Ce qui se cache derrière un mot.
Récit érotique écrit par Iovan [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 11-04-2021 dans la catégorie Plus on est
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Ce qui se cache derrière un mot.
Gloria 23/10/2020
Ce qui se cache derrière un mot.
J'entrai dans notre bureau. Notre bureau, car je le partageais avec Jérôme, qui était censé être mon collaborateur.
Je trouvai celui-ci, installé dans une attitude qui ressemblait à tout, sauf à celle d'un chef de produit, en plein travail...
Renversé sur son confortable fauteuil de bureau, les mains croisées derrière la nuque, il était absorbé dans la contemplation de l'écran de son ordinateur de bureau où, manifestement, il se passait des choses fort intéressantes...
Je revenais d'une visite aux ateliers de fabrication, où rien n'allait comme je le voulais, et après une prise de bec courtoise, mais sérieuse, avec le responsable de production, qui avait fini par entendre raison, je remontais, avec le sentiment que, certains, dans cette boîte, faisaient tout ce qu'il fallait... pour se la couler douce !
Et ce que j'avais sous les yeux n'était pas fait pour m'en dissuader, bien au contraire !
Règle importante à observer, tout le temps, partout, tout le monde : pas de conflit, pas de vagues, avec les proches collaborateurs, surtout lorsqu'on est censé être sur un quasi-pied d'égalité avec l'intéressé.
Même si j'avais bien envie de lui dire ma toute fraîche façon de penser, j'optai pour le miel, plutôt que le vinaigre.
— Dis donc, ça a l'air d'être très intéressant ce que tu regardes !
— Ouais, pas mal !... Viens voir !
Je fis le tour de l'îlot et m'approchai de son poste.
— Regarde !
Sur l'écran, un porno : une fille nue, entourée d'un groupe d'hommes, nus eux aussi... Un gang-bang.
C'était de la provocation, il voulait délibérément me mettre mal à l'aise, et s'amuser de ma réaction. Il en fut pour ses frais !
— Un gang-bang... et ça t'intéresse...
— C'est pas un gang-bang, c'est un bukkake !
Il avait l'air de me prendre pour une conne.
— Dans certaines caves de banlieue, ça s'appelle aussi, une tournante. Je te laisse à tes saines occupations, et je retourne aux miennes, OK ?
Je n'eus pas réponse...
Gloria : one, Petit con: zero !
Bukkake, je notai ce mot, je voulais savoir à quoi il référait exactement, et j'allais éclaircir ça rapidement.
Je m'appelle Gloria. J'ai trente-deux ans. Je suis, ce que les gens appellent, une belle femme, certains disent même, très belle. Je suis plutôt grande, un mètre soixante-douze, et mince. Je fais un peu de sport, et j'ai, surtout, une alimentation très saine.
Je suis brune, les cheveux mi-longs, j'ai de grands yeux bleus, ombrés de longs cils, un petit nez retroussé et une jolie bouche sensuelle... On m'a souvent dit que j'avais de belles jambes. Je suis assez fière de mon quatre-vingt-quinze C, ainsi que de ma petite chatte, entièrement épilée.
Je dois mon prénom, à ce titre fameux des années soixante, de Monsieur Van Morisson, dix-sept ans à l'époque, chanteur du groupe irlandais « Them », que mes parents adoraient.
Je ne peux que les en remercier : cette chanson est un pur joyau, une évidence, une ode à la femme, qui hurle la détresse, et les frustrations, les espoirs, et la joie sauvage de ces adolescents, que le marché n'avait pas encore castrés.
Je sais les moindres inflexions, les plus légères nuances de ton, les plus imperceptibles tensions, caresses et gifles, de la voix de Van. C'est un hymne brut à l'amour, à la femme, à la vie.
Aussi, c'est avec fierté que je porte mon prénom.
J'ai beaucoup bossé pour me hisser là où je suis arrivée. Ça a peut-être été au détriment de pas mal de choses, que j'aurais pu mieux réussir, mais j'ai fait mon choix : ma carrière.
Si, à trente-deux ans, je suis chef de produit, dans la boîte pour laquelle, le corps social exige, que je me donne corps et âme, c'est que j'ai bossé dur, n'épargnant ni mes efforts ni mon temps.
Je suis dynamique et volontaire, et je n'aime ni les compromissions ni les flatteries.
Nous, les nanas, comme ils nous appellent, ce n'est pas seulement, le double ou le triple de ce qu'ils font, qu'il faut faire, pour être reconnues, encore faut il savoir le faire différemment. C'est ce à quoi, je suis arrivée, essayant de ne pas esquinter trop de monde autour de moi.
Ce qui fait que je ne suis pas toujours aimée de tous... ni de toutes. Je me suis même cultivé de gentilles petites inimitiés, et jalousies, avec lesquelles je dois composer, car je sais que dans ce milieu, en apparence policé, mais totalement pourri... derrière le sourire, le poignard.
Je gagne de l'argent, et j'essaie d'en profiter au mieux. Une jolie maison dans une banlieue chic. Un roadster BMW au garage. « Une bagnole de mec ! » disent d'aucuns ..., des week-ends sympas, des vacances où je veux...
Heureuse ? Est-ce une question bien raisonnable ? Je vis et j'aime ça !
J'ai eu, j'ai, des tas d'aventures avec des tas de mecs, et quelques filles. Au début, comme nous toutes, je cherchai les beaux, les biens foutus, les canons qui en jettent.
Depuis, j'ai rejoint la petite harde de biches, qui souvent remplacent leurs beaux cerfs par de rudes sangliers, comme le dit, si bien, le poète.
Je me souviens d'un mec de presque soixante ans, velu, ventru, que mes copines n'auraient même pas regardé, qui me faisait jouir comme une folle, dès qu'il commençait à me toucher.
Je suis une femme libre, et m'assume en tant que telle, je ne suis pas de ces féministes de circonstance, coincées, surtout dans leurs contradictions. J'aime faire l'amour, j'aime sentir le regard d'un homme sur moi, et ne veux y voir aucune sorte d'offense, au contraire : leur regard me fait me sentir deux fois plus vivante.
Pour l'instant, je ne construis pas. J'essaie de profiter, et c'est très bien ainsi.
Je rentrai chez moi, ce soir-là, à vingt heures trente, comme bien des soirs. Je sortis un truc, vite fait, du congélateur, une fois n'est pas coutume... et me mis sur l'ordi.
Voyons : Bukkake... ! Qu'est-ce qui se cache derrière ce mot ? Bien que je l'aie mal orthographié, j'obtins, quasi instantanément, le résultat... et j'appris que ce terme japonais désignait le fait de mouiller, tremper quelque chose... ou quelqu'un.
Je cliquai sur un ou deux autres liens, et tombai sur une vidéo, où l'on voyait une jeune fille nue, allongée sur un matelas douteux, entourée d'une horde de types en érection, qui se masturbaient, et l'aspergeaient de leur sperme, pendant que d'autres la baisaient à tour de rôle. Il ne me fallut que quelques dizaines de secondes, pour me sentir mal à l'aise, et j'abandonnai, vaguement écœurée.
Je me mis à surfer sur le Net, cherchant d'autres renseignements, pour le boulot, mais je n'y étais pas, j'avais l'esprit ailleurs. Je n'arrivais pas à me concentrer, et faisais n'importe quoi.
En fait, je le savais, je ne pouvais me détacher de cette histoire de bukkake, et, quoi que je fasse, ces images me revenaient en tête.
Je revins donc sur cette page, et regardai la vidéo jusqu'au bout.
Ce qui me frappa chez la jeune femme fut que, objet de la convoitise de tous ces hommes, elle semblait ne ressentir aucun stress ni sentiment de crainte. Son visage, couvert de larges gouttes grumeleuses et de rigoles de sperme, qu'elle ramenait parfois du plat d'un doigt, à sa bouche et qu'elle avalait, était détendu, elle avait un beau sourire, doux et calme qui s'effaçait parfois. Elle se mordait alors la lèvre, quand elle n'avait pas la bouche occupée, avec un froncement de sourcils, un profond soupir, ou un râle, témoignant de l'intensité de ce qu'elle éprouvait, puis retrouvait son expression angélique qui, à nouveau, comme le fait l'ombre des nuages, laissait place à une de ces expressions, quasi douloureuses, que provoque, chez nous, une violente montée de plaisir.
C'était le visage d'une femme qui jouissait intensément. Je la trouvais belle.
C'était le seul visage qui apparaissait, tout au long de cette vidéo. Il n'y en avait aucun autre. On ne voyait des hommes, que ce qui représentait la seule fonction, à laquelle ils étaient réduits : leurs sexes et leurs testicules.
Est-ce que cette dualité était au centre des préoccupations du « metteur en scène » ... ? J'en doute fort, mais je trouvai ce détail fort intéressant.
Une scène me frappa, sans que je comprenne immédiatement ce qui m'interpellait : au tout début de la vidéo, comme pour d’hiératiques préliminaires, une multitude de mains couvraient, dans une caresse collective, le fragile corps nu, offert. C'était beau.
Je visionnai, une deuxième fois, cette vidéo, faisant des arrêts sur image, pour observer un détail qui m'avait échappé, réécouter un bruit.
A mesure que la vidéo défilait, il me paraissait évident que cette fille s'éclatait, qu'elle prenait un pied monstrueux.
Je me déshabillai, pris une douche rapide, enfilai un T-shirt, et me mis au lit.
Je pris mon bouquin, un polar venu du nord, qui au départ, m'avait accrochée, mais on était vite tombé dans les clichés, et la recette, et ce pur produit mercantile, de la littérature contemporaine, me tombait des mains... replaçant le marque-page, je refermai le livre, éteignis la lampe de chevet, et m'en remis à Morphée.
Morphée, cette nuit là, fut chagrine, et se montra bien peu coopérative.
J'eus beau essayer les trucs que nous échangions entre copines: sophrologie, respiration abdominale, imagerie mentale et visualisation de la lourdeur (j'avais bien quelques visages...) mais rien ne fonctionnait.
Je tournais, virais dans mon lit ... à deux heures du matin, j'avais toujours les yeux grands ouverts.
Évidemment, je savais ce qui se passait : les images que j'avais visionnées, quelques heures auparavant, repassaient en boucle.
Je me levai, allai me verser un verre d'eau et allumai l'ordinateur.
Je me repassai la vidéo, m'étonnant encore de la sensualité libérée de la fille, de son obscène masque ruisselant... terriblement excitant: J'aime faire l'amour, et j'aime, particulièrement, pratiquer la fellation, j'y éprouve toujours, énormément de plaisir, et la sensation des giclées de sperme dans ma bouche, son goût âcre et puissant, m'amènent, immanquablement, à la jouissance.
Elle en était couverte, sa bouche, ses joues, ses seins, son ventre. Eau bénite sur ce corps, réceptacle de la semence des débuts...
Comme la multitude de mains caressant cette fille, le mur de sexes dressés, l'entourant, m'impressionnait... me posant la même question : Que se passe-t-il, là dedans, pour que j'en sois obnubilée, à ce point ?
Cela s'imposa, soudain, comme une évidence : la jeune femme m'apparut comme le centre d'un cercle, qui appartenait à une autre dimension.
Elle résolvait une équation vieille comme le monde : l'opposition, en même temps que la réunion, des deux principes qui régissent toute vie, fusionnant en un seul et même rituel : féminité et masculinité.
Tout n'est que ça, de la nature à toutes les cultures, des pollens dans le vent, aux parades nuptiales des oiseaux, du Yin et du Yang, des bluettes niaises, à l'eau de rose « Alexandrie ... Aahh ! Alexandra... » à Madame Bovary, c'est la grande affaire, la quête, inlassable, insatiable..., le Saint Graal, le Saint Calice... avec des majuscules !
C'est à nos corps qu'il faut des majuscules.
Toutes ces mains caressant son corps...! Maintenant, cela m'apparaissait clairement ! Je les avais, inconsciemment associées, aux mains négatives des peintures pariétales, ces premières manifestations du religieux... Quelque chose d'immémorial, de sacré, émanait de ces scènes, et prenait une dimension universelle.
Les participants à cette folle bacchanale n'en avaient pas la moindre intuition. Pourtant, c'était lumineux.
Cette fille était la prêtresse, inconsciente, d'une célébration panique, qui laissait à mille lieues le cadre de la pornographie. Quant aux mâles, ils pensaient n'être là, que pour participer à un événement « fun » et bandant, entre petits mecs. Rien d'autre ne pouvait les intéresser.
Complémentarités qui continuaient à s'ignorer, dans les rôles qui leur avaient été, depuis toujours, assignés.
Je me mis à rire toute seule, me donnant l'impression de réinventer l'eau tiède, et en même temps de construire des élucubrations, qui ne faisaient sens que pour moi.
Mais, qui était dans la raison...? Étaient-ce les petits queutards, qui sautaient, rigolards, la jolie môme ?
Je repassai la vidéo, et me rendis compte que je mouillais.
Cérébrale, certes, mais pas que...!
Je mis en veille, retournai m'allonger... Et me masturbai, de folles images plein la tête... L'orgasme, qui vint très vite, me laissa vidée... je m'endormis.
Le lendemain, après une nuit un peu trop courte, j'étais au bureau à sept heures trente. Je m'acquittai de diverses tâches, préparai la réunion de ce matin et allai me chercher un café, alors qu'en filigrane me poursuivaient toujours les mêmes images obsédantes, les mêmes pensées qui me bouleversaient.
Quand je revins au bureau, Jérôme arrivait... Il était neuf heures trente. Comme il restait silencieux :
— Bonjour Jérôme !
Pas de réponse.
— Ne le prends pas mal, mais tu devrais essayer d'arriver un peu plus tôt, tu sais !
Il me toisa. Et souriant, d'un air méprisant :
— Depuis quand t'es mon boss, toi, pétasse ? Tu es qui, pour me faire des remarques ? Ah ! Toi ... ! Plus je te regarde, plus je me dis que ça te ferait peut-être pas de mal, que je te colle sur le bureau, et que je te foute ma grosse dans le cul !
Je fus prise d'un fou rire... et visiblement, ça n'était pas la réaction qu'il attendait.
Déstabilisé, rouge de colère, il sortit brusquement, en maugréant des insultes, dont je n'entendis que quelques-unes, qui suggéraient que j'appartenais à une certaine catégorie de femmes, dont les services étaient tarifés... Je venais de me faire un copain...
Je devais, vite, trouver un moyen de préparer un contre-feu, j'étais sûre qu'il ne tarderait pas à essayer de se venger.
La réunion se tint vers dix heures et se termina à midi, chacun partit déjeuner.
Je me rendis dans une petite brasserie, qui était devenue, un peu, ma cantine, et déjeunai en compagnie de Julie, une copine, qui bossait pour une boîte d'import-export voisine.
Je lui parlai de mes questionnements érotiques. Tout en picorant sa salade, elle me répondit, légère :
— Pourquoi pas ?... Tu sais, j'ai une copine qui est devenue une habituée de certaines soirées fines et partouzes qui s'organisent en ville... Eh bien, elle est complètement accro, elle ne peut plus s'en passer. Elle m'a proposé de l'accompagner à plusieurs reprises... jusqu'à présent, j'ai refusé... mais plus ça va, plus j'ai envie de franchir le pas ! Eh, quoi ! ma louloute, il ne faut pas mourir idiote... !
Ce n'était pas tout à fait ce que j'attendais, en fait d'écoute et de discernement, mais sa dernière remarque, si elle n'était pas d'une extraordinaire profondeur, n'en était pas moins frappée au coin du bon sens.
La vraie vie, c'est maintenant... Ma décision était prise.
L'ambiance de l'après-midi au bureau fut lourde, et tendue. Jérôme, renfrogné, ne m'adressa pas la parole, et même si cela m'a amusée, au début pendant un moment, cela devint, à la longue, assez pénible.
Aussi, je fus très heureuse de rentrer chez moi, où après un repas léger, et une douche, je me remis sur le PC.
Je visionnai un grand nombre de vidéos, dont beaucoup relevaient de l'industrie du sexe, tournées avec, et par des professionnels, artificielles, parfaitement navrantes, certaines même, quasiment ridicules.
D'autres par contre, tournées dans des clubs, ou dans des soirées privées, dont certaines m'impressionnèrent, par leur ardeur brutale, avaient cet air d'authenticité qui ne trompe pas, et m'avaient sérieusement remuée... j'en avais trempé mon string.
C'était décidé. Je me confortai dans l'idée que, moi aussi, comme ces femmes que je me prenais à envier et admirer, je devais m'assumer, et franchir le pas.
Il me fallait construire, ce qui devenait mon projet essentiel : réunir un bukkake autour de moi.
Le lendemain, j'étais à la boîte à huit heures ; je me rendis au planning, et posai trois jours de congé, nous étions mardi, cela me libérait donc, jusqu'à la semaine prochaine. Je prenais un peu de temps pour me consacrer à l'organisation de mon projet.
Comme de bien entendu, Jérôme arriva à neuf heures passées, ne me salua pas et me fit une gueule d'apocalypse... je laissai faire...
Vers onze heures, alors que je revenais du service expéditions, je constatai que le bureau était vide. Je m'assis à mon poste et me mis au travail. Quand j'entendis un "bip", provenant du poste de travail de mon « collègue »...
Se pouvait il que... ?
Je contournai l'îlot... Et là ! Je n'en crus pas mes yeux ! La providence m'offrait une arme de dissuasion massive !
Jérôme, quelle imprudence... !
Quand il revint, au bout d'une demi-heure, un café à la main, je lui lançai :
— Tu le torréfies toi-même, ton café ? Ça fait presque une heure que tu es parti !
J'ai cru qu'il s'étranglait.
D'une voix qu'il étouffa, pour ne pas être entendu, mais dans laquelle perçait une violence, qu'il ne parvenait pas à contenir, il siffla :
— Tu fermes ta gueule, connasse ! Tu ne m'adresses même pas la parole, espèce de pute ! C'est clair ?
— Ce qui est clair, c'est que ta maman t'a très mal élevé...
Il continuait à m'insulter.
— Elle ne t'a pas appris à respecter les dames... et c'est un tort ! Surtout quand celles-ci possèdent une copie de ton historique de navigation, et de tes mails...
Il essaya de crâner, mais je l'avais déstabilisé.
— Tu bluffes, t'as rien !
— Tu es déjà en progrès ! Les insultes ont disparu. C'est bien ! Et des progrès, tu as intérêt à en faire... dans tous les domaines, si tu veux que certaines personnes continuent à se faire des illusions à ton sujet.
Il s'était subitement tu.
— Dis-moi... Je ne savais pas que tu baisais la femme de Bernard... votre rendez-vous, pour jeudi soir, tient toujours ?
Il bégaya :
— Comm... comment tu... ?
Il ne finit pas.
— Voilà, les choses sont claires, à présent...
Je prends trois jours, à partir de demain, c'est toi qui fais tourner la boutique, et je veux que ce soit tiré au cordeau ! Je m'en assurerai, à mon retour. Compris ?
Il évita mon regard.
— D'accord !
— Maintenant, j'attends tes excuses, pour l'attitude que tu as eue, à mon égard...
Il détourna à nouveau le regard.
— Je te demande de m'excuser.
Cela me suffisait, je ne cherchais pas l'humiliation... pour le moment. Je sortis en jubilant intérieurement. Le problème était réglé, et j'avais enfin un collaborateur, digne de ce nom, pour me seconder.
Dans les couloirs, je croisai un collègue :
— Salut Gloria ! Dis donc, t'as la banane ce matin... !
— Oui, ça va super, merci... Toi, ça va... ?
La journée se déroula très correctement, et en rentrant chez moi, la première chose que je fis fut de me mettre à la recherche d'une location d' appartement.
Je relevai plusieurs numéros de téléphone, et envoyai un bon nombre de mails, je pensais trouver assez rapidement.
Il me fallait aussi, un lit en quatre-vingt-dix, deux grands canapés, ainsi qu'une table basse, et un petit réfrigérateur. Je les trouvai sur une boutique en ligne, qui assurait une livraison rapide. Je les commandai immédiatement. Il me fallait aussi, les coordonnées d'un menuisier. Je relevai plusieurs numéros à appeler, dès le lendemain.
Le lundi suivant, lorsque je repris le job, tout était réglé. Il ne restait plus que la livraison des meubles à assurer, ce qui serait fait, dans le courant de la semaine.
Jérôme avait convenablement géré la marche du service. Tout allait à merveille.
Je décidai donc de me consacrer à mon casting.
Je m'inscrivis sur un site de rencontres libertines bien connu, et y postai mon annonce, accompagnée de quelques photos de mon visage et de mon corps nu.
Une annonce simple et directe :
« Belle femme. 32 ans. BCBG. Cherche messieurs TBM pour gang-bang/ bukkake, dans le plus strict respect mutuel. Joindre : CV rapide de présentation + photos visage et sexe. Réponse assurée. » Les réponses transitaient par le site.
En quelques jours, j'en reçus des dizaines, dont certaines provenaient de l'autre bout de la France, et retirai mon annonce.
J'épluchai tous les CV et les photos, cela rappelait le bureau... en beaucoup mieux, et répondis à tous les mails.
Je retins dix de ces messieurs. Dix plus moi, égale onze : en additionnant les deux chiffres qui composent ce nombre, on trouve le chiffre deux, qui implique la notion de dualité, d'opposition, en même temps que de complémentarité, qui me tient tant à cœur.
Je tenais à donner cette dimension à ma folle nuit de noces.
Le critère essentiel de sélection, étant la taille de leur phallus, les mâles, que j'avais retenus étaient tous très bien pourvus, mais certaines variables, comme le visage, son expression, le niveau intellectuel, le feeling aussi, entraient en ligne de compte. J'en écartai plusieurs, auxquels je trouvai un regard torve.
Je fis repeindre en blanc le studio, le décorai d'affiches, représentant des jolies femmes dénudées ou très sexy : Marilyn, BB, et un magnifique poster de Manara, que j'achetai d'occasion. Mon petit nid d'amour se mit à avoir de l'allure, acquérant un look soft, très féminin et sensuel à souhait.
Je fis installer une potence, sur laquelle fut fixée une caméra HD, au-dessus du lit.
Le studio était situé au rez-de-chaussée d'une petite résidence calme, et relativement neuve, dans un parc arboré, à dix minutes de chez moi. C'était parfait.
Les meubles furent livrés le jeudi, je dus prendre deux heures pour les réceptionner, et le vendredi, le menuisier m'appela, pour me dire que ma commande m'attendait.
Le samedi, tout était prêt. Je montai le lit sur le bâti que j'avais fait fabriquer, il était à quatre-vingts centimètres de hauteur, parfaitement stable : impeccable.
Pendant tout ce temps, le soir, je reprenais mes recherches sur le Net, plus je visionnais de vidéos, plus mon fantasme m'envahissait, au point de devenir une véritable obsession.
Nous étions presque à la mi-juin, je décidai de programmer l'événement au plus près du solstice... beau symbole !
Ce bukkake aurait donc lieu dans la nuit du samedi vingt juin. Dix jours... !
Ce qui se cache derrière un mot.
J'entrai dans notre bureau. Notre bureau, car je le partageais avec Jérôme, qui était censé être mon collaborateur.
Je trouvai celui-ci, installé dans une attitude qui ressemblait à tout, sauf à celle d'un chef de produit, en plein travail...
Renversé sur son confortable fauteuil de bureau, les mains croisées derrière la nuque, il était absorbé dans la contemplation de l'écran de son ordinateur de bureau où, manifestement, il se passait des choses fort intéressantes...
Je revenais d'une visite aux ateliers de fabrication, où rien n'allait comme je le voulais, et après une prise de bec courtoise, mais sérieuse, avec le responsable de production, qui avait fini par entendre raison, je remontais, avec le sentiment que, certains, dans cette boîte, faisaient tout ce qu'il fallait... pour se la couler douce !
Et ce que j'avais sous les yeux n'était pas fait pour m'en dissuader, bien au contraire !
Règle importante à observer, tout le temps, partout, tout le monde : pas de conflit, pas de vagues, avec les proches collaborateurs, surtout lorsqu'on est censé être sur un quasi-pied d'égalité avec l'intéressé.
Même si j'avais bien envie de lui dire ma toute fraîche façon de penser, j'optai pour le miel, plutôt que le vinaigre.
— Dis donc, ça a l'air d'être très intéressant ce que tu regardes !
— Ouais, pas mal !... Viens voir !
Je fis le tour de l'îlot et m'approchai de son poste.
— Regarde !
Sur l'écran, un porno : une fille nue, entourée d'un groupe d'hommes, nus eux aussi... Un gang-bang.
C'était de la provocation, il voulait délibérément me mettre mal à l'aise, et s'amuser de ma réaction. Il en fut pour ses frais !
— Un gang-bang... et ça t'intéresse...
— C'est pas un gang-bang, c'est un bukkake !
Il avait l'air de me prendre pour une conne.
— Dans certaines caves de banlieue, ça s'appelle aussi, une tournante. Je te laisse à tes saines occupations, et je retourne aux miennes, OK ?
Je n'eus pas réponse...
Gloria : one, Petit con: zero !
Bukkake, je notai ce mot, je voulais savoir à quoi il référait exactement, et j'allais éclaircir ça rapidement.
Je m'appelle Gloria. J'ai trente-deux ans. Je suis, ce que les gens appellent, une belle femme, certains disent même, très belle. Je suis plutôt grande, un mètre soixante-douze, et mince. Je fais un peu de sport, et j'ai, surtout, une alimentation très saine.
Je suis brune, les cheveux mi-longs, j'ai de grands yeux bleus, ombrés de longs cils, un petit nez retroussé et une jolie bouche sensuelle... On m'a souvent dit que j'avais de belles jambes. Je suis assez fière de mon quatre-vingt-quinze C, ainsi que de ma petite chatte, entièrement épilée.
Je dois mon prénom, à ce titre fameux des années soixante, de Monsieur Van Morisson, dix-sept ans à l'époque, chanteur du groupe irlandais « Them », que mes parents adoraient.
Je ne peux que les en remercier : cette chanson est un pur joyau, une évidence, une ode à la femme, qui hurle la détresse, et les frustrations, les espoirs, et la joie sauvage de ces adolescents, que le marché n'avait pas encore castrés.
Je sais les moindres inflexions, les plus légères nuances de ton, les plus imperceptibles tensions, caresses et gifles, de la voix de Van. C'est un hymne brut à l'amour, à la femme, à la vie.
Aussi, c'est avec fierté que je porte mon prénom.
J'ai beaucoup bossé pour me hisser là où je suis arrivée. Ça a peut-être été au détriment de pas mal de choses, que j'aurais pu mieux réussir, mais j'ai fait mon choix : ma carrière.
Si, à trente-deux ans, je suis chef de produit, dans la boîte pour laquelle, le corps social exige, que je me donne corps et âme, c'est que j'ai bossé dur, n'épargnant ni mes efforts ni mon temps.
Je suis dynamique et volontaire, et je n'aime ni les compromissions ni les flatteries.
Nous, les nanas, comme ils nous appellent, ce n'est pas seulement, le double ou le triple de ce qu'ils font, qu'il faut faire, pour être reconnues, encore faut il savoir le faire différemment. C'est ce à quoi, je suis arrivée, essayant de ne pas esquinter trop de monde autour de moi.
Ce qui fait que je ne suis pas toujours aimée de tous... ni de toutes. Je me suis même cultivé de gentilles petites inimitiés, et jalousies, avec lesquelles je dois composer, car je sais que dans ce milieu, en apparence policé, mais totalement pourri... derrière le sourire, le poignard.
Je gagne de l'argent, et j'essaie d'en profiter au mieux. Une jolie maison dans une banlieue chic. Un roadster BMW au garage. « Une bagnole de mec ! » disent d'aucuns ..., des week-ends sympas, des vacances où je veux...
Heureuse ? Est-ce une question bien raisonnable ? Je vis et j'aime ça !
J'ai eu, j'ai, des tas d'aventures avec des tas de mecs, et quelques filles. Au début, comme nous toutes, je cherchai les beaux, les biens foutus, les canons qui en jettent.
Depuis, j'ai rejoint la petite harde de biches, qui souvent remplacent leurs beaux cerfs par de rudes sangliers, comme le dit, si bien, le poète.
Je me souviens d'un mec de presque soixante ans, velu, ventru, que mes copines n'auraient même pas regardé, qui me faisait jouir comme une folle, dès qu'il commençait à me toucher.
Je suis une femme libre, et m'assume en tant que telle, je ne suis pas de ces féministes de circonstance, coincées, surtout dans leurs contradictions. J'aime faire l'amour, j'aime sentir le regard d'un homme sur moi, et ne veux y voir aucune sorte d'offense, au contraire : leur regard me fait me sentir deux fois plus vivante.
Pour l'instant, je ne construis pas. J'essaie de profiter, et c'est très bien ainsi.
Je rentrai chez moi, ce soir-là, à vingt heures trente, comme bien des soirs. Je sortis un truc, vite fait, du congélateur, une fois n'est pas coutume... et me mis sur l'ordi.
Voyons : Bukkake... ! Qu'est-ce qui se cache derrière ce mot ? Bien que je l'aie mal orthographié, j'obtins, quasi instantanément, le résultat... et j'appris que ce terme japonais désignait le fait de mouiller, tremper quelque chose... ou quelqu'un.
Je cliquai sur un ou deux autres liens, et tombai sur une vidéo, où l'on voyait une jeune fille nue, allongée sur un matelas douteux, entourée d'une horde de types en érection, qui se masturbaient, et l'aspergeaient de leur sperme, pendant que d'autres la baisaient à tour de rôle. Il ne me fallut que quelques dizaines de secondes, pour me sentir mal à l'aise, et j'abandonnai, vaguement écœurée.
Je me mis à surfer sur le Net, cherchant d'autres renseignements, pour le boulot, mais je n'y étais pas, j'avais l'esprit ailleurs. Je n'arrivais pas à me concentrer, et faisais n'importe quoi.
En fait, je le savais, je ne pouvais me détacher de cette histoire de bukkake, et, quoi que je fasse, ces images me revenaient en tête.
Je revins donc sur cette page, et regardai la vidéo jusqu'au bout.
Ce qui me frappa chez la jeune femme fut que, objet de la convoitise de tous ces hommes, elle semblait ne ressentir aucun stress ni sentiment de crainte. Son visage, couvert de larges gouttes grumeleuses et de rigoles de sperme, qu'elle ramenait parfois du plat d'un doigt, à sa bouche et qu'elle avalait, était détendu, elle avait un beau sourire, doux et calme qui s'effaçait parfois. Elle se mordait alors la lèvre, quand elle n'avait pas la bouche occupée, avec un froncement de sourcils, un profond soupir, ou un râle, témoignant de l'intensité de ce qu'elle éprouvait, puis retrouvait son expression angélique qui, à nouveau, comme le fait l'ombre des nuages, laissait place à une de ces expressions, quasi douloureuses, que provoque, chez nous, une violente montée de plaisir.
C'était le visage d'une femme qui jouissait intensément. Je la trouvais belle.
C'était le seul visage qui apparaissait, tout au long de cette vidéo. Il n'y en avait aucun autre. On ne voyait des hommes, que ce qui représentait la seule fonction, à laquelle ils étaient réduits : leurs sexes et leurs testicules.
Est-ce que cette dualité était au centre des préoccupations du « metteur en scène » ... ? J'en doute fort, mais je trouvai ce détail fort intéressant.
Une scène me frappa, sans que je comprenne immédiatement ce qui m'interpellait : au tout début de la vidéo, comme pour d’hiératiques préliminaires, une multitude de mains couvraient, dans une caresse collective, le fragile corps nu, offert. C'était beau.
Je visionnai, une deuxième fois, cette vidéo, faisant des arrêts sur image, pour observer un détail qui m'avait échappé, réécouter un bruit.
A mesure que la vidéo défilait, il me paraissait évident que cette fille s'éclatait, qu'elle prenait un pied monstrueux.
Je me déshabillai, pris une douche rapide, enfilai un T-shirt, et me mis au lit.
Je pris mon bouquin, un polar venu du nord, qui au départ, m'avait accrochée, mais on était vite tombé dans les clichés, et la recette, et ce pur produit mercantile, de la littérature contemporaine, me tombait des mains... replaçant le marque-page, je refermai le livre, éteignis la lampe de chevet, et m'en remis à Morphée.
Morphée, cette nuit là, fut chagrine, et se montra bien peu coopérative.
J'eus beau essayer les trucs que nous échangions entre copines: sophrologie, respiration abdominale, imagerie mentale et visualisation de la lourdeur (j'avais bien quelques visages...) mais rien ne fonctionnait.
Je tournais, virais dans mon lit ... à deux heures du matin, j'avais toujours les yeux grands ouverts.
Évidemment, je savais ce qui se passait : les images que j'avais visionnées, quelques heures auparavant, repassaient en boucle.
Je me levai, allai me verser un verre d'eau et allumai l'ordinateur.
Je me repassai la vidéo, m'étonnant encore de la sensualité libérée de la fille, de son obscène masque ruisselant... terriblement excitant: J'aime faire l'amour, et j'aime, particulièrement, pratiquer la fellation, j'y éprouve toujours, énormément de plaisir, et la sensation des giclées de sperme dans ma bouche, son goût âcre et puissant, m'amènent, immanquablement, à la jouissance.
Elle en était couverte, sa bouche, ses joues, ses seins, son ventre. Eau bénite sur ce corps, réceptacle de la semence des débuts...
Comme la multitude de mains caressant cette fille, le mur de sexes dressés, l'entourant, m'impressionnait... me posant la même question : Que se passe-t-il, là dedans, pour que j'en sois obnubilée, à ce point ?
Cela s'imposa, soudain, comme une évidence : la jeune femme m'apparut comme le centre d'un cercle, qui appartenait à une autre dimension.
Elle résolvait une équation vieille comme le monde : l'opposition, en même temps que la réunion, des deux principes qui régissent toute vie, fusionnant en un seul et même rituel : féminité et masculinité.
Tout n'est que ça, de la nature à toutes les cultures, des pollens dans le vent, aux parades nuptiales des oiseaux, du Yin et du Yang, des bluettes niaises, à l'eau de rose « Alexandrie ... Aahh ! Alexandra... » à Madame Bovary, c'est la grande affaire, la quête, inlassable, insatiable..., le Saint Graal, le Saint Calice... avec des majuscules !
C'est à nos corps qu'il faut des majuscules.
Toutes ces mains caressant son corps...! Maintenant, cela m'apparaissait clairement ! Je les avais, inconsciemment associées, aux mains négatives des peintures pariétales, ces premières manifestations du religieux... Quelque chose d'immémorial, de sacré, émanait de ces scènes, et prenait une dimension universelle.
Les participants à cette folle bacchanale n'en avaient pas la moindre intuition. Pourtant, c'était lumineux.
Cette fille était la prêtresse, inconsciente, d'une célébration panique, qui laissait à mille lieues le cadre de la pornographie. Quant aux mâles, ils pensaient n'être là, que pour participer à un événement « fun » et bandant, entre petits mecs. Rien d'autre ne pouvait les intéresser.
Complémentarités qui continuaient à s'ignorer, dans les rôles qui leur avaient été, depuis toujours, assignés.
Je me mis à rire toute seule, me donnant l'impression de réinventer l'eau tiède, et en même temps de construire des élucubrations, qui ne faisaient sens que pour moi.
Mais, qui était dans la raison...? Étaient-ce les petits queutards, qui sautaient, rigolards, la jolie môme ?
Je repassai la vidéo, et me rendis compte que je mouillais.
Cérébrale, certes, mais pas que...!
Je mis en veille, retournai m'allonger... Et me masturbai, de folles images plein la tête... L'orgasme, qui vint très vite, me laissa vidée... je m'endormis.
Le lendemain, après une nuit un peu trop courte, j'étais au bureau à sept heures trente. Je m'acquittai de diverses tâches, préparai la réunion de ce matin et allai me chercher un café, alors qu'en filigrane me poursuivaient toujours les mêmes images obsédantes, les mêmes pensées qui me bouleversaient.
Quand je revins au bureau, Jérôme arrivait... Il était neuf heures trente. Comme il restait silencieux :
— Bonjour Jérôme !
Pas de réponse.
— Ne le prends pas mal, mais tu devrais essayer d'arriver un peu plus tôt, tu sais !
Il me toisa. Et souriant, d'un air méprisant :
— Depuis quand t'es mon boss, toi, pétasse ? Tu es qui, pour me faire des remarques ? Ah ! Toi ... ! Plus je te regarde, plus je me dis que ça te ferait peut-être pas de mal, que je te colle sur le bureau, et que je te foute ma grosse dans le cul !
Je fus prise d'un fou rire... et visiblement, ça n'était pas la réaction qu'il attendait.
Déstabilisé, rouge de colère, il sortit brusquement, en maugréant des insultes, dont je n'entendis que quelques-unes, qui suggéraient que j'appartenais à une certaine catégorie de femmes, dont les services étaient tarifés... Je venais de me faire un copain...
Je devais, vite, trouver un moyen de préparer un contre-feu, j'étais sûre qu'il ne tarderait pas à essayer de se venger.
La réunion se tint vers dix heures et se termina à midi, chacun partit déjeuner.
Je me rendis dans une petite brasserie, qui était devenue, un peu, ma cantine, et déjeunai en compagnie de Julie, une copine, qui bossait pour une boîte d'import-export voisine.
Je lui parlai de mes questionnements érotiques. Tout en picorant sa salade, elle me répondit, légère :
— Pourquoi pas ?... Tu sais, j'ai une copine qui est devenue une habituée de certaines soirées fines et partouzes qui s'organisent en ville... Eh bien, elle est complètement accro, elle ne peut plus s'en passer. Elle m'a proposé de l'accompagner à plusieurs reprises... jusqu'à présent, j'ai refusé... mais plus ça va, plus j'ai envie de franchir le pas ! Eh, quoi ! ma louloute, il ne faut pas mourir idiote... !
Ce n'était pas tout à fait ce que j'attendais, en fait d'écoute et de discernement, mais sa dernière remarque, si elle n'était pas d'une extraordinaire profondeur, n'en était pas moins frappée au coin du bon sens.
La vraie vie, c'est maintenant... Ma décision était prise.
L'ambiance de l'après-midi au bureau fut lourde, et tendue. Jérôme, renfrogné, ne m'adressa pas la parole, et même si cela m'a amusée, au début pendant un moment, cela devint, à la longue, assez pénible.
Aussi, je fus très heureuse de rentrer chez moi, où après un repas léger, et une douche, je me remis sur le PC.
Je visionnai un grand nombre de vidéos, dont beaucoup relevaient de l'industrie du sexe, tournées avec, et par des professionnels, artificielles, parfaitement navrantes, certaines même, quasiment ridicules.
D'autres par contre, tournées dans des clubs, ou dans des soirées privées, dont certaines m'impressionnèrent, par leur ardeur brutale, avaient cet air d'authenticité qui ne trompe pas, et m'avaient sérieusement remuée... j'en avais trempé mon string.
C'était décidé. Je me confortai dans l'idée que, moi aussi, comme ces femmes que je me prenais à envier et admirer, je devais m'assumer, et franchir le pas.
Il me fallait construire, ce qui devenait mon projet essentiel : réunir un bukkake autour de moi.
Le lendemain, j'étais à la boîte à huit heures ; je me rendis au planning, et posai trois jours de congé, nous étions mardi, cela me libérait donc, jusqu'à la semaine prochaine. Je prenais un peu de temps pour me consacrer à l'organisation de mon projet.
Comme de bien entendu, Jérôme arriva à neuf heures passées, ne me salua pas et me fit une gueule d'apocalypse... je laissai faire...
Vers onze heures, alors que je revenais du service expéditions, je constatai que le bureau était vide. Je m'assis à mon poste et me mis au travail. Quand j'entendis un "bip", provenant du poste de travail de mon « collègue »...
Se pouvait il que... ?
Je contournai l'îlot... Et là ! Je n'en crus pas mes yeux ! La providence m'offrait une arme de dissuasion massive !
Jérôme, quelle imprudence... !
Quand il revint, au bout d'une demi-heure, un café à la main, je lui lançai :
— Tu le torréfies toi-même, ton café ? Ça fait presque une heure que tu es parti !
J'ai cru qu'il s'étranglait.
D'une voix qu'il étouffa, pour ne pas être entendu, mais dans laquelle perçait une violence, qu'il ne parvenait pas à contenir, il siffla :
— Tu fermes ta gueule, connasse ! Tu ne m'adresses même pas la parole, espèce de pute ! C'est clair ?
— Ce qui est clair, c'est que ta maman t'a très mal élevé...
Il continuait à m'insulter.
— Elle ne t'a pas appris à respecter les dames... et c'est un tort ! Surtout quand celles-ci possèdent une copie de ton historique de navigation, et de tes mails...
Il essaya de crâner, mais je l'avais déstabilisé.
— Tu bluffes, t'as rien !
— Tu es déjà en progrès ! Les insultes ont disparu. C'est bien ! Et des progrès, tu as intérêt à en faire... dans tous les domaines, si tu veux que certaines personnes continuent à se faire des illusions à ton sujet.
Il s'était subitement tu.
— Dis-moi... Je ne savais pas que tu baisais la femme de Bernard... votre rendez-vous, pour jeudi soir, tient toujours ?
Il bégaya :
— Comm... comment tu... ?
Il ne finit pas.
— Voilà, les choses sont claires, à présent...
Je prends trois jours, à partir de demain, c'est toi qui fais tourner la boutique, et je veux que ce soit tiré au cordeau ! Je m'en assurerai, à mon retour. Compris ?
Il évita mon regard.
— D'accord !
— Maintenant, j'attends tes excuses, pour l'attitude que tu as eue, à mon égard...
Il détourna à nouveau le regard.
— Je te demande de m'excuser.
Cela me suffisait, je ne cherchais pas l'humiliation... pour le moment. Je sortis en jubilant intérieurement. Le problème était réglé, et j'avais enfin un collaborateur, digne de ce nom, pour me seconder.
Dans les couloirs, je croisai un collègue :
— Salut Gloria ! Dis donc, t'as la banane ce matin... !
— Oui, ça va super, merci... Toi, ça va... ?
La journée se déroula très correctement, et en rentrant chez moi, la première chose que je fis fut de me mettre à la recherche d'une location d' appartement.
Je relevai plusieurs numéros de téléphone, et envoyai un bon nombre de mails, je pensais trouver assez rapidement.
Il me fallait aussi, un lit en quatre-vingt-dix, deux grands canapés, ainsi qu'une table basse, et un petit réfrigérateur. Je les trouvai sur une boutique en ligne, qui assurait une livraison rapide. Je les commandai immédiatement. Il me fallait aussi, les coordonnées d'un menuisier. Je relevai plusieurs numéros à appeler, dès le lendemain.
Le lundi suivant, lorsque je repris le job, tout était réglé. Il ne restait plus que la livraison des meubles à assurer, ce qui serait fait, dans le courant de la semaine.
Jérôme avait convenablement géré la marche du service. Tout allait à merveille.
Je décidai donc de me consacrer à mon casting.
Je m'inscrivis sur un site de rencontres libertines bien connu, et y postai mon annonce, accompagnée de quelques photos de mon visage et de mon corps nu.
Une annonce simple et directe :
« Belle femme. 32 ans. BCBG. Cherche messieurs TBM pour gang-bang/ bukkake, dans le plus strict respect mutuel. Joindre : CV rapide de présentation + photos visage et sexe. Réponse assurée. » Les réponses transitaient par le site.
En quelques jours, j'en reçus des dizaines, dont certaines provenaient de l'autre bout de la France, et retirai mon annonce.
J'épluchai tous les CV et les photos, cela rappelait le bureau... en beaucoup mieux, et répondis à tous les mails.
Je retins dix de ces messieurs. Dix plus moi, égale onze : en additionnant les deux chiffres qui composent ce nombre, on trouve le chiffre deux, qui implique la notion de dualité, d'opposition, en même temps que de complémentarité, qui me tient tant à cœur.
Je tenais à donner cette dimension à ma folle nuit de noces.
Le critère essentiel de sélection, étant la taille de leur phallus, les mâles, que j'avais retenus étaient tous très bien pourvus, mais certaines variables, comme le visage, son expression, le niveau intellectuel, le feeling aussi, entraient en ligne de compte. J'en écartai plusieurs, auxquels je trouvai un regard torve.
Je fis repeindre en blanc le studio, le décorai d'affiches, représentant des jolies femmes dénudées ou très sexy : Marilyn, BB, et un magnifique poster de Manara, que j'achetai d'occasion. Mon petit nid d'amour se mit à avoir de l'allure, acquérant un look soft, très féminin et sensuel à souhait.
Je fis installer une potence, sur laquelle fut fixée une caméra HD, au-dessus du lit.
Le studio était situé au rez-de-chaussée d'une petite résidence calme, et relativement neuve, dans un parc arboré, à dix minutes de chez moi. C'était parfait.
Les meubles furent livrés le jeudi, je dus prendre deux heures pour les réceptionner, et le vendredi, le menuisier m'appela, pour me dire que ma commande m'attendait.
Le samedi, tout était prêt. Je montai le lit sur le bâti que j'avais fait fabriquer, il était à quatre-vingts centimètres de hauteur, parfaitement stable : impeccable.
Pendant tout ce temps, le soir, je reprenais mes recherches sur le Net, plus je visionnais de vidéos, plus mon fantasme m'envahissait, au point de devenir une véritable obsession.
Nous étions presque à la mi-juin, je décidai de programmer l'événement au plus près du solstice... beau symbole !
Ce bukkake aurait donc lieu dans la nuit du samedi vingt juin. Dix jours... !
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