Histoire

- Par l'auteur HDS Misa -
Récit érotique écrit par Misa [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Récit libertin : Histoire Histoire érotique Publiée sur HDS le 07-05-2013 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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(10.0 / 10)

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Histoire
Histoire
( Misa – 04/2013 )

Bonjour à tous. Vous allez bien ? Installez-vous ! C’est pas très long, mais quand même ; il vaut mieux être assis, tranquille, au calme, confortable, parce que je voudrais vous raconter une histoire. Une histoire simple, pas un truc où il faut réfléchir, une histoire pour passer un bon moment, chez vous, dans le métro, un train, au bureau ? ça c’est pas bien ! Peut-être que ce sera un peu cochon, pas trop, trop ce serait … un peu trop ! Faut plaire au lecteur, à la lectrice aussi, c’est vrai, mais de là à les caresser dans le sens du poil, non !

D’autant que le poil, justement … c’est pas mon histoire, là, pas encore, juste une digression, quelques mots :
Le poil ! c’est un truc qui se perd. Vous avez pas remarqué ? Même les messieurs s’y mettent ! Les filles, ça fait longtemps ! Sous les bras, la totale. Sur le ventre, ça dépend. Des qui gardent tout, elles sont rares. Souvent un petit coup de ciseau pour élaguer, supprimer le dépassement de la culotte, ces poils disgracieux qui font moustache où on se veut jolies. La faute à nos culottes, nos slips et nos strings, de plus en plus petits, échancrés, étroits, alors au moins le ciseau ! Et souvent un peu plus. Au début c’est pour voir ce que ça donne, quelle « tête » on a comme ça. Le rasoir qui dérape, alors on égalise … et on descend plus bas. Parce que ça se voit pas ? Un peu, oui. Debout devant la glace, jambes serrées, c’est vrai qu’on dirait pas ! Et pourtant ! Dessous ? Y a plus rien ! « Viens voir chéri, viens voir par là comme c’est doux. T’aime bien ? ». Bon, on a des arguments qui vont avec nos envies : « ça sera mieux pour … » Il y en a beaucoup qui ne finissent pas la phrase. C’est qu’on aime bien être léchées là, mais c’est pas bien de le dire. On retient les mots. On pourrait : « viens me fouiller la chatte, mon chéri, t’auras pas de poils sur la langue ». On pourrait … mais c’est pas très romantique ! Alors on dit pas, pas comme ça. Y’en a qui gardent un ticket de métro (perso j’aime pas), ou juste une ligne assez fine, il y en a même qui font des dessins, une virgule ou un cœur, une demi-lune, un vé. Et puis celles qui enlèvent tout. Moi je suis comme ça, tout ou rien, ne pas lésiner, selon les saisons.

Là, arrêtez de lire. Levez la tête, regardez autour de vous. Essayez de deviner : elle, c’est comment ? imaginez, rêvez un peu à leur ventre et comment elles sont celles autour de vous sous leurs jupes ou leur jean’s, sous leurs petites culottes. Imaginez ! Et si vous êtes gonflés, allez leur demander : « Comment êtes-vous apprêtée en dessous de vos dessous ? »! On sait jamais …

