33.1 Sexy sans sexe : le bac philo.
Récit érotique écrit par Fab75du31 [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 20-06-2015 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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33.1 Sexy sans sexe : le bac philo.
Jérém est tellement proche de moi que je sens son épaule frôler mon dos, je sens son souffle chaud sur mon cou, comme de la braise, comme pendant la baise ; je sens son déo, mélangé à sa transpiration légère… tellement proche que ses lèvres effleurent mon oreille pour y glisser :Chez moi, maintenant…Putain de putain de mec… cette voix basse, tendue par l’excitation, ce ton autoritaire qui n’admet d’autre possibilité que l’obéissance… et que faire devant l’urgence absolue de sa jouissance de mec ? Obtempérer mon capitaine, obtempérer…Je vibre… je tremble… je frissonne… j’avais espéré qu’il le fasse mais je n’avais pas osé espérer que cela arrive vraiment… par ailleurs, j’aurai vraiment été déçu que ça ne se passe pas exactement comme ça… On est à quelques minutes à pied de la rue de la Colombette. On fait la route en silence, pas après pas, rue, après rue, il marche vite devant moi, sans m’accorder le moindre regard… je le suis, je cours après lui, je suis comme tenu en laisse… c’est une chaîne qui me lie à lui, une chaîne faite de beauté, d’assurance virile, de désir, de testostérone, de puissance, de déo de mec… d’envie pure…La porte d’entrée de l’immeuble est ouverte à cette heure-ci… je monte les escaliers derrière lui, envoûté par son déo qui traîne derrière son passage et qui me donne une trique d’enfer… je ne sais même pas comment je résiste à la tentation de me jeter sur ce putain de petit cul bien serré dans son short, sur ces fesses rebondies, comment je résiste au bonheur de lui arracher le short et le boxer et de fourrer ma langue dans son ti trou…
Retour en arrière de quelques heures.
Lundi 11 juin 2001, 8h00, devant l’entrée du lycée. Nous voilà, nous y sommes. Bac philo. C’est toujours un bon paquet de stress un exam. C’est assez solennel, une sorte de grande messe et je le vis comme une espèce de passage important dans la vie, une sorte de transition de l’enfance à l’age adulte. C’était ma façon à moi de vivre cette expérience, en lui donnant un sens et en l’autorisant à représenter quelque chose.
Je voyais bien que nombre de mes collègues de classe le vivaient de façon bien plus détendue… ils y allaient presque en touristes… peut-être avaient-t-il raison de ne pas se prendre le bourrichon… quand on sait ce qu’est devenu le bac depuis… un bout de papier qu’on donne à tout le monde, avec n’importe quel niveau… Hélas j’étais ainsi câblé… perso le bac me faisait angoisser. Le stress m’avait cueilli dès le réveil ; il m’avait accompagné sous la douche, pendant que je m’habillais ; tenace, il m’avait suivi au petit déjeuner et perturbé pendant que j’avalais mon bol de café au lait ; entêté, il m’avait poursuivi durant tout le trajet à pied vers le lycée.
Non, le stress pour le bac ne semblait pas destiné à me quitter ce jour là : j’étais un jeune homme très sensible au stress. Heureusement pour moi, il y avait quelque chose pour laquelle j’étais bien plus sensible encore: c’était la beauté masculine, cette perfection virile qui avait pour moi le visage, le corps et l’allure de Jérémie T.
Certes, en repensant à mon départ de chez lui la veille, je flippais grave à l’idée de le retrouver au bac… j’avais beau avoir construit dans ma tête le Dimanche Matin 2.0 pour essayer de me convaincre que son changement d’attitude entre la nuit et le matin, que son agressivité n’étaient que la conséquence de son malaise vis-à-vis de cette relation qui le chamboulait, de son impossibilité à s’assumer, lui qui était tellement installé dans son rôle de mâle à femmes ; j’avais beau essayer de me convaincre que sa tendresse de la nuit était le plus bel aperçu du vrai Jérém, de ce qu’il était en réalité au plus profond de lui, un garçon marqué par les blessures du passé ; un garçon qui, l’espace d’une nuit, avait trouvé la force de laisser tomber la carapace…; oui, j’avais beau avoir conçu le Dimanche Matin 2.0 pour me persuader que, en prenant sur moi et en laissant du temps au temps, Jérém se rendrait compte des sentiments qu’il éprouvait pour moi et que notre relation pourrait évoluer ; il n’en demeurait pas moins vrai que ce matin là au réveil j’appréhendais grave de croiser son regard, de crainte de le voir toujours si noir envers moi, si haineux… ou, pire, distant, indifférent… Mais au delà de tout, au delà des toutes mes craintes, tout ce dont j’avais envie ce matin là en arrivant au lycée, c’était de le voir débarquer. Peu importe la couleur du regard, qu’il soit noir, énervé, méchant, fulminant avec des flammes… à vrai dire je m’en foutais… Jérém, ce merdeux si mauvais la veille, si injuste, si virulent, au point que mon avant bras portait encore une trace sensible de la prise de sa main… Jérém me manquait horriblement, j’en avais mal au ventre tellement j’avais envie de le revoir…Je l’aperçois arriver de loin, en baillant ; je ne peux pas le quitter des yeux, le regard caché derrière de grandes lunettes de soleil noires, avec sa démarche de mec assuré et bien dans ses baskets… il est sex, mon Dieu qu’il sent le sexe même à 50 mètres ou plus de distance… je le regarde avancer, grand, beau, sa silhouette parée avec des vêtements d’été, un t-shirt bleu ciel estampillé Airness qui a l’air une fois de plus cousu main et sur mesure… un short clair bien taillé, ses jambes musclées non pas coupées par des chaussettes qui bien souvent cassent la beauté de ces lignes mais se terminant direct dans les baskets blanc et rouge…Oui, une tenue d’été dévoilant toute la perfection de sa morphologie… c’est une des raisons pour lesquelles j’aime l’été… si ce n’est pas la véritable raison… voir les mecs se découvrir, dévoiler leur beauté, des bouts de leur anatomie… de la sensualité se dégageant à travers ces tissus de coton fin qui laissent deviner des atouts qui ne demandent qu’à être mis à jour et admirés…Ainsi, dès que Jérém pointa son nez devant l’entrée du lycée, le bac devint soudainement à mes yeux un sujet d’une importance tout à fait relative. Il s’arrête un peu à l’écart de l’attroupement de 4 ou 5 garçons de notre classe qui constituent sa meute… il soulève enfin ses lunettes de soleil qu’il appuie sur le haut de sa tête et commence à dire bonjour à ses potes avec des bonnes poignées de main de mec, tout en approchant la joue et en leur claquant le genre de bise bien virile que jamais il ne me ferait à moi et que moi non plus je n’oserais jamais lui faire… qu’est-ce qu’elle est mal foutue la vie !
J’ai toujours été « troublé » par le fait que certains mecs, bien hétéros, ces petits cons surs de leur virilité, se font parfois la bise entre potes. J’en voyais étant étudiant, au lycée, à la fac et ça m’arrive d’en voir encore. C’est toujours tellement troublant et quelque part émouvant, mais si érotique à mes yeux.
Le voilà, ce petit con dans toute sa splendeur : toujours à la bourre, toujours à la dernière minute… le voilà, sentant la douche fraîchement prise, ses cheveux bruns bien coiffés, plus courts autour de la tête, un peu plus longs sur le haut, réunis par un gel à l’effet mouillé en une espèce de crête d’jeunz, ses pattes bien taillées descendant le long de ses oreilles droites et fines… finissant par aller rejoindre sa petite barbe de trois jours, sexy à en pleurer… la gueule enfarinée d’une nuit trop courte… oui, une nuit trop courte qui laisse tout imaginer… est ce qu’il a révisé ? Peu probable… Est-ce qu’il a baisé une nana ? Déjà plus réaliste… Il a fini sa tournée de poignée de main, arborant son sacré sourire charmant, il sort son paquet de cigarettes, il n’en allume une ; il tire une taffe, et tout en gardant un instant la fumée avant de l’expirer, il a ce geste qui doit être certainement à moitié inconscient… il lève les bras, il plie les avant bras faisant gonfler ses biceps en boule dans les manchettes du t-shirt ; il ferme les yeux, il s’étire et son t-shirt commence à remonter sur sa braguette ; c’est tellement agréable cet étirement du matin qu’il continue, augmentant la tension de son torse, cherchant à dégourdir tous ses muscles… et alors, au delà d’un certain seuil, voilà la zone rouge approcher… son t-shirt bleu ciel se soulève encore un peu… putain… dans sa recherche du bien être, sans se soucier ni même peut être se douter de l’effet que son geste va avoir sur bon nombre de sujets féminins et au moins un sujet masculin à proximité, il s’étire un peu plus encore… là on approche vraiment de cette vision magique que je me retrouve à attendre avec des frissons dans tout le corps… vas y, vas y, vas y encore Jérém… à peine un peu plus… ouiiiii, comme ça !... et là je vois bien apparaître le chemin de poils qui relient son nombril à son sexe… c’est un outrage, c’est de la provoc, c’est beau et infernal à la fois… surtout à mon égard… moi qui sais à quel endroit paradisiaque ce chemin amène, surtout quand on l’emprunte en direction du sud… Une fois terminé son étirement plutôt spectaculaire et remarqué, Jérém repart pour un petit tour de bonjour à quelques autres copains attroupés un peu plus loin ; il fait la bise à quelques nénettes, je suis un peu plus loin en train de discuter avec d’autres copains, le clan des loosers, il ne nous calcule même pas. Les mecs bien foutus avec les mecs bien foutus… les bons étudiants entre eux. Putain qu’est-ce que c’est injuste la vie !
