Hypnose ? Pas moi !
Récit érotique écrit par Misa [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 12-04-2015 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Hypnose ? Pas moi !
« « J’ai tout piqué à JPJ ! Tout ! Le thème, les éléments de son histoire, les situations, tout ! je vous dis !
Son histoire : "Hypnose ? Psychose ? Grandiose !"La même histoire ? Pas tout à fait …Il est Cigale, je suis Fourmi. Alors à l’occasion retournez écouter chanter son histoire, et puis vous verrez : je n’ai rien inventé, juste regardé de plus près celle qui fait l’histoire : qui elle est avant, ce qu'il lui arrive, qui elle est après.
De son rêve, j’ai voulu faire une histoire plausible. Possible ?
Et autant vous le dire tout de suite, encore une fois, j'ai pris mon temps : une histoire en deux parties.» »
1ère Partie.
Marie-Ange se préparait. La boule serrée contre son ventre, une main dessous, les doigts glissés dans les trous, l'autre devant pour en porter le poids. Jambes jointes, légèrement penchée, elle se concentrait. Une seule quille, la quille du fond à droite, proche de la rigole.
Elle avait noué son grand tshirt sur sa hanche gauche pour ne pas être gênée en lançant la boule.
J'ai vu le sourire de Jonathan assis face à moi. Il m’a adressé un clin d'œil puis haussé les sourcils en pinçant les lèvres, en connivence, parce qu'il savait que j'avais surpris son sourire et son regard sur les fesses qui se contractaient sous le collant stretch qui la moulait, dessinait nettement les contours de la petite culotte qu'elle portait dessous.
Jacques s'impatientait, tapait du crayon sur la feuille de marque.
— Bon, tu joues ?
Marie-Ange s'est retournée, oeil noir.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Il est pressé, le comptable ?
Elle et mon mari ne se sont jamais très bien entendus.
Lui la trouve trop. Trop quoi? La liste serait longue. Trop tout. Il se montre poli, parce que c'est ma meilleure amie, ma seule amie à vrai dire, mais s'en tient à une politesse froide.
Il n'apprécie pas beaucoup plus d'ailleurs Jonathan, l'ami de Marie-Ange depuis deux ans.
Marie-Ange a lancé sa boule. Rigole.
— Ça va? Content ? Pas trop dur de faire le total ?
Les garçons sont partis renouveler les consommations. Marie-Ange fulminait :— Toujours aussi aimable, ton mec ! Il m'énerve ! Il m'énerve ! Je sais pas comment tu le supportes ! Et vous qui rigoliez ! C'est pour ça que je l'ai manquée cette quille ! Un qui me houspille et vous qui vous fichez de moi !
— On se moquait pas ! Pas vraiment ...
— Pas vraiment ! ça veut dire quoi ? Explique, j'aimerai rigoler moi aussi !
— Tu vas pas te fâcher ? T'es bien énervée, ce soir ...
— Bon, accouche !
— Avec ton truc moulant, on voit toutes les coutures de ta petite culotte.
— Ah d'accord ! Vous matez mes fesses et vous vous foutez de moi ! Elle se voit tant que ça ?
— Ben ... avec ce truc, tu devrais mettre un string, ou rien du tout !
— Et c'est toi qui dis ça ? J'y crois pas ! Enfin, tu sais que ça existe, c'est déjà ça ! Je vais l'enlever, vous rigolerez moins !
Elle s'est levée pour partir vers les toilettes.
— Attends-moi, j'y vais aussi !
— Tu vas enlever ta culotte ? Là, tu m'épates, Julie !
— T'es bête ! C'est toujours bon, demain ?
— Oui, je passerai te prendre chez toi. Pour une fois que tu t'achètes des fringues, je veux pas rater ça ! Et je veux surveiller, que tu prennes pas n'importe quoi !
A la sortie du bowling, Marie-Ange et Jonathan sont partis de leur côté, Jacques et moi sommes rentrés chez nous.
— Tu pars trois jours, c'est ça?
— Quatre. Je resterai un jour de plus après le colloque. Tant qu'à être à Paris, autant en profiter pour me balader ... les grands magasins, un musée ...
— Magasins ? Tu fais pas des courses demain ?
— Si, avec Marie-Ange, je voudrais m'acheter quelque chose pour la sortie cabaret le deuxième soir ... c'est juste pour me balader !
Le lendemain, j'avais déjà essayé deux ensembles et une robe, et je commençais à m'agacer quand Marie-Ange à ouvert le rideau de la cabine d'essayage.
J'étais en petits dessous et j'ai vite tiré la robe que je venais d’enlever devant moi.
— Eh ! ça va ! C'est que moi ! Je regarde pas, t'en fais pas ! ça va pas te tuer si je te vois en culotte, quand même !
— Bon ... qu'est-ce que tu veux?
— C'est celle-là ! J'ai trouvé ! Passe-la ! C'est exactement celle qu'il te faut !
— Ferme ce rideau ...
— Pfff, qu'est-ce que t'es coincée, quand même!
Jolie ! C'est vrai que cette petite robe en lamé était super. Un peu courte ... une bonne main au-dessus du genou, devant un joli drapé-foulard qui dégageait le cou, le même dans le dos ... profond, vraiment très profond !
— Alors, je peux voir maintenant ? ... Waouh ! Génial ! Mais tu devrais enlever ton soutien-gorge !
Moi ? Les seins nus ? Jamais ! Mais elle était vraiment belle, cette robe ...
Quelques semaines plus tard ...
Marie-Ange m'écoutait, écarquillait les yeux. Elle souriait aussi, se mordait la lèvre d'étonnement, les joues un peu rouges, les yeux brillants : — Eh bien ! Une histoire ... extraordinaire ! J'en ai la chair de poule ! Et en même temps, je me sens toute bizarre ...
Je la regardais poser sa tasse sur la table du salon. Sa main tremblait un peu. Toute bizarre ? Oui, elle était 'toute bizarre', et je me doutais de ce qu'elle éprouvait. Rien qu'en lui racontant, moi-même, je retrouvais les mêmes sensations physiques de ces quelques heures folles, vraiment folles ... et je regardais ses fesses pendant qu’elle posait sa tasse … sans honte !
Peut-on autant changer en si peu de temps ? J'y ai beaucoup pensé depuis mon retour de ce colloque à Paris, beaucoup réfléchi. Rien de ce que j'ai vécu ces quelques heures ne me ressemble. Rien. Ou plutôt ne ressemble à ce que j'étais, depuis toujours. Combien de fois Marie-Ange, depuis nos années fac me l'a répété : coincée ! Moi je disais ‘pudique’, peut-être trop !
J'étais ... Le plus étonnant est que je ne me sens coupable de rien ! Ni de ce qui c'est passé, ni du plaisir que j'y ai pris, ni du plaisir que je prends à m'en souvenir ... aucune culpabilité, vraiment ! Au contraire ... je me sens libérée, comme si l'horizon s'ouvrait devant moi, comme si je m'éveillais à la vie ! Depuis deux semaines, depuis mon retour de ce colloque, depuis cette rencontre 'extraordinaire'.
Marie-Ange avait trouvé le mot exact.
Pourquoi lui raconter ? C'est ma meilleure amie.
