Chloe, à Paris et avant - 1/3

- Par l'auteur HDS Misa -
Récit érotique écrit par Misa [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Récit libertin : Chloe, à Paris et avant - 1/3 Histoire érotique Publiée sur HDS le 09-09-2014 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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Chloe, à Paris et avant - 1/3
1ère partie

J’ai fêté mes vingt trois ans le mois dernier. Toute seule. Mon père m’a envoyé une carte de bon anniversaire. Je n’ai aucune illusion, c’est sa secrétaire qui l’a achetée et la mise dans son parapheur ; lui s’est contenté de signer. J’ai l’habitude.
Toute seule, parce que j’ai dû déménager. Fini Bergerac ! Me voilà parisienne !
Ne croyez surtout pas que ça me plaise. Je n’ai pas eu le choix !
Je n’ai connu mon affectation au Lycée Sainte-Marie que fin août : alors vous imaginez ! Trouver un appart, le meubler un minimum, préparer des cours pour des sections que je n’avais jamais eues avant, tout ça laisse peu de temps : ma vie sociale était un néant absolu !
Oh ! bien sûr, je croise mes nouveaux collègues … mais c’est justement le problème : je les croise ! Pas plus. L’ambiance ici est très différente de celle que je connaissais à Bergerac. Plus froide.

Je ne pense pas que les profs d’ici soient au courant des motifs de ma mutation. Le proviseur si ! Bien sûr ! Sa secrétaire aussi. J’espère qu’ils sont restés discrets, quoi que ! Finalement, je m’en fiche un peu … elle, me regarde d’un air curieux, étonnée ; lui, dès le premier jour, m’a fait un sermon : grosso-modo, ça voulait dire « pas de ça chez nous, ma petite ! ».
J’ai bien dit « mutation » ! Si j’avais eu le choix, je serais restée à Bergerac un an ou deux ! C’est petit, très provincial, mais j’y ai toujours vécu et finalement je ne m’y trouvais pas si mal.

Je m’appelle Chloe. sans rien sur le « e », j’y tiens. J’ai 23 ans. Prof de maths. Depuis un an. C’est jeune, je sais, j’ai sauté quelques étapes ; j’ai toujours eu deux ans d’avance à l’école.
Que vous dire d’autre ? A quoi je ressemble ? Pas facile de se décrire soi-même … Brune, cheveux mi-longs, aux épaules, qui bouclent un peu naturellement. Je les attache souvent, comme aujourd’hui avec une pince, d’autre fois un chouchou. Je suis … 1m68 et 52 kg … Voilà … Encore ? Bon ! je m’habille en 38 et 90D. Je préfèrerais largement avoir une poitrine moins généreuse ! Bon … c’est vrai que ça favorise les rencontres ! J’ai les yeux verts, un peu de doré autour. Pour ceux qui connaissent, on m’a dit que j’étais la version en brune d’Elsa Sylberstein … le nez, sans doute … et un de mes copains m’appelait « sa princesse du désert », pour ma peau dorée de soleil, peut-être.

Donc Bergerac … Je vous l’ai dit, je m’y trouvais bien, mais un peu à l’étroit malgré tout. J’ai des goûts qui compliquent un peu la vie : me promener au bras d’un garçon, ça va, personne n’y faisait attention ! mais voilà, de temps en temps c’était une fille qui me donnait le bras … et à Bergerac, se promener au bras d’une fille, passe encore, mais échanger des baisers, c’est plus compliqué ! Il faut se cacher ; moi je ne sais pas très bien faire. Pas envie.
C’est à cause de ça que je suis à Paris.

En sortant de fac, après mon master, j’ai été embauchée par le diocèse, dans l’école privée où j’avais été pensionnaire de la 6ème à la terminale. Une des profs de gym du lycée était bien jolie, et … on a oublié d’être assez discrètes. Elle, ils l’ont carrément licenciée ; pour moi, une mutation, à Paris.

