Jamais de toute ma vie… 1

- Par l'auteur HDS Ethelrede -
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Récit libertin : Jamais de toute ma vie… 1 Histoire érotique Publiée sur HDS le 11-03-2025 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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Jamais de toute ma vie… 1
Il y avait vraiment beaucoup de monde au Blow-up, cette nuit. La boîte était comble… Mais bon, il faut bien comprendre le gérant… c’est le commerce, n’est-ce pas ? Alors, on continuait à accueillir des clients, des habitués de ce night-club très connu et apprécié.
Apprécié, il l’était pour les tarifs plutôt amicaux pratiqués sur les bouteilles d’alcool, invitant les noctambules à une consommation parfois déraisonnable… Mais il faut, là aussi, comprendre que tout n’est pas que grandeur d’âme ici-bas… Lorsque la marge est basse, il faut bien compenser par le nombre, sinon, on a vite fait de manger la culotte !


Outre le prix de ses boissons, un autre sujet de contentement des habitués résidait dans la grande tolérance de l’établissement pour ce qui pouvait se passer dans ses recoins les plus sombres. Et il y en avait ! Le lieu avait été aménagé, à dessein, avec de nombreuses alcôves, ouvertes certes sur la salle de danse, mais de dimensions assez réduites et orientées de telle sorte que pour voir ce qu’il s’y passait, il fallait pratiquement y entrer.


Mitsi n’affectionnait pas beaucoup ce genre de lieu… En fait non : elle détestait, n’ayons pas peur des mots. Comment un garçon, ʺlevéʺ dans ce genre d’endroit, pouvait-il avoir la moindre bribe de sincérité ? Oui, elle aimait avoir un homme dans son lit, d’accord, mais avec un minimum de sentiment ! Seulement voilà, ce soir elle avait cédé à l’insistance de sa copine Adèle, en mal, elle aussi d’un compagnon pour la nuit !


Adèle et Mitsi, c’est tout une histoire ! Elle se connaissent depuis des années. Elles ont été à l’école ensemble, elles ont fait leurs études dans la même fac, elles font du sport ensemble… De vraiment bonnes amies. Rien ne semble pouvoir les séparer, si ce n’est un point sur lequel elles sont diamétralement opposées : Autant Adèle est du genre direct, volage, allant d’amant en amant, courtisant volontiers le couple quand elle désire l’homme -ou parfois la femme- autant Mitsi est sérieuse, à la recherche de l’homme de sa vie. Elle en a essayé un certain nombre, certes, par peur de se tromper, mais en y mettant toujours des formes, de la sincérité et beaucoup de romantisme !


Alors elles étaient là, dans une de ces petites alcôves, sans doute la plus tordue du Blow-up, avec une demi-douzaine de garçons imbibés de Vittel, sans doute, qui leur chantaient à tue-tête :

- Un bisou, les filles un bisou, un bisou…

Adèle, après deux ou trois verres et pliée de rire, s’était rapprochée de Mitsi, l’avait prise par la taille et tentait de l’embrasser… Mais Mitsi détournait systématiquement la tête, rendant sa quête impossible.


Il est vrai qu’Adèle était plutôt connue, ici… Personne n’y avait sans doute jamais entendu parler du loup blanc… mais d’elle, à coup sûr ! Lorsqu’elle partait en chasse, garçon, fille, au singulier ou au pluriel, rien ne lui faisait jamais peur. Et jamais elle ne rentrait bredouille ! Alors, vous pensez bien, la gentille Mitsi, avait-elle la moindre chance de passer entre les mailles de ses rets ? Ainsi donc, elle se défendait, tant bien que mal…


- Jamais, jamais de toute ma vie je n’ai eu le moindre rapport avec une fille… Je n’ai jamais fait ça et je ne le veux pas… Arrêtez vos conneries !

- Allez, ma jolie, il faut bien commencer un jour !

Le garçon qui, goguenard, avait lancé cette remarque avait agacé la jolie jeune femme, dont la longue chevelure châtain clair tirant sur le roux ondulait sur ses épaules, au gré de ses dénégations, riait à gorge déployée : Mitsi avait tourné la tête vers lui…


- Qui te dit qu’il y ait besoin de commencer ? Je ne veux pas, un point c’est …

Grossière erreur… Tandis qu’elle regardait l’importun, elle ne vit pas les lèvres d’Adèle s’approcher des siennes, s’y coller et y demeurer…

Ah, ça ! parler de surprise serait un vain mot ! Mais quelle surprise ? Ou peut-être devrais-je dire quelles surprises… Car si, lorsque ce contact sur ses lèvres devint évident, Mitsi en fut tout étonnée, le fait qu’elle le trouvât fort plaisant fut, et de loin, l’objet de son plus grand étonnement ! Juste un petit baiser, chaste encore, tout tiède, sur ses lèvres consentantes…
Bigre ! Que cela était doux, sensuel, agréable… Elle ne se serait jamais attendue à une telle sensation de plaisir. Aussi, après avoir tenté de repousser l’intruse un court instant, l’agrippa-t-elle par la taille et lui rendit-elle son baiser, l’invitant même à l’accentuer. Bientôt, les langues entrèrent en action et c’est à un véritable baiser d’amantes qu’assistèrent les joyeux fêtards comblés. S’ils avaient pu deviner ce qui allait suivre, ils en aurait eu un hoquet !
Adèle profita de son avantage pour glisser ses mains sous le haut, très juste-au-corps, de son amie… Laquelle lui rendit sans aucune hésitation la politesse, allant jusqu’à dégrafer son soutien-gorge par-dessous son chemisier, à la grande surprise d’Adèle, pour pouvoir librement caresser ses seins. Le monde partait à l’envers !


Maintenant, les deux jeunes femmes, torse nu, s’enlaçaient et mettaient visiblement plus aucune limite à leurs envies. Adèle caressait les fesses de Mitsi qui, sous l’effet de la douce stimulation, ronronnait et ondoyait des hanches jusqu’à ce que, n’y tenant plus, elle ôte d’elle-même le jean moulant interdisant toute intrusion manuelle. Adèle en profita pour se défaire su sien.


