Et si... (plus) 2/4
Récit érotique écrit par Misa [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 11-12-2012 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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Et si... (plus) 2/4
Et si … (plus) – (Misa/2012)
2ème partie
((Sarah sortait de l’hôpital … mais pourquoi y était-elle ?))
Il y a des jours où tout va de travers.
Cent fois depuis une heure, allongée dans ce lit froid, j’ai fait l’inventaire de tous
les petits détails, de l’accumulation de contrariétés sans liens les unes avec les
autres qui se sont liguées pour aboutir à cette catastrophe.
Cent fois, je me suis dit, et si …
… Si je ne m’étais pas levée en retard …
J’ai oublié de régler la sonnerie de mon réveil. Tous les jours, il sonne à six heures
et quart, je ne vérifie pas ; sauf qu’hier , j’ai oublié; j’étais énervée.
… Si mon ex était un type bien …
Il n’aurait pas pour copine cette … passons ! J’aurais pas dû discuter d’un changement
de week-end de garde, j’aurais pas été énervée, j’aurais pensé à régler l’heure de la
sonnerie de mon réveil.
… Si j’avais déjeuné avec mon fils …
J’étais en retard. Je l’ai laissé seul pendant que je m’habillais. Il a renversé son
bol, et j’ai dû le changer avant de partir.
… Si j’avais pu me garer sur la zone réservée …
Quand je suis arrivée devant l’école, j’étais en retard, un camion de livraison
bloquait la rue. Je me suis garée sur le trottoir d’en face.
… Si sa maîtresse était moins bavarde …
Elle n’avait que des choses gentilles à me dire, pourtant, mais pourquoi justement ce
matin ?
Si son père était moins coureur de jupons, il aurait ramené Mathieu comme d’habitude,
mon réveil aurait sonné à l’heure ce jeudi, j’aurais déjeuné avec mon fils, je
l’aurais posé à l’heure devant l’école en me garant sur la zone réservée, j’aurais eu
le temps d’écouter sa maîtresse … je n’aurais pas traversé la rue en courant pour
rejoindre ma voiture … à la seconde exacte où arrivait cette camionnette …
Fracture du poignet gauche, deux doigts de la main droite cassés, un gros hématome à
la hanche gauche et beaucoup de peau arrachée, plaies sur la joue et la tête.
L’interne a récité tout ça, très vite ; son patron écoutait distraitement ; ça n’était
pas si intéressant que ça pour lui ; des petits bobos ; du quotidien … L’infirmière a
attendu qu’ils soient sortis de la chambre pour venir essuyer mes yeux. Elle a soulevé
légèrement le pansement sur ma joue pour nettoyer mes larmes, et a glissé le bouton
d’appel sous ma main droite bandée. Je peux encore me servir du pouce.
Comme un peu plus tôt en revenant de la radio, elle m’a fait une bise sur la joue.
Mon ex est passé à midi. C’est lui que les pompiers ont prévenu ; à vrai dire, c’est
le seul numéro qu’ils ont trouvé dans mes papiers. La seule chose qu’il ait dite,
c’est que ça l’arrangeait pas de devoir s’occuper de Mathieu … comme si ça
m’arrangeait, moi !
Il faisait tellement de bruit que l’infirmière est venue lui demander de se calmer, et
puis l’a poussé dehors un peu plus tard en disant que c’était l’heure des soins.
C’était pas vrai.
Mes patrons aussi sont passés. Je travaille dans leur agence de voyage. Lui me
draguait, au début. Elle, elle me snobe. Ils sont ennuyés parce que Pâques approche et
qu’il y a du travail. Ils voulaient faire le point sur les dossiers en cours. Comment
je vais, ils ne s’en sont même pas inquiétés. Ils ont vu mon bras dans le plâtre et
mes doigts bandés. Ça leur suffisait.
En fin d’après-midi, l’infirmière m’a aidée à téléphoner à ma tante. Elle a composé
le numéro et m’aidait à tenir le téléphone contre mon oreille.
Sa fille viendra passer une semaine chez moi pour m’aider. Je sors lundi matin. Ça ne
me plaît pas beaucoup, mais comment faire autrement ? Je n’avais pas été trop gênée
quand l’infirmière m’avait conduite aux toilettes et s’était occupée de moi … un peu,
si, mais je me disais « c’est son travail » … imaginer la même chose avec une presque
inconnue, c’était bien différent.
L’infirmière venait me voir souvent. Les filles de salle plaisantaient dès qu’elle
avait tourné les talons, parlaient d’une fille qui serait jalouse qu’elle passe autant
de temps avec moi. Ça me faisait rire. On en a même plaisanté ensemble. C’est vrai
qu’elle était aux petits soins … Elle est venue le samedi. Elle est aussi venue le
dimanche. Et comme j’avais rien à faire, je me faisais des films … elle était jolie …
je rêvais. C’était un peu troublant.
Le lundi matin, elle m’a enveloppé les deux mains dans des sacs plastique et m’a fait
prendre une douche. Elle m’a entièrement lavée. C’est gênant, bien sûr, mais au moins
je n’aurai pas besoin de ma petite cousine pour … un jour ou deux ? Franchement, ça
m’angoissait ! C’est à peine si je tenais debout sous la douche.
L’interne m’a dit que je garderai le plâtre quatre semaines et les atèles sur mes deux
doigts pendant deux semaines. Au-delà, ils feront quelque chose de plus pratique. Deux
semaines ! Lui, présentait ça comme une bonne nouvelle …
Cathy est venue à l’hôpital directement depuis la gare. Elle avait une robe de chambre
dans son sac de voyage, heureusement, il faisait froid ; elle m’a aidée à la passer et
nous sommes rentrées en taxi.
C’est elle qui m’a aidée à m’habiller. L’infirmière l’aurait fait, mais Cathy a dit
qu’il fallait bien commencer à un moment, alors pourquoi pas tout de suite. Elle avait
raison, bien sûr. Mais me retrouver nue devant elle était très gênant. Je ne la
connais pratiquement pas. On s’est croisées il y a deux ans, je crois, j’étais déjà
séparée de Patrick. Elle a changé. Je me souvenais d’une ado assez effacée et je ne
l’aurais pas reconnue quand elle est entrée dans la chambre si je ne l’avais pas
attendue.
Elle m’a dit qu’il faisait froid et m’a enveloppée dans un de ses pulls avant de me
couvrir du peignoir et de ma veste, pas trop abimée dans l’accident. Même ma petite
culotte était déchirée, comme mon pantalon, tout le côté gauche arraché, et je suis
sortie comme ça.
