Erotisme et cinéma (18) : « The Scandalous Lady W », de Sheree Folkson (2015)
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 09-03-2024 dans la catégorie Plus on est
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Erotisme et cinéma (18) : « The Scandalous Lady W », de Sheree Folkson (2015)
En 2015, la chaine de télévision “BBC Two » diffuse « The Scandalous Lady W », avec, dans le rôle-titre, la belle Nathalie Dormer, qui incarna la reine Anne Boleyn dans la série de Michael Hirst, « Les Tudors ».
J’aurais pu également présenter cet article sous d’autres rubriques, à commencer par ma série sur « l’histoire des libertines », car le film de Sherre Folkson raconte une histoire vraie, celle de la vie « scandaleuse » d’une aristocrate britannique, Seymour Dorothy Fleming (1758-1818), Lady Worsley, célèbre pour son implication dans un procès de haut-vol pour adultère.
Une autre entrée pour ce texte aurait pu être aussi fiche de lecture, dans la rubrique « Lectures érotiques », sous laquelle j’ai publié 27 textes, le dernier en date remontant déjà au 21 mars 2021 (le manque de temps pour de nouvelles lectures érotiques expliquant que je n’ai rien publié depuis sous cette rubrique). L’article aurait alors été consacré à l’ouvrage de l’historienne britannique d’origine américaine, Hallie Rubenhold, « Lady Worsley's Whim », publié en novembre 2008, récit de l'un des scandales sexuels les plus sensationnels du XVIIIème siècle, la plainte de Richard Worsley, le mari cocu et candauliste contre Maurice George Bisset pour son adultère avec Seymour Dorothy Fleming, L’ouvrage n’ayant été, à ma connaissance, édité qu’en Anglais, cela n’était pas envisageable, même si je suis parfaitement bilingue.
Cette chronique se fera donc autour du film de Sheree Folkson, que l’on peut visionner sur YouTube.
Au-delà du film, c’est pour moi l’occasion de parler de Seymour Fleming, qui peut, sans contestation, être qualifiée de grande libertine, ne serait-ce que par le nombre de ses amants et qui a enfreint toutes les règles de la bonne société de son époque. Quant à Lord Worsley, le mari cocu, il est également un sujet très intéressant en tant que candauliste, même si la forme de son candaulisme est particulière.
Je précise que le thème m’a été suggéré par un de mes correspondants, John W, dont j’ai récemment découvert les écrits, sous le pseudo de « John Langlais ,» sur un autre site d’histoires érotiques. John, comme son prénom et son pseudo l’indiquent, est Britannique. Il écrit dans un excellent français et je ne peux que recommander ses textes. Il fait partie des personnes avec qui j’échange avec plaisir une correspondance régulière, autour de l’érotisme. J’ajoute que, comme moi, il est un inconditionnel des textes de mon amie Micky, autrice talentueuse de tant de textes érotiques sur HDS et d’autres sites.
Non seulement John m’a suggéré de parler de ce film et de la sulfureuse et courageuse Lady W, mais nos échanges, au moment de l’écriture de ce texte, m’ont apporté une aide considérable. Qu’il me soit permis de le remercier publiquement et chaleureusement !
1. LA REALISATRICE
Sheree Fokson est une réalisatrice et productrice britannique. Elle a notamment réalisé deux épisodes de la série télévisée policière franco-britannique « Jo » (2013, avec Jean Reno et Jill Hennessy. A signaler également, entre autres :
• Trois épisodes de « Comment devenir une rock star » (1998), série satirique qui met en scène un groupe de rock de Glasgow, (1998).
• Trois épisodes également de « Hit and Miss » (2012), histoire d’une femme trans devenue tueur à gages.
• Deux épisodes de la série policière diffusée par ITV, la chaine privée britannique, de 1984 à 2010, « The Bill ».
• Un épisode de « La Part du diable » (1997-1999), une autre série policière.
• Un épisode de la série américaine « Ugly Betty » (2006-2010), qui raconte l’histoire de Betty Suarez, qui va surmonter son physique « désavantageux » et prouver ses qualités.
Fokson a aussi produit des films, comme « Gypsi Woman » (2001) ou encore « Decoy Bride » en 2011.
2. LA SCANDALEUSE SEYMOUR FLEMING et SON MARI CANDAULISTE, RICHARD WORLSEY.
ORPHELINE ET HERITIERE
Plus jeune fille de Sir John Fleming, la belle et riche Seymour était une héritière très convoitée. Son père et deux de ses sœurs meurent quand elle n'a que cinq ans. Elle est alors élevée, avec une autre de ses sœurs, par leur mère, qui se remarie en 1770 à Edwin Lascelles, riche sexagénaire ayant fait fortune dans les Antilles grâce aux esclaves exploités et torturés dans ses plantations de canne à sucre. La sœur aînée de Seymour, Jane Stanhope, comtesse Harrington, est connue pour être un « modèle de vertu ».
LADY WORSLEY
En 1775, à l'âge de 17 ans, Seymour Fleming épouse Sir Richard Worsley (1751-1805), 7e baronnet d'Appuldurcombe House, sur l’Île de Wight. Sa dot apporte 52.000 £ à son époux. Sir Richard sera, de 1774 à 1801, député à la chambre des Communes, le scandale causé par la conduite de son épouse entreverra son cursus, lui faisant provisoirement perdre son siège, avant de revenir aux Communes en 1790.
Du mariage naitront un fils, Robert Edwin (1776-1795) et une fille, Jane, née en 1781. Jane est en fait la fille de George Bisset, alors proche ami de Richard, mais le mari, pour éviter le scandale, reconnait l’enfant.
LES AMANTS DE LADY WORSLEY
Le couple est plutôt mal assorti, et leur mariage bat rapidement de l'aile. Poussée par son mari, Seymour devient infidèle. La rumeur attribuera à Lady Worsley vingt-sept amants !
En novembre 1781, Lady Worsley s'enfuit avec son amant, le capitaine George Bissett, laissant derrière elle son bébé de 4 mois. Sir Richard intente alors une action civile contre Bisset, sur le motif de « criminal conversation », litige découlant d'un adultère, où une action en justice est menée contre le tiers ayant interféré dans le mariage, même dans le cas où l'un des partis est consentant.