En petites culottes de dentelle blanche et vermillon, les deux filles se laissèrent choir au sol, sur leurs vêtements, pour continuer leurs ébats, leurs découvertes. Baisers suaves, sensuelles caresses, mains qui partaient en exploration, à l’aventure pour deux d’entre elles !


C’est Mitsi qui, la première, passa sa main sur l’entre-jambe de son amie, provoquant chez elle un sanglot de surprise. Adèle écarta aussitôt ses jolies cuisses fuselées pour lui donner autant d’aise qu’elle pouvait… Bientôt Mitsi, abandonnant les lèvres de sa partenaire, entreprit un sensuel voyage le long de son menton aux arêtes joliment dessinées, de son cou délicatement charnu, de ses clavicules, de sa poitrine où elle fit une longue pause.


De ses lèvres en anneau souple et agile, elle en aspirait les mamelons, les tétant avec douceur mais avidité aussi, mordillant leur base et la naissance de ses aréoles brunes. Adèle soupirait d’aise, l’encourageait à aller encore plus fort, à pincer, aspirer avec plus de vigueur. Puis elle abandonna ces douces montagnes dont elle venait de découvrir la douceur, le grain de peau et, surtout, la tonifiante fragrance, pour continuer son chemin vers le bas de son ventre. Rapidement, elle fit disparaître le dernier obstacle à sa quête, le dérisoire bout de dentelle rouge vif… Le pubis d’Adèle était glabre, finement épilé. Sans réellement comprendre pourquoi, Mitsi en fut contrariée. Elle y posa cependant ses lèvres et dut bien admettre que ce contact, en l’absence de toute pilosité, était d’une incomparable douceur.


Il s’en dégageait un parfum délicat, une eau de toilette douce et très fine, valant : sans doute une fortune ! Mais elle regretta de ne pas retrouver ici cette invitation à plus de fougue qu’elle avait ressentie un peu plus tôt, en léchant ses seins… Ce n’est qu’en enfouissant son visage au plus secret de cette aimable fourche que Mitsi commença à capter le doux parfum de la luxure ! L’appel au plaisir, l’élixir d’amour pur et concentré se tenait terré là…Avec application mais surtout délectation, elle entreprit de découvrir ce joli petit abricot, cette douce fleur d’amour dont elle n’avait jusqu’alors jamais vu d’autre exemplaire que le sien.


Avec stupeur, Mitsi sentait monter en elle une excitation d’une puissance jamais vécue avec ses amants, même la toute première fois qu’elle s’était donnée à un garçon. Elle avait cette étonnante sensation de s’apprêter à perdre une seconde virginité : c’était seulement beaucoup plus puissant cette fois, avec un désir mille fois magnifié, un plaisir anticipé immense. Tout en y approchant son visage, elle se laissait envahir par l’effluve subtil de ce sexe appelant la caresse, parfum âcre et doux, oxymore amoureux, invitant aux plus intimes audaces.


Sa langue se perdit alors entre les pétales de la jolie fleur, allant à la recherche du précieux nectar qu’elle sentait déjà sourdre, abondante fontaine de plaisir et de volupté partagée. Tandis qu’elle déglutissait goulument l’abondante sève d’amour et happait en même temps la petite perle dissimulée dans son délicat capuchon de douce peau si sensible, elle pouvait entendre les râles et les soupirs d’Adèle qui, incrédule, se laissait emporter vers un tsunami de sensations et d’émotions qu’elle sentait déjà prêt à déferler en elle.


Mitsi ferma les yeux pour se concentrer sur la beauté de cette scène qu’elle n’aurait jamais imaginé vivre, ne serait-ce que vingt ou trente minutes plus tôt ! Mais, vrai de vrai, ce que cela était bon ! Jamais de toute sa vie, jamais au grand jamais, elle n’aurait pu imaginer que faire cela avec une autre femme puisse lui procurer, à elle, autant de joie, rien qu’à cette idée de lui avoir offert un assez bel orgasme, il est vrai ! Alors, le recevoir… Serait-ce aussi bon ? Meilleur, même ? Toutes les supputations étaient désormais permises…


Là, à ses genoux, Adèle, luisante de la rosée occasionnée par l’effort intense qu’elle venait de fournir, reprenait son souffle et ses esprits. Elle était radieuse, derrière le masque de fatigue. Mitsi lui caressa tendrement la main :


- Je suis désolée, ma chérie. J’ai fait ça comme une sauvage, j’aurais dû prendre mon temps… C’était nul, trop rapide…

- Nul ? Trop rapide ? Mais tu veux donc ma mort ? Arrête tes âneries : tu viens de me donner sans doute le plus fabuleux orgasme de toute ma vie ! J’ignorais qu’il fût possible de jouir avec une telle intensité… Et il faut que ce soit toi qui me l’enseignes !


Adèle se redressa et, assise au sol devant son amie, l’embrassa d’un baiser qui ne souffrait d’aucune sorte de doute quant à sa nature : l’amour, le vrai, l’Amour avec un A superlatif était tombé sur elles ! Ses mains étaient à leur tour animées de toutes les intentions les plus louables ! Elles s’étaient tout d’abord emparées de ses seins, deux magnifiques globes de chair ferme, dorée comme au four, exhibant deux aréoles couleur crème brûlée et tout aussi appétissantes, surmontées de deux tétons bien droits évoquant une petite framboise sculptée dans du caramel !
Elle avait fait rouler ces deux petits trésors entre ses doigts, arrachant de petits gémissements de plaisir à sa partenaire, puis elle avait gobé successivement l’un, puis l’autre, les suçant, les aspirant, avec douceur ou avec force, les mordillant, les faisant devenir de plus en plus raides, avides de cette cruelle caresse !


Ce faisant, sa main droite était allée en reconnaissance dans les contrées inexplorées du bas de son ventre plat, à la peau douce et tout aussi dorée, décoré tout en bas d’une luxuriante toison acajou, soigneusement taillée en forme de cœur… La barrière de dentelle blanche ne l’avait pas arrêtée bien longtemps : remontant le long d’une cuisse, ses doigts avaient vite fait de se glisser en dessous ! Elle avait alors approché son visage de ce lieu magique, temple de tous les désirs, toutes les folies. De ses doigts explorateurs, elle avait maintenu largement écartée l’étoffe blanche afin de pouvoir, d’un index inquisiteur, longer le profond sillon de cette merveilleuse grotte d’amour dont la crue semblait imminente.


