Députée dépitée 3

- Par l'auteur HDS Briard -
Récit érotique écrit par Briard [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Récit libertin : Députée dépitée 3 Histoire érotique Publiée sur HDS le 29-04-2023 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Députée dépitée 3
Partie 3

Agathe se tournait les sangs. Lionel n’était pas rentré de la nuit et elle n’avait pas beaucoup dormi.
Elle se traitait de tous les noms, se faisait mille reproches et se jurait que, jamais plus, on ne l’y reprendrait.
Elle l’aimait son Lionel, depuis le lycée elle l’aimait.
Il était le seul, l’unique amour de sa vie.
Gauthier n’avait été qu’un pis-aller, une rencontre fortuite au moment où elle était traversée par le doute.
Elle sentait bien, ces derniers temps, que sa patience vis-à-vis de son mari, s’était considérablement amoindrie.
Elle perdait son calme quand elle attendait qu’il soit un peu plus prolixe et qu’il laissait faire.
Elle aurait voulu qu’il entre en joute verbale avec le conseiller, qu’il lui tienne tête, qu’il le domine, qu’il l’écrase, même. Mais au lieu de ça, il lui avait laissé, à elle, tout le boulot.
Il s’était mué dans le plus profond des silences, la laissant seule, au front, face à ce beau parleur.
C’est pourtant vrai qu’il avait un charme fou. De beaux yeux couleur cendre, des cheveux d’un brun de jais, un corps fin et élancé et, cerise sur le gâteau, une assurance qui lui avait permis de prendre le commandement de leur groupe de travail.
Il était un dominant, mais un dominant avec un bagage intellectuel impressionnant.
Elle s’était laissé séduire par son bagout, ses yeux doux, ses regards en coin, ses petits gestes d’attention : sa main posée négligemment sur son épaule ; sa façon, tout en douceur, de lui relever une mèche rebelle sur le front ; sa main qui recouvrait souvent la sienne, comme pour lui dire « laisse, je vais parler ».
Jamais Lionel n’avait eu cette attitude conquérante. Avec elle, il était en pays conquis.
Pourquoi continuer à la séduire, matin après matin, quand la cause semblait entendue.
Elle faisait partie « de ses meubles ».
Elle était sienne, alors pourquoi jouer les coqs dans la basse-cour ?
C’est pourtant ce qu’elle aurait aimé. Qu’il soit son preux chevalier, la défendant corps et âme, menaçant, avec le verbe, le prétendant, se mettant sans arrêt entre elle et lui.
Au lieu de ça, il écoutait, jour après jour, l’air béat et muet, le discours, entièrement construit pour la séduire elle, sans voir le diable approcher.

Bien sûr, l’élue, « la promise », l’ambitieuse, « la future », c’était elle.
Bien sûr, elle s’était toujours mise en avant et l’avait toujours gardé, bien à l’abri, dans son ombre.
Bien sûr, celle qui devait récolter les fruits de leurs travaux, c’était, une fois de plus, elle.
Mais, si cette situation lui pesait, s’il avait, lui aussi, quelques ambitions, pourquoi s’être contenté d’un strapontin ?
Pourquoi ne pas l’avoir un peu bousculée, comme l’autre avait su si bien le faire ?
Pourquoi ne pas avoir sorti la tête de l’eau et demandé sa part de reconnaissance et d’honneur.

Elle se dit que, tout de même, le président de la Région était venu, en personne, le chercher.
Elle se dit que, depuis qu’il y travaillait, rien ne se faisait sans qu’il ne soit consulté, questionné, écouté.
Bien sûr il était largement aussi cultivé et intelligent que le bellâtre.
Bien sûr il aurait su, largement mieux que lui, prendre les rênes de la réflexion et la mener à sa main.
Bien sûr il avait les moyens de les mettre tous à sa botte.
Mais …
Mais, pourquoi n’en avait-il rien fait ?
Pourquoi était-il resté prostré toutes ces journées, écoutant, sans jamais émettre la moindre remarque ; sans poser la moindre question ; sans remettre une seule fois en cause la diatribe du beau parleur ?
Oui, à la fin, il avait émis tout un tas de critiques, surtout vis à vis du Parti, mais, tout était bouclé, bâché, prêt.
Alors, pourquoi si tard ?
Trop tard ?
Oui, c’était là que se trouvait la faille.
Il était trop tard.
Trop tard pour défendre leur duo.
Trop tard pour défendre leurs idées.
Trop tard pour défendre leur couple.
Était-il vraiment trop tard ?
Trop tard pour défendre leur amour ?

