L'Amour à rebours aux labours_4
Récit érotique écrit par Briard [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 29-06-2023 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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L'Amour à rebours aux labours_4
Partie 4
Prune ne décolérais pas.
Elle en voulait à Paul pour sa lâcheté et, en même temps, s’en voulait de l’avoir trompé.
Elle ne comprenait pas comment un homme fort, imposant, intelligent et cultivé pouvait être aussi veule devant l’adversité.
C’est vrai qu’elle ne l’avait pas trop soutenu et qu’elle l’avait vite jugé et accablé.
Mais elle ne supportait plus son indolence, sa démission.
Lui, qu’elle avait rêvé grand patron, respecté et craint, gérant son entreprise avec une main de fer dans un gant de velours, s’était transformé en lavette, en mollasson.
Et ça la rendait furieuse.
Oui, elle l’avait trompé.
Oui, elle avait été infidèle.
Oui, elle avait, en quelque sorte, vidé son sac de rancune.
Bien sûr, elle n’était pas fière d’elle.
Elle savait au fond d’elle qu’elle l’aimait toujours son Paul.
Elle avait fauté, mais n’avait pas éprouvé tant de plaisir que ça.
Bien sûr elle avait joui.
Ç avait été très agréable, elle devait le reconnaître.
Mais ça avait été loin des envolées orgasmiques qu’elle éprouvait avec son mari.
Bien sûr le régisseur savait y faire avec les femmes.
Bien sûr il l’avait amené là où il le voulait.
Bien sûr il avait un corps de rêve dont bien plus d’une femme avait dû profiter.
Mais, finalement, ça n’avait été qu’une bonne partie de baise, et rien de plus.
Elle avait pris son pied, comme on dit, mais ça n’avait pas été le nirvana, loin de là.
Avec son Paul, c’était bien plus que charnel, c’était la passion.
La passion des corps, mais aussi de l’esprit.
Avec Paul, elle se sentait totalement possédée, corps et âme.
Avec Paul, elle atteignait la félicité, la plénitude, l’harmonie, le bonheur absolu.
Elle ramassa ses affaires, les mis dans son sac, et quitta son ancien studio.
Tout en cheminant vers sa maison, elle continuait de penser.
Elle allait tout lui avouer.
Lui dire qu’elle avait eu un coup de désespoir, un coup de folie, qu’elle s’était oubliée, mais qu’elle le regrettait.
Elle n’avait jamais voulu le tromper, que ça s’était fait comme ça, comme on se jette dans le vide, sans réfléchir.
Qu’elle n’avait jamais voulu lui faire du mal et le rendre malheureux.
Que ça n’était que les errements d’un soir.
Qu’il devait lui pardonner parce que c’était lui son grand amour, lui l’homme de sa vie.
Qu’elle avait commis une erreur, mais qu’elle passerait le reste de sa vie à la lui faire oublier.
Elle riait dans sa voiture en pensant à tout l’amour qu’elle allait lui donner.
À tout l’amour et à tout le soutien, aussi.
Oui, elle allait l’aider.
Oui, elle allait lui donner la force d’affronter les éléments.
Avec son amour et son aide, il allait reprendre du poil de la bête et il prendrait rapidement la situation en main.
Avec son appui, il allait devenir le vrai patron, l’indiscutable.
Elle parlerait au régisseur.
Elle lui dirait qu’ils avaient commis une faute, une erreur qui ne se reproduirait plus.
Elle lui demanderait de n’en parler à personne et en aucun y faire allusion.
Elle lui dirait qu’ils resteraient collègues, mais qu’ils ne seraient jamais amis.
Elle lui dirait que son seul, son unique amour, c’était son mari et qu’il n’avait été qu’un écart sur son parcours de femme honnête et fidèle.
Elle allait tout faire pour retrouver la confiance de son époux.
Elle allait désormais tout faire pour sublimer leur amour, le rendre invincible.
Elle voulait que Paul ait la certitude de sa sincérité, de sa loyauté, de sa fidélité absolue.
Elle voulait qu’il lui fasse un enfant.
Il était temps d’agrandir leur famille et de sceller leurs liens de façon indéfectible par la naissance d’un enfant.
Elle voulait devenir mère et porter son enfant.
Un bébé, voilà qui raffermirait leur couple, voilà qui consacrerait leur union, voilà qui confirmerait leur amour pour l’éternité.
Rassérénée par toutes ses pensées prometteuses d’un avenir meilleur, elle arriva devant chez elle.
Elle gravit les marches et pénétra dans la maison.
Elle déposa le sac dans l’entrée et alla droit dans le salon.
Elle vit une feuille blanche sur la table basse et quelques lignes écrites à la main.
Elle la ramassa et lut.
« Suis parti pour deux jours.
Des choses à faire, serai injoignable.
Convoque la réunion des chefs, avec mes frères, pour après-demain à 14h.
Rentrerai pour la réunion.
Paul »
Elle sentit son sang se glacer.
Ce mot était froid, presque impersonnel.
Se doutait-il de quelque chose ?
Pourquoi un mot et pas un message téléphonique.
Où était-il parti et pourquoi ?
Pourquoi serait-il injoignable ?
Pourquoi aucun mot doux, aucun « bisou », aucun « je t’aime » ?
Elle sentit l’inquiétude monter en elle et une chaleur commença à envahir son corps.
Savait-il ?
Se doutait-il ?
Avait-il eu vent de quelque chose ?
Quelqu’un les aurait-il entendu et lui aurait rapporté la chose ?
Elle alla à la cuisine se servir un grand verre d’eau.
Alors qu’elle buvait, on frappa à la porte.
Elle se précipité, pensant qu’il avait sans doute oublié quelque chose et était revenu le chercher.
Elle ouvrit et marqua sa déception face au frère aîné de Paul.
- Ça va Prune ? Tu as vu Paul ?
- Non, il s’est absenté pour deux jours. Entre.
- Oui, je sais, mais il m’a laissé un message pour participer à la réunion des chefs de service dans trois jours sans me dire pourquoi.
- Moi non plus, il ne m’en a rien dit.
- Tu sais où il est allé ?
Elle fondit en larme.
- Non, il m’a juste laissé un mot sur une feuille.
- Allons, ce n’est pas une raison pour te mettre dans des états pareils. Il a certainement dû partir précipitamment et n’a pas eu le temps de te dire quoi que ce soit.
- Mais ça n’est pas dans ses habitudes.
Il posa sa main sur son épaule.
- Va, il s’excusera quand il rentrera. Mais ne t’inquiète pas, je suis sûr qu’il a eu une bonne raison de partir aussi rapidement.
Elle sécha ses larmes et le regarda.
- Tu sais, ça va mal. Il nous arrive plein de malheur ces derniers temps.
- Oui, je sais, Paul nous tient informés.
- Mais ce qu’il ne vous a certainement pas dit, c’est qu’il a fui ses responsabilités.
- Comment ça ?
- Il a laissé les choses se faire sans réagir.
- Paul ?
- Oui Paul. Il a laissé faire, il n’a rien fait pour empêcher que ça continue.
- Qu’est-ce que tu entends par rien fait.
- Mais rien je te dis. Il n’a fait que constater les dégâts, l’un après l’autre et il n’a rien entrepris pour trouver qui nous a fait de telles saloperies.
- Paul, ne rien faire, ça m’étonne.
- Ça t’étonne, c’est la meilleure celle-là. Il a demandé au régisseur d’enquêter pour ne pas avoir à le faire lui-même. Il s’est défilé je te dis.