Putain de petit con ! Même pas un regard… pas un regard, après ce qui s’est passé samedi soir, après ce moment si magique ; pas un regard qui exprimerait le moindre regret pour son comportement brutal et à l’apparence incompréhensible le dimanche matin, pour cette pipe qu’il m’avait arrachée à grands coups de reins comme s’il voulait me défoncer la gueule et dont mon palais endolori se souvenait encore si bien 24 heures plus tard… non, son attitude était énervante de normalité… comme si tout allait bien… comme si tout était normal… Mais Jérém était beauuuu ce matin là, beau, beau, beau, et le soleil le rendait encore plus beau… j’avais envie de lui et j’avais envie de le cogner, de lui faire mal, autant de mal qu’il m’en faisait… ces deux sentiments là, l’envie de lui faire l’amour et l’envie de le cogner, seront souvent présents en moi pendant les années durant lesquelles on se côtoiera… et tout particulièrement ce matin là… heureusement, je choisirai presque toujours la solution « bonobo » pour apaiser les tensions entre nous…Non, rien dans l’attitude de Jérém ce matin là aurait pu laisser penser qu’il regrettait quoi que ce soit de ce fameux dimanche matin, de cette sorte de festival de l’humiliation et de la déception qu’il m’avait fait vivre, où j’avais cru toucher le fond de ce que je pouvais endurer… hélas je ne le savais pas encore, mais j’étais loin du compte… Mais ça c’est un autre sujet et l’heure de rentrer dans la salle d’exam était bien arrivée. On nous appelle et nous franchissons la porte du lycée. Nous traversons le grand couloir et je sens le stress me rattraper… oui, dès que je détourne le regard de Jérém, je sens cette putain d’angoisse pour l’examen refaire surface en moi et me prendre aux tripes… Jérém était ça pour moi, la seule personne au monde capable de tout me faire oublier… il était là et il n’y avait plus rien ni personne qui existait… on m’aurait dit que la fin du monde approchait à quelques secondes, je m’en serais fichu, si seulement il avait été là, si seulement la dernière image que j’aurais pu emporter avec moi était celle de sa beauté et de l’émotion débordante dont sa simple présence remplissait mon coeur…C’est intimidant de se retrouver devant des surveillants à l’air mauvais, agacés d’être là alors que dehors il fait beau, face à des copies du Ministère, devant les épreuves qui vont nous donner accès à la suite de notre vie. Avec le recul, il me faut admettre que je stressais pour rien, car franchement, le bac de philo ne me faisait pas peur. S’il y avait un truc que j’avais pigé au lycée, c’est qu’on ne peut pas rater une disserte de philo. Dans la pensée humaine, le vrai et le faux ne sont que des partis pris : dans l’absolu il n’y a pas de vrai, ni de faux ; il n’y a que des points de vue.
Dès qu’on a intégré cela voilà que la disserte de philo est dans la poche : pour peu qu’on lise l’intitulé, qu’on surveille l’ortho, qu’on sache trouver deux arguments pour ou contre, qu’on glisse ensuite n’importe quelle citation de grand penseur (à condition bien sur de la citer dans le bon sens et de la caser au bon endroit), le bac philo est inratable. Un pur exercice de style.
Encore faut-il disposer d’un minimum de calme et de concentration pour écrire des phrases avec un minimum de sens : hélas, ce matin là, je n’allais disposer ni de calme, ni de concentration. La faute à qui ? Je vous le donne en mille…Ce matin là, assis à mon petit banc de lycéen, ce banc que j’allais bientôt devoir abandonner, je me fis une réflexion qui ressemblait un peu à ceci : dans la vie il n’y a pas de bon ou de mauvais, il n’y a que la beauté qui soit vraie. Aussi vraie quand elle est devant nos yeux que quand elle en est loin. Dans les deux cas elle nous hante. Dans la vie, il n’y a que des beaux mecs et des moches. C’est l’injustice de l’existence.
Côté beaux mecs, ce qui se résumait pour moi à la seule présence de Jérém, ce matin là j’étais encore servi. Les initiales de nos noms de famille étant proches, nous nous retrouvons ainsi placés sur le même alignement de bancs, de sorte que juste en tournant le regard de quelques degrés sur ma gauche, je peux le voir. Il est là, à tout juste deux bancs de moi. Le hasard a fait superbement les choses, car son banc n’est pas parfaitement sur l’alignement, il est à peine un peu plus avancé… ce qui fait que, sans même tourner la tête, sa silhouette est pleinement dans mon champ visuel…Putain de Jérémie… ce petit t-shirt bleu ciel de l’Airness… aaaahhhh qu’est ce que ça fait jeune mec sexy cette marque… ce coton qui moule ses biceps, qui épouse à la perfection les lignes de son dos puissant et musclé, de ses épaules, et qui a le culot d’être d’une longueur tout juste parfaite, comme étudiée, pour se relever dès que le bassin est un peu avancé, dès que le dos est légèrement penché en avant, pour remonter et montrer la beauté extrême de ses reins, pour laisse entrevoir l’élastique de son boxer Athena blanc qui dépasse du haut de son short… putain de bassin posé vers l’avant de la chaise, laissant bailler le short d’une façon si outrageusement provocatrice et érotique… je crève d’envie d’aller poser mon nez dans l’espace béant ainsi crée entre sa peau tiède et ce beau short… putain de position, enfin, qui me donne toute la vue sur son tatouage de mec…Il est là, assis à tout juste deux bancs de moi… alors, dites moi, en étant normalement constitué, quoi faire d’autre mis à part le mater ? Pendant que le surveillant donne les consignes pour le bon déroulement de l’épreuve, je ne peux détacher mes yeux de lui… Je le mate comme un malade mais Jérém regarde ailleurs… le regard fixé dans le vide, les paupières lourdes, toute l’allure du mec qui manque sérieusement de sommeil… putain de Jérém, même la veille du bac il lui faut faire la fête… et baiser ? avec qui, putain, avec qui ? ces questions, surtout la dernière, vont me rendre fou…Il me plait ce mec, il me plait plus que de raison, je me sens attiré vers lui avec une violence inouïe… et à chaque fois je me heurte violemment à cette putain de barrière, je m’épuise avec cette putain de distance qu’il met entre nous… je l’aime, je l’aime plus que tout mais par moments je le déteste… ce sont des moment comme celui là où je me rends compte que je ne comprends vraiment pas son comportement du matin d’avant… j’y pense et j’y repense, et même si je peux admettre qu’il ne voulait pas de câlins à ce moment là, je ne comprends toujours pas pourquoi il a été aussi brutal avec moi, alors que je suis depuis longtemps complètement soumis à sa queue… je ne demande qu’à lui faire plaisir… sans déconner… je ne comprends pas ce qu’il veut de plus… vraiment je ne comprends pas comment on peut être si beau et si con à la fois… Quoi qu’il en soit, je ne peux pas m’arrêter de le mater… c’est même pas que je ne le veux pas, c’est que je ne PEUX pas… dès que j’essaie de regarder ailleurs, dès que j’essaie de détourner mes yeux ou ma tête, voilà qu’ils reviennent aussitôt vers lui, mus par un réflexe incontrôlable, comme montés sur ressort, aimantés… je ne peux rien y faire… il me semble de l’entendre, notre reine Gloria « can’t take my eyes out of you ».
