Et si ... (plus) 4/4
Récit érotique écrit par Misa [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 13-12-2012 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Et si ... (plus) 4/4
Et si … (plus) – (Misa/2012)
4ème partie
((Sarah est guérie. Elle s’est installée chez Emilie, son infirmière. On les retrouve
au moment où mon histoire a commencée, au début du tout premier épisode.))
Elle est ressortie du garage avec un grand panier d’osier dans une main et le pot de
peinture verte que j’avais acheté le premier week-end qu’elle avait passé à l’hôpital.
J’avais repoussé mon projet de peinture pour passer du temps auprès d’elle le samedi
et le dimanche, et puis j’avais oublié, repoussé encore.
- Quand je t’ai dit que c’était pas une tenue pour travailler, je pensais pas
vraiment à ça !
- Quoi ? Je te plais pas, comme ça ?
- Oh si ! Mais je pensais plutôt à une chemise et à un pantalon …
Elle avait toujours les seins à l’air et ne portait qu’un mignon petit slip blanc. La
seule modification qu’elle avait apportée à sa tenue était le vieux chapeau de paille
que je mettais l’été pour tondre la pelouse.
- C’est pas le chapeau qui va te protéger beaucoup !
- Et si je travaille proprement ?
- C’est toi qui voit … Qu’est-ce que t’as pris dans ton panier ?
- Ce que j’ai trouvé ! J’ai une brosse métallique et du papier de verre, deux
pinceaux, du white-spirit, et des trucs pour gratter …
- J’ai une vieille salopette, tu veux pas ?
- Montre toujours ! ça t’embête que je sois en petite tenue ?
- T’es pas en petite tenue, t’es quasiment à poil ! et ça ne me gêne pas du
tout, mais tu risques te mettre de la peinture partout, et ton slip va pas rester
blanc longtemps ! ça serait dommage, tu viens de l’acheter ! Et puis Julien va pas
tarder ! ta tenue lui plaira sans doute, remarque, reste à savoir si c’est la vision
que tu veux lui offrir !
- Ouais, t’as raison …
Elle a posé son panier et le pot de peinture au pied de la table de jardin et debout
au pied de ma chaise-longue, elle a enlevé sa culotte en prenant des poses de strip-
teaseuse et l’a lancé vers moi :
- Comme ça je le salirai pas !
- T’en veux de ma salopette, ou pas ?
- Pas pour l’instant, je vais bronzer en travaillant ! Et si Julien arrive, il
saura à quoi je ressemble ! Il regardait que toi, la semaine dernière, un peu mufle,
quand même !
- Vous aviez l’air de bien vous entendre, à la fin de la soirée !
- Mmm … il est sympa ton copain …
- C’est PAS mon copain !
- Ouais … ça pourrait être le nôtre ? à toutes les deux ?
- Les mecs aiment ça … il te plaît tant que ça ? Je devrais être jalouse ?
- T’es bête ! Non, c’est … ma période découvertes !
- Des fois, c’est dangereux, les découvertes !
- Possible ! Mais reconnaît qu’il est beau mec et sympa ! Et je te tiendrais la
main, et tu me tiendrais la main ! Et puis on ferait des photos pour nos vieux jours,
quand on sera toutes les deux ridées et toutes sèches ! Entre deux nettoyages de nos
dentiers, on ouvrirait l’album !
Je l’ai regardée travailler comme on assiste à un spectacle, me délectant de voir ses
seins et ses fesses bouger au rythme du ponçage.
C’est après notre premier après-midi ensemble qu’on a vraiment commencé à se raconter
l’une à l’autre. Autant elle que moi, avions retenu les mots, nous en tenant au strict
quotidien, par pudeur, par crainte du lendemain, ou du « pas-lendemain », justement.
Elle m’a raconté ses six ans de mariage, la dernière année, surtout, à regarder son
mari s’éloigner, les mensonges et les mots durs, leur fils en otage, les rancœurs, le
partage des « petites cuillères » au moment du divorce.
- J’ai rien vu venir. On avait eu un petit creux, au moment de la naissance de
Mathieu, et puis après, c’était … plus calme, c’est vrai, mais on s’entendait encore
bien, et puis je faisais attention à pas être trop « mère », à rester femme … mais
voilà, il a commencé à préférer mes copines ! Et moi je voyais rien ! Enfin si, j’ai
vu, mais avec deux ans de retard ! ça faisait deux ans, tu te rends compte ? Faut
quand même être conne !
- Tu t’en es rendu compte comment ?
- J’ai voulu lui faire une surprise ! Mauvaise idée ! Quoique … ça m’a ouvert
les yeux ! C’était la deuxième année consécutive qu’on pouvait pas prendre nos
vacances ensemble. J’ai voulu le rejoindre pour le week-end du 15 août, sans lui dire
… ma petite valise à la main devant la porte de sa chambre d’hôtel, je devais avoir
l’air très bête !
- T’as fait un scandale ?
- Même pas. J’ai repris un taxi et j’ai versé ma petite larme …
- La fille, tu la connaissais ?
- Une copine … enfin, jusqu’à ce que je la trouve à poil au lit avec mon mari …
Au retour je suis allée pleurer sur l’épaule de « ma deuxième meilleure copine » … et
vlan ! deuxième couche ! Elle m’a dit que ça durait depuis un an, et qu’il y en avait
eu une autre avant. Elle m’a jamais dit qui était l’autre, et j’ai pas cherché à
savoir ! ça servait à rien.
- Vous vous êtes séparés tout de suite ?
- Non … je me suis assise sur mon orgueil … j’ai essayé … Pas lui. Un an à faire
semblant, et puis finalement le divorce. Banal … Plus de copines, plus de mari, des
patrons pénibles … Le divorce a été prononcé il y a un peu plus d’un an … et c’était
qu’un début ! Depuis j’ai cassé ma voiture, j’ai eu un dégât des eaux, je me suis
faite renverser et j’ai fini aux urgences, une vague cousine m’a transformée en jouet
sexuel …
- Arrête ! Je veux pas faire partie de cette liste !
- T’en fais pas partie, Emilie … t’en fais pas partie ! Ou plutôt si : tout ça
pour arriver jusqu’à toi … c’est un chemin compliqué, mais ça valait le coup !
