retombant en bataille sur ton front. Je t’imagine passer une main dans cette crinière épaisse pour la rabattre en arrière et dégager ton regard. Un geste à la sensualité inouïe et auquel, hélas, personne n’aura assisté. Quel immense gâchis, là aussi !
Je t’imagine attraper ta serviette, t’essuyer. D’abord la tête, puis les épaules, le dos, les pectoraux. Je t’imagine en train de descendre en direction des abdos, de ta queue.
Je t’imagine devant le miroir, en train de passer un coup de tondeuse à ta barbe brune. Puis, attraper le tube de gel fixant, en faire gicler une bonne dose dans la main et l’appliquer dans tes cheveux, passer plusieurs fois tes doigts dans ta belle crinière pour lui donner cet aspect « tiré vers l’arrière » qui joue un rôle de premier rang dans ton look de fauve indompté.
Je t’imagine attraper ton déo, t’en vaporiser sous les aisselles, puis à hauteur de ses pectoraux, avec un geste ample, assuré, tel un Sébastien Loeb dans la fameuse pub du déo spray.
Tu passes ton t-shirt noir (je constate), un boxer blanc (je spécule), un jeans, tes baskets, et tu sors de la salle de bain tout beau, tout propre, prêt à te lancer dans un nouvel épisode de ta Vie de Mâle à la Virilité Ravageuse, prêt à aimanter, sans effort, d’innombrables regards. Prêt à inspirer, sans même en avoir totalement conscience, d’inavouables désirs sur ton passage.
Voilà comment j’imagine ta « morning routine », ce fascinant ensemble de petits gestes quotidiens qui, en association avec ton charme naturel, t’ont conduit à cet instant à m’inspirer le plus brûlant et ravageur des désirs. Si seulement tu savais à quel point, à cet instant précis, pendant que tu me parles, je ne t’écoute guère. Car chaque parcelle de mon corps et de mon esprit tend vers ton corps et ta virilité avec une violence inouïe !
Je crève d’envie de plonger mon regard et mon nez dans l’échancrure de ton t-shirt, d’humer de plus près ton parfum sublimé par la tiédeur de ta peau. Je meurs d’envie de caresser tes tétons par-dessus le coton, j’ai envie de te faire languir, de t’exciter à t’en rendre fou. Puis, soulever enfin le t-shirt et découvrir tes abdos, ton nombril, avant d’aller plus loin, plus bas, beaucoup plus bas dans ton anatomie mâle.
Je bande déjà rien qu’en imaginant la ligne des poils, cette autoroute vers le plaisir, que doit être le chemin entre ton nombril et ta queue.
En attendant, ton t-shirt noir tombe juste au-dessus de ta ceinture, annonçant un ventre dessiné ou en tout cas bien plat, dans tous les cas plaisant à regarder une fois dénudé. Pendant une fraction de seconde, mon regard tombe sur la braguette de ton jeans. Je constate ainsi la présence d’une jolie bosse. Mon regard s’attarde sur la boucle de ta ceinture en cuir bien épaisse. Je m’imagine déjà à genoux devant toi en train de défaire un par un les remparts qui me séparent de ta virilité et libérer enfin une queue bien raide prête à bondir dans ma bouche.
J’ose tout juste imaginer le bonheur d’avoir en bouche un mec comme toi, beau Kevin

