L'accident
Récit érotique écrit par Philus [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 19-03-2024 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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L'accident
Julien, un jeune chirurgien, suivi d’une femme en blouse blanche, ôta ses lunettes et les glissa dans sa poche de poitrine. Il pénétra dans la chambre médicalisée et s’avança vers le lit de Maria. Cette dernière le dévisagea avec une insistance mêlée de crainte et d’espoir.
— Bonjour, Maria. C’est le jour J, je vais vous ôter vos bandes, déclara-t-il en décollant moult sparadraps sous son cou.
Il fit plusieurs fois le tour de la tête de la patiente avec la bande jusqu’à enlever complètement les pansements qui l’enveloppaient. Il contempla le résultat.
— Voilà, c’est parfait. Tout comme avant, se congratula-t-il.
Puis, s’adressant à l’infirmière debout derrière lui :
— Apportez-moi un miroir, s’il vous plait.
Quand il fut en sa possession, il le présenta à Maria qui scruta, dans son reflet, les moindres détails de son visage. Elle se trouvait aussi belle qu’avant, l’accident n’avait rien modifié. Elle interrogea le médecin du regard, mais son attitude avait inexplicablement changé. Il sanglotait au creux de ses mains ouvertes.
— J’ai fait tout ce que j’ai pu, avoua-t-il d’une voix effacée. Tout.
Maria observa le chirurgien avec incompréhension, puis revint au miroir. Elle alla s’admirer à nouveau quand la chambre devint floue puis tout se mit à tourner autour d’elle. Elle fut subitement transportée dans une voiture dévalant en tonneaux la pente d’un ravin.
Elle hurla en se réveillant en sursaut puis se redressa brusquement dans son lit. Maria porta les deux mains à son visage en émettant un petit cri.
— Mon Dieu ! Comme c’était réel ! s’écria-t-elle.
Ses paumes glissèrent doucement le long de sa poitrine puis sur son ventre qui lui fut soudain douloureux.
— Mais c’est comme d’habitude, laide je suis, laide je resterai, conclut la jeune femme en pleurant.
Maria P. allait sur ses vingt et un ans et habitait un pavillon ancien dans la banlieue de Tours. Elle n’était âgée que de trois ans lorsque ses parents ont emménagé à cet endroit. Elle n’avait pas de frères ni de sœurs et se rendit compte plus tard qu’elle avait été énormément choyée.
Lorsqu’elle avait une dizaine d’années, elle revenait de vacances avec ses parents. Des vacances superbes au bord de la mer. La jolie petite blondinette qu’elle était ne les oublierait jamais. Elle avait pleuré quand ce fut le moment de rentrer. Son père conduisait la voiture, sa mère somnolait à côté de lui. Le trajet était long et monotone. C’était une portion de route nationale étroite, ensuite ce serait l’autoroute et ça irait mieux, avait promis le conducteur. Maria était à l’arrière en train de jouer avec la boucle de la ceinture de sécurité qu’elle avait ôtée parce qu’elle lui faisait mal au ventre. C’était un prétexte qu’elle s’était inventé, naturellement, mais à cet âge on aime bien braver les interdits. Ce fut alors qu’elle entendit ce klaxon épouvantable, presque une sirène de bateau. En face d’elle, un poids lourd en doublait un autre. Le conducteur, apercevant la voiture, était terrorisé. Face à face, il était trop tard pour freiner, la collision frontale était inévitable. Son père n’eut que le réflexe de braquer tout à droite dans le ravin et la suite se déroula comme dans un film au ralenti. Les tonneaux s’enchaînaient les uns après les autres. Les corps malmenés valsaient à l’intérieur de l’habitacle autant que des poupées de chiffon. Les air-bags se déclenchèrent, inutilement, et ça tournait, ça tournait… Maria avait mal. Soudain, un bruit d’explosion retentit et elle fut propulsée à l’extérieur à travers la vitre arrière. Elle continua de rouler sur elle-même, se cognant aux arbres et aux pierres affleurantes puis enfin, s’immobilisa. Elle sentit un liquide chaud couler le long de ses oreilles, dans ses cheveux et dans son cou. Un goût de fer lui emplit la bouche. Ce fut le dernier souvenir qu’elle gardera de cette journée, car elle perdit connaissance. L’automobile, en s’arrêtant, prit feu, immolant ses parents. Au moins, elle n’aura pas assisté à ça.
Les pompiers ne purent que constater le décès du couple. Au milieu des lumières clignotantes rouges, bleues et blanches, un véhicule d’urgence démarra sur les chapeaux de roue, toute sirène en action. Il se fraya un chemin entre les voitures de police et les remorques des poids lourds qui, finalement, s’étaient télescopées. Il emmenait la fillette en urgence absolue, défigurée.
*-*
Assise sur le lit, Maria tourna la tête vers l’armoire à glace qu’avaient achetée ses parents. La lumière du petit jour éclairait vaguement la chambre. Son regard se porta immédiatement à l’endroit de son nombril. Elle avait perdu le réflexe auquel personne n’échappe, celui de regarder dans les yeux de son reflet. Le docteur Julien H., le chirurgien avait, comme dans son rêve, fait tout son possible, mais d’énormes cicatrices lui barraient encore les joues, le front, le menton et le nez. La quasi-totalité de ses dents avait été brisée dans l’accident et ses implants étaient douloureux sur ses gencives meurtries.
Un miracle cependant. À part une fracture de l’humérus vite ressoudée en raison de son jeune âge, son torse et ses jambes ne présentaient aucune séquelle de ce drame. Par une sorte d’ironie machiavélique, ou bien par une nécessité d’équilibre divin échappant à l’entendement humain, Maria avait développé un corps magnifique. Pleinement consciente de cela, elle avait contacté plusieurs agences de publicité pour sous-vêtements féminins. Elle y était maintenant très recherchée et elle posait pour un certain nombre de sites web et de catalogues de vente par correspondance. Visage caché, cela va sans dire. Non seulement cela lui procurait un revenu confortable, mais elle conservait ainsi un peu de lien social. On la regardait bien de travers quand elle portait sa cagoule de soie noire ne laissant deviner que ses yeux, sa bouche et ses narines, mais les gens avaient fini par s’y habituer. Seule, l’épreuve de la rue lui était difficile. Les badauds qui se retournaient sur elle la rendaient folle. Que ce fût de la pitié ou de la curiosité malsaine, elle ne supportait qu’avec difficulté le regard silencieux et pourtant si éloquent des passants.
Sur un plan plus intime, depuis ses dix-huit ans et malgré son handicap, Maria n’était plus vierge. Aucun garçon n’aurait jamais voulu coucher avec elle et son horrible tête et elle s’était bien gardée de demander quoi que ce soit à qui que ce soit. Elle s’était procuré un godemiché, ni trop épais ni trop long et, par un soir où elle avait visionné chez elle un film pornographique très réaliste, elle s’était déflorée seule. Elle était nue sur son lit et tout le long de la projection, son sexe s’était détrempé de cyprine. Quand le mot « FIN » apparut à l’écran, Maria écarta les cuisses, apposa le gland de silicone entre ses petites lèvres, ferma les yeux et appuya. Elle poussa un gémissement de plaisir, étonnée de ne pas avoir eu mal. Elle avait lu tellement de choses effrayantes sur la défloration qu’elle fut agréablement surprise de la simplicité avec laquelle son vagin avait accepté le substitut de membre masculin. Elle le fit aller et venir doucement, puis de plus en plus vite. Chaque aller-retour lui arrachait un petit cri et la forçait à respirer un peu plus fort. Une dizaine de minutes s’écoula et, n’y tenant plus, elle enfonça violemment et profondément le godemiché dans sa chatte. Elle répéta le geste avec hargne jusqu’au spasme voluptueux qui se déclencha enfin. Maria hurla, cessa le mouvement, garda au fond d’elle le phallus de plastique qu’elle enserra de ses cuisses en se tournant sur le côté. Elle pleurait. Alors, c’était ça un orgasme ?
*-*
Bien sûr, masturbations, pénétrations vaginales et anales, se succédèrent au fur et à mesure des mois qui suivirent. Elle orchestra mieux les orgasmes, parfois cinq ou six dans la nuit. Mais en visionnant les films pornographiques du net, elle voyait bien qu’il lui manquait quelque chose. Sucer et branler un sexe d’homme, boire son sperme, bouffer une chatte, embrasser un partenaire avec la langue, gober des testicules, lécher un sillon fessier, ou encore qu’on lui pompe ses propres sexe et anus. Elle voulait connaître ça, être une vraie femme en sorte. « Mais comment faire avec ma gueule de Frankenstein ? », se lamentait-elle.
La réponse vint par hasard, un soir. Maria avait cherché et découvert un site internet où des individus comme elle discutaient de tout et de rien. Ils abordaient également les solutions qu’ils avaient trouvées pour résoudre les problèmes quotidiens auxquels toutes les personnes enlaidies par accident ou laides naturellement étaient confrontées. Bien que cela ne la consolât pas de son état, elle était heureuse de pouvoir communiquer avec des gens différents de ceux qu’elle fréquentait jusque là. Elle se sentait moins seule, et savait qu’on la comprenait de la même manière qu’elle-même appréhendait facilement la situation des autres. Un soir, un homme d’une trentaine d’années, défiguré par l’explosion d’une bouteille d’acide à l’usine où il travaillait, posa à la communauté la question des relations sexuelles. Il avouait avoir été, jusqu’à cet accident, un « chaud lapin », mais que depuis c’était, selon sa propre expression, « morne plaine ». Il confessa visionner des films pornographiques sur internet et se masturber plusieurs fois par jour. Il aimerait pourtant faire l’amour à une femme comme avant, mais toutes le fuyaient. Maria lui répondit qu’elle était exactement dans un cas similaire et qu’elle cherchait également un moyen de résoudre ce problème, mais qu’elle ne le trouvait pas. Une solution simple, voire simpliste, que plusieurs correspondants ont présentée, était de faire se rencontrer un homme et une femme tous deux affublés d’une laideur comparable. Ceci, pensait Maria, revenait à ghettoïser les laids comme si on parquait ensemble les invalides moteurs ou les malvoyants entre eux ! Les gens dits « normaux » n’aiment pas la différence et, même s’ils savent qu’elle existe, ils préfèrent ne pas la voir et s’en tenir à l’écart. Cette mesure ne convenait pas à Maria et à l’homme non plus. Faire l’amour à quelqu’un de laid parce qu’on est laid soi-même n’est moralement pas acceptable.
