Hypnose ? Pas moi !

- Par l'auteur HDS Misa -
Récit érotique écrit par Misa [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Récit libertin : Hypnose ? Pas moi ! Histoire érotique Publiée sur HDS le 14-04-2015 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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Hypnose ? Pas moi !
""Vous vous souvenez de Julie? Elle s'est retrouvée sur la scène de l'Olympia les seins à l'air ! Si si, je vous jure ! Et ça ne lui ressemble pas du tout ! Mais voilà, c'était sans compter avec Lusor ... un drôle de type, ce Lusor ...""
2ème partie.
Je me souviens de la loge et du paravent dans un angle, de Mistigri qui se changeait à côté de moi dans l’espace étroit, si frêle, nue, de son corps pâle et de l’absence de seins ou presque, deux petits boutons roses à peine gonflés, de son étonnante toison brune et épaisse, du juste-au-corps qu’elle enfilait, de ses mains qui m’enlevaient le slip à paillettes et m'aidaient à enfiler ma robe.
Je me souviens … non, je me souviens pas très bien, en fait.
Je sais qu’il était là, qu’il me parlait en me tenant aux épaules. Ses yeux. Fixes et immenses. Sa voix profonde et … tout est si flou …
Je sais que je suis retournée sur la scène. Je sais.

Un brouillard, de sons, de lumière, et sa voix.
Quelques flashes encore, des images, isolées. Comme des photos que j’aurais vues. Sans continuité, sans le temps écoulé, sans le ressenti, sans l’émotion d’une chose vécue.
Lui, ses yeux fixés aux miens et ses mains. La chaleur douce et le vide autour.

Mistigri qui me faisait virevolter pour une danse et ma robe qui tournait.
Une cabine, et mes bras passés à l'extérieur dans des trous sur les côtés, les colombes que Mistigri posait sur mes mains.
La porte qui se refermait sur moi, enfermée, le noir, la cabine qui tournait sur elle-même, tournait, tournait, le pincement sur mes doigts des petites pattes des colombes disparu, et la cabine tournait, cette sensation là en plus des images, un vertige, des frôlements.

Mistigri … ma robe … Mistigri qui porte ma robe … Ma robe ? Sur elle ?

La cabine s'est ouverte dans mon dos, Mistigri, face à moi, me souriait, se décalait et saluait, jetait une cape noire sur mes épaules avant que je ne me retourne face à la multitude, la salle et son tumulte, en pleine lumière.

Des gens, des inconnus, une foule, debout, qui criaient, applaudissaient.

Après … après j’étais dans la loge, enveloppée de la grande cape noire, lui, devant moi, me tenait les mains ... « Réveillez-vous ».
Des picotements partout sur le corps, une sensation de froid, de perte, d’abandon.
Il a relâché mes mains, il riait : « Vous méritiez un public. ».
Il s’est écarté, m’a laissée face au miroir entouré de petites ampoules qui me faisaient cligner des yeux.
Dans mon dos je l’ai vu quitter la loge et refermer la porte derrière lui.

— Il ne reviendra pas, vous savez ! Il ne reste jamais.
Mistigri a soulevé la robe, ma robe volée, au-dessus de ses épaules en bousculant son chignon qui s’est défait et l’a posée devant moi sur la table de maquillage.
Je l’ai regardée faire glisser son juste-au-corps de ses épaules à ses hanches, dévoiler, je me souvenais de ça, l’avoir déjà vue ainsi, son torse plat et son ventre creusé, sa toison noire étonnante sur son corps androgyne.
Elle a tendu la main et pris au-dessus du paravent la petite culotte blanche qui était là, ma culotte ? l’a posée sur ma robe et a détaché la cape de sur mes épaules.

J’étais nue.

Je me suis mise à trembler.
Des flashes, comme des photos, un brouhaha, lointain … la porte de la cabine ouverte dans mon dos … des cris, des rires, des sifflets … la cape posée sur mes épaules … les cris, les rires, les sifflets …
— On ne se souvient jamais vraiment, pas de tout, il m’a expliqué. Il a essayé avec moi, mais ça ne marche pas.
— Avec moi non plus …
Elle riait aux éclats. Sa joue contre mon dos et ses bras autour de ma taille, je sentais les tressauts du rire qui la secouait, son corps serré contre moi.
Elle riait et de grosses larmes glissaient sur mes joues. ... « Vous méritez un public ».