Elle riait. Moi j’avais les yeux qui piquaient. J’avais tiré le drap sur nous et elle
avait posé son front au creux de mon cou en racontant, son bras gauche encore fragile
enroulé autour d’elle, sa main droite posée sagement sur ma taille. Je la sentais
plier et déplier les doigts récemment libérés de l’atèle qui les avaient maintenus
immobilisés pendant quatre semaines.
- Tu t’entraînes pour reprendre le piano ?
- Non … j’aimerais … être plus habile de mes doigts …
- Ça va revenir vite …
Elle a levé la tête vers moi. Elle ne riait plus :
- Pour toi …
J’ai retenu sa main qui glissait vers mon ventre et l’ai ramenée sur ma taille en la
gardant sous ma main :
- On a tout le temps, Sarah.
- J’aimerais bien … tu sais, et j’ai peur de pas savoir m’y prendre … mais,
j’aimerais bien … pour toi … et pour moi aussi … tu sais, ça fait des semaines que j’y
pense.
- Des semaines ?
- Depuis l’hôpital. Les blagues des filles de salle. Je te regardais autrement.
Elles parlaient d’une Marie et de toi. Et puis t’étais aux petits soins … et j’aimais
bien. Tu rigoleras pas ? tu promets ?
- Je rigole pas.
- Des femmes ensemble … je les voyais … baraquées, les cheveux ras, des
tatouages … comme des mecs, quoi ! Et puis ça allait pas avec toi !
- Faut que je me mette à la muscu ?
- Noooon … mais les clichés quoi, et tu rentrais pas dans le tableau ! j’étais …
curieuse, c’est ça, curieuse ! Et j’aimais bien tes bises et ton air gêné, ton regard
langoureux !
- Ça se voyait tant que ça ?
- Ça se voyait. Avant que les nanas commencent à raconter leurs histoires.
J’avais déjà vue une petite lumière dans tes yeux.
- Mais tu disais rien …
- J’avais jamais regardé une femme comme je te regardais toi, un effet du choc à
la tête ! Aïe … Eh ! je déconne ! … Je me demandais si je me trompais ou non, et j’y
prenais plaisir, j’inventais une histoire, et ça m’amusait. Toi, tu y travailles,
alors tu peux pas imaginer à quel point le temps est long, à l’hôpital. On peut rien
faire, on fait rien, il ne se passe rien. Alors pour meubler le temps, on brode autour
des petits riens. Un regard surpris, un geste, un sourire … et puis les nanas ont
commencé à parler …
- C’est la spécialité des trois qui étaient de service quand t’es arrivée, on
les appelle « les gazettes » … quoi qu’ils se passent, n’importe où dans l’hôpital,
elles sont au courant !
- Du coup, c’était plus seulement un film que je me faisais. J’étais partagée
entre plusieurs états d’esprit … Un peu amusée, parce que t’étais une femme …
- Ah, t’avais remarqué !
- T’es bête ! Tu me draguais pas vraiment en plus ! T’étais … je sais pas
comment dire … gentille, attentionnée, et un peu plus que ça …
- T’avais l’air toute perdue, et triste, et … t’es jolie … j’avais envie de te
serrer dans mes bras …
- T’es souvent comme ça avec ceux qui arrivent aux urgences ?
- Non ! A vrai dire jamais … t’es un cas à part …
- Je me disais que c’était une tuile de plus, cet accident, qu’il fallait tout
changer pour conjurer le mauvais sort qui s’acharnait, et qu’après tout, une femme …
- Ah ouais ? Une expérience, quoi !
- Mais non ! Attends ! C’est juste ce que j’ai imaginé dans mon ennui, juste une
pensée. Et puis t’es venue le samedi, tu te souviens ? Et les filles avaient commencée
à tchacher dans ton dos, et puis t’es revenue le dimanche … et j’avais eu 24 heures
pour me faire des films … je t’attendais, en fait … j’espérais que tu viennes !
J’aurais été déçue, tu sais … et puis il y avait cette Marie dont elles parlaient tout
le temps ! Alors je savais que t’aimais les filles …
- … Marie, tu veux que je t’en parle ?
- T’es pas obligée …
- Elle travaille à l’hôpital, au secrétariat, et elle habite à une heure de
train, alors depuis six mois, un peu plus, elle squattait ma chambre d’amis.
- Vous étiez pas ensemble, alors ?
- Si … non … attends ! J’avais un compagnon, Gilles …
- Un mec ?
- Ben oui ! un mec ! Je …
- Mais je croyais …
- Attends, laisse-moi t’expliquer ! Je vivais avec lui depuis presque un an, et
puis il y a … environ deux mois, il est parti. Il était là le matin, et plus là quand
je suis rentrée le soir.
- Comme ça ? sans un mot, rien ?
- Oh si ! Un petit mot sur mon oreiller « je pars vivre au soleil, bye, Gilles »
!
- Eh ben !
- Mmm … tu me chatouilles !
- Pardon !
- Non laisse ta main … et puis Marie s’est installée dans mon lit, pour me
consoler, et parce qu’elle me courait après depuis un moment … et je me suis laissée
faire, connement … voilà !
- Mais alors … t’es pas … enfin … je croyais …
- Quoi ? Lesbienne ? Le mot t’ennuie ? J’aime les femmes, et j’aime les hommes …
j’ai déjà vécu avec les deux, et ça m’a pas trop réussi !
- Moi aussi j’aime les hommes, et je t’aime toi ! C’est bizarre, non ? Et cette
Marie, alors ?
- Y a plus de Marie. En fait, y a jamais eu de Marie … je l’aimais pas. On
faisait l’amour, c’est vrai. Mais je l’aimais pas. J’avais pas l’énergie … et puis je
pensais souvent à toi, alors je lui ai dit de trouver un autre lit, ailleurs … arrête,
tu vas avoir mal, Sarah…
- C’est à cause de moi ?
- Plutôt grâce à toi, et pas que toi, je savais même pas si je te reverrais …
mais c’est de penser à toi m’a donné le courage qui me manquait !
- Mais … et si je t’avais pas appelé au secours, et si moi j’avais rien ressenti
pour toi ?
- Je sais pas … mais ça pouvait pas durer … eh ! tu veux m’arracher un téton ?
tu veux me faire mal ?
- Non … excuse, je fais doucement … T’aimes aussi les hommes, alors ?
- … faible femme … j’ai passé un an avec Gilles … Che et lui, ils avaient les
mêmes yeux … et puis il y en a un qui me drague en ce moment … Pourquoi tu ris ?
- T’es mouillée …
- Et ça t’étonne ?