Une femme rejoignit la communauté un peu plus tard et s’immisça dans la conversation. Elle confia aux interlocuteurs qu’elle avait trouvé une solution par l’intermédiaire d’un site internet « L’Amour Incognito ». Elle ne pouvait pas tout expliquer par manque de temps, mais elle engageait toutes les personnes intéressées à aller visionner la page et à s’inscrire. Maria, circonspecte, cliqua sur le lien fourni et un nouvel onglet de son navigateur s’ouvrit.
L’« Amour Incognito » était apparemment un site de rencontres classique, toutefois il présentait quelques particularités. Les adhérents à ce site proposaient des soirées, euphémisme pour ne pas dire « partouzes », où les participants arrivaient masqués. Les masques n’étaient pas de simples petits loups de carton pour carnaval, mais de véritables cagoules dignes de celles portées par les cambrioleurs, les casseurs des manifestations ou certains membres des forces de police.
— Tout comme la mienne, murmura Maria en souriant.
Ceux qui participaient à ces soirées, ainsi dissimulés, étaient de différents ordres. Y venait l’épouse ou le mari insatisfait sexuellement, mais qui ne veut pas s’embarrasser d’un amant ou d’une maîtresse, l’homme ou la femme, hétérosexuels, désirant connaître ou entretenir des relations homosexuelles, des personnes d’une célébrité relative dans leur quartier, des gens timides, laids, défigurés, etc. Bref, baiser incognito a toujours été le fantasme de bien des hommes et des femmes et il existe une infinité de raisons à cela. Une grande joie envahit le cœur de Maria qui entrevoyait soudain une nouvelle vie pour elle. Elle s’inscrivit avec enthousiasme et dans l’attente d’un prochain mail d’invitation, alla se coucher.
Malgré l’heure tardive, Maria ne trouva pas le sommeil immédiatement. Elle ne pouvait s’empêcher d’extrapoler sur les possibilités futures de relations intimes que cette voie lui ouvrait. Elle se voyait pratiquer une fellation à un homme, puis deux, puis changer de partenaire pour lécher, en soixante-neuf, la vulve d’une femme. Les fantasmes furent nombreux et naturellement, ils eurent un impact immédiat sur ses sécrétions vaginales. Glissant la main sous sa nuisette, Maria frôla ses poils pubiens et effleura son clitoris dont le gonflement avait déjà écarté le capuchon de peau. Introduisant l’extrémité du médius dans son vagin, Maria ramena son doigt mouillé et caressa en cercle le petit bouton rose. Elle soupirait. Tout à coup, elle eut une idée et alluma la lampe de chevet qui diffusait une faible lumière vaguement orangée. Se tournant vers l’armoire à glace, Maria, toujours allongée, se positionna face à elle les jambes écartées. Dans le miroir, elle devinait ses propres doigts qui la masturbaient. Par le jeu des fantasmes, sa main n’était soudain plus la sienne et elle imagina se faire branler par un ou une inconnue. Le flot de cyprine qui lui mouilla les fesses la surprit, mais trois secondes plus tard, son vagin se contracta avec force. Elle poussa un cri puis les ondes de son orgasme se déclenchèrent. Elle ne put les compter, elle sut seulement qu’elle avait hurlé plus que d’habitude qu’elle était essoufflée et que son cœur battait à cent à l’heure. La tempête cessa et Maria lâcha un énorme soupir. Elle ne mit pas longtemps pour s’endormir lourdement, la main entre ses cuisses trempées.
*-*
Quelques jours plus tard et comme tous les matins, Maria ouvrit sa messagerie. Elle sursauta devant son écran et le trac lui comprima brusquement l’estomac. Entre autres courriers, un mail non lu de « L’amour Incognito » était affiché en gras dans sa boîte de réception. Le curseur de la souris se mit à trembler. La jeune femme cliqua sur le message. Une soirée était organisée à deux pas de chez elle le surlendemain, elle n’aurait même pas à prendre les transports en commun. Dans un petit fichier annexé, l’organisateur rappelait que l’épilation du sexe était obligatoire et que chaque participant ne pouvait se refuser plus de deux fois par séance. Au-delà, la personne était radiée du site. De plus, en cas d’impossibilité d’être présent, l’invité devait prévenir par retour de mail. Maria se recula dans son fauteuil, son regard se perdit dans le vide. Elle était heureuse.
Après avoir traité le reste de son courrier, Maria fila sous la douche et sortit son épilateur électrique. Elle ôta tous les poils de son pubis et de son entrejambe, mais comme elle était blonde, ceux-ci étaient fins et peu nombreux. La peau fut rougie par l’opération et elle la massa avec une crème apaisante. Avant la fameuse soirée, elle y déposerait une touche d’eau de toilette.
Au fur et à mesure que les heures passaient, Maria bouillait d’impatience. Le rendez-vous était fixé à vingt et une heures et le jour J, à partir de dix-neuf heures, la jeune femme regardait sa montre toutes les dix minutes. Vint le moment de sortir, Maria quitta son appartement et prit l’ascenseur pour se retrouver dehors sur le trottoir. La température était clémente, pourtant elle frissonna. Elle marcha rapidement et cinq minutes plus tard, elle était au pied d’un immeuble cossu. Elle repéra le nom qu’on lui avait donné et enfonça le bouton de la sonnette correspondante. Lorsqu’un interlocuteur l’interrogea dans l’interphone, elle communiqua le code fourni par « L’Amour Incognito » dans le mail d’invitation. On lui désigna l’étage et la porte s’ouvrit avec un petit bruit de timbre électrique caractéristique. C’était un immeuble ancien dépourvu d’ascenseur. L’escalier sentait la cire et craquait sous ses pas. Au premier palier, l’une des deux portes était entrouverte et quand Maria arriva, un homme en peignoir et encagoulé lui fit signe d’entrer. Il accueillit Maria et la dirigea vers un grand salon à l’éclairage tamisé. Les hommes et les femmes, naturellement tous masqués, étaient nus comme des vers. Le maître des lieux ôta son maigre vêtement, il était lui-même nu en dessous. Il s’adressa à Maria :
— Je suis Triskell. Quel est votre pseudo ?
Maria réfléchit un quart de seconde.
— Ah oui, euh… Héra !
— Bonjour Héra.
Puis se tournant vers les autres :
— Héra est une nouvelle recrue.
Les autres invités reprirent en chœur :
— Bonjour Héra.
— Je vous invite à vous déshabiller et à me donner vos vêtements.
— Ici ? Là ? balbutia Maria, l’index pointé au sol.
Triskell sourit.
— Oui, ici.
Maria avala sa salive bruyamment et s’exécuta devant les yeux scrutateurs des participants. Au fur et à mesure que ses vêtements changeaient de main, les hommes autant que les femmes ne purent retenir un murmure d’admiration en voyant le corps superbe de Maria. Triskell, le plus proche, était bien placé. Il se tourna vers ses invités et s’humecta les lèvres de la langue.
— Comme je suis votre hôte, j’ai priorité sur vous tous, je vous rappelle.
Puis à Héra :
— Vous êtes une femme magnifique et je vous fais ma demande tout de suite. J’espère que vous ne me refuserez pas.
Maria rougit, mais cela ne se vit pas. Mal assurée, elle répondit :
– Oui, naturellement. Ne suis-je pas là pour ça ?
— Vous m’en voyez ravi.
Un léger rire parcourut le rang des invités, car dès la réponse de Maria, tout le monde observait le sexe de Triskell se dresser. La jeune femme ne comprenait pas cette hilarité soudaine ; elle n’avait pas regardé le bas-ventre de son hôte.
Triskell s’approcha de Maria et l’entoura de ses bras. Elle restait raide, les bras ballants, ne sachant trop sur quel pied danser. Il l’embrassa et quand elle sentit sa langue sur ses lèvres, d’instinct, elle ouvrit la bouche. Leurs langues se mêlèrent alors et Maria goûta la sublime impression d’un baiser pour la première fois. « Quand je pense que j’aurais dû connaître ça à l’adolescence… » songea-t-elle. Elle prit également conscience d’une autre excitation inconnue. Serrée contre Triskell, l’érection de celui-ci était coincée entre leurs deux ventres. Maria ressentait le membre viril de bonne taille contre son nombril. Sans y penser, elle faufila la main entre leurs deux corps et empoigna la verge dure et chaude de son amant. Elle eut un petit sursaut, le phallus de chair qu’elle maintenait était de loin plus épais que celui de silicone auquel elle était habituée. Elle fit glisser ses doigts du bout du gland jusqu’à la base pour en évaluer la longueur. L’érection de Triskell était à son comble et il la laissa faire, tout en l’embrassant avec fougue. « Il va me mettre ça en entier dans la chatte ? ! » se demanda-t-elle tout à coup avec appréhension.
Pendant ce temps, les autres participants n’étaient pas restés inactifs. Indifférent aux ébats de Maria et Triskell, chacun s’était trouvé un ou une partenaire. Étaient présents trois couples hétérosexuels et un autre de deux jeunes femmes, mariées chacune de leur côté à un homme aux manières brutales et égoïstes qui, sexuellement parlant, ne les satisfaisait pas, ou pas assez. Tout le monde était affalé sur de larges futons ou des tapis moelleux de fourrure synthétique. Les gémissements venaient de partout et ce n’était pas seulement l’apanage des femmes.