— Oh non, ne pleurez pas, voyons … c’était magnifique … vous étiez si belle … Ne pleurez pas ! Vous verrez, d’ici quelques heures, ça ira mieux. C’est le contrecoup, ce n’est rien … Vous allez avoir l’impression de flotter, d’être un peu perdue, au début, mais ça passe, je vous assure … je vais rester avec vous, vous verrez, dans quelques heures il n’y paraîtra plus, croyez-moi !

Elle m’a aidée à me rhabiller. Je me sentais toute molle, amorphe, des images revenaient, je prenais conscience que j’avais été nue sur scène, et chaque fois les larmes coulaient. Des phases de honte profonde, des phases d’euphorie et de chaleur, des phases de désir brutal qui me tordait le ventre et ajoutaient à ma honte aussitôt.

Mistigri riait :— Ne vous en faites pas, c’est normal. Ça va passer.
Elle riait en m’enfilant ma culotte et en l’étirant sur mes fesses, en l’étirant aussi dans l’aine de ses doigts glissés sous les élastiques, elle riait et ses mains se faisaient douces.
Elle m’a aidé à remettre ma robe et a posé mon châle sur mes épaules, m’a recoiffée ensuite.
Elle ne s’est enfin rhabillée elle-même que quand j’ai été prête, d'un collant opaque et d'une jupe bouffante, un pull de laine, elle riait encore en me voyant suivre le moindre de ses gestes.

Si Mistigri était méconnaissable, moi je ne l’étais pas. Au bistrot de nuit où elle m’a entraînée, j’ai dû signer quelques autographes à ceux des spectateurs qui dînaient après le spectacle, écouter leurs compliments et subir leurs regards, tous persuadés que je faisais partie du spectacle.
Encore la honte … et aussi, aussi, un stupide sentiment de fierté, et quelques bouffées de chaleur encore.

— Tous ces gens m’ont vue nue, n’est-ce pas ?
Elle pressait mes doigts sur la table et haussait les épaules. Elle riait :— Ils ont entr’aperçu tes seins quand on est sorties de la malle, deux secondes à peine, je te cachais ensuite, et quand il a ouvert la cabine ils t’ont vue de dos, c’est tout, deux secondes … peut-être un peu plus, je me suis embrouillée avec la cape, elle était coincée sous un pied de la table.
Je voyais les regards des dîneurs qui souvent se posaient sur nous, les sourires. Le rouge me montait aux joues, le rouge de la honte, le rouge de l’excitation aussi à ma grande honte. Comme la veille au cours du repas, je me tortillais sur ma chaise pour apaiser le feu de mon ventre et la gêne à le sentir s’imprégner de désir.
Et Mistigri riait en me regardant :— Ça le fait toujours, t’en fais pas ! Il peut pas s’empêcher … il dit que c’est sa marque … — Il a disparu.
— Il disparaît toujours après le spectacle.
— Il … il fait ce … ce genre de choses souvent ?
— Non. Pas très souvent. Parfois ça ne marche pas. On a des variantes au spectacle. Et … tu es vraiment à part ! C’est rare, tu sais !
— J’étais persuadée que ça ne marchait pas sur moi !

Elle a glissé son bras sous le mien en sortant du taxi et attendait sagement derrière moi quand je prenais ma clé à l'accueil de l'hôtel.
Je ne savais pas trop quelle contenance prendre. J’étais contente qu’elle m’ait raccompagnée mais je ne m’attendais pas à ce qu’elle me suive jusque dans ma chambre.
Je m’étais assise au pied de mon lit pour enlever mes chaussures, elle s’est placée face à moi.
Elle a enlevé son pull … les petits boutons roses pâles de ses seins … elle a enlevé sa jupe et ses mocassins … son sexe en saillie sous le collant opaque remonté jusqu’à son nombril sur ses hanches à peine marquées … — Attends … attends … je … non ! Ne fais pas ça, voyons … je ne … Elle me souriait, s’est agenouillée devant moi, caressait ma joue d’une main, de l’autre l’index pointé elle remontait de mon genou à l’ourlet de ma robe, déviait vers le lit et prenait ma main dans la sienne pour la poser sur mes jambes, tournait mon alliance entre ses doigts :— Tu es mariée. Tu es fidèle à ton mari. Je suis une femme … enfin presque ! Et tu n’aimes pas les femmes. Tu veux être seule, te déshabiller, peut-être prendre une douche et te coucher. Tu vas penser à ce qui s’est passé ce soir, et sous les draps, tu vas pleurer, tu vas te caresser pour calmer ton désir. Tu lui aurais cédé, tu le sais, n’est-ce pas ? Et il n’est pas là, mais il a laissé sa marque sur toi, il le fait toujours. Il n’y a que moi, qui ressemble à peine à une fille. C’est un drôle de soir.

