Délices et orgues 4

- Par l'auteur HDS Ethelrede -
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Récit libertin : Délices et orgues 4 Histoire érotique Publiée sur HDS le 16-07-2024 dans la catégorie Dans la zone rouge
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Délices et orgues 4
Le retour à la maison

Coralie arriva avec Paul à son appartement au milieu de la matinée. Personne ne s’y trouvait encore. Ils entrèrent et, sans perdre une seconde de plus, Coralie poussa son amoureux vers sa chambre et le fit tomber sur son lit, encore défait depuis la veille.
C’est elle qui avait gagné la course, chez Paul, et fait jouir son homme en premier ! Elle avait donc mis sa promesse à exécution et à sa grande surprise, Paul n’avait pas fait du tout de difficulté à recevoir le baiser dû. Il avait finalement avoué que, tout de même, sa préférence allait au goût du plaisir de sa belle. Il était donc grand temps de lui en donner. Elle releva sa jupe, écarta sa culotte sur le côté et s’assit sans façon sur le visage du jeune homme pour une rapide toilette.

C’est à cet instant précis que des voix se firent entendre sur le palier, suivies d’un bruit de clé dans la serrure. Coralie embrassa son amant à la hâte avant de sauter à bas du lit, rajuster sa culotte et sa jupe pour courir jusqu’à la porte qui s’ouvrit juste devant elle.
- Nine ! Tu es enfin là ! Ce que je suis heureuse.
- Ça sent toi sur tes lèvres, on dirait que tu as été coquine, toi !

***
- Alors ! je suppose que tu es ce Paul dont Cora me parle tant ! Bonjour et bienvenue chez nous !
- Merci ; j’imagine que tu es Marine, celle qui a pris l’autre moitié du cœur de ma belle !

Coralie prit la main de son amante :
- Nine, j’ai envie de toi, là, tout de suite, tu veux bien ? On ne l’a encore jamais fait dans ton lit, on y va ?

Coralie prit Marine par la main et l’entraina vers son lit : elle n’avait pas ses chances… elle le sentit tout de suite et renonça à présenter Manine aux deux amoureux. Les deux jeunes femmes pressèrent leurs pas vers la chambre de Marine dont elles ne prirent pas même la peine de refermer la porte avant de s’enlacer en se jetant sur le lit.

Paul se retourna vers la dernière personne qui demeurait, un peu gauche, devant la porte d’entrée. Elle ne lui avait pas été présentée… Il avait toutefois quelques indices !
- Bonjour. Par élimination, je déduis que vous êtes Manine. Coralie m’a expliqué assez vaguement qui vous êtes. Je suis Paul, compagnon de Coralie, très heureux de vous rencontrer.
- Oui, je suis bien Manine. Bonjour Paul. Pardonnez-moi ; je … je ne me sens pas très à l’aise…

La jeune femme avait dit cela en jetant des regards dépourvus de toute équivoque vers la chambre de Marine, restée ouverte, où l’on pouvait maintenant voir les deux amantes nues s’enlacer suavement sur le lit.
- Désirez-vous que je ferme la porte ?
- À quoi bon ? Nous savons tous ce qui s’y passe…
- Êtes-vous malheureuse, ressentez-vous de la jalousie ?
- Ma foi… Pas vraiment, du dépit, peut-être. Ma maman me dit toujours qu’il ne faut pas être jaloux, dans la vie, elle dit que ça rend moche et malheureux ! Mais c’est tout de même la femme que j’aime qui fait l’amour devant moi avec une autre…
- Une autre qui est celle que j’aime, savez-vous ! Votre maman a raison ; j’en déduis que vous n’êtes pas jalouse car vous êtes loin d’être moche et même très jolie !
- Merci Paul c’est gentil. Marine m’avait bien avertie que cela allait inéluctablement se produire… Je n’ai aucun étonnement. En fait, elle m’a expliqué hier ce que je devrais faire pour ne pas souffrir de la situation.