Soudain, quelque chose me tire brusquement de mes rêveries. Soudain, je réalise que quelque chose a changé autour de moi.
Ce qui a changé, c’est que je n’entends plus le son de ta voix. Le silence qui en découle est carrément assourdissant et me rappelle à la réalité de façon plutôt abrupte. Mon regard passe directement de ta braguette à ton regard. Le trajet est un peu trop direct et un peu trop rapide, et lorsque mon regard croise à nouveau le tien, j’ai l’impression que tu as parfaitement capté son aller-retour vers ton entre-jambe.
Tu me regardes fixement, tu plisses légèrement ses paupières. A cet instant, j’ai l’impression que tu es réellement en train de te demander si vraiment j’étais en train de mater ta braguette.
Arffff !!! Et tu affiches toujours et encore ce regard si intense, si sauvage, si dangereux ! Ton regard me transperce dans tous les sens du terme. J’ai l’impression qu’il me déshabille, qu’il me pénètre, qu’il me fouille. J’ai presque l’impression de sentir déjà tes coups de reins puissants, ton souffle chaud et bestial dans le cou, ton animalité déchaînée au service de ton plaisir, l’odeur de ton foutre qui se répand dans mon cul.
Je suis fou de désir. Mais face à ton silence prolongé, à ton regard fixe, interrogateur et menaçant, je suis instantanément mal à l’aise. Je dois me sortir au plus vite de cet embarras. Vite, Nico, trouve un truc ! Plus facile à dire qu’à faire, alors que je n’ai absolument rien écouté de ce que tu as raconté au sujet des casques, trop occupé à assouvir ma soif jamais étanchée de contempler ta mâlitude.
Il va falloir trouver autre chose, et vite !
— En fait, je rame, en fait… j’étais… en train (de mater ta braguette, le bogoss) de penser… (à quoi, si ce n’est ta queue ?) que j’ai besoin… (de te voir à poil, de te prendre dans ma bouche !)… j’ai besoin… (de baiser avec toi ! Arrête Nico, ça va finir par t’échapper !)… j’ai besoin…
— Vous avez besoin de quoi, Monsieur ? tu m’assènes avec ta voix basse, à la fois autoritaire et sensuelle.
Ta simple question m’a mis encore un peu plus la pression, si besoin était. L’accent que j’ai cru entendre sur le mot « quoi » n’a pas manqué d’attirer mon attention. Est-ce que tu as vraiment capté mon manège ? Est-ce que tu es déjà en pétard ?
— J’ai besoin… d’un téléphone… aussi… je finis par lâcher, mon regard étant tombé par hasard sur le rayon situé juste derrière toi.
Il y a vraiment de tonnes de baffes qui se perdent.
— Fixe ou portable ? tu me lances sans tarder.
— Un smartphone…
— Venez, nous en avons en promo.
Je te regarde te diriger vers le rayon concerné. Le contact de nos regards est rompu, je sors de mon apnée. Je t’emboîte le pas, les yeux rivés sur ce dos tout aussi solide que ton torse, et sur ta délicieuse chute d’épaules. Vraiment, tu as tout pour toi, mon beau Kevin !
— Nous avons plusieurs modèles, tu m’annonces en t’arrêtant devant le vaste présentoir où de dizaines d’appareils se côtoient.
Et te voilà reparti sur un speech technique pour me vanter les qualités de tel ou tel modèle. Je n’ai absolument pas besoin d’un smartphone, mais je te laisse faire ton numéro bien rodé de parfait vendeur, tant ta voix m’enchante, tant ton parfum entêtant monte à mes narines et vrille mes neurones.
Devant à mon manque de réaction, tu finis par attraper un modèle et me le tendre. Et là, tu as cette phrase magique qui entraîne dans ma tête un délicieux double sens.
— Tenez, prenez-le en main pour l’essayer…
J’aimerais bien que tu me demandes de la prendre en main pour l’essayer…
Au moment de saisir l’appareil à mon tour, mes doigts effleurent brièvement les tiens. Cet infime contact de peau est particulièrement excitant pour moi, j’ai l’impression que les bouts de nos doigts viennent de faire des étincelles.
— Qu’est-ce que vous en pensez, Monsieur ?
— Qu’est-ce que j’en pense ? je bafouille.
— Du téléphone…
— Oui, du téléphone…
(Quoi d’autre ?)
Tu cherches mon regard, tu le trouves, tu le ferres, tu m’aveugles.
— Je pense que je voudrais en voir un autre…
Je cherche à gagner du temps. Tu me tends la main pour récupérer le premier. Nos doigts se touchent à nouveau. Nouvelles étincelles. Toi, t’as l’air de ne rien ressentir de tel, je suis un peu déçu.
— Vous voudriez voir lequel ?
— Celui-ci…
— Il est un peu plus cher.
— Ça ne fait rien.
Je demande à en voir un troisième, puis un autre encore. Je cherche toujours à gagner du temps. A gagner du temps pour je ne sais quoi en réalité. C’est juste que ta présence et ton regard et ton parfum me rendent dingue, et je n’ai pas envie de m’éloigner sitôt de toi.
Je voudrais avoir le cran de te dire à quel point j’ai envie de te sucer et de t'offrir mon cul, mais je sais que je n’oserais pas. Alors, chaque instant que je passe près de toi, est une délicieuse torture.
Je ne sais toujours pas comment je vais me tirer de là, me sortir de ce pétrin, je me laisse simplement porter. Je suis comme dans un état second. Si tu savais l’effet que tu me fais, beau mâle Kevin !
Et c’est toi qui te charges de débloquer la situation, à ta façon.
— T’es sûr que t’es venu pour acheter un téléphone ?
Tu es passé du vouvoiement au tutoiement, d’un coup. Le ton de ta voix est passé de la politesse contractuelle vers un client potentiel à la familiarité qu’on emploierait vers un inconnu agaçant. Ta voix auparavant posée est montée d’un cran, et elle ressemble désormais au rugissement d’un mâle irrité. Une question directe et tout bascule. Et les masques tombent.
— Je… je… je… je bafouille comme un con.
— Si tu veux juste me faire perdre mon temps, tu peux aller voir ailleurs.
— Je ne veux pas te faire perdre ton temps, je me morfonds, comme un idiot.
— Non, ce que tu veux, c’est me sucer !
Ça a le mérite d’être clair. Mais ça ne me met pas à l’aise pour autant. Bien au contraire !
— C’est ça, tu veux voir ma queue ? tu insistes.
Bien sûr que c’est ça que je veux ! Dès l’instant où je t’ai aperçu, j’ai eu envie de toi à en crever ! Mais tu me fais vraiment peur. Je ressens toujours l’impression que tu pourrais démarrer au quart de tour.
Et soudain, une idée traverse mon esprit et me rassure un brin. Au vu de la situation – tu es sur ton lieu de travail, il y a d’autres clients qui se baladent dans le magasin, et tes collègues aussi – j’ai du mal à imaginer que tu prendrais le risque de me cogner. Alors, je prends de l’assurance, et je décide de tenter coup. Ça passe ou ça casse.
— Oui, j’en ai envie… je finis par avouer.
Tu me fusilles du regard. Alerte maximale, Nico. Fais gaffe à toi !
Mais qu’est-ce que tu es sexy, beau Kevin, avec ce regard noir ! Et comment, là aussi, tu me rappelles mon Jérém ! Qu’est-ce qu’il était beau, lui aussi, comment sa brunitude devenait incendiaire, lorsqu’il était en pétard !
— Je ne suis pas ce genre de mec… tu assènes, comme un coup de poing.
« Je ne sais pas quel genre de mec tu es, tout ce que je sais c’est que tu es foutrement sexy. Et je sais que quand je te regarde, j’ai envie de te faire tout ce dont tu pourrais avoir envie… vraiment tout… ».