Ça la faisait rire, moi pas ; j’ai toujours été pudique ; même avec Patrick. J’étais
un peu gênée de ces frôlements de mains étrangères sur moi, d’être tellement
dépendante.
L’infirmière l’a remarqué ; elle a caressé mon épaule d’une main qui se voulait
rassurante pendant que Cathy finissait de m’habiller en me disant que « j’étais en de
bonnes mains ».
Mon histoire inventée ‘ l’éclopée et l’infirmière ‘, se terminait. Et j’étais
triste. Toutes ces attentions qu’elle avait eues pour moi étaient touchantes. Je n’en
riais plus. J’avais bien compris aux propos des aides soignantes qu’elle était « une
femme à femme », et moi que ça laissait totalement indifférente auparavant, j’y
pensais, un peu étonnée tout de même, elle m’avait aussi parlé d’un petit ami qui
l’avait quittée.
Mes réactions sous ses mains quand elle m’avait lavée sous la douche venaient en
partie des scénarios que j’avais imaginés, de son regard doux, pas d’elle ou d’un
quelconque geste de sa part.
Depuis le tout premier jour, elle était toujours restée très professionnelle, presque
distante dans nos contacts, et sans les remarques des filles de salle, je n’aurais
peut-être pas fait attention à ses regards vite détournés et à ses attentions.
- Ça va, Sarah ?
- … oui, ça va …
Première épreuve honteuse : le passage aux toilettes … je n’osais pas la regarder. Et
elle, elle rigolait ! Je me suis retenue tout l’après-midi, mais là, c’était trop.
Elle m’a conduite dans la salle de bains ; je n’arrivais même pas à m’asseoir, à
écarter le peignoir d’une seule main ; elle a dû me l’enlever, ne me laissant que la
veste de laine ouverte simplement posée sur mes épaules, et Cathy qui me détaillait de
la tête au pied me voyant nue ou presque pour la seconde fois ... Elle m’a retenue des
deux mains dans le dos pour que je m’assois doucement ; les plaies sur ma hanche m’ont
fait mal. Elle se tenait à côté de moi, une main sur mon épaule pour m’essuyer de
l’autre, les doigts enroulés de papier toilette : même ça, avec mes deux mains
immobilisées, je ne peux le faire moi-même !
Les deux premiers jours, je suis passée par tous les affres de la honte et j’allais de
crise de larmes en crise de larmes. Cathy pourtant faisait son possible, restant à la
fois discrète et efficace.
Et puis, on s’habitue à tout. On oublie. On s’oublie.
Le matin du troisième jour, elle m’a douchée. Je n’avais pas de sac poubelle assez
grand pour envelopper mon plâtre, mais ça ne l’a pas arrêtée. Elle s’est mise en
sous-vêtements dans la baignoire avec moi et a passé mon bras plâtré par-dessus ses
épaules, pour l’autre bras, je le tenais en l’air. Elle me lavait d’une main, tenait
la douchette de l’autre. Elle était aussi mouillée que moi. Son soutien-gorge mouillé
frottait sur mes seins pendant qu’elle me lavait le dos et les fesses. Le froid et le
frottement ont provoqué une réaction qui cette fois-ci, m’a fait sourire ; c’est elle
qui a rougi en voyant mes tétons dressés, et sa main enfilée dans un gant de toilette
s’est faite plus brusque et nerveuse sur mes fesses, m’arrachant une petite plainte en
frottant la zone de la hanche où la peau était couverte de petites croûtes encore
fragiles.
Alors qu’elle m’avait déjà touchée là à plusieurs occasions, elle était hésitante et
gênée cette fois en me lavant le ventre et entre les jambes. Elle se mordait
nerveusement la lèvre inférieure et ne levait plus les yeux sur moi. Ses gestes et la
situation n’avaient pourtant vraiment rien d’érotique, et en plus, mon bras levé
commençait à être douloureux. Sa gêne soudaine sans doute, la brusquerie maladroite de
ses mains, ses hésitations ont déclenchées une nouvelle manifestation totalement
incontrôlée.
Ça m’arrive parfois en pleine journée, sans aucune raison, et heureusement ce n’est
pas trop visible, mais là, nue sous la douche, la soudaine tension de mes tétons
dardés nous a surprises toutes les deux. Il faut dire que depuis ma grossesse et
l’allaitement, mes seins ont beaucoup changés. Ils sont restés plus lourds qu’avant et
j’ai l’impression que l’aréole est plus large et qu’elle est restée un peu bombée et
saillante de la surface du sein. Le plus gros changement pourtant, ce sont les tétons,
qui grossissent beaucoup plus qu’auparavant, plus longs et plus gros.
Sa main s’est interrompue brusquement quand elle s’est aperçue de la réaction. Elle
n’y était pour rien. Moi, je n’avais aucun besoin de baisser les yeux pour savoir ce
qui l’avait arrêtée, je sentais leur tension.
Elle a fini de me laver et de me rincer plus doucement. Je crois que c’était pire. En
plus, j’avais maintenant en tête ce que la situation aurait pu avoir de charge
érotique.
Elle m’a épongée avec un drap de bain dans lequel elle m’a enveloppée avant de
s’essuyer elle aussi. Elle a enlevé son soutien-gorge trempé en me tournant le dos, et
a noué un drap de bain autour d’elle avant d’enlever sa culotte.
Je me suis installée sur le canapé, elle dans le fauteuil ; elle avait mis la radio en
sourdine et elle feuilletait de vieux magazines télé.
- Tu sais Cathy, ça m’arrive parfois, c’est rien. C’et depuis ma grossesse.
Elle a levé les yeux du magazine, un petit sourire timide aux lèvres.
- Je croyais … enfin tu sais …
- Non, tu n’y es pour rien ! ça t’arrivera aussi, si un jour tu allaites !
- Ça me le fait, des fois … mais ils sont vraiment gros …
- … ils ont changé.
Elle s’est mise à rire timidement :
- Je croyais … la première fois où j’ai fait des soins de corps, chez ma
patronne, ça a fait pareil à la dame … ma patronne s’était moquée de moi …
- Oh ! Tu fais quoi exactement ?
- Esthéticienne, je suis en apprentissage. En deuxième année … Je te ferais des
soins, si tu veux !
- Ah oui, ça serait bien ! mais il faut des onguents, tout ça …
- J’en ai dans ma valise, et puis c’est surtout d’une épilation que tu as besoin
!
Sur le moment, j’étais un peu vexée. Elle avait raison, mais quand même ! C’est vrai
que depuis deux ans, je ne faisais pas beaucoup d’efforts. Des efforts pour qui,
d’abord ? Enfin, elle aurait pu y mettre des formes !
