De masques et de sang - Chapitre 1 et 2
Récit érotique écrit par HPLovecrave [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 05-10-2019 dans la catégorie A dormir debout
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De masques et de sang - Chapitre 1 et 2
Chapitre 1-----------Douleur... Tout son corps n'était que douleur, comme une vaste brulure, comme si tout ses os avaient été brisés et sa tête enserrée dans un étau lui déformant le crâne.
La jolie brune toussa, l'air expulsé par ses poumons lui brulant la trachée, s'étouffant presque avec le nuage de poussière qui l'entourait. Elle porta une main à ses tempes, les trouvant poisseuses de sang et s’efforça faiblement de se redresser.
Sa vision était trouble, elle peinait à distinguer quoique ce soit, l'obscurité achevant d'avoir raison du peu de clarté que lui imposait son état.
Elle s'était miraculeusement retrouvée éjectée de la voiture, elle n'aurait su dire quand, tout était flou, mais la forme métallique vaguement jaunâtre un peu plus loin, dégageant d'importantes volutes de fumée, lui rafraichit quelque peu la mémoire. Ils étaient tombés du pont. Non, ils avaient été poussés, et la voiture s'était écrasée plus bas. Une chute statistiquement mortelle dont le choc lui faisait encore vrombir les tympans.
“ Marissa... ” Des larmes lui montant aux yeux, elle essaya vainement de ramper en direction du véhicule. Elle laissa échapper un cri de douleur et porta la main à sa cuisse, une sensation atroce de douleur lui envahissant la jambe. Sa cheville formait un angle bizarre, probablement brisée. Son jeans était déchiré tout le long du mollet et couvert de sang. Chaque seconde qui s'écoulait depuis qu'elle avait repris connaissance semblait lui faire prendre conscience d'une nouvelle douleur.
Elle pris une grande inspiration, ce qui provoqua un sursaut de souffrance, comme si l'air qu'elle inspirait était brulant et laissa échapper un gémissement.
Remontant son pull, ses doigts parcoururent la peau nue de ses côtes, descendant vers ses hanches, et s'arrêtèrent sur un objet métallique qui lui perforait le côté. La blessure saignait abondamment et sans connaissances particulières en médecine, elle sut que son temps était compté. Le soutien gorge qu'elle portait sous son pull lui semblait soudainement trop serré, chaque nouvelle respiration était plus douloureuse que la précédente.
Elle commençait à perdre espoir, consciente qu'ils étaient au milieu de nulle part, en plein milieu de la nuit et que le temps qu'on la trouve...
Evie eut un sursaut d'adrénaline en entendant tousser, faiblement. Puisant dans l'énergie du désespoir, elle parvint à se redresser, gémissant alors qu'elle tentait de prendre appui sur sa cheville blessée.
Il lui fallut un certain temps mais elle parvint à tituber jusqu'au véhicule qui fumait toujours. Une odeur de fioul lui piqua le nez et les yeux alors qu'elle n'en était plus qu'à quelques mètres. Le réservoir avait surement été endommagé. C'était un miracle que la décapotable n'ait pas pris feu ou pire.
Son cœur se serra dans sa poitrine quand elle fut suffisamment proche de la voiture pour distinguer la chevelure blonde répandue sur le sol, Marissa couchée face contre terre dans une mare de sang, la moitié inférieure de son corps encore sous la voiture, probablement broyée. Son amie tremblait fébrilement et tourna la tête vers Evie, les yeux vitreux, l'air terrifié.
“ Evie... J'ai... Je sens plus... J'ai froid... ”La jolie brune en piteux état sentit ses yeux se remplirent de larmes et son cœur s'accélérer. Déambulant maladroitement sur sa cheville qui lui faisait souffrir le martyr, se sentant de plus en plus faible, elle s'approcha un peu plus de ce qui restait de son amie.
“ Ca... Ca va aller... Mari... ” Elle força un sourire qui ne pouvait être convaincant, elle doutait elle même de sa propre survit, sa vie s'écoulant le long de son côté à flot régulier. Mais Marissa était déjà morte, rien ni personne ne pouvait plus rien pour elle et en observant le regard de son amie, elle sut qu'elle en avait conscience également.
Une ombre qui semblait tomber du ciel attira vivement son attention et elle aperçut une vive lueur en haut du pont, là où la rambarde s'était arrachée pour les précipiter vers la mort.
Elle voulut froncer les yeux, chercher aux alentours ce qu'elle avait pu voir chuter, mais elle n'eut que le temps de sentir quelque chose dans son dos quand une main ferme se plaqua contre sa bouche, un bras lui enserrant la taille en dessous de la poitrine.
Evie tenta en vain de se débattre mais elle était rapidement trainée vers l'arrière, sa cheville lancinante raclant sur la terre aride. Elle essaya de frapper son agresseur mais elle était à bout physiquement et l'homme derrière elle semblait plutôt athlétique.
Un frisson remonta le long de sa colonne quand elle sentit son souffle chaud sur sa nuque.
“ Arrête, ce n'est que moi, regarde ! ”Evie sursauta en reconnaissant la voix de Jason qui acheva de la trainer derrière un rocher plutôt imposant. Elle lui jeta un regard méfiant, l'examinant du regard alors qu'elle plaquait sa main contre son côté, prenant appui sur le rocher. Il était couvert de poussière et de sang, quelques coupures et éraflures couvraient ses bras et son visage mais il ne semblait pas avoir de blessures graves, ce qui s'apparentait à un miracle compte tenu de ce qu'ils venaient de subir.
“ Tu... (Evie le détailla quelques instants, avant de se sentir soudainement extrêmement las.) Marissa elle... ”Jason la coupa, visiblement préoccupé et lui fit signe de se faire discrète avant de pointer la voiture. Evie s'interrompit, stupéfaite en voyant l'imposante forme sombre qui se penchait au dessus de Marissa. L'homme, si il en était un, portait un imposant pare dessus noir qui encadrait sa silhouette grande et élancée. A vue de nez elle lui aurait donné un bon deux mètres de hauteur. De ce qu'elle pouvait voir, son crane était lisse, elle ne put détailler son visage mais ses oreilles semblaient étranges. Anormalement longues, peut être même pointues.
Un effroyable sentiment acheva de la submerger, elle aurait voulu se jeter au secours de son ami, mais son esprit, plus que son corps endommagé, lui fit faux bond, la pétrifiant sur place. Son regard suivi les longs doigts effilés de l'homme qui s'achevaient par des ongles semblables à des griffes. Il se pencha au dessus d'une Marissa au bord de l'inconscience, et de la pointe des ongles, il lui entailla le front, gravant un symbole en forme d’œil dans sa chair.
L'air étrangement glacial crépitait, et la silhouette en manteau noir se redressa, psalmodiant dans une langue que les oreilles d'Evie ne parvenaient à appréhender. Le symbole sur le front de Marissa s'illumina d'un feu ardent et la jeune femme qu'on aurait pu croire morte quelques instants plus tôt hurla d'agonie, d'un cri contenant tant de souffrance qu'il ne pouvait être qu'une supplique à la mort d'en finir au plus vite, l'avant de son corps se redressant brusquement dans un craquement sinistre.
L'homme émit un grognement guttural et déjà la jeune femme blonde s'effondrait au sol, le symbole disparaissant, son corps s'affaissant, sans vie.
Evie, en état de choc, observa l'homme qui se retournait lentement vers elle, le visage horriblement déformé, de longues canines descendant sur sa lèvre inférieure, ses yeux jaunâtres luisant de haine. Son esprit refusait de croire à ce qu'elle voyait tandis qu'il semblait flotter vers elle à une vitesse surhumaine, ses yeux lui jouant des tours et laissant apparaitre une trainée floue derrière cette créature inhumaine.
Elle jeta un regard désespéré vers Jason pour le voir s'enfuir à toute jambe, un mélange de panique et de colère la submergeant. Le temps qu'elle se retourne vers l'homme en noir au visage déformé, celui ci était face à elle. Sa colonne vertébrale se glaça d'effroi, ses cheveux se dressant sur sa tête quand elle put voir de si prêt le visage aux traits grossiers, mélange de gangrène et de tuméfaction. Ses petits yeux luisait étrangement et lui inspirèrent une crainte bien pire que tout ce qu'elle pouvait imaginer. Ses dents, aussi difformes que le reste de son corps, semblaient pratiquement pourries, leur teinte jaunâtre venant illustrer l'haleine fétide qu'il lui soufflait au visage. Elle n'osait plus respirer devant cette créature qui la toisait, la humait presque. Elle n'était plus capable de réagir quand les doigts crochus griffèrent sa chair et se refermèrent autour de sa gorge. Suffoquant, elle ferma les yeux, songeant que c'était fini, rien ne pourrait plus la sauver. Son corps s'affaissa et des larmes commencèrent à rouler le long de ses joues. Evie gémit de douleur tandis qu'elle sentait l'ongle crasseux particulièrement affuté commençait à graver la chair de son front, lui offrant le même sort que son amie blonde.
Elle pouvait sentir le sang qui continuait de couler le long de son côté. Elle tenta de se convaincre que la mort qui l'attendait serait plus douce que celle à laquelle sa plaie la destinait.
Elle ne pouvait se tromper d'avantage et le réalisa quand la créature commença à incanter, le symbole graver sur son front se mettant à bruler comme si on venait d'appliquer un tisonnier sur sa chair. Elle hurla de douleur, tout son corps secoué par de violents spasmes, n'engendrant que d'avantage de douleur sur un corps déjà retranché dans ses limites. La sensation de brulure se répandit dans tout son crane, semblable à du magma s'y déversant, plus rien d'autre n'existait que cette souffrance inimaginable. Elle en vint à implorer la mort tandis qu'une force obscure semblait souiller ses pensées, se repaitre de son âme.
La douleur s’éteint, aussi soudainement qu'elle était arrivée, et elle s'effondra sur le sol, incrédule. L'effort de volonté qui lui fut nécessaire pour se redresser et toiser son agresseur fut récompenser par le spectacle qui l'attendait.
La créature semblait stupéfaite et la toisait avec un mélange de surprise et de crainte. Elle ne put pleinement comprendre ce qu'il marmonnait, mais un mot sembla revenir.
“ Golconde... ”
L'espace d'un instant elle se demanda ce qui était entrain de se passer. Elle fixa un instant la créature qui la surplombait, tremblante, quand une voix rauque attira son attention et lui fit tourner la tête.
“ Finissons en... ” L'homme qui s'approchait, plus petit, mais bien plus trapu, émit un grognement à l'attention de l'homme au faciès déformé. Il portait un costume trois pièces, probablement couteux, mais le bas de son pantalon avait été déchiré, révélant des mollets épais et des pieds qu'elle n'aurait pu qualifier autrement que comme bestiaux. Particulièrement poilu, l'homme possédait des ongles bien plus semblables à des griffes, et une épaisse chevelure hirsute, encadrant un visage carré et sombre. Du sang frais couvrait son menton et son bouc. Il jeta un regard haineux à Evie avant de lui adresser un sourire carnassier, révélant des canines particulièrement longues et une série de dents blanches acérées.
Son agresseur précédent s'interposa d'un mouvement incroyablement rapide et fixa le nouvel arrivant. Il ne semblait avoir aucun doute quant à sa capacité à stopper l'homme sauvage qui approchait, quand bien même paraissait il squelettique face à lui.
“ Le prince trouvera celle ci intéressante. ”Le sauvage renifla en lui jetant un regard dédaigneux et cracha sur le côté.
“ Je me suis occupé du fuyard. ”Le déformé pencha la tête de côté en jaugeant son camarade avec un air inquisiteur.
“ D'autres témoins... ? ”Evie se tordit de douleur sur le sol, crachant du sang, tandis que ses blessures se rappelaient à l'ordre. Le sauvage s'approcha d'elle et renifla à nouveau.
“ Ça pue la mort. Tiendra pas. ”Le déformé, impassible, posa un genou à terre pour l'examiner.
“ Elle vivra. Nettoie, nous partons. ”Le sauvage cracha plusieurs injures et se dirigea vers ce qui restait de la décapotable. Evie tourna de l’œil en tentant de le suivre du regard et gémit tandis que le déformé lui attrapait le menton et la forçait à tourner son visage vers lui. La jolie brune se sentait mourir, incapable d'esquisser encore le moindre mouvement. Elle le regarda avec stupeur mordre la peau flétrie de son propre poignet, un filet de sang noirâtre, comme bouillonnant s'en écoulant. Elle tenta faiblement de détourner la tête tandis qu'il approchait la plaie sanguinolente des lèvres de la jeune femme. Il la maintint plus fermement, pressant sur sa mâchoire tel un étau pour lui ouvrir la bouche. Evie sentit son estomac se révulser à la vue du sang noir suintant, mais quand les premières gouttes vinrent heurter sa langue, toute la douleur s'envola. Sa langue en picotait de plaisir, ses papilles en voulait plus, tout son corps se tendit dans un ultime effort pour attraper ce poignet offert et boire le délicieux nectar qui s'en écoulait. Elle n'avait jamais rien gouté de tel, c'était indescriptible. Une sensation de douce chaleur envahit tout son corps, partant de ses lèvres, traversant sa gorge, son torse et suivant le tracé de son abdomen jusqu'à ses chairs le plus intimes.
Elle gémissait désormais de plaisir, rien n'existait plus à part les flots de bonheur qui s'écoulait dans sa gorge et qu'elle avalait à grandes goulées. Elle laissa échapper un râle de frustration quand le déformé retira son poignet brusquement, l'observant. D'abord groggy, sentant chaque fibre de tissu ou de terre sur son corps extrêmement sensible, elle frissonna de désir, posant ses yeux noisettes sur le visage qui lui paraissait si repoussant quelques secondes plus tôt. C'est la douleur qui revint d'abord et elle laissa échapper un gémissement, portant sa main à son côté instinctivement. La lucidité suivit de prêt et elle sentit une vague de honte et de dégout la submerger tandis qu'elle réalisait ce qui venait de se passer.
Le déformé inclina la tête lentement, la détaillant de bas en haut.
La dernière chose qu'elle vit fut le poing massif qui s'abattit sur le crane, la plongeant dans l'inconscience.
Chapitre 2-----------Evie laissa échapper un soupir de satisfaction, s'étirant. Elle se sentait particulièrement bien, comme une de ces matinées sans obligations où elle pouvait dormir de tout son saoul sans avoir à se soucier de son réveil. Elle en était presque à fantasmer les rayons du soleil au travers du fin rideau de la fenêtre de sa chambre, se répandant sur ses draps et son corps en la berçant d'un douce chaleur.
