Erotisme et poésie (10) : Renée Vivien : « Chair des choses »
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 14-01-2022 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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Erotisme et poésie (10) : Renée Vivien : « Chair des choses »
« Nos jours sans impudeur, sans crainte ni remords,
Se déroulent, ainsi que de larges accords,
Et nous aimons, comme on aimait à Mytilène. »
(Renée Vivien « A l’heure des mains jointes »)
Dans « Histoire des libertines (54) : le saphisme au temps de la Belle Epoque », texte paru sur HDS le 30 janvier 2020, j’avais raconté la vie de Renée Vivien (1877-1909), considérée comme la plus grande poétesse du saphisme depuis Sappho. J’avais promis, en réponse à certains commentaires, de mettre en exergue dans la série « Erotisme et poésie » un poème de Renée Vivien.
LA NOUVELLE SAPPHO
Je renverrai donc à ce texte pour la biographie de Renée Vivien, ses amours et son destin tragique. Je reprendrai seulement ce passage, qui est un bon résumé de ce que représente l’œuvre de cette grande poétesse : « Renée Vivien est la grande poétesse du saphisme, la digne continuatrice de Sappho. La poésie de Renée Vivien chante les amours lesbiennes et rappelle les vers de Baudelaire et de Verlaine. Sa poésie, d'une nature autobiographique à peine voilée, suscite, comme les œuvres de Natalie Barney, un intérêt croissant ».
Renée Vivien demeure l'une des grandes icônes du génie féminin à travers les siècles. L'œuvre complète de Renée Vivien consiste en un journal intime écrit dès 1893, douze recueils de poésie, soit plus de cinq cents poèmes, deux ouvrages de traductions de poétesses grecques dont Sappho, sept volumes de prose, environ une dizaine de romans, signés sous ses différents pseudonymes ainsi que des nouvelles. À une époque où il était commun de masquer ses amours saphiques, Renée Vivien ne recula pas devant la visibilité qu’entraînaient ses écrits sans ambiguïté. Travaillant sans relâche, elle donna aux lesbiennes des poèmes où elles pourraient enfin se reconnaître. »
La poésie de Renée Vivien est à la fois envoutante, accessible et légère. L’ensemble de sa poésie est adressée aux femmes, celles qu'elle a aimées, fantasmées, pleurées. La poésie de « Sappho 1900 » est explicitement lesbienne, tant dans son inspiration formelle, la poétesse maniant parfois la strophe saphique et ayant traduit l'œuvre de Sappho, que dans ses thématiques. Nombre de ses textes invite au voyage dans une Grèce fantasmée, et l'élément marin est un des motifs dominants. Mais surtout, Renée Vivien chante librement et de manière explicite les amours lesbiennes.
Son œuvre mêle très largement l'Eros au Thanatos, et une grande mélancolie transparaît dans les poèmes, reflet de ses amours mouvementés avec Natalie Barney, Hélène de Zuylen et Kérimé, sa « sultane ». Renée sculpte le langage pour en exprimer toute la beauté, toute la richesse. Elle joue avec la lumière et le temps. Tout au long de ses poèmes, on ressent ses élans, sa douleur, ses drames.
Ce poème exalte si bien les charmes de la sensualité féminine, comme les violettes que cette chère Renée aimait tant. Elle passe d'une passion flamboyante à une tristesse sans fond. On ressent ses désirs, son désarroi, sa tristesse.
Je l’avoue, bisexuelle, amoureuse des femmes, j’ai des frissons quand je lis un poème de Renée Vivien. J’ai alors envie de m’abandonner aux caresses et aux baisers de mon amoureuse.
CHAIR DES CHOSES
Pour le choix du poème, avec « Chair des choses », j’ai suivi Pierre Perret et son « Anthologie de la poésie érotique », qui est mon fil conducteur dans cette série « Erotisme et Poésie ».
Pierre Perret, en commentaire, relevant le désabusement de Renée Vivien, reprend ce que disait d’elle une bisexuelle célèbre, la grande romancière Colette (voir « Histoire des libertines (53) : Colette, romancière et scandaleuse », paru le 15 janvier 2020) : « Dans son jeune visage, tout y disait l’enfance, la malice, la propension au rire. Où chercher, entre la chevelure blonde et la tendre fossette du menton effacé et faible, un pli qui ne fut pas riant, l’indice, le gîte de la tragique tristesse de ses vers ? »
DEDICACE A TOUTES LES FEMMES QUI AIMENT LES FEMMES
Je dédie évidemment ce poème à Agun, mon amour, ma femme, mais aussi à toutes celles qui, parmi mes lectrices, bisexuelles ou lesbiennes, savent combien sont incomparables les étreintes entre femmes. Mais au-delà, j’offre ce poème à tous ceux et celles qui aiment la poésie, la beauté, l’amour, y compris dans sa dimension tragique.