- Paul, se défiler ?
- Mais oui, à la fin, c’est un lâche, un poltron, il a peur de tout je te dis.
- Paul, un poltron ? Tu es certaine que tu parles bien de ton mari ?
- Oui, c’est un pleutre, qui fuit dès que quelque chose de grave se produit.
Le frère de Paul se leva l’air sévère et se dirigea vers la porte d’entrée.
Arrivé là, il se retourna.
- Eh bien ma chère belle-sœur, je dois te dire que tu connais bien mal ton mari. Paul n’a peur de rien. Même le diable ne lui fait pas peur. Il ne le provoque pas, c’est tout.
Il ouvrit la porte et sortit, la laissant hébétée.
Prune se fit porter pâle le lendemain, restant à tourner en rond dans la maison.
Le régisseur vint s’enquérir de ce qui n’allait pas et elle le renvoya rudement.
Elle lui précisa que cela ne le regardait pas, qu’elle serait de retour pour la réunion, et que lui pouvait gérer les affaires courantes en attendant le retour de Paul.
Le jour J, à quatorze heures précises, Rodolphe fit entrer les participants à la réunion des chefs.
Entrèrent derrière lui, Fernand Gentil, Prune, le chef d’équipe Porcherie et basse-cour, le maître de chais, le chef d’équipe cultures, le chef d’équipe Bovins-Ovins, le maître d’affinage, le chef d’équipe lait et œufs, le chef d’équipe de l’abattoir, le chef d’équipe Laboratoires, les trois chefs d’équipe Magasin, le chef d’équipe Transport, le chef d’équipe caristes, le chef mécanicien, le vétérinaire et enfin les deux frères de Paul.
Une fois tout le monde installé, sur un geste du régisseur, une assistante fit entrer, le garagiste, la banquière, le maire et Auguste De Camarsac. Ce dernier avait l’air de se demander ce qu’il faisait là.
Rodolphe attendit que tout le monde soit assis pour se lever et aller s’assoir à la place de Paul.
Il toisa l’assemblée quelques instants, prit une inspiration et joignit ses mains sur la table.
- Mesdames, messieurs, merci d’avoir répondu à notre invitation. Paul Gentil vous a invité et n’est malheureusement pas présent. D’ailleurs nous pensons qu’il ne viendra pas à cette réunion.
Il regarda un à un les participants puis reprit.
- L’entreprise Gentil vit depuis quelques temps des moments très troublant ayant mis à mal la gestion de l’entreprise, mais plus grave encore, mis à mal sa direction. Il faut bien se l’avouer, nous ne sommes plus certains du tout que Paul Gentil soit l’homme capable, et de redresser la situation, et de sortir l’entreprise du marasme dans lequel il l’a laissée s’enfoncer. J’ai, à sa demande, enquêté et trouvé l’auteur de ces méfaits. Je l’ai amené devant Paul Gentil et il l’a laissé repartir sans même, ni l’avoir interrogé, ni m’avoir laissé lui exposer les conclusions de mon enquête. Je dois même avouer que plus les évènements graves et portant atteinte à la bonne marche de l’entreprise se produisaient, plus Paul Gentil s’enfonçait dans le mutisme, dans une aphasie étonnante, et dans une fuite en avant empreinte d’une pusillanimité coupable pour un homme avec de telles responsabilités.
Rodolphe attendit quelques secondes avant de reprendre.
- Cette démission devant l’adversité, cette abdication face à sa charge et à son devoir, cette faiblesse l’amenant à fuir et abandonner son poste son entreprise et son personnel, mont révélé son incapacité à effectuer ses missions de chef d’entreprise et son incompétence à exercer ses activités de meneur d’homme.
Il attendit encore quelques secondes avant de poursuivre.
- Mesdames, messieurs, je ne vais pas y aller par quatre chemins, je viens vous demander de remettre en question le mandat de Paul Gentil en qualité de Président de la société.
La porte s’ouvrit avec fracas et Paul apparut suivit d’un homme en costume, d’une femme en tailleur et de quatre policiers en tenue.
Il se dirigea droit vers son fauteuil qu’occupait le régisseur.
Il se pencha sur lui.
- Toi, tu vas te lever et retourner à ta place immédiatement.
Rodolphe se leva, le toisa, puis alla s’assoir à sa place.
- Mesdames, messieurs, je vous prie d’excuser mon retard. Laissez-moi vous présenter monsieur Jaquet …
Le maire s’écria :
- Mais je le reconnais, c’est mon contrôleur financier …
Paul lui fit signe de se taire.
- Non, monsieur le maire, monsieur Jaquet n’est pas inspecteur des finances, mais commissaire divisionnaire. Il est le Sous-Directeur du Service national des Enquêtes auprès de la Direction Générale de la Consommation de la Concurrence et de la Répression des Fraudes. C’est à ce titre que j’ai demandé à monsieur Jaquet de se joindre à nous.
Le commissaire et la jeune femme allèrent s’asseoir aux côtés du maire.
- Il se trouve que Jacques Jaquet est mon ami. Nous nous sommes rencontrés en fac de droit et sommes restés en contact. Je vais donc parler sous son contrôle.
Paul regarda les policiers et leur proposa quatre chaises.
- Certains d’entre vous m’ont régulièrement demandé ces derniers temps de faire quelque chose, afin de trouver qui était à l’origine de toutes ces attaques contre notre entreprise. Je leur, à chaque fois répondu qu’il était trop tôt et qu’il fallait attendre encore un peu.
Il regarda son épouse.
- Aujourd’hui, le temps est venu et je vais agir. Tout d’abord, vous devez savoir qu’il n’y a pas un, mais plusieurs auteurs des méfaits qui ont affecté notre entreprise.
Il se leva.
- Le premier méfait, a été de provoquer l’accident de voiture dont a été victime notre régisseur. Je dis bien provoquer, car il ne s’agit nullement d’un accident, mais bien d’une tentative de meurtre. En effet, lorsque vous sectionnez le câble du liquide de frein d’une voiture, c’est à des fins criminelles. Or, notre régisseur venait juste de donner son véhicule en révision chez toi, Bruno.
Le garagiste regarda autour de lui et se leva.
- Oui, tu as parfaitement raison et je m’engage à punir le mécano qui s’est occupé de sa voiture.
Paul regarda le commissaire qui fit signe à l’un des quatre policiers.
Celui-ci se leva et vint se placer derrière le garagiste.
- Assied-toi Bruno. Le mécano qui a traité la voiture n’y est pour rien, pour la simple raison qu’il n’a pas touché au câble ce jour-là ; mais toi, oui.
Un murmure s’éleva de l’assistance.
Le commissaire se leva et pointa le garagiste du doigt.
- Vous avez tenté de soudoyer votre salarié et lui avez même donné son préavis suite à son refus de faire ce sale boulot. Alors, vous vous êtes résigné à cisailler vous-même le câble. Mais ce que vous ne saviez pas, c’est que votre mécano vous a filmé en train de commettre votre forfait.
Le commissaire fit signe au policier qui, prestement, passa les menottes aux poignets de Bruno.
- Monsieur, je vous arrête pour tentative de meurtre.
Le policier fit se rassoir le garagiste qui avait changé de couleur.
Paul se rassit.