Elle remua légèrement ; son lit semblait plus dur qu'à l'accoutumée, presque inconfortable. Et qu'en était il de ce "ploc" entêtant qui résonnait en rythme à ses oreilles, avait elle mal fermé le robinet de la cuisine ?
Elle passa ses doigts dans ses cheveux bouclés de la couleur du corbeau et grimaça légèrement, les trouvant gras et emmêlés. Son autre main voulut palper les draps mais elle rencontra une surface froide et dure. Agitant le coude elle sentit le frottement de son pull sur sa peau. Prenant une grande inspiration elle se redressa, ouvrant les yeux et commença à examiner les environs. Il lui fallut quelques secondes pour s'acclimater à l'obscurité.
Elle glapit de surprise, découvrant les murs de pierres couverts de poussière et de toiles d'araignées. La voute, au dessus de sa tête, et le sol de terre battue ne lui laissèrent aucun doute. Elle était dans une cave. Quelques étagères recouvertes de bouteilles de vin la réconfortèrent dans cette idée. Les installations électriques étaient rudimentaires, quelques câbles parcourant le plafond pour se raccorder à des ampoules balottantes au plafond qui avaient été privées d'abat jour. Baissant les yeux, elle sentit sa gorge se serrer en voyant son pantalon déchiré en de multiples endroits, laissant apparaitre des pans de peau immaculée qui contrastaient avec le tissu gorgé de sang séché. Secouée par un tremblement, Evie se sentit soudainement paniquée, se remémorant les évènements de la veille.
#Ce n'était pas un cauchemar...# songea t'elle. Elle était désormais assise sur une table métallique, de celle qu'aurait pu utiliser un vétérinaire pour ses opérations.
La jolie brune apeurée voulut se redresser vivement, bien décidée à tout faire pour quitter cet endroit lugubre, mais un cliquetis métallique la retint, prenant conscience de la chaine qui enserrait sa cheville droite. Un cadenas maintenait le tout en place et maintenant qu'elle y prêtait un peu plus attention, son geôlier n'y avait pas été de main morte, ça laisserait surement une sacré marque.
Elle fronça les sourcils à cette idée et souleva son pull, ses doigts suivant le tracé fin de ses abdominaux, de ses côtes jusqu'à la naissance de sa hanche, caressant une peau nue immaculée. Sa blessure avait complètement disparu.
“ Imposs... ”
Sa respiration se figea quand ses yeux se posèrent sur les formes de l'autre côté de la cave sombre. Les deux hommes qui l'avait attaquée plus tôt étaient étendus sur des tables similaires, un peu plus loin. La terreur qui l'envahit se mua rapidement en inquiétude. Aucun d'entre eux ne semblait respirer. Leurs torses ne bougeaient pas, et ils avaient l'air particulièrement pâles.
Evie songea qu'ils étaient peut être morts et une nouvelle vague d'inquiétude la submergea. Elle tira sur la chaine à sa cheville, dans un sens, dans l'autre, jouant avec sa résistance, essayant de s'en dégager, en vain.
Prenant une grande inspiration, s'asseyant au bord de la table de métal, elle pris le temps d'examiner un peu mieux le cadenas. Il n'était pas de première qualité, mais suffisant pour la priver de sa liberté. Un frisson lui parcourant l'échine, elle jeta un regard apeuré vers les deux corps inertes avant de souffler doucement.
Laissant retomber la chaîne, elle prit sa tête entre ses mains, ébouriffant ses cheveux et laissa échapper un soupir, tentant d'évacuer un peu son angoisse.
La jolie brune, se mordant les lèvres, prit un peu plus de temps pour s'examiner.
Elle était pieds nus, son jeans gris, bien que troué en de nombreux endroits était encore décent, bien que les nombreuses tâches de sang et de saletés interloqueraient quiconque la verrait dans cet état. Son pull avait subi le même traitement mais au moins la préservait il toujours du froid. Un rapide examen lui confirma que ses poches étaient complètement vides. Plus de clés, plus de téléphone ou de portefeuille. #Ca aurait été trop simple... #Son regard se posant à nouveau sur le cadenas, elle haussa un sourcil, pensive. Un vieux tour qu'elle avait vu à la fac lui revenait en mémoire. Si seulement elle n'avait pas lissé ses cheveux ce matin là, elle aurait eu une épingle... #A moins que... #
Mal à l'aise, elle jeta un nouveau regard inquisiteur à ses deux ravisseurs décédés, s'assurant qu'ils n'avaient pas bougé, puis elle glissa une main sous son pull, dans son dos, et détacha son soutien gorge, le faisant glisser par l'encolure.
Evie sentit le rouge lui monter aux joues alors que la laine du pull frotter sur ses seins désormais nus. La sensation de bien être qu'elle ressentait plus tôt exacerber chacun de ses sens. Elle se surprenait d'ailleurs à être capable de voir aussi clairement dans une cave dénuée de lumière, mais à cet instant présent, le contact de la laine sur la chair tendre de ses mamelons lui procurait une autre sorte de bien être qui la déstabiliser fortement. Elle mordilla nerveusement sa lèvre, jetant un regard au corps du "déformé". Elle repensa aux goulées de sang qu'elle avait absorbé la veille et serra instinctivement les cuisses, envahie par des bouffées de chaleur et une soudaine envie de se jeter sur le cadavre à la peau abimée et au protubérances étranges.
Elle dut se gifler et fermer les yeux pour retrouver un peu de lucidité.
#Qu'est ce qui m'arrive... ? #
Respirant lentement, elle rouvrit les yeux, focalisant son attention sur la pièce de lingerie dans ses mains. Laissant ses doigts courir sur la dentelle, elle s'arrêta sur le repli de tissu qui protégeait l'armature métallique. Quelques instants lui suffirent pour l'extraire de la gaine de tissu hors de prix.
Evie souffla lentement, conserver sa concentration lui demandait un effort particulièrement intense. Elle tordit plusieurs fois la tige métallique, dans un sens, puis dans l'autre, jusqu'à ce qu'elle se brise en deux, non sans jeter des coups d’œils angoissés aux alentours. La peur et le stress commençait à contrebalancer l'excitation qui avait menacé de la submerger, et c'est à l'affut qu'elle s'attaqua au cadenas.
Elle pesta durant plusieurs longues minutes, essayant de faire tourner le cylindre du cadenas en jouant avec l'une des tiges métalliques tandis qu'elle en raclait l'intérieur avec l'autre, espérant que les pistons se positionneraient correctement à l'usure. Quand la jolie brune entendit enfin le cliquetis métallique du cadenas qui s'ouvrait, elle en fut presque incrédule et du revérifier l'espace d'une fraction de secondes. Elle se dépêcha d'en ôter les chaines, se libérant et se rua vers le corridor qu'elle avait identifié comme étant la sortie de la cave, une vague d'euphorie la submergeant.
Son cœur battit à tout rompre quand elle tomba nez à nez avec la porte massive en métal qui devait lui permettre de sortir de là. Une poutrelle en acier, similaire à quelques autres qu'elle avait aperçu dans la cave, avait été positionné en appui contre la porte, empêchant toute ouverture de l'extérieur. Elle sentit sa nuque se raidir. De la façon dont la poutre était positionnée, en partie enfoncée dans la terre battue formant le sol, elle avait forcément était mise en place de l'intérieur, et jamais un homme seul n'aurait pu soulever pareil matériau, encore moins le mettre en place comme ça avait été fait. Evie sentit ses jambes flageller et faillit tomber à genoux, sentant tout ses espoirs s'évaporer. Son esprit tournait à plein rendement, tentant de trouver une explication rationnelle. Peut être y avait il un autre passage qu'elle n'avait pas vu ? Ça donnerait du sens au fait qu'elle se soit retrouvée là, avec les cadavres de ses deux kidnappeurs. L'angoisse la saisit de nouveau aux implications que cela avait, elle n'était probablement pas seule.
Incertaine, stressée et méfiante, elle passa une bonne heure à examiner la cave de fond en comble sans trouver la moindre trace d'un autre passage. S'asseyant sur la table métallique où elle avait été attachée un peu plus tôt, elle ramena ses genoux contre elle et y posa son menton, épuisée nerveusement. Tandis qu'elle frottait ses pieds nus, salis par la terre battue, son regard vagabonda vers les deux corps étendus non loin, son cœur battant plus vite.
Une pensée absurde lui traversa l'esprit, qu'elle s'efforça de chasser aussitôt. Prenant une lente inspiration, elle se leva et s’avança vers le premier des deux corps, celui du sauvage, sur la pointe des pieds. Inconsciemment elle retenait sa respiration, détaillant le corps massif aux pieds et aux avants bras particulièrement velues. La peau pratiquement bleue de son corps laissait peu de doute sur l'absence totale de circulation sanguine. Elle laissa courir le bout de ses doigts sur l'intérieur de l'avant bras exposé et frissonna. La peau était glacée mais elle ne put réprimer le frisson qui remonta du bout de ses doigts jusqu'à son épaule, comme si la froideur du corps était contagieuse. Ses yeux glissèrent un instant sur le torse imposant, descendant le long de la taille qui proportionnellement semblait fine, jusqu'aux cuisses énormes moulées par le pantalon de costume. Elle mordilla sa lèvre inférieure en s’apercevant que les jambes du sauvage n'étaient pas la seule chose qui étaient à l'étroit dans le pantalon.
Sentant ses jambes flageller, elle porta inconsciemment la main à sa poitrine, une vague de chaleur parcourant son corps. # Non, non, non... Pourquoi... #Se giflant pour retrouver ses esprits, elle s'éloigna rapidement du sauvage pour aller examiner le second corps.
Elle était dans l'obscurité, pourtant, en apercevant de plus près le visage du déformé, elle eut un hoquet de peur et fit un pas en arrière. Sa vision était bien plus net que la nuit précédente, chacun des petits détails du visage difforme lui sautait aux yeux. Le visage émacié semblait comme avoir été grignoté par endroit. Ses oreilles étaient anormalement longues mais tout aussi déformées, évoquant vaguement un croisement entre des ailes de chauve souris et des oreilles d'un de ces petits chiens hideux qui faisait la fierté des femmes célèbres. Ses pommettes exagérément saillantes contrastées avec son nez crochu et son menton pointu. Ses canines jaunâtres et pourries, d'une longueur surhumaine, dépassait de ses lèvres craquelées. Son crâne lisse était boursouflé en divers endroits. Elle le caressa du bout des doigts, une fine décharge électrique parcourant tout son corps tandis qu'elle suivait les excroissances osseuses au travers de la peau couvertes de plaques. Il était encore plus hideux que dans ses souvenirs et pourtant une force invisible lui rendait extrêmement difficile la tâche de briser le contact.
Elle se lécha le bout des lèvres sans y prêter attention, son regard courant vers les longues mains terminées par des ongles épais et cornés, comme taillés en pointe, semblable à des griffes. La vue du poignet lui rappela instantanément le doux nectar dont elle s'était abreuvée la veille et une puissante envie de mordre dans la chair atrophiée l'envahit. Ses inhibitions eurent raison de son égarement et elle se força à regarder ailleurs.
Elle sursauta en croyant percevoir un mouvement, subtil, presque inexistant. Peut être étaient ils encore envie, peut être se tromper t'elle. Prise de panique, Evie jeta un nouveau coup d’œil effrayé aux alentours. Son regard se posa sur les bouteilles de vin exposées un peu partout.
Evie pourrait en prendre une, la briser et se servir du tesson pour les égorger, pour être sure que... La tête lui tourna et son cœur se serra. L'idée de blesser l'être déformé dont elle avait bu le sang lui semblait viscéralement inenvisageable. Son esprit divaguait, en état de choc, tentant d'intégrer cette pulsion qu'elle ne s'expliquait pas.
Prenant son courage à deux mains, luttant contre ce que lui dictait tout son être, elle s'empara d'une des bouteilles, la plus proche, et la cassa sur le bord d'une des tables métalliques, s'aspergeant de vin probablement couteux au passage.
Tel un automate s'efforçant de ne pas se laisser distraire par la voix dans sa tête lui hurlant d'arrêter, elle s’avança vers le corps sans vie du déformé, son arme improvisée en main, sentant un souffle glacial courir de la naissance de ses fesses jusqu'au bas de sa nuque. Elle raffermit sa prise sur le morceau de verre tranchant et pris une profonde inspiration, puis, visant la gorge, elle arma son bras se préparant à frapper, se focalisant sur le souvenir de Marissa.
Sa respiration se coupait, ses bras tremblaient et elle pouvait sentir ses jambes faiblir. Elle abattit le tesson de vert qui s'enfonça dans la chair flétrit dans un bruit mat. Evie s'attendait à voir une gerbe de sang s'écouler mais il n'en fut rien. Un vague filet de sang noirâtre couvrit la plaie tandis qu'elle retirait le morceau de verre. Stupéfaite de prime abord, elle loucha longuement sur la plaie qui l'attirait irrésistiblement. Confuse, elle poussa un cri de surprise, rapidement mué en cri d'horreur tandis que la main griffu du déformé se refermait sur sa gorge. Il se redressa, tel un automate et ouvrit ses yeux jaunes remplis de haine, la fixant silencieusement. Agrippant le poignet de la créature à deux mains, elle tenta de frapper l'avant bras émacié et déformé, espérant le faire lâcher, mais le bras demeurait absolument immobile.
Tandis qu'Evie s'étranglait pour essayer de respirer, griffant et frappant sans relâche le bras du déformé, ce dernier l'observait maintenant avec une forme de curiosité. Pliant le poignet sans défaire son emprise, il l'examinait de part et d'autre. Evie devenait rouge et suffoquait, sa vision se brouillant tandis que l'air commençait à lui manquer. Son regard croisa une dernière fois celui du déformé avant que les ténèbres n'aient raison d'elle.
La jolie brune émergea péniblement d'inconscience, entendant vaguement des voix qui semblaient lointaines. Inquiète à l'idée d'attirer l'attention sur elle, elle bougea légèrement les doigts. Elle était étendue sur le ventre, sur ce qui semblait être du tissu assez rugueux. Un canapé, un banc, une table, elle ne savait pas trop de prime abord. Elle avait froid, son pull était légèrement relevée et elle pouvait sentir l'air glacé le long de ses lombaires. Ses pieds nus lui semblait glacés et chacun des trous dans ses vêtements lui engendrait de nouveaux frissons.