- … non … et il lui aussi il a un chat ?
- Qui ça ?
- Celui qui te drague !
- Mais non !
- Il a de beaux yeux ?
- Ouais ! Moins beaux que les tiens … c’est tes yeux que j’ai vus en premier.
- Ah bon ? Tu matais pas mes seins ? Ni mes fesses ? Je suis déçue !
- Menteuse !
- Le type de la radio, lui, il se gênait pas !
- Il a pas toujours de jolies femmes nues sur sa table !
- Vous vous rendez compte à quel point c’est humiliant, la manière dont on est
traités ?
- On fait attention, pourtant … mais c’est vrai que c’est parfois trop banal
pour nous …
- Toi, tu m’as recouverte, et tu me tenais la main. Tu regardais que mes yeux,
alors ?
- Oui … mais je voyais tout le reste ! T’es bien fichue, tu fais du sport ?
- Un peu de jogging, et du tennis. Tu me montres ?
- Non … change rien, chérie …
- Si j’y arrive pas …
- Tais-toi, tu dis des bêtises … oh ! mais ! c’est quoi, ça ?
- Oups … ça y est … je me trahis, c’est à moi que ça fait de l’effet … te fous
pas de moi !
- Je me moque pas, je les aime, moi, tes tétons tout dressés !
Et puis elle n’a plus rien dit d’un long moment. Elle m’a caressée tout doucement.
Elle levait parfois un regard inquiet vers moi, avec un petit sourire timide, avait de
petits hoquets de rire nerveux quand elle venait chercher un peu d’humidité plus
profond, et me trouvait coulante sous ses doigts, quand une plainte m’échappait.
C’était tellement bon ! Elle se croyait maladroite et c’était si bon !
Elle a repoussé le drap que j’avais tiré sur nous et s’est laissée glisser dans le lit
pour embrasser mes seins.
Elle m’a fait jouir de tout petits mouvements légers et a gardé sa main sur moi après.
Et quel sourire elle avait en levant la tête vers moi pour un baiser !
On est restées au lit tout l’après-midi en attendant l’heure d’aller chercher Mathieu
à l’école.
- Tu me reparleras de ce type qui te drague … d’accord ? une autre fois …
- J’y pense plus … t’es là …
- Et je suis bien, là, et je veux que ça dure, mais faudra qu’on parle des mecs
un de ces jours …
- Je t’assure que j’y pense plus !
- Moi si … alors faudra en parler … tu te souviens ? Il faut se parler ! De tout
!
Je l’ai aidée à se rhabiller. Elle était encore maladroite avec son bras gauche, le
bougeait avec précaution. Et je crois aussi qu’elle faisait un peu exprès, pour que je
m’occupe d’elle. Elle posait ses bras sur mes épaules pendant que je lui enfilais son
slip et une jupe ; et ses tétons se dressaient. Elle se mordait les lèvres en
souriant, levait les yeux au ciel après avoir croisé mon regard :
- Dis rien … et non, j’ai pas froid … eh ! t’oublie un truc !
- Non … j’oublie rien … lève les bras !
- Bon … Tu veux garder un œil sur mes seins ? Au moins tu m’as mis une culotte !
- Tu veux que je te l’enlève ?
- Eh ! C’est devant une école, qu’on va !
On y est allées à pied. C’est elle qui a pris ma main dans la rue et croisé ses doigts
aux miens, l’a serrée plus fort quand j’ai voulu la retirer en arrivant devant
l’école.
Elle ne l’a pas relâchée non plus quand son mari, que j’ai tout de suite reconnu pour
l’avoir vu à l’hôpital le premier jour s’est approché :
- Bonjour, je savais pas si tu serais sortie, pour tes plâtres, je suis passé au
cas où …
Son regard se posait de temps en temps sur moi, sur la main de Sarah qui serrait la
mienne.
- C’est Emilie, j’habite chez elle, vous vous êtes croisés à l’hôpital.
- Ah, il me semblait bien, l’infirmière, bonjour. Dis, c’est mon week-end,
normalement …
- Il y a un problème ?
- Si ça t’embête pas, je préfèrerais le prendre ce soir et te le ramener
dimanche midi … on va en Normandie …
En sortant de l’école, Mathieu s’est jeté dans les bras de sa mère puis dans les
miens, ignorant presque son père qui a eu l’air vexé.
Mathieu se retournait souvent en nous quittant à la remorque de son père.
- T’es fâchée ?
- Non … mais regarde, il a l’air tout malheureux.
- Pauvre petit bonhomme, c’est pas simple pour lui. Vous êtes organisés comment
?
- Il le prend un week-end par mois et la moitié des vacances. Bon … demi-tour …
- C’est une idée ou il me regardait de travers ?
- Il est toujours un peu comme ça. Mais t’as eu droit à l’examen complet ! Tu
t’es pas sentie toute nue, un moment ?
- J’ai pas fait trop attention, Mathieu me montrait sa petite copine !
- Ah ! C’est pour ça qu’il te parlait à l’oreille ! C’est laquelle ?
- La petite blonde avec le manteau bleue …
- Sa mère est mignonne …
- Mais !! ça va, oui ? Tu vas te mettre à regarder les nanas ?
- Ben quoi ? Depuis que je sais comme c’est bon, je me rattrape !
Elle a éclaté de rire en me serrant le bras et m’a fait un gros baiser sur les lèvres,
là, sur le trottoir devant l’école, devant tous les bambins et leurs mères, les deux
maîtresses d’école qui surveillaient la sortie.
Elle riait encore plus en me voyant rougir et jeter des regards inquiets autour de
moi.
Elle se moquait de moi sur le chemin du retour :
- T’as honte de moi ?
- Mais non !
- Faut t’habituer, moi, je suis comme ça, je me cache de rien ! Et quand je suis
amoureuse, il faut que tout le monde le sache ! C’est comme ça !
Je me suis arrêtée net au milieu du trottoir.
Elle s’est retournée quelques pas plus loin avec un grand sourire et a fait demi-tour
:
- Qu’est-ce qu’il t’arrive ? T’es transformée en statue de pierre ?
Elle a passé ses bras autour de mon cou et a appuyé son front contre le mien :
- T’imaginais quoi ? Que je voulais juste que tu me chatouilles un peu ? J’aime
bien, c’est vrai, mais quand même ! Tu voyais rien ?
