Amour Sacrificiel - 05
Récit érotique écrit par Ninemark [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 26-12-2020 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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Amour Sacrificiel - 05
CHAPITRE 5 | LA FUITE
Mes pensées sont embrumées. J'ai rêvé que Naël venait me libérer pour qu'on prenne la fuite. Il avait risqué sa vie pour la mienne car ils allaient me tuer. Aussi loin que mes pensées se souviennent, on partait en direction de l'Océan comme j'en avais toujours rêvé. Pourquoi est-ce que je fais ce genre de rêve stupide en ce moment alors que je sens encore que je suis attaché au fond de mon siège. Même si je dois avouer qu'il paraît plus confortable avec l'aide de mon rêve.
Mais soudain le doute vient en moi. J'entends une voix étouffée qui ressemble à celle de Naël, j'ouvre alors progressivement les yeux. Face à moi, un tableau de bord puis un pare-brise. Je bouge par réflexe mais me trouve bloqué. La ceinture de sécurité m'en empêche. Je réalise doucement que je n'ai pas rêvé et que c'est bien la réalité.
J'observe l'extérieur et remarque que le soleil commence à se lever. Il doit être environ 6h je pense et on se trouve sur une aire d'autoroute. J'ai dormi comme une masse même si cela aura été de courte durée. Je regarde Naël qui est en conversation téléphonique. Je tends l'oreille pour écouter ce qu'il dit.
"Essaye même pas de venir me retrouver pour me tuer. Je t'avais prévenu que ce n'était pas une bonne idée. Tu as complètement pété un câble ces derniers temps.... Quoi ?... Oui en attendant je préfère fuir en ayant un cœur que d'être à ta place qui n'a aucun sentiment.... C'est la dernière fois que tu m'entends Nasser.... N'oublie pas ce que j'ai écrit dans la lettre. Tu cherches à me retrouver et je dévoile ton secret qui te fera tomber de ton trône.... Ahahaha tu me crois si naïf ? J'ai grandi avec un psychopathe alors tu seras fier de savoir que j'ai appris de toi en ayant la sécurité que même si tu m'assassine ton secret sera dévoilé.... Du bluff ? Eh bien tente ! Allez désolé je dois y aller j'ai une nouvelle vie à commencer... Je te souhaite d'apprendre à aimer un jour."
Naël revient vers la voiture et rentre à la place conducteur. Il me voit alors réveillé en train de le scruter.
"Tu es déjà réveillé ? Comment tu te sens ?"
"La tête dans le cul... Est-ce que ça va ? Qu'est-ce que tu as écrit dans cette lettre ?"
"Oui ne t'inquiètes pas tout va bien. Je m'attendais à sa réaction et à ce qu'il mise ma tête pour m'éliminer. C'est là qu'intervient la lettre où je le menace de dévoiler son secret le plus enfoui qui le fera tomber s'il tente quoi que ce soit."
"C'est quoi le secret ?"
"Tu ne veux pas savoir crois-moi..."
"Ok... Je peux appeler mon frère maintenant ?"
Naël regarde l'heure et hoche la tête. Il met sa main dans sa poche et en sort mon portable. Je reste bloqué en ayant oublié son existence mais surtout en n'imaginant pas une seule seconde qu'il aurait pensé à me le prendre en s'enfuyant.
"Je suis désolé on a dû le fouiller..." dit-il peiné.
"Je t'aime Naël. Même dans le pire des scénarios tu fais mieux que ce qu'on peut attendre de toi."
Il me sourit et m'embrasse. Je ne réalise pas encore toute la situation mais je suis heureux et rassuré d'être avec lui. Je sais qu'il fera tout pour moi. Enfin, il a déjà tout fait pour moi. Il m'a sauvé la vie.
Je sors de la voiture et allume mon portable. Je vais dans mes contacts et m'arrête face au prénom de mon frère. Je respire un grand coup. Le stress monte en puissance et mon cœur bat à tout va. J'appuie sur son prénom et regarde le numéro se composer. J'amène mon téléphone à l'oreille droite et écoute les tonalités se succéder. Je suis partagé entre lui parler et espérer tomber sur sa messagerie.
"Sofiane ? C'est toi ??"
Ma respiration se coupe. J'entends la voix de mon frère et les larmes me montent aux yeux.
"Oui."
Je ne peux rien dire de plus.