LE POEME
Je possède, en mes doigts subtils, le sens du monde,
Car le toucher pénètre ainsi que fait la voix,
L’harmonie et le songe et la douleur profonde
Frémissent longuement sur le bout de mes doigts.
Je comprends mieux, en les frôlant, les choses belles,
Je partage leur vie intense en les touchant,
C’est alors que je sais ce qu’elles ont en elles
De noble, de très doux et de pareil au chant.
Car mes doigts ont connu la chair des poteries
La chair lisse du marbre aux féminins contours
Que la main qui les sait modeler a meurtries,
Et celle de la perle et celle du velours.
Ils ont connu la vie intime des fourrures,
Toison chaude et superbe où je plonge les mains !
Ils ont connu l’ardent secret des chevelures
Où se sont effeuillés des milliers de jasmins.
Et, pareils à ceux-là qui viennent des voyages,
Mes doigts ont parcouru d’infinis horizons,
Ils ont éclairé, mieux que mes yeux, des visages
Et m’ont prophétisé d’obscures trahisons.
Ils ont connu la peau subtile de la femme,
Et ses frissons cruels et ses parfums sournois...
Chair des choses ! J’ai cru parfois étreindre une âme
Avec le frôlement prolongé de mes doigts...
REFERENCES
Outre les références générales déjà indiquées dans « Erotisme et poésie (1) », publié le 17 décembre 2019, je renvoie à l’article Wikipédia sur Renée Vivien ainsi qu’aux liens suivants :
• https://www.cave-a-poemes.org/page.php?id=73: « Mais qui est donc R. Vivien ? » par Pierre Blavin
• https://www.franceinter.fr/emissions/il-etait-une-femme/il-etait-une-femme-18-novembre-2018
• http://www.remydegourmont.org/vupar/rub2/vivien/musesdaujourdhui05.htm
• https://zone-critique.com/2021/10/23/renee-vivien-et-une-femme-mapparut/
• http://www.renee-vivien.com/2016/12/critiques-litteraires.html
• https://www.barbieturix.com/2015/02/22/ces-femmes-qui-font-lhistoire-renee-vivien/
• https://desmotsdeuxfemmes.wordpress.com/tag/renee-vivien/
• http://eurolesbopride.free.fr/culture-renee-vivien.html
Se déroulent, ainsi que de larges accords,
Et nous aimons, comme on aimait à Mytilène. »
(Renée Vivien « A l’heure des mains jointes »)
Dans « Histoire des libertines (54) : le saphisme au temps de la Belle Epoque », texte paru sur HDS le 30 janvier 2020, j’avais raconté la vie de Renée Vivien (1877-1909), considérée comme la plus grande poétesse du saphisme depuis Sappho. J’avais promis, en réponse à certains commentaires, de mettre en exergue dans la série « Erotisme et poésie » un poème de Renée Vivien.
LA NOUVELLE SAPPHO
Je renverrai donc à ce texte pour la biographie de Renée Vivien, ses amours et son destin tragique. Je reprendrai seulement ce passage, qui est un bon résumé de ce que représente l’œuvre de cette grande poétesse : « Renée Vivien est la grande poétesse du saphisme, la digne continuatrice de Sappho. La poésie de Renée Vivien chante les amours lesbiennes et rappelle les vers de Baudelaire et de Verlaine. Sa poésie, d'une nature autobiographique à peine voilée, suscite, comme les œuvres de Natalie Barney, un intérêt croissant ».
Renée Vivien demeure l'une des grandes icônes du génie féminin à travers les siècles. L'œuvre complète de Renée Vivien consiste en un journal intime écrit dès 1893, douze recueils de poésie, soit plus de cinq cents poèmes, deux ouvrages de traductions de poétesses grecques dont Sappho, sept volumes de prose, environ une dizaine de romans, signés sous ses différents pseudonymes ainsi que des nouvelles. À une époque où il était commun de masquer ses amours saphiques, Renée Vivien ne recula pas devant la visibilité qu’entraînaient ses écrits sans ambiguïté. Travaillant sans relâche, elle donna aux lesbiennes des poèmes où elles pourraient enfin se reconnaître. »
La poésie de Renée Vivien est à la fois envoutante, accessible et légère. L’ensemble de sa poésie est adressée aux femmes, celles qu'elle a aimées, fantasmées, pleurées. La poésie de « Sappho 1900 » est explicitement lesbienne, tant dans son inspiration formelle, la poétesse maniant parfois la strophe saphique et ayant traduit l'œuvre de Sappho, que dans ses thématiques. Nombre de ses textes invite au voyage dans une Grèce fantasmée, et l'élément marin est un des motifs dominants. Mais surtout, Renée Vivien chante librement et de manière explicite les amours lesbiennes.
Son œuvre mêle très largement l'Eros au Thanatos, et une grande mélancolie transparaît dans les poèmes, reflet de ses amours mouvementés avec Natalie Barney, Hélène de Zuylen et Kérimé, sa « sultane ». Renée sculpte le langage pour en exprimer toute la beauté, toute la richesse. Elle joue avec la lumière et le temps. Tout au long de ses poèmes, on ressent ses élans, sa douleur, ses drames.
Ce poème exalte si bien les charmes de la sensualité féminine, comme les violettes que cette chère Renée aimait tant. Elle passe d'une passion flamboyante à une tristesse sans fond. On ressent ses désirs, son désarroi, sa tristesse.
Je l’avoue, bisexuelle, amoureuse des femmes, j’ai des frissons quand je lis un poème de Renée Vivien. J’ai alors envie de m’abandonner aux caresses et aux baisers de mon amoureuse.
CHAIR DES CHOSES
Pour le choix du poème, avec « Chair des choses », j’ai suivi Pierre Perret et son « Anthologie de la poésie érotique », qui est mon fil conducteur dans cette série « Erotisme et Poésie ».
Pierre Perret, en commentaire, relevant le désabusement de Renée Vivien, reprend ce que disait d’elle une bisexuelle célèbre, la grande romancière Colette (voir « Histoire des libertines (53) : Colette, romancière et scandaleuse », paru le 15 janvier 2020) : « Dans son jeune visage, tout y disait l’enfance, la malice, la propension au rire. Où chercher, entre la chevelure blonde et la tendre fossette du menton effacé et faible, un pli qui ne fut pas riant, l’indice, le gîte de la tragique tristesse de ses vers ? »
DEDICACE A TOUTES LES FEMMES QUI AIMENT LES FEMMES
Je dédie évidemment ce poème à Agun, mon amour, ma femme, mais aussi à toutes celles qui, parmi mes lectrices, bisexuelles ou lesbiennes, savent combien sont incomparables les étreintes entre femmes. Mais au-delà, j’offre ce poème à tous ceux et celles qui aiment la poésie, la beauté, l’amour, y compris dans sa dimension tragique.
LE POEME
Je possède, en mes doigts subtils, le sens du monde,
Car le toucher pénètre ainsi que fait la voix,
L’harmonie et le songe et la douleur profonde
Frémissent longuement sur le bout de mes doigts.
Je comprends mieux, en les frôlant, les choses belles,
Je partage leur vie intense en les touchant,
C’est alors que je sais ce qu’elles ont en elles
De noble, de très doux et de pareil au chant.
Car mes doigts ont connu la chair des poteries
La chair lisse du marbre aux féminins contours
Que la main qui les sait modeler a meurtries,
Et celle de la perle et celle du velours.
Ils ont connu la vie intime des fourrures,
Toison chaude et superbe où je plonge les mains !
Ils ont connu l’ardent secret des chevelures
Où se sont effeuillés des milliers de jasmins.
Et, pareils à ceux-là qui viennent des voyages,
Mes doigts ont parcouru d’infinis horizons,
Ils ont éclairé, mieux que mes yeux, des visages
Et m’ont prophétisé d’obscures trahisons.
Ils ont connu la peau subtile de la femme,
Et ses frissons cruels et ses parfums sournois...
Chair des choses ! J’ai cru parfois étreindre une âme
Avec le frôlement prolongé de mes doigts...