Elle avait abandonné ma main sur mes jambes, me caressait la joue, et frottait mes sourcils du pouce, suivait mes lèvres d’un doigt. Elle poussait l’autre main entre mes genoux serrés. Elle me souriait, le visage penché sur une épaule :— Je sais l’effet qu’il fait et que ça dure. Je ne suis pas là pour en profiter. Juste parce que j’en ai envie. Un drôle de soir.
— Je ne sais même pas comment tu t’appelles …Même à mes propres oreilles, ces quelques mots ne sonnaient pas comme une protestation ou un refus, déjà presque un renoncement.
— Mistigri … je suis Mistigri.
Elle a rampé sur ses genoux pour s’approcher plus près de moi, tenait mon visage entre ses deux mains pour l’attirer vers elle, s’appuyait de son front à mon front.
Ses mains sur mes épaules et sur mes bras, mes mains dans le siennes sur mes genoux, elle bousculait mes jambes pour s’approcher encore plus près, elle s’insinuait entre mes genoux.
— Arrête, voyons … s’il te plaît …Un drôle de soir, c’était vrai, déjà j’envisageais de céder, de laisser faire, pour beaucoup de mauvaises raisons, pour ne pas la vexer en la repoussant, parce qu’il m’avait pour un temps privé de volonté ou de libre arbitre, un effet secondaire de la soirée dont elle avait dit que ces effets persisteraient.
J’y ai beaucoup repensé, sans cette fois me mentir à moi-même. En fait ce soir-là, effet secondaire ou pas, peu importe, j’étais dans un état d’excitation physique plutôt perturbant, et elle avait raison, je me serais sans doute masturbée.

A aucun moment, je m’en souviens, je n’ai pensé que moi je la toucherais de quelque manière que ce soit, j’étais curieuse de cet amour au féminin et du plaisir que peut-être j’en aurais et dont je doutais qu’il calme mon désir, qui ne venait pas d’elle, mais d’une manipulation de celui qui l’avait artificiellement provoqué.

Avec un soupir j’ai cédé aux genoux et aux hanches qui pressaient pour s’insinuer entre mes jambes. J’ai détourné la tête quand elle a voulu m’embrasser.
Elle riait, me provoquait du regard en plongeant sa main très lentement sous ma robe, caressait ma cuisse et empaumait mon sexe, riait encore en sentant la chaleur humide sous ses doigts, en me sentant m’offrir à sa main d’une bascule des hanches vers sa main. Elle a attiré mes lèvres vers sa bouche une deuxième fois de sa main dans mon cou, ne m’a pas laissée m’échapper cette fois.
Elle caressait mes lèvres des siennes tout doucement, les effleurait à peine. Sa main entre mes jambes ouvertes autour de ses hanches s’est écartée, et elle ne me touchait plus que d’un ongle qu’elle faisait crisser sur la maille de nylon de ma culotte.
Ces deux effleurements conjugués me faisaient tourner la tête, étaient bien insuffisants à assouvir mon désir.
Sa main a quitté mon cou sans que je m’écarte de sa bouche, a glissé le long de mon bras. Elle a pris ma main pour l’attirer entre nous jusque sur son ventre et son collant, l’a plaquée sur son ventre dont la vue dans la loge m’avait surprise, une proéminence des os du pubis quasiment indécente sur son ventre creusé couvert d’une luxuriante toison noire dont je m’étais étonnée que sa tenue de scène minimaliste n’en laisse rien deviner.