- T’as dit que tu savais pas … qu’il fallait attendre …
- Attendre, oui, de savoir si je m’installais chez toi ou pas … je peux être
très chiante, tu sais, alors je vais peut-être t’énerver assez vite !
- Je croyais …
- Emilie … je sais pas ce que tu as cru, mais tu crois quand même pas qu’on
aurait passé l’après-midi au lit si je t’aimais pas ? Et puis pleure pas, on va se
faire remarquer ! Moi, je m’en fous, remarque, mais vu comment t’as rougi devant
l’école pour juste un baiser … Allez, Emi, viens, sinon je recommence, là, tout de
suite …
Elle n’avait pas attendu que je réponde ou que je bouge. Elle m’avait embrassée.
Elle a les mains toutes marron de poussière de rouille, et partout sur le corps des
écailles de la vieille peinture verte collées par la transpiration sur sa peau, une
grande traînée sur le front où elle a essuyée les gouttes de sueur qui lui piquaient
les yeux. Elle n’a pas voulu de ma vieille salopette, est restée nue sous le vieux
chapeau de paille qu’elle a trouvé dans le garage.
Au pied du sapin, la queue enroulée autour de ses pattes, Che la regarde travailler,
dresse les oreilles quand un juron vient interrompre la chanson de Céline Dion qu’elle
chante en ponçant la table de jardin.
Elle chante faux, elle est sale, elle jure comme un charretier … elle est belle, dieu
qu’elle est belle.
Ce soir, je soignerai les écorchures sur le bout de ses doigts et je la laverai de
toute cette poussière. Ces tétons se dresseront sous ma main …
Elle travaillait encore quand Julien est arrivé.
J’ai levé les yeux de mon magazine en l’entendant toussoter pour signaler sa présence
; il s’est arrêté net au coin de la maison et hésite à s’approcher.
Sarah lui tourne le dos. Elle garde les yeux baissés sur son travail et rit en me
jetant un rapide coup d’œil : elle aussi l’a entendu.
- Bonjour ! Viens !
- Je ne suis pas très sûr d’avoir envie d’approcher … je suis bien, ici !
Sarah rit et tortille des fesses, ayant très bien compris le sens de sa remarque. Elle
dépose ses outils et contourne la table en veillant à toujours lui tourner le dos pour
prendre un drap de bain sur sa chaise longue et s’en enveloppe avant de se retourner
vers lui :
- Voilà, tu peux approcher, je suis décente !
- A mon grand regret … Bonjour ! L’accueil est charmant, mais promis, une
prochaine fois je téléphonerai juste avant d’arriver !
- Une femme nue vous effraie ? Vous devez pourtant avoir l’habitude !
- Je vous rappelle que je suis pédiatre ! Ce serait assez curieux de ma part de
demander aux mères des bambins que j’ausculte de se déshabiller ! Quoique …
A l’hôpital, personne n’est au courant de ma vie privée. Sarah s’était installée chez
moi, et bien sûr, Julien n’en sachant rien, a continué à me poursuivre de ses
assiduités, sans se décourager bien que j’aie régulièrement décliné ses invitations.
Jusqu’à la semaine dernière.
- Pourquoi tu ne l’invites pas, toi ? Tu m’as dit que c’était un beau mec et je
le connais même pas ! ça pourrait être marrant !
- Marrant ?
- Ben … d’après ce que tu m’as dit, t’avais failli céder, donc il te plaisait !
Peut-être qu’il me plairait à moi aussi !
- Dis-donc toi ? Tu penses à quoi, au juste ?
- Que j’ai été très sage très longtemps …trop longtemps ?
- Ben voyons !
- Emilie … t’imagines ? Un homme pour toutes les deux !
- … ça te manque …
- Non, ça ne me manque pas du tout. Et toi ?
- Non plus. Mais tu y penses …
- Des fois, pas souvent. J’y pense et ça ne me manque pas … et je voudrais bien
savoir à quoi ressemble un beau docteur pour qui tu aurais ouvert ton lit !
- Mais je l’ai pas fait.
- Mais tu l’aurais fait.
- D’accord.
Je l’avais invité à venir dîner à la maison la semaine dernière. Il avait été surpris,
un peu désappointé aussi en constatant qu’il y avait trois couverts sur la table.
Après s’être rendu compte que Sarah vivait avec moi, il avait compris que cette
invitation n’avait pas le sens qu’il espérait ; il s’était décontracté et nous avions
passé une excellente soirée. En fin de soirée, il m’avait gentiment grondé de ne pas
l’avoir prévenu que ses attentions avaient peu de chances de réussite :
- Vous avez dû rire en me voyant arriver avec mon bouquet ! C’était un peu
gênant !
- La prochaine fois, vous en amènerez deux !
- La prochaine fois ?
- Je ne mérite pas de fleurs, moi ?
- Je vous rappelle qu’il s’agissait de roses rouges !
- J’avais remarqué ! J’aime bien les roses rouges moi aussi !
La soirée s’était poursuivie dans la bonne humeur, en gentils badinages et allusions.
- Emilie … tu me quitterais pour lui ?
- Oh non … ni pour lui ni pour personne d’autre …
- Alors je vais te dire un secret : moi non plus ! Je vais te dire un truc bien
dur à encaisser : je veux vieillir avec toi ! ça te va ? on fait ça ?
- Vieillissons ensemble, ça me va !
- Et avant de vieillir … tu crois qu’il reviendrait, Julien si on l’invitait ?
- Sarah !!!
Julien s’est installé dans une chaise longue à côté de moi pendant que Sarah se lavait
de toute la poussière dont elle était couverte. On venait de rentrer dans le salon
quand elle est sortie de la salle de bains, enveloppé dans un peignoir éponge :
- Tu restes en maillot de bains ?
- Non je vais l’enlever !
- Bonne idée … ici ou dans la chambre ?
- Sarah !
Debout derrière moi, elle m’a pris dans ses bras en riant, en m’embrassant dans le cou
:
- Mmm … tu sens le soleil, viens voir Julien, elle sent le soleil !
Elle lui a tendu la main pour qu’il s’approche, a dégrafé mon soutien-gorge pendant
qu’il penchait son visage dans mon cou. Dans mon dos, j’ai senti les pans du peignoir
s’écarter, ses seins encore humides dans mon dos.
Julien est resté toute la nuit, nous a servi le petit-déjeuner au lit, est resté avec
nous jusqu’au soir. Il nous a quittées les yeux fatigués. Je crois qu’il reviendra.