Euh … mon histoire, vous êtes là pour ça ! Sauf que non attendez, j’ai pas fini …
Je vous avais dit les hommes … Mais oui ! Les hommes aussi, maintenant. Y a ceux qui font du vélo, pour faire champion, qui prétextent les massages et se rasent les jambes. Et ça évolue sur les cuisses, pourtant cachées sous les cuissards, ça fait rien, ils rasent aussi. Et tant qu’à faire, pourquoi pas, les testicules et les fesses. Le torse, c’est pour l’été, sur la plage, ça ferait plus joli ! Bah …
Mais en fait, hommes ou femmes, c’est tout du pareil ! c’est la mode ! Pas d’autres raison à tout ça. Ce serait plus sain et plus propre, plus civilisé, plus éloigné de nos lointains ancêtres. Des mots. Des modes. Un truc inventé par un fabricant de rasoir ou de crème épilatoire et tout le matériel qu’il faut pour entretenir tout ça. Parce que ça repousse, et ça pique, et on a des boutons, c’est désagréable et moche : alors on entretient. Tout ça pour ressembler à des mannequins qui se font photographier moitié nues et que ça serait pas bien qu’elles exposent une touffe Cro-Magnon. Et nous on est assez cons et connes pour faire pareil ! Eh, ça vous gratte à vous aussi ? ben oui …
Les mecs, c’est pour faire l’éphèbe à notre écoute : « c’est pour toi, chérie, je veux être doux pour toi » . Mon œil ! Si vous vouliez vraiment être doux, vous raseriez mieux la barbe sur vos joues au lieu de céder à cette nouvelle mode de garder en permanence une barbe de trois jours ! Rêvez pas : on vous embrasse quand même plus souvent sur vos joues que sur vos abdos ou entre les jambes. Alors, c’est quoi ces nouvelles pseudos barbes ? Et si c’est une invitation à délaisser vos joues pour vos fesses et vos attributs mâles désherbés, c’est pas gagné !
Non mais imaginez un instant ! Le bonjour du matin en arrivant au bureau deviendrait une drôle de cérémonie !
Je vous le fais ? Allez …
— Bonjour Marie !
— Bonjour patron !
(et là, le monsieur ouvre sa braguette et baisse son pantalon, baisse son slip, ou vous laisse faire, au choix, vous soulevez son sexe à deux doigts pour un baiser du matin sur les petites choses molles et flasques dessous)
— Oh ! ça pique, vous vous êtes pas rasé ce matin ?
Non mais ! reconnaissez que ça serait bizarre, non ? Et encore ! Là, j’ai pas étudié tous les cas : j’ai pris un monsieur qui avait un slip propre et qui avait pris une douche !
La même chose le soir en partant, après une longue et chaude journée :
— Au revoir patron !
… eh ! je vous ai dit « après une longue et chaude journée » … imaginez !
Non, non ! Arrêtez vos conneries, rasez vos joues, et on se fera la bise, comme d’habitude !
Et puis ! Ce serait la même chose pour les filles ? Le même type de baiser ? Après tout, même si nos joues à nous restent douces, peut-être voudriez-vous nous dire bonjour tout pareil !
Déjà, de temps en temps, pour les joues on évite :
— Non pas aujourd’hui, j’ai la grippe, je voudrais pas vous contaminer !
… deviendrait :
— Pas aujourd’hui, j’ai mes machins, je saigne, je voudrais pas vous barbouiller !
Oh là ! Et encore, je suis sympa avec vous sur ce coup-là, je vous évite la vaginite et la cystite, les pertes blanches … ouais, sympa, non ?
Non ! Décidément, restons-en aux traditions. Rasez vos joues, c’est tout !
Remarquez, maintenant que j’y pense, y autre chose ... vous avez fait ? Alors vous savez ! Pendant et après, passer du temps à se tripoter par là, à passer les doigts pour vérifier, allez, avouez, ça fait de l’effet non ? Un petit plaisir solitaire en prime et après, double effet « Kiss Cool » : « Chéri ? Viens voir … » et ça marche ! On parle d’ « objet du désir », ben pour le coup c’est une absence qui fait monter la tension. Le rasoir est un aphrodisiaque ! Si, si, je vous jure …

Bon, je m’égare, mon histoire, ça vient, on est là pour ça !