Je n’ai pas cherché à retirer ma main, au contraire, curieuse de sentir sous mes doigts un autre sexe de femme que le mien, et si différent du mien, une chose que je n’avais jamais faite, ni même seulement envisagée. J’en prenais timidement les contours sans trop oser, et je ne me suis enhardie qu’en sentant entre mes jambes sa main reproduire mes moindres gestes sur moi, s’interrompant quand je m’interrompais, suivant le sillon d’un doigt pressé sur la fente de mon sexe quand j’expérimentais ma découverte du sien.

J’ai habituellement des désirs calmes. Et si ce soir-là j’avoue qu’après une telle soirée je me serais sans doute caressée, ce n'est pas une chose qui m’arrive fréquemment, même si parfois, faire l'amour avec Jacques ne suffit pas à m'apaiser. C’est ainsi. Une libido calme ?
Aujourd'hui je dirais autrement ... je ne dirais plus "désirs calmes", mais désirs retenus, désirs refoulés, parce que je n'ai pas pu changer à ce point-là. C'était là, très certainement, refoulé. Lusor ... juste un interrupteur basculé.
Le désir brutal de la veille, celui que je ressentais à cet instant, était violent, à tel point que par éclairs fugitifs je me sentais frustrée de n’avoir qu’une fille pour le satisfaire.
Peut-être m’a-t-elle trouvée brutale, elle n’a pas protesté quand je lui montrais sur elle ce que je voulais pour moi, et le baiser que j’avais refusé peu avant, le baiser échangé pendant que je déformais son collant de mes doigts pour une caresse violente venait de moi et pas d’elle.

Elle s’est échappée, s’est redressée et m’a faite me lever du pied du lit en me tirant d’une main. Je tremblais de désir et de frustration. Elle a enlevé son collant en se tenant à moi, et m’a déshabillée ensuite, passant ma robe au-dessus de ma tête.
Elle me tenait la main pour faire le tour du lit, et m’allonger.
J’ai posé les mains sur la taille de ma culotte pour l’enlever, mais elle m’a retenue de ses mains. Elle me souriait en s’agenouillant sur le lit et en se penchant vers moi pour un baiser sur mes lèvres, des baisers ensuite, partout sur mon corps, mon cou et mes seins, mon ventre et mes jambes.

J’ai trente-quatre ans. Mon mari a été mon premier amant, était toujours mon seul amant jusqu’à ce jour. Comme tout le monde sans doute, j’ai des fantasmes, des envies, parfois des besoins auxquels je cède, que je satisfais, orgasmes de solitude que le sexe avec lui ne m’apporte pas, sans que cela ait une si grande importance pour moi et que je n’exprime d’autre exigence.
Vous l’aurez compris, ce jour a changé beaucoup de choses dans ma vie.
Jamais encore Jacques n’avait eu ni la patience ni la douceur pour éveiller en moi un tel désir, et à vrai dire je n’avais jamais attendu cela de lui.
Je ne lui ai rien dit, pas encore, et je ne sais pas si je le lui dirai. Mais je sais aujourd’hui que nous avons le sexe triste et pauvre ! Je sais que ça ne me satisfait plus.

Mistigri ! Le seul nom sous lequel je la connaisse, le seul qu'elle m'ait donné. Ce soir-là, cette nuit-là, Mistigri m'a donné plus de plaisir que je n'en avais jamais eu avant de mon mari ou de moi. Parce que c'était inattendu, que Lusor le premier, elle ensuite, avait bousculé toutes les barrières, tous les interdits, effacés toutes mes certitudes. D'abord par l’état second dans lequel il m'avait plongée le premier soir, puis en me faisant vivre l'un de mes pires cauchemars : moi la pudique, me faire m'exhiber nue sur une scène en public ! Et maintenant elle, une femme, qui dans ma chambre d'hôtel faisait glisser sur mes jambes ma culotte et noyait sa bouche au creux de mes cuisses, la noyait littéralement, cette caresse que bien sûr je connaissais, mais que jamais Jacques n'avait ou osé ou eu l'envie de m'offrir.