Paul entendit alors en détail ce que pensait Marine à propos du champ des possibles de Manine, ce qu’il lui appartenait de faire pour comprendre pourquoi elle s’en donnait si peu. Il acquiesçait régulièrement, demandait parfois des précisions, puis il lui répondit.
- Marine me semble avoir une vision intéressante de votre situation, Manine : Elle ne tente pas de vous convaincre de changer votre orientation sexuelle, elle se borne à vous faire toucher du doigt comment elle a, elle-même, élargi son propre champ des possibles dans le domaine de sa sexualité. Tout comme Coralie d’ailleurs. Voilà deux femmes qui se revendiquaient d’une hétérosexualité exclusive, presque militante, il y a très peu de temps et les voilà qui ont soudainement adopté une orientation bisexuelle très épanouie. Elles ont ainsi considérablement élargi le champ de leurs possibilités.
C’est, si j’ai bien compris, ce qui vous a permis de séduire Marine et de débuter une relation physique avec elle hier. Elle ne l’aurait jamais fait si votre rencontre avait eu lieu il y a seulement deux jours !

- Débuter… le mot est fort. Notre relation semble bien avoir pris fin, déjà.
Je ne le crois pas, Manine ! Vous n’avez sans doute pas totalement intégré que Marine entend par son ʺchamp des possiblesʺ. Vous en faites partie, me semble-t-il. En fait, non, j’en suis certain. Je pense que Marine peut venir faire l’amour avec vous à tout moment dans le futur, dans cinq minutes peut-être, simplement parce que cette possibilité lui est ouverte, parce que prendre du plaisir avec vous, jouir avec vous fait partie des choses qu’elle s’est accordé le droit de désirer, de réaliser ! Et parce que Marine a développé pour vous un sentiment très fort. Une grande amitié qui, paradoxalement, inclut une attirance, un désir physique, alors que c’est précisément la frontière admise entre amour et amitié. J’avoue que c’est troublant… Mais il est certain qu’elle désirera également un homme tôt ou tard. Cet homme vous rejoindra dans son champ des possibles ! Par contre, vivre avec vous ne fait pas partie de ce champ… vivre avec lui, oui.

- Je crois que je comprends. Merci Paul. Je sais, je sens que je dois ouvrir mon regard sur le monde. J’ai encore tellement de choses à découvrir, tellement de retard… quand je pense que je suis encore vierge… enfin, vis-à-vis des hommes, je veux dire !
- Quelle chance vous avez !
- Vous trouvez ? J’ai bientôt vingt-cinq ans, tout de même !
- Manine, pour toute chose, dans notre vie, il n’y a qu’une seule première fois. Eh bien, cette première fois-là, elle vous reste à vivre, cela signifie que vous ne l’avez pas gaspillée avec n’importe qui, n’importe comment ! Elle vous appartient, c’est merveilleux, quelque part, non ? Vous avez ce pouvoir inouï de décider comment vous allez la mettre en œuvre, comment vous allez la vivre, comment, avec qui… Sentez-vous la chance que vous avez ?
- Oui, vous avez raison.
- Vous n’avez vraiment jamais eu envie d’avoir un amoureux ?
- Si… C’était il y a trois ans. Un garçon très beau, très doux, d’une gentillesse incroyable avec moi ; j’ai encore peine à le croire. Il portait un prénom un peu fou : Loup-Luc ! Tout le monde l’appelait Luc ; il préfère ce raccourci. Sauf moi, j’avais pris l’habitude de l’appeler Loul… Un soir, il était venu chez moi, nous avons mangé puis nous sommes restés longtemps ensemble, sur le canapé, sans bouger ou presque. J’ai fini par lui proposer de venir sur mon lit. Bon… Vous imaginez bien ce qui a pu se passer ! Nous nous sommes retrouvés nus dans le lit, nous nous embrassions, nous faisions des caresses d’une tendresse immense, c’était tout doux. Je sentais son désir palpiter contre mon ventre… Et puis, au dernier moment, quand il a voulu essayer de me prendre, j’ai juste murmuré ʺnon, s’il te plaît…ʺ
- Cela vous tourmente, n’est-ce pas ? Et qu’a-t-il fait, alors ? Il est parti ?
- Oh non ! Il m’a prise dans ses bras et m’a serré très fort contre lui en me disant ʺje t’aimeʺ !
- Et vous n’avez pas essayé de nouveau ?
- Oui et non… Nous avons dormi ensemble souvent, toujours nus, mais il ne voulait pas me brusquer, s’imposer à moi. Jamais il n’a tenté de recommencer, de me brusquer. Et jamais je ne l’ai invité à aller plus loin…
- Et vous le voyez toujours ?
- Non, un jour il m’a dit qu’il ne pouvait plus rester comme ça avec moi.
- Il en a eu assez d’attendre ?
- Même pas ! Il m’a juste dit que fatalement, un jour il me tromperait et qu’il ne voulait pour rien au monde me trahir. Alors le mieux était qu’on ne soit plus ensemble… Il est parti.
- Et vous, qu’en pensez-vous, Manine, aujourd’hui ?
- Je pense que Loul avait placé mon bonheur bien avant le sien. Je pense que je n’ai pas tout compris son cheminement de pensée, je pense que j’aurais dû essayer de me raisonner. Mais j’avais tellement peur ! J’étais tétanisée à l’idée qu’un homme entre en moi, même lui. C’est si bête…
- Vous le regrettez ?
- Je ne sais pas. Quand je suis dans les bras de Marine, quand nous faisons l’amour ensemble, j’ai l’impression que le monde est à moi, mais en repensant à Loul, là maintenant, je n’en suis plus si sûre.
- Savez-vous ce qu’il est devenu ?