Mais non, bon sang. Leur amour était intact.
Elle comprenait maintenant pourquoi il était resté muet, ces derniers jours, et dans l’ombre, ces dernières années.
Par amour.
Il n’avait que faire des honneurs, de la gloire, des autres femmes, et tout et tout …
Parce qu’il l’aimait.
Il l’aimait plus que tout et par-dessus tout.
Il l’aimait au point de s’effacer pour elle.
Il l’aimait au point de se sacrifier pour elle.
Il l’aimait au point de s’oublier pour elle.
Elle se rappela à quel point le plus brillant des deux, cela avait toujours été lui.
Elle se rappela combien de fois il l’avait sorti de situations embarrassantes.
Elle se rappela combien de fois il l’avait ramenée dans le droit chemin, politique s’entend.
Elle s’était laissé emporter par le succès.
Elle avait oublié en quoi elle le lui devait.
Elle avait oublié qu’il avait été sa boussole.
Elle avait oublié que, sans lui, elle serait sans doute aujourd’hui, dans un cabinet obscure à jouer un rôle secondaire.

Oui, elle lui devait quasiment tout.
Elle, elle était moins douée que lui.
Depuis le départ, il avait complété ses manques et, Dieu sait si elle en était pourvue.
Elle avait oublié à quel point elle avait eu une chance insolente qu’un homme si brillant que lui se soit amouraché d’elle.
Il n’avait pas eu à la séduire, c’est elle qui avait fondu pour lui.
Même les premiers temps, il pouvait rester des heures à la regarder évoluer dans leur petit appartement d’étudiant, en silence, un sourire innocent et conquis sur les lèvres.
Il était un taiseux. Elle le savait depuis le début.
C’était même ce qui l’avait séduite en premier chez lui.
« Ce jeune homme n’a pas besoin de parler pour se faire comprendre, et ça, c’est absolument remarquable ».

Alors pourquoi le lui reprocher aujourd’hui ?
S’était-elle lassée de sa timidité ?
S’était-elle lassée de son manque de volubilité ?
S’était-elle lassée de son mutisme ?
S’était-elle lassée de sa discrétion ?
Comment pouvait-on se lasser d’un tel homme ?
Comment pouvait-on, aujourd’hui, se lasser de ce qui, hier, vous avait attirée, éblouie, séduite ?
Elle s’en voulait d’avoir été aussi lâche.

Lâche ! Encore un défaut que n’avait pas son homme.
En retrait, oui, taiseux, oui encore, mais lâche, jamais.
Rien ni personne ne lui faisait peur.
Et certainement pas ce pleutre de Gauthier.
Quand Lionel lui avait dit « Toi, gros connard, avant de partir, j’aurai deux mots à te dire », le couard s’était carapaté comme un peureux, comme un trouillard. Oui, la queue entre les jambes. Disparu, du balais le merdeux.
Elle s’en voulait d’avoir été aussi faible.
La danse de séduction de l’autre gugusse l’avait flattée, gonflée d’orgueil, de bouffissure.
Elle s’était enorgueillie de voir à quel point elle pouvait encore séduire.
Un beau mec comme le Gauthier, aux petits soins pour elle, ça l’avait troublée, attirée, irrésistiblement tentée.
Et tout ça pour quoi ?
Quelques instants de plaisir.
Quelques instants d’abandon.
Quelques instants d’interdit.
Bien sûr elle avait joui entre les bras de cet excitant ensorceleur, mais, finalement, pas autant, loin, bien loin s’en faut, qu’avec son si fidèle compagnon.
Lui, il n’avait pas besoin de chercher comment la faire jouir.
Lui, il n’avait pas besoin de tâtonner.
Lui, il n’avait pas besoin de découvrir son corps.
Lui, il la connaissait par cœur.
Lui, il savait ce qu’elle aimait et ce qui la faisait grimper au rideau.
Lui, il lui faisait atteindre le nirvana, et à chaque fois.
Elle avait même simulé la dernière fois tellement elle avait honte d’elle-même et tellement elle avait compris à quel point elle se fourvoyait.
Ce cuistre, ce jeanfoutre, ce paltoquet qui s’y croyait, n’arrivait pas à la cheville de son Lionel, même et surtout en amour.