Et quand on mate à ce point, ce qui doit arriver, finit par arriver. A un moment il tourne la tête et nos regards se croisent… putain de regard de beau brun, il frappe le mien comme une claque assénée pour faire mal, il m’éblouit comme le choc d’un éclair… j’en suis surpris, déboussolé, comme un lapin pris dans les phares d’une voiture… croiser son regard… lire son attitude à mon égard après ce qui s’est passé ce week-end… j’ai peur de voir comment va réagir mon regard au contact du sien… j’ai la hantise de me taper la honte dans cette confrontation… peur de rencontrer son mépris, sa froideur… peur d’y voir le reflet de mon malaise, de mon humiliation… Et maintenant que nos regards sont accrochés, je suis aussi mal à l’aise que je l’avais imaginé… non, peut-être davantage : l’énergie de son regard est si forte, j’ai l’impression de fixer le soleil par une belle journée d’été… il ne lâche rien, et pendant un instant qui me semble se dilater à l’infini… non, il n’en démord pas ce petit con… non seulement rien dans son regard semble revenir sur son attitude du dimanche matin, mais j’ai la nette impression qu’il me fusille avec ses yeux bruns implacables, plantés dans les miens, il me fixe sans l’ombre d’un sourire, sans le moindre soupçon d’émotion… est-ce qu’il m’en veut encore pour hier matin ? Est-ce qu’il me méprise ? Qu’est-ce que j’ai fait de si mal à la fin ? Pourquoi les mecs hétéro ont-t-ils si peur d’assumer leurs sentiments ?
Son regard est si puissant, si intense que ça en devient intimidant, insoutenable… au bout d’un moment je me sens trop mal à l’aise et je suis obligé de baisser les yeux… putain il a encore gagné… Tel Icare au contact du Soleil, je me suis brûlé non pas les ailes, mais bien les yeux ; pourtant, la vision troublante de sa beauté me manque déjà… ainsi, le moment d’aveuglement passé, mes yeux s’ennuient déjà de celui qui est l’objet de leur plaisir le plus grand… et le plus dangereux… je n’arrive pas à soutenir son regard mais lorsque le contact est rompu, il me manque instantanément… Alors j’y reviens un instant plus tard, juste avec le coin de l’œil, pour ne pas prendre son regard de plein fouet… je me protége car je suis encore convalescent suite à la brûlure de notre premier contact. Je cherche son regard mais je dois constater qu’il est perdu ailleurs.
Frustré mais apaisé de ne pas avoir pu établir ce contact, je laisse mes yeux divaguer dans l’espace clos de la salle. Tiens, j’y repense enfin… mais oui, c’est ça : on passe le bac aujourd’hui. C’est vraiment la fin du lycée. Quelques épreuves de plus et ce sera vraiment fini. Cette semaine. Finis les cours, finie la vie de lycéen, finies les révisions avec Jérémie. La fenêtre est ouverte et le beau temps persistant me rend triste.
Interrogez n’importe qui et la plupart du temps vous vous entendrez dire que le soleil amène la bonne humeur. Pas pour moi, pas ce jour là. Pas pour moi, car le soleil de ce jour là annonce la venue de l’été qui va me séparer de Jérémie. Oui, la fin du lycée me fait peur : comment se revoir après ? Est-ce que Jérém pense à cela ? Ou alors est ce qu’il s’en fout totalement ? Est-ce qu’il réalise qu’on n’a désormais plus aucune raison de se revoir ? Est-ce que sa bite va pouvoir se passer de moi ? Oh, que oui, aisément oui. Est-ce que je vais pouvoir me passer de sa queue ? Est-ce que je vais pouvoir me passer de lui ?
Quand je pense comment il a été dur avec moi hier matin… belle façon de terminer nos révisions… et maintenant il est là, à deux mètres de moi, et il me manque horriblement… j’ai envie de coucher avec lui, j’ai envie de le serrer dans mes bras, de toucher son torse, de le caresser, de l’embrasser de la tête aux pieds… une légère brise rentre par les fenêtres ouvertes, elle caresse la peau de mon visage, de mon cou, de mes bras, je sens une sensation de déchirure dans mon ventre… j’entends un oiseau chanter le Printemps caché dans un arbre devant le lycée… c’est le seul son qu’on entend dans le silence qui domine dans la classe, à part la voix du surveillant…C’est beau et c’est touchant ce chant, c’est la voix de la belle saison qui arrive, du bonheur qu’elle est censée amener dans l’esprit de chacun… hélas, ce beau temps, cette annonce d’été était pour moi l’annonce d’une séparation annoncée et inévitable… alors non, cette année là le printemps n’avait pas pour moi le son insouciant des violons de Vivaldi, il ressemblait plutôt à l’angoissante gravité d’une Toccata de Bach… l’arrivée de ce printemps, l’arrivée du bac, symbolisait à mes yeux le passage du temps, le temps qui avance et qui change tout, qui balaie tout sur son passage, le temps qui passe et qui nous enlève parfois ceux qu’on aime, de la vie qui tourne, qui apporte des choses, des rencontres et qui tourne toujours et finit par nous les enlever… … je me rends soudainement compte d’un truc qui me déchire les tripes… putain que c’est dur de réaliser et d’admettre que nos révisions appartiennent déjà au passé…Un assistant passe entre les bancs pour distribuer les sujets. Le fait de voir la copie retournée posée sur mon banc a le pouvoir de me ramener à la réalité imminente, et mes soucis sont momentanément effacés par la tension de l’exam. Certes l’exam m’inquiète un peu… mais qu’est ce bien cette tension face à l’émotion provoquée par la vision de Jérém ? Et je replonge…Son regard est toujours perdu ailleurs… alors je laisse mes yeux affamés de lui se rassasier de la vision de son torse moulé par ce bout de coton qui caresse sa peau… si ça ce n’est pas juste un mec jeune et sexy avec un petit physique né pour l’amour… un petit physique en demande d’amour… un petit physique aux muscles bien fermes, à la peau douce et soyeuse, avec une putain de queue raide et délicieuse… un corps avec les hormones à fleur de peau… un corps de rêve rempli de testostérone et qui ne semble aspirer qu’à ça… jouir… et franchement, dès que je le vois, drapé de sa jeunesse et de sa fraîcheur, je ne pense qu’à ça, je n’ai envie que de ça : le faire jouir… le voir jouir, et le voir repu juste après… Ainsi perdu dans mes réflexions, comme en état d’hypnose, j’ai un sursaut quand j’entends la voix du surveillant toute proche de moi : il se balade entre les bancs pendant qu’il finit de donner les consignes pour l’examen. J’ai un autre sursaut, de bien autre ampleur lorsque, ainsi tiré de mon état second, je me rends compte que Jérém est en train de me mater à son tour…Son regard semble avoir soudainement changé… exit la noirceur et l’hostilité, la rancoeur à mon égard… alors que tout à l’heure, en arrivant devant le lycée il semblait me faire la tête, à ce moment précis j’ai l’impression que Jérém n’est pas seulement en train de me mater… non, il est carrément en train de me défoncer avec ce regard canaille que je lui connais bien, avec ce petit sourire narquois, charmeur, impuni, odieux, irrésistible collé au coins des lèvres et rayonnant de ses yeux… j’ai du mal à respirer, je sens ma gorge se nouer… je me sens tout retourné… je me sens troublé par cette attitude inattendue, je suis trop mal à l’aise, je me sens humilié par ce sourire qui n’est à mes yeux ni plus ni moins que le spectacle de son triomphe viril sur moi… Je crève d’envie de lui, mais là, devant son attitude désinvolte, je sens monter en moi un étrange sentiment, je le sens arriver avec violence, avec puissance, au triple galop… c’est un sentiment plutôt noir, qui arrive à me faire oublier le désir même… putain… je sens que je lui en veux… je sens que j’ai envie de lui faire mal…Quelques heures plus tôt, seul dans mon lit, j’étais si mal au fond de moi que mon désespoir m’a conduit à imaginer le Dimanche Matin 2.0, un état d’esprit grâce auquel je pensais pouvoir lui pardonner ses sauts d’humeur en me disant que ça doit être dur pour lui d’assumer ce qu’on fait ensemble ; j’étais de bonne foi, je me disais que ce n’étais pas simple pour lui, qu’au fond il doit souffrir autant que moi… oui, j’étais prêt à prendre sur moi autant qu’il le fallait… je crois que j’étais prêt à tout, à tout, sauf à ça… sauf au retour du Jérém sûr de lui et arrogant, se pavanant comme s’il avait tout droit sur moi, comme si j’étais sa marionnette, sa poupée gonflable et… jetable…Et là, devant son sourire sans remords, sans scrupules, je suis vraiment en colère, j’ai vraiment envie de me lever et d’aller le gifler pour lui arracher cet air supérieur, cette arrogance dans le regard, ce naturel avec lequel il semble balayer d’un revers de main à la fois la nuit de tendresse qu’on a vécu, cette nuit qu’il a largement voulue, et son comportement ignoble le matin suivant…Le tout… sans transition… sans la moindre explication, son regard semblant m’annoncer sans détour la reprise de notre relation de baise, de domination et de soumission là où on l’avait laissé à la fin de notre semaine de révisions avant le bac… comme si de rien n’était… je sens une profonde exaspération monter en moi, je sens mes joues s’empourprer, un sentiment de raz le bol, d’injustice et d’humiliation qui tape dans mon bas ventre… je crois que pour la première fois ce jour là je l’ai vraiment détesté…Je me sens bouillir à l’intérieur… et puis il a ce truc… un truc contre lequel je ne peux pas lutter… la lutte n’est possible qu’avec des armes égales… on ne peut pas se battre avec un couteau en plastique contre l’avancée d’un blindé… Jérém se lance dans l’utilisation d’une arme largement non conventionnelle… le voilà qu’il fronce légèrement les sourcils, le voilà qu’il donne un peu plus d’éclat à son sourire (ce mec est un chef dans l’art de la maîtrise du sourire charmeur)… et voilà qu’il m’achève en me balançant un putain de clin d’œil qui a failli de me faire tomber à la renverse sur ma chaise...
