Il venait d'avoir 18 ans (partie 2 de 3)
Récit érotique écrit par Fab75du31 [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 31-12-2024 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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Il venait d'avoir 18 ans (partie 2 de 3)
https://www.youtube.com/watch?v=15kWlTrpt5k
I feel it/Je le ressens
It's coming/Ça arrive
(…) Feel it on my finger tips, hear it on my window pane/
Je la sens sur le bout de mes doigts, je l’entends sur ma vitre
(…) Wash away my sorrow, take away my pain/Lave mon chagrin, enlève ma douleur
Rain/La pluie
L’orage.
Un soir, un orage éclate. Ce qui m’oblige à déserter ma place sur la chaise longue du jardin, mon observatoire de ta Mâlitude du Soir. Les éclairs sont impressionnants, les coups de tonnerre fracassants. Je laisse ma porte fenêtre ouverte pour profiter de la fraîcheur et je me laisse bercer par le bruit apaisant de la pluie.
C’est là que tu débarques. Soudain, alors que je suis en train de regarder un film dans mon gîte, j’entends un bruit sec à proximité immédiate. J’ai tout juste le temps de me retourner et de t’apercevoir du coin de l’œil. Apparition inattendue et rapide comme l’éclair, ta silhouette trace sous l’avancée du toit pour se protéger de la pluie. Le bruit sec ayant certainement été provoqué par ton sac à dos frottant contre le battant de ma porte restée ouverte. Tu passes vite, mais je ne manque pas d’être foudroyé par le parfum de ton déo, me tombant dessus comme un coup de fouet.
Apparition soudaine, faisant bondir mon cœur, passage précipité par la furie des éléments, me privant de ce « Bonsoir » qui est la base de nos échanges.
Un instant plus tard, j’entends le double grincement des gonds de ta porte d’entrée, et je sais que ce soir je ne te reverrai pas.
Je te sais désormais à quelques mètres de moi seulement, je t’imagine tout trempé, en train de poser tes fringues et de passer à la douche. Et en effet, je ne tarde pas à entendre le bruit étouffé de l’eau qui coule juste de l’autre côté de la cloison – j’imagine que les deux salles de bain sont mitoyennes.
Je me prends à rêvasser de cette eau qui coule sur ta peau, qui caresse des régions de ton anatomie que je ne pourrai jamais caresser, ne serait-ce que du regard.
Le désir que tu m’inspires est tellement corrosif que j’ai l’impression que ça me brûle de l’intérieur. C’est de plus en plus douloureux, de plus en plus insoutenable. Mon cœur bat à tout rompre, l’envie de taper à ta porte et te proposer cette pipe dont j’ai désespérément envie me ravage comme jamais. Et pourtant, je sais que je n’en ferai rien, que cette nouvelle défaite ira entacher un peu plus mon esprit de la noirceur de la frustration.
Je suis sur le point de fermer mes volets, de me mettre au lit et de m’offrir le maigre lot de consolation qu’est un plaisir solitaire, lorsque j’entends la porte de ton gîte grincer à nouveau. Tu dois ressortir pour fumer une dernière clope. Comment j’ai pu penser que tu renoncerais à cela ?
Soudain, après avoir aperçu les affres d’une énième capitulation, j’ai l’impression qu’une nouvelle chance m’est offerte. Et cette chance inattendue, je ne veux la rater sous aucun prétexte !
Pourtant, je n’arrive pas à me décider à sortir de mon gîte, je n’arrive pas à affronter ma peur de connaître un autre échec cuisant, celui de te regarder disparaître après la fin de ta clope sans que notre « relation » n’ait évolué d’un iota.
Mais ça, c’est sans compter avec toi. Tu apparais dans l’embrasure de ma porte, le torse moulé dans un petit débardeur blanc à fines rayures, les cheveux encore humides, totalement en bataille, ajoutant un je ne sais quoi de sauvage, d’indompté, de rebelle à ton allure. Tu sens bon le gel douche ou ton déo à la fragrance délicieuse. Ton regard est plus pétillant que jamais, le grain de beauté au creux de ton cou attire irrépressiblement mon regard et mes lèvres. Et ton boxer noir met en valeur une belle bosse de façon passablement affolante.
— Bonsoir, tu me lances d’une voix étonnamment basse, résolument sensuelle, tenant ta cigarette d’une main vers l’extérieur, prenant nonchalamment appui avec l’autre contre le montant du cadre de ma porte.
Je n’ai pas de mots pour dire à quel point tu es beau à cet instant. En fait, je crois qu’il n’existe pas de mot rendant justice à ta beauté surnaturelle. Car, à cet instant, tu es l’alpha et l’oméga de mon désir, rien ni personne d’autre n’existe à mes yeux.
— Oui, bonsoir ! je te réponds, tout en réalisant que je te fixe depuis assez longtemps pour que tu me le signales avec un sourire des plus malicieux.
Exposé de si près à une telle bogossitude affolante, mis en joue par ta virilité radioactive, je perds tous mes moyens. Je cherche quelque chose à te dire, je bégaie.
Ton sourire insolent me rend dingue. Parce que je sais parfaitement que cette insolence nait désormais de la pleine conscience du désir que tu suscites en moi. Après avoir capté mes regards de plus en plus appuyés au fil des jours, voilà que cette nuit, le malaise soudain provoqué par ton apparition t’a donné la mesure de ce que tu suscites en moi.
Et maintenant ? Comment me sortir de ce malaise, de ce pétrin ?
A ma grande surprise, c’est toi qui t’en charges.
— Dites, vous n’auriez pas une bière ?
Bien sûr, une bière ! Comment ai-je pu ne pas y penser tout seul ?
Que je suis con ! J’en ai pourtant dans mon frigo ! Pourquoi je n’ai pas pensé plus tôt à lui en proposer une ? Parfois, je me mettrais des baffes !
— Oui, j’en ai… je m’empresse de te répondre, comme en apnée.
Et là, je te vois appuyer un peu plus ton petit sourire coquin et triomphant.
— Vous me permettez de rentrer ? tu me glisses, question purement rhétorique si j’en juge à ton sourire amusé.
Ton vouvoiement m’agace depuis le premier jour, me heurte, me blesse. Je t’ai dit à plusieurs reprises de me tutoyer, mais tu sembles prendre un malin plaisir à continuer de me vouvoyer, de souligner par ce biais la distance insurmontable entre toi et moi.
Je suis dans un étant second, je n’ai même pas le courage d’exiger que cela cesse. Je suis désarçonné, je ne sais quoi te répondre pour relancer la conversation.
— Bien sûr, rentre…
Sans plus attendre, tu passer pour la première fois le seuil de mon gîte. Et moi, j’ai l’impression que je viens de franchir un portail spatio-temporel. Comme si je basculais dans une autre dimension.
Pour la première fois, je t’approche à moins d’un mètre, pour la première fois j’ai toute ton attention, sans écran, sans casque qui nous sépare. Pour la première fois, je ressens ton regard sur moi, lourd, insistant, interrogateur, intrigué. J’ai l’impression que je ne vais pas tenir, que je vais faire un malaise. C’est complétement fou l’effet que tu me fais. Insane, on dirait en anglais. Oui, insane.
Autour d’une bière, nous discutons une nouvelle fois, et plus longuement, de tes études à venir, de ta passion pour les sports. Je n’arrive pas à croire que tu es chez moi et que nous sommes en train de partager une bière, comme des potes.
Depuis que tu me parles, je dois rassembler toutes mes forces pour seulement soutenir ton regard, tour à tout attachant, sensuel, pétillant, charmeur. Je reçois quelques beaux sourires à bout portant, ce qui me rapproche dangereusement du malaise cardiaque et menace sérieusement ma santé mentale.
Je me demande si seulement tu arrives à imaginer la violence que je dois me faire pour résister à l’attraction qu’exerce sur moi ton corps bien bâti, ce débardeur moulant, cette fraîcheur virile qui se dégage de toi. Non, tu n’as pas la moindre idée de l’effort que je dois produire pour ne pas te sauter dessus.
Malgré le fait que mes sens et mon esprit soient happés par ta beauté, je découvre au fil de nos échanges qu’en plus d’être beau et charmant, tu es vif d'esprit, et même plutôt drôle. Tu es un véritable rayon de soleil qui ferait passer cette nuit de pluie pour un matin ensoleillé de printemps.
Lorsque tu termines ta bière, je t’en propose une deuxième. A ma grande surprise, tu acceptes. Je te regarde, nonchalamment affalé dans le fauteuil en face de moi, ton déo vrillant mes neurones.
Mon regard est happé par ton torse dessiné et imberbe à peine dissimulé par le débardeur blanc, par tes cuisses musclées, par cette bosse de ton boxer noir qui me nargue, par tes mollets puissants et déjà poilus. Je m’enivre de ton physique si frais, de ta peau que je n’ai jamais effleurée mais qui a l’air si douce. Est-ce que tu te réalises à quel point je crève d’envie de me glisser entre tes cuisses, de descendre ce beau boxer noir, de faire jaillir ta queue, et ton jus, pour l’avaler jusqu’à la dernière goutte ?
Ce soir j’ai plus que jamais envie de te caresser, de te câliner, de te faire découvrir de nouveaux plaisirs, de te faire jouir. Je me demande quel genre d’amant tu serais. Je t’imagine fougueux, cherchant le bonheur des sens avec impatience, je t’imagine précipiter les « choses » pour aller droit au but.
— Alors, tu viens me sucer ? je t’imagine me balancer pour mettre un terme à ma contemplation, qui aurait trop duré à ton goût.
— Mais avec grand plaisir ! serait ma réponse.
Un instant plus tard, je serais à genoux devant toi. Je te prendrais en bouche et je prendrais le temps de te faire découvrir bien des choses, je te regarderais prendre de l’assurance au fil de ma fellation, je te regarderais aimer tout ça, et en redemander. Et puis je te laisserais te lâcher, prendre ton pied et lâcher ton jus partout où tu le voudrais.