Oui, SON homme. Il était à elle, pour la vie, et rien qu’à elle.
Et elle, elle était à lui.
Il ne s’était rien passé, au fond. Elle s’était perdue deux-trois fois, certes, mais elle allait se retrouver.
Elle allait lui montrer à son mec qu’au fond, ça n’aura été qu’un vague moment d’égarement.
Qu’elle ne s’était pas lassée de lui, mais avait oublié que les sirènes ne vous attirent sur les rochers, là où on ne risque qu’une chose, celle de s’y fracasser.
Et ça, il n’en était pas question.
Elle allait tout faire pour lui faire oublier sa faiblesse.
Elle allait lui montrer au ministre ce que valait son homme et la place qu’il allait devoir lui réserver.
Ce serait ça ou rien. Non mais, et puis quoi encore ?
Tout pour elle et rien pour lui ? Une fois de plus ?
S’en serait trop. Elle lui dirait qu’elle était prête à renoncer s’il ne lui faisait pas, à lui, une place à la hauteur qu’il mérite.

C’était bien son tour de se battre pour lui.
Il en avait déjà tant fait pour elle, il était temps que ce soit elle qui fasse pour lui.
Tout à l’heure, quand il rentrera, elle lui dira qu’une ère nouvelle va s’ouvrir pour elle et lui et qu’il en sera l’épicentre.
Elle, elle ne sera plus désormais que la cheville ouvrière de leur couple.
De leur couple, et civil, et politique.
Dorénavant, elle ne voudra, ne rêvera, que de le voir briller, aller au sommet et fera pour l’épauler.
Elle ne veut plus désormais qu’occuper la place qu’elle aurait due occuper depuis le départ.
Celle de son principal soutien, de son support permanent, de sa boussole.
Elle s’était perdue, mais elle se savait la force de tout faire pour qu’ils se retrouvent tous les deux.
Les invincibles, ce serait désormais leur surnom, dans l’intimité.

Parce qu’il y aura d’autres intimités. Celles où elle lui affirmera que lui seul compte pour elle, pour son amour, pour son corps, pour sa jouissance.
Qu’elle ne veut plus seulement ne faire qu’un avec lui, mais qu’elle veut se fondre dans son corps, dans son âme, pour qu’ils soient l’âme sœur l’un de l’autre.
Il avait été sa boussole, elle serait son phare, son appui, son égide.
Elle veillerait sur lui comme une mère, une sœur, une amante.
Il avait été son bras armé, elle serait son écu, son rempart, son bouclier.