Entrouvrant très légèrement les yeux, elle s'aperçut qu'elle était dans une pièce qui semblait d'un autre temps. Les murs étaient de pierre, comme un de ces châteaux médiévaux qu'on pouvait voir dans les séries télé. Des toiles décrivant des scènes de batailles ou de violence couvraient les murs et le mobilier alentour était fait de bois massif. Seuls quelques bougies venaient éclairer le tout, créant une ambiance tamisée. Les tapis anciens sur le sol, les multiples coussins répandus à travers la pièce et les quelques coupes déposées aux coins des petites tables rondes donnaient une impression qu'elle aurait presque pu qualifier de chaleureuse. Son impression générale était achevée par les multiples dorures présentes, de l'or sans doute, et un nombre important de livres semblant d'un autre temps. Peu importe qui possédait ce salon il devait être particulièrement fortuné.
Evie reporta son attention sur les voix, tendant l'oreille tout en respirant le plus faiblement possible pour dissimuler son réveil. Elle distingua vaguement une silhouette masculine plutôt trapue, l'absence de chaussures lui laissant à penser qu'il s'agissait du sauvage, et une forme plus féminine. Du peu qu'elle voyait, paupières mi closes, la jeune femme était élancée, encore plus pâle que le sauvage et couverte de tatouages qui évoquaient des formes géométriques. Elle portait une toge en guise de vêtements, les deux pans de tissus donnant une vue imprenable sur son décolleté, se croisant sous son nombril. Ses longues jambes effilées étaient nues et se terminaient par des sandales à talon. Ses cheveux d'un noir sombre étaient ondulés et évoqués une de ses coiffures particulièrement en vogue dans les années soixante.
“ Elle a l'air appétissante... ” Elle avait un ton joueur et Evie pouvait deviner son sourire sans avoir besoin de distinguer son visage. Elle frissonna, et entendit la voix familière du sauvage en retour.
“ On ne touche pas. ” Le sauvage grogna, probablement à l'intention de son interlocutrice qui pouffa de rire. Ses mains délicates aux ongles soignés glissèrent sur les avants bras poilus tandis qu'elle minaudait sensuellement.
“ Allons Mordecai, que t'est il arrivé ? (Elle gloussa, lui jetant pourtant un regard froid.) Toi qui aimais tant t'amuser et te jouer des règles. ”Le fameux Mordecai grogna à nouveau, mais de frustration cette fois.
“ Zachariah pense qu'elle est importante. ”La femme pâle eut un mouvement de recul, prenant un air choqué et porta sa main à sa bouche.
“ Ho... Et depuis quand l'opinion d'un rat d’égout compte ? Ne me dit pas que tu t'es entiché de cet... Individu. ”Mordecai serra les poings, visiblement furieux. La femme continuait de le provoquer, simulant les ingénues, mais un observateur attentif noterait rapidement que sa gestuelle était plus proche du serpent prêt à mordre.
Le sauvage sembla se détendre d'un coup et grogna quelques mots avant de s'éloigner.
“ Prépare la. C'est tout ce qu'on te demande. (Il marqua une pause, humant l'air.) Elle est réveillée. ”Evie se redressa et s'assit sur ce qui semblait être un banc de bois couvert d'étoffes. Son estomac était noué et elle du se concentrer sur sa respiration pour réduire les tremblements qui l'agitait. La jeune femme peu vêtue vint rapidement à sa rencontre. Elle se déplaçait gracieusement, comme un chat ayant repéré une souris. Evie déglutit se recroquevillant un peu plus sur le banc.
La femme tatouée s'arrêta à quelques centimètres d'elle, s'accroupissant pour se mettre à son niveau et lui adressa un sourire se voulant rassurant. La jolie brune, frigorifiée et se sentant soudainement vulnérable la fixa, incertaine et laissa échapper un hoquet tandis que le sourire de la femme s'élargissait, révélant des crocs acérés en guise de canines. Les yeux noirs qui la détaillait scrupuleusement brillaient d'une étrange lueur. A mesure que les yeux de la femme descendait le long de sa gorge et examinait attentivement son corps, elle se sentait de plus en plus mal à l'aise. Finalement, la femme tatouée reporta son attention sur le visage d'Evie. Ses doigts se glissèrent dans les cheveux de la jolie brune et repiquèrent une mèche rebelle derrière son oreille. Elle bougeait vite, incroyablement vite.
Elle gloussa sans quitter Evie des yeux.
“ Et bien et bien et bien... Quel dommage que nous n'ayons pas le temps de jouer un peu... (Elle eut un rictus inquiétant rapidement remplacer par un fin sourire.) Allons te préparer, tu ne peux pas rencontrer le prince comme ça... ”Evie frissonna, gardant ses jambes serrées contre elle et, déglutissant péniblement, osa questionner : “ Le prince... ? ”“ Ho... Le petit oiseau parle... (Elle gloussa à nouveau.) Le prince de cette ville mon enfant... Celui qui va décider ce qu'il va advenir de toi... ” Elle se pencha un peu plus sur Evie et effleura sa gorge du bout des doigts, penchant sa tête de côté pour en humer la peau, fermant les yeux. Elle entrouvrit la bouche, soufflant doucement tandis qu'Evie n'osait plus respirer, sentant le souffle étrangement froid sur sa peau, terrorisée. La femme pâle aux tatouages géométriques sembla sortir de sa transe, quelque peu confuse et gloussa, remontant son visage à quelques centimètre de celui de la jolie brune, comme pour l'embrasser.
Elle claqua brusquement des mâchoires devant elle, mimant une morsure et pouffa de rire.
“ J'ai hâte de savoir quel sort il te réserve petit oiseau. (Elle se redressa vivement comme si de rien n'était.) Il est temps qu'on s'occupe de tout ça. (Elle désigna vaguement les vêtements en piteux état d'Evie.) Ne mettons pas le prince de mauvaise humeur... ”
A corps défendant, Evie suivit la femme tatouée au travers un dédale de couloir de pierre, éclairé faiblement par quelques torches. Elle se sentait aussi résignée qu'un animal qu'on conduirait à l'abattoir. La femme n'avait pas l'air particulièrement musclée, mais la jolie brune savait qu'elle n'aurait pas la moindre chance si elle tentait de fuir. Elles arrivèrent devant une lourde porte de bois à l'aspect aussi médiéval que le reste. Evie fut surprise lorsqu'elle pénétrèrent dans ce qui s'avérait être une chambre luxueuse et indubitablement moderne. Le sol et les murs étaient composés d'un mélange de marbres de diverses teintes allant du blanc au gris foncé. Des néons d'un bleu intense éclairait l'ensemble de la chambre. Au milieu de la pièce, un lit imposant surplombait l'ensemble, des draps de soie blanc couvert de coussins noirs contrastant avec les teintes bleues noires du reste de la pièce. De nombreux miroirs cerclés d'un métal brillant qu'elle identifia comme de l'argent couvraient les murs. Face à l'entrée, de l'autre côté de la pièce, une douche italienne occupait le coin de la chambre. Evie aurait été admirative des dimensions de la pièce, de la décoration et de l'aspect général si elle l'avait visité dans des circonstances différentes. Son regard passait d'une bibliothèque couverte de chaussures probablement hors de prix, à des bibelots couverts de pierres précieuses, des lampes évoquant des corps nus entrelacés et des meubles qui devaient contenir plus de vêtements qu'elle n'en avait porté au cours de sa vie.
La femme la poussa doucement mais fermement en avant, refermant la porte derrière elle avec un sourire étrange.
Evie déglutit, jouant nerveusement avec ses mains, ne sachant ou poser son regard.
La tatouée peu vêtue ne quittait plus son sourire, ses yeux rivés sur le corps d'Evie. Elle pointa négligemment la douche.
“ Lave toi petit oiseau, je vais te trouver la plus belle des parures, que tu puisses chanter. ”Evie jeta un oeil à la douche, puis reporta son attention sur la femme tatouée, particulièrement nerveuse. Cette dernière la fixait comme un affamé aurait fixé un steak.
“ Si tu ne te déshabille pas seule, je m'en chargerais. ” Evie deglutit, fuyant le regard de la femme pâle.
“ Est ce que vous pouvez... Vous retourner ... ? ”Evie percut un mouvement du coin de l'oeil et le temps qu'elle réalise que la femme n'était plus devant elle, elle sentit son souffle froid sur sa nuque.
Deux mains glaciales se glissèrent sous son pull et empoignèrent sa taille, la plaquant violemment contre elle. Evie frémit, son corps tremblant tandis que la pointe de la langue de la tatouée tracait une ligne du bas de son cou à l'arrière de son oreille. Les mains froides glissèrent le long de son abdomen, caressant sa peau avant de venir empoigner fermement ses seins nus. La sensation, bien que douloureuse, declencha un choc électrique dans tout le corps d'Evie qui sentait déjà une douce chaleur baigner son bas ventre. La tatouée souffla à son oreille, se pressant exagérément contre sa proie.
“ J'ai interdiction de te toucher mais j'ai une horde de servants qui apprécieront un peu de distraction. Ne joues pas avec ma patience petit oiseau. ” Elle ponctua sa phrase en serrant plus fermement la poitrine d'Evie, lui arrachant un hoquet de douleur.
Aussi vite qu'elle s'était glissée derrière elle, la tatouée était de nouveau dans son champ de vision, lui jetant un regard insistant.
Fébrile, la jolie brune déboutonna son jeans en piteux état, les yeux rivés sur le sol. Elle n'était pas si pudique habituellement, mais la situation avait quelque chose d'irréel, d'angoissant... De terrifiant, comme si à l'instant même où elle allait révéler un peu plus de peau sa tortionnaire allait se jeter sur elle et la dévorer, littéralement. Elle n'était pas encore certaine que ca ne soit pas le cas. Son pantalon glissant le long de ses jambes élancées, elle s'empourpra. Sa culotte en dentelle lui semblait soudainement bien peu de choses et la fierté qu'elle avait habituellement en observant son fessier ferme et rebondi lui semblait soudainement très mal placé.
La tatouée se lécha les lèvres avant d'esquisser un sourire carnassier. Elle lui intima d'un geste de la tête de continuer.
La laine frottant sur la pointe de ses seins malmenés quelques secondes plus tôt renforca le sentiment d'humiliation qui la frappa tandis qu'elle s'extirpait de son pull. Elle songea un instant à dissimuler ses seins derrière son bras mais un simple regard vers la tatouée l'en dissuada. Les yeux de cette dernière n'en manquait pas une miette, examinant chaque centimètre de peau, appréciant la vue de l'abdomen finement ciselé, la taille fine et les petits seins bien ronds qui pointaient bien plus fièrement que leur propriétaire.
“ Un morceau de choix... Tu es à croquer petit oiseau... ” Elle ricanna ce qui arracha un nouveau frisson à Evie. Sentant que l'enthousiasme de la femme pâle augmentait grandement, elle se fit violence et fit glisser sa culotte le long de ses jambes, persuadée qu'elle lui aurait été enlevé dans les prochaines minutes donnant surement lieu à de nouvelles humiliations. Elle déglutit difficilement, les joues rouges, la peur au ventre et un sentiment d'excitation qu'aucune part raisonnable de sa psyché ne pouvait expliquer.
Se concentrant pour ne pas croiser le regard de la tatouée, elle put quand même la voir lui tourner autour, lentement, l'examinant en détail.
Elle sentit glisser le regard affamé vers son entrejambe, suivant le fin ticket de metro qu'elle conservait jusqu'à ses chairs les plus intimes.
La tatouée gloussa une nouvelle fois puis lui indiqua la douche avant d'agir comme si elle se désinteressait complètement d'elle.
Evie jeta un bref coup d'oeil à la femme qui avait entrepris de fouiller méthodiquement chacun des meubles rempli de vêtements. Elle n'était pas certaine qu'elle ne reviendrait pas à la charge aussitôt qu'elle aurait trouvé ce qu'elle cherchait, aussi ne tarda t'elle pas à se glisser sous la douche.
L'eau chaude cascadant sur son corps nu lui offrit un peu de réconfort, devenu Ô combien rare ces derniers jours. Tandis qu'elle frottait son corps avec un savon probablement hors de prix à en croire le récipient sophistiqué et l'odeur délicate qui s'en échappait, de nouvelles bouffées de chaleur la submergèrent. Ses mains devenant plus aventureuses, massant sa poitrine avec application, s'assagirent soudainement quand elle croisa le regard de la tatouée qui la fixait avec une envie carnassière. La jolie brune au corps athlétique qui luisait désormais des innombrables gouttes qui ne voulaient quitter son corps, en soulignant chaque relief, se hata de se rincer. C'est en gardant un oeil sur son hôtesse qu'elle s'empara d'une des serviettes en sortie de douche et s'enroula dedans bien trop lentement à son goût.
Alors qu'elle achevait de sécher ses cheveux, elle déglutit peniblement en découvrant la femme tatouée lui faisant face.
Quelques centimètres les séparait. Evie, que la peur n'avait pas complètement paralysée, en venait à se demander comment elle pouvait bouger aussi vite. La femme qui lui faisait face ne perdait rien de sa superbe pour quelqu'un qui se serait précipiter pour combler la distance les séparant. Chacun de ses gestes, la chute parfaite de sa toge sur son corps mis en valeur, la façon dont tombait ses cheveux... Elle avait suffisamment vu Marissa se prendre en photo pendant des heures pour avoir le parfait cliché pour son instagram qu'elle savait reconnaitre une pose maîtrisée. La femme qui lui faisait face était passée maitresse dans cet art. Evie aurait pu être admirative si elle ne se sentait pas aussi menacée.
L'étrange sourire de la femme l'arracha à ses pensées. Evie frissonna et se demanda un instant si la tatouée n'était pas capable d'entendre ses pensées. L'idée lui sembla ridicule mais elle déglutit de plus belle en voyant le sourire de sa tortionnaire s'élargir.
“ Nous jouerons petit oiseau... J'en suis certaine. (Elle gloussa avant d'adopter un air plus sérieux.) Personne ne veut que le prince s'impatiente, ne perdons pas de temps... ”Evie frissonna et hocha docilement la tête quand la tatouée lui désigna la pile de vêtements sur une des chaises attenantes au lit.
