Grands moments de solitude (3)

- Par l'auteur HDS Exorium -
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Récit libertin : Grands moments de solitude (3) Histoire érotique Publiée sur HDS le 01-10-2018 dans la catégorie Plus on est
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Grands moments de solitude (3)
Il s’est levé sans bruit, il s’est habillé à la hâte et il est gentiment parti nous chercher les croissants.
– Il a intérêt à en ramener assez.
Parce qu’elle crevait la dalle, Chloé.
– C’est rien de le dire.
Pauline aussi.
– Ça creuse l’air de la mer. Sans compter…Elle a marqué un long temps d’arrêt.
– J’ai trop aimé ça, cette nuit, qu’il ait pas pu se retenir.
– C’est la faute d’Océane.
– Ben, voyons ! Faut bien une coupable.
– Si, c’est vrai, hein ! T’as pas vu sa tête quand tu racontais ? Ah, elles lui plaisent nos petites mésaventures, on peut pas dire.
– Oui, oh ben, s’il y a que ça pour lui faire plaisir, j’en ai d’autres, hein !
Elles aussi. Plein d’autres.
– C’est normal. Nous, les filles, c’est sans arrêt qu’il nous arrive des trucs. Parce qu’on est des filles justement.
Bon, mais… et maintenant ? On allait faire quoi maintenant ? Parce qu’elle était d’avis, Chloé, qu’il allait recommencer.
– Ça fait pas l’ombre d’un doute.
– Tu comptes pas l’en empêcher quand même ?
– Non, mais lui proposer d’autres solutions.
– Vu sous cet angle…Elle voulait bien se dévouer, Pauline. Et moi aussi. Sans problème.
– Quand il y en a pour une, il y en a pour trois, les filles. Par contre, on est pas obligées de se précipiter. On peut prendre tout notre temps. Ce n’en sera que meilleur.

* **
On est allés aux courses. Fallait bien. Tous les quatre. En rentrant, on a gratté les moules. C’est Julien qui les a cuisinées. Et puis, l’après-midi, on s’est mis en mode lézard. Comme la veille. Sans rien faire. Que regarder la mer et plonger voluptueusement nos mains dans le sable chaud.
Le soir venu, on a dîné. De poulet froid, de chips et de fruits.
Quand on a eu terminé, Pauline s’est levée.
– Bon, je sais pas vous, mais moi, je suis crevée. Je vais me coucher.
– Tu vas pas nous faire ça ! T’as pas raconté.
Il l’a dit sur un tel ton et avec un tel air scandalisé, Julien, qu’on a toutes les trois éclaté de rire.
– Bon, allez ! Mais c’est bien parce que c’est toi !
Et elle s’est rassise.
– Alors, voilà ! Il venait tout juste de me larguer, l’autre animal de Cyrille. J’étais mal, mais mal ! Du coup pas question de rester à la maison, ce soir-là. J’étais bien décidée à… je savais pas trop à quoi d’ailleurs, mais j’y étais farouchement décidée quand même. Et je me suis retrouvée en boîte. Où j’ai bu. Plus que de raison. Beaucoup plus que de raison. Où j’ai perdu la notion de pas mal de choses. C’est une vague copine qui a fini par me ramener chez moi. Qui m’a laissée en bas. « Ça ira ? » Ça allait aller, oui. Et j’ai entrepris la périlleuse escalade de mon escalier. En tanguant d’un mur à l’autre. En ratant des marches plus souvent qu’à mon tour. Troisième étage, enfin ! Mon étage. Ma porte. Mes clefs. Mes clefs ? Non. Pas moyen de mettre la main dessus. Mais elles étaient passées où mes clefs ? C’était pas possible, ça ! J’ai vidé mon sac par terre. J’ai maugréé. J’ai farfouillé. J’ai tempêté. J’ai fait un tel tintamarre que mon voisin de palier – un vieux d’au moins cinquante ans, un directeur de banque, célibataire – a fini par venir voir ce qui se passait. « Mes clefs ! Je les trouve pas ! » Elles étaient sous mon nez. J’ai été prise d’une nausée. De vertiges. Je me suis raccrochée à lui pour ne pas tomber. « Ça tourne ! Hou là là ! Comment ça tourne ! » « Oui, ben le mieux, c’est que vous alliez vous coucher ! Vous y verrez plus clair demain… » Il m’a ouvert ma porte, soutenue, cahin caha, dans le couloir. Et c’est là que je me suis vue dans la grande glace en pied du fond. Non, mais la tête de la bavure ! Ma robe était déchirée sur toute sa longueur, maculée de tâches de boue et de vomissures. J’en avais plein les jambes, plein la figure et jusque dans les cheveux en larges plaques séchées. Un éclair de lucidité. « Faut que je me douche ! Faut que je me douche d’abord ! Je peux pas me coucher comme ça. » Il m’a guidée jusqu’à la salle de bains. « Là ! Je vous laisse ! Mais hésitez pas à appeler, hein, si ça va pas. » Elle vacillait, la salle de bains. Non, mais comment elle vacillait ! Tous les murs cherchaient à me dégringoler dessus. Le plafond aussi. J’ai malgré tout entrepris de retirer ma robe. Ça tournait. De plus en plus. Tu vas tomber, ma fille ! Tu vas tomber ! Et, effectivement, je suis tombée en me raccrochant, comme j’ai pu, à la petite étagère murale. Qui n’a pas tenu le choc. Qui a cédé.