Je me souviens très bien du petit sourire entendu du directeur au premier trimestre en me conseillant la discrétion, quand il m’avait croisé en ville au bras de l’un des deux CPE du lycée, un joli garçon, pas compliqué, qui avait surtout le mérite d’être là et d’aimer mes seins ; ça, mon directeur, ça ne l’avait pas gêné.
Je me souviens aussi de son air pincé, très différent, en fin d’année : il m’avait convoquée pour me signifier ma mutation quand il a su pour Lydie et moi. On aurait dit qu’il était en train de manger un truc dégueulasse en m’expliquant qu’il était « inconcevable de donner un tel exemple de dépravation à nos chères petites… mais que par égard pour mon père, un homme si respectable … » ! Tu parles ! Mon père siège au conseil d’administration et fait partie des plus « généreux donateurs » : d’où les égards !
Bon, on n’aurait peut-être pas dû fricoter dans la salle de musculation, d’accord, mais je ne savais pas non plus que les personnels de service intervenaient si tard le soir et que la dame qui nous avaient surprises en pleine action s’empresserait d’aller en informer : ses collègues, son chef de service, les secrétaires et le directeur ! En plus, elle en a rajouté. Comment elle a dit déjà ? Ah oui ! elle a dit à tout le monde qu’on était en train de nous « manger le ventre l’une à l’autre ! » … ouh ! les vilaines ! C’était même pas vrai ! Lydie, c’est avec ses doigts qu’elle … bon, vous avez compris !
Je reconnais que c’était pas très intelligent de notre part ! Et surtout très bête de nous faire surprendre …
Quant à nos chères petites … J’ai passé sept ans, dans ce pensionnat, alors je sais tout de ce qu’il s’y passe : c’est là que j’ai découvert mon penchant pour les filles !
Mais ça, notre cher directeur fait semblant de ne pas savoir, du moment que les parents paient !

Le pensionnat … j’ai grandi vite !
J’étais plus jeune que les filles de ma classe, deux ans d’avance, alors côté sexe, je n’étais pas vraiment en phase avec elles; mais je ne vais pas vous raconter d’histoires, je ne me suis jamais forcée pour suivre le mouvement ! Au contraire, le fait de vivre en permanence avec des filles plus âgées m’a permis de brûler les étapes.
Quand des filles de mon âge étaient toutes fières de leurs premières règles et en étaient à échanger leurs premiers baisers avec des garçons boutonneux en train de muer, moi je séchais les cours avec mes copines de classe pour rejoindre leurs copains encore plus âgés qu’elles.
A treize ans, en 3ème , j’avais autant de poitrine que mes amies de quinze ans et j’étais très fière de la toison de brune qui couvrait mon ventre.
J’accompagnais le plus souvent Romane, qui m’invitait le soir à la rejoindre dans son lit à l’internat pour me chuchoter ses secrets. Grâce à elle, je savais déjà comment donner du plaisir à un garçon avant même d’en avoir seulement embrassé un seul. C’est aussi dans son lit que j’ai eu mon premier orgasme, en me caressant d’une main, l’autre posée sur la sienne pendant qu’elle aussi se caressait.

Romane, c’était un peu mon professeur de sexe …
Un mercredi après-midi, après un match de rugby où je l’avais accompagnée, je me suis retrouvée derrière une haie de cyprès en bordure du stade avec elle et deux garçons.
Ils nous embrassaient et ils avaient les mains baladeuses. Romane m’encourageait du regard en me faisant de petits signes. Je l’ai imitée quand elle a ouvert la braguette du garçon qui fouillait son chemisier et j’ai tenu un garçon dans ma main pour la première fois. Elle m’avait montré le geste et le garçon n’a pas pu deviner qu’il était le premier, d’autant que je n’ai pas hésité une seconde à le prendre dans ma bouche quand il m’a attirée vers lui d’une main dans mon cou.
Il avait dû le raconter à ses copains, parce que je suis vite devenue très populaire ! Romane ne m’a prévenue que plus tard que ce genre de caresse, peu de filles l’accordaient.
Je me souviens qu’on passait très vite des bras de l’un aux bras d’un autre, je me souviens aussi de concours avec Romane à celle qui ferait jouir le flirt du moment le plus vite !
Qu’eux ne m’aient jamais donné de plaisir n’était pas si important, je me rattrapais le soir dans son lit. Je me souviens aussi que les garçons faisaient des paris sur celui qui me ferait l’amour le premier : parce que je ne couchais pas !