- Le commissaire m’a ensuite informé avoir enquêté sur le garagiste, sa famille, et trouvé des choses très intéressantes. Passons donc maintenant à son épouse, Monique, notre banquière. Elle m’a reçu il y a plusieurs semaines pour me dire que la banque connaissait la situation de l’entreprise et qu’elle n’avait plus confiance en ma capacité à redresser la situation. Elle m’a dit que la réparation de tous les méfaits subits par la société allait coûter très cher, qu’elle ne me ferait plus de prêt, et que la seule solution pour nous en sortir était de faire racheter nos dettes et de vendre l’entreprise.
Monique se leva.
- Oui Paul, je t’ai même fait une proposition écrite. En dépit de la perte de confiance en ta société, la banque a fait un geste pour te soutenir.
Le commissaire divisionnaire fit signe à un policier. Celui-ci se leva et vint se placer derrière la banquière.
- Oui, une proposition amicale en quelques sortes. Vous regroupez mes dettes, vous les rachetez et vous me poussez à la ruine pour mieux me racheter mon entreprise.
- Non, ce n’est pas …
- Ce n’est pas quoi ? Pas tes liens avec la famille De Camarsac qui t’auraient suggéré d’agir contre les intérêts de la mienne ?
Un « Oh » s’éleva de l’assistance.
- Mais je n’ai aucun lien avec les De Camar …
- Aucun lien dis-tu ? N’es-tu pas la fille de Mireille Suster, qui fut la secrétaire et … maîtresse d’Auguste De Camarsac il y a une trentaine d’années ? Hein ?
- Mais, mais …
- Nous avons fait des recherches auprès des services d’état civil de la ville. Tu es la fille d’Auguste qui t’a d’ailleurs reconnue. Même illégitime, tu es une De Camarsac et tu as agi dans l’intérêt de ta famille.
- Mais, mais …
- Ça suffit, on en a entendu assez.
Le commissaire s’était levé et pointait un doigt menaçant sur Monique, tout en faisant signe au policier de la menotter.
- Faux, usage de faux, entente délictueuse, rupture du secret bancaire et divulgation d’informations bancaires dans le but de nuire. Vous avez cru avoir gagné votre place au soleil, madame, et bien moi, je viens de vous trouver une place à l’ombre et pour longtemps.
L’assistance était sidérée et tous les regards se tournèrent de nouveau vers Paul.
Ce dernier cessa de regarder la banquière pour tourner son regard vers le régisseur.
- À nous Rodolphe Rodier, ou plutôt Rodolphe De Camarsac, n’est-ce pas ?
Le régisseur se leva d’un bond.
- Qu’est-ce que vous insinuez encore ?
Le troisième policier, auquel le commissaire avait fait signe, s’était levé et était venu se placer derrière Rodolphe. Il lui mit la main sur l’épaule et le força à se rassoir.
- Rodier est le nom de ta mère, n’est-ce pas ? Toi aussi, tu es le fils de Mireille Rodier et d’Auguste Camarsac.
Rodolphe regardait Paul avec, sur le visage, un air de méchanceté féroce.
- Toi aussi, tu as intrigué pour te retrouver recruté par mon épouse. Les deux autres candidats, certainement complices eux-aussi, ne tenait pas la route et elle t’a tout naturellement embauché.
- C’est pas d’ma faute si les deux autres ne valaient pas tripette.
- Non, ça, on ne peut pas te le reprocher. En revanche, avoir accusé un pauvre diable d’avoir implanté la maladie de Marek dans la volaille, d’avoir intronisé la Cysticercose porcine, d’avoir empoisonné nos arbres fruitiers avec l’Athelia rolfsii et d’avoir introduit la Myosite des clostridies à nos troupeaux, tout ça, c’est de ton fait.
Le commissaire fit signe au troisième policier qui vint menotter le régisseur.
- Monsieur Rodolphe De Camarsac, vous êtes accusé de dégradation de bien, tentative d’empoisonnement, faux, usage de faux, usurpation d’identité.
L’homme fut menotté à sa chaise.
- Mensonge, ce n’est pas moi.
- Là, tu as, en partie, raison. Ce n’est pas toi, seul, non, tu as eu un complice ; que dis-je un complice, un chef, un meneur. Ton demi-frère, ici présent.
Paul venait de pointer du doigt Jules.
Ce dernier se leva d’un coup.
- Comment oses-tu ?
Le quatrième policier se précipita et l’obligea à se rassoir.
Paul regarda le commissaire.
- Jacques, tu veux bien expliquer ?
Jacques Jaquet se leva et se tourna vers la jeune femme à ses côtés.
- Mesdames et messieurs, je vous présente Lucie, qui va me seconder et officier aux manettes.
La jeune femme se leva et prit les commandes de l’écran géant au fond de la salle.
Le commissaire la suivit et s’arrêta de l’autre côté de l’écran par rapport à elle.
Lucie activa le vidéoprojecteur et l’écran s’anima.
Une photo apparut sur laquelle on distinguait clairement Jules, Rodolphe, Monique et Bruno.
Ils étaient dans le bureau du maire.
La photo se transforma en vidéo et des voix furent audibles.
- Bon, alors c’est bien compris ? chacun connaît son rôle maintenant. Bruno, tu t’occupes de la voiture du régisseur et tu fais en sorte pour que ça passe inaperçu. Monique, tu convoque le Paul et tu lui dis qu’il est dans la merde, que la banque n'a plus confiance, que tu peux lui trouver une solution mais qu’il faut pour ça qu’il vende son entreprise. Rodolphe, tu lui pourris la vie en infestant volaille, porcs, verger et troupeaux. Monique, tu attends que je te donne le signal pour le convoquer.
Le maire, qui s’agitait sur sa chaise, se mit à crier.
- Vous n’avez pas le droit. Vous m’avez espionné. De toute façon les vidéos ne sont pas recevables au tribunal.
Le commissaire fit signe à Lucie qui mit la vidéo en pause.
- J’ai agi sur commission rogatoire, j’avais donc parfaitement le droit. Quant aux vidéos, nous sommes en correctionnelle monsieur le maire et les vidéos sont parfaitement recevables.
Le commissaire regarda le maire.
- Jules De Camarsac, vous êtes accusé de tentative de meurtre, faux, usage de faux, entente délictueuse.
Il fit signe à la jeune femme qui lança la vidéo suivante.
On y voyait la pièce principale du studio de Rodolphe et lui-même avec l’employé qu’il avait accusé d’être l’auteur des méfaits.
- Tu as bien compris. Tu te laisses accuser et tu fais celui qui a peur.
- Mais je vais aller en prison.
- Non, aucun risque. Ils n’auront aucune preuve. Tu as bien reçu l’argent ?
- Oui Rodolphe, je l’ai mis de côté.
La vidéo fut stoppée là.
Le commissaire se tourna vers Paul.
- Je te redonne la parole.
Paul se leva et fit signe à la jeune femme.
Une nouvelle vidéo démarra. Elle avait, de nouveau, été prise dans le studio de Rodolphe.
On y voyait le régisseur et Prune. Celle-ci saisit les épaules de l’homme de ses mains.
- Vous êtes grand, fort, hardi et fier, c’est vous dont l’entreprise a besoin. Mon mari n’est qu’un poltron arrivé là grâce à papa et qui va pousser l’entreprise à la ruine.
Rodolphe la saisit à son tour aux épaules.
- N’ayez crainte, je ne le laisserai pas faire. Je vais vous dire le fond de ma pensée. Si les choses continuent ainsi, je ne donne pas deux mois au père Gentil pour éjecter son fils de son piédestal.