Triskell souleva Maria et la déposa sur un confortable matelas. Il s’agenouilla de chaque côté de son torse et coinça son pénis entre les deux seins ronds qu’il tint serrés l’un contre l’autre. Il entama un mouvement de hanche d’avant en arrière. Maria, le menton sur son sternum, voyait apparaître et disparaître le gros gland de son compagnon. Elle avait déjà observé avec curiosité, sur les vidéos pornographiques qu’elle regardait chez elle, cette « cravate de notaire », mais ne se doutait pas que cela fût aussi agréable. Une surprise l’attendait toutefois. Triskell, excité par la beauté de ce nouveau corps dont il avait la primeur, éjacula dans un râle sur les lèvres et sur le masque de Maria. Un peu piteux en raison de son manque de contrôle, il s’allongea sur elle et l’embrassa en léchant son propre sperme. La jeune femme appréciait toutes ces nouveautés puis repoussa l’homme sur le côté. Elle se pencha vers lui, se saisit de sa verge ramollie d’une main et se mit à téter le gland. D’abord sans effet, la caresse ne lui permit que d’absorber ce qui restait de semence dans l’urètre d’autant plus qu’elle prenait plaisir à enserrer vigoureusement l’épaisse hampe. Il ne fallut qu’une minute ou deux à Triskell pour retrouver son érection initiale. Quand elle fut dure comme un bambou, il roula sur lui-même, se coucha sur Maria qui, instinctivement, ouvrit le compas de ses jambes. Triskell s’agenouilla, se saisit des mollets de la jeune femme et les replia, les genoux à hauteur des seins. La vulve humide et la rondelle plissée en dessous, bien en évidence, hurlaient leur désir d’être pénétrées. Il regardait les deux orifices avec une gourmandise non déguisée, se demandant dans lequel il allait planter son dard. Les lèvres de la petite fente mouillée semblaient remuer, émettant un appel silencieux. Il n’y résista pas et plongea l’intégralité de sa bite dans la fournaise trempée jusqu’au col de l’utérus de Maria qui poussa un cri.
— Ouiiiii !!!
Il entama une série de va-et-vient profonds et lents. Chaque fois qu’il était au fond, Maria ponctuait l’assaut par des « Han… Han… Han… » sonores. Elle avança la main et se frotta le clitoris d’un doigt. Soudain, excitée par la verge de Triskell et par sa caresse clitoridienne, elle cria. Un fabuleux orgasme la prit de l’extrémité du petit bouton jusqu’au tréfonds de son vagin. Il n’en finissait plus, Maria gémissait à fendre l’âme, elle n’avait jamais eu d’orgasmes aussi violents avec son godemiché ou simplement en se caressant.
— T’arrête pas ! T’arrête pas ! T’arrête pas…, répétait-elle comme un mantra.
Docile, Triskell, que sa première éjaculation avait rendu plus endurant, la pilonnait en cadence. Une légère douleur remplaça la jouissance peu après et Maria se dégagea de l’emprise du sexe de son partenaire. Qu’à cela ne tienne, Triskell se masturba entre ses jambes et éjacula en grognant une grande quantité de semence sur le ventre de la jeune femme. Quand ce fut terminé, il se baissa pour lui lécher l’anus et la vulve à en détremper son masque. Quelques instants plus tard, ils s’embrassaient à nouveau.
— Merci beaucoup Héra, je te ferais bien l’amour toute la nuit et par un autre trou, mais il faut en laisser aux autres.
— Tu n’imagines pas ce que tu m’as apporté ce soir, confia doucement Maria.
Tous les couples sauf un qui faisait, volontairement ou non, durer l’attente de l’orgasme, avaient pris du bon temps. Triskell convia Maria et les autres dans la cuisine. Celle-ci était petite et les invités se serraient contre la table centrale. On pouvait se désaltérer avec des sodas, des jus de fruits, des tisanes chaudes ou froides, du thé ou du café. Triskell ne servait pas d’alcool pour deux raisons. D’une part, certains convives venaient en voiture et ils devaient donc rester sobres et d’autre part l’alcool, s’il désinhibe la plupart des gens, avait aussi la fâcheuse propriété d’en rendre certains agressifs. Bref, dans une partouze, mieux valait s’en tenir aux boissons soft. Le dernier couple finit par râler si fort que quelques rires fusèrent dans la cuisine. Même dans cette pièce, les invités ne s’interdisaient pas de tripoter qui un pénis, qui une vulve, qui un sein ou une fesse, mais cela ne devait pas aller plus loin. Pour le reste, tout l’appartement était accessible. Un homme se faufila jusqu’à Maria, un verre d’eau gazeuse à la main.
— Je m’appelle Castor, enfin c’est mon pseudo.
Assez bien bâti, il paraissait un peu plus âgé que Triskell, mais on devinait une légère bedaine. Maria ne s’attarda pas à cela, et observa l’entrejambe de son interlocuteur avec intérêt. Elle eut immédiatement envie de prendre son sexe dans la main. Elle lui sourit.
— Puis-je compter sur votre participation lorsque nous serons revenus au salon ? poursuivit-il.
Maria se saisit du pénis de l’homme et le regarda au fond des yeux.
— Que voulez-vous faire de ça ?
Une femme qui buvait une tasse de thé à côté de Maria les interrompit en s’adressant à Maria.
— Il veut te la mettre dans le cul ! Lui, c’est le Castor qui a perdu Pollux ! déclara-t-elle en riant.
Ni Maria ni Castor ne purent lui répondre. Un homme arriva subrepticement par-derrière, prit la femme par la taille et l’emmena au salon.
— Que voulait-elle dire ? s’étonna Maria.
Castor baissa les yeux.
— J’aime sodomiser. Je sodomise aussi bien les hommes que les femmes. J’espère que vous aimez ça…
Tel un enfant à qui l’on a promis d’essayer un nouveau jouet, Maria lui chuchota à l’oreille.
— Je pense que Triskell m’aurait bien fait découvrir ce petit jeu en deuxième partie de soirée, mais il m’a dit vouloir en laisser pour les autres. Vous êtes le premier à vous proposer à sa suite, alors d’accord, mais jurez-moi auparavant que je n’aurai pas mal.
Castor se redressa et gonfla sa poitrine.
— Nous seulement je vous le promets, mais je vous promets également un orgasme comme vous n’en avez jamais connu.
Sur ces paroles, il posa son verre sur la table et débarrassa Maria du sien. Il mit ses deux mains sur les épaules de la jeune femme et la poussa vers le salon.
Deux couples étaient déjà emmêlés et les gémissements allaient bon train. Castor et Maria s’allongèrent sur un futon et s’embrassèrent fougueusement. Maria, la bouche grande ouverte, laissait la langue de son partenaire lécher la sienne avec douceur. Elle entoura son pénis de ses doigts menus et fut un peu déçue de la taille relativement modeste du sexe de son nouvel amant. Elle changea toutefois d’avis en se rappelant quel orifice il voulait honorer. « C’est plus la taille de mon gode, je suis habituée. », se rassura-t-elle. Tout en embrassant sa compagne, Castor lui caressa les seins, le ventre et l’intérieur des cuisses. Il s’approcha de la vulve et y planta deux doigts.
— Hmmmfff ! fit Maria.
Castor la fourrageait profondément afin de la faire mouiller un maximum. Il ressortit ses doigts trempés, glissa sa main entre les fesses de Maria et trouva l’œillet facilement. Il introduisit l’index puis le médius et massa la paroi rectale. Maria appréciait tant la caresse que, pour accroitre la pénétration, elle se mit à quatre pattes. Castor lui facilita la tâche et de deux, passa à trois doigts. Le sphincter s’écarta, prêt à accueillir la verge tendue qui n’attendait que ça. Prenant sa bite en main, il en dirigea le gland sur le muscle entr’ouvert et pénétra doucement le fondement de sa compagne.
Le cri que poussa Maria fut indéfinissable. Un mélange de « Ouiiii ! », de « Han ! », de « Aïe ! » et de « Ah ! », mais en une seconde, elle fut au nirvana. Castor enfonça son pénis à fond dans les fesses de Maria et entama quelques habiles aller-retour. Le frottement anal, si près de sa vulve, excitait énormément la jeune femme, mais elle ne résista pas à l’appel de son bouton rose. Toujours à quatre pattes, elle prit appui sur un seul avant-bras, ce qui lui permit de glisser sa main entre ses cuisses. Tout en savourant la savante caresse rectale, elle se masturba le clitoris. Maria poussa divers cris bizarres, mais soudain ce fut le spasme violent. Elle n’en revint pas, non seulement son vagin se contractait et se décontractait régulièrement, mais son sphincter se crispa tant, que Castor fut obligé de jouir prématurément dans ses entrailles. Les deux soupirs se mêlèrent et l’orgasme simultané des deux amants fut applaudi par les invités, du moins, par ceux qui ne s’adonnaient pas à une activité plus intéressante à cet instant précis. L’homme maintint son pénis dans le rectum de sa partenaire, mais se coucha sur elle pour lui embrasser la nuque. Maria reposa ses deux bras sur le matelas et tous deux récupérèrent ainsi une ou deux minutes. L’érection de Castor cessa et sa verge sortit de l’anus, aussitôt suivie par un écoulement de sperme. Ils s’allongèrent côte à côte, se tenant par la main comme des amoureux.
— Tu as tenu parole, lui confessa Maria. Je n’ai pas eu mal loin de là et j’ai joui de cette façon comme jamais.
Castor sourit.
La femme qui les avait abordés dans la cuisine avait terminé une fellation experte sur l’homme qui l’avait entraînée au salon. Elle s’approcha de Maria et Castor. S’adressant à ce dernier, elle demanda :
— Je peux ?...