Lionel ne rentra qu’à la nuit tombée.
Il la trouva prostrée sur le canapé, les yeux cernés, rougis par les larmes, les cheveux défaits et les vêtements froissés.
En le voyant entrer et rester debout à la regarder, l’air sévère, elle se leva et se précipita vers lui.
Il l’arrêta d’un geste.
Elle s’essuya les yeux et baissa la tête.
- Pardon. Pardon mon amour. Je ne sais pas ce qu’il m’a pris. Je regrette, si tu savais comme je regrette, comme je m’en veux, comme …
- L’heure n’est plus aux regrets. Il est trop tard pour ça.
- Pardon, pardon, pardon. J’ai été faible et lâche. Pourras-tu me pardonner ? Je n’aime que toi, tu dois le savoir. Ce qu’il s’est passé n’est rien, rien, rien du tout. Absolument rien pour moi.
Elle s’était approchée à le toucher. Il la repoussa fermement.
- Retourne t’assoir, je n’en ai pas terminé avec toi.
Elle le regarda l’air interdit. Il avait un ton et un regard si froid qu’elle en eut des frissons dans le dos.
La tête basse, elle retourna au canapé et se mit à fixer ses pieds.
- Tu t’es conduite comme la dernière des trainées.
- Pardon mon a …
- Tais-toi je t’ai dit.
Il avait crié si fort qu’elle en eut le souffle coupé. Jamais depuis les premières heures de leur amour il n’avait haussé le ton.
Elle frissonna, ne sachant pas à quoi s’attendre, mais sentant une irrépressible peur l’envahir.
- Comme une trainée je t’ai dit. Comme une fille de bar à pute. Tu ne t’es pas seulement déshonorée, tu m’as humilié, trompé, trahi. Mais qu’est-ce que tu croyais ma pauvre fille ? Que je me taisais pour mieux laisser le champ libre à cet olibrius ? Que je ne voyais pas le jeu de séduction qu’il avait mis en place et auquel tu ne semblais pas indifférente ? que je ne comprenais pas ce que ce Don Juan de pacotille avait derrière la tête ?
Il la pointa du doigt.
- Te sauter. Oui, te sauter comme une fille facile. Comme une proie résignée et conquise. Te baiser comme on culbute une pute sur le bord d’un comptoir. Te niquer pour mieux t’avilir, te rabaisser, te déshonorer.
Il ferma le poing et se tapa la poitrine.
- Tu ne peux pas savoir combien de fois j’ai serré les poings sous la table, pour ne pas lui défoncer sa sale petite gueule et te gifler par la même occasion. J’ai serré les dents aussi, chaque fois qu’Ernest ou Stéphane me regardaient l’air compassionnel et plein de gène.
- Mais … mais … pourquoi n’as-tu rien dit, rien fait ?
- Je t’ai dit de te taire, ne m’oblige pas à être vulgaire.
Il vint s’asseoir dans l’un des deux fauteuils en face du canapé et elle comprit que c’était pour ne pas être auprès d’elle.
- Quand Doris est venue me chercher, tu ne t’es même pas demandé qui pouvait bien avoir besoin de moi de façon si urgente.
- - Si, mais …
- Mais tu étais sous le charme du cocufieur et, si l’idée t’a traversé l’esprit, elle s’est envolée dès qu’il a repris la parole.
- Non, ce n’est pas …
- Sache donc qu’il n’y avait pas une, mais deux personnes qui me demandaient. Préchin et Trévan !
- Mais …
- Eh oui, le président de la Région et le Ministre, en personne.
- Mais, qu’est-ce …
- Pour la dernière fois, ferme-la.
Il avait de nouveau crié et elle se recroquevilla sur le canapé.
- Tu me fais peur quand tu cries comme ça.
- Alors tu la boucles et tu me laisses définitivement parler.
Il se recula, s’enfonçant dans son fauteuil.
- En fait, c’est Trévan qui était chez Préchin. Il était venu exposer un résumé de vos travaux. Résumé que lui avait discrètement envoyé Gauthier le midi même. Il se doutait bien que Préchin allait jurer ses grands Dieux que ça n’était pas du tout les lignes directrices en matière de décentralisation, mais aussi, quant à la place des régions dans l’organisation administrative et politique de l’Europe. Le président s’est dit trahi et voulait m’entendre pour comprendre comment nous avions pu en arriver là. Et c’est là que Trévan m’a avoué nous avoir mis Gauthier dans les pattes pour nous tester.
- De quoi ?
- Attends, tu vas voir. Il m’a dit que Gauthier est issu de la droite, qu’il a servi dans pas mal de cabinets de députés ou de ministres, tous de droite et qu’il n’a rien en commun avec nos idées. En fait, il la recruté pour avoir le pendant politique des idées que lui-même développe. Alors pour voir à quel point tu étais attachée à tes idées, à ton parti et combien tu étais capable de défendre tes idées sans te laisser influencer par un conseiller, fusse-t-il de droite et des plus adroits, il a eu l’idée de le joindre au duo Ernest-Stéphane.
- Ah, mais …
- Ça y est, tu captes ? Quand il a lu le résumé de vos travaux, il a failli péter un câble. C’est Préchin qui lui a suggéré de m’appeler pour voir si, moi aussi, je baignais dans la combine. Préchin, il me connaît. Il m’a fait confiance et, ce que je n'ai eu, ni le temps, ni le loisir de te dire, c’est qu’il m’a nommé directeur de cabinet le jour où nous avons commencé les réunions.
Elle eut un pauvre sourire et ses yeux brillèrent de larmes tout à coup.
- Mais c’est formidable mon amour.
Il lui fit le geste de se taire.
- J’ai dit à Tréchan que je ne souscrivais en rien à ce que vous aviez échafaudé tous les deux et que je me désolidarisais du groupe de travail qui, d’ailleurs, n’en était pas un. Il m’a cru et m’a demandé de lui pondre une contre-proposition sous deux-trois jours maximum. Voilà pourquoi quand je suis revenu, j’ai tout fait pour trouver un prétexte pour quitter définitivement la salle de réunion.
- Mais, comment …
- Et c’est ce connard de Gauthier qui m’en a donné l’occasion en cherchant à m’humilier davantage en me demandant d’aller vous faire les cafés.
- Mais …
- Et toi qui m’a encouragé à y aller … pour me détendre ? C’est bien ça ?
- Mais tu étais tout énervé, j’ai cru que tu avais besoin de te changer les idées.
- Tu avais surtout envie de te faire baiser par ce salopard, oui !
- Non, je te jure …
Il se leva en pointant un doigt sur elle.
- Ne me jure plus jamais rien. Tu t’es bien foutue de ma gueule. Vas-y ça te détendra un peu ; voilà ce que tu as dit en corollaire. Tu m’as renié, méprisé, humilié à ton tour. Ça ne suffisait pas qu’il me prenne pour un con, il a fallu que tu en rajoutes une couche.
- Non, ce n’est …
- La ferme à la fin. J’en ai ras le bol de te dire de te taire. Si tu ne la boucles pas sur le champ, je pars et tu ne me reverras jamais. A quel point n’est-ce pas ce que tu souhaites.
- Muh …
- En arrivant en bas, j’ai cherché Doris et je lui ai dit de prendre un billet de train pour les deux conseillers. Je leur ai expliqué la situation et ils n’ont pas demandé leur reste. Pendant trois jours, j’ai tout refait, et y ai glissé mes idées pour la refonte des pouvoirs des régions et leur nouvelle place au sein de l’Europe. Les pages de mon dossier s’accumulaient. J’ai vite achevé le tout et l’ai transmis via internet au cabinet de Trévan. J’ai eu un accusé réception quasiment une heure plus tard. Je rangeais mes affaires quand Doris m’a appelé à la machine à café et m’a dit qu’elle ne pouvait plus garder ça pour elle. Qu’elle était désolée, mais qu’il fallait que je vous voie tous les deux.
Il se laissa tomber dans le fauteuil.
- Et je vous ai vu. Lui t’embrassant à pleine bouche, te couchant sur la table, se débraguettant et toi lui ouvrant les cuisses pour qu’il te baise. Je t’ai vue rire quand il t’a retiré ta culotte et la jetée à l’autre bout de la pièce. Je l’ai vu te pénétrer et toi nouer tes jambes autour de lui et ouvrir grand la bouche comme si tu n'avais jamais eu ce genre de sensation.
Agathe pleurait abondamment et regardait par terre, le corps secoué de tremblement.
- Oui je t’ai vue t’accrocher à son cou quand il a accéléré ses coups de bite. Je t’ai vue agiter ta tête de droite à gauche. Je l’ai vu te donner des coups de rein de plus en plus fort. Je t’ai vue ouvrir grand la bouche comme pour chercher de l’air. Et là … là … ç’en fut trop. Trop pour moi.
Il eut un sanglot et des larmes coulèrent sur ses joues. Il les essuya d’un revers de main.
- Je me suis détourné pour ne pas te voir jouir sous lui. Pour ne pas te voir jouir comme une pute qui se fait culbuter à l’emporte-pièce, culbuter comme une trainée qui se donne au premier venu. Comme …
Il eut un nouveau sanglot, sortit un mouchoir de sa poche et s’essuya les yeux.
- Je me suis détourné pour ne plus te voir t’avilir. J’ai fait deux cafés et je suis venu dans la salle. Je les ai posés sur la table, sans vous regarder. Je ne voulais pas voir son regard de coq triomphant. Je ne voulais pas voir tes yeux vitreux et cernés. Je ne voulais pas le voir entre tes jambes. Je ne voulais pas voir ta chatte rejeter ses sécrétions. Je ne voulais pas voir ta chatte salie, poisseuse et souillée. Je ne voulais pas te voir crasseuse, impudique et immonde.
- Pardon … pardon … je regrette que tu m’aies vue. Je me sens pouilleuse, sale, malpropre … oui, souillée.
Il releva la tête avec de la colère dans les yeux.
- Silence ! Je n’ai pas terminé. Je me suis précipité hors de la pièce et ai couru jusqu’en bas. Trévan m’avait rappelé juste avant que je ne vous surprenne. Il a lu la totalité de mes propositions et les accepte tel quel. Est-ce que tu comprends ce que cela signifie ?
Elle se moucha et s’essuya les yeux.
- Cela signifie qu’il me propose le portefeuille ministériel. Tu entends ? Il m’attend après-demain au ministère pour finaliser sa liste de ministrables pour le Président. J’aurai à peine une heure pour lui donner ma réponse définitive.