La première fois que j’ai fait l’amour, j’étais en première ; c’était à la fin de l’année, je n’avais même pas 15 ans.
J’avais accompagné une copine au cinéma, puis chez elle après le film. Elle était dans sa chambre avec son petit copain et moi avec son frère, dans la chambre d’à côté, à guetter par la fenêtre l’éventuel retour de ses parents pour les prévenir. Je ne sais plus très bien comment on s’est retrouvés en train de s’embrasser. Il avait mon âge. Il était tellement timide ! Pourquoi lui, et pourquoi ce jour-là ? Je crois que c’est justement parce qu’il était si timide … ça me rassurait !
Quand on s’embrassait, les garçons avec qui j’étais déjà sortie me pelotaient les seins et glissaient très vite une main sous mes jupes. Lui se contentait de m’embrasser, de me regarder avec ses yeux mouillés. … Je me rendais bien compte que son pantalon commençait à se déformer et qu’il respirait plus vite, alors contrairement à ce qui se passait avec les autres garçons, j’ai pris l’initiative : c’est le premier pour qui je me suis mise toute nue, et quand j’ai ouvert son pantalon, il avait déjà sali son slip qui s’auréolait d’une grosse tâche mouillée. C’est peut-être pour ça que c’était bien après, parce qu’il avait déjà joui et qu’il me laissait faire.
J’étais allongée sur lui quand sa sœur est entrée dans la chambre. C’est finalement elle qui nous a prévenus que ses parents rentraient.
Et bien sûr, elle n’a pu s’empêcher de raconter à une des ses amies … en quelques jours, tout le monde était au courant : je couchais !
Curieusement, le fait d’avoir fait l’amour avec un garçon me valait aussi un certain succès auprès des filles au dortoir ! Je faisais partie du club ! On se retrouvait pour « discuter » ; c’était un truc cool qu’on faisait entre filles, un truc sans importance, dont on rigolait, en échangeant nos petits secrets de filles ; on se frottait un peu les unes aux autres, « pour rire » ; on parlait de nos flirts, ce qu’ils faisaient et comment, ce qu’on faisait et comment ; on se frôlait sous les draps ; on se serrait pour échanger nos petits secrets de plus près, et parfois les explications s’échangeaient sans paroles. Nos secrets n’étaient bien souvent que prétextes. C’est en pension que j’ai pris goût aux filles. Pour la plupart, ce n’était qu’un jeu, pour moi un peu plus.

A la fac, à Bordeaux, ça s’est compliqué avec les filles parce que c’était rarement celles qui me plaisaient qui s’intéressaient à moi !
Peut-être parce que j’avais l’air fragile ? Je ne sais pas : j’attirais « les catcheuses » ! Les tatouées sur leurs gros bras ! Et moi, ces filles-là : pas vraiment. Enfin si … mais pas souvent.
Ce n’est pas qu’une histoire de peau ou de sexe, c’est surtout que je ne les comprends pas ! La différence entre elles et les hommes n’est pas si grande, sauf qu’elles, celles que j’ai rencontrées en tout cas, elles rêvaient d’avoir entre les jambes ce qu’ils ont eux ! Les mêmes, la frustration en plus ! Je trouve ça triste !
Moi je suis bien dans ma peau, j’ai jamais regretté d’être fille, ni eu honte de me glisser dans le lit d’une fille !
Et donc à la fac, un garçon de temps en temps … une fille de temps en temps … une fois, même, un garçon partagé avec une copine ! Rien qui durait bien longtemps, sans doute de ma faute, d’ailleurs.