— Bien sûr Lilith, répondit Castor en souriant. Je pense que tu vas aimer.
Sur ces paroles, il se leva et se dirigea vers les rafraîchissements non sans avoir, au préalable, déposé un baiser sur les lèvres de Maria. Lilith s’allongea à ses côtés.
— Je t’avais bien dit qu’il te la mettrait dans le cul, mais il sait y faire le salaud.
— Oui, il m’a complètement vidée.
— Tu veux bien te remettre à quatre pattes pour moi ?
Maria la regarda, indécise.
— J’aime bien passer après lui, se justifia-t-elle.
Sans être certaine d’avoir tout compris, Maria reprit la position demandée. À genoux derrière elle, Lilith lui écarta les fesses dévoilant l’anus un peu gonflé sur les bords. De ces deux index, elle agrandit le sphincter et plongea sa langue raide comme un pénis à l’intérieur. Elle aspira avec empressement le reste du sperme déposé par Castor peu de temps avant. Maria ressentait une caresse inconnue, sublime, extraordinaire. Son vagin sécréta à nouveau son lubrifiant, apparemment, il n’avait pas eu son content. En même temps, la main de Lilith passa entre les cuisses de sa compagne et malaxa le clitoris avec ardeur. Déjà excitée par son coït anal avec Castor, Maria jouit sur-le-champ, expulsant sa cyprine aussitôt récupérée par l’autre femme. Cette dernière était connue dans le milieu de « L’Amour Incognito » pour aimer avaler tous les fluides sexuels de ses partenaires masculins ou féminins. Certains même, l’appelaient « L’aspirateur ». Lilith quitta les fesses de Maria et l’embrassa profondément. Maria apprécia fort le goût du sperme et de sa cyprine mélangés. Ne voulant pas que Lilith soit en reste, elle la repoussa sur le côté pour l’allonger sur le dos. La jeune femme se laissa faire et écarta les cuisses révélant sa vulve rose. La fente paraissait très longue et le clitoris, proéminent, ressemblait presque au gland d’un pénis. Maria approcha ses lèvres et sa langue et titilla le bouton brillant. Lilith ferma les yeux. Maria absorba également une bonne quantité de cyprine avant de déclencher l’orgasme de sa partenaire. À ce moment précis, Lilith lui saisit l’arrière du crâne des deux mains, appuya fort puis poussa un cri. Quand les contractions vaginales cessèrent, Maria remonta vers le visage de Lilith et l’embrassa, laissant couler en elle les derniers fluides corporels qu’elle avait conservés dans sa bouche. Lilith était aux anges.
— C’était très bien, confia Lilith à sa compagne.
Maria baissa les yeux.
— C’était la première fois, comme avec les hommes de cette soirée, répondit-elle d’une petite voix. Sans « L’Amour Incognito », j’en serais encore à faire ça toute seule.
— Le site n’existe pas depuis plus d’un an. Tu n’as pas trop perdu de temps, répliqua Lilith en se levant.
Il était trois heures du matin et quelques invités étaient déjà partis. Il restait un couple en train de faire l’amour, mais à en juger par les gémissements des deux partenaires, cela ne durerait pas encore bien longtemps. Maria entra dans la salle de bains où une participante se lavait les fesses.
— Alors Héra ? Tu reviendras ? questionna-t-elle.
— Sans aucun doute, mais pas tout de suite.
La femme se mit à rire.
— Je comprends, tu t’es pas mal éclatée ce soir !
*-*
Oui, Maria, ou plutôt Héra est revenue souvent dans ces soirées spéciales. Elle y fit l’amour avec nombre d’hommes et de femmes masqués. Les cagoules cependant ne cachaient pas les corps, et ceux-ci n’étaient pas toujours des canons de beauté. Maria ne se refusait jamais, sauf parfois au milieu de la nuit où elle était trop fatiguée avant de rentrer chez elle.
Quand elle repensa aux trois dernières réjouissances, elle s’interrogea sur la présence d’un homme qui l’a sollicitée à chaque fois. Elle a accepté, bien entendu, mais elle fut étonnée qu’il n’allât pas voir une autre femme, ou un homme pourquoi pas, après elle. Il restait là, à la regarder baiser avec d’autres. S’il était lui-même désiré par une invitée, il refusait et rentrait chez lui. Qui était-il ?
La séance suivante, il était encore là. Comme d’habitude, il vint vers elle et exceptionnellement lui demanda de l’accompagner dans la salle de bains. Maria, interloquée, accepta tout de même. Quand ils furent dans la pièce, l’homme ferma le loquet et se tourna vers la jeune femme. Celle-ci s’assit sur la baignoire. Il s’approcha. Maria agrippa le sexe flaccide qui était devant elle, le décalotta avec envie et fourra le gland dans sa bouche. Depuis son inscription au site, elle avait de l’expérience et la verge de l’inconnu se dressa aussitôt. Cinq minutes lui suffirent pour cracher un sperme épais et abondant dans la bouche accueillante. Maria déglutit, lécha le gland et l’homme gémit faiblement. Elle déposa un baiser sur le pénis, puis le souleva pour dévorer gentiment les testicules. Elle demanda :
— Vous allez encore me regarder toute la soirée avant de vous sauver ?
— Je vous aime Maria.
Elle eut un sursaut.
— Comment m’avez-vous appelée ? s’écria-t-elle.
Au lieu de lui répondre, l’homme souleva sa cagoule quelques secondes. Au fur et à mesure qu’il dévoilait son visage, Maria ouvrait des yeux comme des soucoupes.
— Docteur Julien H. ! Comment m’avez-vous reconnue ?
— Je suis chirurgien, je vous rappelle. Pour vos opérations, je vous ai vue nue un nombre incalculable de fois. Je n’ai jamais pu oublier un corps aussi magnifique. J’en crève de vous voir avec d’autres hommes ou femmes, mais il faut que je reste, que je vous observe, que je me fasse mal. Je n’ai pas réussi votre opération, alors vous êtes ma pénitence, mon cilice.
Julien se tut et regarda le sol. Maria reprit ses esprits et s’énerva.
— Vous n’avez pas respecté mon anonymat ni le règlement du site. Je vais vous dénoncer, vous serez radié ! Je ne veux plus vous voir. Jamais.
Maria s’apprêta à quitter la pièce, mais Julien l’attrapa par un bras.
— Attendez, j’ai quelque chose à vous proposer. Quelle que soit votre décision, vous ferez ce que vous voudrez après.
Maria s’arrêta et se retourna vers Julien. Elle s’était calmée.
— Que voulez-vous me dire ? Vous avez tout fait pour moi, je crois.
— Moi oui, mais dans une publication professionnelle j’ai lu qu’un chirurgien suisse avait obtenu des résultats inespérés sur des cas encore plus sérieux que le vôtre. C’est une technique personnelle qu’il a mise au point à l’aide d’ordinateurs spéciaux. C’est une sommité mondiale.
— Et vous croyez qu’il va s’occuper d’une pauvre petite patiente comme moi ?
— Il est déjà d’accord. En tant que chirurgien moi-même, je lui ai adressé tout votre dossier et lui ai expliqué les obstacles que j’ai rencontrés dans votre cas. Il attend de vous recevoir à Genève.
Maria réfléchissait. Cela ressemblait à une conversation de salon, cependant elle se déroulait entre une femme masquée et nue et un homme dissimulé lui-même et pas moins nu. Un observateur extérieur aurait eu du mal à comprendre la situation.
— Cela doit coûter cher, je n’ai pas les moyens.
— Je m’occupe de tout, ne craignez rien.
Maria n’en croyait pas ses oreilles. Un espoir fou naissait en elle, que risquait-elle ? Elle ne serait pas plus laide à l’arrivée si ça ratait… Elle hésita quelques instants, puis se lança.
— Puisque vous y tenez, je suis d’accord.
Sur cette dernière parole, Maria s’allongea sur le dos à même le carrelage froid et ouvrit largement les jambes. Elle tendit les bras vers Julien.
— Viens, j’ai envie…
*-*
Quatorze mois plus tard, un matin dans un chalet de la banlieue de Genève.
— Chéri ! Le docteur Heintz veut me voir une dernière fois ; mais après nous pourrons rentrer à Tours. Je suis si heureuse…
Maria était méconnaissable. Elle s’était réhabituée à se regarder le visage dans les miroirs. Le docteur Heintz avait réalisé des miracles. Plus aucune cicatrice ne subsistait et le dentiste de la clinique lui avait changé tous ses implants en lui rendant un sourire magnifique. Elle ne ressentait plus de douleurs, nulle part, même plus au ventre. C’était un succès sans précédent.
— Je suis tellement heureux aussi, répondit Julien en prenant Maria dans les bras.
— Irons-nous toujours aux soirées de « L’Amour Incognito », interrogea-t-il sûr de son fait.
— J’ai eu de la chance dans mon malheur, tu sais. Nous n’avons pas le droit de laisser tomber les plus défavorisés.
Une ombre passa brièvement dans le regard de Julien, mais Maria le devança en l’entraînant dans la chambre. Elle ouvrit un tiroir, en sortit deux masques de soie noire et dit :
— Mettons-les, tu veux. C’est tout de même grâce à eux que nous sommes là.
Elle dégrafa son peignoir de satin et le laissa choir à ses pieds. Julien admira cette femme si belle et dotée d’un corps si merveilleux.
Il enfila la cagoule tendue, puis poussa Maria sur le lit. Elle écarta les cuisses. S’agenouillant, il posa ses lèvres sur la vulve humide et douce.
Savourant la cyprine de Maria, Julien ne put s’empêcher de penser :
— Et après tout, pourquoi pas ?
*-*
— Bonjour, Maria. C’est le jour J, je vais vous ôter vos bandes, déclara-t-il en décollant moult sparadraps sous son cou.