Elle le regardait hypnotiquement. Depuis qu’il avait élevé la voix, elle découvrait un autre homme face à elle. Un homme sûr de lui, dominateur, imposant le silence et le respect.
Elle découvrait effarée que si cet abominable épisode de leur vie les faisait souffrir, et certainement elle tout autant que lui, il l’avait changé.
L’homme discret, presque effacé, avait fait place à un chef, un patron, un potentat.
Elle se sentait toute petite face à celui qui la dominait de toute sa puissance, de toute sa verve, de toute sa faconde.
Elle découvrait que cet homme était brillant, admirable, savait convaincre, rallier à lui les plus éminentes autorités.
Quelle fausse route elle avait empruntée. Dans quel mauvais chemin s’était-elle égarée. Comment pouvait-on trahir un tel homme ?
Elle avait cessé de pleurer et le regardait comme s’il s’agissait du Messi.
Elle comprenait enfin que ce à côté de quoi elle était passée, c’était d’avoir un regard plein d’admiration devant les véritables valeurs de son mari.
Qu’il était brillant, savait écouter mais aussi imposer ses idées, qu’il était attentionné et sincère, qu’il était honnête, fidèle, qu’il était authentique et intègre et qu’il avait confiance en lui et un sens aigu des responsabilités.
Et cet homme, elle voulait qu’il continuât à l’aimer. Qu’il l’aimât malgré ses faiblesses, malgré ses doutes, malgré sa légèreté, malgré son égoïsme, et, en dépit de tout, malgré son infidélité.