Arrêtons-nous un instant sur la nature de ce procès intenté par Sir Richard contre Bisset, car il est symptomatique de la conception de la femme dans la société de cette époque. Seymour Worsley, au cœur de l'affaire, n'est pas ici considérée en tant que personne, comme une femme, mais comme un « bien meuble » de son mari. Richard Worsley attaque le capitaine Bisset pour avoir diminué la « valeur monétaire » de sa femme. Il demande des dommages et intérêts et exige un montant de 20.000 £ de l’époque, somme qui correspondrait aujourd’hui à 1,6 millions de Livres Sterling ! Vengeance ou appât du gain ? Si Richard obtient gain de cause, son rival serait ruiné et risquerait la prison pour dettes.
LE SCANDALE
Seymour réagit et va faire échouer la manœuvre de son mari. Lady Worsley prend la décision courageuse de soutenir Bissett, s'humiliant publiquement, sapant ainsi sa position dans la société.
Lady Worsley tourne la plainte en sa faveur à la suite de révélations scandaleuses, appuyées par les témoignages de ses amants passés et présents, mettant en question le comportement de son mari. Le médecin de Lady Worsley, William Osborn, révèle ainsi qu'elle souffre d'une maladie vénérienne, contractée après une relation avec James Graham, 3e marquis de Montrose.
Il fut aussi établi que Worsley, loin de s’opposer à la relation entre sa femme et Bisset, l’a encouragé, en exposant la nudité de sa femme à Bisset aux bains publics de Maidstone, détail illustré dans une caricature de James Gillray.
La procédure engagée par Sir Richard lui revient au final à la figure comme un boomerang, à travers la révélation de son candaulisme non assumé, lui qui pousse Seymour à prendre des amants et qui se délecte du spectacle des ébats de son épouse.
La riposte de Seymour a pour conséquence de « diminuer sa valeur », en mettant en avant le nombre de ses amants. La Cour n’attribuera au final à Sir Richard qu’un dédommagement symbolique d’un shilling, équivalent à £4 d’aujourd’hui.
LE DESTIN DE SEYMOUR
Seymour, au prix de son honneur et de sa réputation, avait ainsi prouvé qu’elle aimait Bisset. Ce n’était pas pour autant réciproque. Bisset se sépare de Lady Worsley quand il devient évident que Richard Worsley ne souhaite qu'une séparation, et non un divorce, empêchant ainsi Seymour de se remarier tant que son mari serait en vie.
Lady Worsley doit, pour vivre, se résoudre à devenir une demi-mondaine, et dépendre du soutien financier d'hommes riches pour survivre, rejoignant ainsi d'autres femmes de la haute société dans « The New Female Coterie ». C’est une autre scandaleuse, Caroline Stanhope (1722-1784), comtesse de Harrington, qui avait créé cette « nouvelle coterie féminine » club social de courtisanes et de « femmes déchues » qui se réunissent dans un bordel. Connue pour son infidélité et sa bisexualité, Caroline était surnommée la "Stable Yard Messalina " en raison de son mode de vie. Je pense consacrer un autre article à Caroline Stanhope, que je découvre à cette occasion.
Seymour eut deux autres enfants : un de Bisset, né après qu'il l’a quitté en 1783, et dont le destin n'est pas connu, et une fille, Charlotte Dorothy Hammond (née Cochard), qu'elle confia à sa famille dans les Ardennes.
Lady Worsley prit plus tard le chemin de Paris pour échapper à ses dettes. En 1788, accompagnée de son nouvel amant, le compositeur, chef d'orchestre et champion d'escrime Joseph Bologne, chevalier de Saint-Georges (1745-1799), un homme de couleur.
Puis, elle retourna en Angleterre, où son mari accepta enfin la séparation des biens, à la condition qu'elle passe quatre années supplémentaires en exil en France. Huit mois avant la fin de cet exil, elle fut est empêchée de quitter la France en raison des événements de la Révolution française, et fut, selon toute probabilité, emprisonnée sous le régime de la Terreur.
Le fils qu'elle avait eu de Worsley meurt pendant qu'elle est en exil. Début 1797, elle retourne enfin en Angleterre.
À la mort de Worsley en 1805, la somme de 70.000 £ lui revient, et, le 12 septembre 1805, à l'âge de 47 ans, elle épouse son nouvel amant de 26 ans, John Lewis Cuchet. Le même mois, par décret royal, elle reprend le nom de Fleming, que son mari prend également.
Après la fin des guerres napoléoniennes, le couple s'installa dans une villa à Passy, où Seymour Fleming mourut en 1818, à l'âge de 59 ans. Elle est enterrée au cimetière du Père Lachaise.
3. LE SYNOPSIS DU FILM
En 1781, la riche héritière Seymour Fleming, dite « Lady Worsley », provoque un scandale en faisant cocu son mari, le très respectable membre du Parlement Sir Richard Worsley, avant de s'enfuir avec son amant, le Capitaine George Bisset.
Furieux, Sir Richard décide de poursuivre Bisset en justice et réclame en réparation 20.000£. Tandis que Seymour et Bisset se cachent dans un hôtel londonien, Sir Richard et ses avocats utilisent divers stratagèmes pour prouver l'infidélité de son épouse.
Lorsque l'affaire arrive au tribunal, Sir Richard ment sur sa relation avec Seymour, dressant le portrait d'un mariage parfait et exemplaire. Bisset semble sûr de connaitre la faillite et la prison jusqu'à ce que Seymour mette en place un plan audacieux. Pour sauver son amant de la ruine, elle révèle un secret des plus choquants, qui va surprendre le tribunal, mettre sa liaison en péril et faire de ce procès l'un des plus grands scandales sexuels de l’Angleterre du XVIIIème siècle.
4. COMMENTAIRES
Lady Worsley était une jeune femme indépendante. Elle ne craignait pas de dire ce qu’elle pensait et de faire ce qu’elle voulait, ce qui, à l’époque, n’était pas attendu d’une femme. Les épouses étaient alors censées exécuter les ordres de leur mari et étaient considérées comme leur propriété, au même titre que le bétail ou la terre.
Il est difficile d’imaginer quelle détermination elle a dû avoir pour quitter son mari à cette époque. Le scandale serait établi même selon les normes actuelles, alors que dire de la société géorgienne de cette fin de XVIIIème siècle !
Lady Worsley a fait preuve d’une grande détermination dans la façon dont elle a abordé l’affaire. C'était une décision particulièrement courageuse de présenter ses rencontres amoureuses si crûment pour défendre le capitaine Bissett, empêchant ainsi sa ruine.