Manine s’agita soudain, elle fouilla frénétiquement son sac, sortit son téléphone et composa en toute hâte un numéro.
- Loul ? Comment ça va ? Moi ? Je crois que je vais merveilleusement bien… Si, je te jure ! Je viens de vivre une illumination. Non… Loul, je… j’ai besoin de te parler, tu crois que tu pourrais me donner une nouvelle chance ? Maintenant ?

Sa courte conversation terminée, Manine raccrocha et regarda Paul
- Il m’attend ! Depuis trois ans déjà, ça presse, j’y vais !

Elle fit un petit baiser sur chaque joue de Paul, en rougissant comme une pivoine.
- Vous êtes vraiment gentil, Paul, un type très chouette. Coralie a beaucoup de chance de vous connaitre… de vous avoir pour compagnon. Dites, vous pouvez prévenir Marine que je suis repartie et lui dire pourquoi ? Merci, à bientôt !


Le premier weekend à trois

Coralie s’était jetée sur le lit, bientôt rejointe par Marine. Les deux amies avaient entrepris une folle embrassade, se donnant force baisers et caresses. Les vêtements volaient çà et là et bientôt, les deux jeunes femmes se retrouvèrent nues, bras et jambes se mêlant et démêlant, se serrant comme si elles avaient cherché à ne plus faire qu’un seul corps.
- Mais qu’est-ce que c’est, ça ? Tu portes un plug, toi ? Je n’aurais pas pensé ça de toi !
- C’est le cadeau de retrouvailles de Manine, elle me l’a offert hier.
- Et tu aimes ?
- Plutôt, oui. J’ai eu un orgasme en l’essayant, rien qu’en marchant autour de sa table… C’est pour ça que je l’ai mis pour venir te retrouver !
- Je connaissais l’objet mais je n’en avais jamais vu de si près. Il faudra que j’essaye, un jour.
- À mon avis, tu vas aimer !
Coralie s’était mise à jouer avec le bijou tout en laissant ses doigts jouer avec tout ce qui l’entourait… Bientôt, Marine avait commencé à gémir avant de se raidir soudainement, prise par une bouffée de plaisir, tout en embrassant fougueusement sa partenaire..
Les deux amantes n’avaient pas vraiment fait attention à ce qui se passait à côté. Elles n’avaient pas pris conscience que Paul et Manine parlaient puis que cette dernière était repartie. C’est en voyant Paul, confortablement installé sur une chaise en face de la porte de la chambre, qui les regardait l’air goguenard, certes, mais un rien congestionné aussi, qu’elles reprirent conscience du monde autour d’elles.
Les deux amantes se regardèrent avec un air de connivence puis se levèrent pour aller voir le garçon. À peine eut-il le temps de leur dire que Manine avait dû repartir, son pantalon était déjà un lointain souvenir et deux bouches aux lèvres gourmandes entamaient un ballet de va-et-vient sur son sexe épanoui. Chaque fois qu’elles se trouvaient en son sommet, les deux bouches se rejoignaient pour un baiser non feint, amoureux, d’une sensualité qui faisait fondre le jeune homme. Puis elles redescendaient, flattant l’ensemble de l’appareil avant de reprendre le chemin inverse.
Lorsque Coralie jugea que le garçon était prêt, elle offrit à Marine une aimable chevauchée avec son compagnon, là sur cette chaise !