Il la regarda tristement.
- Est-ce que tu as compris ce que cela signifie ? Ce que cela signifie pour nous deux ?
Elle sembla sortir de sa léthargie.
- Mais … Heu … Qu’est-ce que tu veux dire ? Tu ne vas pas me quitter ?
- Ce n’est pas ce que j’ai dit. Mais les choses vont changer, il faut que tu le saches, que tu en conviennes et que tu l’admettes.
- Tout ce que tu voudras mon amour. J’ai tellement honte de moi que je ferai tout ce que tu voudras. Je suis prête à abandonner mes mandats. Ils n’ont aucune importance à côté de la vie que je veux auprès de toi, à tes côtés.
- De toute façon, le parti ne te renouvellera pas sa confiance. Les choses sont ainsi. Il faudra du temps pour que tu retrouves du crédit à ses yeux. C’est comme ça. On ne tourne pas le dos à celles et ceux qui t’ont aidée à arriver là où tu es sans conséquences.
- Je me moque des conséquences. Je les accepte même avec plaisir si elles ne m’empêchent pas d’être aux côtés de l’homme que j’aime plus que tout, plus que ma vie. Mes mandats, j’y renonce même avec bonheur si cela me permet de rester ta femme. C’est mon vœu le plus cher. Je veux que tu me pardonne, ou j’y perdrai la vie.
- Tu sais, je ne pourrai jamais oublier ce que j’ai vu. Ces images vont me poursuivre encore longtemps et peupler mes cauchemars les plus sombres.
- Moi non plus je ne veux pas que tu oublies. Ce que je veux, c’est que tu me pardonnes. Que tu pardonnes ma faiblesse, ma lâcheté, ma trahison. Mais je veux aussi que tu saches que j’ai entrevu la vie sans ton amour et que ça ressemblait à la mort. Ça m’a tellement fait peur que je me crois capable de mettre fin à mes jours tant je ne supporterai pas que tu ne m’aimes plus.
Elle reprit sa respiration et continua son monologue.
- Il faut que tu saches que j’ai simulé avec lui. Oui, parfaitement. Je ne te dis pas ça pour faciliter ton pardon. Non, je me suis vite rendu compte que je faisais une connerie. Que ça m’avait flattée de me sentir encore capable de séduire un homme. Oui, tu as mille fois raison, il m’a culbuté, il n’y a pas d’autre mot. Cela ne s’est passé que trois fois. Trois malheureuses fois pendant lesquelles je n'ai pas ressenti le millième du plaisir que j’éprouve quand nous faisons l’amour, quand tu me fais l’amour. Toi, tu ne m’as jamais baisée. Tu as toujours eu du respect et de la délicatesse pour moi. Tu m’as toujours comblée de caresses de baisers, de tendresse. J’ai toujours eu énormément de plaisir entre tes bras. Tu m’as toujours comblée. J’ai été la dernière des connes et je me rends bien compte à quel point j’ai failli tout foutre par terre. Que jamais plus tu ne me verras comme ta princesse, comme ton diamant brut …
Elle recommençait à pleurer tout en parlant.
- Je sais à quel point je t’ai déçue. Mais ce qui me donne de l’espoir, c’est que j’ai vu un autre homme ce soir, un homme encore plus impressionnant que celui que j’aimais déjà plus que tout. Un homme, qui sait écouter, un homme qui sait ne pas mépriser et qui je l’espère de tout mon cœur, un homme qui saura pardonner. Cet homme, je veux être à ses côtés pour le reste de mes jours. Je veux tout faire pour qu’il oublie celle que je ne suis pas, que je ne serai jamais plus, celle dont, je l’espère aussi, il sera de nouveau fier un jour.
Il pleurait lui aussi. Elle s’en aperçut et se tut définitivement. Les larmes coulaient le long de ses joues et tombaient sur la moquette, mais elle n’en avait cure. Elle était dans une expectative incertaine ; elle était dans une attente qui la prenait aux tripes ; elle était dans une espérance qui lui serrait le cœur.