- Tu voudras bien ?
- D’accord. Mais je ne sais pas si j’ai ce qu’il faut, ici.
- J’ai vu de la crème épilatoire et des lingettes dans ta pharmacie.
- Où ça ?
- Dans le petit meuble à côté du lavabo, en cherchant les serviettes.
- Ah ?
Je ne m’attendais pas à ce qu’elle ait fouillé dans ma salle de bains. J’espérais
qu’elle n’ait pas trop fouillé, derrière les serviettes d’été.
Je la regardais à la dérobée. Apparemment, non, elle n’avait rien trouvé d’autre.
A midi, elle nous a préparé des coquillettes et a coupé une tranche de jambon dans mon
assiette. J’arrive à coincer une cuillère sous le bandage et à manger seule. Ce n’est
pas très pratique de porter la cuillère à ma bouche, mais j’y arrive, à peu près.
Elle a voulu s’y mettre dès l’après-midi ; elle a commencé à tout préparer sans me
demander mon avis. J’avais déjà remarqué à des petits détails, des réflexions, que son
attitude changeait, en seulement trois jours. Il faudrait que je lui en parle. C’était
vrai que j’étais totalement dépendante d’elle pour la moindre chose, mais elle
commençait à m’infantiliser, à me traiter comme si j’étais sa fille ! je ne voulais
pas la fâcher, mais tout de même !
- … ça t’arrive souvent …
Oh, ce sourire … elle se moque vraiment ! Moi je voudrais bien m’enfuir en courant et
me cacher tellement j’ai honte !
- Ça arrive, tu sais, l’esthéticienne qui travaille avec moi, m’a même dit que
c’était assez fréquent, t’en fais pas ! Elle a une cliente, elle vient exprès, elle
m’a dit … pour que … qu’elle la touche …
Elle a continué. Au début, je ne voulais pas. Je voulais bien qu’elle fasse le
maillot, et c’est tout. Et je l’ai laissée faire. Moi qui ai toujours trouvé ça un peu
ridicule, me voilà avec un petit triangle de poil court au-dessus de la fente du sexe.
Elle voulait faire un cœur ! non mais ! et puis quoi encore ! comme si ce truc était
pas déjà assez … et puis après tout, ça intéresse qui , à part moi ? En attendant j’ai
l’impression d’être un cobaye ! Tout y est passé : c’était joli, c’était une manière
d’apprendre pour elle, et le top du top, c’est plus propre ! fallait y penser à celle-
là ! plus propre ! en tout cas, le plus facile, c’était de lui dire oui, vas-y, fais à
ton idée ! mais pas un cœur ! faut pas exagérer !
Et depuis plus d’un quart d’heure, elle soigne le travail à la pince à épiler … étire
la peau, gratte du bout de l’ongle un peu de cire, frotte du bout des doigts pour
repérer les derniers petits poils …
J’ai senti la chaleur monter … j’ai pensé à Mathieu, à l’accident, à la facture du
téléphone, j’ai compté tous les chèques que j’ai fait depuis le début du mois … ça a
failli marcher, et puis non ! d’abord mes tétons, encore, comme ce matin sous la
douche, et puis, la chaleur … dans mon ventre … la honte … J’ai toujours eu l’odorat
sensible et je sens mon odeur, vraiment, je sens l’odeur de mon sexe, plus forte que
l’odeur de cire et de la crème qu’elle a passée, du bout du doigt.
Elle s’en est aperçue, bien sûr ! Avec un petit « oooh ! », juste avant de passer une
lingette sur le périnée ! pour m’essuyer ! et me raconter l’histoire de la cliente de
son salon.
Ça ne m’arrive pas très souvent. Un peu plus ces derniers mois, et je ne sais pas
pourquoi. Après l’accouchement, ma gynéco m’avait donné un traitement et le tube de
lubrifiant ne quittait pas la table de nuit. Et puis Patrick m’a quittée, le tube ne
servait plus à rien, et j’ai arrêté le traitement. C’est revenu, comme ça ; et là, je
m’en serais bien passé !
- Eh ! non, Cathy !
J’ai voulu repousser sa main, mais je n’ai réussi qu’à cogner mes doigts bandés contre
elle.
Allongée comme je l’étais sur le canapé, je ne pouvais pas me relever. Je crois bien
que le mouvement de mon bras était autant un réflexe de surprise que de colère.
J’ai relevé la tête en même temps que je sentais une douleur dans la main qui avait
cogné la sienne et son air m’a stupéfaite ; elle avait les yeux humides de larmes et
les lèvres qui tremblaient :
- … pardon, Sarah … s’il te plaît …
J’ai laissé retomber ma tête contre le dossier : « s’il te plaît ? », mais … et
j’avais mal à la main.
J’ai senti ses lèvres sur mon genou, et sa joue se poser plus haut, contre ma cuisse.
Sa main ne bougeait plus, posée à plat entre mes jambes, sur l’aine, son pouce
immobile entre mes lèvres tout en bas du sexe.
C’est en sentant son pouce remonter du périnée entre mes lèvres que j’avais sursauté.
- Cathy …
Oh, cette petite voix pleurnicharde !
- … s’il te plaît, j’ai jamais fait, je te jure …
Mais … elle n’a jamais fait ? et alors ? En fait, je ne me souviens plus très bien ce
à quoi j’ai pensé, mais j’avais vraiment très très chaud, aux joues, au creux de mon
ventre. Je ne savais vraiment pas quoi lui dire et quand son pouce a recommencé à
bouger, je n’avais plus envie de dire quoi que ce soit … mais je me souviens que
j’avais terriblement honte et qu’un hoquet de rire nerveux m’a secoué.
… et c’était tellement facile de me dire que je ne pouvais pas bouger, que j’étais à
sa merci … tellement facile de me trouver milles excuses pour … pour me laisser faire
…
Honnêtement … si elle avait arrêté … je n’aurais pas hurlé ou supplié, non, mais je
crois que je lui en aurais voulu, et que j’aurais été terriblement frustrée … ça aussi
j’en ai honte !
Allez, maintenant, je peux le dire, ça a été la chose la plus … waouh ! … depuis bien
longtemps !
Parce que ce qu’elle avait dit était sûrement vrai, ce devait être la première fois.