Je te regarderais après nos ébats, assommé de plaisir, l’air étonné d’avoir pris autant ton pied avec un autre garçon.
Je garderais un souvenir presque irréel de cette nuit, et toi aussi.
Si seulement j’osais. Mais évidemment, je n’ose pas.
Si seulement j’avais ne serait-ce que quinze ans de moins, un autre corps, une autre gueule. Mais, surtout, ce courage d’aller vers les garçons qui me plaisent, et cette confiance en moi qui me fait cruellement défaut depuis toujours !
Si seulement je savais lire ce qui se passe dans ton regard, ce beau regard brun qui par moment se pose fixement dans le mien, me mettant terriblement mal à l’aise. Oui, je suis de plus en plus impressionné par toi, beau Valentin, qui me toises avec un regard coquin du haut de tes 18 ans.
Alors, je me contente de t’écouter parler, jusqu’à ce que nous n’ayons plus rien à nous dire. Jusqu’à ce que le silence anéantisse cette occasion unique. Jusqu’à ce que tu te lèves et que tu quittes mon gîte pour regagner le tien. Jusqu’à essuyer la plus brûlante des déroutes.
Le matin après l’orage.
Le lendemain matin je me réveille envahi par un terrible sentiment de malaise. Je réalise que la dernière semaine de mon séjour approche, et le compte à rebours se fait de plus en plus pressant dans ma tête. Tic-tac, tic-tac, tic-tac… Plus que quelques jours, et ce sera fini. Je ne te reverrai plus.
Aujourd’hui, ta grand-mère m’annonce qu’elle part voir des amis, et qu’elle ne rentrera que demain après-midi. Elle me laisse les clés du réduit où elle prépare le petit déjeuner pour que je puisse me débrouiller tout seul demain matin.
Elle est déjà partie lorsque tu apparais enfin, beau comme un Dieu, baignant dans la lumière intense du matin. Mais tu n’es pas vraiment avenant. Tu me dis à peine bonjour, et mes timides tentatives de renouer avec la complicité de cette nuit s’écrasent lamentablement sur tes réactions monosyllabiques. Tu prends juste un café, le petit déj complet devenant moins indispensable lorsqu’on doit le préparer soi-même, tu fumes ta clope et tu retournes dans ta tanière en attendant l’heure de partir au boulot.
Je te sais seul, allongé sur ton lit. Je te vois, même. Tu as laissé la porte ouverte. Et nous sommes seuls, rien que tous les deux. Ce serait l’occasion idéale pour tenter quelque chose. Ça me brûle horriblement de tenter quelque chose. Mais, une fois encore, je laisse les minutes, les heures s’écouler, sans oser. Je ne fais rien d’autre pendant ce temps, rien d’autre que te désirer, regarder le temps s’écouler, ne pas oser, me détester. Souffrir.
Ce matin, il fait super chaud, le soleil est aveuglant. Lorsque tu ressors enfin pour aller travailler, ta tenue me rend dingue. Grandes lunettes de soleil, casquette à l'envers, t-shirt noir plutôt ajusté, l'air de te la péter un brin, drapé de cette impertinence intrinsèque aux P’tits Cons de ton espèce, cette insolence naturelle, assumée avec évidence, avec tellement de facilité. Une attitude qui me fascine.
J’ai encore envie de me branler. Ou, mieux, de baiser. Ce matin, l’un de mes contacts sur l’appli de rencontres me propose de nous rencontrer. Au bout de quelques messages, j’arrive à fixer un plan avec Tiago, un vacancier « qui ne reçoit pas ».
Je n’ai jamais vraiment aimé le principe des rencontres sur application. Certes, leur évènement ce fut une grande avancée pour la communauté gay. Avant leur apparition, les rencontres dans le monde gay étaient aléatoires, difficiles, dangereuses. Les applications ont rendu les rencontres aisées. Mais ont emporté avec elles la magie de la rencontre fortuite.
Il y a une grande différence entre rencontrer un garçon au hasard du quotidien et la rencontre trop formalisée, formatée résultante des applications de rencontre. On choisit comme sur un catalogue, sur des critères, sur image, on rejoue un scénario d’approche codifié et répétitif : un peu de bla bla, tu aimes quoi, on se voit quand, on se voit où, on baise et surtout pas au revoir. Et on est choisis de la même façon. C’est comme se choisir soi-même le cadeau qu’on trouvera sous le sapin le matin de Noël. A la sortie, il n’y a plus de surprise, plus de magie. La rencontre n’a plus rien de magique.
Je rêve de faire une rencontre magique dans la vie de tous les jours. Je rêve de rencontrer un garçon magique, d’être foudroyés par la surprise, par l’attraction, par l’amour.
Mais en attendant, je fais comme tout le monde, je fais comme je peux. J’alimente le système qui a tué l’amour, les relations stables, et qui est même en train de tuer le désir.
Le rendez-vous est fixé à 21 heures, mais le gars est en retard. Lorsqu’il se pointe enfin, il est presque 22 heures. Le temps d’un verre, de quelques échanges, et de terminer notre affaire, il est près de minuit.
Je n’ai pas envie que le gars soit toujours là au moment où tu vas débarquer, beau Valentin. C’est idiot, mais je préfère être discret sur ma vie sexuelle. Et puis, je ne voudrais pas que la présence de ce gars change quoi que ce soit entre toi et moi. D’un côté, je crains qu’en apprenant que je suis gay, tu changes d’attitude vis-à-vis de moi, que tu prennes tes distances. J’ignore ce que tu penses sur le sujet. Tu aimes te sentir désiré, certes, peut-être même par un garçon. Et tu dois même te douter que je dois avoir une vie sexuelle. Mais l’idée que tu sois d’une certaine façon spectateur de cette vie sexuelle, en voyant un gars sortir de chez moi, cela me met mal à l’aise.
Et puis, je ne voudrais pas que cela puisse compromettre mes chances de « conclure » avec toi. Car, pour stupide que cela puisse paraître, au fond de moi je nourris toujours l’espoir, certes surréaliste, qu’il se passe quelque chose entre nous. Je crains que si tu apprends que j’ai couché avec un autre gars, cela puisse te refroidir et réduire mes déjà faibles chances en poussière. Je n’ose rien tenter avec toi, mais j’ai peur que tu saches qui je suis.
Ce soir, je couche avec un gars, mais je pense à toi, Valentin. Je pense à toi pendant que je couche avec un autre. Ça, depuis que je t’ai « rencontré », tu occupes tous mes désirs et tous mes fantasmes. J’ai tellement envie de toi, beau p’tit mec ! De toi, et pas d’un autre.
Oui, je préfère que Tiago soit parti quand tu vas débarquer. Il est déjà minuit, mais je me sens « large », car tu ne te pointes jamais avant une heure du matin.
Evidemment, ce n’est pas le cas ce soir. Tiago vient tout juste de sortir de chez moi, lorsque j’entends tes pas sur les gravillons. Un instant plus tard tu apparais, torse nu, comme d’habitude, le t-shirt blanc sur ton épaule, beau comme un Dieu. Je suis ébloui par ton apparition. Tout comme Tiago, d’ailleurs.
Tu as l’air surpris et décontenancé de voir un inconnu dans le jardin de ta grand-mère, tu te figes pendant un instant, le regard interrogateur et un brin sur la défensive, avant de réaliser que l’inconnu est certainement mon invité. Ton regard fait alors quelques allers-retours rapides de moi à Tiago et de Tiago à moi. C’est un regard qui cherche à comprendre, à découvrir, à creuser. C’est un regard qui déshabille.
Je sens que tu passes du questionnement à la compréhension en une fraction de seconde. Et là, j’ai l’impression de me faire surprendre avec les mains dans le pot de confiture, de faire quelque chose de « mal ». C’est idiot, mais j’ai comme l’impression de te « tromper ». J’ai peur qu’en apprenant que je viens de me taper un gars, tu t’imagines que mon attention s’est détournée de toi, alors que tu es mille fois plus attirant que ce gars.
Il y a quoi exactement dans ton regard ? Du dégoût ? Ou bien, de la jalousie ? Aurais-tu aimé être à la place de ce gars ?
Mais mon inquiétude ne dure pas très longtemps. Car, lorsque ton regard se détend enfin, ton air surpris et inquiet laisse la place à un petit sourire, un petit sourire plutôt amusé.
Tu lâches même un « Bonsoir » des plus charmants à l’intention de mon amant d’un soir. Tiago te salue à son tour, avant de continuer dans sa direction. Et toi, tu continues dans la tienne, déverrouilles ta porte et tu disparais dans ton gîte, sans un mot.
Quant à moi, je rentre chez moi et je me laisse choir sur le fauteuil. Mille émotions s’agitent dans mon esprit à cet instant. Je ne sais pas très bien comment me comporter maintenant. Je me sens toujours un peu honteux de m’être fait surprendre avec mon amant d’un soir, et surtout de m’être fait surprendre par toi, p’tit con, que je désire par-dessus tout.
Mais, en même temps, je t’emmerde ! Je suis chez ta grand-mère, et tant que mon séjour court, je suis chez moi, et chez moi je fais ce que je veux, j’invite qui je veux. Y compris pour baiser ! Et si ça te pose problème, et si tu es jaloux, t’as qu’à me faire signe, tu peux à tout moment prendre la place de n’importe quel profil sur l’application.
J’ai envie de sortir, de venir te voir, j’ai envie de savoir ce qui t’inspire ce que tu viens de découvrir.
Mais tu me devances. J’entends le bruit de la pierre de ton briquet, j’entend ta première expiration, et tu viens carrément me trouver sur le pas de ma porte, un sourire des plus malicieux au bord de tes lèvres et au fond de tes yeux.
— Alors, c’était bien ? tu me balances de but en blanc.
— Quoi donc ? je feins de m’étonner, incrédule que tu oses m’interpeller de façon si cash.