Jacques ... Jacques n'aurait rien compris, comme il n'a rien compris à mon désir, que j'exprime, dont je vois bien qu'il s'en inquiète. Hier soir il m'a repoussée, excédé ... et cet air qu'il avait ! entre peur et dégoût ... j'exagère à peine ! Que je veuille faire l'amour tous les jours était tellement loin de nos habitudes !
Marie-Ange me trouvait coincée ? Je m’aperçois maintenant que lui l’est tout autant !
A Marie-Ange, j'ai tout dit. Tout. Sans rien cacher.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu ris ?
— Ta culotte ... t'as encore mis une culotte sous ton collant, comme l'autre jour au bowling ...
— Tu mates mes fesses ! J'y crois pas !
— Elles sont pas mal tes fesses ! Plutôt bien, même ! Mais elles seraient plus jolies sans ces marques de couture ! Fais-moi plaisir ... enlève-la ...
— Je te reconnais pas, c'est pas la Julie que je connais !
Elle était devant moi ... Les mains sur les hanches ... Un air de fausse colère sur le visage ... Sourcils froncés et lèvres pincées ... Les pommettes bien rouges, malgré tout ! Ce que je venais de lui raconter, bien sûr, l'écho de ce que ça réveillait en elle ? Et moi, moi, qui la provoquais ... Je l'avais toujours trouvée jolie, mais aujourd'hui je la regardais autrement ... à cause d'une autre ... si différente ... Mistigri, si frêle, si mince, et elle, tellement plus féminine ... Jamais, jamais avant depuis plus de dix ans que je la connaissais je ne l'avais regardée comme ça ...
Je me suis penchée vers elle, j'ai posé les mains sur ses hanches. Surprise ? C'est peu dire ! Elle, bien sûr ! et moi aussi ! Mon geste était totalement irréfléchi, sans réelle intention, et quand elle a fait un pas vers moi, qu'elle a posé ces mains sur mes épaules, je suis persuadée qu'elle non plus n'y a pas réfléchi un instant.
— Tu vas m'enlever ma culotte ?
Son sourire tremblait ...
Ce qui était arrivé, elle y avait eu sa part, une petite part : la robe qu'elle avait choisie pour moi.
A cause de cette robe ? Non, oui, un peu. Parce que j'étais loin de chez moi, parce que je me sentais femme, plus femme que depuis bien longtemps ... et bien sûr, lui ... à cause de lui, ou grâce à lui ! Lusor ...
A vous aussi je vais raconter ce qui m’est arrivé, vous comprendrez pourquoi je ne suis plus la même …
Paris, le troisième soir.
Il parlait, il parlait … je n’entendais que lui, sa voix sans les mots qui allaient avec, comme un bourdonnement qui masquait tous les bruits tous les sons toutes les conversations autour. Je n’entendais que sa voix.
Ecouter, pourtant je sais faire, c’est même un peu mon métier ! Psy ! comme la plupart des autres autour de la table, réunion festive de collègues pour la fin d’un colloque de trois jours à Paris, et puis lui qui parlait, parlait …
On me l’a présenté quand je suis arrivée dans le brouhaha de l’accueil, j’ai entendu « Spectacle – Olympia - Magie », ces mots et son allure m’interpelaient, bel homme, avec cet air d’autorité naturelle et d’empathie qui attire mon attention parfois, mon intérêt parfois.
Je tenais conversation avec mon voisin de table, mon voyage en Crète et sa croisière en méditerranée … mais je l’écoutais lui, dissociée comme cela m’arrive pendant une consultation.
Je perdais le fil des mots de mon voisin, comme prise dans une bulle où il n’y avait plus que moi, plus que lui et du flou tout autour, ses mains fortes et soignées, sa mâchoire volontaire et ses yeux attentifs, sa voix profonde. Il avait pris le relais de la conversation. Mon voisin s’était détourné, vantant les nuits en mer à sa voisine de droite, et lui, lui parlait, me regardait, m’observait, m’accaparait.
Mon regard égaré, peut-être, le feu à mes joues sans doute, étiraient ses lèvres d’un sourire esquissé.
— Les nuits au large sont extraordinaires … chaudes … propices aux émois …— … je n’en doute pas … … ces émois évoqués trouvaient écho en moi, envie de les vivre en ressenti immédiat et troublant, envie de la chaleur d’une nuit, offerte aux mains qui s’ouvraient sur la table en promesse de caresses, manipulaient un couteau, un verre, qui jetaient des éclats lumineux qui m'étourdissaient … c’est la conscience de mes tétons durcis sous ma robe légère, de la morsure des élastiques de ma culotte entre mes cuisses, qui un instant m’a sortie de ma torpeur.
Une première ? Pas vraiment. Il m’arrive d’être perturbée, distraite, troublée, excitée, de me sentir à l’étroit dans mes dessous, d’une pensée qui s’installe, d’un rêve éveillé, le corps imprégné du rêve avant la conscience.
Le corps imprégné ? Installée au milieu de mes confrères, dans ma jolie robe en lamé, c’est ma culotte qui s’imprégnait de l’idée de ses mains, ses mains sur moi, ses mains qui me libéreraient de la prison de dessous brusquement trop serrés.
Ces choses-là ne viennent pas en un instant de trouble. Il faut du temps. Depuis combien de temps ? combien de minutes, perdue, subjuguée, à rêver ? Autour de moi un brouillard de lumières et de bruit, aucune autre réalité que lui et la réaction de mon corps.
Je soutenais, captivée, le regard qui me brûlait, certaine qu’il lisait en moi et savait tout de mon émoi, des manifestations intimes qui me faisaient gigoter sur ma chaise.
Je voulais qu’il m’emmène dans ces nuits chaudes en mer … ces chaleurs propices … je voulais …
Légère ? Mais non ! Pas du tout ! Pourtant, là, d’un mot de lui … me soulever de ma chaise et faire glisser sur mes fesses et mes cuisses la maille fine qui m’emprisonnait, elle était rouge ce soir-là, me pencher au-dessus de la table et la poser sur la main tendue, le petit gousset assombri de mon désir exposé en témoignage … d’où me venait cette idée incongrue, folle ?
Légère parfois ? Rarement, et surtout pas avec un inconnu, pas attablée au milieu de mes pairs ! Honnêtement ? Légère avec personne ...
L’inconfort et la gêne, l’impudeur du geste imaginé, m’ont fait baisser les yeux ; échapper un instant à son emprise ? Je ne sais pas, je ne sais plus, réalité ou encore le rêve … en échappant à son regard j’ai vu ses mains bouger, s’ouvrir, saisir au milieu de la table le petit carré rouge d’une serviette de papier, le porter à son nez en me regardant sourcil arqué, comme il l’aurait fait de …
Tous partaient. Je suis allée me repoudrer le nez … expression consacrée. J’ai rangé la fine maille rouge source de trop d’inconfort tout au fond de ma pochette, avec mon porte-carte et mon poudrier.
Une première pour moi. Inconcevable dans mon état normal ! Déjà la veille au cabaret, et ce soir encore, je m’étais fait violence : je ne portais pas de soutien-gorge sous ma robe ! Mais me promener les fesses nues ? sans culotte ! Folie !
Il était accoudé à l’acajou du bar, aérait lentement un cognac ambré au creux d’une main.