Elle était maladroite, et timide, et trop … douce ?, non, ce n’est pas exactement ça ;
je crois qu’elle ne me caressait pas vraiment, elle me découvrait ; oui, elle était
curieuse de mon sexe, l’écartait doucement, rentrait timidement un doigt, lissait
l’intérieur des lèvres, découvrait le clitoris de son capuchon de peau, étirait les
petites lèvres qui glissaient entre ses doigts et lui échappaient … c’était en même
temps très frustrant et génial.
Elle a mis ses deux mains sur moi et sa joue a glissé plus près sur ma cuisse ;
vraiment elle était curieuse de moi, ou pas de moi, mais plutôt d’un sexe de femme,
simplement ; sans doute se découvrant elle-même en me regardant.
Ça, sur l’instant, je n’y pensais pas du tout, trop attentive à ses frôlements et au
plaisir qui montait, sans cesse suspendu ou interrompu, parce que mon plaisir n’était
pas son but, pas au début, pas cette fois …
… elle pinçait doucement mes lèvres à deux doigts, refermant le sexe complètement, et
remontait un doigt de l’autre main, depuis dessous, lentement, sur la longueur de son
doigt noyé sous les lèvres glissantes, puis ouvrait mes grandes lèvres de sa main
reposant haut sur mon ventre et la seule petite brosse piquante qu’elle avait dessiné
sur mon ventre, et serraient les petites lèvres seules cette fois, les étirant,
mesurant l’étirement sur le périnée, frôlant la petite boursoufflure de la cicatrice
d’épisiotomie du bout d’un doigt, puis de l’ongle, et les maintenant tendues, les
reprenant plus fermement quand elles lui échappaient d’un glissement, pour palper à
deux doigts le renflement de peau, tout en haut de la fente, le serrer d’une légère
pression, l’étirer, et palper à nouveau pour éprouver le gonflement, le suivre vers le
haut jusqu’à le perdre, et revenir pour glisser les doigts dessous, et puis les
petites lèvres ouvertes des pouces, très larges, lissées du plat des doigts,
maintenues écartées pour qu’un doigt se pose à l’entrée du vagin, l’effleure et tout
droit et tendu rentre, à peine, s’appuyant vers le bas pour ouvrir, plus grand, encore
plus grand, et plus profond, qui tourne pour étirer, toujours, comme pour mesurer la
taille, vérifier l’ouverture, et à deux doigts, testant la douceur, en bas, revenant
sur la muqueuse plus dure, au dessus, et encore, toujours, étirant en pesant, fort
vers le bas pour ouvrir agrandir et puis se retire et joue du bout de l’index sur
l’entrée de l’urètre, agace et appuie et remonte un peu encore, où les petites lèvres
se rejoignent, où une petite pointe plus claire et plus lisse se découvre, et se
rétracte sous le doigt, alors des deux index elle retrousse le repli de peau qu’elle
étirait plus tôt, comme on baisse un capuchon pour voir un visage, le petit bouton
rose revient sous ses yeux, tout lisse et rose et tendre, sous ses doigts qui repousse
à nouveau la tige dure qui se perdait sous ses doigts et … ce n’est plus elle … ces
palpitations sous ses doigts et … la plainte … elle lui fait mal ? elle retire ses
mains et …
- NON … non continue continue je t’en prie continue … Cathy ma chérie ne
t’arrête pas … non …
Comme j’ai honte et comme je regrette de l’avoir encouragée, suppliée de continuer.
… doucement, apeurée, elle revient et repose ses doigts où ils étaient, de chaque côté
de ce bouton tout rose et mignon, disparu, caché, et la tige dure, elle est toujours
là, plus profonde et masquée, qu’elle suit … sous ses yeux surpris, les petites
contractions, du haut en bas, sous ses doigts, elle les sent sous ses doigts tout
légers, tout son sexe du haut en bas qui bat au rythme de sa plainte et la jambe qui
tremble sous la joue qu’effrayée, elle avait soulevé.
Elle ne savait pas ? elle ne savait pas ! Cathy, Cathy … si jeune ? j’ai honte ? non …
pas à ce moment-là, plus tard ! on verra plus tard … encore … tes mains, encore, je
t’en prie, Cathy … je te montrerai, je t’apprendrai, reste, reste encore, s’il te
plaît s’il te plaît reste , encore … Cathy … joue … joue encore un peu avec moi …
Elle ne savait pas … elle imaginait, inconsciemment peut-être savait. Elle a embrassé
ma cuisse et ses derniers tremblements et restait là, reculée à mes pieds et je la
voulais dans mes bras, pour m’y cacher, y cacher mon visage et l’embrasser et … elle
restait là, loin de moi, tête baissée.
- … viens, viens Cathy … viens près de moi …
J’ai ouvert mon bras droit ; elle est venue s’asseoir au bord du canapé, n’osant pas
s’approcher.
- … viens, viens plus près … viens Cathy …
Elle a glissé son épaule sous mon bras, doucement, sa joue, sur mon épaule, et j’ai
refermé mon bras, embrassé ses cheveux … yeux fermés.
J’aurais pas dû, je sais, mais je ne pensais à rien, si, au plaisir ; être bien,
seulement être bien.
Elle avait de grands yeux, de grands yeux étonnés et curieux, qui me suivaient
partout, et des gestes empruntés, puis les yeux baissés. Une ambiance curieuse,
silencieuse, sans mots, en regards et en gestes, en sourires timides.
Elle a rangé le salon, préparé le dîner. La radio en sourdine racontait les malheurs
du monde. Elle m’a conduit à la salle de bains, m’a aidée, sans plus trace de
l’assurance maladroite d’avant. Elle a déboutonné la veste de laine, m’a lavé, levant
un regard clair quand encore mes seins l’ont surpris. Elle a hésité, pas longtemps, à
passer sur mon bras le grand t-shirt qu’elle avait découpé pour envelopper mon bras en
écharpe. Sans me regarder elle l’a posé sur le bord de la baignoire et a posé le
peignoir sur mes épaules.
Elle a ouvert le lit, m’a soutenue pour m’asseoir, et a soulevé mes jambes, posant un
instant doucement sa main fraîche, doucement, sur les plaies sur la hanche, les
protégeant du drap.
J’ai entendu l’eau couler dans la salle de bains, j’ai entendu le silence de la radio
arrêtée, j’ai vu les lumières s’éteindre dans le salon.
Au bord du lit, elle s’est assise, a soulevé son t-shirt au-dessus de ses bras levés.
Tête baissée, après un temps d’arrêt, elle s’est soulevée un peu, a fait glisser sa
culotte à ses pieds.
Elle a éteint la petite veilleuse, s’est blottie contre moi d’un mouvement, la joue
sur mon bras que j’ai refermé sur elle.