Ça, c’est ce que j’aurais eu envie de te dire. Mais il faudrait du cran pour cela, un cran que je n’ai pas. Au lieu de quoi, je m’excuse, comme un con, honteux comme si j’avais fait quelque chose de répréhensible.
— Désolé, j’aurais dû être plus discret…
Ton regard ne fusille plus. Il fulmine. Il est foutrement chargé, noir, menaçant, hostile, on dirait un ciel tuméfié juste avant un gros orage d’été. Je vois tes poings se serrer au bout des bras que tu tiens, raidis, le long de ton torse. Tes biceps semblent palpiter, prêts à démarrer l’effort d’un instant à l’autre.
Instinctivement, je recule d’un demi pas.
— Si je ne bossais pas, je t’aurais déjà mis ma main dans la gueule…
(Bien vu le demi pas en arrière, Nico).
— Je vais partir, tu ne me verras plus… j’annonce ma défaite.
Tu me regardes avec mépris, avec dégoût. Pendant une seconde, je me sens pire qu’une merde. J’ai envie de disparaître dix mètres sous terre.
— J'ai l'air d'un pédé, moi ?
— Pas du tout, j’ai rarement vu mec plus viril que toi, je te rassure. Avant de continuer : C’est pour ça que tu me fais tant envie !
J’ai envie de te dire à quel point je te trouve sexy et bandant, j’ai envie de te dire que si tu me laissais te sucer, je suis sûr que tu aimerais. J’ai envie de te dire que j’ai juste envie de te sucer, et il n’y a pas de quoi en faire un drame ! Parce qu’une pipe ça ne se refuse jamais – c’est bien ça que vous dites entre vous, les hétéros, non ? J’ai envie de te dire « si tu as envie de me cogner, fais-le avec ta queue ! ».
Mais je ne sais rien te dire de toutes ces vérités. Je renonce, je démissionne, je cède à ma peur, à ma honte, à ma défaite brûlante. Alors que je crève d’envie de baiser avec toi.
Sans plus attendre, je fais demi-tour et je me dirige vers la sortie du magasin vers la galerie commerciale.

Je n’ai pas le temps de faire trois pas lorsque j’entends ta voix.
— Eh, toi, reviens là !
J’adore le ton que tu as mis dans ces quelques mots. Ça ressemble à un ordre, à une sommation. Je stoppe net. Je me retourne. Ton regard noir est toujours là. Avec un geste rapide de la tête, tu me fais signe d’approcher. Je m’exécute, docile devant mon nouveau maître.
— J’ai une pause dans 20 minutes. A moins le quart, file aux chiottes à côté de la sortie 3 et enferme toi dans la dernière cabine contre le mur. Je taperai à la porte…
— Entendu, je valide sa proposition inespérée. Je ne m’attarde pas, au cas où il changerait d’avis.
Un frisson géant prend naissance dans mon ventre et secoue mon corps tout entier, jusqu’à mon esprit. Je n’arrive pas à croire à ce retournement soudain de situation ! Ma peur, ma honte et ma défaite disparaissent aussitôt, aussitôt remplacées par une euphorie sans commune mesure.
Pourvu que j’aie bien compris, pourvu que tu ne changes pas d’avis, que tu ne me plantes pas comme un con, ou que tu ne viennes pas juste pour me cogner plutôt que pour me baiser !