(( Voilà … tu voulais voir l’infirmière … si tu me lis encore …))
Fin
Misa – 11/2012
4ème partie
((Sarah est guérie. Elle s’est installée chez Emilie, son infirmière. On les retrouve
au moment où mon histoire a commencée, au début du tout premier épisode.))
Elle est ressortie du garage avec un grand panier d’osier dans une main et le pot de
peinture verte que j’avais acheté le premier week-end qu’elle avait passé à l’hôpital.
J’avais repoussé mon projet de peinture pour passer du temps auprès d’elle le samedi
et le dimanche, et puis j’avais oublié, repoussé encore.
- Quand je t’ai dit que c’était pas une tenue pour travailler, je pensais pas
vraiment à ça !
- Quoi ? Je te plais pas, comme ça ?
- Oh si ! Mais je pensais plutôt à une chemise et à un pantalon …
Elle avait toujours les seins à l’air et ne portait qu’un mignon petit slip blanc. La
seule modification qu’elle avait apportée à sa tenue était le vieux chapeau de paille
que je mettais l’été pour tondre la pelouse.
- C’est pas le chapeau qui va te protéger beaucoup !
- Et si je travaille proprement ?
- C’est toi qui voit … Qu’est-ce que t’as pris dans ton panier ?
- Ce que j’ai trouvé ! J’ai une brosse métallique et du papier de verre, deux
pinceaux, du white-spirit, et des trucs pour gratter …
- J’ai une vieille salopette, tu veux pas ?
- Montre toujours ! ça t’embête que je sois en petite tenue ?
- T’es pas en petite tenue, t’es quasiment à poil ! et ça ne me gêne pas du
tout, mais tu risques te mettre de la peinture partout, et ton slip va pas rester
blanc longtemps ! ça serait dommage, tu viens de l’acheter ! Et puis Julien va pas
tarder ! ta tenue lui plaira sans doute, remarque, reste à savoir si c’est la vision
que tu veux lui offrir !
- Ouais, t’as raison …
Elle a posé son panier et le pot de peinture au pied de la table de jardin et debout
au pied de ma chaise-longue, elle a enlevé sa culotte en prenant des poses de strip-
teaseuse et l’a lancé vers moi :
- Comme ça je le salirai pas !
- T’en veux de ma salopette, ou pas ?
- Pas pour l’instant, je vais bronzer en travaillant ! Et si Julien arrive, il
saura à quoi je ressemble ! Il regardait que toi, la semaine dernière, un peu mufle,
quand même !
- Vous aviez l’air de bien vous entendre, à la fin de la soirée !
- Mmm … il est sympa ton copain …
- C’est PAS mon copain !
- Ouais … ça pourrait être le nôtre ? à toutes les deux ?
- Les mecs aiment ça … il te plaît tant que ça ? Je devrais être jalouse ?
- T’es bête ! Non, c’est … ma période découvertes !
- Des fois, c’est dangereux, les découvertes !
- Possible ! Mais reconnaît qu’il est beau mec et sympa ! Et je te tiendrais la
main, et tu me tiendrais la main ! Et puis on ferait des photos pour nos vieux jours,
quand on sera toutes les deux ridées et toutes sèches ! Entre deux nettoyages de nos
dentiers, on ouvrirait l’album !
Je l’ai regardée travailler comme on assiste à un spectacle, me délectant de voir ses
seins et ses fesses bouger au rythme du ponçage.
C’est après notre premier après-midi ensemble qu’on a vraiment commencé à se raconter
l’une à l’autre. Autant elle que moi, avions retenu les mots, nous en tenant au strict
quotidien, par pudeur, par crainte du lendemain, ou du « pas-lendemain », justement.
Elle m’a raconté ses six ans de mariage, la dernière année, surtout, à regarder son
mari s’éloigner, les mensonges et les mots durs, leur fils en otage, les rancœurs, le
partage des « petites cuillères » au moment du divorce.
- J’ai rien vu venir. On avait eu un petit creux, au moment de la naissance de
Mathieu, et puis après, c’était … plus calme, c’est vrai, mais on s’entendait encore
bien, et puis je faisais attention à pas être trop « mère », à rester femme … mais
voilà, il a commencé à préférer mes copines ! Et moi je voyais rien ! Enfin si, j’ai
vu, mais avec deux ans de retard ! ça faisait deux ans, tu te rends compte ? Faut
quand même être conne !
- Tu t’en es rendu compte comment ?
- J’ai voulu lui faire une surprise ! Mauvaise idée ! Quoique … ça m’a ouvert
les yeux ! C’était la deuxième année consécutive qu’on pouvait pas prendre nos
vacances ensemble. J’ai voulu le rejoindre pour le week-end du 15 août, sans lui dire
… ma petite valise à la main devant la porte de sa chambre d’hôtel, je devais avoir
l’air très bête !
- T’as fait un scandale ?
- Même pas. J’ai repris un taxi et j’ai versé ma petite larme …
- La fille, tu la connaissais ?
- Une copine … enfin, jusqu’à ce que je la trouve à poil au lit avec mon mari …
Au retour je suis allée pleurer sur l’épaule de « ma deuxième meilleure copine » … et
vlan ! deuxième couche ! Elle m’a dit que ça durait depuis un an, et qu’il y en avait
eu une autre avant. Elle m’a jamais dit qui était l’autre, et j’ai pas cherché à
savoir ! ça servait à rien.
- Vous vous êtes séparés tout de suite ?
- Non … je me suis assise sur mon orgueil … j’ai essayé … Pas lui. Un an à faire
semblant, et puis finalement le divorce. Banal … Plus de copines, plus de mari, des
patrons pénibles … Le divorce a été prononcé il y a un peu plus d’un an … et c’était
qu’un début ! Depuis j’ai cassé ma voiture, j’ai eu un dégât des eaux, je me suis
faite renverser et j’ai fini aux urgences, une vague cousine m’a transformée en jouet
sexuel …
- Arrête ! Je veux pas faire partie de cette liste !
- T’en fais pas partie, Emilie … t’en fais pas partie ! Ou plutôt si : tout ça
pour arriver jusqu’à toi … c’est un chemin compliqué, mais ça valait le coup !
Elle riait. Moi j’avais les yeux qui piquaient. J’avais tiré le drap sur nous et elle
avait posé son front au creux de mon cou en racontant, son bras gauche encore fragile
enroulé autour d’elle, sa main droite posée sagement sur ma taille. Je la sentais
plier et déplier les doigts récemment libérés de l’atèle qui les avaient maintenus
immobilisés pendant quatre semaines.