Quelle bêtise j’ai fait ce jour-là ! Pour un instant d’abandon …
(à suivre)
2ème partie
((Sarah sortait de l’hôpital … mais pourquoi y était-elle ?))
Il y a des jours où tout va de travers.
Cent fois depuis une heure, allongée dans ce lit froid, j’ai fait l’inventaire de tous
les petits détails, de l’accumulation de contrariétés sans liens les unes avec les
autres qui se sont liguées pour aboutir à cette catastrophe.
Cent fois, je me suis dit, et si …
… Si je ne m’étais pas levée en retard …
J’ai oublié de régler la sonnerie de mon réveil. Tous les jours, il sonne à six heures
et quart, je ne vérifie pas ; sauf qu’hier , j’ai oublié; j’étais énervée.
… Si mon ex était un type bien …
Il n’aurait pas pour copine cette … passons ! J’aurais pas dû discuter d’un changement
de week-end de garde, j’aurais pas été énervée, j’aurais pensé à régler l’heure de la
sonnerie de mon réveil.
… Si j’avais déjeuné avec mon fils …
J’étais en retard. Je l’ai laissé seul pendant que je m’habillais. Il a renversé son
bol, et j’ai dû le changer avant de partir.
… Si j’avais pu me garer sur la zone réservée …
Quand je suis arrivée devant l’école, j’étais en retard, un camion de livraison
bloquait la rue. Je me suis garée sur le trottoir d’en face.
… Si sa maîtresse était moins bavarde …
Elle n’avait que des choses gentilles à me dire, pourtant, mais pourquoi justement ce
matin ?
Si son père était moins coureur de jupons, il aurait ramené Mathieu comme d’habitude,
mon réveil aurait sonné à l’heure ce jeudi, j’aurais déjeuné avec mon fils, je
l’aurais posé à l’heure devant l’école en me garant sur la zone réservée, j’aurais eu
le temps d’écouter sa maîtresse … je n’aurais pas traversé la rue en courant pour
rejoindre ma voiture … à la seconde exacte où arrivait cette camionnette …
Fracture du poignet gauche, deux doigts de la main droite cassés, un gros hématome à
la hanche gauche et beaucoup de peau arrachée, plaies sur la joue et la tête.
L’interne a récité tout ça, très vite ; son patron écoutait distraitement ; ça n’était
pas si intéressant que ça pour lui ; des petits bobos ; du quotidien … L’infirmière a
attendu qu’ils soient sortis de la chambre pour venir essuyer mes yeux. Elle a soulevé
légèrement le pansement sur ma joue pour nettoyer mes larmes, et a glissé le bouton
d’appel sous ma main droite bandée. Je peux encore me servir du pouce.
Comme un peu plus tôt en revenant de la radio, elle m’a fait une bise sur la joue.
Mon ex est passé à midi. C’est lui que les pompiers ont prévenu ; à vrai dire, c’est
le seul numéro qu’ils ont trouvé dans mes papiers. La seule chose qu’il ait dite,
c’est que ça l’arrangeait pas de devoir s’occuper de Mathieu … comme si ça
m’arrangeait, moi !
Il faisait tellement de bruit que l’infirmière est venue lui demander de se calmer, et
puis l’a poussé dehors un peu plus tard en disant que c’était l’heure des soins.
C’était pas vrai.
Mes patrons aussi sont passés. Je travaille dans leur agence de voyage. Lui me
draguait, au début. Elle, elle me snobe. Ils sont ennuyés parce que Pâques approche et
qu’il y a du travail. Ils voulaient faire le point sur les dossiers en cours. Comment
je vais, ils ne s’en sont même pas inquiétés. Ils ont vu mon bras dans le plâtre et
mes doigts bandés. Ça leur suffisait.
En fin d’après-midi, l’infirmière m’a aidée à téléphoner à ma tante. Elle a composé
le numéro et m’aidait à tenir le téléphone contre mon oreille.
Sa fille viendra passer une semaine chez moi pour m’aider. Je sors lundi matin. Ça ne
me plaît pas beaucoup, mais comment faire autrement ? Je n’avais pas été trop gênée
quand l’infirmière m’avait conduite aux toilettes et s’était occupée de moi … un peu,
si, mais je me disais « c’est son travail » … imaginer la même chose avec une presque
inconnue, c’était bien différent.
L’infirmière venait me voir souvent. Les filles de salle plaisantaient dès qu’elle
avait tourné les talons, parlaient d’une fille qui serait jalouse qu’elle passe autant
de temps avec moi. Ça me faisait rire. On en a même plaisanté ensemble. C’est vrai
qu’elle était aux petits soins … Elle est venue le samedi. Elle est aussi venue le
dimanche. Et comme j’avais rien à faire, je me faisais des films … elle était jolie …
je rêvais. C’était un peu troublant.
Le lundi matin, elle m’a enveloppé les deux mains dans des sacs plastique et m’a fait
prendre une douche. Elle m’a entièrement lavée. C’est gênant, bien sûr, mais au moins
je n’aurai pas besoin de ma petite cousine pour … un jour ou deux ? Franchement, ça
m’angoissait ! C’est à peine si je tenais debout sous la douche.
L’interne m’a dit que je garderai le plâtre quatre semaines et les atèles sur mes deux
doigts pendant deux semaines. Au-delà, ils feront quelque chose de plus pratique. Deux
semaines ! Lui, présentait ça comme une bonne nouvelle …
Cathy est venue à l’hôpital directement depuis la gare. Elle avait une robe de chambre
dans son sac de voyage, heureusement, il faisait froid ; elle m’a aidée à la passer et
nous sommes rentrées en taxi.
C’est elle qui m’a aidée à m’habiller. L’infirmière l’aurait fait, mais Cathy a dit
qu’il fallait bien commencer à un moment, alors pourquoi pas tout de suite. Elle avait
raison, bien sûr. Mais me retrouver nue devant elle était très gênant. Je ne la
connais pratiquement pas. On s’est croisées il y a deux ans, je crois, j’étais déjà
séparée de Patrick. Elle a changé. Je me souvenais d’une ado assez effacée et je ne
l’aurais pas reconnue quand elle est entrée dans la chambre si je ne l’avais pas
attendue.
Elle m’a dit qu’il faisait froid et m’a enveloppée dans un de ses pulls avant de me
couvrir du peignoir et de ma veste, pas trop abimée dans l’accident. Même ma petite
culotte était déchirée, comme mon pantalon, tout le côté gauche arraché, et je suis
sortie comme ça.