Evie marchait dans un long corridor froid, mal à l'aise, suivant céremonieusement la femme tatouée. Elle portait une robe fine à bretelles, tout en dentelle. La robe lui descendait un peu au dessus du genou, un peu trop habillée pour une nuisette, pas assez pour une robe qu'elle porterait habituellement en public.
Le dos de la robe était echancrée jusqu'au bas de son dos et laissait ses épaules et bras nus à l'exception des deux fines lanières blanches. L'absence de sous vêtements la faisait se sentir encore plus vulnérable et mal à l'aise mais elle avait vite compris que la tatouée n'était pas ouverte à la négociation.
Son esprit bouillonnait. La femme la conduisait au fameux prince. Elle se sentait comme un agneau sacrificiel et songea que c'était peut être le cas.
Alors qu'elles pénétraient dans une vaste salle, Evie fut presque rassurée d'apercevoir ses deux ravisseurs. Ils discutaient à voix basse à l'écart du reste des nombreux individus présents dans la pièce. On aurait pu croire un de ces galas de charité à en croire le nombre de personnes dans des costumes hors de prix et les jeunes femmes séduisantes dans des robes chics mais affriolantes. Seulement quelque chose sonnait faux. Evie pouvait le sentir tout au fond d'elle, à un niveau relevant de l'instinct primitif. Chacun des regards qui croisait le sien semblait fasciné par elle et l'observait avec convoitise. # Non... Pas convoitise... Appétit... # Elle frissonna et croisa les bras contre sa poitrine, se sentant extrêmement exposée.
Le déformé remarqua sa présence et la fixa quelques instants. Elle fut surprise de distinguer quelque chose de différent dans ses yeux jaunâtres. Une sorte de respect qu'elle n'aurait su expliquer.
Evie remarqua qu'elle etait figée sur place quand la tatouée lui attrapa la main et, lui adressant un sourire charmeur, l'entraina à sa suite vers la foule qui s'écartait pour les laisser passer. La jolie brune jeta un regard dubitatif à la femme pâle couverte de symboles foncés, abasourdie par la vitesse à laquelle celle ci avait changé de comportement une fois en société.
Tandis que la foule continuait de s'écarter, Evie put apercevoir l'autre extrémité de la salle imposante. Une estrade surplombait l'assemblée, couverte de parures précieuses et de mobilier d'un autre temps. Ses occupants n'en étaient pas moins atypiques, mais également particulièrement lugubres dans leur genre.
A l'extrémité gauche de l'estrade se tenait un homme massif à côté duquel Mordecai, celui qu'elle s'était plu à surnommer "le sauvage", faisait oeuvre de gentleman. Sa longue crinière était broussailleuse, son visage refermé et dur semblait pour le moins couvert de cicatrices, et de crasse. Quant au reste de son corps, il était hors norme. Un peloton de culturistes huilés aurait fait office d'adolescents malingres à ses côtés. Evie déglutit en songeant que ses mains étaient assez grandes pour qu'il puisse y prendre son crane tout entier. Il avait enfilé un costume mal taillé et couvert de boue par endroit mais cela semblait être un effort de poids pour lui.
Aprés lui, contrastant incroyablement, venait une femme particulièrement soignée. Ses longs cheveux blonds ondulaient le long de ses épaules. Ses yeux d'un bleu foncé intense semblaient froids et distants. Son maquillage, subtil et délicat avait l'air sorti d'un magazine de mode. Elle portait un corset de velours au dessus d'une chemise de flanelle mettant en valeur une poitrine généreuse. Le tout descendait jusqu'à un pantalon de cuir moulant des hanches fines et des jambes sveltes enfoncées dans des bottines de cuir fermées par un lacage doré. Une rapière pendait à son côté donnant à sa tenue un air presque officiel. Elle se mouvait avec une grace et une aisance infinie et il fallut quelques secondes à Evie pour en détacher son regard.
Au milieu de l'estrade siégeait un trone particulièrement ouvragé, probablement une pièce d'époque. Un homme plutôt grand l'occupait. Les cheveux applatit sur le crane, la quarantaine, athlétique, ses vêtements lui donnait l'allure d'un de ces requins de la finance des années 80. Il semblait apathique, à la limite de mourir d'ennui, sa tête en appui contre sa paume tandis qu'il echangeait quelques mots avec ses deux voisins de droite.
Les deux hommes en question, d'origine afro américaine étaient semblables en tout point. Des jumeaux à n'en pas douter. Vêtus de costume noir et de chemises bordeaux, ils semblaient également assez aisés. A vue de nez Evie leur aurait donné une quarantaine bien entamée mais ils restaient plutôt bien bâtis et portaient tout deux de nombreux bibelots en métaux précieux qui auraient moins détonné sur de jeunes rappeurs. Elle s'égara quelques instants en notant qu'ils bougeaient pratiquement simultanément comme si l'un était le reflet de l'autre. Evie aurait pu rester à les contempler si son attention n'avait pas été attirée par le dernier homme présent sur l'estrade, évité par ses congénères.
Evie du se retenir de pousser un cri d'horreur en posant son regard sur lui. Du costume de velours ocre, brodé d'or, dépassait sa peau grisâtre, percée en de nombreux endroit par des éclats osseux noirs, semblables à des épines. Des plaques de chitines couvraient son visage allongé, attirant d'avantage sa bouche dénuée de lèvres, révélant des gencives rougeâtres et plusieurs rangées d'une multitude de petits crocs acérés. Ses yeux gris et vides étaient difformes, de tailles différentes, l'un exagérément plus gros semblant sur le point d'éclater. Le sommet de son crane chitineux était entouré de ces épines noires, telle une couronne morbide. Evie faillit se réfugier contre la femme tatouée, la terreur faisant vibrer tout son corps et mettant son équilibre en péril.
La femme tatouée lâcha sa main, la brusquant quelque peu et l'invita à avancer sur l'estrade. Toutes les conversation cessèrent et les regards se braquèrent sur elle. La fine robe qu'elle portait la faisait se sentir nue et totalement démunie. Elle frissonna, tachant de garder ses cuisses nues l'une contre l'autre.
C'est en manquant de trébucher qu'elle arriva face au trône. Jouant nerveusement avec ses mains elle s'efforçait de ne croiser aucun regard ce qui s'avéra une tâche particulièrement ardue.
La femme tatouée alla prendre place aux côtés de l'homme sur le trône, balançant allègrement ses hanches tandis qu'elle se déplaçait, sa toge manquant à chaque instant d'en révéler un peu trop. L'homme se redressa brusquement, fixant ardemment la jolie brune avec un étrange intérêt. La tatouée sembla faire la moue, superbement ignorée par son auditoire.
Elle pouvait sentir le regard appuyé de l'homme au trône glisser sur son corps, de ses chevilles à son visage. A cet instant elle aurait pu porter les plus amples des vêtements rien n'aurait pu l'empêcher de se sentir nue.
Il se racla la gorge, comme pour attirer l'attention.
“ Qu'on m'amène les traqueurs. ”La foule sembla soudainement s'agiter comme si elle reprenait soudainement vie. Elle se scinda soudainement en deux, laissant passer le déformé et le sauvage dont le parcours était suivi de regards dédaigneux. Le déformé s’avançait la tête haute et fut rapidement à quelques pas d'Evie qui ne put s'empêcher de reculer de quelques pas. Le sauvage restait en retrait, sur ses gardes.
Le déformé s'inclina révérencieusement, patientant un instant que celui qui devait donc etre le prince ne lui fasse signe de se redresser.
“ Voici donc la créature que tu juges... Spéciale... Zachariah. ”Evie était perdue, elle ne concevait pas ce qui était entrain de se passer mais son instinct lui dictait que les enjeux étaient importants et la situation particulièrement grave. Le déformé semblait sur de lui toutefois et cela la réconforta quelque peu pour une raison qu'elle n'aurait su expliquer.
“ C'est exact. Elle est la clé de... ” Le prince se jeta en arrière dans son trône, en tapotant l'accoudoir avec agacement.
“ Du Golconde... C'est ce que tu prétends. ” Le déformé sembla quelque peu décontenancé mais se ressaisit aussi rapidement.
“ En effet. ” Des murmures, des rires nerveux et des gloussements parcoururent l'assemblée. Le prince laissa la clameur disparaitre avant de reporter son attention sur Evie.
“ Approche toi. ” Evie voulait s'enfuir, prendre ses jambes à son cou, échapper à toute cette folie mais quand la voix du prince résonna dans ses oreilles, ses jambes se mirent automatiquement en route. Dés qu'elle fut à sa portée il la saisit par la taille et la posa sur ses genoux comme si il s'était s'agit d'une enfant. Il posa une de ses mains plutôt imposante sur la cuisse nue de la jeune femme, remontant la robe à un niveau plutôt dangereux qui masquait encore son manque de sous vêtements de justesse. Son autre main se posa dans le dos de la jolie brune, caressant machinalement la peau exposée. Evie sentait son cœur battre la chamade mais son corps n'obéissait plus.
Le déformé sembla perdre un peu de son assurance tandis qu'il fixait Evie.
“ Elle me semble plutôt commune... ” Le prince glissa sa main dans les long cheveux corbeaux et les ramena derrière l'épaule de la jeune femme, exposant sa nuque. Il en huma la peau, ses doigts se resserrant plus fortement sur la cuisse à la peau douce et chaude. Evie gémit de douleur mais une fois encore le moindre mouvement lui semblait impossible.
“ Prince Ambrose. Je peux vous assurer de ce que j'ai vu. ” Zachariah fixait étrangement le visage du prince, comme prêt à bondir. Ce dernier n'était pas dupe et lui adressa un sourire provocateur.
“ Donc si je bois son sang, je pourrais... ”Evie sentit tout son corps se glacer. Des mots lui venaient à l'esprit et elle se refusait encore à croire un seul d'entre eux. Zachariah fit un pas en avant, les deux jumeaux toujours aux côtés du prince se tendant brusquement et faisant mine de s'interposer. Le prince leva la main comme pour les interrompre. Le déformé reprit de plus belle.
“ Dans ma vision, oui. Elle est... Unique... Et pourrait nous offrir le Golconde... Mais... ” Le prince inclina la tête de côté, relâchant un peu son emprise sur la cuisse de la jeune femme.
“ Mais ? ” Le déformé hocha la tête, probablement plus pour lui même que pour son interlocuteur.
“ Cela nécessitera un rituel que seuls quelques uns des nôtres sont en mesure d'accomplir... Nous devrions être prudents avant cela au risque de tout perdre. ” Le prince eut un sourire étrange.
“ Tu as une semaine. Après je la viderai personnellement. (Zachariah allait rétorquer mais il l’arrêta d'un geste de la main.) Elle a bu ton sang mais elle n'est pas liée ? ” Le déformé se renfrogna, ce qui donnait à son visage un air d'autant plus grotesque.
“ En effet... Je lui ai juste donné de quoi survivre... ”“ Fort bien... Mais tant que sa loyauté n'est pas certaine elle représente une menace... ”Il parcourut les autres membres de l'assemblée des yeux sous le regard décontenancé de Zachariah.
L'être chitineux couvert d'épines s’avança en claudiquant, ses yeux grossiers fixés sur Evie qui tremblait incontrôlablement. Il s'adressa au prince d'une voix sifflante.
“ Je pourrais.... La prendre.... Sous ma coupe... Si le rat dit vrai... Je pourrais... L'étudier.... La rendre plus... Utilisable... Peut être... ” Des regards choqués, voir dégoûtés parcoururent l'assemblée. Le prince, lui, opina, comme considérant sérieusement la suggestion.
“ La meute la protègera et la gardera éloignée de ses semblables, mieux que quiconque. ” Le colosse aux cheveux broussailleux et à l'allure bestiale s'était avancé brusquement. Le ton de sa voix grave laissait peu de place à la contestation.
Sous l'oeil amusé du prince, la blonde particulièrement soignée vint se dresser devant le géant sans la moindre hésitation.
“ Fusse t'elle le joyaux promis qui la laisserait dans la fange avec ces... Animaux... Et pourquoi pas avec les rats ? (Le colosse émit un grognement rauque qu'il maintena plusieurs secondes. Evie aurait pu jurer que ses phalanges se déformaient.) Elle serait bien plus à sa place avec moi. Quant au secret, une fois liée par le sang elle sera aussi docile que tout nos servants. ” Evie pouvait sentir l'enthousiasme morbide du prince qui la gardait fermement installé sur ses genoux, la main gauche puissante caressant sa cuisse nue bien trop vigoureusement à son goût. Ils se battaient pour savoir qui l'aurait tels des enfants se disputant la garde d'un animal. Elle était trop effrayée pour s'en indigner mais sentait que cela finirait mal pour elle quoiqu'il arrive.
“ Vous vous battez comme si vous veniez d'être étreints et pourtant aucun d'entre vous ne semble mesurer de quoi il est question. (Les deux jumeaux parlaient parfaitement à l'unisson, ce qui ne sembla impressionner qu'Evie.) Si le Golconde est, rien ne doit pouvoir le menacer, pas même lui même. La magie du sang est la seule chose assez puissante pour... ”La femme tatouée éclata de rire, coupant la parole aux deux hommes qui lui jetèrent un regard furieux. Battant des cils et tournoyant avec une grâce presque irrévérencieuse autour du trône, elle laissa courir ses doigts sur la cuisse d'Evie, sa main s'arrêtant sur celle du prince, déjà située bien trop haut au gout de la jolie brune.
“ Prince Ambrose... Mon prince (elle lui adressa un sourire étrange.) Votre puissance n'est plus à prouver... C'est ici qu'est sa place... Sous votre coupe... (Elle remonta sa main le long du bras du prince, ignorant superbement Evie.) Vous n'avez pas le temps pour ces futilités mais je la lierai pour vous et je la surveillerai de près... De très près... Si telle est votre volonté... ” Le prince les regarda tour à tour tandis qu'ils semblaient tous sur le point de s'étriper les uns les autres. Evie osait à peine respirer, sa cuisse la brûlant. Le prince était bien plus excité par la situation qu'il ne le montrait, tout du moins le pensa t'elle. Il la poussa nonchalamment, manquant de la faire tomber et se redressa vivement tandi qu'elle se reculait en hâte.