Il la regarda intensément alors qu’elle relevait une mèche rebelle, réajustait son chemisier sur ses épaules et séchait ses yeux.
Il sourit pour lui-même, la tristesse semblant avoir quitté son visage.

Il se leva, fit les trois qui les séparaient, lui tendit la main qu’elle saisit à la broyer, qu’elle embrassa et serra sur son sein.
Il la fit se lever et la prit dans ses bras.
Il lui baisa le front et la regarda, un sourire éclatant sur le visage.

- Et si nous allions préparer nos affaires ?

Les avis des lecteurs

Histoire Erotique
Tout a été écrit, de l'avis de tous je n'en rajoute pas!
Merci pour ce texte & oui, vivement les prochaines histoires.
Je suis toujours ravi de vous lire.
arnojan

Tu es monté en grade Patrick
Tu es passé de 06 à 036 ?
Tout augmente, mais là c’est une inflation à deux chiffres.
Ahahahah

Histoire Erotique
Merci Olga T et PP06. Vos commentaires et encouragements me confortent dans l'envie de me remettre au clavier. Bien à vous, Briard

Histoire Erotique
toujours de bons textes avec cet auteur, continuez

C'est magnifique, émouvant, fort. Bravo!

Bravo, très belle histoire, bien écrite. Qui se lit d'un trait.