"Tu es où ? Comment ça se fait que tu me téléphones ?"
Je respire profondément.
"Je me suis échappé Medhi."
Je suis incapable de continuer. Je me rends compte que je n'avais pas encore parler à voix haute de la situation et le faire me fait prendre conscience que je ne reverrai pas mon frère et ma mère.
"Sofiane !? Ça va ? Tu es où ? Comment ça tu t'es échappé ?"
"Je suis loin Medhi. Je ne reviendrai pas à Marseille. Ils allaient me tuer ce matin mais Naël m'a sauvé cette nuit et on a quitté la ville."
C'est au tour de mon frère de bloquer. Je lui laisse tout le temps qu'il faut car ça me permet de respirer.
"Je comprends rien frérot. Comment ça vous ? Tu me parles de Naël le bras droit de Nasser ?"
"Oui tu as compris. Tu n'es pas le seul qui a des secrets Medhi. Je suis gay et je suis en couple avec Naël. Il ne savait pas qu'ils allaient me prendre en otage et fait ce qu'il a pu mais lorsqu'il a appris que j'allais être sacrifié, il a trahi Nasser pour me choisir."
"Attends attends trop d'informations !"
Je reprends alors pendant une dizaine de minutes les évènements et lui explique les sorties. Je le connais homophobe et m'attendais à ce qu'il m'insulte mais l'importance des événements fait que ce n'est pas une priorité. Je le sens touché de savoir que je ne peux pas revenir.
"Medhi, je ne devais pas être pris en otage. C'était un changement de dernière minute. Il y a une taupe dans la bande."
"Quoi ? Qu'est-ce que tu me racontes ?"
"Ils étaient au courant des roulements et des stratégies. Il y a une taupe. Naël me l'a confirmé mais seul Nasser en connait l'identité. Ils étaient au courant des stratagèmes de communication en cas de prise d'otage. C'est pour ça qu'il me tenait la tête."
"Oui j'ai bien vu ça... D'ailleurs bien joué le coup du pied. Je ne m'en souvenais plus mais faut croire que mes réflexes sont restés. Tu sais qui peut être la taupe ?"
"Non... Mais c'est quelqu'un qui était au courant de tout. Je suis aussi persuadé que c'est lui qui a balancé ta relation avec la sœur de Nasser. Ce qui est sûr c'est qu'il ne sait pas où est caché Nadia sinon ils seraient allés la chercher."
"Personne ne sait où elle est mis-à-part moi donc ça peut être tout le monde... Merci de me l'avoir dit petit frère... Je vais mener l'enquête."
"Et autre chose Medhi. J'ai entendu Nasser dire que lorsqu'il aura récupéré sa sœur il lui réglera son compte et la casera avec un de leur bande pour la contrôler. Alors si vous vous aimez vraiment, partez et fais comme moi en commençant une nouvelle vie."
Ce silence est plus long que les autres. Je sais qu'il y a déjà pensé plusieurs fois mais je sais aussi qu'il n'osera pas lâcher la bande et laisser ma mère seule. Il ne répondra pas à mon conseil. Pour seule réponse j'ai le droit à :
"Dis-moi que l'on se reverra petit frère ?"
"Seul Allah sait mon frère mais je l'espère.... Maintenant tu peux me passer la mama s'il te plaît ?"
Le plus dur arrivait. J'entends mon frère me dire qu'il m'aime et s'éloigner pour tendre le téléphone à ma mère qui, d'après Medhi, ne dort plus depuis ma disparition. Elle me répond affolée et je commence alors à reprendre toute l'histoire. Je l'entends effondrée à l'autre bout du téléphone et me demander de revenir. Je lui explique que je ne peux plus revenir et j'entends mon frère la consoler avec une voix fébrile. J'essaye de rester fort pour maintenir la conversation.
L'appel dure une quinzaine de minutes où je fais difficilement mes adieux à ma famille en leur disant qu'une fois l'histoire apaisée je leur communiquerai mon adresse pour qu'ils puissent venir. A aucun moment je n'entends de réflexion sur mon homosexualité malgré le fait que je parle de Naël à plusieurs reprises. Mais étant donné qu'il m'a sauvé la vie, ils n'en ont que faire que je sois un paria de la cité.