- Que dirais-tu d’un petit trot enlevé sur mon Paul, ma Nine ?
- Avec joie, ma belle… cela fait des mois que je n’ai plus eu d’occasion de monter à cru !
Marine se mit à califourchon sur le garçon, immobile pour le moment, et Coralie le guida en elle. Commença alors une séance d’équitation fort honorable ! Coralie, à genoux derrière son amie, voyait juste sous ses yeux la jolie pierre bleue de son bijou monter et descendre au rythme de la chevauchée. Lui vint alors l’idée de jouer un peu avec le bijou… Elle tira avec douceur pour l’extraire, le frotta un peu plus bas, là où le nectar divin de Marine abondait, avant de le remettre en place. Elle refit cela trois fois, déclenchant de petits gémissements de plaisir de son amie. Puis, l’ôtant tout à fait, elle profita d’une position haute de la jeune femme pour saisir la hampe de sa monture et la rediriger vers cette autre ouverture…
Marine comprit immédiatement où son amie voulait en venir. Elle eut le réflexe de se raidir mais, cependant, cette chose à laquelle elle s’était toujours refusée jusqu’alors, elle eut soudain le goût de la tenter, le bijou lui ayant en quelque sorte ouvert... l’appétit. Elle se détendit donc totalement, comme elle l’avait fait précédemment chez Manine, et Coralie la vit descendre sur la vibrante colonne de chair sans manifester ni étonnement, ni gêne, ni douleur.
Bien au contraire, après quelques secondes d’immobilité à la base du pieu, Marine s’était penchée un peu et avait embrassé Paul en un baiser d’encouragement. Elle avait alors repris son mouvement alternatif en poussant des cris de satisfaction, ponctués de quelques injonctions.
- Oh, qu’est-ce que c’est bon, ça ! Plus fort, Paul, encore, encore !

Coralie lui recommanda de se retourner, afin qu’elle pût participer au jeu. Marine quitta sa monture juste le temps de lui tourner le dos et de s’asseoir de nouveau sur son partenaire, l’absorbant à nouveau avec gourmandise. Elle reprit son va-et-vient, jambes largement écartées, laissant à Coralie tout le loisir de venir butiner de sa langue sa fleur d’amour maintenant totalement inondée, déguster avec délice son enivrant nectar jusqu’à ce que, rompue par tant de sensations érotiques et sensuelles, Marine explose dans un orgasme magnifique.

La jeune femme se releva, non sans être d’abord restée immobile quelques instants pour profiter encore un peu de cette sensation tellement nouvelle pour elle. Coralie, sans façon aucune prit sa place et, faisant face à son amoureux, le guida en elle de la même manière que son amie un moment plus tôt.

Coralie embrassait son amant et lui distillait des mots tendres et coquins à l’oreille. Marine, de son côté, avait ramassé son joli bijou sur le parquet et, machinalement, l’avait remis en place avant de s’asseoir sur le canapé pour jouir plus pleinement de la vue de ce couple en train de se donner du plaisir.
Un plaisir que Coralie manifestait sans retenue, exprimant combien elle aimait cette pratique, assurant que c’était vraiment trop bon, encourageant Paul à continuer, à lui en donner encore et encore, et plus fort.