— Avec le barbu. J’imagine que tu ne l’as pas fait entrer chez toi juste pour lui offrir une bière, LUI !
Mais quel sacré p’tit con ! Je suis désarçonné par ton franc parler, par ton intrusivité effrontée, par tes mots directs, et en même temps fasciné par ce bond d’intimité que cela promet de nous offrir. En plus, je note que tu me tutoies, enfin. Alors, je décide de jouer un peu avec toi.
— J’en ai connu des meilleurs, je lâche prise.
— Et tu as fait le mec ou la meuf ?
Plus cash, on meurt.
— Tu crois que je vais répondre à ça ? je te lance, complètement déstabilisé, alors qu’au fond de moi je brûle justement d’envie de te répondre. Et de préciser que je peux faire les deux, que Tiago a eu envie que je fasse le mec, mais qu’avec toi, je serais au petit soin de ta jeune virilité.
— Tu fais comme tu veux. Salut, tu conclus sèchement.
Et tu disparais, comme vexé.
Le matin suivant, tu me sembles distant. Tu me dis à peine bonjour, et je n’arrive pas à croiser ton regard une seule fois. Ta grand-mère n’est toujours pas revenue, une fois de plus ton petit déjeuner ne sera pas servi sur un plateau d’argent, tu as surement la flemme de t’en charger, et tu te tires après ta première clope.
Tu sembles pressé, et je ne tente rien pour comprendre ton attitude. J’entends le bruit de ta voiture qui démarre, et qui s’éloigne.
J’appréhende un peu que tu parles à ta grand-mère de ce que tu as vu, ou pire, de ce regard empli de désir que je pose sur toi de façon de plus en plus insistante. J’appréhende que, ayant finalement compris la véritable raison de mon intérêt à ton sujet, elle me regarde autrement que comme elle m’a regardé jusqu’à maintenant, un hôte charmant avec qui elle s’est sentie assez en sécurité pour pas mal s’épancher au sujet de son petit-fils. J’appréhende qu’elle en soit dégoutée, qu’elle se sente trompée et trahie.
Ma journée est un brin gâchée par ces pensées moroses. Mais la nuit venue, j’attends ton retour de pied ferme, en priant pour que tu ne découches pas. Dans ma tête, je me fais mille films. Je me dis que tu es vexé contre moi parce que je n’ai pas voulu répondre à tes questions, parce que je n’ai pas voulu te faire confiance. Je me dis que maintenant que tu sais que j’ai des aventures, tu vas te « venger » en en ayant toi aussi, que cette nuit tu vas baiser jusqu’à ce que la queue t’en tombe et que tu ne vas pas rentrer.
Au fond de moi, je me mettrais des baffes. Pour une fois que tu t’intéressais à ma vie, et à ma vie sexuelle qui plus es, je n’ai pas su saisir l’occasion pour titiller un peu plus ta curiosité. Et pourtant, c’était l’occasion rêvée pour te « sonder » un peu plus, pour voir quelle aurait été ton attitude face à un récit « détaillé » d’un plan entre garçons. C’était l’occasion rêvée de te pousser à sortir « à découvert », et de pouvoir te poser en retour des questions, de sonder tes éventuelles envies de tenter quelque chose avec un garçon.
C’était l’occasion rêvée de te dire à quel point je te trouve bandant et à quel point je te ferais tout, vraiment tout ce dont tu aurais envie. L’occasion rêvée de te proposer de te faire tout, vraiment tout, ce dont tu as envie, de te faire découvrir un tout nouveau monde de plaisir. C’était l’occasion rêvée de te proposer de te sucer.
Je me déteste de ne pas avoir su saisir cette occasion la nuit dernière. Peut-être la seule, de créer une véritable complicité entre toi et moi.
Ce soir, je t’attends jusque tard, très tard. Une heure, deux heures, trois heures. Mais cette nuit, tu ne rentres pas. Tu me laisses seul avec mes questions, avec mes désirs brûlants, avec mes remords de ne pas avoir su te faire confiance lorsque tu me l’as demandé. Je me languis de toi, de ta présence, de ta bogossitude.
Il est près de quatre heures lorsque je me retire dans mon gîte et je suis tellement fatigué et déçu que je n’ai même pas l’énergie de me taper une branlette.
Le lendemain matin, je ne me lève pas de bonne heure. Je sors de ma tanière juste à temps pour te voir partir au boulot, vers 11 heures. Finalement, tu es rentré. Je ne t’ai pas entendu. Je t’ai raté. Tu t’es levé avant moi, et je t’ai encore raté.
Me voilà reparti pour une nouvelle journée d’attente et de questionnements.
La nuit suivante j’attends ton retour avec une impatience nouvelle. J’ai envie de te dire tout ce que tu veux savoir, de répondre à toutes tes questions. Oui, je te dirai ce qui s’est passé avec Tiago.
Il est deux heures du mat’ lorsque tu te pointes avec un petit polo bleu et blanc qui te va comme un gant, le col relevé qui te donne un petit supplément de canaillerie tout bonnement insoutenable.
Je te propose une bière, et nous la partageons dans le jardin, dans la chaude nuit estivale. Tu me parles de ta journée au camping, rien de vraiment intéressant.
Je te laisse parler, tout en cherchant le bon moment pour dévier la conversation et te reparler de Tiago.
Mais avant que je n’aie trouvé l’occasion, tu m’assènes un coup d’une violence inouïe.
— Je pue, tu considères à un moment, en te sentant les aisselles.
— Tu t’es pas douché, ce matin ? je te cherche.
— Si, mais je pue toujours après avoir baisé ! tu lâches, comme une bombe.
Je sens ton regard sur moi scrutant ma réaction, jubilant de l’effet que cette révélation a sur moi, celui d’une bombe justement. Tu as bien étudié ton coup, hein, p’tit con ? Tu sais que je crève d’envie de toi, et tu cherches peut-être à te « venger » du fait que je n’ai pas répondu à tes questions l’autre soir. Ou, tout simplement, tu dis la première chose qui te passe par la tête, comme tu en parlerais à un pote, sans penser un seul instant à comment ton interlocuteur va recevoir cette « bombe », aux dégâts que tes mots vont provoquer chez lui.
— Tu as baisé ? je t’interroge, totalement désarçonné. J’ai du mal à encaisser la nouvelle.
— Oui, tu me glisses, alors qu’un petit sourire terriblement canaille embrase ton regard.
— Avec une nana ? je veux savoir.
— Évidemment !
— Une nana du camping ?
— Ouais…
— C’est pas très pro tout ça… je lâche, dépité. L’imaginer en train de baiser est déjà difficile. Savoir qu’il vient de baiser, pour de vrai, c’est tout bonnement insoutenable.
— Pas du tout, mais elle voulait ma queue… je n’allais pas lui dire non !
— Bien sûr que non… je soupire, alors que je suis en train de me liquéfier sur place.
— En plus, elle a pris tarif. Et elle a même eu droit à un rappel, tu ajoutes, visiblement très fier de toi et de ton exploit.
— Et tu as mis une capote, j’espère ? je réagis, après un moment de silence qui me parait long comme l’éternité, en reprenant enfin le souffle après l’apnée mentale dans laquelle tes mots m’ont plongé.
— Non, elle m’a dit qu’elle prend la pilule…
Ah putain ! En plus elle a eu la chance d’être remplie de ton jus de petit mâle. J’ose tout juste t’imaginer en train de jouir, de te vider les couilles en elle. J’ose tout juste imaginer le bonheur que ça doit être de se faire sauter et remplir par un petit mec de ton espèce. J’espère juste qu’elle a apprécié le cadeau que tu lui as fait à sa juste valeur. Et qu’elle ne t’a pas filé une saloperie !
— Tu sais, la pilule ne te protège pas des MST… je tente de te mettre en garde.
— Elle était fraîche...
— Fraîche ne veut pas dire forcément clean...
— Ouais…
Je ne suis pas très étonné de la façon avec laquelle tu reçois cette mise en garde, avec cette « distance » et cette désinvolture, l’air de dire « ouais, ouais, t’inquiète, il ne m’arrivera rien, pas à moi, pas à dix-huit ans, alors, cause toujours, ça m’intéresse ». Tu es trop jeune pour comprendre. Trop jeune pour mesurer les risques, et trop jeune par rapport à l’époque où les MST étaient très médiatisées. Elles ne le sont plus de nos jours, hélas.
— Je ne blague pas, j’insiste. On peut choper des maladies graves, et on ne guérit toujours pas du SIDA. On vit avec, mais on est obligé de gober des médocs toute sa vie !
Tu ne dis rien, tu as l’air de te foutre au plus haut point des propos rabat-joie d’un vieux con comme moi. Bien sûr, tu n’as pas été jeune dans les années 80 et 90, quand l’Epidémie a décimé toute une génération. Le SIDA ne fait plus la une de nos jours, et je me demande si tu en as seulement entendu parler. Si ça se trouve, tu dois penser que ce n’est pas plus grave qu’une grippe. Ce n’est pas le cas.
Ta légèreté sur le sujet me sidère. Mais je sais que je n’arriverai pas à te faire comprendre tout cela. Tu es si jeune, si beau, tu pètes la forme. Et quand on est si jeune, et quand on pète autant la forme, quand on a l’impression que le monde est à nos pieds, on se croit invincibles, et immortels.
Alors, faute de pouvoir te convaincre de faire davantage attention, j’essaie de te faire comprendre à quel point ce serait dommage qu’il t’arrive quelque chose.
— Tu es si jeune, tu es si beau. Ce serait tellement dommage qu'il t'arrive quelque chose aussi connement, je te glisse, en guise de conclusion de cette conversation.
Je voudrais que tu saches lire entre les lignes, je voudrais que tu ressentes la bienveillance, la tendresse et l’attachement que j’ai voulu insuffler dans ces quelques mots. Mais je ne pense pas que tu aies les codes pour déceler mes intentions.
