Enchaînement de confusions

- Par l'auteur HDS lelivredejeremie -
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Récit libertin : Enchaînement de confusions Histoire érotique Publiée sur HDS le 04-03-2024 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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Enchaînement de confusions
Une petite fable, basée sur une suite de malentendus, pas très morale en fait, sur l’opportunisme et la douce manipulation, mais que celui qui n’a… disons… jamais eu ‘encore un peu de mois à la fin de son argent’, jette la première pierre à mon petit (anti-) héros.

***

De retour à la cité U, j’ai croisé mon voisin de chambre dans le couloir.
— Salut, p’tit cul.
— Toujours pas tenté, Jérôme ? l’ai-je taquiné.
— J’avoue que t’es vraiment mignon, mais je fais pas dans la brindille, Jonas, je regretterais de te briser une côte.
— Frimeur, va !

J’ai ouvert l'appli bancaire sur mon smartphone, et vérifié le solde de mon compte, petit calcul, en tenant compte des huit heures encore programmées à mon job d’étudiant… sept euros par jour jusqu’à la fin du mois.
Je l’ai refermée et consulté Messenger par habitude, pour y découvrir l’invitation, filtrée par le service de messagerie. ‘Encore du spam’ ai-je pensé, avant de vérifier.
[06.68.**.** souhaite vous contacter]
Intrigué, j’ai approuvé la requête.
[Es-tu libre ce soir ? Gerry m’a donné ton tarif, on a les mêmes goûts en matière de garçons fins et jeunes, je suis actif. Hôtel Van Der Valk Sélys, 20h, OK ?]
Surpris, et un peu amusé, j’ai commencé à pianoter une réponse [Je ne connais pas de Gerry, erreur de num…] avant de m’interrompre, et de lentement l’effacer, lettre par lettre.
‘Tarif… goût pour les twinks… puis actif, c’est donc un mec, et il propose vraiment ce à quoi je pense ?’ me suis-je dit en souriant à l’étrange coïncidence. ‘Il cherche un jeune escort gay, se trompe de numéro, et tombe sur un autre jeune gay, c’est surréaliste.’
Bien sûr, côté risque, ça reste une blind date avec un total inconnu, mais il écrit correctement et semble poli. Aussi, même dans un hôtel de cette classe, je doute que le room service aille jusqu’à aider à faire disparaitre un éventuel cadavre.
Par jeu, un peu par curiosité, j’ai tout de même voulu le cadrer. Avec un peu de bluff, en mode exagéré, sinon abusé…
[Quel Gerry ? Chauve 65+ ? Et de combien a-t-il parlé ?]
Il devait être chaud, car les trois petits points sautillants ont apparu directement.
[Non, 45 comme moi, un grand blond. 250€ la soirée, il dit que tu les vaux, mais envoie-moi une photo.]
‘Woputain !’ ai-je pensé en recrachant la gorgée de coca sur mon écran et sur le sol. ‘Deux-cent-cinqu… Plus de vingt heures à réassortir les rayons à l’Intermarché contre une soirée à faire ce que j’aime ?’
En dépassant pas mal mon scope d’âge habituel, bien sûr, mais même avec la ristourne au personnel de la supérette, ma seule alternative étant de bouffer des nouilles Aïki jusqu’à la fin du mois…
[Sinon, que fais-tu ?]
Après avoir jeté la feuille de sopalin souillée, j’ai répondu sans trop réfléchir [Je nettoie. OK, 20h au bar ? Foulard bleu]
J’ai viré mon hoodie, envoyé un selfie pris au-dessus de ma taille et saisi mon tee-shirt marqué ‘Je Ne Suis Pas Gay Mais 50€ C’est 50€’, qui met des sourires ironiques au Boy’s Boudoir, vu que justement…
Sauf qu’en googlant le site de Van Der Valk, j’ai réalisé qu’il n’entrait pas exactement dans le dress code de leurs hôtels…
Ce n’est qu’en frappant à la porte de mon voisin que j’ai réalisé que j’étais torse nu. Bah, tant pis.
— Je peux t’emprunter ta chemise en lin blanc, s’il te plait ?
— Et j’y gagne quoi ? a-t-il grincé, avec un sourire moqueur. ‘’T’es pas plus musclé ni poilu qu’il y a dix minutes.’’

***

Mes Vans et des socquettes basses, le slim qui dévoile mes chevilles fines, mon foulard léger négligemment noué… ‘Je vaux bien plus que le BigMac négocié avec Jérôme pour l'emprunt de sa chemise, je me draguerais bien, là’ ai-je pensé devant mon reflet dans le miroir.