Je passe les quelques minutes avant le rancard à prendre un café et à essayer de me détendre. Mais je n’y arrive pas. Mon esprit est ailleurs, il est déjà vingt minutes dans le futur, à l’instant où je serais à genoux devant toi. Je regarde plusieurs fois ma montre, avec une impatience et un affolement grandissants. Mon ventre est secoué par d’intenses frissons, j’en tremble presque.
J’ai quand même la présence d’esprit de passer à la pharmacie de la galerie marchande pour acheter des capotes. Des capotes pour toi, Kevin, beau fauve mâle qui va me baiser dans quelques minutes à peine.
Bien entendu, j’aimerais par-dessus tout que tu me prennes « à cru » et que tu gicles toute ta sève brûlante de mâle au plus profond de moi. Mais le monde parfait, celui sans MST et sans SIDA, n’est toujours pas d’actualité. Alors, en attendant, qu’est-ce que je kiffe le fait d’acheter des capotes pour que tu puisses me baiser ! Ma trique tend dangereusement mon jeans, mes mains tremblent lorsque je sors mon portefeuille pour régler ce petit équipement de l’amour.

Je me rends au rendez-vous avec quelques minutes d’avance. Je m’enferme dans les toilettes. J’ai le cœur qui bat à dix mille à l’heure, j’ai le souffle coupé. Je n’arrive pas à croire que je vais faire ça avec toi, ici, dans ce lieu public. Je me surprends à imaginer que tu te dégonfles, que tu me poses un lapin.
Mes narines me ramènent les odeurs mélangées d’urine et de javel typiques de ce genre de lieux. Ce n’est pas banal, il faut bien l’admettre, que des odeurs de toilettes puissent assurer la fonction de « madeleine de Proust ». C’est pourtant le cas pour moi aujourd’hui. Car cette odeur si particulière me hante depuis longtemps, et à chaque fois que je me rends dans une toilette publique. Car elle me ramène instantanément à un plan avec Jérém dans les chiottes du lycée, l’une de nos premières baises, l’une des plus chaudes, une bonne sauterie entre deux cours.
Jérém qui me prend direct par derrière, moi plié au dessus du WC, Jérém qui jouit en moi et qui se tire juste après, sans un mot. Jérém que je retrouve en cours quelques instants plus tard, assis à côté de sa copine du moment, l’air serein comme s’il ne s’était rien passé, comme s’il ne venait pas tout juste de gicler dans mon cul. Alors que moi, j’avais l’impression d’avoir précisément l’air d’un mec qui venait tout juste de se faire baiser.
Aujourd’hui, l’attente me semble tout aussi longue que ce jour-là. Je ferme les yeux, je replonge dans ce moment vieux de quatorze ans. C’est comme si j’avais à nouveau 18 ans et que j’étais à quelques semaines du bac. J’ai presque l’impression que c’est Jérém qui va taper à la porte et qui va venir me baiser, et me remplir.

Trois petits coups rapides sur la porte en plastique se chargent de me tirer de ma rêverie nostalgique.
Je rouvre les yeux, je débloque le loquet, je me range derrière la porte. Au fond de moi, j’espère toujours que c’est Jérém. Mais non, on est bien en 2015, les enceintes au dessus des lavabos diffusent « Sugar » de Maroon 5, titre qui n’existait pas encore en 2001.
Et c’est bien toi, beau et sexy Kevin, qui passes la porte et qui la refermes derrière toi. C’est pas Jérém, certes, mais c’est déjà plutôt pas mal.
Tu es là, je n’ai pas rêvé, tu ne t’es pas dégonflé, tu ne m’as pas planté. Et tu as l’air plutôt partant pour baiser.