— Vraiment, ce serait dommage, j’insiste.
— Ouais…
— Tu sais, tu n'es peut-être pas le seul gars à qui cette nana a expliqué qu’elle prend la pilule, je reviens à la charge quelques instants plus tard.
Soudain, ton regard change. Je crois que j’ai trouvé l’entrée pour me faire entendre. Tu as l’air surpris, tu n'avais peut-être pas envisagé cette possibilité. Est-ce que tu prends désormais davantage au sérieux mes mises en garde, ou bien est-ce la blessure à l'ego qui te défrise ?
Quant à moi, c’est ce que tu viens de m’apprendre de ta vie sexuelle qui me défrise. Je trouve cela à la fois fascinant et sidérant. J’apprends donc que tu n’as aucun mal à trouver des nanas pour baiser. Et, par déduction, que si un jour tu as envie d’essayer avec un mec, tu n’auras aucun mal à en trouver un plus « frais » que moi.
— Allez, je pars à la douche ! tu coupes net.
Et tu disparais de ma vue. Me laissant seul avec cette image de serial baiseur. La simple idée de te savoir nu sous l’eau me fait un effet de dingue. J’ai envie de te suivre, de te rejoindre, de te regarder en train de prendre ta douche. Je bande. J’ai envie de toi. Follement envie de toi. Une envie à en déchirer les tripes. J’ai envie de te sucer même si ta queue a trempé dans une chatte. Définitivement, tu me rends dingue.
Mais je n’en fais rien. J’attends aussi sagement qu’impatiemment ton retour de ta douche. Je me fais violence pour résister à cette insupportable envie de me branler pour tenter de soulager la tension érotique que tu as provoquée en moi en me racontant tes exploits. Et le fait de penser qu’une heure plus tôt tu étais en train de baiser, de jouer au petit mâle, de jouir, me rend dingue, dingue, dingue. Comment joues-tu au petit mâle, d’ailleurs ?
Tu pourrais me demander ce que tu voudrais, je le ferais. Mon royaume pour te faire jouir dans ma bouche. Si jeune, et tant de pouvoir de séduction concentré dans tes mains ! Ça me donne carrément le vertige.
L’attente de ton retour de la douche n’est pas si longue, et pourtant elle me paraît interminable. Tu reviens quelques minutes plus tard, tu reviens dans une tenue qui manque de peu d’avoir raison de ma Raison. Tu réapparais les cheveux encore humides, presque mouillés, en bataille, inspirant un désir totalement déraisonnable. Un désir d’une violence inouïe.
Tu réapparais torse poil, affichant ta demi-nudité avec toujours la même aisance déroutante, avec une insolence totalement décomplexée. Je ne me lasse pas de contempler et de désirer cette plastique solide, ces quelques minuscules grains de beauté dans ton cou, ces pecs délicatement dessinés, ces tétons qui semblent conçus expressément pour être léchés, mordillés pour faire exploser ton excitation, et la mienne avec. Je me demande si tu es sensible des tétons comme je le suis, j’imagine comme ce serait bon de les travailler longuement, de te faire abondamment languir avant de te faire jouir comme un malade.
Tu n’as même pas pris la peine de remettre un short. Non, non, non. Tu te pointes très succinctement vêtu d’un simple boxer blanc, l’élastique porté bien bas, laissant dépasser la naissance des plis de l’aine, ainsi qu’une douce pilosité annonçant de façon très marquée ta jeune virilité. Laissant l’imagination travailler à plein régime pour tenter de compléter ce que le regard ne peut pas contempler.
Si tant est qu’il y ait quelque chose à compléter. Car, si on se fie au paraître et disparaître de certains reliefs au gré de tes mouvements, de tes pas, ce beau boxer épouse à la perfection un paquet qui s’annonce très honorablement fourni.
Et ce n’est pas tout. Non seulement tu es beau et presque à poil, mais tu sens terriblement bon. Définitivement, cette nuit, tu as décidé de me mettre KO. Définitivement, tu n’as que la gueule d’un ange. En vrai, tu es un petit démon qui veut me perdre, m’amener à la damnation.
Pendant un instant, l’émotion est si forte que je crois que je vais faire un malaise. Tu réalises parfaitement que l’effet que tu recherchais avec cette entrée en scène spectaculaire a été obtenu, même au-delà de tes attentes.
Parce que je ne peux imaginer une seule seconde que cette tenue ne soit que le fruit du hasard, d’un besoin de te mettre à l’aise dans cette nuit encore chaude. Non, je ne peux imaginer une seule seconde que tu n’aies pas fait exprès le coup du boxer blanc pour m’en mettre plein la vue, pour tester une fois de plus l’effet que tu as sur moi, pour pousser un peu plus loin encore ta provocation, pour me pousser un peu plus loin encore dans mes retranchements, vers le précipice de la folie.
Et le résultat est là, je ne peux te quitter des yeux, je ne peux quitter ton paquet des yeux. Je suis comme hypnotisé par ta beauté, ta jeunesse, ta petitconitude flamboyante. Je te désire comme j’ai rarement désiré un garçon dans ma vie. Et Dieu sait que j’en ai désirés, jusqu’à me consumer de désir. Je te désire comme je n’ai désiré qu’une seule autre fois dans ma vie, qu’un seul autre garçon, il y a bien longtemps déjà.
Je sens ton regard sur moi. Et c’est un regard triomphant. Ça te plaît que je te mate comme un fou, hein ? Que je brûle d’une envie carrément douloureuse d’accéder à ta virilité ? Ça te fait kiffer de me chauffer à blanc et de me laisser sur ma faim de toi ?
Mon cerveau vrille dangereusement. Je craque !
Tu fumes une dernière cigarette, et tu me souhaites la bonne nuit. J’ai envie de trouver quelque chose pour te retenir, j’ai envie de franchir le pas, cette nuit. Je suis tellement excité ! Et puis, je te sens tellement dans la séduction et dans la provocation, que je me dis que tu ne refuseras pas ma proposition de te sucer, que tu ne peux pas refuser ça à un garçon que tu as chauffé de la sorte. Un garçon que, tu le sais désormais, n’a que de bonnes intentions à ton égard, et qui ne veut que ton plaisir.
— Il est très beau ton boxer… je te glisse la première chose qui m’est passée par la tête.
— Merci…
— Et tu le portes très bien…
— Je vais l’enlever pour dormir.
Ton regard de b(r)aise devient carrément incendiaire. Tu as l’air bien fier de ton triomphe écrasant, étouffant, total sur moi.
— Alors… bonne nuit, tu me glisses.
— Bonne nuit, oui.
Et tu disparais de ma vue, tu disparais une énième fois derrière le grincement des gonds de ta porte.
Pourquoi je n’ose pas me lever, aller taper à ta porte, te faire revenir, et te proposer simplement de te sucer ? Pourquoi, au lieu de tout ça, je me cantonne à écouter mon cœur taper à tout rompre dans ma poitrine, résonner dans mes tempes, jusque dans ma queue ?
Je t’imagine en train de baiser, je t’imagine en train de jouir, j’imagine tes giclées en train de fuser, chaudes, puissantes, parfumées, et je jouis sur ma chaise, la porte de mon gite toujours ouverte sur le jardin.
Matin J-4 avant mon départ.
Le lendemain matin, je me réveille envahi de tristesse. Je retrouve ma frustration, cette frustration de plus en plus cuisante de ne pas oser tenter quelque chose avec toi. Et je retrouve le compte à rebours. Le jour de mon départ approche. Dans quatre jours, je retournerai à Lourdes, je retournerai à ma vie. Et toi tu reprendras le cours de la tienne, sans moi.
Rien que trois heures de route vont nous séparer géographiquement, mais des années lumières vont s’interposer entre nos vies. L’été va bientôt se terminer, et tu vas partir à Aix pour tes études. D’autres bornes se glisseront entre nous, et tant d’autres obstacles. Ta vie de p’tit con de STAPS, avec des potes, du sport, des nanas, et d’infinies opportunités devant toi, une vie toute à construire, une vie qui ne recroisera plus jamais la mienne.
Ce compte à rebours rend ma frustration encore plus insupportable.
Je dois me faire violence pour me lever et rejoindre ta grand-mère pour le petit déjeuner.
Heureusement, elle est toujours souriante et de bonne humeur, sa conversation toujours aussi agréable. Si elle savait à quel point j’ai envie de toi, et à quel point ce désir est en train de me ravager !
Chaque matin, depuis que tu es « rentré » dans ma vie, je brûle d’envie de te revoir. Mais ce matin, après que cette nuit je t’ai vu pratiquement à poil, mon envie est décuplée.
Mais ce matin tu te fais attendre. Et quand enfin tu te manifestes, tu es sexy comme d’habitude, le torse gainé dans un t-shirt noir. Mais tu as l’air distant. Exit les regards de b(r)aise de la nuit, ce matin je suis transparent à tes yeux. Ou même encombrant. Tu me dis à peine bonjour, et tu ne me regardes même pas.
Oui, chaque matin, et ce matin en particulier, la distance que tu mets entre nous au petit déjeuner contraste de façon criante avec la complicité et l’intimité grandissantes de nos nuits. Tu n’es pas le même quand ta grand-mère est là que lorsque nous ne sommes que tous les deux. Tu es donc bien conscient du fait que tu joues un jeu un peu particulier avec moi, un jeu que tu n’assumes pas à la lumière du jour.
Ce matin, tu pars de suite après le petit déjeuner. Et je passe toute ma journée à penser à toi, à ton boxer blanc, à ta bosse, à la forme de ton gland que j’ai cru deviner pendant une fraction de seconde moulée par le coton élastique. Je passe ma journée à me branler, tout autant mentalement que physiquement.
J’attends avec impatience ton retour la nuit suivante.