Voyant sourdre la liqueur de volupté telle une invitation à en faire davantage, elle fit glisser ce doigt le long des pétales rosés, jusqu’à le faire disparaitre en totalité dans les profondeurs du puits d’amour. À quelques décimètres de là, d’une tout autre source, jaillissaient force soupirs et gémissements…


Adèle se pencha et, ajoutant un second doigt, vint coller ses lèvres sur les nymphes palpitantes, laissant sa langue donner toute l’assistance requise à l’index et au majeur, fort occupés ! Tandis que les deux doigts allaient et venaient dans les profondeurs de la mine de plaisir, sa bouche et sa langue assuraient le service de surface, savourant la liqueur de désir tout en cajolant le pistil de la fleur, maintenant tout à fait épanouie…


Dans un râle semblant monter du plus profond d’elle, en un indomptable crescendo, Mitsi se tendit soudainement, décollant son dos du sol, reposant sur ses deux pieds et sa tête dans un équilibre plus que précaire, chancelant, même… Mais de tout temps, Éros a veillé sur les amoureux : l’édifice tint bon, même lorsque la déferlante de plaisir a tout ravagé en elle, révulsant ses yeux et faisant apparaître un filet de salive à ses commissures, incapable qu’elle était alors de contrôler quoi que ce fut !


Dieu tout puissant ! Était-il juste possible de ressentir une telle jouissance ? Sans en mourir sur le champ ? Mitsi, à son tour, s’effondra, prise d’une sorte de doux sanglot, subtil intermédiaire entre rire et pleurs. Allongée sur elle, Adèle la couvrait de baisers et lui administrait de pressantes caresses :


- Mitsi, il faut qu’on se rajuste… Nous sommes tout de même en public !
Les deux jeunes femmes se rhabillèrent aussi rapidement que possible, au son des gloussement ravis des quelques spectateurs ayant assisté, visage écarlate, au délicieux spectacle !


Non loin de là, au bar, deux solides gaillards à la chevelure aussi fournie que celle des fesses ordinaires, se trémoussaient au son de la musique, l’air de rien lorsqu’ils entendirent ces rires et gloussements venant de l’alcôve 5. Un rapide regard aux écrans de vidéosurveillance derrière le barman leur donna l’explication.

- Ah, les salopes, nan mais t’as vu ça, Bob ? Y’en a deux qui s’amusent, on dirait.

- Ouais, encore des chiennes en chaleur qui n’ont pas compris… On y va ?

- Un peu, qu’on y va…


Par chance, étant entrés dans la boîte après l’essentiel, ils pensaient qu’elles n’en étaient qu’au début… Ils se dirigèrent vers l’alcôve en question, la foule s’écartant prudemment à leur passage.


Arrivée des deux gaillards devant l’alcôve, dans laquelle le haut de Mitsi manque encore à l’appel … Un silence pesant se fait aussitôt. Personne ne doute un seul instant de ce qui va se passer. Les deux filles vont prendre très, très cher…

- Alors les p’tites putes, on s’encanaille devant les matous pour les exciter ? On n’a pas encore compris que les filles, c’est fait pour les mecs ? Il vous faut une leçon, espèces de sales gouines ?


Le silence se fait encore plus dense, les spectateurs, jusque-là guillerets et goguenards se font tout petits, genoux tremblants… Adèle, pourtant, arbore son plus beau sourire !

- Qu’y a-t-il de mal à se faire des bisous pour un simple pari ? Tout va bien !

- Ouais, c’est ça ! Un pari ! Et le polo de la pouffe rouquine, il est parti en vacances tout seul ?


Les deux costauds s’approchent insidieusement… Adèle, pourtant, les regarde droit dans les yeux :

- S’il vous plaît, messieurs, ne faites pas d’esclandre ici… C’est un lieu de détente, de plaisir, pas une salle de combat libre…


Combat libre… Voilà une expression qui aurait pu, qui aurait dû, interpeler les deux malabars… Mais non ! ils n’en avaient cure… Ah ! S’ils avaient su… Seulement, voilà : l’histoire s’écrit après !


Comme saisie de peur, Mitsi s’était tassée sur elle-même, les jambes légèrement fléchies bras mi-fléchis de même, doigts légèrement repliés. Loin d’exprimer la peur, ses yeux reflétaient une totale sérénité… Adèle en avait fait de même, cependant, elle laissait transparaitre une grande inquiétude et ses lèvres tremblaient légèrement.


Lorsque le tondu qui avait pris Mitsi pour cible lança sa main en avant pour la saisir par les cheveux et la balancer rageusement au sol, un coup de pied d’une violence imprévue lui toucha le plexus, le privant instantanément de toute respiration. Quant à Mitsi, impassible, elle n’avait pour ainsi dire pas bougé, son pied ayant sagement repris la place qu’il occupait quelques secondes auparavant.


Voyant cela et comprenant que les filles n’étaient pas du tout inoffensives, le garçon qui avait choisi Adèle, sortit prestement un couteau à cran d’arrêt… Claquement, lame pointée sur elle…

- Ah, les petites putes, elles font du karaté ! Et là ? Tu rigoles moins, hein, la petite gouine ! Bouge un poil et je te plante…


Il lança son attaque avec un incroyable célérité… mais Adèle, assez calmement, s’écarta tel le toréador, saisit la main tenant l’arme et, en une pirouette parfaitement rôdée, se retrouva derrière le grand costaud qui, un bras tordu dans son dos et debout sur la pointe de pieds, un rictus de souffrance au visage, dut bien lâcher son couteau. L’un des spectateurs, un petit vieux qui jusque là n’avait rien dit le ramassa :

- Pour le karaté, je ne sais pas, mais pour l’aïkido, là c’est sûr ! Bravo mesdemoiselles… Heu… La police est prévenue, elle arrive d’une seconde à l’autre. Souhaitez- vous leur remettre ces… gens ? Peut-être serait-il sage de les laisser partir ? Pour éviter davantage de représailles…


Le visage des deux redresseurs de tort était bouillant de rage et de haine. Mais, clairement, ils avaient affaire à forte partie … Renonçant même à ramasser leur couteau, ils filèrent sans demander leur monnaie, se faisant même siffler au passage. Ils croisèrent les trois policiers qui entraient au moment même où ils quittaient le Blow-Up.