Lorsque Marine sentit que Paul n’allait bientôt plus pouvoir résister bien longtemps elle vint s’agenouiller à côté du couple. Coralie se dégagea et en fit autant ; les deux jeunes femmes reprirent le ballet qu’elle avait commencé un peu plus tôt. Lorsque Coralie sentit que le moment ultime était imminent, elle inversa son mouvement, laissant Marine prendre son amant en bouche et recueillir l’hommage de son plaisir.

Coralie, par petites pressions le long du pétiole de chair, aida la sève à s’en écouler en totalité. Alors, seulement, Marine le quitta, les lèvres closes et arborant un sourire de victoire. Elle s’approcha du visage de son amante au sourire gourmand et lui administra un baiser d’une intensité folle. De longues minutes durant, les deux femmes échangèrent leurs langues ainsi que la sublime liqueur. Le baiser prit fin lorsqu’il n’en resta plus rien.
Marine passa un doigt sur son menton et le regarda avant de le lécher soigneusement :
- Il ne faut jamais gaspiller de la bonne marchandise !


Paul sortit de son cartable resté posé sur le canapé, une bouteille de vin blanc. Il l’ouvrit, en servit trois petits verres et les trois amants le dégustèrent avec plaisir, nus et heureux, tout en se distribuant force caresses et baisers.
- Si nous allions sur un lit ?

Marine prit la main de Coralie et celle de Paul et les emmena vers sa chambre. Coralie s’était allongée au milieu avec Paul à sa droite et Marine à sa gauche. Elle avait ainsi ses deux amoureux à ses côtés ; elle rayonnait de bonheur.
- Paul, Je t’aime comme une folle ! Tu es l’homme de toute ma vie… mon rêve, c’est clair, c’est de vivre auprès de toi, d’avoir des enfants avec toi, que nous les élevions ensemble !

Se tournant vers Marine, elle reprit :
- Nine, je t’aime au-delà de tout ce qu’il est possible d’imaginer. Je ne parviens pas à me rassasier de toi, de ton corps, de ton amour. Tu es la plus belle fille qu’il m’ait été donné de rencontrer ! Je ne peux simplement pas concevoir ma vie sans toi auprès de moi. Si la chose était possible, je crois que je vous demanderais à tous les deux de m’épouser, Paul et toi…

Un long silence avait suivi : il y avait vraiment beaucoup de choses à recevoir, à comprendre, à digérer. Puis Marine répondit avec une infinie douceur :
- Ma belle, ma Cora chérie, je t’aime follement moi aussi, je ne parviens pas m’emplir suffisamment de tout toi, j’en désire d’autant plus que tu m’en offres davantage ! Je n’avais jamais trouvé une femme attirante avant de te connaitre et, maintenant, je te trouve la plus incroyablement belle, sexy et envoûtante du monde entier ! J’ai connu avec toi les plaisirs les plus fous, les jouissances les plus intenses de toute ma vie. Et je sens bien que nous n’avons pas atteint le sommet des félicités indicibles qui nous sont ouvertes, à toi et moi… il faudrait plusieurs vies pour cela, et les vivre ensemble !
Mais voilà, tout comme toi j’aspire à connaître l’homme de ma vie qui me fera des enfants et les élèvera avec moi. Tu sais bien, cet homme ne saurait être ton Paul qui n’est qu’à toi, quelle que soit l’affection que nous puissions nous porter, le désir que nous puissions avoir l’un de l’autre lui et moi, j’en veux pour preuve ce que nous venons de faire ! Je voudrais de toutes mes forces vivre auprès de toi, toujours, l’idée me hante et pas une minute de lucidité ne se passe chaque jour sans que je cherche une solution, une martingale pour y parvenir. Tu le sais, cela m’obligerait à renoncer à ce rêve de l’homme de ma vie, je ne m’en sens pas la force, encore moins l’envie.
Mais pour l’heure, sois-en sûre, je t’aime à la folie, je te désire ardemment… viens, mon amour, aime moi, fais-moi l’amour… fort…

Coralie se lova des larmes aux yeux contre son amante, la fit venir sur, elle en cette position qu’elle aimait tant, et commencèrent les caresses les plus suaves, les plus sensuelles qui, petit à petit calmèrent les chagrins de ce trop-plein de paroles.