Je finis par raccrocher et lorsque l'écran devient noir, la boule dans mon ventre s'intensifie et ma respiration devient saccadée. Puis d'un coup, je m'effondre en pleurs. J'entends Naël courir vers moi pour me prendre dans ses bras avant que je touche le sol. Je décharge toute la tension et ma tristesse contre son épaule. Sa main vient me caresser la tête pour me consoler. Mais je ne peux pas m'arrêter de pleurer car de seconde en seconde toute ma vie défile et je me rends compte que cette vie est terminée et que je ne retournerai peut-être jamais à Marseille, ma ville de naissance, de cœur, la ville de ma vie.
***
Les heures défilent à la même vitesse que le paysage. On a roulé toute la matinée dans un silence des plus complets. J'avais tellement pleuré qu'aucune larme ne pouvait à nouveau couler sur mes joues. Naël est plus sur la retenue. Sa vie avait été consacrée à sa bande et voilà qu'il n'avait plus sa place. Mais cela ne semblait pas autant l'affecter que je le pensais.
Il est 15h lorsque notre voiture s'arrête à Biarritz. Je regarde Naël et lui souris. Il me prend la main et me demande si je suis prêt à voir enfin l'Océan. Par réflexe, je baisse le pare-soleil pour me recoiffer et c'est là que je me rends compte que je ne m'étais pas revu depuis la prise d'otage. Mon visage est encore fortement marqué même s'il n'est plus enflé. J'ai un peu honte de sortir comme ça. Mon homme me caresse la cuisse.
"Je pense qu'après ce que tu as vécu, le regard des gens ne sera pas le plus important."
"C'est vrai..."
Je me résigne à sortir et on part en direction de l'Océan tout en ajustant ma capuche pour cacher mon visage.
***
Ça fait 2h que je suis assis sur la plage à regarder les vagues bien plus grandes que la Méditerranée. J'aurais aimé découvrir cette immense flaque d'eau dans d'autres circonstances mais sa présence me rassure. Elle me rappelle Marseille.
Naël est allé faire un tour et je suis seul sur la plage. Sans trop savoir pourquoi, je me mets à parler à l'Océan. J'ai toujours cru aux esprits de la nature mais sans trop jamais aller plus loin que croire. Je lui raconte mon histoire et toute la peine que j'ai en moi. Du bonheur que j'ai lorsque je suis dans les bras de Naël et de ma peur de l'avenir. Je lui demande de m'aider et de faire tout pour que je puisse revoir ma mère et mon frère rapidement.
Puis je vois Naël revenir au loin et termine la discussion avec l'Océan pour le rejoindre à mi-chemin.
"On restera ici pour la soirée le temps de voir ce qu'on fait et se reposer. J'ai trouvé un bel hôtel avec vue sur l'Océan."
"Merci Naël. Je n'ai pas de mot pour exprimer ce que je ressens pour toi."
"Un baiser suffira."
Je l'embrasse alors avant de me réfugier dans ses bras. Il n'y a qu'ici que je me sens protéger. J'ai tellement eu peur. Moi qui me suis toujours cru invincible.
****
Il est 23h et l'on revient du restaurant. J'ai intrigué pas mal de personnes avec mon visage mais il me suffisait de regarder Naël pour les oublier.
Je le regarde se préparer à se coucher. Je suis déjà dans le lit et l'observe. Il se tient en boxer devant moi et je souris devant tant de beauté. Il me regarde et s'approche pour m'embrasser.
"Qu'est-ce qu'il y a ? Tu m'as jamais vu en boxer ?" rigole-t-il en me faisant un clin d'œil.
"Disons qu'après les événements c'est étrange de dormir dans un lit avec l'homme que j'aime. Mais c'est encore plus frustrant que de te trouver magnifique et de n'avoir aucune libido."
"Sofiane tu viens de passer 3 jours attaché et tu as failli te faire tuer... Et là t'es à l'autre bout de la France loin de ta famille pour commencer une nouvelle vie. A aucun moment j'attendrai de toi quelque chose. De savoir que je vais passer mes prochaines semaines en vie avec toi me suffit. En espérant tout de même qu'elles se transformeront en années."
"J'te mérite pas Naël. T'es trop parfait."
"Oui sauf que c'est pas toi qui décide si tu me mérites ou pas."
Il me prend fort dans ses bras et me caresse de sa tête. Il n'y a aucun doute sur le fait que je suis amoureux de lui. C'est sur cet amour que je trouverai le sommeil en espérant un réveil heureux.