Au bar, les policiers se firent expliquer ce qui s’était passé : on appela les deux filles. Courte explication, mais suffisamment détaillée pour que l’un de policiers fasse une moue désapprobatrice :

- Mesdemoiselles, vous n’auriez en aucun cas dû les molester… D’ailleurs, vous le savez, vous n’avez pas le droit d’user des arts martiaux en dehors de la légitime défense !

- C’était le cas…

- Mais votre défense doit demeurer raisonnable et proportionnée !


Mine ahurie d’Adèle qui ne peut s’empêcher de répliquer :

- Bien sûr, c’est ça ! On se laisse tuer et on discute après… Je ne vois pas les choses comme ça, moi !

- Mademoiselle, je ne peux pas vous donner tort ! Mais un juge ne verra pas les choses de la même manière ! Il faut comprendre qu’à l’heure où nous parlons, vos deux agresseurs sont avec leurs avocats, rémunérés par leur parti d’appartenance, je vous laisse deviner lequel… Ils savent sans doute qui vous êtes et, dès demain matin, à la première heure, ils porteront plainte auprès de nous pour violence, coups et blessures… peut-être même pire.

- Comment peuvent-ils savoir nos identités ?

- En fouillant les réseaux sociaux, mademoiselle, en comparant les photos qu’ils n’auront pas manqué de prendre de vous avant de partir. Je les connais, vous savez ! Nous les avons croisés en entrant…

- Mais, ils ont tenté de nous tabasser, et même de nous poignarder !

- En avez-vous des preuves ?

- Bien-sûr ! J’ai désarmé cet abruti… Il avait un couteau à cran d’arrêt.


Le vieux monsieur qui avait ramassé l’arme s’approcha alors et le tendit aux policiers.

- Ah ! C’est le couteau de Bob !

- Bob ?

- Robert Beuh

- Quel drôle de nom !

- Il se nomme Robert Grass, en réalité… Mais tout le monde l’appelle Bob ou Robert Beuh ! Ce couteau nous donnera une arme contre eux, je vais le conserver. Mesdemoiselles, souhaitez-vous porter plainte contre ces malfaiteurs ?

- Je… Ma foi, je ne saurais dire…

- Alors, soyons clairs. Si vous portez plainte, nous serons obligés de la recevoir. Toutefois, compte tenu de la législation en vigueur, nous ne pourrons pas faire grand-chose. La justice leur fera toutes les remontrances que vous pouvez imaginer, et, sans doute, vous verrez-vous attribuer une petite compensation financière, des dommages et intérêts pour préjudice moral, voire physique. Bien entendu, ils ne les paieront pas, ils n’iront pas en prison… Et vous serez en danger car ils sont rancuniers et très dangereux.

- Si je vous comprends bien, notre intérêt serait de ne rien faire ?

- C’est un assez bon résumé, mademoiselle. Si vous ne portez pas plainte, nous serons en mesure, grâce à ce couteau que vous nous avez remis, et que nous connaissons d’ailleurs bien, de les convaincre de ne pas porter plainte contre vous. C’est un peu du donnant-donnant.

- Dans ce cas, messieurs, la situation est claire : nous en resterons donc là.

- C’est sage, mesdemoiselles. Je vous remercie pour votre compréhension.


Les policiers se retirèrent. Mitsi termina prestement de rajuster sa tenue, remise à la hâte, passa les doigts en guise de peigne dans ses cheveux avant de lancer un sourire à son amie :

- La prochaine fois qu’on fait ce genre d’exercice, je propose que ce soit dans un lieu plus calme !

- Tu verrais ça quand, toi, la prochaine fois ? Et où ?

- On pourrait dire tout de suite ? Et chez moi, j’habite tout près…


Les deux filles prirent leurs affaires et sortirent de la boîte de nuit avec, je dois le dire, une certaine dignité…


Sitôt arrivée dans la rue, Mitsi se planta devant son amie, un sourire narquois aux lèvres :

- Adèle, est-ce que je peux savoir quelle mouche t’a piquée, pour que tu lances cette proposition, tout à l’heure, dans la petite alcôve ?

- Dis, tu ne voudrais pas rentrer, avant qu’on en parle ?


Adèle avait pris un air sérieux… Mitsi préféra ne pas insister tout de suite. Elle se borna à prendre la main de son amie dans la sienne avant de se remettre en route : que les choses soient bien claires, tout de même…

- Viens, je vais t’offrir un verre et nous pourrons discuter de tout cela…


Ce n’est qu’une fois rendues dans le petit appartement de Mitsi que les deux jeunes femmes purent laisser un peu retomber cette tension qui, tout de même, les avait saisies lors de cette désagréable rencontre. C’est donc la maîtresse des lieux qui ouvrit le bal.

- Bon… On a eu chaud, hein ?

- Si nous étions allées dans une boîte lesbienne, ça ne se serait pas passé…

- Oui ! mais je te rappelle que nous étions parties chasser le mâle : Et dans une boite de lesbiennes… Nous aurions fait chou blanc !

- Bin… Là aussi ! et ça me va plutôt bien, d’ailleurs !

- Oh toi ! C’est vrai, Adèle, tu as toujours été à voile et à vapeur, non ?

- Alors… Mitsi, je t’annonce que, sans trop de doute, la chaudière pour la production de vapeur vient de tomber définitivement en panne !

- Que veux-tu dire ?

- Je veux dire que je te veux, toi, Mitsi. Que je t’aime…


Petit moment de blanc… de flou. Mitsi se cherche une contenance, se mouche, cherche une brosse pour se refaire sa coiffure. Elle sort deux verres et y verse une rasade de son whisky préféré. Puis elle se tourne vers son amie pour lui en offrir un :

- Tiens, ma belle goûte-moi ça !

- Santé…

- En fait, je pense que j’en ai autant à t’offrir ! Oui, moi aussi, je t’aime. Seulement, il y a deux choses. La première, c’est que je t’aime sans doute depuis très longtemps, mais que je ne pense pas en avoir pris conscience avant aujourd’hui. La seconde c’est que tu ne m’as jamais offert la moindre approche, la moindre tentative de séduction… Comment est-ce possible, quand tu dis que tu m’aimes depuis toujours ? J’avoue ne pas comprendre…

- Mitsi, c’est compliqué…

- Nan ! Adèle, l’amour, il n’y a rien de plus simple !