- Je serai bien contente quand ça arrivera. Ça prouvera que j’avais vu à quel trouillard on a affaire. J’irai lui parler au Fernand, il m’écoutera. Je lui dirai, moi, qui il faut à la tête de l’entreprise. Il vous nommera et vous reprendrez la situation en main. Vous referez tous ce qu’il a défait. Vous prendrez sa place, vous y avez droit.
L’homme approcha son visage de celui de Prune.
- Vous aurez tout ce qu’il a eu …
Rodolphe l’embrassa violemment et elle s’accrocha à son cou comme une noyée.
Il la renversa et la souleva dans ses bras et la déposa sur le lit.
La vidéo s’arrêta. Prune avait fermé les yeux.
L’assistance était muette et tous regardaient vers elle.
Paul s’approcha d’elle.
- Les époux se doivent mutuellement assistance et fidélité. Tu as rompu tes vœux, et de ton propre chef.
Elle leva les yeux vers lui. Ils étaient plein de larmes.
- Paul, laisse-moi t’ex …
- Il n’y a rien à expliquer Prune. Tu n’as pas cru en moi. Tu t’es détournée de moi quand j’avais le plus besoin de ton soutien. Tu n’as pas cru en moi, pire même, tu m’as mal jugé, rabaissé aux yeux de cet homme et à tes propres yeux. Tu m’as pressé jour après jour de faire quelque chose, alors que je te disais qu’il était trop tôt. Au lieu de te détourner de moi, tu m’aurais parlé, tu m’aurais enjoint à te dire pourquoi je ne pouvais agir, j’aurais sans doute fini par tout te dire. Jaques me répétait sans arrêt de me méfier de tout le monde, y compris de toi. J’ai compris à quel point il avait raison.
- Non, je t’aime Paul.
- Tu m’as trompé Prune, trompé et trahi. Tu t’es détachée de moi au moment où j’avais le plus besoin de te sentir à mes côtés, au moment où je venais d’apprendre à quel point ce type est un escroc, un voyou de la pire espèce, un criminel. Tu t’es éloignée de moi quand j’attendais ta bienveillance, ton aide, ton amour.
- Non Paul, je t’aime.
- Tu as trahi ma confiance en couchant avec celui qui représentait notre ennemi, celui qui avait juré notre perte, celui qui voulait me faire tomber, me faire capituler. Tu n’as pas été digne de la foi que nous avions placé en notre couple, de la franchise que nous avions instaurée entre nous, de l’intimité que nous avions construite jalousement et que tu devais protéger autant que moi. Je ne peux plus t’accorder le moindre crédit désormais, la moindre confiance, le moindre amour.
Prune se jeta à ses pieds et entoura ses jambes de ses bras.
- Paul, pardonne-moi mon amour. Laisse-moi te prouver que ce n’était qu’une erreur, qu’un égarement, qu’une faute, mais qui ne remet et ne remettra jamais tout l’amour que j’ai et aurai toujours pour toi. Je t’aime Paul. Je t’aime depuis le premier jour où nous nous sommes rencontrés et que tu m’as sauvée des coups de Jules. Je n’ai jamais cessé de t’aimer. Oui, j’avoue t’avoir mal jugé. J’avoue avoir eu le doute dans mon esprit. J’avoue avoir cru que tu étais lâche et que tu fuyais devant l’adversité. Mais j’ai aussitôt regretté. Si tu savais comme je regrette cette bêtise, ce faux-pas. Ce n’est rien de plus. Cet homme n’a et n’aura jamais aucune importance pour moi. C’est toi que j’aime et que j’ai toujours aimé. Donne-moi la chance de te le prouver mon amour et tu ne le regretteras pas.
Il se baissa, dénoua ses bras et la releva.
- Non Prune, je ne te donnerai pas cette chance que tu réclames. Tu ne la mérites pas. Mon amour s’est évanoui. Il s’est envolé et ne reviendra pas. Je ne te pardonne pas d’avoir couché avec ce salopard, ça, le temps me l’aurais sans doute permis. Ce que je ne te pardonne pas, c’est d’avoir cessé de croire en moi, de m’avoir déjugé, de m’avoir méprisé, de m’avoir condamné, sans même avoir essayé de comprendre pourquoi j’agissait ainsi. Elle est là ta plus grande trahison. Un homme ne peut aimer une femme qui le méprise, qui le déconsidère, qui le rabaisse et le désestime. Demain, je te signifierai ton licenciement et te remettrai la lettre de mon avocat avec lequel j’ai entamé une procédure de divorce. Retourne t’asseoir, le commissaire n’en a pas terminé.
Une nouvelle vidéo fit apparaître, de nouveau, les quatre principaux protagonistes, mais avec Auguste De Camarsac au centre du quatuor.
- Mes enfants, depuis plusieurs générations, nous haïssons les Gentil. Ils ont fait circuler le bruit que nous aurions collaboré avec les Allemands pendant la guerre et que nous aurions dénoncé des juifs. Foutaises, jalousies, rancune envers notre famille. Ils ne nous aiment pas parce que nous sommes plus riches, plus forts, plus influents qu’eux. Nous allons leur donner une telle leçon qu’ils vont en avoir pour des années à s’en remettre. Jules, tu leur expliqueras leur rôle à chacun. Je veux que vous soyez percutants, je veux que vous les mettiez à terre, je veux les ruiner, les anéantir.
La vidéo fut stoppée et le commissaire reprit la parole.
- Auguste De Camarsac, vous êtes accusé de tous les chefs d’accusation de vos enfants et gendre. J’ajoute à chacun et chacune d’entre vous l’accusation d’escroquerie en bande organisée. Emmenez-les.
Un par un les De Camarsac furent emmenés par les policiers, Auguste fermant la marche. Au moment de passer la porte, Paul se mit devant lui.
- Tu as voulu abuser ma famille et la spolier de tous son capital. Malheur t’en a pris.
Il lui fit un clin d’œil et s’approcha de son oreille.
- Tu vas passer de longues années en prison. Mais n’aie aucune crainte, je vais personnellement m’occuper de tous tes biens.
Il regarda le policier.
- Vous pouvez emmener cette racaille.
Le commissaire se tourna vers l’épouse de Paul.
- Prune Gentil, vous vous présenterez demain matin au commissariat pour y être entendue et répondre au chef d’inculpation pour complicité dans le cadre de cette affaire.
Une fois la salle vide, Jaques s’approcha de Paul, lui tapa sur l’épaule et se dirigea vers la porte. Avant de sortir, il se retourna.
- Alors mon ami, comment as-tu trouvé ta cousine ?
Paul regarda Lucie qui lui souriait et s’approcha d’elle.
- Bon Dieu ce que tu as changé. Si Jacques ne m’avait pas dit qui tu es, je ne t’aurais pas reconnue. J’avais le souvenir d’une gamine boutonneuse, et je retrouve une superbe jeune fille, belle et compétente. Ça fait quelques semaines que l’on se voit et j’ai un aveu à te faire.
Il lui prit les mains, les baisa, et lui sourit.
- J’aimerais que l’on reparle de cette promesse.
Prune ne décolérais pas.
Elle en voulait à Paul pour sa lâcheté et, en même temps, s’en voulait de l’avoir trompé.
Elle ne comprenait pas comment un homme fort, imposant, intelligent et cultivé pouvait être aussi veule devant l’adversité.
C’est vrai qu’elle ne l’avait pas trop soutenu et qu’elle l’avait vite jugé et accablé.
Mais elle ne supportait plus son indolence, sa démission.
Lui, qu’elle avait rêvé grand patron, respecté et craint, gérant son entreprise avec une main de fer dans un gant de velours, s’était transformé en lavette, en mollasson.