Il me tendait le verre, prenait ma pochette et la posait derrière lui sur le comptoir, effleurait mon bras qui saisissait le verre. Ses yeux. Je ne voyais que ses yeux, n’était consciente que de la chaleur de sa main sur mon bras, électrique, de sa voix qui m’invitait à prendre le verre où lentement le liquide ambré tournait et captait les lumières du bar par éclairs.
— Vous ne portez plus votre bracelet.
Entendre est une chose, comprendre une autre.
Mon bracelet ? J’ai baissé les yeux, échappant à son regard, posé le verre sur le comptoir pour chercher à mon bras de ma main libre.
Je me souvenais, magie.
Il plongeait la main dans la poche de sa veste, me tendait mon porte-cartes, sérieux devant mon air ébahi en le reconnaissant, sérieux en me voyant plisser les yeux et mes joues se colorer au souvenir de ma pochette, amusé en plongeant encore sa main dans sa poche.
Son poing fermé s’est ouvert.
— Un bien bel écrin …
De l’autre main lentement il dépliait la fine maille rouge de ma culotte pour libérer mon bracelet.
Il l’a refermé sur mon poignet.
Il me tendait à nouveau le verre de Cognac, je fixais la culotte dans sa main … — Vous feriez une excellente partenaire.
Partenaire ? Quelle drôle de façon de dire les choses !
— Partenaire ?
— Vous êtes-vous déjà produite sur une scène ? Les projecteurs, la musique, je suis sûr que vous aimeriez. Voulez-vous m’accompagner ?
Une scène ? mais que faire sur … non ! Et toujours il froissait entre ses doigts ma petite culotte, caressait du pouce le gousset de coton qui portait mon parfum de femme … Me ressaisir !
— Je ne comprends pas …— La scène, le public, vous méritez un public.
Le Cognac m’a brûlé la gorge.
— Demain, acceptez, vous monterez sur scène avec moi, je vois en vous de belles dispositions, vous êtes réceptive. Acceptez ! Ce sera une expérience inoubliable !
Sa voix m’enveloppait, grave et sourde, et les images venaient … sur une scène, le public silencieux, concentré sur moi sous les projecteurs, à sa merci … Partenaire … Les images qui envahissait mon esprit, association d’idée entre « partenaire, scène, public » étaient pour le moins perturbantes !
Il tenait mon bras dans la rue en attendant mon taxi, rangeait la serviette de papier crépon où j’avais noté mon numéro de portable, il passerait me prendre avait-il dit adossé à sa voiture, une mini-moke dont il caressait la capote de toile rouge, me tendait ma culotte si bien assortie …— Quelle harmonie, n’est-ce pas ? Croyez-vous au hasard ?
Dans le taxi ses yeux étaient toujours là, sa voix m’accompagnait.
Je m’étais attendue à ce qu’il me raccompagne, qu’il m’emmène, effrayée et … consentante ? Je crois je l’aurais suivi, incapable de lui résister, privée de libre arbitre.
Arrivée à l’hôtel où je logeais pendant le colloque, cette passivité, cette quasi soumission à un désir brut m’effrayait.
J’ai fait des rêves étranges, une nuit agitée, j’ai revécue maintes fois la soirée, troublée aux larmes de ne pas comprendre ce qui m’était arrivé.
— Allo ? Dis-moi, le type, hier soir, à côté de toi, c’était qui ?
— Un artiste, pourquoi ? Magicien, hypnotiseur, il se produit à l’Olympia, je crois.
… Hypnotiseur … un collègue a essayé, une fois, ça n’a pas marché. Tout le monde n’est pas … pas moi, il me l’avait assuré ! Pourtant, comment expliquer, sinon ! Cet illusionniste ? Une compétence que la faculté ne saurait exercer ? Impossible. Il y avait autre chose, quelque chose chez moi qui dérapait.
J’ai appelé Jacques le lendemain, en début d’après-midi, pour prendre de ses nouvelles et donner des miennes, confirmer que je prolongeais d’un jour mon séjour à Paris, pour faire quelques courses et me promener, les Grands magasins, le musée d’Orsay peut-être. De mon trouble et de ma soirée je n’ai rien dit, rien dit non plus de la réservation que j’avais faite dès le matin pour le spectacle du soir à l’Olympia.
Une nuit horrible, le matin ensuite, passés à analyser, à tenter de rationnaliser ce qui c’était passé la veille.
… il était bel homme, avait du charme, un petit fantasme bien naturel avait déclenché la manifestation de mon désir, fantasme de l’inconnu, parce que j’étais loin de chez moi, sans repère, j’avais rêvé éveillée, voilà tout.
… au comptoir ? un simple tour de passe-passe.
Quelle bêtise d’avoir enlevé ma culotte ! Il a dû être le premier surpris de la trouver là en fouillant ma pochette pour m’épater ! Goujat de sa part, d’ailleurs, de s’en être servi pour envelopper le bracelet enlevé de mon bras !
… hypnotisée ? Mais non ! Mon imagination ! On ne peut pas forcer quelqu’un à agir à l’encontre de ce qu’il est !
Moi, en plein repas avec des collègues enlever mes dessous et les lui donner ? Jamais je ne ferais une chose pareille, voyons ! Cette serviette rouge comme mes dessous dans sa main ensuite ? J’avais dû la rêver. Lire dans mes pensées ? Impossible ! Ces choses-là n’existent pas.
… mon subconscient me joue des tours, voilà tout. C’est vrai qu’avec Jacques, ces derniers temps, tout ne va pas au mieux. Je compense. Croit-il m’appâter ce saltimbanque pickpocket avec cette histoire de scène à partager ? Il me connaît bien mal !
… bon, quand même, si hier soir il m’avait proposé de le suivre … je ne sais pas. Cet homme a du charme, c’est certain, un charme particulier, troublant, mais tout de même ! Me ressaisir ! Je dois me ressaisir.
… en rentrant à l’hôtel, seule, j’étais presque vexée. Parce qu’il ne m’a pas invitée à le suivre ? orgueil stupide ! Inconsciemment, je voulais le séduire et il se jouait de moi, jouait avec moi avec ses tours de passe-passe. Ce n’est pas d’une promesse de scène que je voulais, mais qu’il me prenne dans ses bras, qu’il succombe à mon charme, j’étais vexée d’un rejet ... moi ! m'offrir ainsi à un inconnu ! Si loin de ce que je suis !
… et toute la nuit j’étais assaillie de rêves lubriques ! Victime consentante, moi, de ce type prétentieux ! Quelle bêtise !
J'avais demandé au desk de me réserver une place à l'Olympia. Je le verrai sur scène. Saltimbanque à faire ses tours de passe-passe. Et toutes les idées stupides que j’avais en tête disparaîtraient, c’est certain.
Il avait mon numéro de portable. Il a appelé dans l’après-midi, ce devait être lui, un numéro inconnu affiché sur mon écran. Je n’ai pas répondu. Moi sur scène ? Pour me faire dépouiller d’une montre, d’un bracelet, mais il rêve ! Il en trouvera une autre à ridiculiser !
Rentrée tôt l’après-midi tout exprès pour me préparer, j’ai pris un bain, j’ai rafraîchi mes jambes, le maillot aussi pour le petit slip blanc qui allait bien à mon bronzage d’été que je porterai sous ma robe en lamé, la même que j'avais porté la veille, sans doute trop habillée pour cette soirée mais tant pis, bien sûr pas de soutien-gorge avec le profond dos nu de la robe, un peu courte peut-être, mais qui avait bien plu à mes collègues masculins.