J'étais une autre ce soir-là, une autre que moi-même, uniquement centrée sur le plaisir de sa langue sur mon sexe, de ses doigts dans mon vagin. Une autre et moi. Une moi nouvelle même si je ne le savais pas, toute au plaisir qui montait de sa bouche et ses mains.
Dans les rares moments de lucidité, je me justifiais en pensant "C'est lui, c'est lui qui m'as fait ça, a fait voler en éclat mes inhibitions".
Et bien vite j'oubliais, parce qu'un orgasme me faisait trembler et m'arquer sur le lit. Un orgasme ? Oh non ! 'Des' orgasmes ! Qui me privaient de souffle et affolaient mon cœur qui cognait dans ma poitrine.
En une nuit j'ai joui plus souvent que je ne me souviens d'avoir joui ces dernières années. J'exagère peut-être ... mais jamais je n'avais connu une telle exultation du corps.

Mistigri, au-delà du tout début où elle avait attiré ma main sur elle, ne m'a rien demandé, rien imposé pour elle. Elle me caressait, me cajolait dans ses bras, riait des battements si fort de mon cœur contre sa joue sur mes seins, me berçait et me caressait encore, m'entraînant vers un nouvel orgasme presque jusqu'à la douleur.

C'est moi qui au milieu de la nuit, parce que sans doute la chambre était plongée dans un noir qui me rassurait, ai posé la main sur elle, curiosité un peu, envie, envie de lui donner, moi, le plaisir qu'elle m'avait donné, envie de son sexe de fille sous mes doigts, ma bouche sur ses tétons de garçon, fierté ensuite du plaisir que j'avais su lui donner.
Elle riait en me serrant dans ses bras, elle riait et c'était des larmes que je sentais sur ses joues quand je l'embrassais.
Plus tard encore dans la nuit, elle m'a réveillée de caresses.

Je me suis réveillée seule, réveillée par le froid, réveillée par le manque, l'absence.
Mistigri avait disparue comme un rêve passé, un rêve qui me laissait le ventre et les seins douloureux, en larme dans mon lit froid.

J'ai trente-quatre ans. Je suis une autre. 36 heures de ma vie ont changé ma vie.

Je n'y pensais pas ce matin-là. Je le dis aujourd'hui. Des semaines ont passé. Des semaines à revivre les évènements de ces heures, à essayer de comprendre, à ne pas comprendre vraiment ce qui est arrivé, quelques semaines pour savoir que j'avais changé, que ces heures folles m'avaient changée.
Jacques. J'ai essayé. Essayé de lui parler, de lui dire, je n'ai pas su. Essayé d'être différente avec lui. Il n'a pas compris. Rien compris. Honnêtement, comment aurait-il pu ! Je le sais bien. Je crois même que mes nouvelles envies lui font peur.


A Marie-Ange j'ai tout dit, tout raconté. C'est ma meilleure amie. A qui me confier si ce n'est à ma meilleure amie ?
Tout à la fin, à la fin j'ai vu son trouble. Ce n'était pas du tout le genre de discussion que nous avions d'habitude. Elle, parfois, me parlait de ses petits amis, de ses amours, parfois exagérait exprès, pour me choquer, me bousculer.
Et cet après-midi, c'est moi, ce que moi je lui ai dit de moi qui la trouble.
Et jamais jusqu'à ce jour, je ne l'ai regardée comme je la regarde maintenant. D'ailleurs je n'ai jamais regardé avant une fille, une femme, comme elle en ce moment.
Mistigri ...
Ce que m'a fait Lusor, reste ambigu, incertain, je ne le comprends pas très bien.
Ce que j'ai vécu avec Mistigri, c'est réel. De vrais souvenirs, de vraies images, de vraies sensations.

A la fin, quand je finissais mon histoire, je voyais Marie-Ange gigoter sur le canapé, changer souvent de position, ses lèvres trembler et son regard se voiler, je savais les efforts qu'elle faisait pour un commentaire amusant, pour faire un peu retomber la tension. Je reconnaissais chez elle toutes les réactions du désir, de l'inconfort que j'éprouve quand mon corps réagi à l'excitation.
Cette histoire de culotte, dont les marques étaient visibles sous son collant, c'était plus fort que moi. Inconscient ? Conscient ? Quelle importance !
Et c'est vrai qu'elle est jolie et bien faite. Pour ce que j'en sais. Des années plus tôt, sur la plage, en maillot de bain ... Jacques était déjà là, son copain de l'époque, tout les deux fiers parce qu'ils étaient au bras des "plus belles de la plage", c'est ce qu'ils disaient.