- Mais… Tu ne comprends pas… J’ai été éduquée dans l’idée d’une certaine normalité où les filles épousent des garçons. Cette éducation, je l’ai mangée jusqu’à la dernière cuillerée. Il m’est difficile, pénible même, d’envisager d’en sortir…

- Mais Adèle, peux-tu me répéter ce que tu venais de me dire juste avant ?

- Quoi ? Que je t’aime ? Oui, c’est vrai : je t’aime et je n’ai jamais aimé que toi.

- Et, donc, toutes ces années où tu te tapais des garçons à qui mieux mieux, c’était par amour pour moi ?

- Pourquoi faut-il que tu rendes tout aussi difficile ? Je t’ai dit que je t’aimais, Mitsi, mais je suis lucide. Je devrai me marier avec un mec, un jour… C’est ça la normalité… J’ai été fabriquée ainsi.


S’il était arrivé à Adèle de voir son amie triste, ou déçue, ou irritée, jamais elle n’avait vu une véritable colère de celle qu’elle disait aimer ! La jeune femme vola littéralement en éclats, comme jamais elle ne l’avait fait devant son amie !

- Alors, voilà ! Pour toi, tout est simple, je vais résumer. Nous sommes amies depuis bien quinze ans, tu es secrètement amoureuse de moi, je n’en ai jamais rien su. Tu me tends un traquenard dans une boîte de nuit, au cours duquel tu me fais découvrir l’amour entre femmes, et il se trouve que cela éclaire ma propre orientation sexuelle : j’ai adoré ce moment incroyable, devant tout le monde. On débriefe, tu me déclares ta flamme, et là, tu me parles de normalité, mettant un terme à cet amour que tu prétends me porter. Et moi, là-dedans, qu’est-ce que je fais ? J’éclate de rire en applaudissant ? Mon Dieu quel merveilleux spectacle …

- Mais non, chérie…

- Et maintenant, tu me sers du chérie… Tu ne crois pas que tu déconnes à plein tuyaux ?

- Mitsi, tu dois comprendre que j’ai été formatée ainsi… Tout de même…


Mitsi redevint instantanément douce et calme. Déjà, elle regrettait de s’être emportée. Un grand sourire aux lèvres, elle reprit :

- Adèle ! Adèle chérie… Tu m’as montré ton amour. Tu m’as initiée à cet amour. Et j’en suis la plus heureuse des femmes. Tu peux me croire. Mais cette foutue normalité que tu me dis avoir adoptée, acceptée, elle ne tient pas la route ! Elle ne fonctionne pas !

- Pourquoi ? Le monde est ainsi fait depuis toujours !

- Nan ! La normalité, la vraie, c’est que l’amour soit considéré comme la chose la plus importante ici-bas, pas le genre des personnes qui s’aiment. Qui, je te le demande, qui peut se targuer de décider quel amour est bon, légitime, et lequel ne l’est pas ? Tu m’aimes ! Je t’aime ! C’est simple, il n’y a rien à cacher, rien de honteux. C’est beau, l’amour… Il n’y a d’ailleurs rien de plus beau !

- Mais, Mitsi ! Tu penses à mes parents ? Ils vont être fous de colère, de douleur, si jamais ils apprennent… ça !

- Nous y voilà ! Ainsi, selon toi, tes parents seraient des gens qui t’ont mise au monde, qui t’ont donné de l’amour, mais à cette unique condition que tu sois hétéro ! Si par malheur tu es une vilaine lesbienne, alors là, gare à tes os, ils te retirent tout… Sauf la vie, c’est une chance !

- Il faut toujours que tu exagères…

- Je n’exagère rien du tout ! Tu ne te rends pas compte de ce que tu dis ! As-tu essayé d’en parler à ta mère, par exemple ?

- Surtout pas elle ! Les lesbiennes sont sa plus grande horreur…

- Hé bien, nous irons la voir, toi et moi, et nous lui parlerons…

- Elle ne voudra rien entendre…

- Bien sûr que si. Nous allons lui expliquer qu’il y a des blondes, des brunes. Il y a des noires, des blanches… Il y a des droitières, des gauchères… Et de la même manière, il y a des filles hétéros et des lesbiennes. Ce n’est pas un choix, on naît comme ça… Et ne rigole pas : il y a même des lesbiennes gauchères !

- Elle ne changera pas sa vision pour autant.

- Alors, ça, nous en jugerons après, tu ne crois pas ? Et je vais te dire un truc : même si elle te repoussait, je te parie tout ce que tu veux que quand tu auras un bébé, elle te reviendra !

- Si seulement tu pouvais dire vrai…

- Ma chérie ! Tu m’aimes, n’est-ce pas ? Et moi je t’aime aussi, c’est la certitude que j’ai acquise ce soir. Alors ? Que fait-on ? On prend feu ? On se suicide ? Ou bien on se marie ?

- Mitsi, tu es folle ! Se marier ! C’est impossible…


Mitsi se leva, posa son verre et s’en vint mettre un genou à terre devant Adèle, prenant sa main gauche dans la sienne. Avec son air le plus théâtral, mais empreint d’une profonde sincérité, elle déclara :

- Mademoiselle, voulez-vous me faire l’honneur et l’immense bonheur de m’accorder votre main ?


Éclat de rire, les deux jeunes femmes se prennent à bras-le-corps en un câlin doux et fougueux, câlin au fort parfum d’urgence… Adèle va pour répondre mais Mitsi lui barre les lèvres d’un doigt sans appel avant de la bâillonner encore plus efficacement de ses propres lèvres, tout en l’entraînant vers sa chambre…

- N’avions-nous pas évoqué une prochaine fois, tout à l’heure ? Elle est venue, je crois…


Le court chemin menant de la pièce à vivre à la chambre se trouve en un tournemain jonché, telles les cailloux du Petit Poucet, des vêtements des deux amies, désormais amantes. Cette fois, pas de sifflements approbateurs, admiratifs ou d’encouragement. Pas d’hommes au teint écarlate, fourrageant tout autour de la bosse que forment leurs pantalons, extrayant l’origine de ladite protubérance pour la soulager en quelques va-et-vient salvateurs ! Totale intimité, certes, et bien plus de temps… La sensualité s’en ressent, les soupirs montent en un lent crescendo de soupirs des anges…

- Ce que tu es belle, mon amour, je ne t’avais jamais imaginée nue, tu sais !