– Exactement comme moi avec le rideau de la cabine d’essayage…– Tout a valdingué. Mes parfums. Mes gels. Mes flacons. Mes produits de beauté. Tout. Le voisin a surgi, l’air affolé. « Qu’est-ce qui se passe ? Vous vous êtes pas fait mal au moins ? » Il m’a aidée à me relever. « Ça va ? Vous êtes sûre ? » « C’est à cause de ma robe. Elle y est plus, dans le dos, la fermeture Éclair. Ils me l’ont piquée, là-bas, les salauds ! » Et je suis obstinément repartie à sa recherche. Sans plus de succès. « Non, vous voyez, elle y est plus, hein ! » Il me l’a descendue d’un coup, jusqu’au creux des reins. « Ah, merci ! Vous l’avez retrouvée où ? » Il n’a pas répondu. Il s’est penché sur les décombres de mon armoire murale qu’il s’est efforcé de repousser, en tas, dans un coin tandis qu’une fois la robe retirée, je m’escrimais tout aussi infructueusement sur l’agrafe de mon soutien-gorge. « Laissez-moi faire ! » Et il m’en a libérée. J’ai pouffé d’un rire interminable. « Je suis gourde, hein ! Oh, mais le string, je vais y arriver toute seule, vous allez voir ! »Elle en doutait, Chloé.
– Ça m’étonnerait. Dans l’état où t’étais…Quant à Julien, il ne la lâchait pas des yeux. Il buvait ses paroles. Et il bandait. Il bandait sans discontinuer.
– J’ai dû m’y reprendre à trois fois, quatre fois, mais j’y suis finalement parvenue. Je l’ai triomphalement brandi à bout de bras. « Ah, vous voyez ! »– Ça, pour voir, il devait voir.
– Et, dans la foulée, j’ai entrepris de gravir le rebord de la baignoire. C’était l’Everest, cette baignoire. Infranchissable. « Bon, allez, on va prendre le taureau par les cornes. » Il m’a soulevée. Et passée par-dessus bord. J’ai éclaté en sanglots. À cause des cornes. « Il m’a fait cocue, l’autre enfoiré. Si, il m’a fait cocue ! Oh, mais il va me le payer ! Vous pouvez être tranquille qu’il va me le payer. » Mais il s’en fichait, le voisin. La seule chose qui comptait pour lui, c’était qu’il avait pas du tout l’intention de passer la nuit là. Et il m’a envoyé de l’eau. Avec la pomme de la douche. À pleine puissance. Devant. Derrière. En haut. En bas. J’ai redoublé de sanglots. « C’est dégueulasse. Il est dégueulasse. Et vous aussi, vous êtes un gros dégueulasse. Vous l’avez fait exprès, je suis sûre, de me saouler. Pour voir ma chatte. C’est pas vrai peut-être ? Vous êtes un sale vicieux. Je l’ai toujours su. Rien qu’à votre façon de me laisser traîner les yeux dessus quand je vous croise, dans l’escalier. Salopard, va ! »– T’as pas fait dans la dentelle, dis donc !