UN FILM CANDAULISTE
La particularité de ce scandale est aussi le candaulisme avéré et de nature perverse de Sir Richard. Ce n'est nullement un hasard si l'Angleterre de cette époque a fourni autant des cas d'étude pour Freud !
À ce sujet, je me permets de reprendre le commentaire suivant, que m’a adressé John, au sujet du candaulisme dans l’Angleterre des époques géorgiennes et victoriennes : « La tradition dans les classes aisées en Angleterre était d'envoyer les garçons en internat dès l'âge de sept ou huit ans. La femme devient alors un objet éloigné, fascinante, et ce n'est que très tard, en fin d'adolescence, qu'on les aperçoit véritablement. La conséquence devient une affection, voire une obsession, pour l'espionner ou la pratique du voyeurisme.
Dans le cas de Richard Worsley, on voit un homme qui ressent plus d'émotion en regardant sa femme avec un autre, via la fenêtre ou le trou de serrure, qu'en la prenant lui-même ».
Le candaulisme de Sir Richard est, au final, honteux et pervers. Il est honteux, car Sir Richard n’assume pas son comportement, dont la révélation au cours du procès fera scandale. Il est pervers, car c’est lui qui a poussé son épouse à prendre des amants, pour pouvoir se délecter du spectacle de ses ébats, en regardant par le trou de la serrure.
UNE CONCEPTION SCANDALEUSE DE LA FEMME, CONSIDEREE COMME UN « BIEN MEUBLE ».
Le plus grand scandale de cette affaire, c'est le fait que les femmes étaient alors considérées comme des meubles, des biens économiques, et pas en tant qu’êtres humains. Le combat de Seymour Worsley, et des femmes de la « New Female Coterie » fut un combat pour la dignité humaine.
LE REGARD AU CŒUR DU CANDAULISME
Une dimension fondamentale du candaulisme est le regard du partenaire. J’ai souvent insisté sur le fait que je ressens le plus de plaisir dans la présence et la complicité de Philippe. Il nous suffit de nous regarder pour savoir ce que nous ressentons, pour qu’il ressente mon plaisir, pour que je lui exprime toute ma reconnaissance pour ce qu’il m’autorise.
Si on ne prend pas en compte cette dimension, un texte ou un film candauliste devient un texte ou un film porno comme tous les autres. Le candaulisme n'existe pas sans le regard actif du partenaire, sauf en cas de candaulisme auditif, quand le « cocu » peut entendre mais ne peut pas voir. Je mets des guillemets car, si un candauliste est techniquement cocu, il est bien autre chose, à commencer par un homme qui veut et aime le plaisir de sa bien-aimée. Je précise que je ne parle pas ici du « cuckold », situation très différente, où le mari est humilié.
Dans le film de Sheree Folkson, le regard est essentiel. Dans plusieurs scènes, on filme Seymour se déshabillant devant la porte. Seymour fixe le trou de serrure par lequel Richard regarde. On filme certaines prises du point de vue de ce trou de serrure, voyant ainsi ce qu’observe Richard. La caméra se focalise sur les seins et les jambes de Seymour. Elle zoome sur le trou de serrure, l’œil bleu de Richard qui regarde, qui cligne et qui se délecte. Ces aspects techniques communiquent un fort sens érotique, soulignant le regard, essence même du candaulisme. La réalisatrice communique par ces moyens, la complicité, les regards entre Richard, Seymour, et George Bisset. Et elle met Seymour, son corps, ses gestes, son esprit, sa capacité d'agir, au premier plan. Elle nous présente Seymour comme une femme, pas comme le « meuble » au cœur de ce sordide procès.
LADY W ET LADY CHATTERLEY
Tout le monde connait « L'Amant de Lady Chatterley », le célèbre roman de l'écrivain anglais D. H. Lawrence, publié en 1928 et qui ne fut imprimé au Royaume-Uni qu’en 1960, provoquant un scandale en raison des scènes explicites de relations sexuelles, de son vocabulaire considéré comme grossier, avec le fréquent usage du verbe « fuck » mais aussi du fait que les amants étaient un homme de la classe ouvrière et une aristocrate, dans l’Angleterre des années 20, encore très marquées par la morale victorienne . Le roman relate l’éveil sensuel et amoureux de Constance, jeune femme de 27 ans. L'adultère y est décrit sans jugement ni complaisance.
L’histoire vraie de Lady W est, au final, bien plus scandaleuse pour l’Angleterre traditionnelle que l’adultère de Constance avec son garde-chasse. La réalité de Lady W, qui se passait 140 ans auparavant, dépasse donc, et de loin, la fiction de Lady Chatterley, « coupable » d’un seul adultère, même si celui-ci rompt les barrières de classe.
Le point commun entre les deux Ladies est que Seymour et Constance font, l’une et l’autre, le choix de la sensualité et du plaisir. S’agissant des maris, le candauliste Sir Richard pousse sa femme dans les bras de ses amants. Quant à Lord Clifford, rendu impuissant par ses blessures de guerre, il enjoint Constance de tomber enceinte d’un autre homme, sans s’imaginer que son épouse ne s’amourache de leur garde-chasse.
L’Angleterre des années 20 n’est certes pas la société géorgienne de 1780, même si on y retrouve une morale commune et, dans les deux cas, une même transgression. Lady W et Lady Chatterley sont l’une et l’autre des femmes libres. C’est aussi pour cela que j’ai voulu terminer par ce bref parallèle entre l’histoire vraie des années 1780 et la fiction des années 20.
5. CE FILM ET MOI
Il va de soi, que ce film, et au-delà, cette histoire vraie, celle d’une épouse libertine et d’un mari candauliste, ne pouvait que m’intéresser, au regard de mon vécu et de mon couple avec Philippe. Ceux et celles qui ont lu mes textes autobiographiques le comprendront aisément sans que j’aie besoin d’insister. Il m’a aussi permis de souligner l’importance du regard dans le candaulisme, cette complicité qui est l’essence même de cette relation de couple, de cette complicité si particulière.