Tu te tiens debout devant moi, le dos appuyé à la cloison carrelée. Je m’approche de toi. J’ai envie de poser mes lèvres sur la peau dans l’échancrure de ton t-shirt. Putain qu’est-ce que tu sens bon !
Mais tu as d’autres priorités, d’autres contraintes.
— Je n’ai que dix minutes, tu me balances, magne-toi, suce-moi !
Le volume de la musique est assez élevé, tu ne crains visiblement pas d’être entendu. Est-ce bien la première fois que tu viens baiser un client dans cette cabine ?
Tu défais ta ceinture, tu déboutonnes ta braguette. Tu as les idées claires et bien arrêtées, tu sais ce que tu veux. J’adore, je m’exécute, je me mets à genoux devant toi. Tu baisses ton jeans et tu me plaques la tête contre ta bosse généreuse. Tu me fais renifler ton boxer – qui n’est pas blanc comme je l’avais fantasmé, mais bleu – tu me fais découvrir ton odeur la plus intime et la plus virile. Et je kiffe à fond ton odeur de mec !
Tes mains exercent une pression assez forte sur ma tête, mon nez et ma bouche s’écrasent contre le tissu élastique, contre cette queue qui est en train de déployer toute son envergure. Je la sens gonfler près de ma bouche, je commence à remuer mes lèvres, j’ai envie de titiller ton gland à travers le tissu fin. Mais tu appuies encore plus fort, rendant impossible toute initiative de ma part.
Voilà un bon mâle dominant, un mâle qui mène la danse. Je kiffe, je kiffe, je kiffe !
Ta queue est bien raide lorsque tu relâches enfin la pression, utilisant la main qui me contraignait pour éloigner ma tête d’un geste dédaigneux. Tu baisses ton boxer, tu dégages ton bel engin. Je n’arrive toujours pas à croire que je vais avoir droit d’y toucher. Et pourtant !
Sans autre forme de procès, tu glisses directement ton mât entre mes lèvres offertes, tout en m’intimant :
— Bouffe ma queue, petite pute !
Douce musique pour mes oreilles. Et en plus, tu sais me parler. Ça, je l’avais pressenti. Et je ne m’étais pas trompé d’un iota. Sans plus attendre, j’avale ton manche jusqu’à le faire disparaître presque entièrement dans ma bouche.
— Oui, vas-y comme ça, salope !
Tes encouragements me donnent des ailes. Je te pompe avec l’intention de t’offrir la pipe de ta vie. Mais tu ne tardes pas à reprendre le contrôle, à imposer ton rythme, tes envies. Tu envoies de bons coups de reins, tu me baises carrément la bouche. Tes mains se portent sur ma nuque pour la maintenir et décupler l’efficacité de tes coups de bélier. J’encaisse avec le plus grand des bonheurs, j’encaisse pour te faire plaisir.
Après une bonne chevauchée sauvage donnant la mesure de tes talents de mâle, tu dégages tes mains de ma tête, tu stoppes net les oscillations de ton bassin, tu arrêtes de me baiser la bouche. Tu veux que je te suce à nouveau, à mon rythme. Et je te suce à nouveau, avec le plus sensuel des rythmes.
« Je ne suis pas ce genre de gars », tu m’as dit tout à l’heure. Non, tu n’es pas « ce » genre de gars, non. Tu es juste « un » gars. Et une pipe, c’est bien une pipe. Fallait juste essayer, mon grand, pour découvrir que la bouche d'un mec ce n'est pas si dégueu que ça, et que c'est même plutôt bon. Qu’y goûter, c’est aimer.
Pendant que je m’affaire pour ton plaisir de mec, tu décides de te mettre à l’aise, me faisant par la même occasion ce cadeau que j’appelais de tous mes vœux depuis le premier regard que j’ai posé sur toi. Et que je commençais à désespérer de pouvoir obtenir.
D’un geste rapide, tu relèves l’avant du t-shirt, tu le fais glisser sur tes cheveux et tu le cales derrière le cou. Seules tes épaules restent couvertes. Ton torse est entièrement dégagé. Et là, en levant un peu les yeux, je peux enfin mater cette plastique de fauve sur laquelle j’ai tant fantasmé.
Du bas vers le haut, je suis happé par le pli de l’aine délicieusement saillant, par la ligne de poils entre le nombril et la queue, pile comme je l’avais imaginée, brune et bien fournie, par ton ventre sans abdos apparents, mais plat et un brin poilu, par le relief plus qu’honorable de tes pecs parsemés de sublimes poils en train de repousser. Ils ont visiblement été les victimes innocentes d’un rasage dont les motivations ne peuvent être que fumeuses, et que je ne cesserai jamais de condamner.
Pour compléter le tableau de ta plastique de fou, je me dois de citer également la délicieuse tentation de tes tétons bien saillants, ainsi que l’ensemble de ton mystérieux tatouage tribal qui part de ton biceps, remonte sur ton épaule, trace le long de ton cou, et se termine à la hauteur de ton oreille.
— C’est bien ça que tu voulais, salope, sucer une bonne queue, hein ?
Tes mots font vibrer toutes les cordes sensibles de mon désir, même celles qui n’ont plus vibré depuis de longues années. Ton côté macho et dominateur, c’est tout ce que j’aime ! Par conséquent, j’acquiesce du regard, et je te suce avec de plus en plus d’enthousiasme.
Mais ce n’est pas ça que tu attends de moi. Très vite, tu saisis à nouveau ma tête avec tes deux mains pour m’obliger à avaler ta queue de plus en plus profondément, de plus en plus brutalement. Elle est trop grande pour que je puisse l’avaler en entier et sans effort. Alors tu appuies un peu plus ta main sur ma tête, tu envoies un peu plus avec ton bassin. Tu exiges mon effort. C’est d’abord un peu douloureux, mais ça finit par devenir terriblement excitant. Être à la merci d’un fauve sauvage comme toi, ça me rend dingue !
— Qu’est-ce qu’il y a, salope ? Tu n’arrives pas à tout avaler ?
Là encore, j’ai l’impression d’entendre les mots de Jérém à l’époque de nos révisions avant le bac ou pendant l’été qui avait suivi. Si macho, si fier de ta queue, si bandant !
Tu sors ton manche de ma bouche tout juste avant que je m’étouffe. Tu m’attrapes par les épaules d’un geste brusque, tu me bouscules, et tu me plaques face au mur. La précipitation de tes gestes traduit à la fois ton empressement, ton excitation, ton impatience. Et ta sommation.
J’ai tout juste le temps de m’exécuter, de baisser mon jeans et mon boxer, avant que tu me glisses ton pieu brûlant dans ma raie. Un instant plus tard, je sens ton gland s’approcher de mon trou avec une assurance et une aisance qui ne manquent pas de me faire me demander si c’est bien la première fois qu’il s’approche d’un trou de mec.
Dans l’état d’excitation extrême qui est le mien à cet instant, je crève d’envie que tu me prennes à cru. Je dois me faire violence pour laisser ma raison l’emporter sur la trique. Et je dois pas mal forcer, te forcer, pour me dégager de ta contrainte mâle, pour attraper la capote dans la poche de mon jeans et te lancer :
— Attends, mets ça d’abord !
— T’inquiète, je suis clean, j’ai une nana…
Tu me balances ça comme si ce détail de ta vie était une garantie en soi. Ça ne l’est pas, en aucun cas. Je ne te connais pas, et si ça se trouve, tu n’as même pas de copine. Et en admettant que tu en aies une, rien ne me dit que tu ne baises pas ailleurs, parfois, et sans capote, avec des nanas qui couchent avec d’autres mecs, parfois, sans capote, elles aussi.
Tu fixes la capote que je te tends, dans ton regard un mélange de mépris et d’agacement. A l’évidence, tu avais vraiment envie de me gicler direct dans le cul. Quel gâchis !
Pendant un instant, je me dis que tu vas me planter là et te barrer.
Mais non, tu finis par m’arracher la capote des doigts d’un geste sec. Le plastique de l’emballage résiste à tes assauts agacés, tu pestes, tu t’énerves. Ça promet bien pour la suite !
Tu y arrives enfin, tu sors la petite couronne en latex, tu la poses au bout de ton gland, tu essaies de dérouler. Ça ne marche pas du premier coup, elle est à l’envers, comme souvent. Tu pestes encore, tu la retournes, tu finis par la dérouler le long de ton manche raide.
Tu reviens coller ta queue désormais protégée dans ma raie. Tu avances à coup sûr, sans te tromper d’un poil. Tu m’encules avec précipitation, celle d’un gars pressé, un gars qui se fiche bien des désagréments qu’une pénétration si rapide peut provoquer à celui qui la reçoit. J’ai mal, mais je serre les dents. Je sais que c’est juste un mauvais moment à passer, je sais que lorsque tu commenceras à me limer, la douleur va disparaître et je vais kiffer ma race.
— Quel sacré trou de pute, tu me glisses à l’oreille sur un ton délicieusement méprisant.
Tu commences à me pilonner. Et là, comme prévu, ça devient vite bon à se damner. Ton gabarit me remplit bien, la fougue animale qui anime tes coups de reins me rend dingue.
— Cambre-toi bien, salope ! tu me balances, tout en tapant sur mes pieds pour que je les écarte davantage.
Soudain, tu sors de moi. Puis, d’un coup sec et toujours aussi bien ciblé, tu replonges ta queue au fond de mon cul, m’arrachant au passage un petit cri étouffé de douleur.
— C’est ça que tu cherchais, hein ? Pas de casque, pas de téléphone, juste un bon coup de queue dans ton cul de pute !
Tu me glisses ça du bout de tes lèvres, que tu as posé si près de mon oreille que je peux sentir non seulement ton souffle, mais également le piquant des poils de ta barbe.
Je suis trop excité, j’adore ta façon de me parler crûment. J’ai vraiment envie d’être ta pute. Alors, je me laisse entraîner dans ton jeu.
— Oui, c’est ça, c’est tout ce que je cherchais. Et je suis tombé sur le bon mec, avec une queue d’enfer !
— Elle te plaît ma queue, hein ?
— Putain qu’est-ce qu’elle me plaît !
— Tu aimes l’avoir dans le cul, hein ?
— Tu sais pas à quel point !
— Quelle pute tu fais !
Tu sors à nouveau de moi, puis tu reviens. Tu recommences ton manège à plusieurs reprises, tu me fais languir. Et tu me défonces. Ton parfum envahit le petit espace, tes couilles frappent les miennes à chacun de tes assauts. Putain, qu’est-ce que c’est bon ! Je suis dans un état second. Je n’en peux plus, je ne peux me retenir de te balancer :
— Défonce-moi, putain !
— T’inquiète, tu vas en avoir pour ton grade !
Tu enserres tes mains sur mes épaules dans une prise ferme, brutale, et tu commences à me limer avec une cadence de dingue. Tes coups de reins sont assénés avec une puissance dont je me délecte. Cet instant est exactement comme je me l’étais imaginé. Ton souffle chaud et bestial dans mon cou, ton animalité déchaînée. C’est même mieux que je me l’étais imaginé. Je ne contrôle plus rien, je t’appartiens entièrement.
C’est vraiment ce côté « animal » qui me fascine chez toi, cette attitude de bon petit macho pour qui seul son propre plaisir compte.
J’espère que la capote va tenir bon, qu’elle va supporter jusqu’au bout la sauvagerie de tes assauts.
Et puis, ça vient. Je sens tes mains se contracter encore un peu plus, tes doigts s’enfoncer davantage dans ma chair. Je ressens l’intensité des secousses de plaisir qui agitent ton corps. Malgré la musique qui retentit dans le haut-parleur placé juste au-dessus de nous, je capte les râles que tu retiens de justesse. Tu jouis dans la capote, mais grâce à mon cul. Quel honneur, tu me fais, beau mâle Kevin !