Mon collier de perle, un bracelet, mes ongles peints et un maquillage léger, mes escarpins blancs, un grand châle, suffisant pour une soirée de fin d’été, le miroir était rassurant.
J'ai traîné dehors avant d'entrer, hésitante, me trouvant stupide du nœud dans ma gorge et de mon ventre serré qui me retenait de me mêler à la queue des spectateurs. Très souvent je levais les yeux sur les lettres lumineuses rouges sur la façade "Maître LUSOR", en plus petit dessous "et l'espiègle Mistigri".
L'heure de la représentation approchait, je suis finalement entrée, me laissant guider jusqu’à ma place sous le regard curieux de mes voisins juste avant que les lumières de la salle ne s'éteignent. Ma courte robe en lamé était un peu déplacée ici.
J’étais tout au bout du second rang, au balcon, légèrement à gauche de la scène. Je dois reconnaître que j’étais rassurée en m’installant de me savoir perdue dans la foule et le noir, loin de l’attention de celui qui allait se produire et dont la proximité m’inquiétait malgré tout, peur irrationnelle, pendant que le rideau s'ouvrait.
Lui en costume sombre, grand, imposant, silencieux, parcourait la salle des yeux en s'approchant à pas lents, bras ouverts comme pour envelopper les spectateurs. Quelques pas derrière lui, Mistigri sans doute, une jeune-fille aux cheveux tirés en chignon, yeux sombres et pommettes rouges, dévêtue d'un maillot d'argent échancré très haut montant étroit sur le ventre ne s'évasant que pour couvrir une absence de seins, qui souriait en grand et dansait en installant quelques accessoires.
Au début, magie et manipulations, des foulards et des colombes apparaissaient, des spectateurs invités à le rejoindre sur scène par une Mistigri virevoltante qui se faufilait entre les rangs pour choisir des hommes dans le public, que bientôt Lusor délestait de leurs montres, cartes de crédit, à l’un d’eux il a même enlevé sa cravate puis ses bretelles.
Moi je ne regardais que lui, peu intéressé par ces tours que je n’ai jamais beaucoup appréciés, et même un peu mal à l’aise en voyant des spectateurs transformés en victime pour les rires de la salle, leur attention détournée de gestes, de contacts, des questions qu’il leur posait.
Sa voix, sa voix comme le premier soir, éveillait en moi des échos profonds, une vibration continue comme un acouphène, m’isolant de l’ambiance et du lieu, et à chacun des foulards rouges qu’il faisait apparaître, qu’il froissait dans sa main en parcourant des yeux le public, je le revoyais face à moi la veille me tendant la culotte souillée de désir qu’il avait sortie de mon sac et qu’il me tendait, je me recroquevillais dans mon fauteuil, persuadée que c’était moi qu’il cherchait des yeux.
Au milieu de la scène il a enfermé son assistante derrière un rideau noir, l’ouvrait le fermait, en faisait le tour, Mistigri agitait la main au-dessus du rideau pour bien montrer qu’elle était là, et brusquement un éclair, une fumée, il ouvrait le rideau, cris de stupeur et applaudissements en le voyant prendre en main la laisse du guépard qui remplaçait Mistigri derrière le rideau.
Les spots de poursuite se sont affolés, balayant le public, puis se sont tous éteints, et un seul, blanc, très lumineux, en partant de la scène cherchait dans le public, remontait les allées, s’infiltrait dans une rangée, suivait le trajet que Lusor montrait d’un bras tendu.
Je savais. Je me suis mise à trembler. Dès cet instant j’étais certaine que le spot me trouverait, moi.
La poursuite a balayé le balcon, lentement a suivi la rangée dont j’occupais l’extrémité, s'est éteint, noir complet une fraction de seconde, rallumé violent aussitôt.
Moi. En pleine lumière, moi mais pas seulement. A côté de moi, écartant d’un coup la grande cape noire qui l’enveloppait, Mistigri, un bras levé ouvrant sa cape, l’autre étirant la cape sur mon épaule pour m’inclure dans la lumière, debout dans l’allée à côté de moi, un genou posé sur l’accoudoir de mon fauteuil.
Le noir. Le noir en moi. Le noir de la salle. Un noir percé des deux yeux immenses fixés sur moi depuis la scène. La musique forte présente depuis le début du spectacle devenue assourdie, lointaine, et dans ce blanc sonore sa voix « … vous méritez un public … ».
Je me souviens …De la main qui tenait la mienne, me tirait à sa suite pendant que sur scène un appariteur tirait une grosse malle, de lui, seul, dans un halo de lumière rouge.
De la course dans un couloir et de la petite main cramponnée à la mienne qui me tirait à sa suite, des exhortations à la suivre « Vite, vite, cours ».
D’une cabine et d’un ascenseur si rapide que j’ai eu un haut le cœur et des mains qui soulevaient ma robe au-dessus de ma tête, de la course encore, sous la scène : « Vite, vite, mets ça » .
Du slip à paillettes qu’elle enfilait sur mes jambes et de ses mains fraîches qui l’ajustaient sur mes hanches, de ses doigts frais qui repoussaient ma culotte sous les paillettes sur mes fesses et entre mes jambes. Affolée, perdue, noyée, je ne protestais pas, me laissais bousculer, affolée.
D’une trappe et d’un frôlement contre ma jambe, le guépard, d’une main qui appuyait sur ma tête, d’un corps pressé contre le mien, Mistrigri et moi recroquevillées enlacées.
De la main qui brusquement dans un éblouissement de lumière m’aidait à me relever, la levait très haut, un fracas de musique et des applaudissements, du trou noir devant moi, un voile devant mes yeux.
Du bras de Mistigri qui protégeait mes seins nus et des rires et des applaudissements qui crépitaient.
Et du noir au milieu des spots inondant la scène.
Et du silence au milieu du tonnerre de la salle.
De sa voix, à lui, qui comme Mistigri me tenait un bras levé pour saluer, sa voix qui résonnait et bourdonnait, paroles sans aucun sens qui m’enveloppaient, du contact froid du bras qui couvrait mes seins nus.
Le noir et le rideau fermé, la course dans les coulisses.
Pourquoi je me laissais faire ? Peut-on vraiment imposer ça à quelqu’un ? Je n’ai aucune réponse ! Des flashes. Pas de vrai souvenir d’une continuité d’évènements. Un sentiment d’inéluctable. Un bourdonnement continu.
Je me souviens de la loge et du paravent dans un angle, de Mistigri qui se changeait à côté de moi dans l’espace étroit, si frêle, nue, de son corps pâle et de l’absence de seins ou presque, deux petits boutons roses à peine gonflés, de son étonnante toison brune et épaisse, du juste-au-corps qu’elle enfilait, de ses mains qui m’enlevaient le slip à paillettes et m'aidaient à enfiler ma robe.
Je me souviens … non, je me souviens pas très bien, en fait.
Je sais qu’il était là, qu’il me parlait en me tenant aux épaules. Ses yeux. Fixes et immenses. Sa voix profonde et … tout est si flou …
Je sais que je suis retournée sur la scène. Je sais.