Le candaulisme de Philippe n’a évidemment rien à voir avec celui de Sir Richard, qui traitait Seymour comme un objet. Oui, j’ai permis à Philippe d’assumer son fantasme, ce qu’avaient refusé ses précédentes compagnes. Mais le candaulisme de Philippe est assumé. Il repose sur notre complicité et il est un véritable témoignage d’amour. Au-delà de la réalisation de son fantasme, Philippe est le témoin de mon plaisir, dont il ne se lasse jamais. Homme de ma vie, Philippe est celui qui m’aime à la folie et m’a rendu heureuse.
6. REFERENCES :
• Outre l’article Wikipedia au sujet de Lady W, la reference est le livre de Hallie Rubenhold : “Lady Worsley’s Whim; An Eighteenth Century Tale of Sex, Scandal and Divorce” (Chatto & Windus, 2008). Le titre signifie : « Le caprice de Lady Worsley ; Une histoire de sexe, de scandale et de divorce au XVIIIe siècle. ». A ma connaissance, cet ouvrage n’existe qu’en Anglais.
• https://harewood.org/about/blog/notes/the-life-of-lady-worsley/ (un article paru le 14 août 2015 sur le site de la commune anglaise de Harewood)
• Le film de Sheree Fokson sur YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=7ZKvq4TXRds
J’aurais pu également présenter cet article sous d’autres rubriques, à commencer par ma série sur « l’histoire des libertines », car le film de Sherre Folkson raconte une histoire vraie, celle de la vie « scandaleuse » d’une aristocrate britannique, Seymour Dorothy Fleming (1758-1818), Lady Worsley, célèbre pour son implication dans un procès de haut-vol pour adultère.
Une autre entrée pour ce texte aurait pu être aussi fiche de lecture, dans la rubrique « Lectures érotiques », sous laquelle j’ai publié 27 textes, le dernier en date remontant déjà au 21 mars 2021 (le manque de temps pour de nouvelles lectures érotiques expliquant que je n’ai rien publié depuis sous cette rubrique). L’article aurait alors été consacré à l’ouvrage de l’historienne britannique d’origine américaine, Hallie Rubenhold, « Lady Worsley's Whim », publié en novembre 2008, récit de l'un des scandales sexuels les plus sensationnels du XVIIIème siècle, la plainte de Richard Worsley, le mari cocu et candauliste contre Maurice George Bisset pour son adultère avec Seymour Dorothy Fleming, L’ouvrage n’ayant été, à ma connaissance, édité qu’en Anglais, cela n’était pas envisageable, même si je suis parfaitement bilingue.
Cette chronique se fera donc autour du film de Sheree Folkson, que l’on peut visionner sur YouTube.
Au-delà du film, c’est pour moi l’occasion de parler de Seymour Fleming, qui peut, sans contestation, être qualifiée de grande libertine, ne serait-ce que par le nombre de ses amants et qui a enfreint toutes les règles de la bonne société de son époque. Quant à Lord Worsley, le mari cocu, il est également un sujet très intéressant en tant que candauliste, même si la forme de son candaulisme est particulière.
Je précise que le thème m’a été suggéré par un de mes correspondants, John W, dont j’ai récemment découvert les écrits, sous le pseudo de « John Langlais ,» sur un autre site d’histoires érotiques. John, comme son prénom et son pseudo l’indiquent, est Britannique. Il écrit dans un excellent français et je ne peux que recommander ses textes. Il fait partie des personnes avec qui j’échange avec plaisir une correspondance régulière, autour de l’érotisme. J’ajoute que, comme moi, il est un inconditionnel des textes de mon amie Micky, autrice talentueuse de tant de textes érotiques sur HDS et d’autres sites.
Non seulement John m’a suggéré de parler de ce film et de la sulfureuse et courageuse Lady W, mais nos échanges, au moment de l’écriture de ce texte, m’ont apporté une aide considérable. Qu’il me soit permis de le remercier publiquement et chaleureusement !
1. LA REALISATRICE
Sheree Fokson est une réalisatrice et productrice britannique. Elle a notamment réalisé deux épisodes de la série télévisée policière franco-britannique « Jo » (2013, avec Jean Reno et Jill Hennessy. A signaler également, entre autres :
• Trois épisodes de « Comment devenir une rock star » (1998), série satirique qui met en scène un groupe de rock de Glasgow, (1998).
• Trois épisodes également de « Hit and Miss » (2012), histoire d’une femme trans devenue tueur à gages.
• Deux épisodes de la série policière diffusée par ITV, la chaine privée britannique, de 1984 à 2010, « The Bill ».
• Un épisode de « La Part du diable » (1997-1999), une autre série policière.
• Un épisode de la série américaine « Ugly Betty » (2006-2010), qui raconte l’histoire de Betty Suarez, qui va surmonter son physique « désavantageux » et prouver ses qualités.
Fokson a aussi produit des films, comme « Gypsi Woman » (2001) ou encore « Decoy Bride » en 2011.
2. LA SCANDALEUSE SEYMOUR FLEMING et SON MARI CANDAULISTE, RICHARD WORLSEY.
ORPHELINE ET HERITIERE
Plus jeune fille de Sir John Fleming, la belle et riche Seymour était une héritière très convoitée. Son père et deux de ses sœurs meurent quand elle n'a que cinq ans. Elle est alors élevée, avec une autre de ses sœurs, par leur mère, qui se remarie en 1770 à Edwin Lascelles, riche sexagénaire ayant fait fortune dans les Antilles grâce aux esclaves exploités et torturés dans ses plantations de canne à sucre. La sœur aînée de Seymour, Jane Stanhope, comtesse Harrington, est connue pour être un « modèle de vertu ».
LADY WORSLEY
En 1775, à l'âge de 17 ans, Seymour Fleming épouse Sir Richard Worsley (1751-1805), 7e baronnet d'Appuldurcombe House, sur l’Île de Wight. Sa dot apporte 52.000 £ à son époux. Sir Richard sera, de 1774 à 1801, député à la chambre des Communes, le scandale causé par la conduite de son épouse entreverra son cursus, lui faisant provisoirement perdre son siège, avant de revenir aux Communes en 1790.
Du mariage naitront un fils, Robert Edwin (1776-1795) et une fille, Jane, née en 1781. Jane est en fait la fille de George Bisset, alors proche ami de Richard, mais le mari, pour éviter le scandale, reconnait l’enfant.
LES AMANTS DE LADY WORSLEY
Le couple est plutôt mal assorti, et leur mariage bat rapidement de l'aile. Poussée par son mari, Seymour devient infidèle. La rumeur attribuera à Lady Worsley vingt-sept amants !