Elle a renié ses convictions, trahi son parti et trompé son mari. Pas mal en quelques jours... Difficile de s'en sortir... Briard y est arrivé, Bravo !

Dans cette troisième partie, j'aurais aimé un peu plus de drame. Lionel pardonne vite, Agathe abandonne ses ambitions politiques tout aussi rapidement et Gauthier s'en sort trop bien.

Les remords d'Agathe sont sincères, même si elle refait l'histoire à son avantage. Lionel l'a contrée à plusieurs reprises, aussi bien en réunion que le soir chez eux. Elle ne l'a pas écouté, et l'a humilié devant tout le monde, aveuglée par Gauthier. Pour minimiser sa faute, elle dit avoir simulé, mais il l'a vu jouir et être heureuse avec Gauthier. Pour récupérer son mari, ce petit mensonge est excusable.

Et comme je suis fleur bleue, j'ai beaucoup aimé cette fin heureuse.

Encore Bravo !
Patrick (PP036)

Histoire Erotique
Merci pour vos commentaires qui me font vraiment plaisir. Laetitia, quelle clairvoyance! Bien à vous, Briard

Une histoire très bien menée et bien écrite.
C’est concis, ça va à l’essentiel.
C’est fouillé, tant au niveau de l’intrigue que de la psychologie des personnages.

Agathe, c’est vue trop belle, ça lui est monté à la tête.
Comme on dit aujourd’hui elle est devenue « hors-sol ».
Cette histoire lui a remis les idées en place et elle a appréhendé les vraies valeurs, qu’elle avait perdu de vue. C’est surtout ça la leçon que lui a donné Lionel. L’infidélité n’en est que la conséquence.
En revanche, je ne crois pas une seconde à sa prétendue simulation.
Elle était encore sur son nuage. Elle a bel et bien profité du moment. Petite menteuse ! Après, c’est un mensonge pour la bonne cause, pour récupérer son mari.

Certains regrettent que Gauthier s’en sorte aussi bien. Bof, il est partit la queue entre les jambes, sa punition est là.
Et puis il y a fort à penser que Lionel, une fois en poste va s’occuper de son cas. À mon avis, il est grillé partout. La punition est suffisante.

Belle histoire Mister Briard.

Histoire Coquine J A
Belle histoire, bien racontée.
Lionel avait dit à Agathe ce qu'il pensait de Gauthier. Pourtant elle lui a cédé et quand il a humilié son mari avec les cafés, elle en a rajouté une couche.
Elle dit avoir simulé et compris qu'elle faisait une connerie mais cela ne l'a pas empêchée de recommencer.
Surprise en plein adultère, elle réalise que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l'écoute et qu'elle va tout perdre.
Ils s'aiment, il pardonne et elle fera tout pour mériter ce pardon, c'est une belle fin, elle a beaucoup de chance.
Bien entendu, je regrette que le sort de Gauthier ne soit pas plus néfaste voire funeste.

P.S. D'accord avec Jacques, merci pour la rapidité.

Je n’ai pas encore eu le temps de lire mais je veux remercier l’auteur pour la rapidité de la publication des différents chapitres. C’est très apprécié.
À plus tard.

Histoire Coquine
Et Gauthier s’en sort bien, il s’est vider les couilles dans cette pute et il n’a rien??? Si Lionel était un homme, il lui ferait payer. D’ailleurs il devrait demander à sa femme de porter plainte pour viol contre Gauthier ou qu’elle commette un crime de sang (émasculation par exemple…) afin de montrer à Lionel qu’elle est prête à tout pour retrouver son amour et laver l’Honneur de son mari. Mais bon…
J’adore vos récits, vous, PP06 et J.A êtes mes auteurs favoris!!! Lorsqu’on lit vos récits, vous réussissez à nous faire ressentir chaque émotions. Merci encore de nous partager vos talents

Superbe. Une fin sans doute un peu attendue mais sympa pour les fleurs bleues.
Dommage que le début soit un peu long. Il faudrait avoir une suite et connaitre le sort du trisye bellâtre qui ne mérite qu'une bonne punition.
Merci de ce beau récit.



Texte coquin : Députée dépitée 3
Histoire sexe : Une rose rouge
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