Lorsque Marine glissa sur le côté entre Coralie et Paul, ce dernier entra dans la danse et se rapprocha d’elle. Marine avait passé une jambe au dessus des hanches de son amoureuse ; il y vit une belle possibilité de donner un peu de la langue. Il butta sur la main de Coralie dont deux, puis trois doigts avaient investi son objectif. À défaut, il dut se borner à recueillir le nectar si puissamment incitatif de la belle, puis, renonçant, s’en vint faire de petits baisers dans son cou. La main de Coralie vint alors le saisir vers le bas de son ventre pour l’inviter à se remettre au travail, lui indiquant le chemin vers cet endroit où un joli saphir bleu sombre interdisait toute rencontre. Paul s’en saisit avec une grande douceur et le retira prestement, avant de prendre sa place sans perdre une seule minute.
Aussitôt, Marine s’activa, lança des gémissements de plaisir, multiplia ses caresses et ses baisers à son amante, lui fit tant et tant de choses sensuelles et puissamment érotiques qu’elle ne put résister, lançant son cri de jouissance.
Son souffle retrouvé, Coralie s’en fut assister sa belle de ses doigts tout en l’embrassant avec fougue. Deux, puis trois, Marine était aux sommets des nuages ! Elle osa un quatrième doigt, puis présenta son pouce, complétant ce fin bouquet. Marine ne semblait pas opposée à cette idée, mais avec le plaisir qu’elle exprimait avec vigueur, Coralie n’était sûre de rien et avançait avec prudence. Elle poussa un petit peu, en tournant légèrement sa main : son amante émit un gémissement encourageant. Elle avança encore un peu, repliant ses doigts à l’intérieur… elle sentait sa main serrée aussi fort que quand, plus jeune, sa maman lui faisait laver des bocaux à confiture dans lesquels elle passait à grand-peine son poignet pour en frotter le fond. L’idée la fit rire in petto ; ce petit mouvement eut raison du dernier millimètre. Coralie sentit les muscles se resserrer avec force autour de son poignet et Marine crier
- Oh oui, mon amour, oui, encore, encore…
Ce fut sans aucun doute le moment le plus intense de toute cette journée, lorsqu’elle sentit simultanément Paul atteindre son propre plaisir en elle. Lorsque Paul, avec douceur et tendresse, s’éloigna d’elle en lui faisant de petits baisers sur le cou et les cheveux, et que Coralie recouvra l’usage de sa main, Marine s’endormit aussitôt, terrassée par trop de plaisir.
Paul et Coralie s’en furent préparer un dîner dont ils avaient apporté les ingrédients en arrivant. Lorsque tout fut prêt, Paul servit un verre de son vin blanc pour chacun et en apporta dans la chambre de Marine qui dormait encore. Il murmura quelques paroles tendres à son oreille, lui faisant finalement ouvrir un œil.
- Tu es gentil Paul… tu es un amour… un peu trop, même !
Elle lui fit un petit baiser sur les lèvres et se leva pour rejoindre sa belle dans la pièce voisine. Son verre à la main elle croisa le bras portant le verre avec celui de Coralie.
- À notre amour, ma belle !

Bras croisés, elles burent la gorgée de l’amour.

Tout le monde peut assez aisément se faire une idée d’un dîner d’amoureux, en couple, dans un restaurant, avec un décor romantique, leurs plus jolis vêtements, des bougies, de la musique douce et de merveilleux petits plats préparés par un cuisinier de talent… Le dîner de trois personnes, nues, deux filles et un garçon, se lançant les mêmes regards languissants autour d’une table simple et sans décoration, des coquillettes au fromage râpé avec du jambon pour menu et un verre de Chinon blanc comme boisson, oui, cela détonne un peu par rapport à l’image que l’on peut s’en faire !