En novembre 1781, Lady Worsley s'enfuit avec son amant, le capitaine George Bissett, laissant derrière elle son bébé de 4 mois. Sir Richard intente alors une action civile contre Bisset, sur le motif de « criminal conversation », litige découlant d'un adultère, où une action en justice est menée contre le tiers ayant interféré dans le mariage, même dans le cas où l'un des partis est consentant.
Arrêtons-nous un instant sur la nature de ce procès intenté par Sir Richard contre Bisset, car il est symptomatique de la conception de la femme dans la société de cette époque. Seymour Worsley, au cœur de l'affaire, n'est pas ici considérée en tant que personne, comme une femme, mais comme un « bien meuble » de son mari. Richard Worsley attaque le capitaine Bisset pour avoir diminué la « valeur monétaire » de sa femme. Il demande des dommages et intérêts et exige un montant de 20.000 £ de l’époque, somme qui correspondrait aujourd’hui à 1,6 millions de Livres Sterling ! Vengeance ou appât du gain ? Si Richard obtient gain de cause, son rival serait ruiné et risquerait la prison pour dettes.
LE SCANDALE
Seymour réagit et va faire échouer la manœuvre de son mari. Lady Worsley prend la décision courageuse de soutenir Bissett, s'humiliant publiquement, sapant ainsi sa position dans la société.
Lady Worsley tourne la plainte en sa faveur à la suite de révélations scandaleuses, appuyées par les témoignages de ses amants passés et présents, mettant en question le comportement de son mari. Le médecin de Lady Worsley, William Osborn, révèle ainsi qu'elle souffre d'une maladie vénérienne, contractée après une relation avec James Graham, 3e marquis de Montrose.
Il fut aussi établi que Worsley, loin de s’opposer à la relation entre sa femme et Bisset, l’a encouragé, en exposant la nudité de sa femme à Bisset aux bains publics de Maidstone, détail illustré dans une caricature de James Gillray.
La procédure engagée par Sir Richard lui revient au final à la figure comme un boomerang, à travers la révélation de son candaulisme non assumé, lui qui pousse Seymour à prendre des amants et qui se délecte du spectacle des ébats de son épouse.
La riposte de Seymour a pour conséquence de « diminuer sa valeur », en mettant en avant le nombre de ses amants. La Cour n’attribuera au final à Sir Richard qu’un dédommagement symbolique d’un shilling, équivalent à £4 d’aujourd’hui.
LE DESTIN DE SEYMOUR
Seymour, au prix de son honneur et de sa réputation, avait ainsi prouvé qu’elle aimait Bisset. Ce n’était pas pour autant réciproque. Bisset se sépare de Lady Worsley quand il devient évident que Richard Worsley ne souhaite qu'une séparation, et non un divorce, empêchant ainsi Seymour de se remarier tant que son mari serait en vie.
Lady Worsley doit, pour vivre, se résoudre à devenir une demi-mondaine, et dépendre du soutien financier d'hommes riches pour survivre, rejoignant ainsi d'autres femmes de la haute société dans « The New Female Coterie ». C’est une autre scandaleuse, Caroline Stanhope (1722-1784), comtesse de Harrington, qui avait créé cette « nouvelle coterie féminine » club social de courtisanes et de « femmes déchues » qui se réunissent dans un bordel. Connue pour son infidélité et sa bisexualité, Caroline était surnommée la "Stable Yard Messalina " en raison de son mode de vie. Je pense consacrer un autre article à Caroline Stanhope, que je découvre à cette occasion.
Seymour eut deux autres enfants : un de Bisset, né après qu'il l’a quitté en 1783, et dont le destin n'est pas connu, et une fille, Charlotte Dorothy Hammond (née Cochard), qu'elle confia à sa famille dans les Ardennes.
Lady Worsley prit plus tard le chemin de Paris pour échapper à ses dettes. En 1788, accompagnée de son nouvel amant, le compositeur, chef d'orchestre et champion d'escrime Joseph Bologne, chevalier de Saint-Georges (1745-1799), un homme de couleur.
Puis, elle retourna en Angleterre, où son mari accepta enfin la séparation des biens, à la condition qu'elle passe quatre années supplémentaires en exil en France. Huit mois avant la fin de cet exil, elle fut est empêchée de quitter la France en raison des événements de la Révolution française, et fut, selon toute probabilité, emprisonnée sous le régime de la Terreur.
Le fils qu'elle avait eu de Worsley meurt pendant qu'elle est en exil. Début 1797, elle retourne enfin en Angleterre.
À la mort de Worsley en 1805, la somme de 70.000 £ lui revient, et, le 12 septembre 1805, à l'âge de 47 ans, elle épouse son nouvel amant de 26 ans, John Lewis Cuchet. Le même mois, par décret royal, elle reprend le nom de Fleming, que son mari prend également.
Après la fin des guerres napoléoniennes, le couple s'installa dans une villa à Passy, où Seymour Fleming mourut en 1818, à l'âge de 59 ans. Elle est enterrée au cimetière du Père Lachaise.
3. LE SYNOPSIS DU FILM
En 1781, la riche héritière Seymour Fleming, dite « Lady Worsley », provoque un scandale en faisant cocu son mari, le très respectable membre du Parlement Sir Richard Worsley, avant de s'enfuir avec son amant, le Capitaine George Bisset.
Furieux, Sir Richard décide de poursuivre Bisset en justice et réclame en réparation 20.000£. Tandis que Seymour et Bisset se cachent dans un hôtel londonien, Sir Richard et ses avocats utilisent divers stratagèmes pour prouver l'infidélité de son épouse.
Lorsque l'affaire arrive au tribunal, Sir Richard ment sur sa relation avec Seymour, dressant le portrait d'un mariage parfait et exemplaire. Bisset semble sûr de connaitre la faillite et la prison jusqu'à ce que Seymour mette en place un plan audacieux. Pour sauver son amant de la ruine, elle révèle un secret des plus choquants, qui va surprendre le tribunal, mettre sa liaison en péril et faire de ce procès l'un des plus grands scandales sexuels de l’Angleterre du XVIIIème siècle.
4. COMMENTAIRES
Lady Worsley était une jeune femme indépendante. Elle ne craignait pas de dire ce qu’elle pensait et de faire ce qu’elle voulait, ce qui, à l’époque, n’était pas attendu d’une femme. Les épouses étaient alors censées exécuter les ordres de leur mari et étaient considérées comme leur propriété, au même titre que le bétail ou la terre.