“ J'aurais pris ma décision dans 24 heures. (Il marqua une pause, se tournant vers Zachariah et Mordecai.) Elle sera sous la responsabilités des traqueurs en attendant. ”Le déformé posa une main sur l'épaule de la jolie brune, la faisant tourner pour l'emmener avec lui, traversant la foule. Perdue et confuse, elle y trouva presque du réconfort.
La jolie brune toussa, l'air expulsé par ses poumons lui brulant la trachée, s'étouffant presque avec le nuage de poussière qui l'entourait. Elle porta une main à ses tempes, les trouvant poisseuses de sang et s’efforça faiblement de se redresser.
Sa vision était trouble, elle peinait à distinguer quoique ce soit, l'obscurité achevant d'avoir raison du peu de clarté que lui imposait son état.
Elle s'était miraculeusement retrouvée éjectée de la voiture, elle n'aurait su dire quand, tout était flou, mais la forme métallique vaguement jaunâtre un peu plus loin, dégageant d'importantes volutes de fumée, lui rafraichit quelque peu la mémoire. Ils étaient tombés du pont. Non, ils avaient été poussés, et la voiture s'était écrasée plus bas. Une chute statistiquement mortelle dont le choc lui faisait encore vrombir les tympans.
“ Marissa... ” Des larmes lui montant aux yeux, elle essaya vainement de ramper en direction du véhicule. Elle laissa échapper un cri de douleur et porta la main à sa cuisse, une sensation atroce de douleur lui envahissant la jambe. Sa cheville formait un angle bizarre, probablement brisée. Son jeans était déchiré tout le long du mollet et couvert de sang. Chaque seconde qui s'écoulait depuis qu'elle avait repris connaissance semblait lui faire prendre conscience d'une nouvelle douleur.
Elle pris une grande inspiration, ce qui provoqua un sursaut de souffrance, comme si l'air qu'elle inspirait était brulant et laissa échapper un gémissement.
Remontant son pull, ses doigts parcoururent la peau nue de ses côtes, descendant vers ses hanches, et s'arrêtèrent sur un objet métallique qui lui perforait le côté. La blessure saignait abondamment et sans connaissances particulières en médecine, elle sut que son temps était compté. Le soutien gorge qu'elle portait sous son pull lui semblait soudainement trop serré, chaque nouvelle respiration était plus douloureuse que la précédente.
Elle commençait à perdre espoir, consciente qu'ils étaient au milieu de nulle part, en plein milieu de la nuit et que le temps qu'on la trouve...
Evie eut un sursaut d'adrénaline en entendant tousser, faiblement. Puisant dans l'énergie du désespoir, elle parvint à se redresser, gémissant alors qu'elle tentait de prendre appui sur sa cheville blessée.
Il lui fallut un certain temps mais elle parvint à tituber jusqu'au véhicule qui fumait toujours. Une odeur de fioul lui piqua le nez et les yeux alors qu'elle n'en était plus qu'à quelques mètres. Le réservoir avait surement été endommagé. C'était un miracle que la décapotable n'ait pas pris feu ou pire.
Son cœur se serra dans sa poitrine quand elle fut suffisamment proche de la voiture pour distinguer la chevelure blonde répandue sur le sol, Marissa couchée face contre terre dans une mare de sang, la moitié inférieure de son corps encore sous la voiture, probablement broyée. Son amie tremblait fébrilement et tourna la tête vers Evie, les yeux vitreux, l'air terrifié.
“ Evie... J'ai... Je sens plus... J'ai froid... ”La jolie brune en piteux état sentit ses yeux se remplirent de larmes et son cœur s'accélérer. Déambulant maladroitement sur sa cheville qui lui faisait souffrir le martyr, se sentant de plus en plus faible, elle s'approcha un peu plus de ce qui restait de son amie.
“ Ca... Ca va aller... Mari... ” Elle força un sourire qui ne pouvait être convaincant, elle doutait elle même de sa propre survit, sa vie s'écoulant le long de son côté à flot régulier. Mais Marissa était déjà morte, rien ni personne ne pouvait plus rien pour elle et en observant le regard de son amie, elle sut qu'elle en avait conscience également.
Une ombre qui semblait tomber du ciel attira vivement son attention et elle aperçut une vive lueur en haut du pont, là où la rambarde s'était arrachée pour les précipiter vers la mort.
Elle voulut froncer les yeux, chercher aux alentours ce qu'elle avait pu voir chuter, mais elle n'eut que le temps de sentir quelque chose dans son dos quand une main ferme se plaqua contre sa bouche, un bras lui enserrant la taille en dessous de la poitrine.
Evie tenta en vain de se débattre mais elle était rapidement trainée vers l'arrière, sa cheville lancinante raclant sur la terre aride. Elle essaya de frapper son agresseur mais elle était à bout physiquement et l'homme derrière elle semblait plutôt athlétique.
Un frisson remonta le long de sa colonne quand elle sentit son souffle chaud sur sa nuque.
“ Arrête, ce n'est que moi, regarde ! ”Evie sursauta en reconnaissant la voix de Jason qui acheva de la trainer derrière un rocher plutôt imposant. Elle lui jeta un regard méfiant, l'examinant du regard alors qu'elle plaquait sa main contre son côté, prenant appui sur le rocher. Il était couvert de poussière et de sang, quelques coupures et éraflures couvraient ses bras et son visage mais il ne semblait pas avoir de blessures graves, ce qui s'apparentait à un miracle compte tenu de ce qu'ils venaient de subir.
“ Tu... (Evie le détailla quelques instants, avant de se sentir soudainement extrêmement las.) Marissa elle... ”Jason la coupa, visiblement préoccupé et lui fit signe de se faire discrète avant de pointer la voiture. Evie s'interrompit, stupéfaite en voyant l'imposante forme sombre qui se penchait au dessus de Marissa. L'homme, si il en était un, portait un imposant pare dessus noir qui encadrait sa silhouette grande et élancée. A vue de nez elle lui aurait donné un bon deux mètres de hauteur. De ce qu'elle pouvait voir, son crane était lisse, elle ne put détailler son visage mais ses oreilles semblaient étranges. Anormalement longues, peut être même pointues.
Un effroyable sentiment acheva de la submerger, elle aurait voulu se jeter au secours de son ami, mais son esprit, plus que son corps endommagé, lui fit faux bond, la pétrifiant sur place. Son regard suivi les longs doigts effilés de l'homme qui s'achevaient par des ongles semblables à des griffes. Il se pencha au dessus d'une Marissa au bord de l'inconscience, et de la pointe des ongles, il lui entailla le front, gravant un symbole en forme d’œil dans sa chair.
L'air étrangement glacial crépitait, et la silhouette en manteau noir se redressa, psalmodiant dans une langue que les oreilles d'Evie ne parvenaient à appréhender. Le symbole sur le front de Marissa s'illumina d'un feu ardent et la jeune femme qu'on aurait pu croire morte quelques instants plus tôt hurla d'agonie, d'un cri contenant tant de souffrance qu'il ne pouvait être qu'une supplique à la mort d'en finir au plus vite, l'avant de son corps se redressant brusquement dans un craquement sinistre.
L'homme émit un grognement guttural et déjà la jeune femme blonde s'effondrait au sol, le symbole disparaissant, son corps s'affaissant, sans vie.
Evie, en état de choc, observa l'homme qui se retournait lentement vers elle, le visage horriblement déformé, de longues canines descendant sur sa lèvre inférieure, ses yeux jaunâtres luisant de haine. Son esprit refusait de croire à ce qu'elle voyait tandis qu'il semblait flotter vers elle à une vitesse surhumaine, ses yeux lui jouant des tours et laissant apparaitre une trainée floue derrière cette créature inhumaine.
Elle jeta un regard désespéré vers Jason pour le voir s'enfuir à toute jambe, un mélange de panique et de colère la submergeant. Le temps qu'elle se retourne vers l'homme en noir au visage déformé, celui ci était face à elle. Sa colonne vertébrale se glaça d'effroi, ses cheveux se dressant sur sa tête quand elle put voir de si prêt le visage aux traits grossiers, mélange de gangrène et de tuméfaction. Ses petits yeux luisait étrangement et lui inspirèrent une crainte bien pire que tout ce qu'elle pouvait imaginer. Ses dents, aussi difformes que le reste de son corps, semblaient pratiquement pourries, leur teinte jaunâtre venant illustrer l'haleine fétide qu'il lui soufflait au visage. Elle n'osait plus respirer devant cette créature qui la toisait, la humait presque. Elle n'était plus capable de réagir quand les doigts crochus griffèrent sa chair et se refermèrent autour de sa gorge. Suffoquant, elle ferma les yeux, songeant que c'était fini, rien ne pourrait plus la sauver. Son corps s'affaissa et des larmes commencèrent à rouler le long de ses joues. Evie gémit de douleur tandis qu'elle sentait l'ongle crasseux particulièrement affuté commençait à graver la chair de son front, lui offrant le même sort que son amie blonde.
Elle pouvait sentir le sang qui continuait de couler le long de son côté. Elle tenta de se convaincre que la mort qui l'attendait serait plus douce que celle à laquelle sa plaie la destinait.
Elle ne pouvait se tromper d'avantage et le réalisa quand la créature commença à incanter, le symbole graver sur son front se mettant à bruler comme si on venait d'appliquer un tisonnier sur sa chair. Elle hurla de douleur, tout son corps secoué par de violents spasmes, n'engendrant que d'avantage de douleur sur un corps déjà retranché dans ses limites. La sensation de brulure se répandit dans tout son crane, semblable à du magma s'y déversant, plus rien d'autre n'existait que cette souffrance inimaginable. Elle en vint à implorer la mort tandis qu'une force obscure semblait souiller ses pensées, se repaitre de son âme.
La douleur s’éteint, aussi soudainement qu'elle était arrivée, et elle s'effondra sur le sol, incrédule. L'effort de volonté qui lui fut nécessaire pour se redresser et toiser son agresseur fut récompenser par le spectacle qui l'attendait.
La créature semblait stupéfaite et la toisait avec un mélange de surprise et de crainte. Elle ne put pleinement comprendre ce qu'il marmonnait, mais un mot sembla revenir.
“ Golconde... ”
L'espace d'un instant elle se demanda ce qui était entrain de se passer. Elle fixa un instant la créature qui la surplombait, tremblante, quand une voix rauque attira son attention et lui fit tourner la tête.
“ Finissons en... ” L'homme qui s'approchait, plus petit, mais bien plus trapu, émit un grognement à l'attention de l'homme au faciès déformé. Il portait un costume trois pièces, probablement couteux, mais le bas de son pantalon avait été déchiré, révélant des mollets épais et des pieds qu'elle n'aurait pu qualifier autrement que comme bestiaux. Particulièrement poilu, l'homme possédait des ongles bien plus semblables à des griffes, et une épaisse chevelure hirsute, encadrant un visage carré et sombre. Du sang frais couvrait son menton et son bouc. Il jeta un regard haineux à Evie avant de lui adresser un sourire carnassier, révélant des canines particulièrement longues et une série de dents blanches acérées.
Son agresseur précédent s'interposa d'un mouvement incroyablement rapide et fixa le nouvel arrivant. Il ne semblait avoir aucun doute quant à sa capacité à stopper l'homme sauvage qui approchait, quand bien même paraissait il squelettique face à lui.
“ Le prince trouvera celle ci intéressante. ”Le sauvage renifla en lui jetant un regard dédaigneux et cracha sur le côté.
“ Je me suis occupé du fuyard. ”Le déformé pencha la tête de côté en jaugeant son camarade avec un air inquisiteur.
“ D'autres témoins... ? ”Evie se tordit de douleur sur le sol, crachant du sang, tandis que ses blessures se rappelaient à l'ordre. Le sauvage s'approcha d'elle et renifla à nouveau.
“ Ça pue la mort. Tiendra pas. ”Le déformé, impassible, posa un genou à terre pour l'examiner.
“ Elle vivra. Nettoie, nous partons. ”Le sauvage cracha plusieurs injures et se dirigea vers ce qui restait de la décapotable. Evie tourna de l’œil en tentant de le suivre du regard et gémit tandis que le déformé lui attrapait le menton et la forçait à tourner son visage vers lui. La jolie brune se sentait mourir, incapable d'esquisser encore le moindre mouvement. Elle le regarda avec stupeur mordre la peau flétrie de son propre poignet, un filet de sang noirâtre, comme bouillonnant s'en écoulant. Elle tenta faiblement de détourner la tête tandis qu'il approchait la plaie sanguinolente des lèvres de la jeune femme. Il la maintint plus fermement, pressant sur sa mâchoire tel un étau pour lui ouvrir la bouche. Evie sentit son estomac se révulser à la vue du sang noir suintant, mais quand les premières gouttes vinrent heurter sa langue, toute la douleur s'envola. Sa langue en picotait de plaisir, ses papilles en voulait plus, tout son corps se tendit dans un ultime effort pour attraper ce poignet offert et boire le délicieux nectar qui s'en écoulait. Elle n'avait jamais rien gouté de tel, c'était indescriptible. Une sensation de douce chaleur envahit tout son corps, partant de ses lèvres, traversant sa gorge, son torse et suivant le tracé de son abdomen jusqu'à ses chairs le plus intimes.
Elle gémissait désormais de plaisir, rien n'existait plus à part les flots de bonheur qui s'écoulait dans sa gorge et qu'elle avalait à grandes goulées. Elle laissa échapper un râle de frustration quand le déformé retira son poignet brusquement, l'observant. D'abord groggy, sentant chaque fibre de tissu ou de terre sur son corps extrêmement sensible, elle frissonna de désir, posant ses yeux noisettes sur le visage qui lui paraissait si repoussant quelques secondes plus tôt. C'est la douleur qui revint d'abord et elle laissa échapper un gémissement, portant sa main à son côté instinctivement. La lucidité suivit de prêt et elle sentit une vague de honte et de dégout la submerger tandis qu'elle réalisait ce qui venait de se passer.
Le déformé inclina la tête lentement, la détaillant de bas en haut.
La dernière chose qu'elle vit fut le poing massif qui s'abattit sur le crane, la plongeant dans l'inconscience.
Chapitre 2-----------Evie laissa échapper un soupir de satisfaction, s'étirant. Elle se sentait particulièrement bien, comme une de ces matinées sans obligations où elle pouvait dormir de tout son saoul sans avoir à se soucier de son réveil. Elle en était presque à fantasmer les rayons du soleil au travers du fin rideau de la fenêtre de sa chambre, se répandant sur ses draps et son corps en la berçant d'un douce chaleur.