Mais cette nuit tu ne rentres pas. Tu me laisses seul avec mes questions, mes désirs brûlants, le manque dévastateur de ta présence, le son assourdissant de ton absence. Et un épuisement infini, après trop de branlettes.
I feel it/Je le ressens
It's coming/Ça arrive
(…) Feel it on my finger tips, hear it on my window pane/
Je la sens sur le bout de mes doigts, je l’entends sur ma vitre
(…) Wash away my sorrow, take away my pain/Lave mon chagrin, enlève ma douleur
Rain/La pluie
L’orage.
Un soir, un orage éclate. Ce qui m’oblige à déserter ma place sur la chaise longue du jardin, mon observatoire de ta Mâlitude du Soir. Les éclairs sont impressionnants, les coups de tonnerre fracassants. Je laisse ma porte fenêtre ouverte pour profiter de la fraîcheur et je me laisse bercer par le bruit apaisant de la pluie.
C’est là que tu débarques. Soudain, alors que je suis en train de regarder un film dans mon gîte, j’entends un bruit sec à proximité immédiate. J’ai tout juste le temps de me retourner et de t’apercevoir du coin de l’œil. Apparition inattendue et rapide comme l’éclair, ta silhouette trace sous l’avancée du toit pour se protéger de la pluie. Le bruit sec ayant certainement été provoqué par ton sac à dos frottant contre le battant de ma porte restée ouverte. Tu passes vite, mais je ne manque pas d’être foudroyé par le parfum de ton déo, me tombant dessus comme un coup de fouet.
Apparition soudaine, faisant bondir mon cœur, passage précipité par la furie des éléments, me privant de ce « Bonsoir » qui est la base de nos échanges.
Un instant plus tard, j’entends le double grincement des gonds de ta porte d’entrée, et je sais que ce soir je ne te reverrai pas.
Je te sais désormais à quelques mètres de moi seulement, je t’imagine tout trempé, en train de poser tes fringues et de passer à la douche. Et en effet, je ne tarde pas à entendre le bruit étouffé de l’eau qui coule juste de l’autre côté de la cloison – j’imagine que les deux salles de bain sont mitoyennes.
Je me prends à rêvasser de cette eau qui coule sur ta peau, qui caresse des régions de ton anatomie que je ne pourrai jamais caresser, ne serait-ce que du regard.
Le désir que tu m’inspires est tellement corrosif que j’ai l’impression que ça me brûle de l’intérieur. C’est de plus en plus douloureux, de plus en plus insoutenable. Mon cœur bat à tout rompre, l’envie de taper à ta porte et te proposer cette pipe dont j’ai désespérément envie me ravage comme jamais. Et pourtant, je sais que je n’en ferai rien, que cette nouvelle défaite ira entacher un peu plus mon esprit de la noirceur de la frustration.
Je suis sur le point de fermer mes volets, de me mettre au lit et de m’offrir le maigre lot de consolation qu’est un plaisir solitaire, lorsque j’entends la porte de ton gîte grincer à nouveau. Tu dois ressortir pour fumer une dernière clope. Comment j’ai pu penser que tu renoncerais à cela ?
Soudain, après avoir aperçu les affres d’une énième capitulation, j’ai l’impression qu’une nouvelle chance m’est offerte. Et cette chance inattendue, je ne veux la rater sous aucun prétexte !
Pourtant, je n’arrive pas à me décider à sortir de mon gîte, je n’arrive pas à affronter ma peur de connaître un autre échec cuisant, celui de te regarder disparaître après la fin de ta clope sans que notre « relation » n’ait évolué d’un iota.
Mais ça, c’est sans compter avec toi. Tu apparais dans l’embrasure de ma porte, le torse moulé dans un petit débardeur blanc à fines rayures, les cheveux encore humides, totalement en bataille, ajoutant un je ne sais quoi de sauvage, d’indompté, de rebelle à ton allure. Tu sens bon le gel douche ou ton déo à la fragrance délicieuse. Ton regard est plus pétillant que jamais, le grain de beauté au creux de ton cou attire irrépressiblement mon regard et mes lèvres. Et ton boxer noir met en valeur une belle bosse de façon passablement affolante.
— Bonsoir, tu me lances d’une voix étonnamment basse, résolument sensuelle, tenant ta cigarette d’une main vers l’extérieur, prenant nonchalamment appui avec l’autre contre le montant du cadre de ma porte.
Je n’ai pas de mots pour dire à quel point tu es beau à cet instant. En fait, je crois qu’il n’existe pas de mot rendant justice à ta beauté surnaturelle. Car, à cet instant, tu es l’alpha et l’oméga de mon désir, rien ni personne d’autre n’existe à mes yeux.
— Oui, bonsoir ! je te réponds, tout en réalisant que je te fixe depuis assez longtemps pour que tu me le signales avec un sourire des plus malicieux.
Exposé de si près à une telle bogossitude affolante, mis en joue par ta virilité radioactive, je perds tous mes moyens. Je cherche quelque chose à te dire, je bégaie.
Ton sourire insolent me rend dingue. Parce que je sais parfaitement que cette insolence nait désormais de la pleine conscience du désir que tu suscites en moi. Après avoir capté mes regards de plus en plus appuyés au fil des jours, voilà que cette nuit, le malaise soudain provoqué par ton apparition t’a donné la mesure de ce que tu suscites en moi.
Et maintenant ? Comment me sortir de ce malaise, de ce pétrin ?
A ma grande surprise, c’est toi qui t’en charges.
— Dites, vous n’auriez pas une bière ?
Bien sûr, une bière ! Comment ai-je pu ne pas y penser tout seul ?
Que je suis con ! J’en ai pourtant dans mon frigo ! Pourquoi je n’ai pas pensé plus tôt à lui en proposer une ? Parfois, je me mettrais des baffes !
— Oui, j’en ai… je m’empresse de te répondre, comme en apnée.
Et là, je te vois appuyer un peu plus ton petit sourire coquin et triomphant.
— Vous me permettez de rentrer ? tu me glisses, question purement rhétorique si j’en juge à ton sourire amusé.
Ton vouvoiement m’agace depuis le premier jour, me heurte, me blesse. Je t’ai dit à plusieurs reprises de me tutoyer, mais tu sembles prendre un malin plaisir à continuer de me vouvoyer, de souligner par ce biais la distance insurmontable entre toi et moi.
Je suis dans un étant second, je n’ai même pas le courage d’exiger que cela cesse. Je suis désarçonné, je ne sais quoi te répondre pour relancer la conversation.
— Bien sûr, rentre…
Sans plus attendre, tu passer pour la première fois le seuil de mon gîte. Et moi, j’ai l’impression que je viens de franchir un portail spatio-temporel. Comme si je basculais dans une autre dimension.
Pour la première fois, je t’approche à moins d’un mètre, pour la première fois j’ai toute ton attention, sans écran, sans casque qui nous sépare. Pour la première fois, je ressens ton regard sur moi, lourd, insistant, interrogateur, intrigué. J’ai l’impression que je ne vais pas tenir, que je vais faire un malaise. C’est complétement fou l’effet que tu me fais. Insane, on dirait en anglais. Oui, insane.
Autour d’une bière, nous discutons une nouvelle fois, et plus longuement, de tes études à venir, de ta passion pour les sports. Je n’arrive pas à croire que tu es chez moi et que nous sommes en train de partager une bière, comme des potes.
Depuis que tu me parles, je dois rassembler toutes mes forces pour seulement soutenir ton regard, tour à tout attachant, sensuel, pétillant, charmeur. Je reçois quelques beaux sourires à bout portant, ce qui me rapproche dangereusement du malaise cardiaque et menace sérieusement ma santé mentale.
Je me demande si seulement tu arrives à imaginer la violence que je dois me faire pour résister à l’attraction qu’exerce sur moi ton corps bien bâti, ce débardeur moulant, cette fraîcheur virile qui se dégage de toi. Non, tu n’as pas la moindre idée de l’effort que je dois produire pour ne pas te sauter dessus.
Malgré le fait que mes sens et mon esprit soient happés par ta beauté, je découvre au fil de nos échanges qu’en plus d’être beau et charmant, tu es vif d'esprit, et même plutôt drôle. Tu es un véritable rayon de soleil qui ferait passer cette nuit de pluie pour un matin ensoleillé de printemps.
Lorsque tu termines ta bière, je t’en propose une deuxième. A ma grande surprise, tu acceptes. Je te regarde, nonchalamment affalé dans le fauteuil en face de moi, ton déo vrillant mes neurones.
Mon regard est happé par ton torse dessiné et imberbe à peine dissimulé par le débardeur blanc, par tes cuisses musclées, par cette bosse de ton boxer noir qui me nargue, par tes mollets puissants et déjà poilus. Je m’enivre de ton physique si frais, de ta peau que je n’ai jamais effleurée mais qui a l’air si douce. Est-ce que tu te réalises à quel point je crève d’envie de me glisser entre tes cuisses, de descendre ce beau boxer noir, de faire jaillir ta queue, et ton jus, pour l’avaler jusqu’à la dernière goutte ?
Ce soir j’ai plus que jamais envie de te caresser, de te câliner, de te faire découvrir de nouveaux plaisirs, de te faire jouir. Je me demande quel genre d’amant tu serais. Je t’imagine fougueux, cherchant le bonheur des sens avec impatience, je t’imagine précipiter les « choses » pour aller droit au but.
— Alors, tu viens me sucer ? je t’imagine me balancer pour mettre un terme à ma contemplation, qui aurait trop duré à ton goût.
— Mais avec grand plaisir ! serait ma réponse.
Un instant plus tard, je serais à genoux devant toi. Je te prendrais en bouche et je prendrais le temps de te faire découvrir bien des choses, je te regarderais prendre de l’assurance au fil de ma fellation, je te regarderais aimer tout ça, et en redemander. Et puis je te laisserais te lâcher, prendre ton pied et lâcher ton jus partout où tu le voudrais.