- Peut-être, mais moi, Mitsi, je rêve de toi depuis si longtemps… Et tu es comme dans mes songes les plus doux, encore plus belle…


Difficile de parler quand les lèvres sont collées les unes aux autres en un torride baiser ! Pour dire quoi, d’ailleurs ? La scène se passe fort bien de tout mot… Ce sont les mains, qui parlent, caressant chaque partie de ces corps aimants, qui s’expriment dans l’intemporel langage sourd-muet de l’amour universel…


Des cuisses s’entrouvrent et s’emmêlent, jambes si se croisent et se décroisent, seins se frottant langoureusement contre leurs homologues, bras cherchant prise pour se rapprocher à l’infini du corps aimé dans cet ardent désir qu’ils n’en fassent plus qu’un seul…


Adèle a roulé sur le côté tandis que ses yeux et ses lèvres cherchent le petit cœur qu’elle n’a pu qu’entrevoir, plus tôt, au Blow-Up, encore caché par une culotte blanche. Elle s’en repaît, dans tous les sens du terme. Mitsi vient à son tour poser sa tête sur la cuisse offerte à cet effet et caresse de ses lèvres la douceur de ce mont de Vénus offert, pantelant de désir. Torture de l’attente… Les deux jeunes femmes veulent faire monter les enchères ; pas question de bâcler le travail, cette fois, bien prendre tout son temps !


Mitsi, curieuse, va d’étonnement en surprise. Elle qui n’a jamais vu d’autre anatomie féminine que la sienne jusqu’à ce soir-même s’emplit les yeux de ce qu’elle découvre. ʺAinsi, je suis faite comme ça ! Ai-je ces petits replis, ici ?ʺ Elle les touche d’un doigt léger, d’une langue agile, faisant naître un gémissement tandis que sourd derechef la suave liqueur du désir de sa belle amie. ʺOui, je dois les avoir, puisqu’ils me font le même effet…ʺ Alors elle plonge sa langue au plus profond de l’antre.


C’est décidé, Adèle veut faire jouir sa chérie de cette manière, et elle désire que son propre plaisir vienne simultanément. Le pourra-t-elle ? Cela dépend de tant de choses, et elles n’ont pas encore trop d’habitude, de connaissance de l’autre, en cette matière, en tout cas. Alors, tandis que sa bouche s’active, que sa langue dispense tout son plus exquis savoir-faire, de son bras libre, elle caresse avec sensualité le corps de son amante, flattant ses seins, sa taille, ses hanches, ses cuisses… Son bras prisonnier sous elle n’est tout de même pas tout à fait condamné à l’inutilité ! Sa main se glisse tant bien que mal entre les doux fuseaux des cuisses, passant sous sa joue, et vient donner un renfort appréciable ! Deux doigts passent ainsi le seuil de la grotte et partent en exploration dans ses profondeurs. Mitsi ondule des hanches, du bassin, et ronronne comme un matou comblé tout en dispensant de son côté la même caresse buccale !


Chaque fois qu’Adèle sent son amante trop proche de son point de non-retour, elle retient ses chevaux, calme le jeu, portant les caresses de sa langue sur le pourtour de la fleur… mais plus du tout en son centre le plus chaud. Gémissements de dépit… de courte durée : Mitsi comprend et active sa propre caresse, cherche comment accélérer la cadence !


Elle sait que son amie aime bien que les garçons se montrent possessifs et investissent son entrée la plus secrète… Sa main se glisse entre les magnifiques globes de chair de son superbe postérieur, dont elle est tellement fière, son index en longe le sillon, venant s’humecter au point de résurgence… Il fait de petits ronds autour de la douce étoile mauve, appuie en son centre… Déclenche chaque fois des ronronnements de satisfaction, d’encouragements qui se traduisent par une caresse plus active sur sa propre fleur d’amour…


Il va falloir jouer serré ! Mitsi, aspire la sensible perle d’amour entre ses lèvres en anneau tandis que sa langue agace le pistil de la fleur et que son index plonge au plus profond de l’étroit et chaud conduit. Adèle joue son va-tout ! Elle aspire et mord en même temps dans l’enchevêtrement des nymphes tandis que de ses deux doigts en crochet, elle sollicite ce qu’il est convenu d’appeler le point G de son amie.


Les deux femmes sont dans un tel état d’attente de délivrance qu’elles partent toutes les deux dans un hurlement de plaisir, se raidissant, accrochées l’une à l’autre comme à une bouée de survie…


Sirotant le reste de leur whisky quelques instants plus tard, nues dans le petit salon, les deux amantes se sourient, se regardent, toujours sans mot dire. Adèle s’est assise dans le profond et confortable fauteuil de cuir fauve, Mitsi est venue se poser non pas sur ses genoux, non ! Sur le haut de ses cuisses, sur le plus moelleux de sa personne, si l’on veut bien faire exception de sa magnifique poitrine… Et là, les bras passés autour de son cou gracile, elle la couvre de ses plus suaves baisers.

- Il est délicieux, ton whisky, hors du commun ! Je n’ai jamais connu un tel goût dans un malt. Je suis sûre que c’est un produit d’exception mais loin de moi l’idée d’une possible origine !

- C’est vrai ? Essaye de deviner, alors !

- Sûrement pas Japon, certainement pas Amériques… J’en élimine déjà pas mal ! Je rayerais volontiers l’Irlande, pourtant chère à mon cœur… Après… Tout est permis. L’ Écosse ? Pourquoi pas ? Ils sont capables de tout, ces gens-là… Mais je ne vois pas avec quoi ils auraient fait ce truc-là… C’est tellement… exceptionnel, tellement inattendu ! Je les pense trop attachés à leurs traditions pour sortir à ce point des sentiers battus.

- Jusqu’ici, tu t’en sors plutôt bien, dans ton processus d’élimination !