Tu te déboîtes aussitôt. Tu es pressé. J’ai perdu la notion du temps mais je pense que les dix minutes de ta pause sont passés depuis un moment.
Je me retourne. Rien dans ton attitude indique que tu envisages de me renvoyer l’ascenseur. Tu t’en fous si j’ai envie de jouir à mon tour ou pas. Tu as joui, le but est atteint. Tu enlèves ta capote et tu la jettes dans la cuvette, tu fais disparaître ta belle queue luisante de sperme dans ton boxer. Tu fais repasser ton t-shirt noir par-dessus la tête, il retombe sur ton torse comme un chat retombe sur ses pattes. Tu remontes ton jeans, tu agrafes ta ceinture. Le cliquetis que produit la boucle secouée par tes mouvements secs résonne dans mes oreilles avec une sensualité particulière.
Dans le petit espace, l’odeur de foutre s’ajoute désormais aux autres odeurs de chiotte. C’est l’émanation olfactive de ton plaisir, du plaisir d’un superbe mâle.
Je te regarde une dernière fois, et j’essaie de graver dans ma mémoire cette dernière instantanée de ton intimité sexuelle. Ton brushing a été un brin malmené par le double passage de ton t-shirt, ainsi que par la vigueur de tes assauts.
La sueur a perlé sur ton front, tes lèvres entrouvertes laissent s’échapper des expirations puissantes que la musique m’empêche de capter. Ta pomme d’Adam se balade nerveusement le long de ta gorge, signe inconscient du passage récent de l’orgasme.
Pendant une seconde, tu es complètement ailleurs, perdu dans l’atterrissage de ta jouissance de mâle, complètement déconnecté du présent. Ça ne dure qu’un instant, mais c’est beau, beau à en crever.
— Salut ! tu me lances à la va vite, en défaisant le loquet. Et tu disparais, sans le moindre regard, sans le moindre égard.
Je referme la porte derrière toi. Et je me retrouve instantanément en tête-à-tête avec ma solitude.