Elle remua légèrement ; son lit semblait plus dur qu'à l'accoutumée, presque inconfortable. Et qu'en était il de ce "ploc" entêtant qui résonnait en rythme à ses oreilles, avait elle mal fermé le robinet de la cuisine ?
Elle passa ses doigts dans ses cheveux bouclés de la couleur du corbeau et grimaça légèrement, les trouvant gras et emmêlés. Son autre main voulut palper les draps mais elle rencontra une surface froide et dure. Agitant le coude elle sentit le frottement de son pull sur sa peau. Prenant une grande inspiration elle se redressa, ouvrant les yeux et commença à examiner les environs. Il lui fallut quelques secondes pour s'acclimater à l'obscurité.
Elle glapit de surprise, découvrant les murs de pierres couverts de poussière et de toiles d'araignées. La voute, au dessus de sa tête, et le sol de terre battue ne lui laissèrent aucun doute. Elle était dans une cave. Quelques étagères recouvertes de bouteilles de vin la réconfortèrent dans cette idée. Les installations électriques étaient rudimentaires, quelques câbles parcourant le plafond pour se raccorder à des ampoules balottantes au plafond qui avaient été privées d'abat jour. Baissant les yeux, elle sentit sa gorge se serrer en voyant son pantalon déchiré en de multiples endroits, laissant apparaitre des pans de peau immaculée qui contrastaient avec le tissu gorgé de sang séché. Secouée par un tremblement, Evie se sentit soudainement paniquée, se remémorant les évènements de la veille.
#Ce n'était pas un cauchemar...# songea t'elle. Elle était désormais assise sur une table métallique, de celle qu'aurait pu utiliser un vétérinaire pour ses opérations.
La jolie brune apeurée voulut se redresser vivement, bien décidée à tout faire pour quitter cet endroit lugubre, mais un cliquetis métallique la retint, prenant conscience de la chaine qui enserrait sa cheville droite. Un cadenas maintenait le tout en place et maintenant qu'elle y prêtait un peu plus attention, son geôlier n'y avait pas été de main morte, ça laisserait surement une sacré marque.
Elle fronça les sourcils à cette idée et souleva son pull, ses doigts suivant le tracé fin de ses abdominaux, de ses côtes jusqu'à la naissance de sa hanche, caressant une peau nue immaculée. Sa blessure avait complètement disparu.
“ Imposs... ”
Sa respiration se figea quand ses yeux se posèrent sur les formes de l'autre côté de la cave sombre. Les deux hommes qui l'avait attaquée plus tôt étaient étendus sur des tables similaires, un peu plus loin. La terreur qui l'envahit se mua rapidement en inquiétude. Aucun d'entre eux ne semblait respirer. Leurs torses ne bougeaient pas, et ils avaient l'air particulièrement pâles.
Evie songea qu'ils étaient peut être morts et une nouvelle vague d'inquiétude la submergea. Elle tira sur la chaine à sa cheville, dans un sens, dans l'autre, jouant avec sa résistance, essayant de s'en dégager, en vain.
Prenant une grande inspiration, s'asseyant au bord de la table de métal, elle pris le temps d'examiner un peu mieux le cadenas. Il n'était pas de première qualité, mais suffisant pour la priver de sa liberté. Un frisson lui parcourant l'échine, elle jeta un regard apeuré vers les deux corps inertes avant de souffler doucement.
Laissant retomber la chaîne, elle prit sa tête entre ses mains, ébouriffant ses cheveux et laissa échapper un soupir, tentant d'évacuer un peu son angoisse.
La jolie brune, se mordant les lèvres, prit un peu plus de temps pour s'examiner.
Elle était pieds nus, son jeans gris, bien que troué en de nombreux endroits était encore décent, bien que les nombreuses tâches de sang et de saletés interloqueraient quiconque la verrait dans cet état. Son pull avait subi le même traitement mais au moins la préservait il toujours du froid. Un rapide examen lui confirma que ses poches étaient complètement vides. Plus de clés, plus de téléphone ou de portefeuille. #Ca aurait été trop simple... #Son regard se posant à nouveau sur le cadenas, elle haussa un sourcil, pensive. Un vieux tour qu'elle avait vu à la fac lui revenait en mémoire. Si seulement elle n'avait pas lissé ses cheveux ce matin là, elle aurait eu une épingle... #A moins que... #
Mal à l'aise, elle jeta un nouveau regard inquisiteur à ses deux ravisseurs décédés, s'assurant qu'ils n'avaient pas bougé, puis elle glissa une main sous son pull, dans son dos, et détacha son soutien gorge, le faisant glisser par l'encolure.
Evie sentit le rouge lui monter aux joues alors que la laine du pull frotter sur ses seins désormais nus. La sensation de bien être qu'elle ressentait plus tôt exacerber chacun de ses sens. Elle se surprenait d'ailleurs à être capable de voir aussi clairement dans une cave dénuée de lumière, mais à cet instant présent, le contact de la laine sur la chair tendre de ses mamelons lui procurait une autre sorte de bien être qui la déstabiliser fortement. Elle mordilla nerveusement sa lèvre, jetant un regard au corps du "déformé". Elle repensa aux goulées de sang qu'elle avait absorbé la veille et serra instinctivement les cuisses, envahie par des bouffées de chaleur et une soudaine envie de se jeter sur le cadavre à la peau abimée et au protubérances étranges.
Elle dut se gifler et fermer les yeux pour retrouver un peu de lucidité.
#Qu'est ce qui m'arrive... ? #
Respirant lentement, elle rouvrit les yeux, focalisant son attention sur la pièce de lingerie dans ses mains. Laissant ses doigts courir sur la dentelle, elle s'arrêta sur le repli de tissu qui protégeait l'armature métallique. Quelques instants lui suffirent pour l'extraire de la gaine de tissu hors de prix.
Evie souffla lentement, conserver sa concentration lui demandait un effort particulièrement intense. Elle tordit plusieurs fois la tige métallique, dans un sens, puis dans l'autre, jusqu'à ce qu'elle se brise en deux, non sans jeter des coups d’œils angoissés aux alentours. La peur et le stress commençait à contrebalancer l'excitation qui avait menacé de la submerger, et c'est à l'affut qu'elle s'attaqua au cadenas.
Elle pesta durant plusieurs longues minutes, essayant de faire tourner le cylindre du cadenas en jouant avec l'une des tiges métalliques tandis qu'elle en raclait l'intérieur avec l'autre, espérant que les pistons se positionneraient correctement à l'usure. Quand la jolie brune entendit enfin le cliquetis métallique du cadenas qui s'ouvrait, elle en fut presque incrédule et du revérifier l'espace d'une fraction de secondes. Elle se dépêcha d'en ôter les chaines, se libérant et se rua vers le corridor qu'elle avait identifié comme étant la sortie de la cave, une vague d'euphorie la submergeant.
Son cœur battit à tout rompre quand elle tomba nez à nez avec la porte massive en métal qui devait lui permettre de sortir de là. Une poutrelle en acier, similaire à quelques autres qu'elle avait aperçu dans la cave, avait été positionné en appui contre la porte, empêchant toute ouverture de l'extérieur. Elle sentit sa nuque se raidir. De la façon dont la poutre était positionnée, en partie enfoncée dans la terre battue formant le sol, elle avait forcément était mise en place de l'intérieur, et jamais un homme seul n'aurait pu soulever pareil matériau, encore moins le mettre en place comme ça avait été fait. Evie sentit ses jambes flageller et faillit tomber à genoux, sentant tout ses espoirs s'évaporer. Son esprit tournait à plein rendement, tentant de trouver une explication rationnelle. Peut être y avait il un autre passage qu'elle n'avait pas vu ? Ça donnerait du sens au fait qu'elle se soit retrouvée là, avec les cadavres de ses deux kidnappeurs. L'angoisse la saisit de nouveau aux implications que cela avait, elle n'était probablement pas seule.
Incertaine, stressée et méfiante, elle passa une bonne heure à examiner la cave de fond en comble sans trouver la moindre trace d'un autre passage. S'asseyant sur la table métallique où elle avait été attachée un peu plus tôt, elle ramena ses genoux contre elle et y posa son menton, épuisée nerveusement. Tandis qu'elle frottait ses pieds nus, salis par la terre battue, son regard vagabonda vers les deux corps étendus non loin, son cœur battant plus vite.
Une pensée absurde lui traversa l'esprit, qu'elle s'efforça de chasser aussitôt. Prenant une lente inspiration, elle se leva et s’avança vers le premier des deux corps, celui du sauvage, sur la pointe des pieds. Inconsciemment elle retenait sa respiration, détaillant le corps massif aux pieds et aux avants bras particulièrement velues. La peau pratiquement bleue de son corps laissait peu de doute sur l'absence totale de circulation sanguine. Elle laissa courir le bout de ses doigts sur l'intérieur de l'avant bras exposé et frissonna. La peau était glacée mais elle ne put réprimer le frisson qui remonta du bout de ses doigts jusqu'à son épaule, comme si la froideur du corps était contagieuse. Ses yeux glissèrent un instant sur le torse imposant, descendant le long de la taille qui proportionnellement semblait fine, jusqu'aux cuisses énormes moulées par le pantalon de costume. Elle mordilla sa lèvre inférieure en s’apercevant que les jambes du sauvage n'étaient pas la seule chose qui étaient à l'étroit dans le pantalon.
Sentant ses jambes flageller, elle porta inconsciemment la main à sa poitrine, une vague de chaleur parcourant son corps. # Non, non, non... Pourquoi... #Se giflant pour retrouver ses esprits, elle s'éloigna rapidement du sauvage pour aller examiner le second corps.
Elle était dans l'obscurité, pourtant, en apercevant de plus près le visage du déformé, elle eut un hoquet de peur et fit un pas en arrière. Sa vision était bien plus net que la nuit précédente, chacun des petits détails du visage difforme lui sautait aux yeux. Le visage émacié semblait comme avoir été grignoté par endroit. Ses oreilles étaient anormalement longues mais tout aussi déformées, évoquant vaguement un croisement entre des ailes de chauve souris et des oreilles d'un de ces petits chiens hideux qui faisait la fierté des femmes célèbres. Ses pommettes exagérément saillantes contrastées avec son nez crochu et son menton pointu. Ses canines jaunâtres et pourries, d'une longueur surhumaine, dépassait de ses lèvres craquelées. Son crâne lisse était boursouflé en divers endroits. Elle le caressa du bout des doigts, une fine décharge électrique parcourant tout son corps tandis qu'elle suivait les excroissances osseuses au travers de la peau couvertes de plaques. Il était encore plus hideux que dans ses souvenirs et pourtant une force invisible lui rendait extrêmement difficile la tâche de briser le contact.
Elle se lécha le bout des lèvres sans y prêter attention, son regard courant vers les longues mains terminées par des ongles épais et cornés, comme taillés en pointe, semblable à des griffes. La vue du poignet lui rappela instantanément le doux nectar dont elle s'était abreuvée la veille et une puissante envie de mordre dans la chair atrophiée l'envahit. Ses inhibitions eurent raison de son égarement et elle se força à regarder ailleurs.
Elle sursauta en croyant percevoir un mouvement, subtil, presque inexistant. Peut être étaient ils encore envie, peut être se tromper t'elle. Prise de panique, Evie jeta un nouveau coup d’œil effrayé aux alentours. Son regard se posa sur les bouteilles de vin exposées un peu partout.
Evie pourrait en prendre une, la briser et se servir du tesson pour les égorger, pour être sure que... La tête lui tourna et son cœur se serra. L'idée de blesser l'être déformé dont elle avait bu le sang lui semblait viscéralement inenvisageable. Son esprit divaguait, en état de choc, tentant d'intégrer cette pulsion qu'elle ne s'expliquait pas.
Prenant son courage à deux mains, luttant contre ce que lui dictait tout son être, elle s'empara d'une des bouteilles, la plus proche, et la cassa sur le bord d'une des tables métalliques, s'aspergeant de vin probablement couteux au passage.
Tel un automate s'efforçant de ne pas se laisser distraire par la voix dans sa tête lui hurlant d'arrêter, elle s’avança vers le corps sans vie du déformé, son arme improvisée en main, sentant un souffle glacial courir de la naissance de ses fesses jusqu'au bas de sa nuque. Elle raffermit sa prise sur le morceau de verre tranchant et pris une profonde inspiration, puis, visant la gorge, elle arma son bras se préparant à frapper, se focalisant sur le souvenir de Marissa.
Sa respiration se coupait, ses bras tremblaient et elle pouvait sentir ses jambes faiblir. Elle abattit le tesson de vert qui s'enfonça dans la chair flétrit dans un bruit mat. Evie s'attendait à voir une gerbe de sang s'écouler mais il n'en fut rien. Un vague filet de sang noirâtre couvrit la plaie tandis qu'elle retirait le morceau de verre. Stupéfaite de prime abord, elle loucha longuement sur la plaie qui l'attirait irrésistiblement. Confuse, elle poussa un cri de surprise, rapidement mué en cri d'horreur tandis que la main griffu du déformé se refermait sur sa gorge. Il se redressa, tel un automate et ouvrit ses yeux jaunes remplis de haine, la fixant silencieusement. Agrippant le poignet de la créature à deux mains, elle tenta de frapper l'avant bras émacié et déformé, espérant le faire lâcher, mais le bras demeurait absolument immobile.
Tandis qu'Evie s'étranglait pour essayer de respirer, griffant et frappant sans relâche le bras du déformé, ce dernier l'observait maintenant avec une forme de curiosité. Pliant le poignet sans défaire son emprise, il l'examinait de part et d'autre. Evie devenait rouge et suffoquait, sa vision se brouillant tandis que l'air commençait à lui manquer. Son regard croisa une dernière fois celui du déformé avant que les ténèbres n'aient raison d'elle.
La jolie brune émergea péniblement d'inconscience, entendant vaguement des voix qui semblaient lointaines. Inquiète à l'idée d'attirer l'attention sur elle, elle bougea légèrement les doigts. Elle était étendue sur le ventre, sur ce qui semblait être du tissu assez rugueux. Un canapé, un banc, une table, elle ne savait pas trop de prime abord. Elle avait froid, son pull était légèrement relevée et elle pouvait sentir l'air glacé le long de ses lombaires. Ses pieds nus lui semblait glacés et chacun des trous dans ses vêtements lui engendrait de nouveaux frissons.