***

Assis au bar, j’ai posé ma besace à mes pieds et commandé un sage Perrier citron, dont j’avais bu la moitié lorsqu’une main s’est posée sur mon épaule, je me suis retourné sur… le doyen de l’université.
— Oh !
— Excuse-moi de t’avoir surpris, je t’observe depuis deux minutes, j’avais un léger doute, déjà en photo, tu semblais plus jeune que ce que Gerry m’a décrit. Et aussi, désolé pour ma curiosité au sujet de ton… activité principale, mais le monde est parfois ridiculement petit, je préfère…
— … Éviter de croiser quelqu’un de votre… monde, je comprends.
— Ne te méprends pas, il n’y a pas de sot métier, a-t-il dit du ton élitiste que je lui connais, ‘’Et ce pourquoi tu es ici peut parfois être… légèrement salissant’’.
— Très amusant, ai-je murmuré, avant d’entrer dans son jeu en ajoutant ‘’mais je me suis bien rincé’’ pour charger l’image du prostitué légèrement lubrique.
— Rincé ? Oooh, je vois… Décidément, très joli, soigné, a-t-il dit en suivant du doigt un pan de mon foulard lâche jusqu’à mon téton gauche, ‘’Gerry a ajouté que tu es assez… vocal, c’est vraiment très excitant, allons-y, veux-tu ?’’
‘Note à moi-même’, ai-je pensé en le suivant jusqu’à l’ascenseur ‘#1 Gerry… peut-être Gérald Lannois, l’un des vice-recteurs, serait donc gay, ou du moins bi, j’aurais pas cru, et #2 Surtout, surtout, gémir très fort…’

— Comment cela se passe-t-il… d’habitude ? a-t-il demandé, dos à la porte, soudain moins à l’aise.
Ce serait nouveau pour lui, ou du moins rare ? Plutôt rassurant, ça, du coup. Allez, un peu d’imagination, et de flatterie !
— Eh bien… d’habitude… les hommes très sûrs d’eux, comme vous, et… Gerry, veulent que je me désape puis que je les déshabille.
— Oui, c’est ça, c’est… ce que je demande aussi, a-t-il clairement menti, tout en se la jouant mâle alpha.
En retirant mes vêtements, j’ai ajouté une couche en murmurant timidement ‘’Votre genre d’homme m’impressionne un peu’’, avant de le rejoindre, toujours collé au battant.
Il s’en est légèrement détaché pour me permettre de retirer sa cravate et déboutonner sa chemise, tandis qu’il se débarrassait maladroitement de ses affreux mocassins. Mes doigts sur sa ceinture, il m’a arrêté - ‘’Laisse, je m’en occupe’’ - pour le retirer et s’asseoir au pied du lit. ‘’Et maintenant, tu… ?’’
— Maintenant, c’est moi qui gère, ai-je susurré en le poussant doucement sur le dos, avant de poser les genoux de part et d’autre de son bassin, de déposer un baiser léger sur sa joue, son cou, dans le creux de sa clavicule puis, me souvenant de son geste au bar de l’hôtel, lui lécher le téton.
J’ai poursuivi la caresse de ma langue sur son ventre, pour l’interrompre juste au-dessus de son bassin, qu’il a soulevé spontanément, m’invitant à lui retirer son hideux slip kangourou.
Devant son sexe exposé, dressé, mais très moyen, j’ai simulé la surprise ‘’Oh ! Je ne sais pas si… je n’ai que des capotes de taille normale’’, faisant le pari désormais plus trop risqué qu’il n’en avait plus enfilées depuis l’époque où il était lui-même assis dans un auditoire, avant d’épouser sa première petite amie, probablement une camarade de promo… Il a difficilement retenu une grimace suffisante.
— Il y en a que je dois mettre en condition, mais vous… l’ai-je enjôlé.
— Oh mais tu peux !
‘Ben voyons’ ai-je pensé, un sourire gourmand sur mes lèvres, que j’ai refermées sur son gland.
Il a réagi à mon geste pourtant très banal, ‘’Tu es doué, oooh’’, avant de pousser les quinze centimètres de son membre dans ma bouche.
Faisant mine de m’étouffer, j’ai abandonné sa barre luisante de ma salive, murmuré, cryptique ‘’Je vais avoir besoin de…’’ et j’ai récupéré dans ma besace le préservatif, une seconde pochette et un flacon.
Après que j’ai déroulé le latex, il a candidement demandé ‘’C’est quoi, tout ça ?’’ confirmant mes soupçons sur le fait qu’après quinze ans de mariage et de sexe plan-plan avec bobonne, il venait de franchir le pas.
— Du gel lubrifiant, nécessaire… et du poppers, ça dilate les vaisseaux, et les muscles, surtout mon…
— Ton sphincter, je vois, c’est donc un vasodilatateur, a-t-il glissé d’un ton docte, pompeux et suffisant, croyant surement apprendre quelque chose à un garçon inculte.
— Voilà, ça me permet de plus facilement… Aaaaah ! ai-je dramatiquement grogné en m’empalant, portant le flacon à mon nez, avant d’accélérer ma respiration, bouche grand ouverte, puis de feindre une grimace de douleur. ‘’Doucement, je vais m’habi…tuer’’.
— Tu es… serré, c’est… je ne soupço-Oooh…
Il s’est interrompu, redoutant de s’être trahi, pour s’enfoncer d’un coup en moi, dans un simulacre de virilité.
— Oooh, c’est booon… ai-je gémi, les paumes collées sur son torse, avant de ramener dans le sien mon regard que je voulais décidé et avide, et d’entamer les mouvements de mon corps sur son membre, en les ponctuant de petits cris peu virils et de longs gémissements.
Au-delà de son effet décontractant, bien inutile dans son cas, la substance volatile que j’ai à nouveau respirée provoque une légère euphorie, précipite le plaisir et, du moins dans mon cas, relaxe ma prostate et libère mes canaux déférents.
Si l’andromaque ne lui demandait qu’une participation passive, son excitation plus qu’évidente m’assurait pourtant d’un rapport assez court.
Après deux ou trois minutes, j’ai feint l’étonnement en fixant mon sexe qui lui battait le ventre, et mon méat qui y déposait le filet de liquide pré-éjaculatoire banalement produit par la simple stimulation habituelle de ma petite glande, sans grande surprise. La sienne lui a fait perdre le peu de contrôle qu’il avait encore et, accompagnant ma descente, en trois poussées, il a joui dans la capote, avec un grognement ridicule.
Pour évacuer ses doutes éventuels, après m’être éjecté et jeté sur le matelas, le regard prétendument halluciné au plafond, j’ai ahané ‘’Oh ! Jamais je ne… un orgasme pareil, sans vraiment éjaculer… Oooh !’’ en caressant distraitement mon gland juste luisant de présperme.