Mes mains sur ses hanches, ses mains sur mes épaules ...
— Tu vas m'enlever ma culotte ?
Son sourire tremblait ... sa voix aussi ... et ses mains ...

— Marie-Ange ... c'est un peu ... enfin ...
Elle s'est agenouillée devant moi, a pris mes mains dans les siennes :— Ton histoire, c'est assez troublant, ça m'a un peu chamboulée ...
Elle me regardait, baissait les yeux, son sourire tremblait. Elle serrait mes mains posées sur mes jambes :— C'est comment avec une fille ?
Oh ... sa toute petite voix ! et elle baissait la tête, ses mains chaudes sur mon pantalon.
— Avec une fille ou ... avec sa meilleure amie ?
Elle ne souriait plus en levant les yeux, les joues très rouges que j'ai prises entre mes mains avant de me pencher pour déposer un baiser sur ses lèvres.
— Moi aussi je suis un peu chamboulée ... mais c'est pas que l'histoire, c'est toi aussi ... alors si tu veux m'amener dans ta chambre, j'aimerais beaucoup, mais j'aimerais aussi que tu restes ma meilleure copine ...
— ... tu seras toujours ma meilleure copine ...
Cette fois c'est elle qui m'a embrassée, et ses lèvres restaient là, tout contre les miennes, alors j'ai entrouvert la bouche, avancé ma langue sur ses lèvres, que j'ai senti s'ouvrir, le contact humide et chaud de sa langue sur la mienne, tout doucement, et puis ses lèvres collées aux miennes et ... le gémissement ? c'était elle ? moi ? les deux, peut-être.

J'ai interrompu le baiser et je me suis relevée, l'ai aidée à se redresser. Finalement, c'est moi qui l'ai entraînée vers sa chambre en la tirant derrière moi.
Au pied du lit, on s'est encore embrassées, j'ai glissé les mains dans son dos sous le collant pendant le baiser et de ses mains entre nous elle se battait avec la ceinture, le bouton à la taille et la fermeture éclair de mon pantalon, a après passé ses bras autour de ma taille, et elle aussi caressait mes fesses par-dessus mon petit slip rouge, celui-là même que je portais le soir au restaurant le jour où j'ai rencontré Lusor.

De nous deux, c'était toujours elle qui décidait, depuis toujours, depuis la fac et jusqu'à ce jour. Moi je suivais, moi j'étais 'la coincée', la prude, celle qui quittait les soirées la première, qui restait fidèle au tout premier que j'avais laissé me draguer et que j’avais épousé pendant qu'elle multipliait les petits amis, les amants.
Elle était celle à qui je disais tout ; ou presque ; mes confidences s’arrêtaient à la chambre à coucher : pudique jusque dans les mots.
Elle, par contre, n’avait pas ces pudeurs, et je n’ignorais rien de ses amours, ses joies et ses chagrins, et même de sa vie sexuelle.

Ce jour-là était une grande première. Moi qui m’étais toujours cachée d’elle, qui me détournait toujours alors qu’elle n’avait aucune hésitation à se changer devant moi, qui riait de mes joues cramoisies quand je m’enfuyais avant d’apercevoir le moindre bout de dentelles, je la serrais tout contre moi dans mes bras les mains plongées sur le nylon de sa petite culotte sous son collant, et je la laissais me déshabiller.
N’imaginez pas qu’en une soirée à Paris je sois devenue une folle de sexe ! Pas du tout ! Mais le simple mot ‘changement’ est vraiment trop faible !

Depuis mon retour, j’ai essayé de me rapprocher de Jacques, d’être différente, plus attentionnée, et je suis aussi, plus exigeante, c’est vrai, sur notre relation. Il est passé d’un étonnement satisfait à la surprise distante ; ces derniers jours, je l’agaçais carrément. Pas une seule fois depuis mon retour de Paris je ne me suis caressée, mais très souvent des bouffées de désir me surprennent, en pleine journée ou la nuit, sans véritable support.

Avec Marie-Ange, c’était différent. L’excitation que je ressentais venait bien sûr de ce que je lui avais raconté, toutes ces images, ces situations, mais aussi d’elle, pas de l'amie, de la femme, de son trouble évident, chose à laquelle je ne portais aucune attention auparavant, d’elle parce que je la regardais différemment. Le désir d’elle ne venait plus d’images extérieures, il venait d’elle, de ses joues rouges et de ses yeux brillants, de ses seins qui bougeaient sous son petit pull, de ses jambes moulées dans son collant, de ses fesses soulignées par les coutures de sa petite culotte. Jamais avant je ne l’avais regardé comme un corps sexué, et les émotions m’emportaient.