Je te regarderais après nos ébats, assommé de plaisir, l’air étonné d’avoir pris autant ton pied avec un autre garçon.
Je garderais un souvenir presque irréel de cette nuit, et toi aussi.
Si seulement j’osais. Mais évidemment, je n’ose pas.
Si seulement j’avais ne serait-ce que quinze ans de moins, un autre corps, une autre gueule. Mais, surtout, ce courage d’aller vers les garçons qui me plaisent, et cette confiance en moi qui me fait cruellement défaut depuis toujours !
Si seulement je savais lire ce qui se passe dans ton regard, ce beau regard brun qui par moment se pose fixement dans le mien, me mettant terriblement mal à l’aise. Oui, je suis de plus en plus impressionné par toi, beau Valentin, qui me toises avec un regard coquin du haut de tes 18 ans.
Alors, je me contente de t’écouter parler, jusqu’à ce que nous n’ayons plus rien à nous dire. Jusqu’à ce que le silence anéantisse cette occasion unique. Jusqu’à ce que tu te lèves et que tu quittes mon gîte pour regagner le tien. Jusqu’à essuyer la plus brûlante des déroutes.
Le matin après l’orage.
Le lendemain matin je me réveille envahi par un terrible sentiment de malaise. Je réalise que la dernière semaine de mon séjour approche, et le compte à rebours se fait de plus en plus pressant dans ma tête. Tic-tac, tic-tac, tic-tac… Plus que quelques jours, et ce sera fini. Je ne te reverrai plus.
Aujourd’hui, ta grand-mère m’annonce qu’elle part voir des amis, et qu’elle ne rentrera que demain après-midi. Elle me laisse les clés du réduit où elle prépare le petit déjeuner pour que je puisse me débrouiller tout seul demain matin.
Elle est déjà partie lorsque tu apparais enfin, beau comme un Dieu, baignant dans la lumière intense du matin. Mais tu n’es pas vraiment avenant. Tu me dis à peine bonjour, et mes timides tentatives de renouer avec la complicité de cette nuit s’écrasent lamentablement sur tes réactions monosyllabiques. Tu prends juste un café, le petit déj complet devenant moins indispensable lorsqu’on doit le préparer soi-même, tu fumes ta clope et tu retournes dans ta tanière en attendant l’heure de partir au boulot.
Je te sais seul, allongé sur ton lit. Je te vois, même. Tu as laissé la porte ouverte. Et nous sommes seuls, rien que tous les deux. Ce serait l’occasion idéale pour tenter quelque chose. Ça me brûle horriblement de tenter quelque chose. Mais, une fois encore, je laisse les minutes, les heures s’écouler, sans oser. Je ne fais rien d’autre pendant ce temps, rien d’autre que te désirer, regarder le temps s’écouler, ne pas oser, me détester. Souffrir.
Ce matin, il fait super chaud, le soleil est aveuglant. Lorsque tu ressors enfin pour aller travailler, ta tenue me rend dingue. Grandes lunettes de soleil, casquette à l'envers, t-shirt noir plutôt ajusté, l'air de te la péter un brin, drapé de cette impertinence intrinsèque aux P’tits Cons de ton espèce, cette insolence naturelle, assumée avec évidence, avec tellement de facilité. Une attitude qui me fascine.
J’ai encore envie de me branler. Ou, mieux, de baiser. Ce matin, l’un de mes contacts sur l’appli de rencontres me propose de nous rencontrer. Au bout de quelques messages, j’arrive à fixer un plan avec Tiago, un vacancier « qui ne reçoit pas ».
Je n’ai jamais vraiment aimé le principe des rencontres sur application. Certes, leur évènement ce fut une grande avancée pour la communauté gay. Avant leur apparition, les rencontres dans le monde gay étaient aléatoires, difficiles, dangereuses. Les applications ont rendu les rencontres aisées. Mais ont emporté avec elles la magie de la rencontre fortuite.
Il y a une grande différence entre rencontrer un garçon au hasard du quotidien et la rencontre trop formalisée, formatée résultante des applications de rencontre. On choisit comme sur un catalogue, sur des critères, sur image, on rejoue un scénario d’approche codifié et répétitif : un peu de bla bla, tu aimes quoi, on se voit quand, on se voit où, on baise et surtout pas au revoir. Et on est choisis de la même façon. C’est comme se choisir soi-même le cadeau qu’on trouvera sous le sapin le matin de Noël. A la sortie, il n’y a plus de surprise, plus de magie. La rencontre n’a plus rien de magique.
Je rêve de faire une rencontre magique dans la vie de tous les jours. Je rêve de rencontrer un garçon magique, d’être foudroyés par la surprise, par l’attraction, par l’amour.
Mais en attendant, je fais comme tout le monde, je fais comme je peux. J’alimente le système qui a tué l’amour, les relations stables, et qui est même en train de tuer le désir.
Le rendez-vous est fixé à 21 heures, mais le gars est en retard. Lorsqu’il se pointe enfin, il est presque 22 heures. Le temps d’un verre, de quelques échanges, et de terminer notre affaire, il est près de minuit.
Je n’ai pas envie que le gars soit toujours là au moment où tu vas débarquer, beau Valentin. C’est idiot, mais je préfère être discret sur ma vie sexuelle. Et puis, je ne voudrais pas que la présence de ce gars change quoi que ce soit entre toi et moi. D’un côté, je crains qu’en apprenant que je suis gay, tu changes d’attitude vis-à-vis de moi, que tu prennes tes distances. J’ignore ce que tu penses sur le sujet. Tu aimes te sentir désiré, certes, peut-être même par un garçon. Et tu dois même te douter que je dois avoir une vie sexuelle. Mais l’idée que tu sois d’une certaine façon spectateur de cette vie sexuelle, en voyant un gars sortir de chez moi, cela me met mal à l’aise.
Et puis, je ne voudrais pas que cela puisse compromettre mes chances de « conclure » avec toi. Car, pour stupide que cela puisse paraître, au fond de moi je nourris toujours l’espoir, certes surréaliste, qu’il se passe quelque chose entre nous. Je crains que si tu apprends que j’ai couché avec un autre gars, cela puisse te refroidir et réduire mes déjà faibles chances en poussière. Je n’ose rien tenter avec toi, mais j’ai peur que tu saches qui je suis.
Ce soir, je couche avec un gars, mais je pense à toi, Valentin. Je pense à toi pendant que je couche avec un autre. Ça, depuis que je t’ai « rencontré », tu occupes tous mes désirs et tous mes fantasmes. J’ai tellement envie de toi, beau p’tit mec ! De toi, et pas d’un autre.
Oui, je préfère que Tiago soit parti quand tu vas débarquer. Il est déjà minuit, mais je me sens « large », car tu ne te pointes jamais avant une heure du matin.
Evidemment, ce n’est pas le cas ce soir. Tiago vient tout juste de sortir de chez moi, lorsque j’entends tes pas sur les gravillons. Un instant plus tard tu apparais, torse nu, comme d’habitude, le t-shirt blanc sur ton épaule, beau comme un Dieu. Je suis ébloui par ton apparition. Tout comme Tiago, d’ailleurs.
Tu as l’air surpris et décontenancé de voir un inconnu dans le jardin de ta grand-mère, tu te figes pendant un instant, le regard interrogateur et un brin sur la défensive, avant de réaliser que l’inconnu est certainement mon invité. Ton regard fait alors quelques allers-retours rapides de moi à Tiago et de Tiago à moi. C’est un regard qui cherche à comprendre, à découvrir, à creuser. C’est un regard qui déshabille.
Je sens que tu passes du questionnement à la compréhension en une fraction de seconde. Et là, j’ai l’impression de me faire surprendre avec les mains dans le pot de confiture, de faire quelque chose de « mal ». C’est idiot, mais j’ai comme l’impression de te « tromper ». J’ai peur qu’en apprenant que je viens de me taper un gars, tu t’imagines que mon attention s’est détournée de toi, alors que tu es mille fois plus attirant que ce gars.
Il y a quoi exactement dans ton regard ? Du dégoût ? Ou bien, de la jalousie ? Aurais-tu aimé être à la place de ce gars ?
Mais mon inquiétude ne dure pas très longtemps. Car, lorsque ton regard se détend enfin, ton air surpris et inquiet laisse la place à un petit sourire, un petit sourire plutôt amusé.
Tu lâches même un « Bonsoir » des plus charmants à l’intention de mon amant d’un soir. Tiago te salue à son tour, avant de continuer dans sa direction. Et toi, tu continues dans la tienne, déverrouilles ta porte et tu disparais dans ton gîte, sans un mot.
Quant à moi, je rentre chez moi et je me laisse choir sur le fauteuil. Mille émotions s’agitent dans mon esprit à cet instant. Je ne sais pas très bien comment me comporter maintenant. Je me sens toujours un peu honteux de m’être fait surprendre avec mon amant d’un soir, et surtout de m’être fait surprendre par toi, p’tit con, que je désire par-dessus tout.
Mais, en même temps, je t’emmerde ! Je suis chez ta grand-mère, et tant que mon séjour court, je suis chez moi, et chez moi je fais ce que je veux, j’invite qui je veux. Y compris pour baiser ! Et si ça te pose problème, et si tu es jaloux, t’as qu’à me faire signe, tu peux à tout moment prendre la place de n’importe quel profil sur l’application.
J’ai envie de sortir, de venir te voir, j’ai envie de savoir ce qui t’inspire ce que tu viens de découvrir.
Mais tu me devances. J’entends le bruit de la pierre de ton briquet, j’entend ta première expiration, et tu viens carrément me trouver sur le pas de ma porte, un sourire des plus malicieux au bord de tes lèvres et au fond de tes yeux.
— Alors, c’était bien ? tu me balances de but en blanc.
— Quoi donc ? je feins de m’étonner, incrédule que tu oses m’interpeller de façon si cash.
— Avec le barbu. J’imagine que tu ne l’as pas fait entrer chez toi juste pour lui offrir une bière, LUI !