Il est difficile d’imaginer quelle détermination elle a dû avoir pour quitter son mari à cette époque. Le scandale serait établi même selon les normes actuelles, alors que dire de la société géorgienne de cette fin de XVIIIème siècle !
Lady Worsley a fait preuve d’une grande détermination dans la façon dont elle a abordé l’affaire. C'était une décision particulièrement courageuse de présenter ses rencontres amoureuses si crûment pour défendre le capitaine Bissett, empêchant ainsi sa ruine.
UN FILM CANDAULISTE
La particularité de ce scandale est aussi le candaulisme avéré et de nature perverse de Sir Richard. Ce n'est nullement un hasard si l'Angleterre de cette époque a fourni autant des cas d'étude pour Freud !
À ce sujet, je me permets de reprendre le commentaire suivant, que m’a adressé John, au sujet du candaulisme dans l’Angleterre des époques géorgiennes et victoriennes : « La tradition dans les classes aisées en Angleterre était d'envoyer les garçons en internat dès l'âge de sept ou huit ans. La femme devient alors un objet éloigné, fascinante, et ce n'est que très tard, en fin d'adolescence, qu'on les aperçoit véritablement. La conséquence devient une affection, voire une obsession, pour l'espionner ou la pratique du voyeurisme.
Dans le cas de Richard Worsley, on voit un homme qui ressent plus d'émotion en regardant sa femme avec un autre, via la fenêtre ou le trou de serrure, qu'en la prenant lui-même ».
Le candaulisme de Sir Richard est, au final, honteux et pervers. Il est honteux, car Sir Richard n’assume pas son comportement, dont la révélation au cours du procès fera scandale. Il est pervers, car c’est lui qui a poussé son épouse à prendre des amants, pour pouvoir se délecter du spectacle de ses ébats, en regardant par le trou de la serrure.
UNE CONCEPTION SCANDALEUSE DE LA FEMME, CONSIDEREE COMME UN « BIEN MEUBLE ».
Le plus grand scandale de cette affaire, c'est le fait que les femmes étaient alors considérées comme des meubles, des biens économiques, et pas en tant qu’êtres humains. Le combat de Seymour Worsley, et des femmes de la « New Female Coterie » fut un combat pour la dignité humaine.
LE REGARD AU CŒUR DU CANDAULISME
Une dimension fondamentale du candaulisme est le regard du partenaire. J’ai souvent insisté sur le fait que je ressens le plus de plaisir dans la présence et la complicité de Philippe. Il nous suffit de nous regarder pour savoir ce que nous ressentons, pour qu’il ressente mon plaisir, pour que je lui exprime toute ma reconnaissance pour ce qu’il m’autorise.
Si on ne prend pas en compte cette dimension, un texte ou un film candauliste devient un texte ou un film porno comme tous les autres. Le candaulisme n'existe pas sans le regard actif du partenaire, sauf en cas de candaulisme auditif, quand le « cocu » peut entendre mais ne peut pas voir. Je mets des guillemets car, si un candauliste est techniquement cocu, il est bien autre chose, à commencer par un homme qui veut et aime le plaisir de sa bien-aimée. Je précise que je ne parle pas ici du « cuckold », situation très différente, où le mari est humilié.
Dans le film de Sheree Folkson, le regard est essentiel. Dans plusieurs scènes, on filme Seymour se déshabillant devant la porte. Seymour fixe le trou de serrure par lequel Richard regarde. On filme certaines prises du point de vue de ce trou de serrure, voyant ainsi ce qu’observe Richard. La caméra se focalise sur les seins et les jambes de Seymour. Elle zoome sur le trou de serrure, l’œil bleu de Richard qui regarde, qui cligne et qui se délecte. Ces aspects techniques communiquent un fort sens érotique, soulignant le regard, essence même du candaulisme. La réalisatrice communique par ces moyens, la complicité, les regards entre Richard, Seymour, et George Bisset. Et elle met Seymour, son corps, ses gestes, son esprit, sa capacité d'agir, au premier plan. Elle nous présente Seymour comme une femme, pas comme le « meuble » au cœur de ce sordide procès.
LADY W ET LADY CHATTERLEY
Tout le monde connait « L'Amant de Lady Chatterley », le célèbre roman de l'écrivain anglais D. H. Lawrence, publié en 1928 et qui ne fut imprimé au Royaume-Uni qu’en 1960, provoquant un scandale en raison des scènes explicites de relations sexuelles, de son vocabulaire considéré comme grossier, avec le fréquent usage du verbe « fuck » mais aussi du fait que les amants étaient un homme de la classe ouvrière et une aristocrate, dans l’Angleterre des années 20, encore très marquées par la morale victorienne . Le roman relate l’éveil sensuel et amoureux de Constance, jeune femme de 27 ans. L'adultère y est décrit sans jugement ni complaisance.
L’histoire vraie de Lady W est, au final, bien plus scandaleuse pour l’Angleterre traditionnelle que l’adultère de Constance avec son garde-chasse. La réalité de Lady W, qui se passait 140 ans auparavant, dépasse donc, et de loin, la fiction de Lady Chatterley, « coupable » d’un seul adultère, même si celui-ci rompt les barrières de classe.
Le point commun entre les deux Ladies est que Seymour et Constance font, l’une et l’autre, le choix de la sensualité et du plaisir. S’agissant des maris, le candauliste Sir Richard pousse sa femme dans les bras de ses amants. Quant à Lord Clifford, rendu impuissant par ses blessures de guerre, il enjoint Constance de tomber enceinte d’un autre homme, sans s’imaginer que son épouse ne s’amourache de leur garde-chasse.
L’Angleterre des années 20 n’est certes pas la société géorgienne de 1780, même si on y retrouve une morale commune et, dans les deux cas, une même transgression. Lady W et Lady Chatterley sont l’une et l’autre des femmes libres. C’est aussi pour cela que j’ai voulu terminer par ce bref parallèle entre l’histoire vraie des années 1780 et la fiction des années 20.