Avec une autre qu’elle ? Je ne sais pas. Depuis mon retour, c’est vrai que je regardais les hommes différemment, une ou deux fois des femmes aussi, ça c’était nouveau, mais sans aucune intention. Un jeu.

Marie-Ange. Avec elle je me sentais bien. Avec elle je voulais aller au bout de ce désir je me laissais porter par toutes les sensations physiques de son corps contre le mien, à l’écoute des réactions de mon corps et du sien.
La douceur du baiser, la chaleur et la souplesse de ses seins sur les miens, ses mains chaudes sur mes hanches, qui n’osaient pas, je le sentais, aller au-delà de l’effleurement de ma peau après avoir dégrafé mon pantalon comme dans l’urgence, pour franchir une étape empêchant tout retour, et maintenant hésitante, ses fesses sous mes mains qui durcissaient quand elle se dressait sur la pointe des pieds pour prolonger notre baiser.

Je sentais, je savais, que d’elle-même elle n’irait pas plus loin, timide et hésitante à la suite. J’ai interrompu le baiser. Je la regardais, ses yeux brillants et son sourire qui tremblait. Vite un baiser sur ses lèvres et j’ai fait glisser le collant sur ses cuisses, un autre baiser et assise sur le lit je le lui ai enlevé complètement, un baiser sur le rebond de son ventre, mes mains derrière ses cuisses, remontées sur ses fesses et la culotte trop serrée dont les élastiques mordaient la chair, formant au-dessus et dessous les petits bourrelets qui étaient visibles sous le collant.
Mes mains sous le nylon bleu marine sur ses fesses, je regardais sur son ventre le petit nœud de satin à la taille, ses cuisses bronzées de séances d’UV.
Comment ne pas y penser ? Je souriais de la comparaison de son corps et de celui de Mistigri. Marie-Ange généreuse où Mistigri n’était qu’angles et saillies, jusqu’à son pubis proéminent sur son ventre creusé et son étonnante toison si douce sous ma main dans la nuit.
J’ai fait glisser le slip sur les hanches, embrassant de petits baisers la peau que je découvrais lentement, et dessous, surprise, pourtant elle m’avait dit et avait ri de la rougeur qui montait à mes joues, la peau lisse, toute lisse et brunie comme ses cuisses sur le ressaut du Mont de Vénus.
La culotte un temps restait coincée entre ses cuisses, et sous mes yeux je voyais l’empiècement de coton qui doublait le fond, la tâche humide et brillante que j’ai frottée d’un doigt en posant un baiser au creux de l’aine.

Encore, encore la mémoire, la vision d’une autre, la seule autre que j’ai vue nue, comme une photo en surimpression, dans la loge, deux fois, la longue ouverture et l’éclat rose brun qui ouvrait les lèvres, l’épaisse tige dure de son clitoris caressé dans la nuit, dessous les voiles bruns fripés qui débordaient de la toison, et là, sous mes yeux et mes lèvres qui balayaient la peau lisse, un large triangle et le renflement des lèvres, à peine ouvertes d’un petit creux et de la ligne de l’ouverture des lèvres qui disparaissait entre les cuisses, la fente du sexe à peine visible.
C’est bête ? Peut-être … Je pensais à la voyant pour la première fois « elle a un beau sexe, elle est belle », j’ai levé les yeux vers elle, j’ai croisé son regard, je riais et elle a ri aussi :— T’as mouillé ta culotte … et t’es belle …Elle resserrait ses doigts plongés dans mes cheveux, son ventre tressautait du rire sous mes lèvres.
Je me suis relevée et je l’ai poussée sur le lit, j’ai soulevé ses jambes pour enlever son petit slip bleu, et je me suis allongée contre elle, ma main entre ses cuisses, trouvant vite ouverture d’un doigt entre ses lèvres glissante de la cyprine qui avait trempé le fond de sa culotte et qui tapissait son sexe.
Je l’ai caressée tout doucement du plat du doigt en l’embrassant, elle gémissait sous ma bouche.