"Et voilà pour la 1ère partie !
Bientôt, bientôt elle retournera sur scène ! Vous serez là ?"
Misa - 04/2015
Son histoire : "Hypnose ? Psychose ? Grandiose !"La même histoire ? Pas tout à fait …Il est Cigale, je suis Fourmi. Alors à l’occasion retournez écouter chanter son histoire, et puis vous verrez : je n’ai rien inventé, juste regardé de plus près celle qui fait l’histoire : qui elle est avant, ce qu'il lui arrive, qui elle est après.
De son rêve, j’ai voulu faire une histoire plausible. Possible ?
Et autant vous le dire tout de suite, encore une fois, j'ai pris mon temps : une histoire en deux parties.» »
1ère Partie.
Marie-Ange se préparait. La boule serrée contre son ventre, une main dessous, les doigts glissés dans les trous, l'autre devant pour en porter le poids. Jambes jointes, légèrement penchée, elle se concentrait. Une seule quille, la quille du fond à droite, proche de la rigole.
Elle avait noué son grand tshirt sur sa hanche gauche pour ne pas être gênée en lançant la boule.
J'ai vu le sourire de Jonathan assis face à moi. Il m’a adressé un clin d'œil puis haussé les sourcils en pinçant les lèvres, en connivence, parce qu'il savait que j'avais surpris son sourire et son regard sur les fesses qui se contractaient sous le collant stretch qui la moulait, dessinait nettement les contours de la petite culotte qu'elle portait dessous.
Jacques s'impatientait, tapait du crayon sur la feuille de marque.
— Bon, tu joues ?
Marie-Ange s'est retournée, oeil noir.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Il est pressé, le comptable ?
Elle et mon mari ne se sont jamais très bien entendus.
Lui la trouve trop. Trop quoi? La liste serait longue. Trop tout. Il se montre poli, parce que c'est ma meilleure amie, ma seule amie à vrai dire, mais s'en tient à une politesse froide.
Il n'apprécie pas beaucoup plus d'ailleurs Jonathan, l'ami de Marie-Ange depuis deux ans.
Marie-Ange a lancé sa boule. Rigole.
— Ça va? Content ? Pas trop dur de faire le total ?
Les garçons sont partis renouveler les consommations. Marie-Ange fulminait :— Toujours aussi aimable, ton mec ! Il m'énerve ! Il m'énerve ! Je sais pas comment tu le supportes ! Et vous qui rigoliez ! C'est pour ça que je l'ai manquée cette quille ! Un qui me houspille et vous qui vous fichez de moi !
— On se moquait pas ! Pas vraiment ...
— Pas vraiment ! ça veut dire quoi ? Explique, j'aimerai rigoler moi aussi !
— Tu vas pas te fâcher ? T'es bien énervée, ce soir ...
— Bon, accouche !
— Avec ton truc moulant, on voit toutes les coutures de ta petite culotte.
— Ah d'accord ! Vous matez mes fesses et vous vous foutez de moi ! Elle se voit tant que ça ?
— Ben ... avec ce truc, tu devrais mettre un string, ou rien du tout !
— Et c'est toi qui dis ça ? J'y crois pas ! Enfin, tu sais que ça existe, c'est déjà ça ! Je vais l'enlever, vous rigolerez moins !
Elle s'est levée pour partir vers les toilettes.
— Attends-moi, j'y vais aussi !
— Tu vas enlever ta culotte ? Là, tu m'épates, Julie !
— T'es bête ! C'est toujours bon, demain ?
— Oui, je passerai te prendre chez toi. Pour une fois que tu t'achètes des fringues, je veux pas rater ça ! Et je veux surveiller, que tu prennes pas n'importe quoi !
A la sortie du bowling, Marie-Ange et Jonathan sont partis de leur côté, Jacques et moi sommes rentrés chez nous.
— Tu pars trois jours, c'est ça?
— Quatre. Je resterai un jour de plus après le colloque. Tant qu'à être à Paris, autant en profiter pour me balader ... les grands magasins, un musée ...
— Magasins ? Tu fais pas des courses demain ?
— Si, avec Marie-Ange, je voudrais m'acheter quelque chose pour la sortie cabaret le deuxième soir ... c'est juste pour me balader !
Le lendemain, j'avais déjà essayé deux ensembles et une robe, et je commençais à m'agacer quand Marie-Ange à ouvert le rideau de la cabine d'essayage.
J'étais en petits dessous et j'ai vite tiré la robe que je venais d’enlever devant moi.
— Eh ! ça va ! C'est que moi ! Je regarde pas, t'en fais pas ! ça va pas te tuer si je te vois en culotte, quand même !
— Bon ... qu'est-ce que tu veux?
— C'est celle-là ! J'ai trouvé ! Passe-la ! C'est exactement celle qu'il te faut !
— Ferme ce rideau ...
— Pfff, qu'est-ce que t'es coincée, quand même!
Jolie ! C'est vrai que cette petite robe en lamé était super. Un peu courte ... une bonne main au-dessus du genou, devant un joli drapé-foulard qui dégageait le cou, le même dans le dos ... profond, vraiment très profond !
— Alors, je peux voir maintenant ? ... Waouh ! Génial ! Mais tu devrais enlever ton soutien-gorge !
Moi ? Les seins nus ? Jamais ! Mais elle était vraiment belle, cette robe ...
Quelques semaines plus tard ...
Marie-Ange m'écoutait, écarquillait les yeux. Elle souriait aussi, se mordait la lèvre d'étonnement, les joues un peu rouges, les yeux brillants : — Eh bien ! Une histoire ... extraordinaire ! J'en ai la chair de poule ! Et en même temps, je me sens toute bizarre ...
Je la regardais poser sa tasse sur la table du salon. Sa main tremblait un peu. Toute bizarre ? Oui, elle était 'toute bizarre', et je me doutais de ce qu'elle éprouvait. Rien qu'en lui racontant, moi-même, je retrouvais les mêmes sensations physiques de ces quelques heures folles, vraiment folles ... et je regardais ses fesses pendant qu’elle posait sa tasse … sans honte !
Peut-on autant changer en si peu de temps ? J'y ai beaucoup pensé depuis mon retour de ce colloque à Paris, beaucoup réfléchi. Rien de ce que j'ai vécu ces quelques heures ne me ressemble. Rien. Ou plutôt ne ressemble à ce que j'étais, depuis toujours. Combien de fois Marie-Ange, depuis nos années fac me l'a répété : coincée ! Moi je disais ‘pudique’, peut-être trop !
J'étais ... Le plus étonnant est que je ne me sens coupable de rien ! Ni de ce qui c'est passé, ni du plaisir que j'y ai pris, ni du plaisir que je prends à m'en souvenir ... aucune culpabilité, vraiment ! Au contraire ... je me sens libérée, comme si l'horizon s'ouvrait devant moi, comme si je m'éveillais à la vie ! Depuis deux semaines, depuis mon retour de ce colloque, depuis cette rencontre 'extraordinaire'.
Marie-Ange avait trouvé le mot exact.
Pourquoi lui raconter ? C'est ma meilleure amie.
Jacques ... Jacques n'aurait rien compris, comme il n'a rien compris à mon désir, que j'exprime, dont je vois bien qu'il s'en inquiète. Hier soir il m'a repoussée, excédé ... et cet air qu'il avait ! entre peur et dégoût ... j'exagère à peine ! Que je veuille faire l'amour tous les jours était tellement loin de nos habitudes !