Mes goûts éclectiques, j’étais en terminale quand j’en ai parlé à mon père, parce qu’il s’étonnait que j’aie invité une fille à la maison et qu’on partage la même chambre. C’est une des rares fois je crois où il m’a prise dans ses bras. Il rigolait en haussant les épaules et on n’en a plus vraiment reparlé : que je ramène un garçon ou une fille le week-end, ça ne lui faisait ni chaud ni froid et ne suscitait aucun commentaire de sa part.

Sauf une fois ! Je vous raconte cette fois-là ! Moi ça me fait rire. Enfin … maintenant, j’en ris ! Quand c’est arrivé, j’ai pas trouvé ça drôle du tout !
Avec les mecs, c’est clair, pas d’embrouille, très facile de savoir si je leur plais ! Avec les filles, c’est plus subtil, et il m’est arrivé de penser qu’il y avait un truc dans l’air … de le croire, et de me ridiculiser ! Cette fois-là surtout ! La honte de ma vie !
C’était à une soirée organisée par mon père. Il avait invité des clients : repas, hôtel, la totale ! Je devais avoir dix-sept ans, à la fin de ma première année de fac. Pendant le repas, j’étais à côté d’une jeune femme seule que je n’avais jamais vue avant. On discutait, elle posait la main sur mon bras, tripotait mes cheveux ; si vous saviez comme j’aime ça ! A un passage aux toilettes pendant le repas, elle avait arrangé ma robe sur mes hanches, elle la lissait de ses mains, et elle avait posé un petit baiser sur mon épaule.
Vous auriez pensé quoi, vous ? Moi, en tout cas, j’y croyais bien ! Elle était mignonne en plus, et plus âgée que moi, la trentaine : j’étais flattée. Je me voyais déjà dans ses bras !
A la fin du repas, chacun regagnait sa chambre. Comme elle ne disait rien, je lui ai demandé si elle voulait m’accompagner ; elle a pris mon bras, elle avait l’air ravie de me suivre jusqu’à ma chambre.
J’étais tellement sûre de moi que je l’ai laissée seule un moment et que je suis allée dans la salle de bains où j’ai enfilé une petite nuisette avant de la rejoindre. Elle était de dos devant la fenêtre. Je l’ai prise par la taille et je l’ai embrassée dans le cou.
Elle s’est retournée, s’est écartée de moi, elle souriait en me tenant les mains. J’ai enlevé ma nuisette ! Elle a porté la main à sa bouche en reculant vers la porte, elle ouvrait de grands yeux, bredouillait en partant vers la porte, elle riait sous sa main.
Elle faisait « non » de la tête en s’éloignant de moi, elle disait « pardon, pardon », et elle riait. Elle a disparu dans le couloir en fermant la porte derrière elle. Je me souviens que sur le moment, j’étais partagée entre surprise, honte et colère.
Banal ? attendez, ce n’est pas fini ! le pire, c’est après ! le lendemain matin ! Quand je suis descendue rejoindre mon père au petit déjeuner, elle était là, elle me souriait. Mon père, lui, riait carrément. Il a dit : « Je ne t’ai pas présenté ma nouvelle secrétaire ! Laetitia, tu connais ma fille depuis hier, je crois ? »
Il trouvait la situation très drôle. Moi beaucoup moins ! Je savais très bien et depuis longtemps ce que voulait dire « secrétaire » pour lui ! Il allait falloir que je croise cette Laetitia pendant quelques mois à la maison …
Il a attendu qu’on soit seuls et m’a dit « Tu vas quand même pas me piquer mes maîtresses, c’est pas très loyal ! ».

Pour finir avec cette histoire, un jour, c’est elle qui m’a rejointe dans ma chambre. Elle est restée au pied de mon lit un long moment avant de venir se coucher à côté de moi. Une seule fois … dommage ! C’était une belle nuit.
Je ne sais pas si c’était une première pour elle, mais ça y ressemblait beaucoup. Elle avait des timidités délicieuses. Il faut dire que je ne l’ai pas beaucoup aidée au début, petite vengeance un peu bête au souvenir de ce que j’avais ressenti lors de notre première rencontre.
Elle s’était couchée sur le dos, la tête sur l’oreiller tournée vers moi ; elle ne bougeait pas, ne disait rien. Juste son regard et son air inquiet. J’attendais sans rien faire. C’était pas trop gentil, mais j’avais encore en tête la honte de notre première rencontre. Je sentais sa hanche contre la mienne. Je jubilais. La belle Laetitia dans mon lit ! C’est qu’elle était belle, Laetitia ! Mon père a toujours eu bon goût pour ses « secrétaires ». Une chute de reins fantastique, et des seins ! J’aurais préféré avoir des seins comme les siens ! Moi je suis plutôt mince mais j’ai des seins trop lourds. Quand j’aurais son âge … enfin pour le moment, ils ne se tiennent pas si mal et ils plaisent plutôt ! Quand je mets un joli décolleté, tout le monde ne me regarde pas dans les yeux …
Comme je vous ai dit, je crois bien que c’était la première fois pour elle. Elle était d’une douceur … ses baisers, sa peau, ses caresses … une douceur !
Elle attendait, n’osait aucun geste. Elle avait eu le courage, et l’envie, de venir jusqu’à ma chambre et de se glisser dans mon lit après avoir enlevé son peignoir en éponge en me tournant le dos. Peut-être qu’elle serait restée comme ça, immobile, les mains croisées sur son ventre et serait repartie dans la nuit si je n’avais pas bougé. Mais j’étais trop heureuse de l’avoir là tout contre moi pour résister bien longtemps. Je l’ai prise dans mes bras. Elle tremblait. Et j’ai cru deviner que c’était une petite larme qu’elle a effacée très vite d’un doigt au coin de ses yeux avant d’elle aussi refermer ses bras sur moi. Elle m’a rendu mon baiser, m’a caressée tout doucement, mais seulement après que je l’aie caressée moi ; elle attendait toujours un geste de moi pour l’imiter, restait un peu empruntée, un peu maladroite aussi.
La merveilleuse surprise, c’est qu’elle m’a réveillée dans la nuit : elle avait repoussé les draps à nos pieds et agenouillée près de moi, elle déposait de petits baisers sur mon ventre. C’est la chatouille de ses cheveux qui m’avait réveillée. Elle a osé la seule caresse à laquelle elle avait renoncé avant de s’endormir dans mes bras.
J’aurais aimé la garder dans mon lit le matin mais elle s’est échappée très vite sans rien me dire.
Pendant les quelques mois qu’elle avait passés chez nous, elle n’avait rien montré. On se voyait tous les week-ends, pourtant, se montrait tantôt maternelle et tantôt grande sœur, discrète. Elle croisait mes petits-amis, mes petites-amies, et ne faisait aucun commentaire, comme mon père, rougissait même un peu quand je la provoquais gentiment.
Elle était déjà partie quand je me suis levée. Elle n’était venue me retrouver que parce qu’elle quittait la maison, que c’était terminé avec mon père. C’était une fidèle !
Il aurait dû la garder, celle-là ! La nuit avait été belle, mais je l’aurais sans réserve échangée contre le fait qu’elle reste chez nous … pour elle, pour moi et pour mon père. Mais c’est plus fort que lui ! Il aime le changement.
On n’en a jamais vraiment parlé, il n’a jamais voulu, mais ma mère nous a quittés quand j’avais trois ans. Depuis, je n’ai jamais vu une « secrétaire » passer plus de six mois chez nous.

Bon ! Je me suis laissée aller à vous parler de Laetitia…Vous savez que faire des gaffes, je suis apte ! Parfois je me trompe ! Bien sûr, j’envoie quelques signaux si une fille ou un type me plaît vraiment, mais je ne dois pas être très claire, ou je ne sais pas décoder les signaux en retour … je me lance et je prends des baffes, parfois !

Et puis Lucie … En commençant mon histoire, c’est surtout de Lucie que je voulais vous parler, parce que Lucie, c’est mon présent, et je n’ai parlé que de moi et du passé.
Lucie …
Je vous ai dit au début que je n’avais pas de vie sociale … C’est fini. Maintenant il y a Lucie.
C’était dans un bus, je partais au Lycée.
Avec Lucie, je n’ai pas osé, souvenirs d’erreurs. Elle si …

… La première chose que j’ai vu d’elle, ce sont ces cheveux. Bruns. Plus que ça, noirs. Noirs brillants. De grandes boucles brunes qui balayaient son pull de laine anthracite et laissaient entrevoir le col blanc relevé d’un chemisier. Souples. Naturels.
Elle baissait la tête sur ses mains. Elle lisait, peut-être. Ou réfléchissait. Je guettais son reflet dans la vitre du bus, revenais à ses cheveux. Une envie déraisonnable de les toucher, d’en prendre un mèche, de l’enrouler sur mon doigt. Je rêvais d’une poussière, d’une paillette dorée, d’un confetti, d’une plume ou d’un fin duvet blanc. Je rêvais d’une excuse pour les toucher … elle se retournerait, les sourcils levés d’une interrogation muette, sourirait ? Je lui montrerais la plume sur mon doigt, j’arrangerais la mèche dérangée …
Mon arrêt viendrait bientôt. J’allais la perdre. Sans voir son visage. Sans la connaître. J’allais la perdre, et toujours ce picotement au bout de mes doigts, cette envie !
D’où vient que j’aime autant toucher les cheveux ? Les enrouler autour de mon index, les lisser d’enroulements successifs, les caresser de mon pouce, les sentir bouger sous mon doigt, doucement crisser, les enrouler encore, faire glisser l’enroulement, une seule mèche, éliminer lentement les cheveux qui m’échappent et les enrouler encore, longtemps, en éprouver la souplesse, la douceur soyeuse quasi hypnotique, du plat d’un doigt …
Je rêvais éveillée, debout sur la plateforme au milieu du bus.

Elle s’est levée, a gagné la porte à l’avant en se faufilant entre les passagers debout dans l’allée. Pantalon épais, blanc cassé, jolie silhouette, élégante, un éclat brillant à sa main sur la barre chromée, des doigts fins.
Je suis descendue aussi, trop tôt pour mon arrêt. La chanson de Bruel dans ma tête … « … elle part à gauche je la suivrai, elle part à droite … attendez-moi ! Attendez –moi ».
Je l’ai suivie.

Elle est entrée dans une pharmacie. A travers la vitrine, je la guettais des yeux ; elle se retournait, se penchait sur un rayonnage. Visage sérieux, les traits fins, le teint doré.
Je savais. Je savais qu’elle serait belle.
Ses yeux, je voulais voir ses yeux …
Je suis entrée dans la pharmacie. Une lotion pour le visage ? De l’aspirine ? Peu importait, attendre, juste attendre, croiser son regard.
Elle est partie vers une caisse libre, a posé un emballage sur le comptoir ; elle montrait son poignet. La vendeuse s’est éloignée, elle s’est retournée.
Face-à-face.
Clairs, lumineux, dorés, un cercle plus sombre autour. Pas de maquillage. Si, ses lèvres, brillantes … elle riait. Parce que j’étais en travers de son chemin ? Parce que je la dévisageais ? Je devais avoir l’air idiote ! Elle m’a parlé, je n’ai pas compris. Figée !
Elle a posé sa main sur mon bras, m’a contournée. Je me suis retournée pour la suivre des yeux, et une vendeuse m’a appelée.
J’ai tendu à l’employée qui m’attendait derrière un deuxième comptoir la boîte que j’avais prise au hasard sur un rayon , j’ai payé et pris le petit sachet que la vendeuse me tendait, sans y faire attention.
Elle, était devant une caisse, fouillait son sac pour régler ses achats.
J’ai ouvert le sachet pour regarder ce que j’avais acheté en me dirigeant vers la sortie, et je me suis arrêtée, un peu interloquée.

Mon souvenir s’arrête là. Après je ne sais plus très bien. Quelques flashes, mais rien de précis, c’est elle qui m’a raconté.
Un trou noir …
— Votre chat est malade ? Le mien aussi se grattait les oreilles ! C’est pas très facile à appliquer !
— Je n’ai pas de chat !
Elle était étonnée ; je la dévisageais encore. Elle m’a pris par le bras :
— Sortons, on bloque la porte …
Sur le trottoir, elle riait de mon absence de réaction, s’inquiétait un peu :
— Ce n’est pas ce que vous vouliez ?
— Je voulais juste vous voir …

Je lui ai dit : ‘’je voulais juste vous voir’’. Elle aurait pu me prendre pour une malade, une demeurée, une fille un peu dérangée …
Elle m’a dit que je tenais des propos décousus, que je la dévisageais, que j’avais un tel air égaré, là, au milieu du trottoir, que je ressemblais à son petit chat quand il avait peur, que pas une seconde elle n’avait pensé à m’abandonner, parce que …parce qu’elle me trouvait jolie, voilà ! ne riez pas ! et qu’elle non plus elle ne voulait pas me perdre.
Je ne me souviens pas comment je me suis retrouvée en face d’elle à la terrasse d’un café, à l’écouter me raconter sa chute dans l’escalier en partant de chez elle, son poignet douloureux. Je buvais un coca, elle tenait d’un doigt l’extrémité de la bande sur son poignet et attendait que je la fixe du bout de sparadrap collé sur le dos de ma main.
Je venais de perdre dix minutes de ma vie. Dix minutes de trou noir. Elle m’a dit que c’est moi qui lui avais massé le poignet douloureux et qui avais ensuite enroulé la bande sur son poignet ! Je ne m’en souviens pas du tout !

Elle m’a raconté ces dix minutes, une semaine plus tard en entourant sur son doigt une mèche de mes cheveux … pendant que j’essayais d’enrouler sur mon doigt une mèche trop courte, brune et brillante, aussi douce que ses cheveux qui m’avaient irrésistiblement attirés vers elle.
C’était la seconde fois qu’on se voyait, un vendredi après-midi.

Ce dont je me souviens, c’est qu’en sortant du café, elle avait passé sa main sous mon bras, qu’elle s’est arrêtée devant le « Salon de beauté » où j’avais acheté un vernis à ongles quelques jours plus tôt. Sur la grande vitrine en lettres blanches étaient écrits « Epilation, Soins du corps, Onglerie, UV ».
— Moi je suis arrivée. Je travaille ici. Ton Lycée est tout près. Promets-moi de venir me voir.
J’ai haussé les épaules, l’esprit encore perturbé.
— Allez, promets !
Elle me tenait toujours le bras, a posé une bise sur ma joue, une autre encore avant de me laisser partir, une petite lumière dans ses yeux ? Mais je m’étais si souvent trompée !

Plusieurs matins je suis descendue du bus un arrêt plus tôt que nécessaire, je regardais à travers la vitrine et je poursuivais mon chemin, incapable de franchir la porte du Salon. Très souvent je pensais à elle et à notre rencontre, à elle debout sur le trottoir qui me guettait et souriait quand je m’étais retournée avant de traverser la rue en la quittant.

Je n’ai eu le courage d’entrer que le vendredi de la semaine suivante après mes cours.
Je me disais … elle m’aura oubliée, elle ne me reconnaitra même pas.
Elle discutait avec une cliente et l’a abandonnée très vite quand je suis arrivée :
— Je t’attendais !
— Ah … j’avais pas prévu de m’arrêter …
— Je t’attendais quand même !
Elle me tenait les mains et souriait, elle s’est penchée vers moi et m’a embrassée sur la joue en restant un long moment sa joue contre la mienne en serrant mes mains avant de s’écarter, a ri de voir mes joues toutes rouges pendant que je regardais autour de moi pour voir si quelqu’un faisait attention à nous :
— Tu as encore des cours, aujourd’hui ?
— Non … je rentrais chez moi …
— Pas question que tu t’échappes ! Je te garde ! Viens !
Elle a échangé quelques mots avec une vendeuse et m’a prise par la main pour m’entraîner vers l’escalier au fond de la boutique.

Et elle m’a raccompagnée chez moi…

… elle me tenait le bras dans la rue et dans le bus, croisait ses doigts aux miens dans l’ascenseur.
Elle a enlevé son manteau quand j’enlevais le mien et s’est déchaussée comme moi. Elle riait, la tête penchée sur son épaule et sourcils levés :
— Tu continues ?
Elle riait en se mordant la lèvre, les doigts sur les boutons de son gilet de laine.
Ma veste de tailleur et son gilet.
— Encore ?
Elle tapait du bout d’un doigt le bouton de son chemisier entre ses seins en mordant son rire à pleines dents.
Son chemisier et le mien. Elle attendait en riant
Ma jupe et son pantalon. Elle riait encore quand j’ai enlevé mon collant.
Moi aussi je riais, en culotte et soutif au milieu du salon, une fille aussi peu habillée que moi à deux mètres devant moi dont je ne connaissais même pas le prénom. Elle était sublime dans ses petits dessous blancs, presque intimidante, fine liane à la peau dorée.
C’est elle qui a petits pas s’est approchée de moi et a pris mes mains, ses petits seins contre les miens qu’elle jouait à bousculer et chatouiller de ses dentelles. Je vous ai dit ses cheveux et ses yeux. Elle a un grand sourire souvent qui étire ses lèvres brunes et soulève ses pommettes, les traits fins hérités d’une mère vietnamienne comme sans doute le soyeux de ses cheveux si noirs.

Encore ? Que je vous en dise plus ? Pour ça il faudrait que vous dise après, quand j’ai jeté ses dentelles et les miennes au pied du lit … non mais ! Espèces de voyeurs !

Bon, d’accord ! Mais une autre fois … je vous ai retenus assez longtemps aujourd’hui !

Et puis vous savez pas ? Vous vous mettez un CD d’Adèle, vous cherchez « Someone like you » …
Lucie, elle est belle comme ça … et c’était beau comme ça …

« « Je vous dirai la suite … la prochaine fois !
Souvenez-vous, tout au début : 1ère partie … c’est donc qu’il y en a une seconde ! » »

Misa – 08/2014

Les avis des lecteurs

Histoire Erotique
très beau début qui me donne très envie de lire très rapidement la suite.... merci pour ce récit

Histoire Erotique
Misa, votre façon de décrire les sentiments, les ressentis est incroyable. Quel naturel, quelle fluidité pour créer l'érotisation de l'atmosphère! On en ressort captivé, ému.
Chloe nous devient tout de suite familière voire intime.
J'ai hâte de trouver la suite
Merci
Bizber

Histoire Erotique
oui : très beau , très romantique ,très bien écrit : un doux moment de bonheur
Merci

Je ne sais que dire lorsque je lis Misa. C'est trop beau ! Les sentiments de Chloe sont délicatement exprimés et je relis le texte pour la énième fois sans pouvoir m'en détacher...

Histoire Coquine Jpj
J'aime ces histoires de filles
Je crois
Mais ne dites pas
Que je suis, un peu, de la partie
Jpj

J'avais lu le récit en avant première j'ai pris autant de plaisir à le relire

Quel beau début ! Toujours les mots qui plaisent, qui attendrissent, qui donnent envie d’aimer … de vivre l’histoire … qui font rêver … déjà conquise et impatiente de lire la continuation … Pour moi, de vrais instants de bonheur ! Merci Misa. Bises.



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