C’est l’histoire d’une dame et d’un monsieur. Ils sont dans un train. Le train qu’ils prennent tous les matins pour aller au travail. Le paysage, ils le connaissent par cœur, alors ils regardent pas. Parfois ils ont un livre ou un magazine, parfois ils jouent avec leur téléphone, et d’autre fois ils ne font rien, regardent les autres passagers, l’esprit traversé de pensées fugaces, une course à faire, leur boulot, n’importe quoi, des trucs sans queue ni tête qui s’enchaînent sans raison.
Ce matin-là, un lundi, la dame pensait à son mari :
« « … ça fait quoi ? pas ce week-end – pas celui d’avant non plus – le mercredi – après la soirée chez Jean-Paul et Mag – à cause de Mag ? m’étonnerait pas – elle montrait ses cuisses –mignonne, sa robe, n’empêche – courte aussi – et alors ? il veut quoi, lui ? » »
… parce qu’elle a croisé le regard d’un homme, de l’autre côté de l’allée, qui semblait la dévisager.
Il passait le temps, il regardait les gens dans le wagon, sans intention, s’était arrêté sur la dame qui plissait le front et se mordait la lèvre, les yeux en colère.
Il s’était arrêté sur elle et se demandait s’il allait ou pas sortir son portable, s’il aurait assez de batterie.
Elle aussi le regardait, comme pour le mettre au défi, ne pensait plus à son mari et à sa frustration que par intermittence, en toile de fond :
« « … elle te plaît pas ma tête ? – une barbe de trois jours, c’est la mode – un baiser avec ces poils qui te piquent – quel effet ça fait d’embrasser un barbu - pourquoi on baise plus ? pas normal - joli son manteau – il a plus envie de moi – j’ai grossi –costard fatigué – j’aurais pas dû mettre ces chaussures – il veut ma photo ? – pas mal ce mec » »
Il s’est aperçu qu’elle le fixait, a secoué la tête comme au sortir d’un rêve, les lèvres étirées d’un court sourire d’excuse.
Elle a souri aussi en tournant la tête, a fouillé dans son sac, sorti son téléphone portable, en surveillant d’un œil le monsieur qui sortait son ordinateur de la sacoche coincée entre ses jambes.
Elle s’est connectée, lui aussi. Leurs regards se croisaient de temps en temps, vite baissés. Chacun remarquait un bref sourire quand l’autre lisait, elle sur son téléphone, lui sur son micro.

Ils sont sortis de la gare, se sont perdus de vue. Il a acheté des journaux à un kiosque. Elle a traversé l’esplanade, a contourné la tour pour aller boire un café à l’entrée de la galerie marchande. Elle était a peine installée qu’elle l’a vu entrer, l’homme à la barbe de trois jours qui haussait les sourcils en lisant sur son ordinateur dans le train.
Il a commandé au comptoir, s’est retourné vers la salle et l’a vue, la dame du train dont il croisait le regard et qui souriait toute seule en levant les yeux de l’écran de son téléphone. Il a baissé la tête pour masquer son sourire, se balançant d’un pied sur l’autre, comme hésitant, puis s’est approché de la table de la dame :
— Excusez-moi … vous étiez dans le train … ne me giflez pas, par pitié … puis-je vous demander « Comment êtes-vous apprêtée en dessous de vos dessous ? ».
Elle ne l’a pas giflé. Elle a ouvert de grands yeux ébahis en portant une main devant sa bouche.
Il rougissait en se dandinant sur ses pieds et commençait à se reculer de la table de la dame pour partir quand elle l’a rappelé :
— Monsieur ? Cette barbe, c’est une mode … mais faites-vous du vélo ?
Lui aussi ébahi à ouvert de grands yeux tout comme elle un instant plus tôt, et après un temps de silence où ils se regardaient et que le sourire leur venait aux yeux à tous deux, il a dit :
— On pourrait … se dire bonjour …
— Pourquoi pas …

Oui, je sais, cette histoire se mord la queue .

Ils l’ont vécue, forcément, sinon j’aurais pas pu l’écrire … et ne l’ont vécue que parce qu’ils l’ont lue …
Y aurait pas un problème ?

Toutes les histoires sont de petits mystères.

Vous voulez savoir la suite de leur histoire ? Tous les trucs bien cochons et tellement bons qu’ils ont fait en riant dans l’hôtel en face de la gare ?
Sachez seulement qu’ils se sont dit bonjour …

Prenez plutôt le train, lisez des histoires et levez les yeux, allez-y, allez !

Misa – 04/2013

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