Une semaine plus tard, j’ai vérifié ma petite théorie personnelle sur la candeur des membres du microcosme académique - quelques QI parfois élevés mais finalement une majorité d’inadaptés sociaux plutôt gauches, et indifférents à tout ce (et tous ceux) qui sortent de leur domaine d’expertise – avec son pote Gerry, le vice-recteur de la fac de droit.
Il a mis quelques secondes à capter qu’il avait mal noté le 06 de l’escort, après leur prise de contact sur l‘appli… ‘’Mais… ce n’était pas toi !’’
— Moi, c’est mieux, avais-je crâné.
Passé le très léger étonnement dû à la méprise, il m’a trop vite joui en bouche, avant de répéter l’exploit après les deux petites minutes à s’agiter entre mes fesses.
Mais comme je sais bien simuler, gémir et me tortiller d’un plaisir factice sous les coups de boutoir aussi maladroits que désordonnés, lui aussi en a eu pour son argent.

***

Même si le risque est faible en fac de science, et particulièrement dans ma filière et mon cursus, où je me suis déjà fait depuis longtemps les deux seuls mecs que mon gaydar avait vite repérés, une fois passée l’euphorie des cinq cents euros gagnés en deux heures cumulées, ma bonne résolution de début d’année a été de faire profil bas.
Il y a très peu de chances que le doyen ou Gerry me reconnaissent jamais dans la masse des étudiants, ils auraient trop à y perdre. Autant que moi à leur éventuelle petite vengeance perfide, c’est vrai...
Par contre, la proportion logique de gays dans le corps professoral dans d’autres facultés m’ouvrant des perspectives assez prometteuses, j’ai abandonné mon job d’étudiant.
Et mon plaisir, direz-vous ? Je le trouve au cercle local des étudiants lgbt, avec une légère préférence pour les bacheliers en kiné et réadaptation, très inventifs au niveau des positions, et des futurs profs d’EPS, pour leur endurance.

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