Mais quel sacré p’tit con ! Je suis désarçonné par ton franc parler, par ton intrusivité effrontée, par tes mots directs, et en même temps fasciné par ce bond d’intimité que cela promet de nous offrir. En plus, je note que tu me tutoies, enfin. Alors, je décide de jouer un peu avec toi.
— J’en ai connu des meilleurs, je lâche prise.
— Et tu as fait le mec ou la meuf ?
Plus cash, on meurt.
— Tu crois que je vais répondre à ça ? je te lance, complètement déstabilisé, alors qu’au fond de moi je brûle justement d’envie de te répondre. Et de préciser que je peux faire les deux, que Tiago a eu envie que je fasse le mec, mais qu’avec toi, je serais au petit soin de ta jeune virilité.
— Tu fais comme tu veux. Salut, tu conclus sèchement.
Et tu disparais, comme vexé.
Le matin suivant, tu me sembles distant. Tu me dis à peine bonjour, et je n’arrive pas à croiser ton regard une seule fois. Ta grand-mère n’est toujours pas revenue, une fois de plus ton petit déjeuner ne sera pas servi sur un plateau d’argent, tu as surement la flemme de t’en charger, et tu te tires après ta première clope.
Tu sembles pressé, et je ne tente rien pour comprendre ton attitude. J’entends le bruit de ta voiture qui démarre, et qui s’éloigne.
J’appréhende un peu que tu parles à ta grand-mère de ce que tu as vu, ou pire, de ce regard empli de désir que je pose sur toi de façon de plus en plus insistante. J’appréhende que, ayant finalement compris la véritable raison de mon intérêt à ton sujet, elle me regarde autrement que comme elle m’a regardé jusqu’à maintenant, un hôte charmant avec qui elle s’est sentie assez en sécurité pour pas mal s’épancher au sujet de son petit-fils. J’appréhende qu’elle en soit dégoutée, qu’elle se sente trompée et trahie.
Ma journée est un brin gâchée par ces pensées moroses. Mais la nuit venue, j’attends ton retour de pied ferme, en priant pour que tu ne découches pas. Dans ma tête, je me fais mille films. Je me dis que tu es vexé contre moi parce que je n’ai pas voulu répondre à tes questions, parce que je n’ai pas voulu te faire confiance. Je me dis que maintenant que tu sais que j’ai des aventures, tu vas te « venger » en en ayant toi aussi, que cette nuit tu vas baiser jusqu’à ce que la queue t’en tombe et que tu ne vas pas rentrer.
Au fond de moi, je me mettrais des baffes. Pour une fois que tu t’intéressais à ma vie, et à ma vie sexuelle qui plus es, je n’ai pas su saisir l’occasion pour titiller un peu plus ta curiosité. Et pourtant, c’était l’occasion rêvée pour te « sonder » un peu plus, pour voir quelle aurait été ton attitude face à un récit « détaillé » d’un plan entre garçons. C’était l’occasion rêvée de te pousser à sortir « à découvert », et de pouvoir te poser en retour des questions, de sonder tes éventuelles envies de tenter quelque chose avec un garçon.
C’était l’occasion rêvée de te dire à quel point je te trouve bandant et à quel point je te ferais tout, vraiment tout ce dont tu aurais envie. L’occasion rêvée de te proposer de te faire tout, vraiment tout, ce dont tu as envie, de te faire découvrir un tout nouveau monde de plaisir. C’était l’occasion rêvée de te proposer de te sucer.
Je me déteste de ne pas avoir su saisir cette occasion la nuit dernière. Peut-être la seule, de créer une véritable complicité entre toi et moi.
Ce soir, je t’attends jusque tard, très tard. Une heure, deux heures, trois heures. Mais cette nuit, tu ne rentres pas. Tu me laisses seul avec mes questions, avec mes désirs brûlants, avec mes remords de ne pas avoir su te faire confiance lorsque tu me l’as demandé. Je me languis de toi, de ta présence, de ta bogossitude.
Il est près de quatre heures lorsque je me retire dans mon gîte et je suis tellement fatigué et déçu que je n’ai même pas l’énergie de me taper une branlette.
Le lendemain matin, je ne me lève pas de bonne heure. Je sors de ma tanière juste à temps pour te voir partir au boulot, vers 11 heures. Finalement, tu es rentré. Je ne t’ai pas entendu. Je t’ai raté. Tu t’es levé avant moi, et je t’ai encore raté.
Me voilà reparti pour une nouvelle journée d’attente et de questionnements.
La nuit suivante j’attends ton retour avec une impatience nouvelle. J’ai envie de te dire tout ce que tu veux savoir, de répondre à toutes tes questions. Oui, je te dirai ce qui s’est passé avec Tiago.
Il est deux heures du mat’ lorsque tu te pointes avec un petit polo bleu et blanc qui te va comme un gant, le col relevé qui te donne un petit supplément de canaillerie tout bonnement insoutenable.
Je te propose une bière, et nous la partageons dans le jardin, dans la chaude nuit estivale. Tu me parles de ta journée au camping, rien de vraiment intéressant.
Je te laisse parler, tout en cherchant le bon moment pour dévier la conversation et te reparler de Tiago.
Mais avant que je n’aie trouvé l’occasion, tu m’assènes un coup d’une violence inouïe.
— Je pue, tu considères à un moment, en te sentant les aisselles.
— Tu t’es pas douché, ce matin ? je te cherche.
— Si, mais je pue toujours après avoir baisé ! tu lâches, comme une bombe.
Je sens ton regard sur moi scrutant ma réaction, jubilant de l’effet que cette révélation a sur moi, celui d’une bombe justement. Tu as bien étudié ton coup, hein, p’tit con ? Tu sais que je crève d’envie de toi, et tu cherches peut-être à te « venger » du fait que je n’ai pas répondu à tes questions l’autre soir. Ou, tout simplement, tu dis la première chose qui te passe par la tête, comme tu en parlerais à un pote, sans penser un seul instant à comment ton interlocuteur va recevoir cette « bombe », aux dégâts que tes mots vont provoquer chez lui.
— Tu as baisé ? je t’interroge, totalement désarçonné. J’ai du mal à encaisser la nouvelle.
— Oui, tu me glisses, alors qu’un petit sourire terriblement canaille embrase ton regard.
— Avec une nana ? je veux savoir.
— Évidemment !
— Une nana du camping ?
— Ouais…
— C’est pas très pro tout ça… je lâche, dépité. L’imaginer en train de baiser est déjà difficile. Savoir qu’il vient de baiser, pour de vrai, c’est tout bonnement insoutenable.
— Pas du tout, mais elle voulait ma queue… je n’allais pas lui dire non !
— Bien sûr que non… je soupire, alors que je suis en train de me liquéfier sur place.
— En plus, elle a pris tarif. Et elle a même eu droit à un rappel, tu ajoutes, visiblement très fier de toi et de ton exploit.
— Et tu as mis une capote, j’espère ? je réagis, après un moment de silence qui me parait long comme l’éternité, en reprenant enfin le souffle après l’apnée mentale dans laquelle tes mots m’ont plongé.
— Non, elle m’a dit qu’elle prend la pilule…
Ah putain ! En plus elle a eu la chance d’être remplie de ton jus de petit mâle. J’ose tout juste t’imaginer en train de jouir, de te vider les couilles en elle. J’ose tout juste imaginer le bonheur que ça doit être de se faire sauter et remplir par un petit mec de ton espèce. J’espère juste qu’elle a apprécié le cadeau que tu lui as fait à sa juste valeur. Et qu’elle ne t’a pas filé une saloperie !
— Tu sais, la pilule ne te protège pas des MST… je tente de te mettre en garde.
— Elle était fraîche...
— Fraîche ne veut pas dire forcément clean...
— Ouais…
Je ne suis pas très étonné de la façon avec laquelle tu reçois cette mise en garde, avec cette « distance » et cette désinvolture, l’air de dire « ouais, ouais, t’inquiète, il ne m’arrivera rien, pas à moi, pas à dix-huit ans, alors, cause toujours, ça m’intéresse ». Tu es trop jeune pour comprendre. Trop jeune pour mesurer les risques, et trop jeune par rapport à l’époque où les MST étaient très médiatisées. Elles ne le sont plus de nos jours, hélas.
— Je ne blague pas, j’insiste. On peut choper des maladies graves, et on ne guérit toujours pas du SIDA. On vit avec, mais on est obligé de gober des médocs toute sa vie !
Tu ne dis rien, tu as l’air de te foutre au plus haut point des propos rabat-joie d’un vieux con comme moi. Bien sûr, tu n’as pas été jeune dans les années 80 et 90, quand l’Epidémie a décimé toute une génération. Le SIDA ne fait plus la une de nos jours, et je me demande si tu en as seulement entendu parler. Si ça se trouve, tu dois penser que ce n’est pas plus grave qu’une grippe. Ce n’est pas le cas.
Ta légèreté sur le sujet me sidère. Mais je sais que je n’arriverai pas à te faire comprendre tout cela. Tu es si jeune, si beau, tu pètes la forme. Et quand on est si jeune, et quand on pète autant la forme, quand on a l’impression que le monde est à nos pieds, on se croit invincibles, et immortels.
Alors, faute de pouvoir te convaincre de faire davantage attention, j’essaie de te faire comprendre à quel point ce serait dommage qu’il t’arrive quelque chose.
— Tu es si jeune, tu es si beau. Ce serait tellement dommage qu'il t'arrive quelque chose aussi connement, je te glisse, en guise de conclusion de cette conversation.
Je voudrais que tu saches lire entre les lignes, je voudrais que tu ressentes la bienveillance, la tendresse et l’attachement que j’ai voulu insuffler dans ces quelques mots. Mais je ne pense pas que tu aies les codes pour déceler mes intentions.
— Vraiment, ce serait dommage, j’insiste.