Et ça la rendait furieuse.
Oui, elle l’avait trompé.
Oui, elle avait été infidèle.
Oui, elle avait, en quelque sorte, vidé son sac de rancune.
Bien sûr, elle n’était pas fière d’elle.
Elle savait au fond d’elle qu’elle l’aimait toujours son Paul.
Elle avait fauté, mais n’avait pas éprouvé tant de plaisir que ça.
Bien sûr elle avait joui.
Ç avait été très agréable, elle devait le reconnaître.
Mais ça avait été loin des envolées orgasmiques qu’elle éprouvait avec son mari.
Bien sûr le régisseur savait y faire avec les femmes.
Bien sûr il l’avait amené là où il le voulait.
Bien sûr il avait un corps de rêve dont bien plus d’une femme avait dû profiter.
Mais, finalement, ça n’avait été qu’une bonne partie de baise, et rien de plus.
Elle avait pris son pied, comme on dit, mais ça n’avait pas été le nirvana, loin de là.
Avec son Paul, c’était bien plus que charnel, c’était la passion.
La passion des corps, mais aussi de l’esprit.
Avec Paul, elle se sentait totalement possédée, corps et âme.
Avec Paul, elle atteignait la félicité, la plénitude, l’harmonie, le bonheur absolu.
Elle ramassa ses affaires, les mis dans son sac, et quitta son ancien studio.
Tout en cheminant vers sa maison, elle continuait de penser.
Elle allait tout lui avouer.
Lui dire qu’elle avait eu un coup de désespoir, un coup de folie, qu’elle s’était oubliée, mais qu’elle le regrettait.
Elle n’avait jamais voulu le tromper, que ça s’était fait comme ça, comme on se jette dans le vide, sans réfléchir.
Qu’elle n’avait jamais voulu lui faire du mal et le rendre malheureux.
Que ça n’était que les errements d’un soir.
Qu’il devait lui pardonner parce que c’était lui son grand amour, lui l’homme de sa vie.
Qu’elle avait commis une erreur, mais qu’elle passerait le reste de sa vie à la lui faire oublier.
Elle riait dans sa voiture en pensant à tout l’amour qu’elle allait lui donner.
À tout l’amour et à tout le soutien, aussi.
Oui, elle allait l’aider.
Oui, elle allait lui donner la force d’affronter les éléments.
Avec son amour et son aide, il allait reprendre du poil de la bête et il prendrait rapidement la situation en main.
Avec son appui, il allait devenir le vrai patron, l’indiscutable.
Elle parlerait au régisseur.
Elle lui dirait qu’ils avaient commis une faute, une erreur qui ne se reproduirait plus.
Elle lui demanderait de n’en parler à personne et en aucun y faire allusion.
Elle lui dirait qu’ils resteraient collègues, mais qu’ils ne seraient jamais amis.
Elle lui dirait que son seul, son unique amour, c’était son mari et qu’il n’avait été qu’un écart sur son parcours de femme honnête et fidèle.
Elle allait tout faire pour retrouver la confiance de son époux.
Elle allait désormais tout faire pour sublimer leur amour, le rendre invincible.
Elle voulait que Paul ait la certitude de sa sincérité, de sa loyauté, de sa fidélité absolue.
Elle voulait qu’il lui fasse un enfant.
Il était temps d’agrandir leur famille et de sceller leurs liens de façon indéfectible par la naissance d’un enfant.
Elle voulait devenir mère et porter son enfant.
Un bébé, voilà qui raffermirait leur couple, voilà qui consacrerait leur union, voilà qui confirmerait leur amour pour l’éternité.
Rassérénée par toutes ses pensées prometteuses d’un avenir meilleur, elle arriva devant chez elle.
Elle gravit les marches et pénétra dans la maison.
Elle déposa le sac dans l’entrée et alla droit dans le salon.
Elle vit une feuille blanche sur la table basse et quelques lignes écrites à la main.
Elle la ramassa et lut.
« Suis parti pour deux jours.
Des choses à faire, serai injoignable.
Convoque la réunion des chefs, avec mes frères, pour après-demain à 14h.
Rentrerai pour la réunion.
Paul »
Elle sentit son sang se glacer.
Ce mot était froid, presque impersonnel.
Se doutait-il de quelque chose ?
Pourquoi un mot et pas un message téléphonique.
Où était-il parti et pourquoi ?
Pourquoi serait-il injoignable ?
Pourquoi aucun mot doux, aucun « bisou », aucun « je t’aime » ?
Elle sentit l’inquiétude monter en elle et une chaleur commença à envahir son corps.
Savait-il ?
Se doutait-il ?
Avait-il eu vent de quelque chose ?
Quelqu’un les aurait-il entendu et lui aurait rapporté la chose ?
Elle alla à la cuisine se servir un grand verre d’eau.
Alors qu’elle buvait, on frappa à la porte.
Elle se précipité, pensant qu’il avait sans doute oublié quelque chose et était revenu le chercher.
Elle ouvrit et marqua sa déception face au frère aîné de Paul.
- Ça va Prune ? Tu as vu Paul ?
- Non, il s’est absenté pour deux jours. Entre.
- Oui, je sais, mais il m’a laissé un message pour participer à la réunion des chefs de service dans trois jours sans me dire pourquoi.
- Moi non plus, il ne m’en a rien dit.
- Tu sais où il est allé ?
Elle fondit en larme.
- Non, il m’a juste laissé un mot sur une feuille.
- Allons, ce n’est pas une raison pour te mettre dans des états pareils. Il a certainement dû partir précipitamment et n’a pas eu le temps de te dire quoi que ce soit.
- Mais ça n’est pas dans ses habitudes.
Il posa sa main sur son épaule.
- Va, il s’excusera quand il rentrera. Mais ne t’inquiète pas, je suis sûr qu’il a eu une bonne raison de partir aussi rapidement.
Elle sécha ses larmes et le regarda.
- Tu sais, ça va mal. Il nous arrive plein de malheur ces derniers temps.
- Oui, je sais, Paul nous tient informés.
- Mais ce qu’il ne vous a certainement pas dit, c’est qu’il a fui ses responsabilités.
- Comment ça ?
- Il a laissé les choses se faire sans réagir.
- Paul ?
- Oui Paul. Il a laissé faire, il n’a rien fait pour empêcher que ça continue.
- Qu’est-ce que tu entends par rien fait.
- Mais rien je te dis. Il n’a fait que constater les dégâts, l’un après l’autre et il n’a rien entrepris pour trouver qui nous a fait de telles saloperies.
- Paul, ne rien faire, ça m’étonne.
- Ça t’étonne, c’est la meilleure celle-là. Il a demandé au régisseur d’enquêter pour ne pas avoir à le faire lui-même. Il s’est défilé je te dis.
- Paul, se défiler ?
- Mais oui, à la fin, c’est un lâche, un poltron, il a peur de tout je te dis.
- Paul, un poltron ? Tu es certaine que tu parles bien de ton mari ?
- Oui, c’est un pleutre, qui fuit dès que quelque chose de grave se produit.
Le frère de Paul se leva l’air sévère et se dirigea vers la porte d’entrée.
Arrivé là, il se retourna.
- Eh bien ma chère belle-sœur, je dois te dire que tu connais bien mal ton mari. Paul n’a peur de rien. Même le diable ne lui fait pas peur. Il ne le provoque pas, c’est tout.
Il ouvrit la porte et sortit, la laissant hébétée.
Prune se fit porter pâle le lendemain, restant à tourner en rond dans la maison.