Mais ces trois-là avaient le bonheur le plus ineffable ancré dans leurs yeux et chacun d’eux savait que personne ne pourrait jamais le leur prendre, dût-il durer la vie entière ou seulement quelques minutes.
Marine fit la vaisselle en un tournemain, reposa le dernier couteau dans l’égouttoir :
- Et si on faisait l’amour ? Ça se fait, parfois, après un dîner en amoureux, non ?



Loul

Manine prit le métro, pensant aller plus vite. Mais la correspondance au Châtelet fut si longue qu’elle se dit qu’elle aurait sans doute mieux fait d’y aller à pied.
- Tu le sais, pourtant… Tu es encore en train de fuir… Ma chérie, tu déconnes… Vas-y, quoi ! c’est bien ce que tu veux, non ?

Elle reprit sa route en métro, sachant que maintenant la correspondance passée, elle irait nécessairement moins vite à pied. Mais elle avait le sentiment d’avoir été mauvaise.

Lorsqu’elle arriva, essoufflée devant la porte de Loup-Luc, allias Luc, nom qu’il préférait très largement, elle n’osa pas frapper, encore moins sonner. Elle resta devant la porte, comme paralysée, cherchant à retrouver son souffle et se composer un visage convenable, sans émettre le moindre son. Pourtant, elle vit l’huis pivoter, sans bruit, avec une infinie lenteur. La semi-obscurité du palier fut graduellement remplacée par la lumière éclatante d’une pièce aux larges baies envahies de soleil. Sur le pas de la porte, Loul la regardait avec un sourire, engageant mais sans excès, et une bienveillance sans borne dans le regard.

Manine ouvrit la bouche pour parler tout en recherchant désespérément comment elle allait s’y prendre pour trouver une entrée en matière... elle était désespérée d’avoir autant de choses à dire et, surtout, à se faire pardonner ! Le jeune homme barra ses lèvres de son index en murmurant
- Chttttt ! pas maintenant… entre.

Manine entra en ce lieu qu’elle connaissait par cœur, où son âme avait fait le plein de souvenir à la fois très tendres et désespérants en même temps. Rien n’avait changé depuis trois ans. En fait, cela lui procurait un sentiment de sécurité. Elle regardait partout autour d’elle, fuyant les yeux du jeune homme qui, lui, ne la quittait pas de son regard en fusion.
- Je suis très content que tu sois venue, Manine.
La jeune femme soutint son regard un court instant, et, une sorte de désespoir dans la voix lui répondit :
- Moi, je suis heureuse. Follement heureuse d’avoir fait ce voyage jusqu’à toi. Parce que j’ai des choses à te dire, tant et tant de choses que je ne sais pas bien par où commencer.
- Alors, commence par ce qui te semblera le plus facile, peut-être ?
- Ah, ça ! Tout sera difficile, je le crains…
- Puis-je te faire un aveu, Manine ?
- Oui… bien sûr
- Pour moi aussi, ce sera difficile. Alors tu ne dois pas avoir peur !
Quelques minutes lourdes de sens passèrent…
- Loul… Je t’aime…
- Moi aussi, je t’aime, Manine. Et là, je crois que nous venons d’épuiser le facile !
Manine éclata de rire, suivie par son ami ! Cela leur fit sans doute beaucoup de bien de rire librement, sans retenue, car le jeune homme reprit le premier avec une certaine assurance.
- Manine, j’ai un aveu à te faire. Je me reproche tellement de ne te l’avoir jamais fait… J’aurais dû, il y a longtemps. Je n’ai jamais pu.
- Dis-moi, Loul, je te croirai, je ne te jugerai pas, je te le promets.
- Hmm… Manine… Heu… C’est difficile, tu sais…

La jeune femme ne bougea pas un cil ; le garçon se lança enfin.
- Manine, je n’ai jamais connu ni aimé personne, ni fille ni garçon avant toi. Voilà, je l’ai dit. Je jour où je t’ai rencontrée, j’ai su que ce serait toi ou personne d’autre… Depuis, je t’attends.