Entrouvrant très légèrement les yeux, elle s'aperçut qu'elle était dans une pièce qui semblait d'un autre temps. Les murs étaient de pierre, comme un de ces châteaux médiévaux qu'on pouvait voir dans les séries télé. Des toiles décrivant des scènes de batailles ou de violence couvraient les murs et le mobilier alentour était fait de bois massif. Seuls quelques bougies venaient éclairer le tout, créant une ambiance tamisée. Les tapis anciens sur le sol, les multiples coussins répandus à travers la pièce et les quelques coupes déposées aux coins des petites tables rondes donnaient une impression qu'elle aurait presque pu qualifier de chaleureuse. Son impression générale était achevée par les multiples dorures présentes, de l'or sans doute, et un nombre important de livres semblant d'un autre temps. Peu importe qui possédait ce salon il devait être particulièrement fortuné.
Evie reporta son attention sur les voix, tendant l'oreille tout en respirant le plus faiblement possible pour dissimuler son réveil. Elle distingua vaguement une silhouette masculine plutôt trapue, l'absence de chaussures lui laissant à penser qu'il s'agissait du sauvage, et une forme plus féminine. Du peu qu'elle voyait, paupières mi closes, la jeune femme était élancée, encore plus pâle que le sauvage et couverte de tatouages qui évoquaient des formes géométriques. Elle portait une toge en guise de vêtements, les deux pans de tissus donnant une vue imprenable sur son décolleté, se croisant sous son nombril. Ses longues jambes effilées étaient nues et se terminaient par des sandales à talon. Ses cheveux d'un noir sombre étaient ondulés et évoqués une de ses coiffures particulièrement en vogue dans les années soixante.
“ Elle a l'air appétissante... ” Elle avait un ton joueur et Evie pouvait deviner son sourire sans avoir besoin de distinguer son visage. Elle frissonna, et entendit la voix familière du sauvage en retour.
“ On ne touche pas. ” Le sauvage grogna, probablement à l'intention de son interlocutrice qui pouffa de rire. Ses mains délicates aux ongles soignés glissèrent sur les avants bras poilus tandis qu'elle minaudait sensuellement.
“ Allons Mordecai, que t'est il arrivé ? (Elle gloussa, lui jetant pourtant un regard froid.) Toi qui aimais tant t'amuser et te jouer des règles. ”Le fameux Mordecai grogna à nouveau, mais de frustration cette fois.
“ Zachariah pense qu'elle est importante. ”La femme pâle eut un mouvement de recul, prenant un air choqué et porta sa main à sa bouche.
“ Ho... Et depuis quand l'opinion d'un rat d’égout compte ? Ne me dit pas que tu t'es entiché de cet... Individu. ”Mordecai serra les poings, visiblement furieux. La femme continuait de le provoquer, simulant les ingénues, mais un observateur attentif noterait rapidement que sa gestuelle était plus proche du serpent prêt à mordre.
Le sauvage sembla se détendre d'un coup et grogna quelques mots avant de s'éloigner.
“ Prépare la. C'est tout ce qu'on te demande. (Il marqua une pause, humant l'air.) Elle est réveillée. ”Evie se redressa et s'assit sur ce qui semblait être un banc de bois couvert d'étoffes. Son estomac était noué et elle du se concentrer sur sa respiration pour réduire les tremblements qui l'agitait. La jeune femme peu vêtue vint rapidement à sa rencontre. Elle se déplaçait gracieusement, comme un chat ayant repéré une souris. Evie déglutit se recroquevillant un peu plus sur le banc.
La femme tatouée s'arrêta à quelques centimètres d'elle, s'accroupissant pour se mettre à son niveau et lui adressa un sourire se voulant rassurant. La jolie brune, frigorifiée et se sentant soudainement vulnérable la fixa, incertaine et laissa échapper un hoquet tandis que le sourire de la femme s'élargissait, révélant des crocs acérés en guise de canines. Les yeux noirs qui la détaillait scrupuleusement brillaient d'une étrange lueur. A mesure que les yeux de la femme descendait le long de sa gorge et examinait attentivement son corps, elle se sentait de plus en plus mal à l'aise. Finalement, la femme tatouée reporta son attention sur le visage d'Evie. Ses doigts se glissèrent dans les cheveux de la jolie brune et repiquèrent une mèche rebelle derrière son oreille. Elle bougeait vite, incroyablement vite.
Elle gloussa sans quitter Evie des yeux.
“ Et bien et bien et bien... Quel dommage que nous n'ayons pas le temps de jouer un peu... (Elle eut un rictus inquiétant rapidement remplacer par un fin sourire.) Allons te préparer, tu ne peux pas rencontrer le prince comme ça... ”Evie frissonna, gardant ses jambes serrées contre elle et, déglutissant péniblement, osa questionner : “ Le prince... ? ”“ Ho... Le petit oiseau parle... (Elle gloussa à nouveau.) Le prince de cette ville mon enfant... Celui qui va décider ce qu'il va advenir de toi... ” Elle se pencha un peu plus sur Evie et effleura sa gorge du bout des doigts, penchant sa tête de côté pour en humer la peau, fermant les yeux. Elle entrouvrit la bouche, soufflant doucement tandis qu'Evie n'osait plus respirer, sentant le souffle étrangement froid sur sa peau, terrorisée. La femme pâle aux tatouages géométriques sembla sortir de sa transe, quelque peu confuse et gloussa, remontant son visage à quelques centimètre de celui de la jolie brune, comme pour l'embrasser.
Elle claqua brusquement des mâchoires devant elle, mimant une morsure et pouffa de rire.
“ J'ai hâte de savoir quel sort il te réserve petit oiseau. (Elle se redressa vivement comme si de rien n'était.) Il est temps qu'on s'occupe de tout ça. (Elle désigna vaguement les vêtements en piteux état d'Evie.) Ne mettons pas le prince de mauvaise humeur... ”
A corps défendant, Evie suivit la femme tatouée au travers un dédale de couloir de pierre, éclairé faiblement par quelques torches. Elle se sentait aussi résignée qu'un animal qu'on conduirait à l'abattoir. La femme n'avait pas l'air particulièrement musclée, mais la jolie brune savait qu'elle n'aurait pas la moindre chance si elle tentait de fuir. Elles arrivèrent devant une lourde porte de bois à l'aspect aussi médiéval que le reste. Evie fut surprise lorsqu'elle pénétrèrent dans ce qui s'avérait être une chambre luxueuse et indubitablement moderne. Le sol et les murs étaient composés d'un mélange de marbres de diverses teintes allant du blanc au gris foncé. Des néons d'un bleu intense éclairait l'ensemble de la chambre. Au milieu de la pièce, un lit imposant surplombait l'ensemble, des draps de soie blanc couvert de coussins noirs contrastant avec les teintes bleues noires du reste de la pièce. De nombreux miroirs cerclés d'un métal brillant qu'elle identifia comme de l'argent couvraient les murs. Face à l'entrée, de l'autre côté de la pièce, une douche italienne occupait le coin de la chambre. Evie aurait été admirative des dimensions de la pièce, de la décoration et de l'aspect général si elle l'avait visité dans des circonstances différentes. Son regard passait d'une bibliothèque couverte de chaussures probablement hors de prix, à des bibelots couverts de pierres précieuses, des lampes évoquant des corps nus entrelacés et des meubles qui devaient contenir plus de vêtements qu'elle n'en avait porté au cours de sa vie.
La femme la poussa doucement mais fermement en avant, refermant la porte derrière elle avec un sourire étrange.
Evie déglutit, jouant nerveusement avec ses mains, ne sachant ou poser son regard.
La tatouée peu vêtue ne quittait plus son sourire, ses yeux rivés sur le corps d'Evie. Elle pointa négligemment la douche.
“ Lave toi petit oiseau, je vais te trouver la plus belle des parures, que tu puisses chanter. ”Evie jeta un oeil à la douche, puis reporta son attention sur la femme tatouée, particulièrement nerveuse. Cette dernière la fixait comme un affamé aurait fixé un steak.
“ Si tu ne te déshabille pas seule, je m'en chargerais. ” Evie deglutit, fuyant le regard de la femme pâle.
“ Est ce que vous pouvez... Vous retourner ... ? ”Evie percut un mouvement du coin de l'oeil et le temps qu'elle réalise que la femme n'était plus devant elle, elle sentit son souffle froid sur sa nuque.
Deux mains glaciales se glissèrent sous son pull et empoignèrent sa taille, la plaquant violemment contre elle. Evie frémit, son corps tremblant tandis que la pointe de la langue de la tatouée tracait une ligne du bas de son cou à l'arrière de son oreille. Les mains froides glissèrent le long de son abdomen, caressant sa peau avant de venir empoigner fermement ses seins nus. La sensation, bien que douloureuse, declencha un choc électrique dans tout le corps d'Evie qui sentait déjà une douce chaleur baigner son bas ventre. La tatouée souffla à son oreille, se pressant exagérément contre sa proie.
“ J'ai interdiction de te toucher mais j'ai une horde de servants qui apprécieront un peu de distraction. Ne joues pas avec ma patience petit oiseau. ” Elle ponctua sa phrase en serrant plus fermement la poitrine d'Evie, lui arrachant un hoquet de douleur.
Aussi vite qu'elle s'était glissée derrière elle, la tatouée était de nouveau dans son champ de vision, lui jetant un regard insistant.
Fébrile, la jolie brune déboutonna son jeans en piteux état, les yeux rivés sur le sol. Elle n'était pas si pudique habituellement, mais la situation avait quelque chose d'irréel, d'angoissant... De terrifiant, comme si à l'instant même où elle allait révéler un peu plus de peau sa tortionnaire allait se jeter sur elle et la dévorer, littéralement. Elle n'était pas encore certaine que ca ne soit pas le cas. Son pantalon glissant le long de ses jambes élancées, elle s'empourpra. Sa culotte en dentelle lui semblait soudainement bien peu de choses et la fierté qu'elle avait habituellement en observant son fessier ferme et rebondi lui semblait soudainement très mal placé.
La tatouée se lécha les lèvres avant d'esquisser un sourire carnassier. Elle lui intima d'un geste de la tête de continuer.
La laine frottant sur la pointe de ses seins malmenés quelques secondes plus tôt renforca le sentiment d'humiliation qui la frappa tandis qu'elle s'extirpait de son pull. Elle songea un instant à dissimuler ses seins derrière son bras mais un simple regard vers la tatouée l'en dissuada. Les yeux de cette dernière n'en manquait pas une miette, examinant chaque centimètre de peau, appréciant la vue de l'abdomen finement ciselé, la taille fine et les petits seins bien ronds qui pointaient bien plus fièrement que leur propriétaire.
“ Un morceau de choix... Tu es à croquer petit oiseau... ” Elle ricanna ce qui arracha un nouveau frisson à Evie. Sentant que l'enthousiasme de la femme pâle augmentait grandement, elle se fit violence et fit glisser sa culotte le long de ses jambes, persuadée qu'elle lui aurait été enlevé dans les prochaines minutes donnant surement lieu à de nouvelles humiliations. Elle déglutit difficilement, les joues rouges, la peur au ventre et un sentiment d'excitation qu'aucune part raisonnable de sa psyché ne pouvait expliquer.
Se concentrant pour ne pas croiser le regard de la tatouée, elle put quand même la voir lui tourner autour, lentement, l'examinant en détail.
Elle sentit glisser le regard affamé vers son entrejambe, suivant le fin ticket de metro qu'elle conservait jusqu'à ses chairs les plus intimes.
La tatouée gloussa une nouvelle fois puis lui indiqua la douche avant d'agir comme si elle se désinteressait complètement d'elle.
Evie jeta un bref coup d'oeil à la femme qui avait entrepris de fouiller méthodiquement chacun des meubles rempli de vêtements. Elle n'était pas certaine qu'elle ne reviendrait pas à la charge aussitôt qu'elle aurait trouvé ce qu'elle cherchait, aussi ne tarda t'elle pas à se glisser sous la douche.
L'eau chaude cascadant sur son corps nu lui offrit un peu de réconfort, devenu Ô combien rare ces derniers jours. Tandis qu'elle frottait son corps avec un savon probablement hors de prix à en croire le récipient sophistiqué et l'odeur délicate qui s'en échappait, de nouvelles bouffées de chaleur la submergèrent. Ses mains devenant plus aventureuses, massant sa poitrine avec application, s'assagirent soudainement quand elle croisa le regard de la tatouée qui la fixait avec une envie carnassière. La jolie brune au corps athlétique qui luisait désormais des innombrables gouttes qui ne voulaient quitter son corps, en soulignant chaque relief, se hata de se rincer. C'est en gardant un oeil sur son hôtesse qu'elle s'empara d'une des serviettes en sortie de douche et s'enroula dedans bien trop lentement à son goût.
Alors qu'elle achevait de sécher ses cheveux, elle déglutit peniblement en découvrant la femme tatouée lui faisant face.
Quelques centimètres les séparait. Evie, que la peur n'avait pas complètement paralysée, en venait à se demander comment elle pouvait bouger aussi vite. La femme qui lui faisait face ne perdait rien de sa superbe pour quelqu'un qui se serait précipiter pour combler la distance les séparant. Chacun de ses gestes, la chute parfaite de sa toge sur son corps mis en valeur, la façon dont tombait ses cheveux... Elle avait suffisamment vu Marissa se prendre en photo pendant des heures pour avoir le parfait cliché pour son instagram qu'elle savait reconnaitre une pose maîtrisée. La femme qui lui faisait face était passée maitresse dans cet art. Evie aurait pu être admirative si elle ne se sentait pas aussi menacée.
L'étrange sourire de la femme l'arracha à ses pensées. Evie frissonna et se demanda un instant si la tatouée n'était pas capable d'entendre ses pensées. L'idée lui sembla ridicule mais elle déglutit de plus belle en voyant le sourire de sa tortionnaire s'élargir.
“ Nous jouerons petit oiseau... J'en suis certaine. (Elle gloussa avant d'adopter un air plus sérieux.) Personne ne veut que le prince s'impatiente, ne perdons pas de temps... ”Evie frissonna et hocha docilement la tête quand la tatouée lui désigna la pile de vêtements sur une des chaises attenantes au lit.
Evie marchait dans un long corridor froid, mal à l'aise, suivant céremonieusement la femme tatouée. Elle portait une robe fine à bretelles, tout en dentelle. La robe lui descendait un peu au dessus du genou, un peu trop habillée pour une nuisette, pas assez pour une robe qu'elle porterait habituellement en public.