Une seconde plus tôt j’avais encore envie de le cogner… là je ne comprends plus rien, en moi c’est le black-out, je déconnecte, je me sens dériver… devant ce sourire et à ce clin d’œil inattendu et magnifique je suis à lui, entièrement à lui, avec ce sourire et ce clin d’œil il peut faire de moi tout ce qu’il veut, son pouvoir sur moi est infini…Oui, à l’instant où ce sourire m’envahit, je sens que mon regard devient chancelant : j’essaie de tenir, la colère aidant… mais qu’est-ce la colère la plus noire devant ce désir à côté duquel rien ne compte plus? Si épaisse et gluante la seconde d’avant, je sens d’un coup ma colère fondre, s’évaporer. Tout offensé, tout humilié que je suis, tout désireux de lui faire payer son assurance et son arrogance, de l’atteindre ne serait-ce que par mon indifférence, je sais que je ne vais pas résister longtemps devant ce séducteur avec licence de tuer… du regard !
Il le fait exprès, il veut ma mort ce petit con… non, mais Jérém… t’es quand même bien conscient de ce que tu fais, la, avec ce regard, hein ? T’es conscient que t’es à la limite de me rendre hystérique, dingue de chez dingue, le loup de Tex Avery tu vois ? Tu le sais que t’es un grand malade ? Avec ce regard tu touches ma corde sensible, celle qui éveille tout mes sens et qui me met dans un état indescriptible d’excitation… AHHHHHHH, putain, tu veux ma mort ?
Tu crois vraiment que c’est le moment ? Tu ne te rends pas compte… ou alors si, tu t’en rends bien compte et tu fais exprès de m’infliger cela… est-ce que tu t’as idée de comment ton regard me renvoie à tous ces coups de bélier que tu m’as mis pendant nos baises … ? Est-ce que tu te rends compte de comment ton goût de mec a rarement quitté ma bouche, en vrai ou en souvenir, depuis des semaines… ? Est-ce que tu t’imagines toutes les images que tu fais remonter en moi avec ce regard ? Le souvenir de cette semaine de révisions de dingue… le souvenir de ton odeur de mec… de ta présence olfactive…Oui, sa présence olfactive… elle remonte à mon esprit avec la puissance inattendue d’un coup de fouet… j’en suis tellement secoué que je ferme les yeux pour la retenir à moi… et là j’ai la surprise non pas de la voir se disperser, mais de la sentir devenir plus intense… j’ai l’impression que ce n’est pas vraiment un souvenir, mais plutôt une sensation bien présente… j’ai l’impression que le petit vent qui rentre des fenêtres ouvertes, ce petit vent qui caresse sa peau avant d’arriver à moi, m’apporte son parfum… Envahi par son sourire brun et rayonnant à craquer, submergé par son odeur de mec, je perds définitivement pied… je dépose mes armes ridicules et une fois de plus je sors perdant de ce duel de regards… oui, il a encore gagné ce petit con… certes, s’il a gagné cette fois ci, c’est bien à la déloyale… on avait dit un duel de regards… le sourire à tomber et l’attaque olfactive rentrent dans la catégorie des armes non conventionnelles… Naaan mais la c’est mort… je ne vais pas pouvoir tenir pendant quatre heures… je sens la trique gagner mon bas ventre… comment vais-je pouvoir philosopher dans cet état d’excitation ? C’est mal barré…Je ne peux éloigner ma vue de lui que pendant quelques secondes… des longues secondes pendant lesquels je suis alors un garçon en apnée visuelle… rien n’intéresse mes yeux que sa présence, rien ne leur donne raison d’être que son existence. Alors j’y reviens : et c’est pas possible, il regarde encore vers moi… il me défie, il me provoque… il savoure la vision du désir et du trouble qu’il sait m’inspirer… putain de petit con libidineux et limite sadique !
Me revoilà reparti dans un jeu de soumission à lui… dans une obéissance à ses envies obtenue par son simple regard… un jeu qu’il a lancé lui-même, avec un simple sourire. Je déteste qu’il ait autant de pouvoir sur moi et en même temps j’adore ce jeu, cette complicité entre nous. Un jeu dont il a la main depuis le début. Et dont il tient tous les atouts. Tous ou presque. En tant que soumis, j’ai un atout majeur dans mon jeu : c’est la carte de l’insoumission. La mutinerie. Le défi soudain de l’autorité que j’ai si souvent acceptée et célébrée. C’est un atout qui se joue par surprise et qui, je ne vais pas tarder à m’en rendre compte, peut chambouler tout le jeu en table. Il faut juste oser le faire.
Je sais que c’est un atout dont l’utilisation peut se révéler extrêmement dangereuse et entraîner des représailles pas toujours faciles à assumer… au même temps, je me rends compte que je trouve extrêmement excitante l’idée de défier ce petit con, de le provoquer et d’attendre ensuite sa réaction… il faut dire que ce matin là j’en avais quand même gros sur la patate… son attitude de faire comme s’il ne s’était rien passé de spécial entre nous depuis le week-end me rendait fou… alors, je me dit : fonce, fais le chier !
C’est ainsi que, juste au moment où le surveillant démarre le chronomètre, je sens monter en moi l’envie de tenter de renverser le déroulement sans encombres de son jeu, en me servant de mon atout « Insoumission ». Je décide dès lors de soutenir son regard, coûte qui coûte… c’est un défi de taille que je lui lance, que je me lance, mais je le fais avec la ferme conviction d’avoir toutes mes chances pour que cela marche : mon défi va se dérouler dans une situation complètement insolite, une situation où nous ne sommes pas seuls et où il n’a pas vraiment de prise sur moi, si ce n’est par le regard… dans cette situation, sa voix et son attitude corporelle, sa nudité, l’exhibition de sa virilité, si importantes pour installer sur moi le harnais de sa domination, ne peuvent pas lui venir en aide : mon petit Jérémie, là t’es dépouillé d’une bonne partie de ton arsenal de dominant… est ce que ton regard seul suffira à m’assujettir ?
Oui, je soutiens son regard. Pendant un long instant. Au bout d’un moment, mes yeux tremblants semblent se stabiliser. Mon regard charmé semble retrouver un équilibre et prendre de l’assise pour résister aux assauts puissants de son esprit. On se fait face, et il ne me fait plus peur. J’essaie de résister à son charme, j’essaie de ne plus me sentir humilié, j’essaie de tenir debout… et curieusement, dès que j’ai l’idée de le faire, tout cela me semble facile. Où est-il écrit que je lui serai soumis à jamais ? Où est-il écrit que je dois tout accepter de lui ? Certes, parfois j’ai envie de tout accepter… mais il est également bon de savoir que dans d’autres occasions, il y a un bouton rouge devant moi avec marqué « Insoumission », un bouton sur lequel je peux appuyer pour arrêter le jeu et le faire redémarrer avec mes règles… quitte à en assumer les conséquences plus tard. Ou pas. C’est mon choix. Du moins ce matin là. Le choix de me dégager de sa domination. Un choix que je peux faire mais qui peut entraîner la fin de notre relation. Un choix implique toujours des conséquences qu’il faut savoir assumer.