La jeune femme reçut cette nouvelle comme un grand coup de poing dans son plexus. Elle ferma les yeux, chancela un peu et Loul la retint de tomber. Puis remettant ses idées en place, réalisant la portée de ce que lui avouait cet amoureux de tous les temps, elle se trouva soudain envahie par une immense tristesse. Les larmes montèrent auxquelles rien ne put résister : Manine lâcha la bonde et se laissa pleurer.

Ainsi, ce garçon l’attendait depuis toujours et elle, qu’avait-elle fait ? Ne l’avait-elle pas rejeté, dédaigné même ? Elle se reprochait d’avoir été aveugle à cet amour-là. Elle avait pourtant bien senti son intensité… Mais elle s’était refusée à lui. Elle se reprochait son égoïsme…

Loul la prit dans ses bras et tenta de la réconforter.
- Manine… je n’ai rien dit de triste ! Je te dis seulement que je t’aime, que tu es la plus belle fille que j’aie jamais rencontrée, que tu es la femme de ma vie, que je ne te trahirai jamais, que le but ultime de ma vie est de te rendre heureuse, que je…

Manine posa sa main sur la bouche de son amoureux. Une ébauche de sourire aux lèvres et, en essuyant ses larmes, elle le fit se taire d’un regard éloquent.
- Je t’en supplie, arrête ! retiens-toi ! Laisse une ou deux déclarations d’amour pour après…
- Après quoi ?
- Et si tu me laissais faire la mienne, par exemple ?

Le garçon devint écarlate.
- Je te demande pardon…
- Loul, je vais être un peu crue, mais tant pis. Tu le sais, et tu en as souffert, je l’ai bien vu… j’ai eu l’essentiel de mes relations amicales et amoureuses avec des filles, même depuis que je t’ai connu. Et pourtant, tu es le seul homme à être entré dans ma vie.
- Je sais !
- Pardonne-moi, Loul, au début, j’ai cru que tu étais homo…
- Je sais ! je l’ai fait exprès ! J’ai conclu en voyant tes relations que ma seule chance était de ne représenter aucun danger, d’être du même bord que toi !
- Oh, le vilain ! tu as fait ça ! C’était bien vu, et ça a plutôt bien marché !
- Oui, tu m’as donné beaucoup d’espoir… au début.
- Nous avons dormi ensemble, tu te souviens ! Nus parfois. Nous avons même bien failli faire l’amour, une fois, mais je n’ai pas réussi à vaincre mes peurs, je t’ai repoussé : je t’en demande pardon aujourd’hui.
- Je n’ai pas de pardon à t’accorder, Manine, tu n’étais pas encore prête, c’est tout. On ne moissonne pas le blé vert, on ne sort pas le pain du four quand il n’est pas cuit ! J’ai pour toi autant de patience que d’amour à t’offrir.
- Alors, je peux te redire que j’en suis heureuse. Parce que, j’ai réalisé ce matin, que mon attirance la plus sincère, la plus profonde, si elle n’est pas pour les hommes en général, n’est pas non plus exclusivement pour les filles.
- C’est un début…
- Non, Loul ! Pour toi, c’est une fin : je te l’ai déjà dit, je t’aime, et … j’ai envie de toi… Maintenant, là…

Loul regarda Manine incrédule. Une gigantesque page blanche venait de s’ouvrir devant lui et pas le moindre crayon, la plus petite plume sergent-major n’avait suivi. Il se demanda un instant comment il allait faire pour y écrire la suite, un peu paniqué par sa totale inexpérience. Manine le sentit aussitôt.
- Loul ! tu te souviens cette nuit où nous avons dormi ensemble, tout nus, serrés l’un contre l’autre ? Nous avions failli le faire mais mon mental avait déraillé. Mon corps et mon mental sont en paix, maintenant… Si on reprenait là ?
La tendresse, la confiance, l’amour se lisaient dans les yeux du jeune homme quand il la prit dans ses bras.
- J’en rêve depuis si longtemps...

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