Marie-Ange me trouvait coincée ? Je m’aperçois maintenant que lui l’est tout autant !
A Marie-Ange, j'ai tout dit. Tout. Sans rien cacher.
— Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu ris ?
— Ta culotte ... t'as encore mis une culotte sous ton collant, comme l'autre jour au bowling ...
— Tu mates mes fesses ! J'y crois pas !
— Elles sont pas mal tes fesses ! Plutôt bien, même ! Mais elles seraient plus jolies sans ces marques de couture ! Fais-moi plaisir ... enlève-la ...
— Je te reconnais pas, c'est pas la Julie que je connais !
Elle était devant moi ... Les mains sur les hanches ... Un air de fausse colère sur le visage ... Sourcils froncés et lèvres pincées ... Les pommettes bien rouges, malgré tout ! Ce que je venais de lui raconter, bien sûr, l'écho de ce que ça réveillait en elle ? Et moi, moi, qui la provoquais ... Je l'avais toujours trouvée jolie, mais aujourd'hui je la regardais autrement ... à cause d'une autre ... si différente ... Mistigri, si frêle, si mince, et elle, tellement plus féminine ... Jamais, jamais avant depuis plus de dix ans que je la connaissais je ne l'avais regardée comme ça ...
Je me suis penchée vers elle, j'ai posé les mains sur ses hanches. Surprise ? C'est peu dire ! Elle, bien sûr ! et moi aussi ! Mon geste était totalement irréfléchi, sans réelle intention, et quand elle a fait un pas vers moi, qu'elle a posé ces mains sur mes épaules, je suis persuadée qu'elle non plus n'y a pas réfléchi un instant.
— Tu vas m'enlever ma culotte ?
Son sourire tremblait ...
Ce qui était arrivé, elle y avait eu sa part, une petite part : la robe qu'elle avait choisie pour moi.
A cause de cette robe ? Non, oui, un peu. Parce que j'étais loin de chez moi, parce que je me sentais femme, plus femme que depuis bien longtemps ... et bien sûr, lui ... à cause de lui, ou grâce à lui ! Lusor ...
A vous aussi je vais raconter ce qui m’est arrivé, vous comprendrez pourquoi je ne suis plus la même …
Paris, le troisième soir.
Il parlait, il parlait … je n’entendais que lui, sa voix sans les mots qui allaient avec, comme un bourdonnement qui masquait tous les bruits tous les sons toutes les conversations autour. Je n’entendais que sa voix.
Ecouter, pourtant je sais faire, c’est même un peu mon métier ! Psy ! comme la plupart des autres autour de la table, réunion festive de collègues pour la fin d’un colloque de trois jours à Paris, et puis lui qui parlait, parlait …
On me l’a présenté quand je suis arrivée dans le brouhaha de l’accueil, j’ai entendu « Spectacle – Olympia - Magie », ces mots et son allure m’interpelaient, bel homme, avec cet air d’autorité naturelle et d’empathie qui attire mon attention parfois, mon intérêt parfois.
Je tenais conversation avec mon voisin de table, mon voyage en Crète et sa croisière en méditerranée … mais je l’écoutais lui, dissociée comme cela m’arrive pendant une consultation.
Je perdais le fil des mots de mon voisin, comme prise dans une bulle où il n’y avait plus que moi, plus que lui et du flou tout autour, ses mains fortes et soignées, sa mâchoire volontaire et ses yeux attentifs, sa voix profonde. Il avait pris le relais de la conversation. Mon voisin s’était détourné, vantant les nuits en mer à sa voisine de droite, et lui, lui parlait, me regardait, m’observait, m’accaparait.
Mon regard égaré, peut-être, le feu à mes joues sans doute, étiraient ses lèvres d’un sourire esquissé.
— Les nuits au large sont extraordinaires … chaudes … propices aux émois …— … je n’en doute pas … … ces émois évoqués trouvaient écho en moi, envie de les vivre en ressenti immédiat et troublant, envie de la chaleur d’une nuit, offerte aux mains qui s’ouvraient sur la table en promesse de caresses, manipulaient un couteau, un verre, qui jetaient des éclats lumineux qui m'étourdissaient … c’est la conscience de mes tétons durcis sous ma robe légère, de la morsure des élastiques de ma culotte entre mes cuisses, qui un instant m’a sortie de ma torpeur.
Une première ? Pas vraiment. Il m’arrive d’être perturbée, distraite, troublée, excitée, de me sentir à l’étroit dans mes dessous, d’une pensée qui s’installe, d’un rêve éveillé, le corps imprégné du rêve avant la conscience.
Le corps imprégné ? Installée au milieu de mes confrères, dans ma jolie robe en lamé, c’est ma culotte qui s’imprégnait de l’idée de ses mains, ses mains sur moi, ses mains qui me libéreraient de la prison de dessous brusquement trop serrés.
Ces choses-là ne viennent pas en un instant de trouble. Il faut du temps. Depuis combien de temps ? combien de minutes, perdue, subjuguée, à rêver ? Autour de moi un brouillard de lumières et de bruit, aucune autre réalité que lui et la réaction de mon corps.
Je soutenais, captivée, le regard qui me brûlait, certaine qu’il lisait en moi et savait tout de mon émoi, des manifestations intimes qui me faisaient gigoter sur ma chaise.
Je voulais qu’il m’emmène dans ces nuits chaudes en mer … ces chaleurs propices … je voulais …
Légère ? Mais non ! Pas du tout ! Pourtant, là, d’un mot de lui … me soulever de ma chaise et faire glisser sur mes fesses et mes cuisses la maille fine qui m’emprisonnait, elle était rouge ce soir-là, me pencher au-dessus de la table et la poser sur la main tendue, le petit gousset assombri de mon désir exposé en témoignage … d’où me venait cette idée incongrue, folle ?
Légère parfois ? Rarement, et surtout pas avec un inconnu, pas attablée au milieu de mes pairs ! Honnêtement ? Légère avec personne ...
L’inconfort et la gêne, l’impudeur du geste imaginé, m’ont fait baisser les yeux ; échapper un instant à son emprise ? Je ne sais pas, je ne sais plus, réalité ou encore le rêve … en échappant à son regard j’ai vu ses mains bouger, s’ouvrir, saisir au milieu de la table le petit carré rouge d’une serviette de papier, le porter à son nez en me regardant sourcil arqué, comme il l’aurait fait de …
Tous partaient. Je suis allée me repoudrer le nez … expression consacrée. J’ai rangé la fine maille rouge source de trop d’inconfort tout au fond de ma pochette, avec mon porte-carte et mon poudrier.
Une première pour moi. Inconcevable dans mon état normal ! Déjà la veille au cabaret, et ce soir encore, je m’étais fait violence : je ne portais pas de soutien-gorge sous ma robe ! Mais me promener les fesses nues ? sans culotte ! Folie !
Il était accoudé à l’acajou du bar, aérait lentement un cognac ambré au creux d’une main.
Il me tendait le verre, prenait ma pochette et la posait derrière lui sur le comptoir, effleurait mon bras qui saisissait le verre. Ses yeux. Je ne voyais que ses yeux, n’était consciente que de la chaleur de sa main sur mon bras, électrique, de sa voix qui m’invitait à prendre le verre où lentement le liquide ambré tournait et captait les lumières du bar par éclairs.