Bonjour à tous, merci pour l’attention que vous portez à mon histoire. Dans quelques semaines, la saison 1 de l’histoire de Jérém et Nico va prendre fin et l’auteur va prendre quelques semaines de pause pour avancer dans la saison 2 et dans sa vie.
Avant de lire la suite de l’épisode du bac (plus tard dans la journée ou demain matin), je lance un appel à tous les lecteurs qui aiment cette histoire pour savoir si quelqu’un maîtrisant l’art du dessein, aimerait de se lancer dans l’illustration de certaines scènes clés de mon histoire. Peut-être il y a parmi vous un artiste capable de cela, ou connaissant un artiste apte à cela.
J’aimerais que ce soit un dessin sensuel, esthétique, sans les excès de la plupart des représentation graphiques des anatomies et des scènes de rencontres gay qu’on voit sur internet. Quelques images d’abord, et pourquoi pas une bd ensuite ? On peut toujours rêver…
Retour en arrière de quelques heures.
Lundi 11 juin 2001, 8h00, devant l’entrée du lycée. Nous voilà, nous y sommes. Bac philo. C’est toujours un bon paquet de stress un exam. C’est assez solennel, une sorte de grande messe et je le vis comme une espèce de passage important dans la vie, une sorte de transition de l’enfance à l’age adulte. C’était ma façon à moi de vivre cette expérience, en lui donnant un sens et en l’autorisant à représenter quelque chose.
Je voyais bien que nombre de mes collègues de classe le vivaient de façon bien plus détendue… ils y allaient presque en touristes… peut-être avaient-t-il raison de ne pas se prendre le bourrichon… quand on sait ce qu’est devenu le bac depuis… un bout de papier qu’on donne à tout le monde, avec n’importe quel niveau… Hélas j’étais ainsi câblé… perso le bac me faisait angoisser. Le stress m’avait cueilli dès le réveil ; il m’avait accompagné sous la douche, pendant que je m’habillais ; tenace, il m’avait suivi au petit déjeuner et perturbé pendant que j’avalais mon bol de café au lait ; entêté, il m’avait poursuivi durant tout le trajet à pied vers le lycée.
Non, le stress pour le bac ne semblait pas destiné à me quitter ce jour là : j’étais un jeune homme très sensible au stress. Heureusement pour moi, il y avait quelque chose pour laquelle j’étais bien plus sensible encore: c’était la beauté masculine, cette perfection virile qui avait pour moi le visage, le corps et l’allure de Jérémie T.
Certes, en repensant à mon départ de chez lui la veille, je flippais grave à l’idée de le retrouver au bac… j’avais beau avoir construit dans ma tête le Dimanche Matin 2.0 pour essayer de me convaincre que son changement d’attitude entre la nuit et le matin, que son agressivité n’étaient que la conséquence de son malaise vis-à-vis de cette relation qui le chamboulait, de son impossibilité à s’assumer, lui qui était tellement installé dans son rôle de mâle à femmes ; j’avais beau essayer de me convaincre que sa tendresse de la nuit était le plus bel aperçu du vrai Jérém, de ce qu’il était en réalité au plus profond de lui, un garçon marqué par les blessures du passé ; un garçon qui, l’espace d’une nuit, avait trouvé la force de laisser tomber la carapace…; oui, j’avais beau avoir conçu le Dimanche Matin 2.0 pour me persuader que, en prenant sur moi et en laissant du temps au temps, Jérém se rendrait compte des sentiments qu’il éprouvait pour moi et que notre relation pourrait évoluer ; il n’en demeurait pas moins vrai que ce matin là au réveil j’appréhendais grave de croiser son regard, de crainte de le voir toujours si noir envers moi, si haineux… ou, pire, distant, indifférent… Mais au delà de tout, au delà des toutes mes craintes, tout ce dont j’avais envie ce matin là en arrivant au lycée, c’était de le voir débarquer. Peu importe la couleur du regard, qu’il soit noir, énervé, méchant, fulminant avec des flammes… à vrai dire je m’en foutais… Jérém, ce merdeux si mauvais la veille, si injuste, si virulent, au point que mon avant bras portait encore une trace sensible de la prise de sa main… Jérém me manquait horriblement, j’en avais mal au ventre tellement j’avais envie de le revoir…Je l’aperçois arriver de loin, en baillant ; je ne peux pas le quitter des yeux, le regard caché derrière de grandes lunettes de soleil noires, avec sa démarche de mec assuré et bien dans ses baskets… il est sex, mon Dieu qu’il sent le sexe même à 50 mètres ou plus de distance… je le regarde avancer, grand, beau, sa silhouette parée avec des vêtements d’été, un t-shirt bleu ciel estampillé Airness qui a l’air une fois de plus cousu main et sur mesure… un short clair bien taillé, ses jambes musclées non pas coupées par des chaussettes qui bien souvent cassent la beauté de ces lignes mais se terminant direct dans les baskets blanc et rouge…Oui, une tenue d’été dévoilant toute la perfection de sa morphologie… c’est une des raisons pour lesquelles j’aime l’été… si ce n’est pas la véritable raison… voir les mecs se découvrir, dévoiler leur beauté, des bouts de leur anatomie… de la sensualité se dégageant à travers ces tissus de coton fin qui laissent deviner des atouts qui ne demandent qu’à être mis à jour et admirés…Ainsi, dès que Jérém pointa son nez devant l’entrée du lycée, le bac devint soudainement à mes yeux un sujet d’une importance tout à fait relative. Il s’arrête un peu à l’écart de l’attroupement de 4 ou 5 garçons de notre classe qui constituent sa meute… il soulève enfin ses lunettes de soleil qu’il appuie sur le haut de sa tête et commence à dire bonjour à ses potes avec des bonnes poignées de main de mec, tout en approchant la joue et en leur claquant le genre de bise bien virile que jamais il ne me ferait à moi et que moi non plus je n’oserais jamais lui faire… qu’est-ce qu’elle est mal foutue la vie !
J’ai toujours été « troublé » par le fait que certains mecs, bien hétéros, ces petits cons surs de leur virilité, se font parfois la bise entre potes. J’en voyais étant étudiant, au lycée, à la fac et ça m’arrive d’en voir encore. C’est toujours tellement troublant et quelque part émouvant, mais si érotique à mes yeux.
Le voilà, ce petit con dans toute sa splendeur : toujours à la bourre, toujours à la dernière minute… le voilà, sentant la douche fraîchement prise, ses cheveux bruns bien coiffés, plus courts autour de la tête, un peu plus longs sur le haut, réunis par un gel à l’effet mouillé en une espèce de crête d’jeunz, ses pattes bien taillées descendant le long de ses oreilles droites et fines… finissant par aller rejoindre sa petite barbe de trois jours, sexy à en pleurer… la gueule enfarinée d’une nuit trop courte… oui, une nuit trop courte qui laisse tout imaginer… est ce qu’il a révisé ? Peu probable… Est-ce qu’il a baisé une nana ? Déjà plus réaliste… Il a fini sa tournée de poignée de main, arborant son sacré sourire charmant, il sort son paquet de cigarettes, il n’en allume une ; il tire une taffe, et tout en gardant un instant la fumée avant de l’expirer, il a ce geste qui doit être certainement à moitié inconscient… il lève les bras, il plie les avant bras faisant gonfler ses biceps en boule dans les manchettes du t-shirt ; il ferme les yeux, il s’étire et son t-shirt commence à remonter sur sa braguette ; c’est tellement agréable cet étirement du matin qu’il continue, augmentant la tension de son torse, cherchant à dégourdir tous ses muscles… et alors, au delà d’un certain seuil, voilà la zone rouge approcher… son t-shirt bleu ciel se soulève encore un peu… putain… dans sa recherche du bien être, sans se soucier ni même peut être se douter de l’effet que son geste va avoir sur bon nombre de sujets féminins et au moins un sujet masculin à proximité, il s’étire un peu plus encore… là on approche vraiment de cette vision magique que je me retrouve à attendre avec des frissons dans tout le corps… vas y, vas y, vas y encore Jérém… à peine un peu plus… ouiiiii, comme ça !... et là je vois bien apparaître le chemin de poils qui relient son nombril à son sexe… c’est un outrage, c’est de la provoc, c’est beau et infernal à la fois… surtout à mon égard… moi qui sais à quel endroit paradisiaque ce chemin amène, surtout quand on l’emprunte en direction du sud… Une fois terminé son étirement plutôt spectaculaire et remarqué, Jérém repart pour un petit tour de bonjour à quelques autres copains attroupés un peu plus loin ; il fait la bise à quelques nénettes, je suis un peu plus loin en train de discuter avec d’autres copains, le clan des loosers, il ne nous calcule même pas. Les mecs bien foutus avec les mecs bien foutus… les bons étudiants entre eux. Putain qu’est-ce que c’est injuste la vie !