Mes pensées sont embrumées. J'ai rêvé que Naël venait me libérer pour qu'on prenne la fuite. Il avait risqué sa vie pour la mienne car ils allaient me tuer. Aussi loin que mes pensées se souviennent, on partait en direction de l'Océan comme j'en avais toujours rêvé. Pourquoi est-ce que je fais ce genre de rêve stupide en ce moment alors que je sens encore que je suis attaché au fond de mon siège. Même si je dois avouer qu'il paraît plus confortable avec l'aide de mon rêve.
Mais soudain le doute vient en moi. J'entends une voix étouffée qui ressemble à celle de Naël, j'ouvre alors progressivement les yeux. Face à moi, un tableau de bord puis un pare-brise. Je bouge par réflexe mais me trouve bloqué. La ceinture de sécurité m'en empêche. Je réalise doucement que je n'ai pas rêvé et que c'est bien la réalité.
J'observe l'extérieur et remarque que le soleil commence à se lever. Il doit être environ 6h je pense et on se trouve sur une aire d'autoroute. J'ai dormi comme une masse même si cela aura été de courte durée. Je regarde Naël qui est en conversation téléphonique. Je tends l'oreille pour écouter ce qu'il dit.
"Essaye même pas de venir me retrouver pour me tuer. Je t'avais prévenu que ce n'était pas une bonne idée. Tu as complètement pété un câble ces derniers temps.... Quoi ?... Oui en attendant je préfère fuir en ayant un cœur que d'être à ta place qui n'a aucun sentiment.... C'est la dernière fois que tu m'entends Nasser.... N'oublie pas ce que j'ai écrit dans la lettre. Tu cherches à me retrouver et je dévoile ton secret qui te fera tomber de ton trône.... Ahahaha tu me crois si naïf ? J'ai grandi avec un psychopathe alors tu seras fier de savoir que j'ai appris de toi en ayant la sécurité que même si tu m'assassine ton secret sera dévoilé.... Du bluff ? Eh bien tente ! Allez désolé je dois y aller j'ai une nouvelle vie à commencer... Je te souhaite d'apprendre à aimer un jour."
Naël revient vers la voiture et rentre à la place conducteur. Il me voit alors réveillé en train de le scruter.
"Tu es déjà réveillé ? Comment tu te sens ?"
"La tête dans le cul... Est-ce que ça va ? Qu'est-ce que tu as écrit dans cette lettre ?"
"Oui ne t'inquiètes pas tout va bien. Je m'attendais à sa réaction et à ce qu'il mise ma tête pour m'éliminer. C'est là qu'intervient la lettre où je le menace de dévoiler son secret le plus enfoui qui le fera tomber s'il tente quoi que ce soit."
"C'est quoi le secret ?"
"Tu ne veux pas savoir crois-moi..."
"Ok... Je peux appeler mon frère maintenant ?"
Naël regarde l'heure et hoche la tête. Il met sa main dans sa poche et en sort mon portable. Je reste bloqué en ayant oublié son existence mais surtout en n'imaginant pas une seule seconde qu'il aurait pensé à me le prendre en s'enfuyant.
"Je suis désolé on a dû le fouiller..." dit-il peiné.
"Je t'aime Naël. Même dans le pire des scénarios tu fais mieux que ce qu'on peut attendre de toi."
Il me sourit et m'embrasse. Je ne réalise pas encore toute la situation mais je suis heureux et rassuré d'être avec lui. Je sais qu'il fera tout pour moi. Enfin, il a déjà tout fait pour moi. Il m'a sauvé la vie.
Je sors de la voiture et allume mon portable. Je vais dans mes contacts et m'arrête face au prénom de mon frère. Je respire un grand coup. Le stress monte en puissance et mon cœur bat à tout va. J'appuie sur son prénom et regarde le numéro se composer. J'amène mon téléphone à l'oreille droite et écoute les tonalités se succéder. Je suis partagé entre lui parler et espérer tomber sur sa messagerie.
"Sofiane ? C'est toi ??"
Ma respiration se coupe. J'entends la voix de mon frère et les larmes me montent aux yeux.
"Oui."
Je ne peux rien dire de plus.
"Tu es où ? Comment ça se fait que tu me téléphones ?"
Je respire profondément.