- Oui, mais il y en a tellement… Je crois que je vais donner ma langue au chat…

- Le tien ou le mien ?

- Ton petit minou !!! Le mien, je n’aurais pas la souplesse… Et je suis sûre que tu en rêves déjà !

- Bon, j’avoue que la barre était haute ! C’est breton, c’est du whisky de sarrasin !

- Whaooo ! C’est carrément magique.


Le baiser qui suit, parfumé au single malt de sarrasin, vieilli dans des fûts en bois de forêt de Brocéliande, n’a rien d’un baiser de cinéma. Les corps apaisés ne cherchent plus maintenant l’exultation : l’Amour réclame simplement son tribu… Deux amoureuses s’appliquent simplement à se le faire savoir, en y mettant tout leur cœur. Si les mains ne restent pas inactives, c’est seulement par souci de ne laisser aucune parcelle de leur peau dans l’ignorance de cet amour phénoménal qui désormais gouverne le moindre de leurs mouvements, la moindre de leurs pensées.


C’est dans la cuisine, tandis que Mitsi prépare le déjeuner -Oui, leurs ébats ont très largement satellisé la notion-même de petit déjeuner- que reprend une certaine discussion… largement laissée sous silence dans le courant de la nuit, mais pas oubliée pour autant !

- Mon amour, tu ne m’as pas répondu, je note…

Petite mine amusée de Mitsi qui sait bien qu’Adèle, perdue dans le maelström émotionnel que vivent les deux femmes, ne voit pas du tout à quoi elle fait référence !

- Heu…. Je ne t’ai pas répondu… Laisse-moi chercher… Ah ! Oui ! Alors, si je laisse parler mon cœur, la réponse est oui, sans la moindre hésitation. Seulement…

- Seulement quoi, ma belle chérie ?

- Seulement, j’ai peine à imaginer la peine que je vais faire à mes parents… Je ne peux me résoudre à leur annoncer une chose pareille… C’est terrible…

- Dèle ! Tu sais que je t’aime. Sais-tu à quel point ? Heu… M’autorises-tu ce petit diminutif que je viens d’imaginer ?

- Mon amour, je l’adore ! Oui, sans hésitation ! Je sais combien tu m’aimes et tu ne mesures peut-être pas combien je t’aime, moi, ni depuis combien de temps, en secret…

- Alors, voilà la question à laquelle tu dois répondre : penses-tu que tes parents seraient heureux de savoir que tu as renoncé à l’amour de ta vie, à ton propre bonheur, pour ne pas les contrarier ?

- Je… Heu…

- Dèle, tous les parents désirent deux choses : le bonheur de leurs enfants et des petits-enfants ! Nous avons les moyens de leur offrir les deux… Sois tranquille, ma douce, nous irons les voir et nous allons arranger tout ça.

- Tu… tu crois ?


La voix cassée, toute menue, d’Adèle en disait long sur ses doutes. Pourtant, elle voulait y croire. Elle prit sa bien-aimée dans ses bras et la serra fort contre elle. Mitsi la repoussa doucement, le temps de remuer dans son wok le sauté de porc au curry qu’elle préparait avec amour, puis repris le câlin en y adjoignant un baiser d’une grande sensualité.

- Mon amour, laisse-moi faire ! Je te propose d’aller voir ta mère, ensemble, toutes les deux. Après-tout, nous deux, c’est une histoire de femmes… c’est entre femmes qu’il faut traiter le sujet !


Le déjeuner fut plus que sympathique ! Le sauté de goret au riz et au curry, comme se plaisait à dire Mitsi, en décomposant le mot curry en deux mots bien distincts… ce mets fut apprécié à sa juste valeur. Il était accompagné d’un verre de Bordeaux clairet, une harmonie parfaite. Une mangue bien mûre avait tenu lieu de dessert, après quoi, faut-il le dire, une nuit un peu écourtée associée à un peu d’effort physique dans la matinée ont eu raison des deux amoureuses ! Elles retournèrent au lit où, étant déjà nues, elles se laissèrent lourdement choir, tombant endormies dans les bras l’une de l’autre.


La question de base étant restée sans réponse formelle, donc… mais pas oubliée pour le moins par celle qui l‘avait posée !


Une question, maintenant ! Est-ce que vous connaissez quelque chose de plus fragile que le sommeil des amoureux quand les hormones les travaillent, ou, pire, les phéromones ? Oui, c’est un classique ! On s’endort en se disant que ça va faire la toute belle nuit… Sauf que dès que le petit joufflu avec son arc se mêle de l’affaire, le sommeil en prend pour son grade ! Nous avons tous vécu ces nuits où il aurait fallu se reposer pour cause de réunion ultra importante, d’un examen scellant le résultat de toute l’année, du chantier de toute sa vie, d’une livraison à ne manquer pour rien au monde… Et pourtant, lors du premier petit réveil, c’est Cupidon qui a eu gain de cause ! Et c’est heureux ! C’est grâce à notre petit amour joufflu et facétieux que nous avons tant de souvenirs qui nous font sourire, même quand la vie nous fait le mauvais coup de séparer ces amours que nous pensions éternelles !


Alors, nos deux belles au lit, tout aurait pu laisser penser que dans les heures qui suivraient, notre coquine divinité allait venir les chatouiller d’une pointe de flèche incitatrice. Rien de tel ne se produisit. Sans doute Cupidon avait-il terminé la bouteille de clairet ! Tout le monde s’endormit du sommeil de l’enclume, comme le chantait si justement Renaud !


Aussi, au petit jour, tandis que Cupidon, se remettait péniblement de sa gueule de bois, Mitsi ouvrit un œil ; tout étonnée de trouver une autre personne auprès d’elle. Encore plus surprise que ce fut une fille. Et sidérée qu’elle fut nue, collée à elle !


Bâillement… cheveux grattés, frottement de joues… Quelques étirements… Laisser la mémoire refaire doucement surface. Mais oui ! C’est ma chérie ! C’est bien sûr, Ma belle Adèle… Mitsi se soulève sur un coude et regarde la dormeuse encore alanguie auprès d’elle.

- Mon Dieu qu’elle est belle ! Comment ai-je pu rester aussi longtemps amie avec elle sans tomber dans ses bras ?