Il fit plusieurs fois le tour de la tête de la patiente avec la bande jusqu’à enlever complètement les pansements qui l’enveloppaient. Il contempla le résultat.
— Voilà, c’est parfait. Tout comme avant, se congratula-t-il.
Puis, s’adressant à l’infirmière debout derrière lui :
— Apportez-moi un miroir, s’il vous plait.
Quand il fut en sa possession, il le présenta à Maria qui scruta, dans son reflet, les moindres détails de son visage. Elle se trouvait aussi belle qu’avant, l’accident n’avait rien modifié. Elle interrogea le médecin du regard, mais son attitude avait inexplicablement changé. Il sanglotait au creux de ses mains ouvertes.
— J’ai fait tout ce que j’ai pu, avoua-t-il d’une voix effacée. Tout.
Maria observa le chirurgien avec incompréhension, puis revint au miroir. Elle alla s’admirer à nouveau quand la chambre devint floue puis tout se mit à tourner autour d’elle. Elle fut subitement transportée dans une voiture dévalant en tonneaux la pente d’un ravin.
Elle hurla en se réveillant en sursaut puis se redressa brusquement dans son lit. Maria porta les deux mains à son visage en émettant un petit cri.
— Mon Dieu ! Comme c’était réel ! s’écria-t-elle.
Ses paumes glissèrent doucement le long de sa poitrine puis sur son ventre qui lui fut soudain douloureux.
— Mais c’est comme d’habitude, laide je suis, laide je resterai, conclut la jeune femme en pleurant.
Maria P. allait sur ses vingt et un ans et habitait un pavillon ancien dans la banlieue de Tours. Elle n’était âgée que de trois ans lorsque ses parents ont emménagé à cet endroit. Elle n’avait pas de frères ni de sœurs et se rendit compte plus tard qu’elle avait été énormément choyée.
Lorsqu’elle avait une dizaine d’années, elle revenait de vacances avec ses parents. Des vacances superbes au bord de la mer. La jolie petite blondinette qu’elle était ne les oublierait jamais. Elle avait pleuré quand ce fut le moment de rentrer. Son père conduisait la voiture, sa mère somnolait à côté de lui. Le trajet était long et monotone. C’était une portion de route nationale étroite, ensuite ce serait l’autoroute et ça irait mieux, avait promis le conducteur. Maria était à l’arrière en train de jouer avec la boucle de la ceinture de sécurité qu’elle avait ôtée parce qu’elle lui faisait mal au ventre. C’était un prétexte qu’elle s’était inventé, naturellement, mais à cet âge on aime bien braver les interdits. Ce fut alors qu’elle entendit ce klaxon épouvantable, presque une sirène de bateau. En face d’elle, un poids lourd en doublait un autre. Le conducteur, apercevant la voiture, était terrorisé. Face à face, il était trop tard pour freiner, la collision frontale était inévitable. Son père n’eut que le réflexe de braquer tout à droite dans le ravin et la suite se déroula comme dans un film au ralenti. Les tonneaux s’enchaînaient les uns après les autres. Les corps malmenés valsaient à l’intérieur de l’habitacle autant que des poupées de chiffon. Les air-bags se déclenchèrent, inutilement, et ça tournait, ça tournait… Maria avait mal. Soudain, un bruit d’explosion retentit et elle fut propulsée à l’extérieur à travers la vitre arrière. Elle continua de rouler sur elle-même, se cognant aux arbres et aux pierres affleurantes puis enfin, s’immobilisa. Elle sentit un liquide chaud couler le long de ses oreilles, dans ses cheveux et dans son cou. Un goût de fer lui emplit la bouche. Ce fut le dernier souvenir qu’elle gardera de cette journée, car elle perdit connaissance. L’automobile, en s’arrêtant, prit feu, immolant ses parents. Au moins, elle n’aura pas assisté à ça.
Les pompiers ne purent que constater le décès du couple. Au milieu des lumières clignotantes rouges, bleues et blanches, un véhicule d’urgence démarra sur les chapeaux de roue, toute sirène en action. Il se fraya un chemin entre les voitures de police et les remorques des poids lourds qui, finalement, s’étaient télescopées. Il emmenait la fillette en urgence absolue, défigurée.
*-*
Assise sur le lit, Maria tourna la tête vers l’armoire à glace qu’avaient achetée ses parents. La lumière du petit jour éclairait vaguement la chambre. Son regard se porta immédiatement à l’endroit de son nombril. Elle avait perdu le réflexe auquel personne n’échappe, celui de regarder dans les yeux de son reflet. Le docteur Julien H., le chirurgien avait, comme dans son rêve, fait tout son possible, mais d’énormes cicatrices lui barraient encore les joues, le front, le menton et le nez. La quasi-totalité de ses dents avait été brisée dans l’accident et ses implants étaient douloureux sur ses gencives meurtries.
Un miracle cependant. À part une fracture de l’humérus vite ressoudée en raison de son jeune âge, son torse et ses jambes ne présentaient aucune séquelle de ce drame. Par une sorte d’ironie machiavélique, ou bien par une nécessité d’équilibre divin échappant à l’entendement humain, Maria avait développé un corps magnifique. Pleinement consciente de cela, elle avait contacté plusieurs agences de publicité pour sous-vêtements féminins. Elle y était maintenant très recherchée et elle posait pour un certain nombre de sites web et de catalogues de vente par correspondance. Visage caché, cela va sans dire. Non seulement cela lui procurait un revenu confortable, mais elle conservait ainsi un peu de lien social. On la regardait bien de travers quand elle portait sa cagoule de soie noire ne laissant deviner que ses yeux, sa bouche et ses narines, mais les gens avaient fini par s’y habituer. Seule, l’épreuve de la rue lui était difficile. Les badauds qui se retournaient sur elle la rendaient folle. Que ce fût de la pitié ou de la curiosité malsaine, elle ne supportait qu’avec difficulté le regard silencieux et pourtant si éloquent des passants.
Sur un plan plus intime, depuis ses dix-huit ans et malgré son handicap, Maria n’était plus vierge. Aucun garçon n’aurait jamais voulu coucher avec elle et son horrible tête et elle s’était bien gardée de demander quoi que ce soit à qui que ce soit. Elle s’était procuré un godemiché, ni trop épais ni trop long et, par un soir où elle avait visionné chez elle un film pornographique très réaliste, elle s’était déflorée seule. Elle était nue sur son lit et tout le long de la projection, son sexe s’était détrempé de cyprine. Quand le mot « FIN » apparut à l’écran, Maria écarta les cuisses, apposa le gland de silicone entre ses petites lèvres, ferma les yeux et appuya. Elle poussa un gémissement de plaisir, étonnée de ne pas avoir eu mal. Elle avait lu tellement de choses effrayantes sur la défloration qu’elle fut agréablement surprise de la simplicité avec laquelle son vagin avait accepté le substitut de membre masculin. Elle le fit aller et venir doucement, puis de plus en plus vite. Chaque aller-retour lui arrachait un petit cri et la forçait à respirer un peu plus fort. Une dizaine de minutes s’écoula et, n’y tenant plus, elle enfonça violemment et profondément le godemiché dans sa chatte. Elle répéta le geste avec hargne jusqu’au spasme voluptueux qui se déclencha enfin. Maria hurla, cessa le mouvement, garda au fond d’elle le phallus de plastique qu’elle enserra de ses cuisses en se tournant sur le côté. Elle pleurait. Alors, c’était ça un orgasme ?
*-*
Bien sûr, masturbations, pénétrations vaginales et anales, se succédèrent au fur et à mesure des mois qui suivirent. Elle orchestra mieux les orgasmes, parfois cinq ou six dans la nuit. Mais en visionnant les films pornographiques du net, elle voyait bien qu’il lui manquait quelque chose. Sucer et branler un sexe d’homme, boire son sperme, bouffer une chatte, embrasser un partenaire avec la langue, gober des testicules, lécher un sillon fessier, ou encore qu’on lui pompe ses propres sexe et anus. Elle voulait connaître ça, être une vraie femme en sorte. « Mais comment faire avec ma gueule de Frankenstein ? », se lamentait-elle.
La réponse vint par hasard, un soir. Maria avait cherché et découvert un site internet où des individus comme elle discutaient de tout et de rien. Ils abordaient également les solutions qu’ils avaient trouvées pour résoudre les problèmes quotidiens auxquels toutes les personnes enlaidies par accident ou laides naturellement étaient confrontées. Bien que cela ne la consolât pas de son état, elle était heureuse de pouvoir communiquer avec des gens différents de ceux qu’elle fréquentait jusque là. Elle se sentait moins seule, et savait qu’on la comprenait de la même manière qu’elle-même appréhendait facilement la situation des autres. Un soir, un homme d’une trentaine d’années, défiguré par l’explosion d’une bouteille d’acide à l’usine où il travaillait, posa à la communauté la question des relations sexuelles. Il avouait avoir été, jusqu’à cet accident, un « chaud lapin », mais que depuis c’était, selon sa propre expression, « morne plaine ». Il confessa visionner des films pornographiques sur internet et se masturber plusieurs fois par jour. Il aimerait pourtant faire l’amour à une femme comme avant, mais toutes le fuyaient. Maria lui répondit qu’elle était exactement dans un cas similaire et qu’elle cherchait également un moyen de résoudre ce problème, mais qu’elle ne le trouvait pas. Une solution simple, voire simpliste, que plusieurs correspondants ont présentée, était de faire se rencontrer un homme et une femme tous deux affublés d’une laideur comparable. Ceci, pensait Maria, revenait à ghettoïser les laids comme si on parquait ensemble les invalides moteurs ou les malvoyants entre eux ! Les gens dits « normaux » n’aiment pas la différence et, même s’ils savent qu’elle existe, ils préfèrent ne pas la voir et s’en tenir à l’écart. Cette mesure ne convenait pas à Maria et à l’homme non plus. Faire l’amour à quelqu’un de laid parce qu’on est laid soi-même n’est moralement pas acceptable.