Le régisseur vint s’enquérir de ce qui n’allait pas et elle le renvoya rudement.
Elle lui précisa que cela ne le regardait pas, qu’elle serait de retour pour la réunion, et que lui pouvait gérer les affaires courantes en attendant le retour de Paul.
Le jour J, à quatorze heures précises, Rodolphe fit entrer les participants à la réunion des chefs.
Entrèrent derrière lui, Fernand Gentil, Prune, le chef d’équipe Porcherie et basse-cour, le maître de chais, le chef d’équipe cultures, le chef d’équipe Bovins-Ovins, le maître d’affinage, le chef d’équipe lait et œufs, le chef d’équipe de l’abattoir, le chef d’équipe Laboratoires, les trois chefs d’équipe Magasin, le chef d’équipe Transport, le chef d’équipe caristes, le chef mécanicien, le vétérinaire et enfin les deux frères de Paul.
Une fois tout le monde installé, sur un geste du régisseur, une assistante fit entrer, le garagiste, la banquière, le maire et Auguste De Camarsac. Ce dernier avait l’air de se demander ce qu’il faisait là.
Rodolphe attendit que tout le monde soit assis pour se lever et aller s’assoir à la place de Paul.
Il toisa l’assemblée quelques instants, prit une inspiration et joignit ses mains sur la table.
- Mesdames, messieurs, merci d’avoir répondu à notre invitation. Paul Gentil vous a invité et n’est malheureusement pas présent. D’ailleurs nous pensons qu’il ne viendra pas à cette réunion.
Il regarda un à un les participants puis reprit.
- L’entreprise Gentil vit depuis quelques temps des moments très troublant ayant mis à mal la gestion de l’entreprise, mais plus grave encore, mis à mal sa direction. Il faut bien se l’avouer, nous ne sommes plus certains du tout que Paul Gentil soit l’homme capable, et de redresser la situation, et de sortir l’entreprise du marasme dans lequel il l’a laissée s’enfoncer. J’ai, à sa demande, enquêté et trouvé l’auteur de ces méfaits. Je l’ai amené devant Paul Gentil et il l’a laissé repartir sans même, ni l’avoir interrogé, ni m’avoir laissé lui exposer les conclusions de mon enquête. Je dois même avouer que plus les évènements graves et portant atteinte à la bonne marche de l’entreprise se produisaient, plus Paul Gentil s’enfonçait dans le mutisme, dans une aphasie étonnante, et dans une fuite en avant empreinte d’une pusillanimité coupable pour un homme avec de telles responsabilités.
Rodolphe attendit quelques secondes avant de reprendre.
- Cette démission devant l’adversité, cette abdication face à sa charge et à son devoir, cette faiblesse l’amenant à fuir et abandonner son poste son entreprise et son personnel, mont révélé son incapacité à effectuer ses missions de chef d’entreprise et son incompétence à exercer ses activités de meneur d’homme.
Il attendit encore quelques secondes avant de poursuivre.
- Mesdames, messieurs, je ne vais pas y aller par quatre chemins, je viens vous demander de remettre en question le mandat de Paul Gentil en qualité de Président de la société.
La porte s’ouvrit avec fracas et Paul apparut suivit d’un homme en costume, d’une femme en tailleur et de quatre policiers en tenue.
Il se dirigea droit vers son fauteuil qu’occupait le régisseur.
Il se pencha sur lui.
- Toi, tu vas te lever et retourner à ta place immédiatement.
Rodolphe se leva, le toisa, puis alla s’assoir à sa place.
- Mesdames, messieurs, je vous prie d’excuser mon retard. Laissez-moi vous présenter monsieur Jaquet …
Le maire s’écria :
- Mais je le reconnais, c’est mon contrôleur financier …
Paul lui fit signe de se taire.
- Non, monsieur le maire, monsieur Jaquet n’est pas inspecteur des finances, mais commissaire divisionnaire. Il est le Sous-Directeur du Service national des Enquêtes auprès de la Direction Générale de la Consommation de la Concurrence et de la Répression des Fraudes. C’est à ce titre que j’ai demandé à monsieur Jaquet de se joindre à nous.
Le commissaire et la jeune femme allèrent s’asseoir aux côtés du maire.
- Il se trouve que Jacques Jaquet est mon ami. Nous nous sommes rencontrés en fac de droit et sommes restés en contact. Je vais donc parler sous son contrôle.
Paul regarda les policiers et leur proposa quatre chaises.
- Certains d’entre vous m’ont régulièrement demandé ces derniers temps de faire quelque chose, afin de trouver qui était à l’origine de toutes ces attaques contre notre entreprise. Je leur, à chaque fois répondu qu’il était trop tôt et qu’il fallait attendre encore un peu.
Il regarda son épouse.
- Aujourd’hui, le temps est venu et je vais agir. Tout d’abord, vous devez savoir qu’il n’y a pas un, mais plusieurs auteurs des méfaits qui ont affecté notre entreprise.
Il se leva.
- Le premier méfait, a été de provoquer l’accident de voiture dont a été victime notre régisseur. Je dis bien provoquer, car il ne s’agit nullement d’un accident, mais bien d’une tentative de meurtre. En effet, lorsque vous sectionnez le câble du liquide de frein d’une voiture, c’est à des fins criminelles. Or, notre régisseur venait juste de donner son véhicule en révision chez toi, Bruno.
Le garagiste regarda autour de lui et se leva.
- Oui, tu as parfaitement raison et je m’engage à punir le mécano qui s’est occupé de sa voiture.
Paul regarda le commissaire qui fit signe à l’un des quatre policiers.
Celui-ci se leva et vint se placer derrière le garagiste.
- Assied-toi Bruno. Le mécano qui a traité la voiture n’y est pour rien, pour la simple raison qu’il n’a pas touché au câble ce jour-là ; mais toi, oui.
Un murmure s’éleva de l’assistance.
Le commissaire se leva et pointa le garagiste du doigt.
- Vous avez tenté de soudoyer votre salarié et lui avez même donné son préavis suite à son refus de faire ce sale boulot. Alors, vous vous êtes résigné à cisailler vous-même le câble. Mais ce que vous ne saviez pas, c’est que votre mécano vous a filmé en train de commettre votre forfait.
Le commissaire fit signe au policier qui, prestement, passa les menottes aux poignets de Bruno.
- Monsieur, je vous arrête pour tentative de meurtre.
Le policier fit se rassoir le garagiste qui avait changé de couleur.
Paul se rassit.
- Le commissaire m’a ensuite informé avoir enquêté sur le garagiste, sa famille, et trouvé des choses très intéressantes. Passons donc maintenant à son épouse, Monique, notre banquière. Elle m’a reçu il y a plusieurs semaines pour me dire que la banque connaissait la situation de l’entreprise et qu’elle n’avait plus confiance en ma capacité à redresser la situation. Elle m’a dit que la réparation de tous les méfaits subits par la société allait coûter très cher, qu’elle ne me ferait plus de prêt, et que la seule solution pour nous en sortir était de faire racheter nos dettes et de vendre l’entreprise.
Monique se leva.
- Oui Paul, je t’ai même fait une proposition écrite. En dépit de la perte de confiance en ta société, la banque a fait un geste pour te soutenir.
Le commissaire divisionnaire fit signe à un policier. Celui-ci se leva et vint se placer derrière la banquière.
- Oui, une proposition amicale en quelques sortes. Vous regroupez mes dettes, vous les rachetez et vous me poussez à la ruine pour mieux me racheter mon entreprise.