Ça la faisait rire, moi pas ; j’ai toujours été pudique ; même avec Patrick. J’étais
un peu gênée de ces frôlements de mains étrangères sur moi, d’être tellement
dépendante.
L’infirmière l’a remarqué ; elle a caressé mon épaule d’une main qui se voulait
rassurante pendant que Cathy finissait de m’habiller en me disant que « j’étais en de
bonnes mains ».
Mon histoire inventée ‘ l’éclopée et l’infirmière ‘, se terminait. Et j’étais
triste. Toutes ces attentions qu’elle avait eues pour moi étaient touchantes. Je n’en
riais plus. J’avais bien compris aux propos des aides soignantes qu’elle était « une
femme à femme », et moi que ça laissait totalement indifférente auparavant, j’y
pensais, un peu étonnée tout de même, elle m’avait aussi parlé d’un petit ami qui
l’avait quittée.
Mes réactions sous ses mains quand elle m’avait lavée sous la douche venaient en
partie des scénarios que j’avais imaginés, de son regard doux, pas d’elle ou d’un
quelconque geste de sa part.
Depuis le tout premier jour, elle était toujours restée très professionnelle, presque
distante dans nos contacts, et sans les remarques des filles de salle, je n’aurais
peut-être pas fait attention à ses regards vite détournés et à ses attentions.
- Ça va, Sarah ?
- … oui, ça va …
Première épreuve honteuse : le passage aux toilettes … je n’osais pas la regarder. Et
elle, elle rigolait ! Je me suis retenue tout l’après-midi, mais là, c’était trop.
Elle m’a conduite dans la salle de bains ; je n’arrivais même pas à m’asseoir, à
écarter le peignoir d’une seule main ; elle a dû me l’enlever, ne me laissant que la
veste de laine ouverte simplement posée sur mes épaules, et Cathy qui me détaillait de
la tête au pied me voyant nue ou presque pour la seconde fois ... Elle m’a retenue des
deux mains dans le dos pour que je m’assois doucement ; les plaies sur ma hanche m’ont
fait mal. Elle se tenait à côté de moi, une main sur mon épaule pour m’essuyer de
l’autre, les doigts enroulés de papier toilette : même ça, avec mes deux mains
immobilisées, je ne peux le faire moi-même !
Les deux premiers jours, je suis passée par tous les affres de la honte et j’allais de
crise de larmes en crise de larmes. Cathy pourtant faisait son possible, restant à la
fois discrète et efficace.
Et puis, on s’habitue à tout. On oublie. On s’oublie.
Le matin du troisième jour, elle m’a douchée. Je n’avais pas de sac poubelle assez
grand pour envelopper mon plâtre, mais ça ne l’a pas arrêtée. Elle s’est mise en
sous-vêtements dans la baignoire avec moi et a passé mon bras plâtré par-dessus ses
épaules, pour l’autre bras, je le tenais en l’air. Elle me lavait d’une main, tenait
la douchette de l’autre. Elle était aussi mouillée que moi. Son soutien-gorge mouillé
frottait sur mes seins pendant qu’elle me lavait le dos et les fesses. Le froid et le
frottement ont provoqué une réaction qui cette fois-ci, m’a fait sourire ; c’est elle
qui a rougi en voyant mes tétons dressés, et sa main enfilée dans un gant de toilette
s’est faite plus brusque et nerveuse sur mes fesses, m’arrachant une petite plainte en
frottant la zone de la hanche où la peau était couverte de petites croûtes encore
fragiles.
Alors qu’elle m’avait déjà touchée là à plusieurs occasions, elle était hésitante et
gênée cette fois en me lavant le ventre et entre les jambes. Elle se mordait
nerveusement la lèvre inférieure et ne levait plus les yeux sur moi. Ses gestes et la
situation n’avaient pourtant vraiment rien d’érotique, et en plus, mon bras levé
commençait à être douloureux. Sa gêne soudaine sans doute, la brusquerie maladroite de
ses mains, ses hésitations ont déclenchées une nouvelle manifestation totalement
incontrôlée.
Ça m’arrive parfois en pleine journée, sans aucune raison, et heureusement ce n’est
pas trop visible, mais là, nue sous la douche, la soudaine tension de mes tétons
dardés nous a surprises toutes les deux. Il faut dire que depuis ma grossesse et
l’allaitement, mes seins ont beaucoup changés. Ils sont restés plus lourds qu’avant et
j’ai l’impression que l’aréole est plus large et qu’elle est restée un peu bombée et
saillante de la surface du sein. Le plus gros changement pourtant, ce sont les tétons,
qui grossissent beaucoup plus qu’auparavant, plus longs et plus gros.
Sa main s’est interrompue brusquement quand elle s’est aperçue de la réaction. Elle
n’y était pour rien. Moi, je n’avais aucun besoin de baisser les yeux pour savoir ce
qui l’avait arrêtée, je sentais leur tension.
Elle a fini de me laver et de me rincer plus doucement. Je crois que c’était pire. En
plus, j’avais maintenant en tête ce que la situation aurait pu avoir de charge
érotique.
Elle m’a épongée avec un drap de bain dans lequel elle m’a enveloppée avant de
s’essuyer elle aussi. Elle a enlevé son soutien-gorge trempé en me tournant le dos, et
a noué un drap de bain autour d’elle avant d’enlever sa culotte.
Je me suis installée sur le canapé, elle dans le fauteuil ; elle avait mis la radio en
sourdine et elle feuilletait de vieux magazines télé.
- Tu sais Cathy, ça m’arrive parfois, c’est rien. C’et depuis ma grossesse.
Elle a levé les yeux du magazine, un petit sourire timide aux lèvres.
- Je croyais … enfin tu sais …
- Non, tu n’y es pour rien ! ça t’arrivera aussi, si un jour tu allaites !
- Ça me le fait, des fois … mais ils sont vraiment gros …
- … ils ont changé.
Elle s’est mise à rire timidement :
- Je croyais … la première fois où j’ai fait des soins de corps, chez ma
patronne, ça a fait pareil à la dame … ma patronne s’était moquée de moi …
- Oh ! Tu fais quoi exactement ?
- Esthéticienne, je suis en apprentissage. En deuxième année … Je te ferais des
soins, si tu veux !
- Ah oui, ça serait bien ! mais il faut des onguents, tout ça …
- J’en ai dans ma valise, et puis c’est surtout d’une épilation que tu as besoin
!
Sur le moment, j’étais un peu vexée. Elle avait raison, mais quand même ! C’est vrai
que depuis deux ans, je ne faisais pas beaucoup d’efforts. Des efforts pour qui,
d’abord ? Enfin, elle aurait pu y mettre des formes !
- Tu voudras bien ?
- D’accord. Mais je ne sais pas si j’ai ce qu’il faut, ici.
- J’ai vu de la crème épilatoire et des lingettes dans ta pharmacie.
- Où ça ?
- Dans le petit meuble à côté du lavabo, en cherchant les serviettes.
- Ah ?
Je ne m’attendais pas à ce qu’elle ait fouillé dans ma salle de bains. J’espérais
qu’elle n’ait pas trop fouillé, derrière les serviettes d’été.
Je la regardais à la dérobée. Apparemment, non, elle n’avait rien trouvé d’autre.
A midi, elle nous a préparé des coquillettes et a coupé une tranche de jambon dans mon
assiette. J’arrive à coincer une cuillère sous le bandage et à manger seule. Ce n’est
pas très pratique de porter la cuillère à ma bouche, mais j’y arrive, à peu près.
Elle a voulu s’y mettre dès l’après-midi ; elle a commencé à tout préparer sans me
demander mon avis. J’avais déjà remarqué à des petits détails, des réflexions, que son
attitude changeait, en seulement trois jours. Il faudrait que je lui en parle. C’était
vrai que j’étais totalement dépendante d’elle pour la moindre chose, mais elle
commençait à m’infantiliser, à me traiter comme si j’étais sa fille ! je ne voulais
pas la fâcher, mais tout de même !
- … ça t’arrive souvent …
Oh, ce sourire … elle se moque vraiment ! Moi je voudrais bien m’enfuir en courant et
me cacher tellement j’ai honte !
- Ça arrive, tu sais, l’esthéticienne qui travaille avec moi, m’a même dit que
c’était assez fréquent, t’en fais pas ! Elle a une cliente, elle vient exprès, elle
m’a dit … pour que … qu’elle la touche …
Elle a continué. Au début, je ne voulais pas. Je voulais bien qu’elle fasse le
maillot, et c’est tout. Et je l’ai laissée faire. Moi qui ai toujours trouvé ça un peu
ridicule, me voilà avec un petit triangle de poil court au-dessus de la fente du sexe.
Elle voulait faire un cœur ! non mais ! et puis quoi encore ! comme si ce truc était
pas déjà assez … et puis après tout, ça intéresse qui , à part moi ? En attendant j’ai
l’impression d’être un cobaye ! Tout y est passé : c’était joli, c’était une manière
d’apprendre pour elle, et le top du top, c’est plus propre ! fallait y penser à celle-
là ! plus propre ! en tout cas, le plus facile, c’était de lui dire oui, vas-y, fais à
ton idée ! mais pas un cœur ! faut pas exagérer !
Et depuis plus d’un quart d’heure, elle soigne le travail à la pince à épiler … étire
la peau, gratte du bout de l’ongle un peu de cire, frotte du bout des doigts pour
repérer les derniers petits poils …
J’ai senti la chaleur monter … j’ai pensé à Mathieu, à l’accident, à la facture du
téléphone, j’ai compté tous les chèques que j’ai fait depuis le début du mois … ça a
failli marcher, et puis non ! d’abord mes tétons, encore, comme ce matin sous la
douche, et puis, la chaleur … dans mon ventre … la honte … J’ai toujours eu l’odorat
sensible et je sens mon odeur, vraiment, je sens l’odeur de mon sexe, plus forte que
l’odeur de cire et de la crème qu’elle a passée, du bout du doigt.
Elle s’en est aperçue, bien sûr ! Avec un petit « oooh ! », juste avant de passer une
lingette sur le périnée ! pour m’essuyer ! et me raconter l’histoire de la cliente de
son salon.
Ça ne m’arrive pas très souvent. Un peu plus ces derniers mois, et je ne sais pas
pourquoi. Après l’accouchement, ma gynéco m’avait donné un traitement et le tube de
lubrifiant ne quittait pas la table de nuit. Et puis Patrick m’a quittée, le tube ne
servait plus à rien, et j’ai arrêté le traitement. C’est revenu, comme ça ; et là, je
m’en serais bien passé !
- Eh ! non, Cathy !
J’ai voulu repousser sa main, mais je n’ai réussi qu’à cogner mes doigts bandés contre
elle.
Allongée comme je l’étais sur le canapé, je ne pouvais pas me relever. Je crois bien
que le mouvement de mon bras était autant un réflexe de surprise que de colère.
J’ai relevé la tête en même temps que je sentais une douleur dans la main qui avait
cogné la sienne et son air m’a stupéfaite ; elle avait les yeux humides de larmes et
les lèvres qui tremblaient :
- … pardon, Sarah … s’il te plaît …
J’ai laissé retomber ma tête contre le dossier : « s’il te plaît ? », mais … et
j’avais mal à la main.
J’ai senti ses lèvres sur mon genou, et sa joue se poser plus haut, contre ma cuisse.
Sa main ne bougeait plus, posée à plat entre mes jambes, sur l’aine, son pouce
immobile entre mes lèvres tout en bas du sexe.
C’est en sentant son pouce remonter du périnée entre mes lèvres que j’avais sursauté.
- Cathy …
Oh, cette petite voix pleurnicharde !
- … s’il te plaît, j’ai jamais fait, je te jure …
Mais … elle n’a jamais fait ? et alors ? En fait, je ne me souviens plus très bien ce
à quoi j’ai pensé, mais j’avais vraiment très très chaud, aux joues, au creux de mon
ventre. Je ne savais vraiment pas quoi lui dire et quand son pouce a recommencé à
bouger, je n’avais plus envie de dire quoi que ce soit … mais je me souviens que
j’avais terriblement honte et qu’un hoquet de rire nerveux m’a secoué.
… et c’était tellement facile de me dire que je ne pouvais pas bouger, que j’étais à
sa merci … tellement facile de me trouver milles excuses pour … pour me laisser faire
…
Honnêtement … si elle avait arrêté … je n’aurais pas hurlé ou supplié, non, mais je
crois que je lui en aurais voulu, et que j’aurais été terriblement frustrée … ça aussi
j’en ai honte !
Allez, maintenant, je peux le dire, ça a été la chose la plus … waouh ! … depuis bien
longtemps !
Parce que ce qu’elle avait dit était sûrement vrai, ce devait être la première fois.
Elle était maladroite, et timide, et trop … douce ?, non, ce n’est pas exactement ça ;
je crois qu’elle ne me caressait pas vraiment, elle me découvrait ; oui, elle était
curieuse de mon sexe, l’écartait doucement, rentrait timidement un doigt, lissait
l’intérieur des lèvres, découvrait le clitoris de son capuchon de peau, étirait les
petites lèvres qui glissaient entre ses doigts et lui échappaient … c’était en même
temps très frustrant et génial.