5. CE FILM ET MOI
Il va de soi, que ce film, et au-delà, cette histoire vraie, celle d’une épouse libertine et d’un mari candauliste, ne pouvait que m’intéresser, au regard de mon vécu et de mon couple avec Philippe. Ceux et celles qui ont lu mes textes autobiographiques le comprendront aisément sans que j’aie besoin d’insister. Il m’a aussi permis de souligner l’importance du regard dans le candaulisme, cette complicité qui est l’essence même de cette relation de couple, de cette complicité si particulière.
Le candaulisme de Philippe n’a évidemment rien à voir avec celui de Sir Richard, qui traitait Seymour comme un objet. Oui, j’ai permis à Philippe d’assumer son fantasme, ce qu’avaient refusé ses précédentes compagnes. Mais le candaulisme de Philippe est assumé. Il repose sur notre complicité et il est un véritable témoignage d’amour. Au-delà de la réalisation de son fantasme, Philippe est le témoin de mon plaisir, dont il ne se lasse jamais. Homme de ma vie, Philippe est celui qui m’aime à la folie et m’a rendu heureuse.
6. REFERENCES :
• Outre l’article Wikipedia au sujet de Lady W, la reference est le livre de Hallie Rubenhold : “Lady Worsley’s Whim; An Eighteenth Century Tale of Sex, Scandal and Divorce” (Chatto & Windus, 2008). Le titre signifie : « Le caprice de Lady Worsley ; Une histoire de sexe, de scandale et de divorce au XVIIIe siècle. ». A ma connaissance, cet ouvrage n’existe qu’en Anglais.
• https://harewood.org/about/blog/notes/the-life-of-lady-worsley/ (un article paru le 14 août 2015 sur le site de la commune anglaise de Harewood)
• Le film de Sheree Fokson sur YouTube: https://www.youtube.com/watch?v=7ZKvq4TXRds
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20 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
@ Laeti, entièrement d'accord avec cette analyse. Rien n'est en effet jamais acquis
Je ne connais pas du tout cette Lady.
Article fort intéressant, malgré cela.
D’accord avec Micky sur l’époque et le rôle souvent « occulte » de la gent féminine.
Après c’était le siècle des Lumières. On se demande d’ailleurs qui les a éteintes.
L’influence féminine sur les sociétés a toujours été un éternel mouvement d’avancées et de reculs (image aucunement scabreuse :D).
Tes chroniques historiques, Olga, en sont l’image.
Laeti
Article fort intéressant, malgré cela.
D’accord avec Micky sur l’époque et le rôle souvent « occulte » de la gent féminine.
Après c’était le siècle des Lumières. On se demande d’ailleurs qui les a éteintes.
L’influence féminine sur les sociétés a toujours été un éternel mouvement d’avancées et de reculs (image aucunement scabreuse :D).
Tes chroniques historiques, Olga, en sont l’image.
Laeti
@ lecteur anonyme, c'est une plaisanterie, je suppose?
J'imagine de telles lois applicables aujourd'hui à ton cas. Si Lady W valait un shilling pour 27 amants, on peut calculer combien tu vaudrais toi pour tes centaines d'amants!
Merci Cyrille! Oui les images du film sont plutôt explicites!
Coucou Olga, tout est déjà dit dans les commentaires, sur ce que je voulais écrire mais merci pour ces découvertes incroyable sur le passé...
J'ai commencé à regarder le film mais n'étant ni anglais, ni espagnol, j'essaie de me baser sur les images que tu nous as merveilleusement décrites...
Cyrille
J'ai commencé à regarder le film mais n'étant ni anglais, ni espagnol, j'essaie de me baser sur les images que tu nous as merveilleusement décrites...
Cyrille
Félicitations Olga!
Bernard
Bernard
Merci Luc!
@ Micky, merci beaucoup. Oui, cette période du XVIII ème siècle est passionnante en Angleterre ou en France, en particulier en ce qui concerne les moeurs.
En regardant le film, je confirme que c'est bien Sir Richard qui pousse son épouse à être infidèle et qui se délecte de ses ébats. La définition même du candaulisme.
Luc
Luc
Malgré tout le soin apporté à l'écriture et plusieurs relectures, j'ai laissé passer des coquilles. Le nom de la réalisatrice est bien Sheree Folkson et non "Fokson". Je m'en excuse auprès de mes lecteurs et lectrices
@ Bernard, même davantage en fait: deux langues paternelle (le Grec) et maternelle (le Français) Et ensuite l'Anglais et l'Italien (comme mentionné dans les textes que j'ai publiés au sujet de mon "escapade romaine")
@ Julie, merci!
@ Maurice, je n'en n'ai pas trouvé.
@ Didier, comme Bernard, je n'ai rien à ajouter à ton commentaire très complet et pertinent. Tu as mis en avant les deux points forts de cette chronique: le candaulisme (même si celui de Sir Richard est très particulier) et la conception scandaleuse de la femme qui ressort de ce procès.
@ Jacques, je suis bien consciente que le candaulisme est une pratique très risquée, dangereuse pour un couple et que le risque est l'épouse ne tombe amoureuse de l'amant.Ce que vous évoquez en est un exemple. Ce qui compte est que notre couple a su surmonter ces tempêtes.
@ Dyonisia, tu as raison de souligner la nécessité de relativiser en histoire. La condition féminine n'est heureusement pas la même aujourd'hui qu'à l'époque de Lady Worsley. Il y a encore beaucoup de choses à changer, il y a, comme l'a souligné Micky sur ma précédente publication, des risques de recul, mais que de chemin parcouru depuis cette époque, fruit des changements de mentalité et de nos luttes. Restons vigilantes et continuons à nous battre pour nos droits.
@ Maurice, je n'en n'ai pas trouvé.
@ Didier, comme Bernard, je n'ai rien à ajouter à ton commentaire très complet et pertinent. Tu as mis en avant les deux points forts de cette chronique: le candaulisme (même si celui de Sir Richard est très particulier) et la conception scandaleuse de la femme qui ressort de ce procès.
@ Jacques, je suis bien consciente que le candaulisme est une pratique très risquée, dangereuse pour un couple et que le risque est l'épouse ne tombe amoureuse de l'amant.Ce que vous évoquez en est un exemple. Ce qui compte est que notre couple a su surmonter ces tempêtes.
@ Dyonisia, tu as raison de souligner la nécessité de relativiser en histoire. La condition féminine n'est heureusement pas la même aujourd'hui qu'à l'époque de Lady Worsley. Il y a encore beaucoup de choses à changer, il y a, comme l'a souligné Micky sur ma précédente publication, des risques de recul, mais que de chemin parcouru depuis cette époque, fruit des changements de mentalité et de nos luttes. Restons vigilantes et continuons à nous battre pour nos droits.