- Tu t’entraînes pour reprendre le piano ?
- Non … j’aimerais … être plus habile de mes doigts …
- Ça va revenir vite …
Elle a levé la tête vers moi. Elle ne riait plus :
- Pour toi …
J’ai retenu sa main qui glissait vers mon ventre et l’ai ramenée sur ma taille en la
gardant sous ma main :
- On a tout le temps, Sarah.
- J’aimerais bien … tu sais, et j’ai peur de pas savoir m’y prendre … mais,
j’aimerais bien … pour toi … et pour moi aussi … tu sais, ça fait des semaines que j’y
pense.
- Des semaines ?
- Depuis l’hôpital. Les blagues des filles de salle. Je te regardais autrement.
Elles parlaient d’une Marie et de toi. Et puis t’étais aux petits soins … et j’aimais
bien. Tu rigoleras pas ? tu promets ?
- Je rigole pas.
- Des femmes ensemble … je les voyais … baraquées, les cheveux ras, des
tatouages … comme des mecs, quoi ! Et puis ça allait pas avec toi !
- Faut que je me mette à la muscu ?
- Noooon … mais les clichés quoi, et tu rentrais pas dans le tableau ! j’étais …
curieuse, c’est ça, curieuse ! Et j’aimais bien tes bises et ton air gêné, ton regard
langoureux !
- Ça se voyait tant que ça ?
- Ça se voyait. Avant que les nanas commencent à raconter leurs histoires.
J’avais déjà vue une petite lumière dans tes yeux.
- Mais tu disais rien …
- J’avais jamais regardé une femme comme je te regardais toi, un effet du choc à
la tête ! Aïe … Eh ! je déconne ! … Je me demandais si je me trompais ou non, et j’y
prenais plaisir, j’inventais une histoire, et ça m’amusait. Toi, tu y travailles,
alors tu peux pas imaginer à quel point le temps est long, à l’hôpital. On peut rien
faire, on fait rien, il ne se passe rien. Alors pour meubler le temps, on brode autour
des petits riens. Un regard surpris, un geste, un sourire … et puis les nanas ont
commencé à parler …
- C’est la spécialité des trois qui étaient de service quand t’es arrivée, on
les appelle « les gazettes » … quoi qu’ils se passent, n’importe où dans l’hôpital,
elles sont au courant !
- Du coup, c’était plus seulement un film que je me faisais. J’étais partagée
entre plusieurs états d’esprit … Un peu amusée, parce que t’étais une femme …
- Ah, t’avais remarqué !
- T’es bête ! Tu me draguais pas vraiment en plus ! T’étais … je sais pas
comment dire … gentille, attentionnée, et un peu plus que ça …
- T’avais l’air toute perdue, et triste, et … t’es jolie … j’avais envie de te
serrer dans mes bras …
- T’es souvent comme ça avec ceux qui arrivent aux urgences ?
- Non ! A vrai dire jamais … t’es un cas à part …
- Je me disais que c’était une tuile de plus, cet accident, qu’il fallait tout
changer pour conjurer le mauvais sort qui s’acharnait, et qu’après tout, une femme …
- Ah ouais ? Une expérience, quoi !
- Mais non ! Attends ! C’est juste ce que j’ai imaginé dans mon ennui, juste une
pensée. Et puis t’es venue le samedi, tu te souviens ? Et les filles avaient commencée
à tchacher dans ton dos, et puis t’es revenue le dimanche … et j’avais eu 24 heures
pour me faire des films … je t’attendais, en fait … j’espérais que tu viennes !
J’aurais été déçue, tu sais … et puis il y avait cette Marie dont elles parlaient tout
le temps ! Alors je savais que t’aimais les filles …
- … Marie, tu veux que je t’en parle ?
- T’es pas obligée …
- Elle travaille à l’hôpital, au secrétariat, et elle habite à une heure de
train, alors depuis six mois, un peu plus, elle squattait ma chambre d’amis.
- Vous étiez pas ensemble, alors ?
- Si … non … attends ! J’avais un compagnon, Gilles …
- Un mec ?
- Ben oui ! un mec ! Je …
- Mais je croyais …
- Attends, laisse-moi t’expliquer ! Je vivais avec lui depuis presque un an, et
puis il y a … environ deux mois, il est parti. Il était là le matin, et plus là quand
je suis rentrée le soir.
- Comme ça ? sans un mot, rien ?
- Oh si ! Un petit mot sur mon oreiller « je pars vivre au soleil, bye, Gilles »
!
- Eh ben !
- Mmm … tu me chatouilles !
- Pardon !
- Non laisse ta main … et puis Marie s’est installée dans mon lit, pour me
consoler, et parce qu’elle me courait après depuis un moment … et je me suis laissée
faire, connement … voilà !
- Mais alors … t’es pas … enfin … je croyais …
- Quoi ? Lesbienne ? Le mot t’ennuie ? J’aime les femmes, et j’aime les hommes …
j’ai déjà vécu avec les deux, et ça m’a pas trop réussi !
- Moi aussi j’aime les hommes, et je t’aime toi ! C’est bizarre, non ? Et cette
Marie, alors ?
- Y a plus de Marie. En fait, y a jamais eu de Marie … je l’aimais pas. On
faisait l’amour, c’est vrai. Mais je l’aimais pas. J’avais pas l’énergie … et puis je
pensais souvent à toi, alors je lui ai dit de trouver un autre lit, ailleurs … arrête,
tu vas avoir mal, Sarah…
- C’est à cause de moi ?
- Plutôt grâce à toi, et pas que toi, je savais même pas si je te reverrais …
mais c’est de penser à toi m’a donné le courage qui me manquait !
- Mais … et si je t’avais pas appelé au secours, et si moi j’avais rien ressenti
pour toi ?
- Je sais pas … mais ça pouvait pas durer … eh ! tu veux m’arracher un téton ?
tu veux me faire mal ?
- Non … excuse, je fais doucement … T’aimes aussi les hommes, alors ?
- … faible femme … j’ai passé un an avec Gilles … Che et lui, ils avaient les
mêmes yeux … et puis il y en a un qui me drague en ce moment … Pourquoi tu ris ?
- T’es mouillée …
- Et ça t’étonne ?
- … non … et il lui aussi il a un chat ?
- Qui ça ?
- Celui qui te drague !