Elle a mis ses deux mains sur moi et sa joue a glissé plus près sur ma cuisse ;
vraiment elle était curieuse de moi, ou pas de moi, mais plutôt d’un sexe de femme,
simplement ; sans doute se découvrant elle-même en me regardant.
Ça, sur l’instant, je n’y pensais pas du tout, trop attentive à ses frôlements et au
plaisir qui montait, sans cesse suspendu ou interrompu, parce que mon plaisir n’était
pas son but, pas au début, pas cette fois …
… elle pinçait doucement mes lèvres à deux doigts, refermant le sexe complètement, et
remontait un doigt de l’autre main, depuis dessous, lentement, sur la longueur de son
doigt noyé sous les lèvres glissantes, puis ouvrait mes grandes lèvres de sa main
reposant haut sur mon ventre et la seule petite brosse piquante qu’elle avait dessiné
sur mon ventre, et serraient les petites lèvres seules cette fois, les étirant,
mesurant l’étirement sur le périnée, frôlant la petite boursoufflure de la cicatrice
d’épisiotomie du bout d’un doigt, puis de l’ongle, et les maintenant tendues, les
reprenant plus fermement quand elles lui échappaient d’un glissement, pour palper à
deux doigts le renflement de peau, tout en haut de la fente, le serrer d’une légère
pression, l’étirer, et palper à nouveau pour éprouver le gonflement, le suivre vers le
haut jusqu’à le perdre, et revenir pour glisser les doigts dessous, et puis les
petites lèvres ouvertes des pouces, très larges, lissées du plat des doigts,
maintenues écartées pour qu’un doigt se pose à l’entrée du vagin, l’effleure et tout
droit et tendu rentre, à peine, s’appuyant vers le bas pour ouvrir, plus grand, encore
plus grand, et plus profond, qui tourne pour étirer, toujours, comme pour mesurer la
taille, vérifier l’ouverture, et à deux doigts, testant la douceur, en bas, revenant
sur la muqueuse plus dure, au dessus, et encore, toujours, étirant en pesant, fort
vers le bas pour ouvrir agrandir et puis se retire et joue du bout de l’index sur
l’entrée de l’urètre, agace et appuie et remonte un peu encore, où les petites lèvres
se rejoignent, où une petite pointe plus claire et plus lisse se découvre, et se
rétracte sous le doigt, alors des deux index elle retrousse le repli de peau qu’elle
étirait plus tôt, comme on baisse un capuchon pour voir un visage, le petit bouton
rose revient sous ses yeux, tout lisse et rose et tendre, sous ses doigts qui repousse
à nouveau la tige dure qui se perdait sous ses doigts et … ce n’est plus elle … ces
palpitations sous ses doigts et … la plainte … elle lui fait mal ? elle retire ses
mains et …
- NON … non continue continue je t’en prie continue … Cathy ma chérie ne
t’arrête pas … non …
Comme j’ai honte et comme je regrette de l’avoir encouragée, suppliée de continuer.
… doucement, apeurée, elle revient et repose ses doigts où ils étaient, de chaque côté
de ce bouton tout rose et mignon, disparu, caché, et la tige dure, elle est toujours
là, plus profonde et masquée, qu’elle suit … sous ses yeux surpris, les petites
contractions, du haut en bas, sous ses doigts, elle les sent sous ses doigts tout
légers, tout son sexe du haut en bas qui bat au rythme de sa plainte et la jambe qui
tremble sous la joue qu’effrayée, elle avait soulevé.
Elle ne savait pas ? elle ne savait pas ! Cathy, Cathy … si jeune ? j’ai honte ? non …
pas à ce moment-là, plus tard ! on verra plus tard … encore … tes mains, encore, je
t’en prie, Cathy … je te montrerai, je t’apprendrai, reste, reste encore, s’il te
plaît s’il te plaît reste , encore … Cathy … joue … joue encore un peu avec moi …
Elle ne savait pas … elle imaginait, inconsciemment peut-être savait. Elle a embrassé
ma cuisse et ses derniers tremblements et restait là, reculée à mes pieds et je la
voulais dans mes bras, pour m’y cacher, y cacher mon visage et l’embrasser et … elle
restait là, loin de moi, tête baissée.
- … viens, viens Cathy … viens près de moi …
J’ai ouvert mon bras droit ; elle est venue s’asseoir au bord du canapé, n’osant pas
s’approcher.
- … viens, viens plus près … viens Cathy …
Elle a glissé son épaule sous mon bras, doucement, sa joue, sur mon épaule, et j’ai
refermé mon bras, embrassé ses cheveux … yeux fermés.
J’aurais pas dû, je sais, mais je ne pensais à rien, si, au plaisir ; être bien,
seulement être bien.
Elle avait de grands yeux, de grands yeux étonnés et curieux, qui me suivaient
partout, et des gestes empruntés, puis les yeux baissés. Une ambiance curieuse,
silencieuse, sans mots, en regards et en gestes, en sourires timides.
Elle a rangé le salon, préparé le dîner. La radio en sourdine racontait les malheurs
du monde. Elle m’a conduit à la salle de bains, m’a aidée, sans plus trace de
l’assurance maladroite d’avant. Elle a déboutonné la veste de laine, m’a lavé, levant
un regard clair quand encore mes seins l’ont surpris. Elle a hésité, pas longtemps, à
passer sur mon bras le grand t-shirt qu’elle avait découpé pour envelopper mon bras en
écharpe. Sans me regarder elle l’a posé sur le bord de la baignoire et a posé le
peignoir sur mes épaules.
Elle a ouvert le lit, m’a soutenue pour m’asseoir, et a soulevé mes jambes, posant un
instant doucement sa main fraîche, doucement, sur les plaies sur la hanche, les
protégeant du drap.
J’ai entendu l’eau couler dans la salle de bains, j’ai entendu le silence de la radio
arrêtée, j’ai vu les lumières s’éteindre dans le salon.
Au bord du lit, elle s’est assise, a soulevé son t-shirt au-dessus de ses bras levés.
Tête baissée, après un temps d’arrêt, elle s’est soulevée un peu, a fait glisser sa
culotte à ses pieds.
Elle a éteint la petite veilleuse, s’est blottie contre moi d’un mouvement, la joue
sur mon bras que j’ai refermé sur elle.
Quelle bêtise j’ai fait ce jour-là ! Pour un instant d’abandon …
(à suivre)
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