Tu as vraiment été un bon coup, Kevin ! L’impétuosité presque agressive de tes gestes, l’arrogance de ton attitude de mâle qui exige son dû, tout en méprisant celui qui le lui offre – bref, ta façon d’être et de me baiser – m’ont foutrement chauffé. Sans parler de ta queue vraiment bien foutue, de tes coups de reins puissants et sauvages, de tes mains saisissant ma chair, la contraignant, me donnant l’impression que je n’avais pas d’autres choix que de satisfaire tes envies jusqu’au bout.
Et puis il y avait le contexte aussi. Ça s’est fait pendant ta courte pause, sur ton lieu de travail, dans une cabine des chiottes ouvertes au public. Sexy Kevin, tu m’as offert une baise frôlant le fantasme absolu !
La vision de ta capote qui flotte dans la cuvette fait écho au souvenir de tes va-et-vient qui pulsent encore dans ma chair, de la prise de tes mains qui entrave encore mon corps, de ta présence en moi.
Oui, tu as été un sacré bon coup. Et pourtant, désormais seul dans ce lieu où tu viens de me sauter sans ménagement, je me sens sale. Et je n’ai même pas joui ! C’est sciemment que j’y renonce, préférant quitter ce lieu sans que le vide post-coïtal vienne me foutre le cafard.
Je tire la chasse, comme pour faire disparaître la dernière trace de cette baise que je regrette déjà.
Ce qui ne m’empêche pas, en quittant cette cabine à mon tour, de sentir monter en moi une sensation de dégoût.
J’ai beau me dire que ce que je viens de faire n’a rien de répréhensible, j’ai beau me dire que prendre autant de plaisir ne peut pas être mauvais. Au fond de moi, je regrette déjà de m’être offert de cette façon.
Je ressens en moi comme un sentiment de trahison de moi-même et de mon passé, comme si je me sentais désormais indigne de ce garçon amoureux, de ce garçon aimé que j’ai été. Certes, ce garçon s’était déjà retrouvé dans des chiottes pour des bonnes baises sauvages. Mais c’était avec le mec qu’il aimait comme un fou.
Qu’est donc devenu ce garçon ?
A cet instant précis, j’ai l’impression d’avoir tué ce garçon. Ce garçon pour qui, il y a longtemps déjà, un autre garçon nommé Jérémie Tommasi était le seul but dans sa vie. Quand le cœur est privé d’amour, le corps prend le dessus et s’enfonce dans la luxure.
J’ai l’impression d’avoir un jour connu le Paradis, avant d’en tomber, et de me perdre en Enfer aujourd’hui.
Comment pourrais-je regarder en face mon beau Jérém si d’aventure le destin rendait cela possible, alors que je sais qu’en rentrant tout à l’heure, j’aurai déjà du mal à me regarder moi-même dans la glace ?
Oui, en quittant le centre commercial, j’ai l’impression de trahir la beauté de ma grande histoire avec Jérém.