- Mais non !
- Il a de beaux yeux ?
- Ouais ! Moins beaux que les tiens … c’est tes yeux que j’ai vus en premier.
- Ah bon ? Tu matais pas mes seins ? Ni mes fesses ? Je suis déçue !
- Menteuse !
- Le type de la radio, lui, il se gênait pas !
- Il a pas toujours de jolies femmes nues sur sa table !
- Vous vous rendez compte à quel point c’est humiliant, la manière dont on est
traités ?
- On fait attention, pourtant … mais c’est vrai que c’est parfois trop banal
pour nous …
- Toi, tu m’as recouverte, et tu me tenais la main. Tu regardais que mes yeux,
alors ?
- Oui … mais je voyais tout le reste ! T’es bien fichue, tu fais du sport ?
- Un peu de jogging, et du tennis. Tu me montres ?
- Non … change rien, chérie …
- Si j’y arrive pas …
- Tais-toi, tu dis des bêtises … oh ! mais ! c’est quoi, ça ?
- Oups … ça y est … je me trahis, c’est à moi que ça fait de l’effet … te fous
pas de moi !
- Je me moque pas, je les aime, moi, tes tétons tout dressés !
Et puis elle n’a plus rien dit d’un long moment. Elle m’a caressée tout doucement.
Elle levait parfois un regard inquiet vers moi, avec un petit sourire timide, avait de
petits hoquets de rire nerveux quand elle venait chercher un peu d’humidité plus
profond, et me trouvait coulante sous ses doigts, quand une plainte m’échappait.
C’était tellement bon ! Elle se croyait maladroite et c’était si bon !
Elle a repoussé le drap que j’avais tiré sur nous et s’est laissée glisser dans le lit
pour embrasser mes seins.
Elle m’a fait jouir de tout petits mouvements légers et a gardé sa main sur moi après.
Et quel sourire elle avait en levant la tête vers moi pour un baiser !
On est restées au lit tout l’après-midi en attendant l’heure d’aller chercher Mathieu
à l’école.
- Tu me reparleras de ce type qui te drague … d’accord ? une autre fois …
- J’y pense plus … t’es là …
- Et je suis bien, là, et je veux que ça dure, mais faudra qu’on parle des mecs
un de ces jours …
- Je t’assure que j’y pense plus !
- Moi si … alors faudra en parler … tu te souviens ? Il faut se parler ! De tout
!
Je l’ai aidée à se rhabiller. Elle était encore maladroite avec son bras gauche, le
bougeait avec précaution. Et je crois aussi qu’elle faisait un peu exprès, pour que je
m’occupe d’elle. Elle posait ses bras sur mes épaules pendant que je lui enfilais son
slip et une jupe ; et ses tétons se dressaient. Elle se mordait les lèvres en
souriant, levait les yeux au ciel après avoir croisé mon regard :
- Dis rien … et non, j’ai pas froid … eh ! t’oublie un truc !
- Non … j’oublie rien … lève les bras !
- Bon … Tu veux garder un œil sur mes seins ? Au moins tu m’as mis une culotte !
- Tu veux que je te l’enlève ?
- Eh ! C’est devant une école, qu’on va !
On y est allées à pied. C’est elle qui a pris ma main dans la rue et croisé ses doigts
aux miens, l’a serrée plus fort quand j’ai voulu la retirer en arrivant devant
l’école.
Elle ne l’a pas relâchée non plus quand son mari, que j’ai tout de suite reconnu pour
l’avoir vu à l’hôpital le premier jour s’est approché :
- Bonjour, je savais pas si tu serais sortie, pour tes plâtres, je suis passé au
cas où …
Son regard se posait de temps en temps sur moi, sur la main de Sarah qui serrait la
mienne.
- C’est Emilie, j’habite chez elle, vous vous êtes croisés à l’hôpital.
- Ah, il me semblait bien, l’infirmière, bonjour. Dis, c’est mon week-end,
normalement …
- Il y a un problème ?
- Si ça t’embête pas, je préfèrerais le prendre ce soir et te le ramener
dimanche midi … on va en Normandie …
En sortant de l’école, Mathieu s’est jeté dans les bras de sa mère puis dans les
miens, ignorant presque son père qui a eu l’air vexé.
Mathieu se retournait souvent en nous quittant à la remorque de son père.
- T’es fâchée ?
- Non … mais regarde, il a l’air tout malheureux.
- Pauvre petit bonhomme, c’est pas simple pour lui. Vous êtes organisés comment
?
- Il le prend un week-end par mois et la moitié des vacances. Bon … demi-tour …
- C’est une idée ou il me regardait de travers ?
- Il est toujours un peu comme ça. Mais t’as eu droit à l’examen complet ! Tu
t’es pas sentie toute nue, un moment ?
- J’ai pas fait trop attention, Mathieu me montrait sa petite copine !
- Ah ! C’est pour ça qu’il te parlait à l’oreille ! C’est laquelle ?
- La petite blonde avec le manteau bleue …
- Sa mère est mignonne …
- Mais !! ça va, oui ? Tu vas te mettre à regarder les nanas ?
- Ben quoi ? Depuis que je sais comme c’est bon, je me rattrape !
Elle a éclaté de rire en me serrant le bras et m’a fait un gros baiser sur les lèvres,
là, sur le trottoir devant l’école, devant tous les bambins et leurs mères, les deux
maîtresses d’école qui surveillaient la sortie.
Elle riait encore plus en me voyant rougir et jeter des regards inquiets autour de
moi.
Elle se moquait de moi sur le chemin du retour :
- T’as honte de moi ?
- Mais non !
- Faut t’habituer, moi, je suis comme ça, je me cache de rien ! Et quand je suis
amoureuse, il faut que tout le monde le sache ! C’est comme ça !
Je me suis arrêtée net au milieu du trottoir.
Elle s’est retournée quelques pas plus loin avec un grand sourire et a fait demi-tour
:
- Qu’est-ce qu’il t’arrive ? T’es transformée en statue de pierre ?
Elle a passé ses bras autour de mon cou et a appuyé son front contre le mien :
- T’imaginais quoi ? Que je voulais juste que tu me chatouilles un peu ? J’aime
bien, c’est vrai, mais quand même ! Tu voyais rien ?
- T’as dit que tu savais pas … qu’il fallait attendre …
- Attendre, oui, de savoir si je m’installais chez toi ou pas … je peux être
très chiante, tu sais, alors je vais peut-être t’énerver assez vite !