Une femme rejoignit la communauté un peu plus tard et s’immisça dans la conversation. Elle confia aux interlocuteurs qu’elle avait trouvé une solution par l’intermédiaire d’un site internet « L’Amour Incognito ». Elle ne pouvait pas tout expliquer par manque de temps, mais elle engageait toutes les personnes intéressées à aller visionner la page et à s’inscrire. Maria, circonspecte, cliqua sur le lien fourni et un nouvel onglet de son navigateur s’ouvrit.
L’« Amour Incognito » était apparemment un site de rencontres classique, toutefois il présentait quelques particularités. Les adhérents à ce site proposaient des soirées, euphémisme pour ne pas dire « partouzes », où les participants arrivaient masqués. Les masques n’étaient pas de simples petits loups de carton pour carnaval, mais de véritables cagoules dignes de celles portées par les cambrioleurs, les casseurs des manifestations ou certains membres des forces de police.
— Tout comme la mienne, murmura Maria en souriant.
Ceux qui participaient à ces soirées, ainsi dissimulés, étaient de différents ordres. Y venait l’épouse ou le mari insatisfait sexuellement, mais qui ne veut pas s’embarrasser d’un amant ou d’une maîtresse, l’homme ou la femme, hétérosexuels, désirant connaître ou entretenir des relations homosexuelles, des personnes d’une célébrité relative dans leur quartier, des gens timides, laids, défigurés, etc. Bref, baiser incognito a toujours été le fantasme de bien des hommes et des femmes et il existe une infinité de raisons à cela. Une grande joie envahit le cœur de Maria qui entrevoyait soudain une nouvelle vie pour elle. Elle s’inscrivit avec enthousiasme et dans l’attente d’un prochain mail d’invitation, alla se coucher.
Malgré l’heure tardive, Maria ne trouva pas le sommeil immédiatement. Elle ne pouvait s’empêcher d’extrapoler sur les possibilités futures de relations intimes que cette voie lui ouvrait. Elle se voyait pratiquer une fellation à un homme, puis deux, puis changer de partenaire pour lécher, en soixante-neuf, la vulve d’une femme. Les fantasmes furent nombreux et naturellement, ils eurent un impact immédiat sur ses sécrétions vaginales. Glissant la main sous sa nuisette, Maria frôla ses poils pubiens et effleura son clitoris dont le gonflement avait déjà écarté le capuchon de peau. Introduisant l’extrémité du médius dans son vagin, Maria ramena son doigt mouillé et caressa en cercle le petit bouton rose. Elle soupirait. Tout à coup, elle eut une idée et alluma la lampe de chevet qui diffusait une faible lumière vaguement orangée. Se tournant vers l’armoire à glace, Maria, toujours allongée, se positionna face à elle les jambes écartées. Dans le miroir, elle devinait ses propres doigts qui la masturbaient. Par le jeu des fantasmes, sa main n’était soudain plus la sienne et elle imagina se faire branler par un ou une inconnue. Le flot de cyprine qui lui mouilla les fesses la surprit, mais trois secondes plus tard, son vagin se contracta avec force. Elle poussa un cri puis les ondes de son orgasme se déclenchèrent. Elle ne put les compter, elle sut seulement qu’elle avait hurlé plus que d’habitude qu’elle était essoufflée et que son cœur battait à cent à l’heure. La tempête cessa et Maria lâcha un énorme soupir. Elle ne mit pas longtemps pour s’endormir lourdement, la main entre ses cuisses trempées.
*-*
Quelques jours plus tard et comme tous les matins, Maria ouvrit sa messagerie. Elle sursauta devant son écran et le trac lui comprima brusquement l’estomac. Entre autres courriers, un mail non lu de « L’amour Incognito » était affiché en gras dans sa boîte de réception. Le curseur de la souris se mit à trembler. La jeune femme cliqua sur le message. Une soirée était organisée à deux pas de chez elle le surlendemain, elle n’aurait même pas à prendre les transports en commun. Dans un petit fichier annexé, l’organisateur rappelait que l’épilation du sexe était obligatoire et que chaque participant ne pouvait se refuser plus de deux fois par séance. Au-delà, la personne était radiée du site. De plus, en cas d’impossibilité d’être présent, l’invité devait prévenir par retour de mail. Maria se recula dans son fauteuil, son regard se perdit dans le vide. Elle était heureuse.
Après avoir traité le reste de son courrier, Maria fila sous la douche et sortit son épilateur électrique. Elle ôta tous les poils de son pubis et de son entrejambe, mais comme elle était blonde, ceux-ci étaient fins et peu nombreux. La peau fut rougie par l’opération et elle la massa avec une crème apaisante. Avant la fameuse soirée, elle y déposerait une touche d’eau de toilette.
Au fur et à mesure que les heures passaient, Maria bouillait d’impatience. Le rendez-vous était fixé à vingt et une heures et le jour J, à partir de dix-neuf heures, la jeune femme regardait sa montre toutes les dix minutes. Vint le moment de sortir, Maria quitta son appartement et prit l’ascenseur pour se retrouver dehors sur le trottoir. La température était clémente, pourtant elle frissonna. Elle marcha rapidement et cinq minutes plus tard, elle était au pied d’un immeuble cossu. Elle repéra le nom qu’on lui avait donné et enfonça le bouton de la sonnette correspondante. Lorsqu’un interlocuteur l’interrogea dans l’interphone, elle communiqua le code fourni par « L’Amour Incognito » dans le mail d’invitation. On lui désigna l’étage et la porte s’ouvrit avec un petit bruit de timbre électrique caractéristique. C’était un immeuble ancien dépourvu d’ascenseur. L’escalier sentait la cire et craquait sous ses pas. Au premier palier, l’une des deux portes était entrouverte et quand Maria arriva, un homme en peignoir et encagoulé lui fit signe d’entrer. Il accueillit Maria et la dirigea vers un grand salon à l’éclairage tamisé. Les hommes et les femmes, naturellement tous masqués, étaient nus comme des vers. Le maître des lieux ôta son maigre vêtement, il était lui-même nu en dessous. Il s’adressa à Maria :
— Je suis Triskell. Quel est votre pseudo ?
Maria réfléchit un quart de seconde.
— Ah oui, euh… Héra !
— Bonjour Héra.
Puis se tournant vers les autres :
— Héra est une nouvelle recrue.
Les autres invités reprirent en chœur :
— Bonjour Héra.
— Je vous invite à vous déshabiller et à me donner vos vêtements.
— Ici ? Là ? balbutia Maria, l’index pointé au sol.
Triskell sourit.
— Oui, ici.
Maria avala sa salive bruyamment et s’exécuta devant les yeux scrutateurs des participants. Au fur et à mesure que ses vêtements changeaient de main, les hommes autant que les femmes ne purent retenir un murmure d’admiration en voyant le corps superbe de Maria. Triskell, le plus proche, était bien placé. Il se tourna vers ses invités et s’humecta les lèvres de la langue.
— Comme je suis votre hôte, j’ai priorité sur vous tous, je vous rappelle.
Puis à Héra :
— Vous êtes une femme magnifique et je vous fais ma demande tout de suite. J’espère que vous ne me refuserez pas.
Maria rougit, mais cela ne se vit pas. Mal assurée, elle répondit :
– Oui, naturellement. Ne suis-je pas là pour ça ?
— Vous m’en voyez ravi.
Un léger rire parcourut le rang des invités, car dès la réponse de Maria, tout le monde observait le sexe de Triskell se dresser. La jeune femme ne comprenait pas cette hilarité soudaine ; elle n’avait pas regardé le bas-ventre de son hôte.
Triskell s’approcha de Maria et l’entoura de ses bras. Elle restait raide, les bras ballants, ne sachant trop sur quel pied danser. Il l’embrassa et quand elle sentit sa langue sur ses lèvres, d’instinct, elle ouvrit la bouche. Leurs langues se mêlèrent alors et Maria goûta la sublime impression d’un baiser pour la première fois. « Quand je pense que j’aurais dû connaître ça à l’adolescence… » songea-t-elle. Elle prit également conscience d’une autre excitation inconnue. Serrée contre Triskell, l’érection de celui-ci était coincée entre leurs deux ventres. Maria ressentait le membre viril de bonne taille contre son nombril. Sans y penser, elle faufila la main entre leurs deux corps et empoigna la verge dure et chaude de son amant. Elle eut un petit sursaut, le phallus de chair qu’elle maintenait était de loin plus épais que celui de silicone auquel elle était habituée. Elle fit glisser ses doigts du bout du gland jusqu’à la base pour en évaluer la longueur. L’érection de Triskell était à son comble et il la laissa faire, tout en l’embrassant avec fougue. « Il va me mettre ça en entier dans la chatte ? ! » se demanda-t-elle tout à coup avec appréhension.
Pendant ce temps, les autres participants n’étaient pas restés inactifs. Indifférent aux ébats de Maria et Triskell, chacun s’était trouvé un ou une partenaire. Étaient présents trois couples hétérosexuels et un autre de deux jeunes femmes, mariées chacune de leur côté à un homme aux manières brutales et égoïstes qui, sexuellement parlant, ne les satisfaisait pas, ou pas assez. Tout le monde était affalé sur de larges futons ou des tapis moelleux de fourrure synthétique. Les gémissements venaient de partout et ce n’était pas seulement l’apanage des femmes.