Pendant toutes ces années, la machine mentale à archiver le passé a eu tout le temps de trier les souvenirs pour ne retenir que ce que j’avais besoin d’en retenir, à savoir, les moments les plus heureux.
Comme celui du jour où je l’ai vu pour la première fois dans la cour du lycée, de sa casquette et de son t-shirt noir, ou le souvenir de notre première révision, de son t-shirt blanc, le bonheur de nos retrouvailles, de nos nuits d’amour, de nos baisers, de nos câlins, de nos confidences sur l’oreiller, de notre complicité.
Mais au fond de moi je sais qu’elle a occulté les attentes interminables, la peur de l’abandon, les angoisses, les déceptions. Et notre séparation. En fait non, je n’ai rien oublié, mais le temps a anesthésié ce qui a longtemps été douloureux.
Non, notre histoire n’était pas parfaite. Mais elle était belle, et elle était pure. Même nos erreurs, et Dieu sait que nous en avons commises, tous les deux, étaient « innocentes », sans intention de faire du mal à l’autre. Même nos baises les plus « sauvages » n’étaient en réalité que le préalable de jours heureux, une façon de nous apprivoiser.
Nous nous sommes fait du bien, et aussi beaucoup de mal. Le premier était une évidence, le deuxième rien d’autre que le fruit de nos maladresses. C’était ma première histoire, mon premier amour, et ça l’était pour lui aussi. Nous avions tout à découvrir de la vie, et de nous-mêmes.
Nous étions heureux. J’étais heureux. Avec le recul, j’ai l’impression que même quand je souffrais, j’étais heureux. Car je me sentais si vivant !

Ce samedi, je me suis rendu dans un magasin d’électroménager dans une zone commerciale de Toulouse pour m’acheter un nouveau lave-linge. Et tu étais là, beau mâle Kevin au charme sauvage, derrière le comptoir, et tu avais l’air d’un fauve en cage. Je t’ai maté, et c’est de cette façon que j’ai ouvert la porte de ta « prison ». Je t’ai fait retrouver ta liberté et ta fierté, et tu m’as fait profiter de toute sa sauvagerie. J’ai bien kiffé, mais tes griffes ont laissé quelques blessures derrière elles.

Je quitte enfin la cabine, les toilettes, je repasse devant le magasin pour quitter le centre commercial et rentrer chez moi au plus vite. Je crois que la première chose que je ferai en rentrant ce ne sera pas me branler, mais pleurer.

Les avis des lecteurs

D'abord, je me suis dit qu'en mode humiliation, il ne manquait que la faciale (genre non-consentie, mais à chacun son trip) pour ensuite réaliser qu'il faut de solides cojones pour pour provoquer le mec über-hétéro en lui disant cash qu'on veut le sucer, l'attendre dans des jocks qui sentent l'urine et le désinfectant, puis se prendre une sodo sans plaisir, et me dire qu'au final, c'est une petite victoire, peut-être un peu vaine, juste cérébrale, mais bon... ¯\_(ツ)_/¯



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