"Je me suis échappé Medhi."
Je suis incapable de continuer. Je me rends compte que je n'avais pas encore parler à voix haute de la situation et le faire me fait prendre conscience que je ne reverrai pas mon frère et ma mère.
"Sofiane !? Ça va ? Tu es où ? Comment ça tu t'es échappé ?"
"Je suis loin Medhi. Je ne reviendrai pas à Marseille. Ils allaient me tuer ce matin mais Naël m'a sauvé cette nuit et on a quitté la ville."
C'est au tour de mon frère de bloquer. Je lui laisse tout le temps qu'il faut car ça me permet de respirer.
"Je comprends rien frérot. Comment ça vous ? Tu me parles de Naël le bras droit de Nasser ?"
"Oui tu as compris. Tu n'es pas le seul qui a des secrets Medhi. Je suis gay et je suis en couple avec Naël. Il ne savait pas qu'ils allaient me prendre en otage et fait ce qu'il a pu mais lorsqu'il a appris que j'allais être sacrifié, il a trahi Nasser pour me choisir."
"Attends attends trop d'informations !"
Je reprends alors pendant une dizaine de minutes les évènements et lui explique les sorties. Je le connais homophobe et m'attendais à ce qu'il m'insulte mais l'importance des événements fait que ce n'est pas une priorité. Je le sens touché de savoir que je ne peux pas revenir.
"Medhi, je ne devais pas être pris en otage. C'était un changement de dernière minute. Il y a une taupe dans la bande."
"Quoi ? Qu'est-ce que tu me racontes ?"
"Ils étaient au courant des roulements et des stratégies. Il y a une taupe. Naël me l'a confirmé mais seul Nasser en connait l'identité. Ils étaient au courant des stratagèmes de communication en cas de prise d'otage. C'est pour ça qu'il me tenait la tête."
"Oui j'ai bien vu ça... D'ailleurs bien joué le coup du pied. Je ne m'en souvenais plus mais faut croire que mes réflexes sont restés. Tu sais qui peut être la taupe ?"
"Non... Mais c'est quelqu'un qui était au courant de tout. Je suis aussi persuadé que c'est lui qui a balancé ta relation avec la sœur de Nasser. Ce qui est sûr c'est qu'il ne sait pas où est caché Nadia sinon ils seraient allés la chercher."
"Personne ne sait où elle est mis-à-part moi donc ça peut être tout le monde... Merci de me l'avoir dit petit frère... Je vais mener l'enquête."
"Et autre chose Medhi. J'ai entendu Nasser dire que lorsqu'il aura récupéré sa sœur il lui réglera son compte et la casera avec un de leur bande pour la contrôler. Alors si vous vous aimez vraiment, partez et fais comme moi en commençant une nouvelle vie."
Ce silence est plus long que les autres. Je sais qu'il y a déjà pensé plusieurs fois mais je sais aussi qu'il n'osera pas lâcher la bande et laisser ma mère seule. Il ne répondra pas à mon conseil. Pour seule réponse j'ai le droit à :
"Dis-moi que l'on se reverra petit frère ?"
"Seul Allah sait mon frère mais je l'espère.... Maintenant tu peux me passer la mama s'il te plaît ?"
Le plus dur arrivait. J'entends mon frère me dire qu'il m'aime et s'éloigner pour tendre le téléphone à ma mère qui, d'après Medhi, ne dort plus depuis ma disparition. Elle me répond affolée et je commence alors à reprendre toute l'histoire. Je l'entends effondrée à l'autre bout du téléphone et me demander de revenir. Je lui explique que je ne peux plus revenir et j'entends mon frère la consoler avec une voix fébrile. J'essaye de rester fort pour maintenir la conversation.
L'appel dure une quinzaine de minutes où je fais difficilement mes adieux à ma famille en leur disant qu'une fois l'histoire apaisée je leur communiquerai mon adresse pour qu'ils puissent venir. A aucun moment je n'entends de réflexion sur mon homosexualité malgré le fait que je parle de Naël à plusieurs reprises. Mais étant donné qu'il m'a sauvé la vie, ils n'en ont que faire que je sois un paria de la cité.