- Non, ce n’est pas …
- Ce n’est pas quoi ? Pas tes liens avec la famille De Camarsac qui t’auraient suggéré d’agir contre les intérêts de la mienne ?
Un « Oh » s’éleva de l’assistance.
- Mais je n’ai aucun lien avec les De Camar …
- Aucun lien dis-tu ? N’es-tu pas la fille de Mireille Suster, qui fut la secrétaire et … maîtresse d’Auguste De Camarsac il y a une trentaine d’années ? Hein ?
- Mais, mais …
- Nous avons fait des recherches auprès des services d’état civil de la ville. Tu es la fille d’Auguste qui t’a d’ailleurs reconnue. Même illégitime, tu es une De Camarsac et tu as agi dans l’intérêt de ta famille.
- Mais, mais …
- Ça suffit, on en a entendu assez.
Le commissaire s’était levé et pointait un doigt menaçant sur Monique, tout en faisant signe au policier de la menotter.
- Faux, usage de faux, entente délictueuse, rupture du secret bancaire et divulgation d’informations bancaires dans le but de nuire. Vous avez cru avoir gagné votre place au soleil, madame, et bien moi, je viens de vous trouver une place à l’ombre et pour longtemps.
L’assistance était sidérée et tous les regards se tournèrent de nouveau vers Paul.
Ce dernier cessa de regarder la banquière pour tourner son regard vers le régisseur.
- À nous Rodolphe Rodier, ou plutôt Rodolphe De Camarsac, n’est-ce pas ?
Le régisseur se leva d’un bond.
- Qu’est-ce que vous insinuez encore ?
Le troisième policier, auquel le commissaire avait fait signe, s’était levé et était venu se placer derrière Rodolphe. Il lui mit la main sur l’épaule et le força à se rassoir.
- Rodier est le nom de ta mère, n’est-ce pas ? Toi aussi, tu es le fils de Mireille Rodier et d’Auguste Camarsac.
Rodolphe regardait Paul avec, sur le visage, un air de méchanceté féroce.
- Toi aussi, tu as intrigué pour te retrouver recruté par mon épouse. Les deux autres candidats, certainement complices eux-aussi, ne tenait pas la route et elle t’a tout naturellement embauché.
- C’est pas d’ma faute si les deux autres ne valaient pas tripette.
- Non, ça, on ne peut pas te le reprocher. En revanche, avoir accusé un pauvre diable d’avoir implanté la maladie de Marek dans la volaille, d’avoir intronisé la Cysticercose porcine, d’avoir empoisonné nos arbres fruitiers avec l’Athelia rolfsii et d’avoir introduit la Myosite des clostridies à nos troupeaux, tout ça, c’est de ton fait.
Le commissaire fit signe au troisième policier qui vint menotter le régisseur.
- Monsieur Rodolphe De Camarsac, vous êtes accusé de dégradation de bien, tentative d’empoisonnement, faux, usage de faux, usurpation d’identité.
L’homme fut menotté à sa chaise.
- Mensonge, ce n’est pas moi.
- Là, tu as, en partie, raison. Ce n’est pas toi, seul, non, tu as eu un complice ; que dis-je un complice, un chef, un meneur. Ton demi-frère, ici présent.
Paul venait de pointer du doigt Jules.
Ce dernier se leva d’un coup.
- Comment oses-tu ?
Le quatrième policier se précipita et l’obligea à se rassoir.
Paul regarda le commissaire.
- Jacques, tu veux bien expliquer ?
Jacques Jaquet se leva et se tourna vers la jeune femme à ses côtés.
- Mesdames et messieurs, je vous présente Lucie, qui va me seconder et officier aux manettes.
La jeune femme se leva et prit les commandes de l’écran géant au fond de la salle.
Le commissaire la suivit et s’arrêta de l’autre côté de l’écran par rapport à elle.
Lucie activa le vidéoprojecteur et l’écran s’anima.
Une photo apparut sur laquelle on distinguait clairement Jules, Rodolphe, Monique et Bruno.
Ils étaient dans le bureau du maire.
La photo se transforma en vidéo et des voix furent audibles.
- Bon, alors c’est bien compris ? chacun connaît son rôle maintenant. Bruno, tu t’occupes de la voiture du régisseur et tu fais en sorte pour que ça passe inaperçu. Monique, tu convoque le Paul et tu lui dis qu’il est dans la merde, que la banque n'a plus confiance, que tu peux lui trouver une solution mais qu’il faut pour ça qu’il vende son entreprise. Rodolphe, tu lui pourris la vie en infestant volaille, porcs, verger et troupeaux. Monique, tu attends que je te donne le signal pour le convoquer.
Le maire, qui s’agitait sur sa chaise, se mit à crier.
- Vous n’avez pas le droit. Vous m’avez espionné. De toute façon les vidéos ne sont pas recevables au tribunal.
Le commissaire fit signe à Lucie qui mit la vidéo en pause.
- J’ai agi sur commission rogatoire, j’avais donc parfaitement le droit. Quant aux vidéos, nous sommes en correctionnelle monsieur le maire et les vidéos sont parfaitement recevables.
Le commissaire regarda le maire.
- Jules De Camarsac, vous êtes accusé de tentative de meurtre, faux, usage de faux, entente délictueuse.
Il fit signe à la jeune femme qui lança la vidéo suivante.
On y voyait la pièce principale du studio de Rodolphe et lui-même avec l’employé qu’il avait accusé d’être l’auteur des méfaits.
- Tu as bien compris. Tu te laisses accuser et tu fais celui qui a peur.
- Mais je vais aller en prison.
- Non, aucun risque. Ils n’auront aucune preuve. Tu as bien reçu l’argent ?
- Oui Rodolphe, je l’ai mis de côté.
La vidéo fut stoppée là.
Le commissaire se tourna vers Paul.
- Je te redonne la parole.
Paul se leva et fit signe à la jeune femme.
Une nouvelle vidéo démarra. Elle avait, de nouveau, été prise dans le studio de Rodolphe.
On y voyait le régisseur et Prune. Celle-ci saisit les épaules de l’homme de ses mains.
- Vous êtes grand, fort, hardi et fier, c’est vous dont l’entreprise a besoin. Mon mari n’est qu’un poltron arrivé là grâce à papa et qui va pousser l’entreprise à la ruine.
Rodolphe la saisit à son tour aux épaules.
- N’ayez crainte, je ne le laisserai pas faire. Je vais vous dire le fond de ma pensée. Si les choses continuent ainsi, je ne donne pas deux mois au père Gentil pour éjecter son fils de son piédestal.
- Je serai bien contente quand ça arrivera. Ça prouvera que j’avais vu à quel trouillard on a affaire. J’irai lui parler au Fernand, il m’écoutera. Je lui dirai, moi, qui il faut à la tête de l’entreprise. Il vous nommera et vous reprendrez la situation en main. Vous referez tous ce qu’il a défait. Vous prendrez sa place, vous y avez droit.
L’homme approcha son visage de celui de Prune.
- Vous aurez tout ce qu’il a eu …
Rodolphe l’embrassa violemment et elle s’accrocha à son cou comme une noyée.
Il la renversa et la souleva dans ses bras et la déposa sur le lit.
La vidéo s’arrêta. Prune avait fermé les yeux.
L’assistance était muette et tous regardaient vers elle.
Paul s’approcha d’elle.
- Les époux se doivent mutuellement assistance et fidélité. Tu as rompu tes vœux, et de ton propre chef.