Putain de petit con ! Même pas un regard… pas un regard, après ce qui s’est passé samedi soir, après ce moment si magique ; pas un regard qui exprimerait le moindre regret pour son comportement brutal et à l’apparence incompréhensible le dimanche matin, pour cette pipe qu’il m’avait arrachée à grands coups de reins comme s’il voulait me défoncer la gueule et dont mon palais endolori se souvenait encore si bien 24 heures plus tard… non, son attitude était énervante de normalité… comme si tout allait bien… comme si tout était normal… Mais Jérém était beauuuu ce matin là, beau, beau, beau, et le soleil le rendait encore plus beau… j’avais envie de lui et j’avais envie de le cogner, de lui faire mal, autant de mal qu’il m’en faisait… ces deux sentiments là, l’envie de lui faire l’amour et l’envie de le cogner, seront souvent présents en moi pendant les années durant lesquelles on se côtoiera… et tout particulièrement ce matin là… heureusement, je choisirai presque toujours la solution « bonobo » pour apaiser les tensions entre nous…Non, rien dans l’attitude de Jérém ce matin là aurait pu laisser penser qu’il regrettait quoi que ce soit de ce fameux dimanche matin, de cette sorte de festival de l’humiliation et de la déception qu’il m’avait fait vivre, où j’avais cru toucher le fond de ce que je pouvais endurer… hélas je ne le savais pas encore, mais j’étais loin du compte… Mais ça c’est un autre sujet et l’heure de rentrer dans la salle d’exam était bien arrivée. On nous appelle et nous franchissons la porte du lycée. Nous traversons le grand couloir et je sens le stress me rattraper… oui, dès que je détourne le regard de Jérém, je sens cette putain d’angoisse pour l’examen refaire surface en moi et me prendre aux tripes… Jérém était ça pour moi, la seule personne au monde capable de tout me faire oublier… il était là et il n’y avait plus rien ni personne qui existait… on m’aurait dit que la fin du monde approchait à quelques secondes, je m’en serais fichu, si seulement il avait été là, si seulement la dernière image que j’aurais pu emporter avec moi était celle de sa beauté et de l’émotion débordante dont sa simple présence remplissait mon coeur…C’est intimidant de se retrouver devant des surveillants à l’air mauvais, agacés d’être là alors que dehors il fait beau, face à des copies du Ministère, devant les épreuves qui vont nous donner accès à la suite de notre vie. Avec le recul, il me faut admettre que je stressais pour rien, car franchement, le bac de philo ne me faisait pas peur. S’il y avait un truc que j’avais pigé au lycée, c’est qu’on ne peut pas rater une disserte de philo. Dans la pensée humaine, le vrai et le faux ne sont que des partis pris : dans l’absolu il n’y a pas de vrai, ni de faux ; il n’y a que des points de vue.
Dès qu’on a intégré cela voilà que la disserte de philo est dans la poche : pour peu qu’on lise l’intitulé, qu’on surveille l’ortho, qu’on sache trouver deux arguments pour ou contre, qu’on glisse ensuite n’importe quelle citation de grand penseur (à condition bien sur de la citer dans le bon sens et de la caser au bon endroit), le bac philo est inratable. Un pur exercice de style.
Encore faut-il disposer d’un minimum de calme et de concentration pour écrire des phrases avec un minimum de sens : hélas, ce matin là, je n’allais disposer ni de calme, ni de concentration. La faute à qui ? Je vous le donne en mille…Ce matin là, assis à mon petit banc de lycéen, ce banc que j’allais bientôt devoir abandonner, je me fis une réflexion qui ressemblait un peu à ceci : dans la vie il n’y a pas de bon ou de mauvais, il n’y a que la beauté qui soit vraie. Aussi vraie quand elle est devant nos yeux que quand elle en est loin. Dans les deux cas elle nous hante. Dans la vie, il n’y a que des beaux mecs et des moches. C’est l’injustice de l’existence.
Côté beaux mecs, ce qui se résumait pour moi à la seule présence de Jérém, ce matin là j’étais encore servi. Les initiales de nos noms de famille étant proches, nous nous retrouvons ainsi placés sur le même alignement de bancs, de sorte que juste en tournant le regard de quelques degrés sur ma gauche, je peux le voir. Il est là, à tout juste deux bancs de moi. Le hasard a fait superbement les choses, car son banc n’est pas parfaitement sur l’alignement, il est à peine un peu plus avancé… ce qui fait que, sans même tourner la tête, sa silhouette est pleinement dans mon champ visuel…Putain de Jérémie… ce petit t-shirt bleu ciel de l’Airness… aaaahhhh qu’est ce que ça fait jeune mec sexy cette marque… ce coton qui moule ses biceps, qui épouse à la perfection les lignes de son dos puissant et musclé, de ses épaules, et qui a le culot d’être d’une longueur tout juste parfaite, comme étudiée, pour se relever dès que le bassin est un peu avancé, dès que le dos est légèrement penché en avant, pour remonter et montrer la beauté extrême de ses reins, pour laisse entrevoir l’élastique de son boxer Athena blanc qui dépasse du haut de son short… putain de bassin posé vers l’avant de la chaise, laissant bailler le short d’une façon si outrageusement provocatrice et érotique… je crève d’envie d’aller poser mon nez dans l’espace béant ainsi crée entre sa peau tiède et ce beau short… putain de position, enfin, qui me donne toute la vue sur son tatouage de mec…Il est là, assis à tout juste deux bancs de moi… alors, dites moi, en étant normalement constitué, quoi faire d’autre mis à part le mater ? Pendant que le surveillant donne les consignes pour le bon déroulement de l’épreuve, je ne peux détacher mes yeux de lui… Je le mate comme un malade mais Jérém regarde ailleurs… le regard fixé dans le vide, les paupières lourdes, toute l’allure du mec qui manque sérieusement de sommeil… putain de Jérém, même la veille du bac il lui faut faire la fête… et baiser ? avec qui, putain, avec qui ? ces questions, surtout la dernière, vont me rendre fou…Il me plait ce mec, il me plait plus que de raison, je me sens attiré vers lui avec une violence inouïe… et à chaque fois je me heurte violemment à cette putain de barrière, je m’épuise avec cette putain de distance qu’il met entre nous… je l’aime, je l’aime plus que tout mais par moments je le déteste… ce sont des moment comme celui là où je me rends compte que je ne comprends vraiment pas son comportement du matin d’avant… j’y pense et j’y repense, et même si je peux admettre qu’il ne voulait pas de câlins à ce moment là, je ne comprends toujours pas pourquoi il a été aussi brutal avec moi, alors que je suis depuis longtemps complètement soumis à sa queue… je ne demande qu’à lui faire plaisir… sans déconner… je ne comprends pas ce qu’il veut de plus… vraiment je ne comprends pas comment on peut être si beau et si con à la fois… Quoi qu’il en soit, je ne peux pas m’arrêter de le mater… c’est même pas que je ne le veux pas, c’est que je ne PEUX pas… dès que j’essaie de regarder ailleurs, dès que j’essaie de détourner mes yeux ou ma tête, voilà qu’ils reviennent aussitôt vers lui, mus par un réflexe incontrôlable, comme montés sur ressort, aimantés… je ne peux rien y faire… il me semble de l’entendre, notre reine Gloria « can’t take my eyes out of you ».
Et quand on mate à ce point, ce qui doit arriver, finit par arriver. A un moment il tourne la tête et nos regards se croisent… putain de regard de beau brun, il frappe le mien comme une claque assénée pour faire mal, il m’éblouit comme le choc d’un éclair… j’en suis surpris, déboussolé, comme un lapin pris dans les phares d’une voiture… croiser son regard… lire son attitude à mon égard après ce qui s’est passé ce week-end… j’ai peur de voir comment va réagir mon regard au contact du sien… j’ai la hantise de me taper la honte dans cette confrontation… peur de rencontrer son mépris, sa froideur… peur d’y voir le reflet de mon malaise, de mon humiliation… Et maintenant que nos regards sont accrochés, je suis aussi mal à l’aise que je l’avais imaginé… non, peut-être davantage : l’énergie de son regard est si forte, j’ai l’impression de fixer le soleil par une belle journée d’été… il ne lâche rien, et pendant un instant qui me semble se dilater à l’infini… non, il n’en démord pas ce petit con… non seulement rien dans son regard semble revenir sur son attitude du dimanche matin, mais j’ai la nette impression qu’il me fusille avec ses yeux bruns implacables, plantés dans les miens, il me fixe sans l’ombre d’un sourire, sans le moindre soupçon d’émotion… est-ce qu’il m’en veut encore pour hier matin ? Est-ce qu’il me méprise ? Qu’est-ce que j’ai fait de si mal à la fin ? Pourquoi les mecs hétéro ont-t-ils si peur d’assumer leurs sentiments ?
Son regard est si puissant, si intense que ça en devient intimidant, insoutenable… au bout d’un moment je me sens trop mal à l’aise et je suis obligé de baisser les yeux… putain il a encore gagné… Tel Icare au contact du Soleil, je me suis brûlé non pas les ailes, mais bien les yeux ; pourtant, la vision troublante de sa beauté me manque déjà… ainsi, le moment d’aveuglement passé, mes yeux s’ennuient déjà de celui qui est l’objet de leur plaisir le plus grand… et le plus dangereux… je n’arrive pas à soutenir son regard mais lorsque le contact est rompu, il me manque instantanément… Alors j’y reviens un instant plus tard, juste avec le coin de l’œil, pour ne pas prendre son regard de plein fouet… je me protége car je suis encore convalescent suite à la brûlure de notre premier contact. Je cherche son regard mais je dois constater qu’il est perdu ailleurs.
Frustré mais apaisé de ne pas avoir pu établir ce contact, je laisse mes yeux divaguer dans l’espace clos de la salle. Tiens, j’y repense enfin… mais oui, c’est ça : on passe le bac aujourd’hui. C’est vraiment la fin du lycée. Quelques épreuves de plus et ce sera vraiment fini. Cette semaine. Finis les cours, finie la vie de lycéen, finies les révisions avec Jérémie. La fenêtre est ouverte et le beau temps persistant me rend triste.
Interrogez n’importe qui et la plupart du temps vous vous entendrez dire que le soleil amène la bonne humeur. Pas pour moi, pas ce jour là. Pas pour moi, car le soleil de ce jour là annonce la venue de l’été qui va me séparer de Jérémie. Oui, la fin du lycée me fait peur : comment se revoir après ? Est-ce que Jérém pense à cela ? Ou alors est ce qu’il s’en fout totalement ? Est-ce qu’il réalise qu’on n’a désormais plus aucune raison de se revoir ? Est-ce que sa bite va pouvoir se passer de moi ? Oh, que oui, aisément oui. Est-ce que je vais pouvoir me passer de sa queue ? Est-ce que je vais pouvoir me passer de lui ?
Quand je pense comment il a été dur avec moi hier matin… belle façon de terminer nos révisions… et maintenant il est là, à deux mètres de moi, et il me manque horriblement… j’ai envie de coucher avec lui, j’ai envie de le serrer dans mes bras, de toucher son torse, de le caresser, de l’embrasser de la tête aux pieds… une légère brise rentre par les fenêtres ouvertes, elle caresse la peau de mon visage, de mon cou, de mes bras, je sens une sensation de déchirure dans mon ventre… j’entends un oiseau chanter le Printemps caché dans un arbre devant le lycée… c’est le seul son qu’on entend dans le silence qui domine dans la classe, à part la voix du surveillant…C’est beau et c’est touchant ce chant, c’est la voix de la belle saison qui arrive, du bonheur qu’elle est censée amener dans l’esprit de chacun… hélas, ce beau temps, cette annonce d’été était pour moi l’annonce d’une séparation annoncée et inévitable… alors non, cette année là le printemps n’avait pas pour moi le son insouciant des violons de Vivaldi, il ressemblait plutôt à l’angoissante gravité d’une Toccata de Bach… l’arrivée de ce printemps, l’arrivée du bac, symbolisait à mes yeux le passage du temps, le temps qui avance et qui change tout, qui balaie tout sur son passage, le temps qui passe et qui nous enlève parfois ceux qu’on aime, de la vie qui tourne, qui apporte des choses, des rencontres et qui tourne toujours et finit par nous les enlever… … je me rends soudainement compte d’un truc qui me déchire les tripes… putain que c’est dur de réaliser et d’admettre que nos révisions appartiennent déjà au passé…Un assistant passe entre les bancs pour distribuer les sujets. Le fait de voir la copie retournée posée sur mon banc a le pouvoir de me ramener à la réalité imminente, et mes soucis sont momentanément effacés par la tension de l’exam. Certes l’exam m’inquiète un peu… mais qu’est ce bien cette tension face à l’émotion provoquée par la vision de Jérém ? Et je replonge…Son regard est toujours perdu ailleurs… alors je laisse mes yeux affamés de lui se rassasier de la vision de son torse moulé par ce bout de coton qui caresse sa peau… si ça ce n’est pas juste un mec jeune et sexy avec un petit physique né pour l’amour… un petit physique en demande d’amour… un petit physique aux muscles bien fermes, à la peau douce et soyeuse, avec une putain de queue raide et délicieuse… un corps avec les hormones à fleur de peau… un corps de rêve rempli de testostérone et qui ne semble aspirer qu’à ça… jouir… et franchement, dès que je le vois, drapé de sa jeunesse et de sa fraîcheur, je ne pense qu’à ça, je n’ai envie que de ça : le faire jouir… le voir jouir, et le voir repu juste après… Ainsi perdu dans mes réflexions, comme en état d’hypnose, j’ai un sursaut quand j’entends la voix du surveillant toute proche de moi : il se balade entre les bancs pendant qu’il finit de donner les consignes pour l’examen. J’ai un autre sursaut, de bien autre ampleur lorsque, ainsi tiré de mon état second, je me rends compte que Jérém est en train de me mater à son tour…Son regard semble avoir soudainement changé… exit la noirceur et l’hostilité, la rancoeur à mon égard… alors que tout à l’heure, en arrivant devant le lycée il semblait me faire la tête, à ce moment précis j’ai l’impression que Jérém n’est pas seulement en train de me mater… non, il est carrément en train de me défoncer avec ce regard canaille que je lui connais bien, avec ce petit sourire narquois, charmeur, impuni, odieux, irrésistible collé au coins des lèvres et rayonnant de ses yeux… j’ai du mal à respirer, je sens ma gorge se nouer… je me sens tout retourné… je me sens troublé par cette attitude inattendue, je suis trop mal à l’aise, je me sens humilié par ce sourire qui n’est à mes yeux ni plus ni moins que le spectacle de son triomphe viril sur moi… Je crève d’envie de lui, mais là, devant son attitude désinvolte, je sens monter en moi un étrange sentiment, je le sens arriver avec violence, avec puissance, au triple galop… c’est un sentiment plutôt noir, qui arrive à me faire oublier le désir même… putain… je sens que je lui en veux… je sens que j’ai envie de lui faire mal…Quelques heures plus tôt, seul dans mon lit, j’étais si mal au fond de moi que mon désespoir m’a conduit à imaginer le Dimanche Matin 2.0, un état d’esprit grâce auquel je pensais pouvoir lui pardonner ses sauts d’humeur en me disant que ça doit être dur pour lui d’assumer ce qu’on fait ensemble ; j’étais de bonne foi, je me disais que ce n’étais pas simple pour lui, qu’au fond il doit souffrir autant que moi… oui, j’étais prêt à prendre sur moi autant qu’il le fallait… je crois que j’étais prêt à tout, à tout, sauf à ça… sauf au retour du Jérém sûr de lui et arrogant, se pavanant comme s’il avait tout droit sur moi, comme si j’étais sa marionnette, sa poupée gonflable et… jetable…Et là, devant son sourire sans remords, sans scrupules, je suis vraiment en colère, j’ai vraiment envie de me lever et d’aller le gifler pour lui arracher cet air supérieur, cette arrogance dans le regard, ce naturel avec lequel il semble balayer d’un revers de main à la fois la nuit de tendresse qu’on a vécu, cette nuit qu’il a largement voulue, et son comportement ignoble le matin suivant…Le tout… sans transition… sans la moindre explication, son regard semblant m’annoncer sans détour la reprise de notre relation de baise, de domination et de soumission là où on l’avait laissé à la fin de notre semaine de révisions avant le bac… comme si de rien n’était… je sens une profonde exaspération monter en moi, je sens mes joues s’empourprer, un sentiment de raz le bol, d’injustice et d’humiliation qui tape dans mon bas ventre… je crois que pour la première fois ce jour là je l’ai vraiment détesté…Je me sens bouillir à l’intérieur… et puis il a ce truc… un truc contre lequel je ne peux pas lutter… la lutte n’est possible qu’avec des armes égales… on ne peut pas se battre avec un couteau en plastique contre l’avancée d’un blindé… Jérém se lance dans l’utilisation d’une arme largement non conventionnelle… le voilà qu’il fronce légèrement les sourcils, le voilà qu’il donne un peu plus d’éclat à son sourire (ce mec est un chef dans l’art de la maîtrise du sourire charmeur)… et voilà qu’il m’achève en me balançant un putain de clin d’œil qui a failli de me faire tomber à la renverse sur ma chaise...
Une seconde plus tôt j’avais encore envie de le cogner… là je ne comprends plus rien, en moi c’est le black-out, je déconnecte, je me sens dériver… devant ce sourire et à ce clin d’œil inattendu et magnifique je suis à lui, entièrement à lui, avec ce sourire et ce clin d’œil il peut faire de moi tout ce qu’il veut, son pouvoir sur moi est infini…Oui, à l’instant où ce sourire m’envahit, je sens que mon regard devient chancelant : j’essaie de tenir, la colère aidant… mais qu’est-ce la colère la plus noire devant ce désir à côté duquel rien ne compte plus? Si épaisse et gluante la seconde d’avant, je sens d’un coup ma colère fondre, s’évaporer. Tout offensé, tout humilié que je suis, tout désireux de lui faire payer son assurance et son arrogance, de l’atteindre ne serait-ce que par mon indifférence, je sais que je ne vais pas résister longtemps devant ce séducteur avec licence de tuer… du regard !
Il le fait exprès, il veut ma mort ce petit con… non, mais Jérém… t’es quand même bien conscient de ce que tu fais, la, avec ce regard, hein ? T’es conscient que t’es à la limite de me rendre hystérique, dingue de chez dingue, le loup de Tex Avery tu vois ? Tu le sais que t’es un grand malade ? Avec ce regard tu touches ma corde sensible, celle qui éveille tout mes sens et qui me met dans un état indescriptible d’excitation… AHHHHHHH, putain, tu veux ma mort ?
Tu crois vraiment que c’est le moment ? Tu ne te rends pas compte… ou alors si, tu t’en rends bien compte et tu fais exprès de m’infliger cela… est-ce que tu t’as idée de comment ton regard me renvoie à tous ces coups de bélier que tu m’as mis pendant nos baises … ? Est-ce que tu te rends compte de comment ton goût de mec a rarement quitté ma bouche, en vrai ou en souvenir, depuis des semaines… ? Est-ce que tu t’imagines toutes les images que tu fais remonter en moi avec ce regard ? Le souvenir de cette semaine de révisions de dingue… le souvenir de ton odeur de mec… de ta présence olfactive…Oui, sa présence olfactive… elle remonte à mon esprit avec la puissance inattendue d’un coup de fouet… j’en suis tellement secoué que je ferme les yeux pour la retenir à moi… et là j’ai la surprise non pas de la voir se disperser, mais de la sentir devenir plus intense… j’ai l’impression que ce n’est pas vraiment un souvenir, mais plutôt une sensation bien présente… j’ai l’impression que le petit vent qui rentre des fenêtres ouvertes, ce petit vent qui caresse sa peau avant d’arriver à moi, m’apporte son parfum… Envahi par son sourire brun et rayonnant à craquer, submergé par son odeur de mec, je perds définitivement pied… je dépose mes armes ridicules et une fois de plus je sors perdant de ce duel de regards… oui, il a encore gagné ce petit con… certes, s’il a gagné cette fois ci, c’est bien à la déloyale… on avait dit un duel de regards… le sourire à tomber et l’attaque olfactive rentrent dans la catégorie des armes non conventionnelles… Naaan mais la c’est mort… je ne vais pas pouvoir tenir pendant quatre heures… je sens la trique gagner mon bas ventre… comment vais-je pouvoir philosopher dans cet état d’excitation ? C’est mal barré…Je ne peux éloigner ma vue de lui que pendant quelques secondes… des longues secondes pendant lesquels je suis alors un garçon en apnée visuelle… rien n’intéresse mes yeux que sa présence, rien ne leur donne raison d’être que son existence. Alors j’y reviens : et c’est pas possible, il regarde encore vers moi… il me défie, il me provoque… il savoure la vision du désir et du trouble qu’il sait m’inspirer… putain de petit con libidineux et limite sadique !
Me revoilà reparti dans un jeu de soumission à lui… dans une obéissance à ses envies obtenue par son simple regard… un jeu qu’il a lancé lui-même, avec un simple sourire. Je déteste qu’il ait autant de pouvoir sur moi et en même temps j’adore ce jeu, cette complicité entre nous. Un jeu dont il a la main depuis le début. Et dont il tient tous les atouts. Tous ou presque. En tant que soumis, j’ai un atout majeur dans mon jeu : c’est la carte de l’insoumission. La mutinerie. Le défi soudain de l’autorité que j’ai si souvent acceptée et célébrée. C’est un atout qui se joue par surprise et qui, je ne vais pas tarder à m’en rendre compte, peut chambouler tout le jeu en table. Il faut juste oser le faire.
Je sais que c’est un atout dont l’utilisation peut se révéler extrêmement dangereuse et entraîner des représailles pas toujours faciles à assumer… au même temps, je me rends compte que je trouve extrêmement excitante l’idée de défier ce petit con, de le provoquer et d’attendre ensuite sa réaction… il faut dire que ce matin là j’en avais quand même gros sur la patate… son attitude de faire comme s’il ne s’était rien passé de spécial entre nous depuis le week-end me rendait fou… alors, je me dit : fonce, fais le chier !
C’est ainsi que, juste au moment où le surveillant démarre le chronomètre, je sens monter en moi l’envie de tenter de renverser le déroulement sans encombres de son jeu, en me servant de mon atout « Insoumission ». Je décide dès lors de soutenir son regard, coûte qui coûte… c’est un défi de taille que je lui lance, que je me lance, mais je le fais avec la ferme conviction d’avoir toutes mes chances pour que cela marche : mon défi va se dérouler dans une situation complètement insolite, une situation où nous ne sommes pas seuls et où il n’a pas vraiment de prise sur moi, si ce n’est par le regard… dans cette situation, sa voix et son attitude corporelle, sa nudité, l’exhibition de sa virilité, si importantes pour installer sur moi le harnais de sa domination, ne peuvent pas lui venir en aide : mon petit Jérémie, là t’es dépouillé d’une bonne partie de ton arsenal de dominant… est ce que ton regard seul suffira à m’assujettir ?
Oui, je soutiens son regard. Pendant un long instant. Au bout d’un moment, mes yeux tremblants semblent se stabiliser. Mon regard charmé semble retrouver un équilibre et prendre de l’assise pour résister aux assauts puissants de son esprit. On se fait face, et il ne me fait plus peur. J’essaie de résister à son charme, j’essaie de ne plus me sentir humilié, j’essaie de tenir debout… et curieusement, dès que j’ai l’idée de le faire, tout cela me semble facile. Où est-il écrit que je lui serai soumis à jamais ? Où est-il écrit que je dois tout accepter de lui ? Certes, parfois j’ai envie de tout accepter… mais il est également bon de savoir que dans d’autres occasions, il y a un bouton rouge devant moi avec marqué « Insoumission », un bouton sur lequel je peux appuyer pour arrêter le jeu et le faire redémarrer avec mes règles… quitte à en assumer les conséquences plus tard. Ou pas. C’est mon choix. Du moins ce matin là. Le choix de me dégager de sa domination. Un choix que je peux faire mais qui peut entraîner la fin de notre relation. Un choix implique toujours des conséquences qu’il faut savoir assumer.
Bonjour à tous, merci pour l’attention que vous portez à mon histoire. Dans quelques semaines, la saison 1 de l’histoire de Jérém et Nico va prendre fin et l’auteur va prendre quelques semaines de pause pour avancer dans la saison 2 et dans sa vie.
Avant de lire la suite de l’épisode du bac (plus tard dans la journée ou demain matin), je lance un appel à tous les lecteurs qui aiment cette histoire pour savoir si quelqu’un maîtrisant l’art du dessein, aimerait de se lancer dans l’illustration de certaines scènes clés de mon histoire. Peut-être il y a parmi vous un artiste capable de cela, ou connaissant un artiste apte à cela.
J’aimerais que ce soit un dessin sensuel, esthétique, sans les excès de la plupart des représentation graphiques des anatomies et des scènes de rencontres gay qu’on voit sur internet. Quelques images d’abord, et pourquoi pas une bd ensuite ? On peut toujours rêver…
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