Le dos de la robe était echancrée jusqu'au bas de son dos et laissait ses épaules et bras nus à l'exception des deux fines lanières blanches. L'absence de sous vêtements la faisait se sentir encore plus vulnérable et mal à l'aise mais elle avait vite compris que la tatouée n'était pas ouverte à la négociation.
Son esprit bouillonnait. La femme la conduisait au fameux prince. Elle se sentait comme un agneau sacrificiel et songea que c'était peut être le cas.
Alors qu'elles pénétraient dans une vaste salle, Evie fut presque rassurée d'apercevoir ses deux ravisseurs. Ils discutaient à voix basse à l'écart du reste des nombreux individus présents dans la pièce. On aurait pu croire un de ces galas de charité à en croire le nombre de personnes dans des costumes hors de prix et les jeunes femmes séduisantes dans des robes chics mais affriolantes. Seulement quelque chose sonnait faux. Evie pouvait le sentir tout au fond d'elle, à un niveau relevant de l'instinct primitif. Chacun des regards qui croisait le sien semblait fasciné par elle et l'observait avec convoitise. # Non... Pas convoitise... Appétit... # Elle frissonna et croisa les bras contre sa poitrine, se sentant extrêmement exposée.
Le déformé remarqua sa présence et la fixa quelques instants. Elle fut surprise de distinguer quelque chose de différent dans ses yeux jaunâtres. Une sorte de respect qu'elle n'aurait su expliquer.
Evie remarqua qu'elle etait figée sur place quand la tatouée lui attrapa la main et, lui adressant un sourire charmeur, l'entraina à sa suite vers la foule qui s'écartait pour les laisser passer. La jolie brune jeta un regard dubitatif à la femme pâle couverte de symboles foncés, abasourdie par la vitesse à laquelle celle ci avait changé de comportement une fois en société.
Tandis que la foule continuait de s'écarter, Evie put apercevoir l'autre extrémité de la salle imposante. Une estrade surplombait l'assemblée, couverte de parures précieuses et de mobilier d'un autre temps. Ses occupants n'en étaient pas moins atypiques, mais également particulièrement lugubres dans leur genre.
A l'extrémité gauche de l'estrade se tenait un homme massif à côté duquel Mordecai, celui qu'elle s'était plu à surnommer "le sauvage", faisait oeuvre de gentleman. Sa longue crinière était broussailleuse, son visage refermé et dur semblait pour le moins couvert de cicatrices, et de crasse. Quant au reste de son corps, il était hors norme. Un peloton de culturistes huilés aurait fait office d'adolescents malingres à ses côtés. Evie déglutit en songeant que ses mains étaient assez grandes pour qu'il puisse y prendre son crane tout entier. Il avait enfilé un costume mal taillé et couvert de boue par endroit mais cela semblait être un effort de poids pour lui.
Aprés lui, contrastant incroyablement, venait une femme particulièrement soignée. Ses longs cheveux blonds ondulaient le long de ses épaules. Ses yeux d'un bleu foncé intense semblaient froids et distants. Son maquillage, subtil et délicat avait l'air sorti d'un magazine de mode. Elle portait un corset de velours au dessus d'une chemise de flanelle mettant en valeur une poitrine généreuse. Le tout descendait jusqu'à un pantalon de cuir moulant des hanches fines et des jambes sveltes enfoncées dans des bottines de cuir fermées par un lacage doré. Une rapière pendait à son côté donnant à sa tenue un air presque officiel. Elle se mouvait avec une grace et une aisance infinie et il fallut quelques secondes à Evie pour en détacher son regard.
Au milieu de l'estrade siégeait un trone particulièrement ouvragé, probablement une pièce d'époque. Un homme plutôt grand l'occupait. Les cheveux applatit sur le crane, la quarantaine, athlétique, ses vêtements lui donnait l'allure d'un de ces requins de la finance des années 80. Il semblait apathique, à la limite de mourir d'ennui, sa tête en appui contre sa paume tandis qu'il echangeait quelques mots avec ses deux voisins de droite.
Les deux hommes en question, d'origine afro américaine étaient semblables en tout point. Des jumeaux à n'en pas douter. Vêtus de costume noir et de chemises bordeaux, ils semblaient également assez aisés. A vue de nez Evie leur aurait donné une quarantaine bien entamée mais ils restaient plutôt bien bâtis et portaient tout deux de nombreux bibelots en métaux précieux qui auraient moins détonné sur de jeunes rappeurs. Elle s'égara quelques instants en notant qu'ils bougeaient pratiquement simultanément comme si l'un était le reflet de l'autre. Evie aurait pu rester à les contempler si son attention n'avait pas été attirée par le dernier homme présent sur l'estrade, évité par ses congénères.
Evie du se retenir de pousser un cri d'horreur en posant son regard sur lui. Du costume de velours ocre, brodé d'or, dépassait sa peau grisâtre, percée en de nombreux endroit par des éclats osseux noirs, semblables à des épines. Des plaques de chitines couvraient son visage allongé, attirant d'avantage sa bouche dénuée de lèvres, révélant des gencives rougeâtres et plusieurs rangées d'une multitude de petits crocs acérés. Ses yeux gris et vides étaient difformes, de tailles différentes, l'un exagérément plus gros semblant sur le point d'éclater. Le sommet de son crane chitineux était entouré de ces épines noires, telle une couronne morbide. Evie faillit se réfugier contre la femme tatouée, la terreur faisant vibrer tout son corps et mettant son équilibre en péril.
La femme tatouée lâcha sa main, la brusquant quelque peu et l'invita à avancer sur l'estrade. Toutes les conversation cessèrent et les regards se braquèrent sur elle. La fine robe qu'elle portait la faisait se sentir nue et totalement démunie. Elle frissonna, tachant de garder ses cuisses nues l'une contre l'autre.
C'est en manquant de trébucher qu'elle arriva face au trône. Jouant nerveusement avec ses mains elle s'efforçait de ne croiser aucun regard ce qui s'avéra une tâche particulièrement ardue.
La femme tatouée alla prendre place aux côtés de l'homme sur le trône, balançant allègrement ses hanches tandis qu'elle se déplaçait, sa toge manquant à chaque instant d'en révéler un peu trop. L'homme se redressa brusquement, fixant ardemment la jolie brune avec un étrange intérêt. La tatouée sembla faire la moue, superbement ignorée par son auditoire.
Elle pouvait sentir le regard appuyé de l'homme au trône glisser sur son corps, de ses chevilles à son visage. A cet instant elle aurait pu porter les plus amples des vêtements rien n'aurait pu l'empêcher de se sentir nue.
Il se racla la gorge, comme pour attirer l'attention.
“ Qu'on m'amène les traqueurs. ”La foule sembla soudainement s'agiter comme si elle reprenait soudainement vie. Elle se scinda soudainement en deux, laissant passer le déformé et le sauvage dont le parcours était suivi de regards dédaigneux. Le déformé s’avançait la tête haute et fut rapidement à quelques pas d'Evie qui ne put s'empêcher de reculer de quelques pas. Le sauvage restait en retrait, sur ses gardes.
Le déformé s'inclina révérencieusement, patientant un instant que celui qui devait donc etre le prince ne lui fasse signe de se redresser.
“ Voici donc la créature que tu juges... Spéciale... Zachariah. ”Evie était perdue, elle ne concevait pas ce qui était entrain de se passer mais son instinct lui dictait que les enjeux étaient importants et la situation particulièrement grave. Le déformé semblait sur de lui toutefois et cela la réconforta quelque peu pour une raison qu'elle n'aurait su expliquer.
“ C'est exact. Elle est la clé de... ” Le prince se jeta en arrière dans son trône, en tapotant l'accoudoir avec agacement.
“ Du Golconde... C'est ce que tu prétends. ” Le déformé sembla quelque peu décontenancé mais se ressaisit aussi rapidement.
“ En effet. ” Des murmures, des rires nerveux et des gloussements parcoururent l'assemblée. Le prince laissa la clameur disparaitre avant de reporter son attention sur Evie.
“ Approche toi. ” Evie voulait s'enfuir, prendre ses jambes à son cou, échapper à toute cette folie mais quand la voix du prince résonna dans ses oreilles, ses jambes se mirent automatiquement en route. Dés qu'elle fut à sa portée il la saisit par la taille et la posa sur ses genoux comme si il s'était s'agit d'une enfant. Il posa une de ses mains plutôt imposante sur la cuisse nue de la jeune femme, remontant la robe à un niveau plutôt dangereux qui masquait encore son manque de sous vêtements de justesse. Son autre main se posa dans le dos de la jolie brune, caressant machinalement la peau exposée. Evie sentait son cœur battre la chamade mais son corps n'obéissait plus.
Le déformé sembla perdre un peu de son assurance tandis qu'il fixait Evie.
“ Elle me semble plutôt commune... ” Le prince glissa sa main dans les long cheveux corbeaux et les ramena derrière l'épaule de la jeune femme, exposant sa nuque. Il en huma la peau, ses doigts se resserrant plus fortement sur la cuisse à la peau douce et chaude. Evie gémit de douleur mais une fois encore le moindre mouvement lui semblait impossible.
“ Prince Ambrose. Je peux vous assurer de ce que j'ai vu. ” Zachariah fixait étrangement le visage du prince, comme prêt à bondir. Ce dernier n'était pas dupe et lui adressa un sourire provocateur.
“ Donc si je bois son sang, je pourrais... ”Evie sentit tout son corps se glacer. Des mots lui venaient à l'esprit et elle se refusait encore à croire un seul d'entre eux. Zachariah fit un pas en avant, les deux jumeaux toujours aux côtés du prince se tendant brusquement et faisant mine de s'interposer. Le prince leva la main comme pour les interrompre. Le déformé reprit de plus belle.
“ Dans ma vision, oui. Elle est... Unique... Et pourrait nous offrir le Golconde... Mais... ” Le prince inclina la tête de côté, relâchant un peu son emprise sur la cuisse de la jeune femme.
“ Mais ? ” Le déformé hocha la tête, probablement plus pour lui même que pour son interlocuteur.
“ Cela nécessitera un rituel que seuls quelques uns des nôtres sont en mesure d'accomplir... Nous devrions être prudents avant cela au risque de tout perdre. ” Le prince eut un sourire étrange.
“ Tu as une semaine. Après je la viderai personnellement. (Zachariah allait rétorquer mais il l’arrêta d'un geste de la main.) Elle a bu ton sang mais elle n'est pas liée ? ” Le déformé se renfrogna, ce qui donnait à son visage un air d'autant plus grotesque.
“ En effet... Je lui ai juste donné de quoi survivre... ”“ Fort bien... Mais tant que sa loyauté n'est pas certaine elle représente une menace... ”Il parcourut les autres membres de l'assemblée des yeux sous le regard décontenancé de Zachariah.
L'être chitineux couvert d'épines s’avança en claudiquant, ses yeux grossiers fixés sur Evie qui tremblait incontrôlablement. Il s'adressa au prince d'une voix sifflante.
“ Je pourrais.... La prendre.... Sous ma coupe... Si le rat dit vrai... Je pourrais... L'étudier.... La rendre plus... Utilisable... Peut être... ” Des regards choqués, voir dégoûtés parcoururent l'assemblée. Le prince, lui, opina, comme considérant sérieusement la suggestion.
“ La meute la protègera et la gardera éloignée de ses semblables, mieux que quiconque. ” Le colosse aux cheveux broussailleux et à l'allure bestiale s'était avancé brusquement. Le ton de sa voix grave laissait peu de place à la contestation.
Sous l'oeil amusé du prince, la blonde particulièrement soignée vint se dresser devant le géant sans la moindre hésitation.
“ Fusse t'elle le joyaux promis qui la laisserait dans la fange avec ces... Animaux... Et pourquoi pas avec les rats ? (Le colosse émit un grognement rauque qu'il maintena plusieurs secondes. Evie aurait pu jurer que ses phalanges se déformaient.) Elle serait bien plus à sa place avec moi. Quant au secret, une fois liée par le sang elle sera aussi docile que tout nos servants. ” Evie pouvait sentir l'enthousiasme morbide du prince qui la gardait fermement installé sur ses genoux, la main gauche puissante caressant sa cuisse nue bien trop vigoureusement à son goût. Ils se battaient pour savoir qui l'aurait tels des enfants se disputant la garde d'un animal. Elle était trop effrayée pour s'en indigner mais sentait que cela finirait mal pour elle quoiqu'il arrive.
“ Vous vous battez comme si vous veniez d'être étreints et pourtant aucun d'entre vous ne semble mesurer de quoi il est question. (Les deux jumeaux parlaient parfaitement à l'unisson, ce qui ne sembla impressionner qu'Evie.) Si le Golconde est, rien ne doit pouvoir le menacer, pas même lui même. La magie du sang est la seule chose assez puissante pour... ”La femme tatouée éclata de rire, coupant la parole aux deux hommes qui lui jetèrent un regard furieux. Battant des cils et tournoyant avec une grâce presque irrévérencieuse autour du trône, elle laissa courir ses doigts sur la cuisse d'Evie, sa main s'arrêtant sur celle du prince, déjà située bien trop haut au gout de la jolie brune.
“ Prince Ambrose... Mon prince (elle lui adressa un sourire étrange.) Votre puissance n'est plus à prouver... C'est ici qu'est sa place... Sous votre coupe... (Elle remonta sa main le long du bras du prince, ignorant superbement Evie.) Vous n'avez pas le temps pour ces futilités mais je la lierai pour vous et je la surveillerai de près... De très près... Si telle est votre volonté... ” Le prince les regarda tour à tour tandis qu'ils semblaient tous sur le point de s'étriper les uns les autres. Evie osait à peine respirer, sa cuisse la brûlant. Le prince était bien plus excité par la situation qu'il ne le montrait, tout du moins le pensa t'elle. Il la poussa nonchalamment, manquant de la faire tomber et se redressa vivement tandi qu'elle se reculait en hâte.
“ J'aurais pris ma décision dans 24 heures. (Il marqua une pause, se tournant vers Zachariah et Mordecai.) Elle sera sous la responsabilités des traqueurs en attendant. ”Le déformé posa une main sur l'épaule de la jolie brune, la faisant tourner pour l'emmener avec lui, traversant la foule. Perdue et confuse, elle y trouva presque du réconfort.
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