Elle leva les yeux vers lui. Ils étaient plein de larmes.
- Paul, laisse-moi t’ex …
- Il n’y a rien à expliquer Prune. Tu n’as pas cru en moi. Tu t’es détournée de moi quand j’avais le plus besoin de ton soutien. Tu n’as pas cru en moi, pire même, tu m’as mal jugé, rabaissé aux yeux de cet homme et à tes propres yeux. Tu m’as pressé jour après jour de faire quelque chose, alors que je te disais qu’il était trop tôt. Au lieu de te détourner de moi, tu m’aurais parlé, tu m’aurais enjoint à te dire pourquoi je ne pouvais agir, j’aurais sans doute fini par tout te dire. Jaques me répétait sans arrêt de me méfier de tout le monde, y compris de toi. J’ai compris à quel point il avait raison.
- Non, je t’aime Paul.
- Tu m’as trompé Prune, trompé et trahi. Tu t’es détachée de moi au moment où j’avais le plus besoin de te sentir à mes côtés, au moment où je venais d’apprendre à quel point ce type est un escroc, un voyou de la pire espèce, un criminel. Tu t’es éloignée de moi quand j’attendais ta bienveillance, ton aide, ton amour.
- Non Paul, je t’aime.
- Tu as trahi ma confiance en couchant avec celui qui représentait notre ennemi, celui qui avait juré notre perte, celui qui voulait me faire tomber, me faire capituler. Tu n’as pas été digne de la foi que nous avions placé en notre couple, de la franchise que nous avions instaurée entre nous, de l’intimité que nous avions construite jalousement et que tu devais protéger autant que moi. Je ne peux plus t’accorder le moindre crédit désormais, la moindre confiance, le moindre amour.
Prune se jeta à ses pieds et entoura ses jambes de ses bras.
- Paul, pardonne-moi mon amour. Laisse-moi te prouver que ce n’était qu’une erreur, qu’un égarement, qu’une faute, mais qui ne remet et ne remettra jamais tout l’amour que j’ai et aurai toujours pour toi. Je t’aime Paul. Je t’aime depuis le premier jour où nous nous sommes rencontrés et que tu m’as sauvée des coups de Jules. Je n’ai jamais cessé de t’aimer. Oui, j’avoue t’avoir mal jugé. J’avoue avoir eu le doute dans mon esprit. J’avoue avoir cru que tu étais lâche et que tu fuyais devant l’adversité. Mais j’ai aussitôt regretté. Si tu savais comme je regrette cette bêtise, ce faux-pas. Ce n’est rien de plus. Cet homme n’a et n’aura jamais aucune importance pour moi. C’est toi que j’aime et que j’ai toujours aimé. Donne-moi la chance de te le prouver mon amour et tu ne le regretteras pas.
Il se baissa, dénoua ses bras et la releva.
- Non Prune, je ne te donnerai pas cette chance que tu réclames. Tu ne la mérites pas. Mon amour s’est évanoui. Il s’est envolé et ne reviendra pas. Je ne te pardonne pas d’avoir couché avec ce salopard, ça, le temps me l’aurais sans doute permis. Ce que je ne te pardonne pas, c’est d’avoir cessé de croire en moi, de m’avoir déjugé, de m’avoir méprisé, de m’avoir condamné, sans même avoir essayé de comprendre pourquoi j’agissait ainsi. Elle est là ta plus grande trahison. Un homme ne peut aimer une femme qui le méprise, qui le déconsidère, qui le rabaisse et le désestime. Demain, je te signifierai ton licenciement et te remettrai la lettre de mon avocat avec lequel j’ai entamé une procédure de divorce. Retourne t’asseoir, le commissaire n’en a pas terminé.
Une nouvelle vidéo fit apparaître, de nouveau, les quatre principaux protagonistes, mais avec Auguste De Camarsac au centre du quatuor.
- Mes enfants, depuis plusieurs générations, nous haïssons les Gentil. Ils ont fait circuler le bruit que nous aurions collaboré avec les Allemands pendant la guerre et que nous aurions dénoncé des juifs. Foutaises, jalousies, rancune envers notre famille. Ils ne nous aiment pas parce que nous sommes plus riches, plus forts, plus influents qu’eux. Nous allons leur donner une telle leçon qu’ils vont en avoir pour des années à s’en remettre. Jules, tu leur expliqueras leur rôle à chacun. Je veux que vous soyez percutants, je veux que vous les mettiez à terre, je veux les ruiner, les anéantir.
La vidéo fut stoppée et le commissaire reprit la parole.
- Auguste De Camarsac, vous êtes accusé de tous les chefs d’accusation de vos enfants et gendre. J’ajoute à chacun et chacune d’entre vous l’accusation d’escroquerie en bande organisée. Emmenez-les.
Un par un les De Camarsac furent emmenés par les policiers, Auguste fermant la marche. Au moment de passer la porte, Paul se mit devant lui.
- Tu as voulu abuser ma famille et la spolier de tous son capital. Malheur t’en a pris.
Il lui fit un clin d’œil et s’approcha de son oreille.
- Tu vas passer de longues années en prison. Mais n’aie aucune crainte, je vais personnellement m’occuper de tous tes biens.
Il regarda le policier.
- Vous pouvez emmener cette racaille.
Le commissaire se tourna vers l’épouse de Paul.
- Prune Gentil, vous vous présenterez demain matin au commissariat pour y être entendue et répondre au chef d’inculpation pour complicité dans le cadre de cette affaire.
Une fois la salle vide, Jaques s’approcha de Paul, lui tapa sur l’épaule et se dirigea vers la porte. Avant de sortir, il se retourna.
- Alors mon ami, comment as-tu trouvé ta cousine ?
Paul regarda Lucie qui lui souriait et s’approcha d’elle.
- Bon Dieu ce que tu as changé. Si Jacques ne m’avait pas dit qui tu es, je ne t’aurais pas reconnue. J’avais le souvenir d’une gamine boutonneuse, et je retrouve une superbe jeune fille, belle et compétente. Ça fait quelques semaines que l’on se voit et j’ai un aveu à te faire.
Il lui prit les mains, les baisa, et lui sourit.
- J’aimerais que l’on reparle de cette promesse.
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12 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Entièrement d accord avec certaines lectrices et lecteurs Paul n à pas été à la hauteur en ne partageant pas ce qu il faisait en douce pour confondre les coupables avec sa femme et si elle l à trompé c est de sa faute car dans un couplé pour pouvoir se soutenir et bien il faut se parler se faire confiance et là il a été lamentable.Alors .ne pas lui pardonner son adultère ce n est pas accepter son manque de jugement et n avoir plus de fierté que d amour pour sa femme .
Je n’avais pas compris.
Merci
La chipie
Merci
La chipie
Chère "lectrice", je pensais que mes précédentes réponses le laissait entendre. Il n'y aura pas de suite à cette histoire. Une autre nouvelle est à l'écriture. Bien à vous, Briard
Une reponse oui non peut etre à quand la suite ?
A quand la suite ???
Merci Olga T, Jacques Canada, PP06 et Laetitia pour vos commentaires bienveillants. Je comprends le reproche quasi unanime fait contre l'inflexibilité et l'implacabilité de Paul vis à vis de Prune, mais, je ne peux, et ne veux pas, qu'à chaque nouvelle, le personnage trompé soit magnanime, étant moi-même, par nature, sévère voir intraitable envers toute forme de trahison. Bien à vous, Briard
Belle intrigue, comme je l’ai déjà dit lors d’un précédant épisode. