Eux (les 1000) - histoire érotique

J'ai besoin d'une bonne baise brute et sale, une baise catch dont je finirai au tapis, totalement KO, avec du costaud qui me retournera comme une crêpe des heures durant, et s'en foutra que je m'endorme et ronfle au matin, écarlate, bouche grande ouverte et yeux révulsés, suintante de liquides divers et visqueux...
Avec le temps, merci, mais je sais ce qu'il me faut, et à cet instant T, là, tout de suite, inutile de faire péter le champ' et d'apporter des macarons, on se connait, on va sauter l'intro "récapitulatif de nos vies depuis le dernier coup", pour y aller direct, car c'est pour ça que je t'ai envoyé un mayday, oh toi, homme de la situation. (Parmi une poignée d'autres balèzes, certes, mais le 1er qui dit oui aura sa place au chaud !).
Je vous aime, je vous veux, je vous dis merci, reconnaissance éternelle, les gars !
Pour vos yeux et leurs étoiles, vos bouches et vos mots, vos peaux et votre chaleur, vos culs et votre rythme, vos couilles et leurs effluves, vos bites et... tellement plus !
Mes sauveurs, que je n'ai pas remerciés à la hauteur de vos bons services, grosse morfale que j'étais...

Valse.
Un petit tour, et puis s'en va !
Ma mémoire a effacé prénoms, corps et visages... Le jour où, dans la rue, un type m'aborde en me rappelant qu'on a déjà fait du sale ensemble, oups, pas possible, c'est Alzheimer de la chatte, merde, c'est grave ! Panique... On se ressaisit, et donc on prend un joli petit cahier pour sonder ma mémoire humide... Depuis, j'ai noté, les prénoms, les pseudos, et une brève description de quand, où et comment (la pipe, ça compte?), (les femmes, ça compte dans ce décompte ?)... D'abord les extirpés du souvenir (je sais que certains se sont évaporés), puis noter, vite, sur l'instant, avant d'oublier... Entourer, en rouge, le total... Par mois, par années...
J'ai frotté ma peau à tellement d'autres chairs, et souvent plusieurs à la fois, ou à la suite, que le jour où j'ai fait la première addition, je fus prise d'un vertige. Vite transformé en un rictus carnassier...
Et si, et si, je visais d'être un jour une petite vieille fripée qui sourira de retrouver ce joli cahier, et égrenera mentalement ses souvenirs de cris, de frissons, de syncopes...
1000 ?
Et merde quoi, pourquoi pas ?
A 50 ans, à la règle de trois, je n'en étais déjà plus si loin...
A moi-même, je me targuais donc d'arriver à 1000 queues, au minimum branlées (oups, et quid des hommes qui m'ont seulement léchée ?).
Certaines années me firent faire des bonds effrayants au compteur. Des jours et des nuits boulimiques, sans faiblir, effet boule de neige, avalanche... A mon réveil, éviter l'amnésie en récapitulant vite fait le défilé.
D'autant que mon Alzheimer du cul me jouait encore des tours, de temps à autre. Comme cet homme, caché derrière une photo de profil à me griller la rétine, qui me rappelle avec moult détails les moments déjà passés ensemble, dans tel hotel, alors même que je pense entrer en contact avec lui pour la première fois. Ou ceux là, croisés en soirées, qui me regardent, ébahis, "tu ne te souviens pas ?"... Vexante sans doute, pour coups oubliables dans ce grand barnum...
Comme des biscuits apéritifs, avalés, effacés... Ogresse sans états d'âme, c'est quoi l'équivalent de "queutard" au féminin?

Et puis, cette période où j'allais "m'échauffer" sur une dizaine de corps-sprinters dans un sauna avant de passer la nuit chez un nouvel amant, pour être certaine d'avoir ma dose... J'approche du but... Ma liste s'allonge...
Retourner, souvent, dans ce lieu moite où il est si facile de se servir, énervée, au lendemain de ces nuits où je ne faisais que frôler le frisson, où le monsieur crachait trop vite, ou limait toujours pareil sans en jouir... Encore un peu, ça vient, ça vient... Bordel, je n'ai pas prétendu 1000 "bons" coups !

C'était quand compter sur "l'Amour" qui m'est tombé dessus, comme ça, bim, sans crier gare, au détour d'une de ces baises voraces qui se complaisaient dans la grande valse... Attention, interdiction de s'attacher, et hop, changez de partenaire !
Pour les 1000 donc, c'est foutu, j'ai croisé la route d'un Monstre qui m'a implanté un drôle de virus: tadam, l'Exclusivité (quand bien même lui, ne me l'offrait pas).
Enfin un truc vraiment nouveau, quasi transgressif, une excitation encore inconnue à l'idée d'appartenance... Un challenge, un défi, du jamais-fait...
Le petit con-maître-chanteur, menaçant de couper illico mon abonnement à ses coups de bite si j'ouvrais mon cul à un autre, tout en ne se privant pas d'en limer de son côté... Déséquilibre déclenchant par intermittence des épisodes de ruptures ultra violentes qui me faisaient retrouver le chemin des soirées-vengeance-défouloir où l'ogresse ne connaissait pas la fatigue et remplissait à nouveau les pages de son petit carnet...

Je me suis calmée. Ou plutôt je suis totalement dépendante au plaisir que provoque un simple mot du Monstre, un simple regard... Et quand, enfin il sait me dire oui pour me shooter des heures durant, imaginez la puissance de mes jouissances...

Quand nos tempêtes nous déchirent de loin en loin, je n'ai plus besoin de retourner me goinfrer, tant ces plaisirs d'ailleurs ne sont que des petits pétards face à nos incroyables feux d'artifice. J'attends. Parfois proche de renoncer à l'attente quand elle se fait trop longue, quand le chant des tritons me fait douter et commence à provoquer à nouveau des frissons sur ma peau...
Je repense alors à ma liste.
Il suffirait de presque rien, et je l'atteindrai... Quelques orgies de plus, quelques "oui, viens !", quelques mois de débauche...
Je repense à ma liste, et au sacrifice de mon défi pour un homme qui joue, peut-être...
Mais, dans cette facilité dont j'ai abusée et que je saurai retrouver si l'humiliation ultime brise mes chaînes, je m'invente un autre défi.
Celui de faire mienne au féminin cette citation à l'origine floue:

"Le plus grand séducteur, n'est pas l'homme qui séduit mille femmes d'une façon, mais celui qui se réinvente et qui séduit une femme de mille façons." Damien Muglia (?)

Et t'as pas idée, de toutes mes idées, pour nous réinventer...