— Vous ne portez plus votre bracelet.
Entendre est une chose, comprendre une autre.
Mon bracelet ? J’ai baissé les yeux, échappant à son regard, posé le verre sur le comptoir pour chercher à mon bras de ma main libre.
Je me souvenais, magie.
Il plongeait la main dans la poche de sa veste, me tendait mon porte-cartes, sérieux devant mon air ébahi en le reconnaissant, sérieux en me voyant plisser les yeux et mes joues se colorer au souvenir de ma pochette, amusé en plongeant encore sa main dans sa poche.
Son poing fermé s’est ouvert.
— Un bien bel écrin …
De l’autre main lentement il dépliait la fine maille rouge de ma culotte pour libérer mon bracelet.
Il l’a refermé sur mon poignet.
Il me tendait à nouveau le verre de Cognac, je fixais la culotte dans sa main … — Vous feriez une excellente partenaire.
Partenaire ? Quelle drôle de façon de dire les choses !
— Partenaire ?
— Vous êtes-vous déjà produite sur une scène ? Les projecteurs, la musique, je suis sûr que vous aimeriez. Voulez-vous m’accompagner ?
Une scène ? mais que faire sur … non ! Et toujours il froissait entre ses doigts ma petite culotte, caressait du pouce le gousset de coton qui portait mon parfum de femme … Me ressaisir !
— Je ne comprends pas …— La scène, le public, vous méritez un public.
Le Cognac m’a brûlé la gorge.
— Demain, acceptez, vous monterez sur scène avec moi, je vois en vous de belles dispositions, vous êtes réceptive. Acceptez ! Ce sera une expérience inoubliable !
Sa voix m’enveloppait, grave et sourde, et les images venaient … sur une scène, le public silencieux, concentré sur moi sous les projecteurs, à sa merci … Partenaire … Les images qui envahissait mon esprit, association d’idée entre « partenaire, scène, public » étaient pour le moins perturbantes !
Il tenait mon bras dans la rue en attendant mon taxi, rangeait la serviette de papier crépon où j’avais noté mon numéro de portable, il passerait me prendre avait-il dit adossé à sa voiture, une mini-moke dont il caressait la capote de toile rouge, me tendait ma culotte si bien assortie …— Quelle harmonie, n’est-ce pas ? Croyez-vous au hasard ?
Dans le taxi ses yeux étaient toujours là, sa voix m’accompagnait.
Je m’étais attendue à ce qu’il me raccompagne, qu’il m’emmène, effrayée et … consentante ? Je crois je l’aurais suivi, incapable de lui résister, privée de libre arbitre.
Arrivée à l’hôtel où je logeais pendant le colloque, cette passivité, cette quasi soumission à un désir brut m’effrayait.
J’ai fait des rêves étranges, une nuit agitée, j’ai revécue maintes fois la soirée, troublée aux larmes de ne pas comprendre ce qui m’était arrivé.
— Allo ? Dis-moi, le type, hier soir, à côté de toi, c’était qui ?
— Un artiste, pourquoi ? Magicien, hypnotiseur, il se produit à l’Olympia, je crois.
… Hypnotiseur … un collègue a essayé, une fois, ça n’a pas marché. Tout le monde n’est pas … pas moi, il me l’avait assuré ! Pourtant, comment expliquer, sinon ! Cet illusionniste ? Une compétence que la faculté ne saurait exercer ? Impossible. Il y avait autre chose, quelque chose chez moi qui dérapait.
J’ai appelé Jacques le lendemain, en début d’après-midi, pour prendre de ses nouvelles et donner des miennes, confirmer que je prolongeais d’un jour mon séjour à Paris, pour faire quelques courses et me promener, les Grands magasins, le musée d’Orsay peut-être. De mon trouble et de ma soirée je n’ai rien dit, rien dit non plus de la réservation que j’avais faite dès le matin pour le spectacle du soir à l’Olympia.
Une nuit horrible, le matin ensuite, passés à analyser, à tenter de rationnaliser ce qui c’était passé la veille.
… il était bel homme, avait du charme, un petit fantasme bien naturel avait déclenché la manifestation de mon désir, fantasme de l’inconnu, parce que j’étais loin de chez moi, sans repère, j’avais rêvé éveillée, voilà tout.
… au comptoir ? un simple tour de passe-passe.
Quelle bêtise d’avoir enlevé ma culotte ! Il a dû être le premier surpris de la trouver là en fouillant ma pochette pour m’épater ! Goujat de sa part, d’ailleurs, de s’en être servi pour envelopper le bracelet enlevé de mon bras !
… hypnotisée ? Mais non ! Mon imagination ! On ne peut pas forcer quelqu’un à agir à l’encontre de ce qu’il est !
Moi, en plein repas avec des collègues enlever mes dessous et les lui donner ? Jamais je ne ferais une chose pareille, voyons ! Cette serviette rouge comme mes dessous dans sa main ensuite ? J’avais dû la rêver. Lire dans mes pensées ? Impossible ! Ces choses-là n’existent pas.
… mon subconscient me joue des tours, voilà tout. C’est vrai qu’avec Jacques, ces derniers temps, tout ne va pas au mieux. Je compense. Croit-il m’appâter ce saltimbanque pickpocket avec cette histoire de scène à partager ? Il me connaît bien mal !
… bon, quand même, si hier soir il m’avait proposé de le suivre … je ne sais pas. Cet homme a du charme, c’est certain, un charme particulier, troublant, mais tout de même ! Me ressaisir ! Je dois me ressaisir.
… en rentrant à l’hôtel, seule, j’étais presque vexée. Parce qu’il ne m’a pas invitée à le suivre ? orgueil stupide ! Inconsciemment, je voulais le séduire et il se jouait de moi, jouait avec moi avec ses tours de passe-passe. Ce n’est pas d’une promesse de scène que je voulais, mais qu’il me prenne dans ses bras, qu’il succombe à mon charme, j’étais vexée d’un rejet ... moi ! m'offrir ainsi à un inconnu ! Si loin de ce que je suis !
… et toute la nuit j’étais assaillie de rêves lubriques ! Victime consentante, moi, de ce type prétentieux ! Quelle bêtise !
J'avais demandé au desk de me réserver une place à l'Olympia. Je le verrai sur scène. Saltimbanque à faire ses tours de passe-passe. Et toutes les idées stupides que j’avais en tête disparaîtraient, c’est certain.
Il avait mon numéro de portable. Il a appelé dans l’après-midi, ce devait être lui, un numéro inconnu affiché sur mon écran. Je n’ai pas répondu. Moi sur scène ? Pour me faire dépouiller d’une montre, d’un bracelet, mais il rêve ! Il en trouvera une autre à ridiculiser !
Rentrée tôt l’après-midi tout exprès pour me préparer, j’ai pris un bain, j’ai rafraîchi mes jambes, le maillot aussi pour le petit slip blanc qui allait bien à mon bronzage d’été que je porterai sous ma robe en lamé, la même que j'avais porté la veille, sans doute trop habillée pour cette soirée mais tant pis, bien sûr pas de soutien-gorge avec le profond dos nu de la robe, un peu courte peut-être, mais qui avait bien plu à mes collègues masculins.