— Ouais…
— Tu sais, tu n'es peut-être pas le seul gars à qui cette nana a expliqué qu’elle prend la pilule, je reviens à la charge quelques instants plus tard.
Soudain, ton regard change. Je crois que j’ai trouvé l’entrée pour me faire entendre. Tu as l’air surpris, tu n'avais peut-être pas envisagé cette possibilité. Est-ce que tu prends désormais davantage au sérieux mes mises en garde, ou bien est-ce la blessure à l'ego qui te défrise ?
Quant à moi, c’est ce que tu viens de m’apprendre de ta vie sexuelle qui me défrise. Je trouve cela à la fois fascinant et sidérant. J’apprends donc que tu n’as aucun mal à trouver des nanas pour baiser. Et, par déduction, que si un jour tu as envie d’essayer avec un mec, tu n’auras aucun mal à en trouver un plus « frais » que moi.
— Allez, je pars à la douche ! tu coupes net.
Et tu disparais de ma vue. Me laissant seul avec cette image de serial baiseur. La simple idée de te savoir nu sous l’eau me fait un effet de dingue. J’ai envie de te suivre, de te rejoindre, de te regarder en train de prendre ta douche. Je bande. J’ai envie de toi. Follement envie de toi. Une envie à en déchirer les tripes. J’ai envie de te sucer même si ta queue a trempé dans une chatte. Définitivement, tu me rends dingue.
Mais je n’en fais rien. J’attends aussi sagement qu’impatiemment ton retour de ta douche. Je me fais violence pour résister à cette insupportable envie de me branler pour tenter de soulager la tension érotique que tu as provoquée en moi en me racontant tes exploits. Et le fait de penser qu’une heure plus tôt tu étais en train de baiser, de jouer au petit mâle, de jouir, me rend dingue, dingue, dingue. Comment joues-tu au petit mâle, d’ailleurs ?
Tu pourrais me demander ce que tu voudrais, je le ferais. Mon royaume pour te faire jouir dans ma bouche. Si jeune, et tant de pouvoir de séduction concentré dans tes mains ! Ça me donne carrément le vertige.
L’attente de ton retour de la douche n’est pas si longue, et pourtant elle me paraît interminable. Tu reviens quelques minutes plus tard, tu reviens dans une tenue qui manque de peu d’avoir raison de ma Raison. Tu réapparais les cheveux encore humides, presque mouillés, en bataille, inspirant un désir totalement déraisonnable. Un désir d’une violence inouïe.
Tu réapparais torse poil, affichant ta demi-nudité avec toujours la même aisance déroutante, avec une insolence totalement décomplexée. Je ne me lasse pas de contempler et de désirer cette plastique solide, ces quelques minuscules grains de beauté dans ton cou, ces pecs délicatement dessinés, ces tétons qui semblent conçus expressément pour être léchés, mordillés pour faire exploser ton excitation, et la mienne avec. Je me demande si tu es sensible des tétons comme je le suis, j’imagine comme ce serait bon de les travailler longuement, de te faire abondamment languir avant de te faire jouir comme un malade.
Tu n’as même pas pris la peine de remettre un short. Non, non, non. Tu te pointes très succinctement vêtu d’un simple boxer blanc, l’élastique porté bien bas, laissant dépasser la naissance des plis de l’aine, ainsi qu’une douce pilosité annonçant de façon très marquée ta jeune virilité. Laissant l’imagination travailler à plein régime pour tenter de compléter ce que le regard ne peut pas contempler.
Si tant est qu’il y ait quelque chose à compléter. Car, si on se fie au paraître et disparaître de certains reliefs au gré de tes mouvements, de tes pas, ce beau boxer épouse à la perfection un paquet qui s’annonce très honorablement fourni.
Et ce n’est pas tout. Non seulement tu es beau et presque à poil, mais tu sens terriblement bon. Définitivement, cette nuit, tu as décidé de me mettre KO. Définitivement, tu n’as que la gueule d’un ange. En vrai, tu es un petit démon qui veut me perdre, m’amener à la damnation.
Pendant un instant, l’émotion est si forte que je crois que je vais faire un malaise. Tu réalises parfaitement que l’effet que tu recherchais avec cette entrée en scène spectaculaire a été obtenu, même au-delà de tes attentes.
Parce que je ne peux imaginer une seule seconde que cette tenue ne soit que le fruit du hasard, d’un besoin de te mettre à l’aise dans cette nuit encore chaude. Non, je ne peux imaginer une seule seconde que tu n’aies pas fait exprès le coup du boxer blanc pour m’en mettre plein la vue, pour tester une fois de plus l’effet que tu as sur moi, pour pousser un peu plus loin encore ta provocation, pour me pousser un peu plus loin encore dans mes retranchements, vers le précipice de la folie.
Et le résultat est là, je ne peux te quitter des yeux, je ne peux quitter ton paquet des yeux. Je suis comme hypnotisé par ta beauté, ta jeunesse, ta petitconitude flamboyante. Je te désire comme j’ai rarement désiré un garçon dans ma vie. Et Dieu sait que j’en ai désirés, jusqu’à me consumer de désir. Je te désire comme je n’ai désiré qu’une seule autre fois dans ma vie, qu’un seul autre garçon, il y a bien longtemps déjà.
Je sens ton regard sur moi. Et c’est un regard triomphant. Ça te plaît que je te mate comme un fou, hein ? Que je brûle d’une envie carrément douloureuse d’accéder à ta virilité ? Ça te fait kiffer de me chauffer à blanc et de me laisser sur ma faim de toi ?
Mon cerveau vrille dangereusement. Je craque !
Tu fumes une dernière cigarette, et tu me souhaites la bonne nuit. J’ai envie de trouver quelque chose pour te retenir, j’ai envie de franchir le pas, cette nuit. Je suis tellement excité ! Et puis, je te sens tellement dans la séduction et dans la provocation, que je me dis que tu ne refuseras pas ma proposition de te sucer, que tu ne peux pas refuser ça à un garçon que tu as chauffé de la sorte. Un garçon que, tu le sais désormais, n’a que de bonnes intentions à ton égard, et qui ne veut que ton plaisir.
— Il est très beau ton boxer… je te glisse la première chose qui m’est passée par la tête.
— Merci…
— Et tu le portes très bien…
— Je vais l’enlever pour dormir.
Ton regard de b(r)aise devient carrément incendiaire. Tu as l’air bien fier de ton triomphe écrasant, étouffant, total sur moi.
— Alors… bonne nuit, tu me glisses.
— Bonne nuit, oui.
Et tu disparais de ma vue, tu disparais une énième fois derrière le grincement des gonds de ta porte.
Pourquoi je n’ose pas me lever, aller taper à ta porte, te faire revenir, et te proposer simplement de te sucer ? Pourquoi, au lieu de tout ça, je me cantonne à écouter mon cœur taper à tout rompre dans ma poitrine, résonner dans mes tempes, jusque dans ma queue ?
Je t’imagine en train de baiser, je t’imagine en train de jouir, j’imagine tes giclées en train de fuser, chaudes, puissantes, parfumées, et je jouis sur ma chaise, la porte de mon gite toujours ouverte sur le jardin.
Matin J-4 avant mon départ.
Le lendemain matin, je me réveille envahi de tristesse. Je retrouve ma frustration, cette frustration de plus en plus cuisante de ne pas oser tenter quelque chose avec toi. Et je retrouve le compte à rebours. Le jour de mon départ approche. Dans quatre jours, je retournerai à Lourdes, je retournerai à ma vie. Et toi tu reprendras le cours de la tienne, sans moi.
Rien que trois heures de route vont nous séparer géographiquement, mais des années lumières vont s’interposer entre nos vies. L’été va bientôt se terminer, et tu vas partir à Aix pour tes études. D’autres bornes se glisseront entre nous, et tant d’autres obstacles. Ta vie de p’tit con de STAPS, avec des potes, du sport, des nanas, et d’infinies opportunités devant toi, une vie toute à construire, une vie qui ne recroisera plus jamais la mienne.
Ce compte à rebours rend ma frustration encore plus insupportable.
Je dois me faire violence pour me lever et rejoindre ta grand-mère pour le petit déjeuner.
Heureusement, elle est toujours souriante et de bonne humeur, sa conversation toujours aussi agréable. Si elle savait à quel point j’ai envie de toi, et à quel point ce désir est en train de me ravager !
Chaque matin, depuis que tu es « rentré » dans ma vie, je brûle d’envie de te revoir. Mais ce matin, après que cette nuit je t’ai vu pratiquement à poil, mon envie est décuplée.
Mais ce matin tu te fais attendre. Et quand enfin tu te manifestes, tu es sexy comme d’habitude, le torse gainé dans un t-shirt noir. Mais tu as l’air distant. Exit les regards de b(r)aise de la nuit, ce matin je suis transparent à tes yeux. Ou même encombrant. Tu me dis à peine bonjour, et tu ne me regardes même pas.
Oui, chaque matin, et ce matin en particulier, la distance que tu mets entre nous au petit déjeuner contraste de façon criante avec la complicité et l’intimité grandissantes de nos nuits. Tu n’es pas le même quand ta grand-mère est là que lorsque nous ne sommes que tous les deux. Tu es donc bien conscient du fait que tu joues un jeu un peu particulier avec moi, un jeu que tu n’assumes pas à la lumière du jour.
Ce matin, tu pars de suite après le petit déjeuner. Et je passe toute ma journée à penser à toi, à ton boxer blanc, à ta bosse, à la forme de ton gland que j’ai cru deviner pendant une fraction de seconde moulée par le coton élastique. Je passe ma journée à me branler, tout autant mentalement que physiquement.
J’attends avec impatience ton retour la nuit suivante.
Mais cette nuit tu ne rentres pas. Tu me laisses seul avec mes questions, mes désirs brûlants, le manque dévastateur de ta présence, le son assourdissant de ton absence. Et un épuisement infini, après trop de branlettes.
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