REFERENCES
Outre les références générales déjà indiquées dans « Erotisme et poésie (1) », publié le 17 décembre 2019, je renvoie à l’article Wikipédia sur Renée Vivien ainsi qu’aux liens suivants :
• https://www.cave-a-poemes.org/page.php?id=73: « Mais qui est donc R. Vivien ? » par Pierre Blavin
• https://www.franceinter.fr/emissions/il-etait-une-femme/il-etait-une-femme-18-novembre-2018
• http://www.remydegourmont.org/vupar/rub2/vivien/musesdaujourdhui05.htm
• https://zone-critique.com/2021/10/23/renee-vivien-et-une-femme-mapparut/
• http://www.renee-vivien.com/2016/12/critiques-litteraires.html
• https://www.barbieturix.com/2015/02/22/ces-femmes-qui-font-lhistoire-renee-vivien/
• https://desmotsdeuxfemmes.wordpress.com/tag/renee-vivien/
• http://eurolesbopride.free.fr/culture-renee-vivien.html
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12 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
@ Didier, Renée Vivien écrivait en tant que lesbienne. Mais tu as raison, ses magnifiques
vers expriment avant tout la beauté des femmes et l'amour
vers expriment avant tout la beauté des femmes et l'amour
Olga,
n'étant pas un érudit dans la poésie, mais après une relecture attentive de ce poème, je
voudrais ajouter ceci:
Ce poème pourrait très bien être aussi déclamé par tout les hommes aimant éperdument les
femmes.
J'espère en écrivant cela ne pas provoquer de polémiques auprès de tes lectrices
bisexuelles et lesbiennes...
Merci encore.
Didier
n'étant pas un érudit dans la poésie, mais après une relecture attentive de ce poème, je
voudrais ajouter ceci:
Ce poème pourrait très bien être aussi déclamé par tout les hommes aimant éperdument les
femmes.
J'espère en écrivant cela ne pas provoquer de polémiques auprès de tes lectrices
bisexuelles et lesbiennes...
Merci encore.
Didier
Merci Didier, j'adore la poésie en général et la poésie érotique en particulier. Renée
Vivien a été à juste titre qualifiée de "nouvelle Sappho"
Vivien a été à juste titre qualifiée de "nouvelle Sappho"
Olga,
tu nous sort de ton escarcelle encore un magnifique poème, dont toi seule à le secret.
Ce poème, explicite en soi, est vraiment une ode destiné à l'amour des Femmes porté par
les Femmes.
Merci pour la présentation de cette poétesse, qui m'étais inconnue.
Grâce à toi, et de par le récit sur Tullia entre autre, je redécouvre le plaisir de lire
de la poésie.
Didier
tu nous sort de ton escarcelle encore un magnifique poème, dont toi seule à le secret.
Ce poème, explicite en soi, est vraiment une ode destiné à l'amour des Femmes porté par
les Femmes.
Merci pour la présentation de cette poétesse, qui m'étais inconnue.
Grâce à toi, et de par le récit sur Tullia entre autre, je redécouvre le plaisir de lire
de la poésie.
Didier
@ Daniel, dans cette rubrique, je laisse la première place au poème lui-même. Et comme
j'avais déjà, dans une autre rubrique (histoire des libertines)parlé de la vie de Renée
Vivien, forcement le texte est plus cours que d'autres textes de la rubrique "érotisme et
poésie" où j'avais aussi développé sur la vie et l’œuvre des auteurs(e)
j'avais déjà, dans une autre rubrique (histoire des libertines)parlé de la vie de Renée
Vivien, forcement le texte est plus cours que d'autres textes de la rubrique "érotisme et
poésie" où j'avais aussi développé sur la vie et l’œuvre des auteurs(e)
Merci, Micky, c'est en effet magnifique. Et, pour le choix du poème, j'ai suivi la
proposition du grand grand Pierre Perret dans sa magnifique anthologie de la poésie
érotique
proposition du grand grand Pierre Perret dans sa magnifique anthologie de la poésie
érotique
Je ne connaissais pas du tout cette poétesse. Il est vrai que je ne suis pas de la même
obédience sexuelle. N'empêche, sa langue est superbe... et ce n'est pas un jeu de mots !
obédience sexuelle. N'empêche, sa langue est superbe... et ce n'est pas un jeu de mots !
@ Marie, je m'y étais engagée
@ Paul, je suis d'accord
@ Laeti, avec plaisir. J'avoue avoir pensé à toi quand j'ai publié ce texte
@ Paul, je suis d'accord
@ Laeti, avec plaisir. J'avoue avoir pensé à toi quand j'ai publié ce texte
Merci Olga, je prends…
Les commentaires sont plus cours que d'habitude? Pas inspirée?
Daniel
Daniel
Une très grande poétesse!
Paul
Paul
Merci Olga d'avoir tenu ta promesse de publier un poème de Renée Vivien
Marie
Marie