– Il m’écoutait pas. Ou il faisait semblant de pas m’écouter. Il m’a sortie de la baignoire, il m’a enveloppée dans une grande serviette blanche et il m’a portée jusqu’à mon lit. Je me suis accrochée à lui, les deux bras noués autour de son cou. « Me quitte pas, Cyrille, me quitte pas, mon amour, je t’en supplie ! » « Lâche-moi ! Je suis pas Cyrille. » Mais je voulais rien entendre. Je restais arrimée de toutes mes forces à lui. « Tout ce que tu voudras, je ferai. Tout. Mais mets-la moi ! J’ai trop envie. Mets-la moi ! » Et je suis partie à la recherche de sa queue. La gifle m’a cueillie par surprise. Je l’ai lâché. « Quand je couche avec une femme, moi, elle a toute sa tête. » Et il est parti. Mais je vous dis pas, le lendemain matin, quand je me suis réveillée, que j’ai repensé à tout ça. Pour le coup, c’est moi qu’avais envie de me foutre des baffes. Plein de baffes. Non, je crois que, de ma vie, j’ai jamais eu aussi honte.
Il y a eu un long silence. Que Chloé a finalement rompu.
– Eh ben, dis donc ! Tu l’as revu ?
– Forcément ! Quand on habite sur le même palier…– Et ?
– Je peux vous dire que j’étais pas fière. Je rasais les murs.
Ça, elle se doutait bien, Chloé, oui. Nous aussi, Julien et moi.
– Mais lui ? Il réagissait comment, lui ?
– Toujours le même. Comme s’il s’était jamais rien passé. En apparence…
* **
La nuit était tombée.
– On va se baigner ?
Aussitôt dit, aussitôt fait. On s’est dépouillés de nos maillots.
Pauline m’a poussée du coude.
– Regarde !
J’avais vu, oui. Julien bandait. Il bandait encore.
Ce qu’il s’est empressé de courir dissimuler dans les vagues. Mais on allait pas laisser passer. Ah, non, alors ! L’occasion était trop belle.
– Dis donc, Julien, il y a pas un truc qui dépasse, là ?
– Oui. Comme une protubérance.
Il a ri, mi-gêné mi-complice.
– J’y peux rien.
– T’y peux peut-être rien, mais pas question que tu nous empêches, une nouvelle fois, de dormir tout à l’heure. Va falloir régler le problème avant.
Oh, mais il demandait pas mieux, lui, hein !
Ah, il demandait pas mieux ? Ben, il allait voir ce qu’il allait voir, alors !
Et on l’a entouré. Toutes les trois. Encerclé. Nos mains ont commencé à courir sur lui. En même temps que les vagues. Avec elles. Sur ses épaules. Sur son torse. Sur son dos. Sur ses fesses. Elles se sont enhardies, nos mains. Elles lui ont effleuré la queue. Y sont revenues. Chloé s’en est emparée, a esquissé un bref mouvement de va-et-vient, s’est éloignée. Pauline l’a remplacée. Deux ou trois allers et retours. Sans vraiment insister. Et puis moi. Qui ai à peine eu le temps de poser les doigts dessus. Il a giclé. Dans un grand râle.
On a protesté. En chœur. Toutes les trois.
– Oh, non ! Pas déjà…– Oui, oh ben alors là, tu vas nous devoir une revanche.

* **
C’est Chloé qui a commencé, là-bas, près de la porte. À peine la lumière éteinte. En clapotis ininterrompus. En souffle court.
Pauline a constaté.
– Elle se le fait…Et elle aussi, elle se l’est fait. Les draps ont vibré. Sa cuisse est venue s’arrimer à la mienne. Son souffle dans mon cou. Mes mains sur moi. Mes mains sur mes seins. Mes mains en bas. Sur mon bouton. Mes doigts sur mes lèvres gonflées. Mes doigts qui se sont insinués entre elles. Pauline a doucement gémi, laissé tomber sa tête sur mon épaule.
– Je vais jouir ! Je vais jouir ! Je jouis…En tout petits cris éperdus.
Ça a été presque aussitôt mon tour. En même temps que Julien qui a grondé sourdement son plaisir sur sa couchette, là-bas, le long de la cloison.
(à suivre)

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