Ce n’est pas simple de passer de ce statut implicitement accepté -et hautement affirmé- d’hétéro, à celui, tout autant revendiqué, d’amoureuse d’une autre femme… Le mot lesbienne ne lui venait pas encore très spontanément à l’esprit, tant il avait été classé dans le mauvais, le mal à abattre pendant tellement d’années… Fichue éducation !


Mitsi s’allongea, tout sourire, caressant son corps, ses seins, toute sa peau avec volupté en songeant que la femme de sa vie, son amoureuse, était là, à ses côtés, et que c’était pour toujours. Un souffle de désir gonfla soudain tout son être. Elle se tendit un peu, laissa une main caresser ses tétons, les prendre entre deux doigts, les rouler avec une certaine force, tandis que l’autre prenait position juste au-dessous de son joli petit cœur savamment entretenu.
Ses doigts allaient bon train, connaissant bien le terrain. Ils allaient et venaient avec vivacité, tantôt brutalisant les nymphes en une sorte de chiffonnade, tantôt caressant avec une infinie douceur le profond sillon, achevant leur course sur la perle de plaisir, tendue à l’extrême.


Bientôt, Mitsi, le dos arc-bouté et dur comme la pierre, se mit à souffler plus fort avant de gémir au fur et à mesure que montait en elle le plaisir qu’elle avait entrepris de se donner. Un crescendo qui fit s’éveiller sa voisine. Adèle, les yeux clos, entendit et comprit. Sa tendance, dans ses relations précédentes, aurait été de bondir et de participer activement… Mais là, avec cette femme qui était potentiellement devenue la sienne, elle souhaitait … comment dire ? Comprendre comment elle fonctionnait ? Oui ! quelque chose dans ce genre. Alors, elle conserva les yeux clos et demeura immobile, aux aguets, capturant le moindre soupir, traquant chaque tremblement.


Mitsi, innocemment, à côté d’elle, continuait ses caresses, avide d’une jouissance dont elle avait un immense besoin. Deux doigts maintenant avaient pris possession de son trésor caché, allant et venant au son de soupirs de plus en plus sonores. Les pincements sur ses tétons accentuaient le désir autant que les effets de sa caresse digitale, si bien que, en quelques minutes, ses soupirs se muèrent en râles rauques puis en un petit cri qu’elle tenta de son mieux d’étouffer lorsque l’orgasme la saisit, la faisant trembler des pieds à la tête ainsi que le lit tout entier.
Immobile, les yeux clos, retrouvant son souffle, la jolie jeune femme analysait les bruits de son voisinage immédiat : apparemment, elle n’avait pas réveillé la belle Adèle qui, sereine, respirait toujours aussi calmement ! Elle ferma les yeux et se laissa aller à une douce rêverie : cet orgasme, c’était sa belle qui lui avait donné… Elle allait le lui rendre très vite, juste le temps qu’elle se réveille… C’est alors qu’une douce tiédeur sur ses lèvres la fit atterrir :

- Alors, mademoiselle Mitsi, ma prétendante, mon amoureuse ! On se donne de l’impatience en solitaire ? On se soulage sans-même inviter sa promise à la fête ?

- Sans inviter qui ?

- Sa promise…

- Mais alors… C’est que tu dis oui !!!


Bondissant du lit Mitsi en fait le tour et se jette sur Adèle, l’embrassant, la couvrant de baisers.

- Nous allons nous marier, mon amour, je vais être ta femme et toi la mienne ! C’est merveilleux ! Ce que je suis heureuse ! Je t’aime, ma belle d’amour… JE T’AIME…

- Je t’aime tout autant, Mitsi chérie… Mais tu sais, ce Oui, je le paie le prix d’une peur immense, abjecte… La peur de cet inconnu dans lequel nous allons nous lancer, tête baissée. Toi et moi sommes connues comme des hétéros, tant des autres hétéros que de tous les homosexuels que nous avons pu rencontrer… De nos parents, aussi. J’ai tellement peur de ce rejet qui viendra fatalement d’une partie d’entre eux…

- Ma chérie, nous allons gérer tout cela. Ce qu’il faut se dire, c’est que ceux qui nous rejetteront ne sont pas des gens intéressants. Il est heureux qu’ils s’éloignent de nous ! Quant à ceux que nous aimons, s’ils sont déçus, voire fâchés, il nous appartient de leur faire comprendre cette vérité essentielle : l’important, c’est l’amour, pas le genre de la personne à qui on le donne ou de qui on le reçoit…

- Je sais tout ça ! Mais tu auras du mal à effacer plus d’un demi-siècle de credo… Nos parents ont adopté un système de valeurs dans lequel il n’y a pas de place pour nous… Ma mère acceptera peut-être de nous décrire comme un couple… un peu contre nature. Mais pour mon père, nous resterons sans doute deux gouines…

- Hé bien, nous avons un sacré défi à relever, mon amour ! Nous allons devoir faire admettre à ton cher papa que nous ne sommes pas deux sales goudous mais simplement deux personnes qui s’aiment de l’amour le plus pur !

- Il y a du boulot. Mon père m’a parlé depuis tant d’années de son futur gendre, qu’il veut emmener à la chasse, à la pêche, à son club de billard… De nos enfants… Tout cela va s’écrouler, il ne le supportera pas.

- Rien ne s’écroulera ! J’irai à la chasse aussi bien ! Et pour les enfants, pour une fois, nous avons un avantage sur les hommes : c’est assez rare pour le souligner ! Car les enfants, nous pouvons les faire !

- Ce n’est pas si simple…

- Nous en reparlerons en temps opportun, ma belle ! Pour le moment, j’ai d’autres projets…

- Ah oui ? Que proposes-tu ?

- De te faire l’amour, ma douce chérie… Je n’oublie pas que tu as un train de retard !

À Suivre …

Les avis des lecteurs

Histoire Erotique
Très beau plaidoyer sur l’amour cela commence tout doucement par un plaisir saphique en public puis on s’achemine doucement vers le rapprochement amoureux de deux êtres du même sexe et du long processus d’acceptation de leur entourage. Toutes les descriptions sont parfaitement écrites. Daniel



Texte coquin : Jamais de toute ma vie… 1
Histoire sexe : Une rose rouge
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