Je finis par raccrocher et lorsque l'écran devient noir, la boule dans mon ventre s'intensifie et ma respiration devient saccadée. Puis d'un coup, je m'effondre en pleurs. J'entends Naël courir vers moi pour me prendre dans ses bras avant que je touche le sol. Je décharge toute la tension et ma tristesse contre son épaule. Sa main vient me caresser la tête pour me consoler. Mais je ne peux pas m'arrêter de pleurer car de seconde en seconde toute ma vie défile et je me rends compte que cette vie est terminée et que je ne retournerai peut-être jamais à Marseille, ma ville de naissance, de cœur, la ville de ma vie.
***
Les heures défilent à la même vitesse que le paysage. On a roulé toute la matinée dans un silence des plus complets. J'avais tellement pleuré qu'aucune larme ne pouvait à nouveau couler sur mes joues. Naël est plus sur la retenue. Sa vie avait été consacrée à sa bande et voilà qu'il n'avait plus sa place. Mais cela ne semblait pas autant l'affecter que je le pensais.
Il est 15h lorsque notre voiture s'arrête à Biarritz. Je regarde Naël et lui souris. Il me prend la main et me demande si je suis prêt à voir enfin l'Océan. Par réflexe, je baisse le pare-soleil pour me recoiffer et c'est là que je me rends compte que je ne m'étais pas revu depuis la prise d'otage. Mon visage est encore fortement marqué même s'il n'est plus enflé. J'ai un peu honte de sortir comme ça. Mon homme me caresse la cuisse.
"Je pense qu'après ce que tu as vécu, le regard des gens ne sera pas le plus important."
"C'est vrai..."
Je me résigne à sortir et on part en direction de l'Océan tout en ajustant ma capuche pour cacher mon visage.
***
Ça fait 2h que je suis assis sur la plage à regarder les vagues bien plus grandes que la Méditerranée. J'aurais aimé découvrir cette immense flaque d'eau dans d'autres circonstances mais sa présence me rassure. Elle me rappelle Marseille.
Naël est allé faire un tour et je suis seul sur la plage. Sans trop savoir pourquoi, je me mets à parler à l'Océan. J'ai toujours cru aux esprits de la nature mais sans trop jamais aller plus loin que croire. Je lui raconte mon histoire et toute la peine que j'ai en moi. Du bonheur que j'ai lorsque je suis dans les bras de Naël et de ma peur de l'avenir. Je lui demande de m'aider et de faire tout pour que je puisse revoir ma mère et mon frère rapidement.
Puis je vois Naël revenir au loin et termine la discussion avec l'Océan pour le rejoindre à mi-chemin.
"On restera ici pour la soirée le temps de voir ce qu'on fait et se reposer. J'ai trouvé un bel hôtel avec vue sur l'Océan."
"Merci Naël. Je n'ai pas de mot pour exprimer ce que je ressens pour toi."
"Un baiser suffira."
Je l'embrasse alors avant de me réfugier dans ses bras. Il n'y a qu'ici que je me sens protéger. J'ai tellement eu peur. Moi qui me suis toujours cru invincible.
****
Il est 23h et l'on revient du restaurant. J'ai intrigué pas mal de personnes avec mon visage mais il me suffisait de regarder Naël pour les oublier.
Je le regarde se préparer à se coucher. Je suis déjà dans le lit et l'observe. Il se tient en boxer devant moi et je souris devant tant de beauté. Il me regarde et s'approche pour m'embrasser.
"Qu'est-ce qu'il y a ? Tu m'as jamais vu en boxer ?" rigole-t-il en me faisant un clin d'œil.
"Disons qu'après les événements c'est étrange de dormir dans un lit avec l'homme que j'aime. Mais c'est encore plus frustrant que de te trouver magnifique et de n'avoir aucune libido."
"Sofiane tu viens de passer 3 jours attaché et tu as failli te faire tuer... Et là t'es à l'autre bout de la France loin de ta famille pour commencer une nouvelle vie. A aucun moment j'attendrai de toi quelque chose. De savoir que je vais passer mes prochaines semaines en vie avec toi me suffit. En espérant tout de même qu'elles se transformeront en années."
"J'te mérite pas Naël. T'es trop parfait."
"Oui sauf que c'est pas toi qui décide si tu me mérites ou pas."
Il me prend fort dans ses bras et me caresse de sa tête. Il n'y a aucun doute sur le fait que je suis amoureux de lui. C'est sur cet amour que je trouverai le sommeil en espérant un réveil heureux.
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