Triskell souleva Maria et la déposa sur un confortable matelas. Il s’agenouilla de chaque côté de son torse et coinça son pénis entre les deux seins ronds qu’il tint serrés l’un contre l’autre. Il entama un mouvement de hanche d’avant en arrière. Maria, le menton sur son sternum, voyait apparaître et disparaître le gros gland de son compagnon. Elle avait déjà observé avec curiosité, sur les vidéos pornographiques qu’elle regardait chez elle, cette « cravate de notaire », mais ne se doutait pas que cela fût aussi agréable. Une surprise l’attendait toutefois. Triskell, excité par la beauté de ce nouveau corps dont il avait la primeur, éjacula dans un râle sur les lèvres et sur le masque de Maria. Un peu piteux en raison de son manque de contrôle, il s’allongea sur elle et l’embrassa en léchant son propre sperme. La jeune femme appréciait toutes ces nouveautés puis repoussa l’homme sur le côté. Elle se pencha vers lui, se saisit de sa verge ramollie d’une main et se mit à téter le gland. D’abord sans effet, la caresse ne lui permit que d’absorber ce qui restait de semence dans l’urètre d’autant plus qu’elle prenait plaisir à enserrer vigoureusement l’épaisse hampe. Il ne fallut qu’une minute ou deux à Triskell pour retrouver son érection initiale. Quand elle fut dure comme un bambou, il roula sur lui-même, se coucha sur Maria qui, instinctivement, ouvrit le compas de ses jambes. Triskell s’agenouilla, se saisit des mollets de la jeune femme et les replia, les genoux à hauteur des seins. La vulve humide et la rondelle plissée en dessous, bien en évidence, hurlaient leur désir d’être pénétrées. Il regardait les deux orifices avec une gourmandise non déguisée, se demandant dans lequel il allait planter son dard. Les lèvres de la petite fente mouillée semblaient remuer, émettant un appel silencieux. Il n’y résista pas et plongea l’intégralité de sa bite dans la fournaise trempée jusqu’au col de l’utérus de Maria qui poussa un cri.
— Ouiiiii !!!
Il entama une série de va-et-vient profonds et lents. Chaque fois qu’il était au fond, Maria ponctuait l’assaut par des « Han… Han… Han… » sonores. Elle avança la main et se frotta le clitoris d’un doigt. Soudain, excitée par la verge de Triskell et par sa caresse clitoridienne, elle cria. Un fabuleux orgasme la prit de l’extrémité du petit bouton jusqu’au tréfonds de son vagin. Il n’en finissait plus, Maria gémissait à fendre l’âme, elle n’avait jamais eu d’orgasmes aussi violents avec son godemiché ou simplement en se caressant.
— T’arrête pas ! T’arrête pas ! T’arrête pas…, répétait-elle comme un mantra.
Docile, Triskell, que sa première éjaculation avait rendu plus endurant, la pilonnait en cadence. Une légère douleur remplaça la jouissance peu après et Maria se dégagea de l’emprise du sexe de son partenaire. Qu’à cela ne tienne, Triskell se masturba entre ses jambes et éjacula en grognant une grande quantité de semence sur le ventre de la jeune femme. Quand ce fut terminé, il se baissa pour lui lécher l’anus et la vulve à en détremper son masque. Quelques instants plus tard, ils s’embrassaient à nouveau.
— Merci beaucoup Héra, je te ferais bien l’amour toute la nuit et par un autre trou, mais il faut en laisser aux autres.
— Tu n’imagines pas ce que tu m’as apporté ce soir, confia doucement Maria.
Tous les couples sauf un qui faisait, volontairement ou non, durer l’attente de l’orgasme, avaient pris du bon temps. Triskell convia Maria et les autres dans la cuisine. Celle-ci était petite et les invités se serraient contre la table centrale. On pouvait se désaltérer avec des sodas, des jus de fruits, des tisanes chaudes ou froides, du thé ou du café. Triskell ne servait pas d’alcool pour deux raisons. D’une part, certains convives venaient en voiture et ils devaient donc rester sobres et d’autre part l’alcool, s’il désinhibe la plupart des gens, avait aussi la fâcheuse propriété d’en rendre certains agressifs. Bref, dans une partouze, mieux valait s’en tenir aux boissons soft. Le dernier couple finit par râler si fort que quelques rires fusèrent dans la cuisine. Même dans cette pièce, les invités ne s’interdisaient pas de tripoter qui un pénis, qui une vulve, qui un sein ou une fesse, mais cela ne devait pas aller plus loin. Pour le reste, tout l’appartement était accessible. Un homme se faufila jusqu’à Maria, un verre d’eau gazeuse à la main.
— Je m’appelle Castor, enfin c’est mon pseudo.
Assez bien bâti, il paraissait un peu plus âgé que Triskell, mais on devinait une légère bedaine. Maria ne s’attarda pas à cela, et observa l’entrejambe de son interlocuteur avec intérêt. Elle eut immédiatement envie de prendre son sexe dans la main. Elle lui sourit.
— Puis-je compter sur votre participation lorsque nous serons revenus au salon ? poursuivit-il.
Maria se saisit du pénis de l’homme et le regarda au fond des yeux.
— Que voulez-vous faire de ça ?
Une femme qui buvait une tasse de thé à côté de Maria les interrompit en s’adressant à Maria.
— Il veut te la mettre dans le cul ! Lui, c’est le Castor qui a perdu Pollux ! déclara-t-elle en riant.
Ni Maria ni Castor ne purent lui répondre. Un homme arriva subrepticement par-derrière, prit la femme par la taille et l’emmena au salon.
— Que voulait-elle dire ? s’étonna Maria.
Castor baissa les yeux.
— J’aime sodomiser. Je sodomise aussi bien les hommes que les femmes. J’espère que vous aimez ça…
Tel un enfant à qui l’on a promis d’essayer un nouveau jouet, Maria lui chuchota à l’oreille.
— Je pense que Triskell m’aurait bien fait découvrir ce petit jeu en deuxième partie de soirée, mais il m’a dit vouloir en laisser pour les autres. Vous êtes le premier à vous proposer à sa suite, alors d’accord, mais jurez-moi auparavant que je n’aurai pas mal.
Castor se redressa et gonfla sa poitrine.
— Nous seulement je vous le promets, mais je vous promets également un orgasme comme vous n’en avez jamais connu.
Sur ces paroles, il posa son verre sur la table et débarrassa Maria du sien. Il mit ses deux mains sur les épaules de la jeune femme et la poussa vers le salon.
Deux couples étaient déjà emmêlés et les gémissements allaient bon train. Castor et Maria s’allongèrent sur un futon et s’embrassèrent fougueusement. Maria, la bouche grande ouverte, laissait la langue de son partenaire lécher la sienne avec douceur. Elle entoura son pénis de ses doigts menus et fut un peu déçue de la taille relativement modeste du sexe de son nouvel amant. Elle changea toutefois d’avis en se rappelant quel orifice il voulait honorer. « C’est plus la taille de mon gode, je suis habituée. », se rassura-t-elle. Tout en embrassant sa compagne, Castor lui caressa les seins, le ventre et l’intérieur des cuisses. Il s’approcha de la vulve et y planta deux doigts.
— Hmmmfff ! fit Maria.
Castor la fourrageait profondément afin de la faire mouiller un maximum. Il ressortit ses doigts trempés, glissa sa main entre les fesses de Maria et trouva l’œillet facilement. Il introduisit l’index puis le médius et massa la paroi rectale. Maria appréciait tant la caresse que, pour accroitre la pénétration, elle se mit à quatre pattes. Castor lui facilita la tâche et de deux, passa à trois doigts. Le sphincter s’écarta, prêt à accueillir la verge tendue qui n’attendait que ça. Prenant sa bite en main, il en dirigea le gland sur le muscle entr’ouvert et pénétra doucement le fondement de sa compagne.
Le cri que poussa Maria fut indéfinissable. Un mélange de « Ouiiii ! », de « Han ! », de « Aïe ! » et de « Ah ! », mais en une seconde, elle fut au nirvana. Castor enfonça son pénis à fond dans les fesses de Maria et entama quelques habiles aller-retour. Le frottement anal, si près de sa vulve, excitait énormément la jeune femme, mais elle ne résista pas à l’appel de son bouton rose. Toujours à quatre pattes, elle prit appui sur un seul avant-bras, ce qui lui permit de glisser sa main entre ses cuisses. Tout en savourant la savante caresse rectale, elle se masturba le clitoris. Maria poussa divers cris bizarres, mais soudain ce fut le spasme violent. Elle n’en revint pas, non seulement son vagin se contractait et se décontractait régulièrement, mais son sphincter se crispa tant, que Castor fut obligé de jouir prématurément dans ses entrailles. Les deux soupirs se mêlèrent et l’orgasme simultané des deux amants fut applaudi par les invités, du moins, par ceux qui ne s’adonnaient pas à une activité plus intéressante à cet instant précis. L’homme maintint son pénis dans le rectum de sa partenaire, mais se coucha sur elle pour lui embrasser la nuque. Maria reposa ses deux bras sur le matelas et tous deux récupérèrent ainsi une ou deux minutes. L’érection de Castor cessa et sa verge sortit de l’anus, aussitôt suivie par un écoulement de sperme. Ils s’allongèrent côte à côte, se tenant par la main comme des amoureux.
— Tu as tenu parole, lui confessa Maria. Je n’ai pas eu mal loin de là et j’ai joui de cette façon comme jamais.
Castor sourit.
La femme qui les avait abordés dans la cuisine avait terminé une fellation experte sur l’homme qui l’avait entraînée au salon. Elle s’approcha de Maria et Castor. S’adressant à ce dernier, elle demanda :
— Je peux ?...
— Bien sûr Lilith, répondit Castor en souriant. Je pense que tu vas aimer.
Sur ces paroles, il se leva et se dirigea vers les rafraîchissements non sans avoir, au préalable, déposé un baiser sur les lèvres de Maria. Lilith s’allongea à ses côtés.
— Je t’avais bien dit qu’il te la mettrait dans le cul, mais il sait y faire le salaud.
— Oui, il m’a complètement vidée.