- Je croyais …
- Emilie … je sais pas ce que tu as cru, mais tu crois quand même pas qu’on
aurait passé l’après-midi au lit si je t’aimais pas ? Et puis pleure pas, on va se
faire remarquer ! Moi, je m’en fous, remarque, mais vu comment t’as rougi devant
l’école pour juste un baiser … Allez, Emi, viens, sinon je recommence, là, tout de
suite …
Elle n’avait pas attendu que je réponde ou que je bouge. Elle m’avait embrassée.
Elle a les mains toutes marron de poussière de rouille, et partout sur le corps des
écailles de la vieille peinture verte collées par la transpiration sur sa peau, une
grande traînée sur le front où elle a essuyée les gouttes de sueur qui lui piquaient
les yeux. Elle n’a pas voulu de ma vieille salopette, est restée nue sous le vieux
chapeau de paille qu’elle a trouvé dans le garage.
Au pied du sapin, la queue enroulée autour de ses pattes, Che la regarde travailler,
dresse les oreilles quand un juron vient interrompre la chanson de Céline Dion qu’elle
chante en ponçant la table de jardin.
Elle chante faux, elle est sale, elle jure comme un charretier … elle est belle, dieu
qu’elle est belle.
Ce soir, je soignerai les écorchures sur le bout de ses doigts et je la laverai de
toute cette poussière. Ces tétons se dresseront sous ma main …
Elle travaillait encore quand Julien est arrivé.
J’ai levé les yeux de mon magazine en l’entendant toussoter pour signaler sa présence
; il s’est arrêté net au coin de la maison et hésite à s’approcher.
Sarah lui tourne le dos. Elle garde les yeux baissés sur son travail et rit en me
jetant un rapide coup d’œil : elle aussi l’a entendu.
- Bonjour ! Viens !
- Je ne suis pas très sûr d’avoir envie d’approcher … je suis bien, ici !
Sarah rit et tortille des fesses, ayant très bien compris le sens de sa remarque. Elle
dépose ses outils et contourne la table en veillant à toujours lui tourner le dos pour
prendre un drap de bain sur sa chaise longue et s’en enveloppe avant de se retourner
vers lui :
- Voilà, tu peux approcher, je suis décente !
- A mon grand regret … Bonjour ! L’accueil est charmant, mais promis, une
prochaine fois je téléphonerai juste avant d’arriver !
- Une femme nue vous effraie ? Vous devez pourtant avoir l’habitude !
- Je vous rappelle que je suis pédiatre ! Ce serait assez curieux de ma part de
demander aux mères des bambins que j’ausculte de se déshabiller ! Quoique …
A l’hôpital, personne n’est au courant de ma vie privée. Sarah s’était installée chez
moi, et bien sûr, Julien n’en sachant rien, a continué à me poursuivre de ses
assiduités, sans se décourager bien que j’aie régulièrement décliné ses invitations.
Jusqu’à la semaine dernière.
- Pourquoi tu ne l’invites pas, toi ? Tu m’as dit que c’était un beau mec et je
le connais même pas ! ça pourrait être marrant !
- Marrant ?
- Ben … d’après ce que tu m’as dit, t’avais failli céder, donc il te plaisait !
Peut-être qu’il me plairait à moi aussi !
- Dis-donc toi ? Tu penses à quoi, au juste ?
- Que j’ai été très sage très longtemps …trop longtemps ?
- Ben voyons !
- Emilie … t’imagines ? Un homme pour toutes les deux !
- … ça te manque …
- Non, ça ne me manque pas du tout. Et toi ?
- Non plus. Mais tu y penses …
- Des fois, pas souvent. J’y pense et ça ne me manque pas … et je voudrais bien
savoir à quoi ressemble un beau docteur pour qui tu aurais ouvert ton lit !
- Mais je l’ai pas fait.
- Mais tu l’aurais fait.
- D’accord.
Je l’avais invité à venir dîner à la maison la semaine dernière. Il avait été surpris,
un peu désappointé aussi en constatant qu’il y avait trois couverts sur la table.
Après s’être rendu compte que Sarah vivait avec moi, il avait compris que cette
invitation n’avait pas le sens qu’il espérait ; il s’était décontracté et nous avions
passé une excellente soirée. En fin de soirée, il m’avait gentiment grondé de ne pas
l’avoir prévenu que ses attentions avaient peu de chances de réussite :
- Vous avez dû rire en me voyant arriver avec mon bouquet ! C’était un peu
gênant !
- La prochaine fois, vous en amènerez deux !
- La prochaine fois ?
- Je ne mérite pas de fleurs, moi ?
- Je vous rappelle qu’il s’agissait de roses rouges !
- J’avais remarqué ! J’aime bien les roses rouges moi aussi !
La soirée s’était poursuivie dans la bonne humeur, en gentils badinages et allusions.
- Emilie … tu me quitterais pour lui ?
- Oh non … ni pour lui ni pour personne d’autre …
- Alors je vais te dire un secret : moi non plus ! Je vais te dire un truc bien
dur à encaisser : je veux vieillir avec toi ! ça te va ? on fait ça ?
- Vieillissons ensemble, ça me va !
- Et avant de vieillir … tu crois qu’il reviendrait, Julien si on l’invitait ?
- Sarah !!!
Julien s’est installé dans une chaise longue à côté de moi pendant que Sarah se lavait
de toute la poussière dont elle était couverte. On venait de rentrer dans le salon
quand elle est sortie de la salle de bains, enveloppé dans un peignoir éponge :
- Tu restes en maillot de bains ?
- Non je vais l’enlever !
- Bonne idée … ici ou dans la chambre ?
- Sarah !
Debout derrière moi, elle m’a pris dans ses bras en riant, en m’embrassant dans le cou
:
- Mmm … tu sens le soleil, viens voir Julien, elle sent le soleil !
Elle lui a tendu la main pour qu’il s’approche, a dégrafé mon soutien-gorge pendant
qu’il penchait son visage dans mon cou. Dans mon dos, j’ai senti les pans du peignoir
s’écarter, ses seins encore humides dans mon dos.
Julien est resté toute la nuit, nous a servi le petit-déjeuner au lit, est resté avec
nous jusqu’au soir. Il nous a quittées les yeux fatigués. Je crois qu’il reviendra.
(( Voilà … tu voulais voir l’infirmière … si tu me lis encore …))
Fin
Misa – 11/2012
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