Comment moi je me caresse ? Comment Mistigri m’avait tant de fois faite jouir ? Je n’y pas pensé un seul instant. Je l’ai caressée en gourmande, en curieuse, tantôt en donnant ce que son corps attendait en se tendant et se soulevant vers ma main, tantôt en la privant, pour son gémissement de frustration et les tremblements dans mes bras, pour son cri dents serrées quand elle a échappé au baiser le dos arqué décollé du lit.
Aux derniers soubresauts, jambes serrées sur ma main, je ne bougeais plus, je sentais les contractions sous mon doigt qui peu à peu s’apaisaient, et quand j’ai senti se relâcher la tension des muscles de ses cuisses, j’ai plongé un deuxième doigt dans son vagin, des va-et-vients, vite, forts, profonds.
Ses doigts plantés dans mon bras, qui laisseraient des traces bleus sans doute, sa main crispés sur un sein, mes lèvres sur l’autre pour mordiller son téton, un autre orgasme, un autre cri, et son cœur qui cognait sous ma joue, ses bras qui se refermaient autour de moi pour me serrer très fort … elle a roulé sur moi, en appui sur ses coudes et balayait mes cheveux, caressait mes joues, ses yeux plongés dans les miens, s’approchait, effleurait mes lèvres, me donnait un baiser de toute sa bouche à la mienne, un baiser calme et profond, m’embrassait comme jamais personne ne m’avait embrassé.

Longtemps, longtemps dans mes bras, longtemps à juste nous toucher du bout des doigts, quelques mots, à peine, des murmures et des rires, juste à nous tenir serrées l’une contre l’autre.
— Je sais pas ce qu’ils t’ont fait, ce type et cette fille, mais c’est vraiment des magiciens … — Je crois que j’aurais dû les rencontrer plus tôt …— C’est jamais trop tard !
— Mmm … mais ça devient plus compliqué …— … Jacques ?
— Je crois que je lui fais peur … — A moi tu me fais pas peur … Sa main glissait sur mon bras, pour la première fois effleurait un sein. Elle se mordait la lèvre inférieure, elle m’embrassait dans le cou, son visage caché, elle se cachait, voulait j’en suis sûre échapper à mon regard, sa main sur ma hanche me repoussait pour que je m’allonge sur le dos. Elle s'est glissée plus bas sur le lit, s’écartant de moi, a posé sa joue sur mes seins, sa main sur mon ventre, sur mon petit slip rouge.
J’ai fermé les yeux, j’ai ouvert mes jambes, en invite.
Sa main sous le nylon rouge, j’ai joui si vite qu’elle était surprise.
Elle m’a déshabillée, m’a caressée encore ; c’était bon, tellement bon !

Epilogue.

Deux ans. C’était il y a deux ans, déjà. J’écris cette histoire parce la semaine dernière, nous étions à Montpellier, Marie-Ange et moi.
C’est elle qui avait vu l’annonce du spectacle sur internet. Elle avait réservé l’hôtel et le train sans m’en parler, une surprise !
"Maître LUSOR", en plus petit dessous "et l'espiègle Mistigri". Nous étions au troisième rang. Je ne sais pas si JPJ a lui aussi assisté au spectacle dans sa ville, mais nous, on y était.
Ce soir-là, une jeune-fille les accompagnait sur scène pour la deuxième partie. Elle était jolie, de jolis seins, opulents, de jolies fesses aussi, toutes blanches, d’autant plus blanches que ses jambes et son dos avaient les couleurs de l’été. Marie-Ange serrait fort ma main.
Elle m’a suivie dans les loges où j’ai réussi à me faufiler, inventant une histoire « Mistigri m’attendait » à l’appariteur qui gardait le passage.
Lusor s’était déjà esquivé, comme d’habitude. Mistigri a ouvert de grands yeux en me reconnaissant, m’a sauté au cou en riant, a embrassé Marie-Ange après.
Assise dans la loge, la jeune-fille fixait le miroir en face d’elle, les traits figés, l’expression hagarde.
Je me suis approchée d’elle :— Bonjour … vous étiez magnifique. C’est un peu déstabilisant, je sais, mais vous verrez, tout ira bien, tout ira bien.

Misa – 04/2015

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