Mon collier de perle, un bracelet, mes ongles peints et un maquillage léger, mes escarpins blancs, un grand châle, suffisant pour une soirée de fin d’été, le miroir était rassurant.
J'ai traîné dehors avant d'entrer, hésitante, me trouvant stupide du nœud dans ma gorge et de mon ventre serré qui me retenait de me mêler à la queue des spectateurs. Très souvent je levais les yeux sur les lettres lumineuses rouges sur la façade "Maître LUSOR", en plus petit dessous "et l'espiègle Mistigri".
L'heure de la représentation approchait, je suis finalement entrée, me laissant guider jusqu’à ma place sous le regard curieux de mes voisins juste avant que les lumières de la salle ne s'éteignent. Ma courte robe en lamé était un peu déplacée ici.
J’étais tout au bout du second rang, au balcon, légèrement à gauche de la scène. Je dois reconnaître que j’étais rassurée en m’installant de me savoir perdue dans la foule et le noir, loin de l’attention de celui qui allait se produire et dont la proximité m’inquiétait malgré tout, peur irrationnelle, pendant que le rideau s'ouvrait.
Lui en costume sombre, grand, imposant, silencieux, parcourait la salle des yeux en s'approchant à pas lents, bras ouverts comme pour envelopper les spectateurs. Quelques pas derrière lui, Mistigri sans doute, une jeune-fille aux cheveux tirés en chignon, yeux sombres et pommettes rouges, dévêtue d'un maillot d'argent échancré très haut montant étroit sur le ventre ne s'évasant que pour couvrir une absence de seins, qui souriait en grand et dansait en installant quelques accessoires.
Au début, magie et manipulations, des foulards et des colombes apparaissaient, des spectateurs invités à le rejoindre sur scène par une Mistigri virevoltante qui se faufilait entre les rangs pour choisir des hommes dans le public, que bientôt Lusor délestait de leurs montres, cartes de crédit, à l’un d’eux il a même enlevé sa cravate puis ses bretelles.
Moi je ne regardais que lui, peu intéressé par ces tours que je n’ai jamais beaucoup appréciés, et même un peu mal à l’aise en voyant des spectateurs transformés en victime pour les rires de la salle, leur attention détournée de gestes, de contacts, des questions qu’il leur posait.
Sa voix, sa voix comme le premier soir, éveillait en moi des échos profonds, une vibration continue comme un acouphène, m’isolant de l’ambiance et du lieu, et à chacun des foulards rouges qu’il faisait apparaître, qu’il froissait dans sa main en parcourant des yeux le public, je le revoyais face à moi la veille me tendant la culotte souillée de désir qu’il avait sortie de mon sac et qu’il me tendait, je me recroquevillais dans mon fauteuil, persuadée que c’était moi qu’il cherchait des yeux.
Au milieu de la scène il a enfermé son assistante derrière un rideau noir, l’ouvrait le fermait, en faisait le tour, Mistigri agitait la main au-dessus du rideau pour bien montrer qu’elle était là, et brusquement un éclair, une fumée, il ouvrait le rideau, cris de stupeur et applaudissements en le voyant prendre en main la laisse du guépard qui remplaçait Mistigri derrière le rideau.
Les spots de poursuite se sont affolés, balayant le public, puis se sont tous éteints, et un seul, blanc, très lumineux, en partant de la scène cherchait dans le public, remontait les allées, s’infiltrait dans une rangée, suivait le trajet que Lusor montrait d’un bras tendu.
Je savais. Je me suis mise à trembler. Dès cet instant j’étais certaine que le spot me trouverait, moi.
La poursuite a balayé le balcon, lentement a suivi la rangée dont j’occupais l’extrémité, s'est éteint, noir complet une fraction de seconde, rallumé violent aussitôt.
Moi. En pleine lumière, moi mais pas seulement. A côté de moi, écartant d’un coup la grande cape noire qui l’enveloppait, Mistigri, un bras levé ouvrant sa cape, l’autre étirant la cape sur mon épaule pour m’inclure dans la lumière, debout dans l’allée à côté de moi, un genou posé sur l’accoudoir de mon fauteuil.
Le noir. Le noir en moi. Le noir de la salle. Un noir percé des deux yeux immenses fixés sur moi depuis la scène. La musique forte présente depuis le début du spectacle devenue assourdie, lointaine, et dans ce blanc sonore sa voix « … vous méritez un public … ».
Je me souviens …De la main qui tenait la mienne, me tirait à sa suite pendant que sur scène un appariteur tirait une grosse malle, de lui, seul, dans un halo de lumière rouge.
De la course dans un couloir et de la petite main cramponnée à la mienne qui me tirait à sa suite, des exhortations à la suivre « Vite, vite, cours ».
D’une cabine et d’un ascenseur si rapide que j’ai eu un haut le cœur et des mains qui soulevaient ma robe au-dessus de ma tête, de la course encore, sous la scène : « Vite, vite, mets ça » .
Du slip à paillettes qu’elle enfilait sur mes jambes et de ses mains fraîches qui l’ajustaient sur mes hanches, de ses doigts frais qui repoussaient ma culotte sous les paillettes sur mes fesses et entre mes jambes. Affolée, perdue, noyée, je ne protestais pas, me laissais bousculer, affolée.
D’une trappe et d’un frôlement contre ma jambe, le guépard, d’une main qui appuyait sur ma tête, d’un corps pressé contre le mien, Mistrigri et moi recroquevillées enlacées.
De la main qui brusquement dans un éblouissement de lumière m’aidait à me relever, la levait très haut, un fracas de musique et des applaudissements, du trou noir devant moi, un voile devant mes yeux.
Du bras de Mistigri qui protégeait mes seins nus et des rires et des applaudissements qui crépitaient.
Et du noir au milieu des spots inondant la scène.
Et du silence au milieu du tonnerre de la salle.
De sa voix, à lui, qui comme Mistigri me tenait un bras levé pour saluer, sa voix qui résonnait et bourdonnait, paroles sans aucun sens qui m’enveloppaient, du contact froid du bras qui couvrait mes seins nus.
Le noir et le rideau fermé, la course dans les coulisses.
Pourquoi je me laissais faire ? Peut-on vraiment imposer ça à quelqu’un ? Je n’ai aucune réponse ! Des flashes. Pas de vrai souvenir d’une continuité d’évènements. Un sentiment d’inéluctable. Un bourdonnement continu.
Je me souviens de la loge et du paravent dans un angle, de Mistigri qui se changeait à côté de moi dans l’espace étroit, si frêle, nue, de son corps pâle et de l’absence de seins ou presque, deux petits boutons roses à peine gonflés, de son étonnante toison brune et épaisse, du juste-au-corps qu’elle enfilait, de ses mains qui m’enlevaient le slip à paillettes et m'aidaient à enfiler ma robe.
Je me souviens … non, je me souviens pas très bien, en fait.
Je sais qu’il était là, qu’il me parlait en me tenant aux épaules. Ses yeux. Fixes et immenses. Sa voix profonde et … tout est si flou …
Je sais que je suis retournée sur la scène. Je sais.
"Et voilà pour la 1ère partie !
Bientôt, bientôt elle retournera sur scène ! Vous serez là ?"
Misa - 04/2015
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