— Tu veux bien te remettre à quatre pattes pour moi ?
Maria la regarda, indécise.
— J’aime bien passer après lui, se justifia-t-elle.
Sans être certaine d’avoir tout compris, Maria reprit la position demandée. À genoux derrière elle, Lilith lui écarta les fesses dévoilant l’anus un peu gonflé sur les bords. De ces deux index, elle agrandit le sphincter et plongea sa langue raide comme un pénis à l’intérieur. Elle aspira avec empressement le reste du sperme déposé par Castor peu de temps avant. Maria ressentait une caresse inconnue, sublime, extraordinaire. Son vagin sécréta à nouveau son lubrifiant, apparemment, il n’avait pas eu son content. En même temps, la main de Lilith passa entre les cuisses de sa compagne et malaxa le clitoris avec ardeur. Déjà excitée par son coït anal avec Castor, Maria jouit sur-le-champ, expulsant sa cyprine aussitôt récupérée par l’autre femme. Cette dernière était connue dans le milieu de « L’Amour Incognito » pour aimer avaler tous les fluides sexuels de ses partenaires masculins ou féminins. Certains même, l’appelaient « L’aspirateur ». Lilith quitta les fesses de Maria et l’embrassa profondément. Maria apprécia fort le goût du sperme et de sa cyprine mélangés. Ne voulant pas que Lilith soit en reste, elle la repoussa sur le côté pour l’allonger sur le dos. La jeune femme se laissa faire et écarta les cuisses révélant sa vulve rose. La fente paraissait très longue et le clitoris, proéminent, ressemblait presque au gland d’un pénis. Maria approcha ses lèvres et sa langue et titilla le bouton brillant. Lilith ferma les yeux. Maria absorba également une bonne quantité de cyprine avant de déclencher l’orgasme de sa partenaire. À ce moment précis, Lilith lui saisit l’arrière du crâne des deux mains, appuya fort puis poussa un cri. Quand les contractions vaginales cessèrent, Maria remonta vers le visage de Lilith et l’embrassa, laissant couler en elle les derniers fluides corporels qu’elle avait conservés dans sa bouche. Lilith était aux anges.
— C’était très bien, confia Lilith à sa compagne.
Maria baissa les yeux.
— C’était la première fois, comme avec les hommes de cette soirée, répondit-elle d’une petite voix. Sans « L’Amour Incognito », j’en serais encore à faire ça toute seule.
— Le site n’existe pas depuis plus d’un an. Tu n’as pas trop perdu de temps, répliqua Lilith en se levant.
Il était trois heures du matin et quelques invités étaient déjà partis. Il restait un couple en train de faire l’amour, mais à en juger par les gémissements des deux partenaires, cela ne durerait pas encore bien longtemps. Maria entra dans la salle de bains où une participante se lavait les fesses.
— Alors Héra ? Tu reviendras ? questionna-t-elle.
— Sans aucun doute, mais pas tout de suite.
La femme se mit à rire.
— Je comprends, tu t’es pas mal éclatée ce soir !
*-*
Oui, Maria, ou plutôt Héra est revenue souvent dans ces soirées spéciales. Elle y fit l’amour avec nombre d’hommes et de femmes masqués. Les cagoules cependant ne cachaient pas les corps, et ceux-ci n’étaient pas toujours des canons de beauté. Maria ne se refusait jamais, sauf parfois au milieu de la nuit où elle était trop fatiguée avant de rentrer chez elle.
Quand elle repensa aux trois dernières réjouissances, elle s’interrogea sur la présence d’un homme qui l’a sollicitée à chaque fois. Elle a accepté, bien entendu, mais elle fut étonnée qu’il n’allât pas voir une autre femme, ou un homme pourquoi pas, après elle. Il restait là, à la regarder baiser avec d’autres. S’il était lui-même désiré par une invitée, il refusait et rentrait chez lui. Qui était-il ?
La séance suivante, il était encore là. Comme d’habitude, il vint vers elle et exceptionnellement lui demanda de l’accompagner dans la salle de bains. Maria, interloquée, accepta tout de même. Quand ils furent dans la pièce, l’homme ferma le loquet et se tourna vers la jeune femme. Celle-ci s’assit sur la baignoire. Il s’approcha. Maria agrippa le sexe flaccide qui était devant elle, le décalotta avec envie et fourra le gland dans sa bouche. Depuis son inscription au site, elle avait de l’expérience et la verge de l’inconnu se dressa aussitôt. Cinq minutes lui suffirent pour cracher un sperme épais et abondant dans la bouche accueillante. Maria déglutit, lécha le gland et l’homme gémit faiblement. Elle déposa un baiser sur le pénis, puis le souleva pour dévorer gentiment les testicules. Elle demanda :
— Vous allez encore me regarder toute la soirée avant de vous sauver ?
— Je vous aime Maria.
Elle eut un sursaut.
— Comment m’avez-vous appelée ? s’écria-t-elle.
Au lieu de lui répondre, l’homme souleva sa cagoule quelques secondes. Au fur et à mesure qu’il dévoilait son visage, Maria ouvrait des yeux comme des soucoupes.
— Docteur Julien H. ! Comment m’avez-vous reconnue ?
— Je suis chirurgien, je vous rappelle. Pour vos opérations, je vous ai vue nue un nombre incalculable de fois. Je n’ai jamais pu oublier un corps aussi magnifique. J’en crève de vous voir avec d’autres hommes ou femmes, mais il faut que je reste, que je vous observe, que je me fasse mal. Je n’ai pas réussi votre opération, alors vous êtes ma pénitence, mon cilice.
Julien se tut et regarda le sol. Maria reprit ses esprits et s’énerva.
— Vous n’avez pas respecté mon anonymat ni le règlement du site. Je vais vous dénoncer, vous serez radié ! Je ne veux plus vous voir. Jamais.
Maria s’apprêta à quitter la pièce, mais Julien l’attrapa par un bras.
— Attendez, j’ai quelque chose à vous proposer. Quelle que soit votre décision, vous ferez ce que vous voudrez après.
Maria s’arrêta et se retourna vers Julien. Elle s’était calmée.
— Que voulez-vous me dire ? Vous avez tout fait pour moi, je crois.
— Moi oui, mais dans une publication professionnelle j’ai lu qu’un chirurgien suisse avait obtenu des résultats inespérés sur des cas encore plus sérieux que le vôtre. C’est une technique personnelle qu’il a mise au point à l’aide d’ordinateurs spéciaux. C’est une sommité mondiale.
— Et vous croyez qu’il va s’occuper d’une pauvre petite patiente comme moi ?
— Il est déjà d’accord. En tant que chirurgien moi-même, je lui ai adressé tout votre dossier et lui ai expliqué les obstacles que j’ai rencontrés dans votre cas. Il attend de vous recevoir à Genève.
Maria réfléchissait. Cela ressemblait à une conversation de salon, cependant elle se déroulait entre une femme masquée et nue et un homme dissimulé lui-même et pas moins nu. Un observateur extérieur aurait eu du mal à comprendre la situation.
— Cela doit coûter cher, je n’ai pas les moyens.
— Je m’occupe de tout, ne craignez rien.
Maria n’en croyait pas ses oreilles. Un espoir fou naissait en elle, que risquait-elle ? Elle ne serait pas plus laide à l’arrivée si ça ratait… Elle hésita quelques instants, puis se lança.
— Puisque vous y tenez, je suis d’accord.
Sur cette dernière parole, Maria s’allongea sur le dos à même le carrelage froid et ouvrit largement les jambes. Elle tendit les bras vers Julien.
— Viens, j’ai envie…
*-*
Quatorze mois plus tard, un matin dans un chalet de la banlieue de Genève.
— Chéri ! Le docteur Heintz veut me voir une dernière fois ; mais après nous pourrons rentrer à Tours. Je suis si heureuse…
Maria était méconnaissable. Elle s’était réhabituée à se regarder le visage dans les miroirs. Le docteur Heintz avait réalisé des miracles. Plus aucune cicatrice ne subsistait et le dentiste de la clinique lui avait changé tous ses implants en lui rendant un sourire magnifique. Elle ne ressentait plus de douleurs, nulle part, même plus au ventre. C’était un succès sans précédent.
— Je suis tellement heureux aussi, répondit Julien en prenant Maria dans les bras.
— Irons-nous toujours aux soirées de « L’Amour Incognito », interrogea-t-il sûr de son fait.
— J’ai eu de la chance dans mon malheur, tu sais. Nous n’avons pas le droit de laisser tomber les plus défavorisés.
Une ombre passa brièvement dans le regard de Julien, mais Maria le devança en l’entraînant dans la chambre. Elle ouvrit un tiroir, en sortit deux masques de soie noire et dit :
— Mettons-les, tu veux. C’est tout de même grâce à eux que nous sommes là.
Elle dégrafa son peignoir de satin et le laissa choir à ses pieds. Julien admira cette femme si belle et dotée d’un corps si merveilleux.
Il enfila la cagoule tendue, puis poussa Maria sur le lit. Elle écarta les cuisses. S’agenouillant, il posa ses lèvres sur la vulve humide et douce.
Savourant la cyprine de Maria, Julien ne put s’empêcher de penser :
— Et après tout, pourquoi pas ?
*-*
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6 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Merci Nico. Votre appréciation me ravit.
Ce fût un plaisir de relire cette histoire poignante. Où le chirurgien arriva à la fois à effacer un échec professionnel et construire une histoire d amour.
Et bien sûr toujours aussi bien écrit.
Bien à vous
Nico
Et bien sûr toujours aussi bien écrit.
Bien à vous
Nico
Merci lecteur.
Belle histoire d'amour !
Merci La Chipie, j'aime bien quand tu aimes mes histoires...
Tout est bien qui finit bien. C’est rare 1 chirurgien pareil.
Bravo Philus
La chipie
Bravo Philus
La chipie