Une fois de plus, merci Olga pour ce focus sur cette Lady W dont j'ignorais totalement l'existence. Cela nous ramène à nouveau à ce XVIIIè siècle prérévolutionnaire où les femmes ont joué un si grand rôle, même si c'est en général en coulisses, dans l'ombre des hommes. Cette biographie et en même temps le focus sur la réalisatrice sont donc du plus grand intérêt.
J'avoue humblement ma méconnaissance de cette Lady W., que j'avais a priori confondu avec une autre Lady, presque du même nom à une consonne près et du même siècle quoique de la 1ère moitié. J'ai donc découvert avec intérêt sa vie et apprécié comme toujours les pertinents commentaires d'Olga.
Il me semble néanmoins qu'il convient de garder à l'esprit que nous regardons avec la culture du présent des faits qui se sont déroulés dans le passé ("ou, comme dirait Racine, dans un pays éloigné" pour citer Marguerite Yourcenar).
Il me semble néanmoins qu'il convient de garder à l'esprit que nous regardons avec la culture du présent des faits qui se sont déroulés dans le passé ("ou, comme dirait Racine, dans un pays éloigné" pour citer Marguerite Yourcenar).
Olga,
Je ne puis que souscrire à 100% au commentaire de Didier, rien à ajouter de pertinent.
À titre subsidiaire, tu es plutôt trilingue que bilingue, non?
Bernard
Je ne puis que souscrire à 100% au commentaire de Didier, rien à ajouter de pertinent.
À titre subsidiaire, tu es plutôt trilingue que bilingue, non?
Bernard
Un commentaire sur votre description du candauliste.
« J’ai souvent insisté sur le fait que je ressens le plus de plaisir dans la présence et la complicité de Philippe. Il nous suffit de nous regarder pour savoir ce que nous ressentons, pour qu’il ressente mon plaisir, pour que je lui exprime toute ma reconnaissance pour ce qu’il m’autorise »
Était ce si jouissant lorsque vous vouliez quitter Philippe pour votre belle italien? Je suis certain que Philippe devait sauter au plafond lorsque après vous avoir vu aller au septième ciel et ensuite lui dire que dorénavant l’Italie sera votre pays d’adoption.
La nature humaine étant ce qu’elle est, le candaulisme est la voie idéal pour perdre l’amour de notre vie.
« J’ai souvent insisté sur le fait que je ressens le plus de plaisir dans la présence et la complicité de Philippe. Il nous suffit de nous regarder pour savoir ce que nous ressentons, pour qu’il ressente mon plaisir, pour que je lui exprime toute ma reconnaissance pour ce qu’il m’autorise »
Était ce si jouissant lorsque vous vouliez quitter Philippe pour votre belle italien? Je suis certain que Philippe devait sauter au plafond lorsque après vous avoir vu aller au septième ciel et ensuite lui dire que dorénavant l’Italie sera votre pays d’adoption.
La nature humaine étant ce qu’elle est, le candaulisme est la voie idéal pour perdre l’amour de notre vie.
Olga,
C’est encore une très belle chronique cinématographique que tu nous livres là.
Ce texte que je qualifierai "d’inclassable" est très intéressant en soi et surtout très instructif sur les mentalités d’une certaine époque désormais révolue.
Il a le mérite en effet de nous faire découvrir, en sus de la vie de Lady Worsley, cette scabreuse histoire "d'adultère", cachant un candaulisme non avoué.
Un candaulisme, des périodes géorgiennes et victoriennes britanniques, plus proche du voyeurisme et qui est donc évidemment très loin et bien différent de celui pratiqué actuellement par ton bien aimé Philippe.
Mais surtout, il y a cette présentation de ce procès d'une autre époque, scandaleux par son aspect très "mercantile", avec cette notion de propriété, de bien meublé, concernant l’épouse. Cependant grâce au témoignage courageux de Lady Worsley, je le trouve néanmoins un peu en avance sur son temps aussi.
Je tiens également à souligner la pertinence et l’excellence de ta comparaison entre l'histoire, le scandale, de Lady Worsley et de Lady Chatterley.
Pour finir, tu as fait le bon choix, à mon avis, de présenter ton écrit dans ta rubrique cinématographique.
En effet, l’ayant adoré, cette histoire me donne par cet intermédiaire l'envie de voir ce film. Sa réalisatrice m’est certes inconnue, mais ce n’est nullement le cas de sa principale actrice que j’ai trouvé magnifique dans son rôle de seconde épouse du roi HenriVIII.
Didier
C’est encore une très belle chronique cinématographique que tu nous livres là.
Ce texte que je qualifierai "d’inclassable" est très intéressant en soi et surtout très instructif sur les mentalités d’une certaine époque désormais révolue.
Il a le mérite en effet de nous faire découvrir, en sus de la vie de Lady Worsley, cette scabreuse histoire "d'adultère", cachant un candaulisme non avoué.
Un candaulisme, des périodes géorgiennes et victoriennes britanniques, plus proche du voyeurisme et qui est donc évidemment très loin et bien différent de celui pratiqué actuellement par ton bien aimé Philippe.
Mais surtout, il y a cette présentation de ce procès d'une autre époque, scandaleux par son aspect très "mercantile", avec cette notion de propriété, de bien meublé, concernant l’épouse. Cependant grâce au témoignage courageux de Lady Worsley, je le trouve néanmoins un peu en avance sur son temps aussi.
Je tiens également à souligner la pertinence et l’excellence de ta comparaison entre l'histoire, le scandale, de Lady Worsley et de Lady Chatterley.
Pour finir, tu as fait le bon choix, à mon avis, de présenter ton écrit dans ta rubrique cinématographique.
En effet, l’ayant adoré, cette histoire me donne par cet intermédiaire l'envie de voir ce film. Sa réalisatrice m’est certes inconnue, mais ce n’est nullement le cas de sa principale actrice que j’ai trouvé magnifique dans son rôle de seconde épouse du roi HenriVIII.
Didier
Les références que tu as donné sur le film concernent la version anglaise de 2015. Il n'y a pas de version française?
Maurice
Maurice
Bravo pour cette excellente chronique!
Julie
Julie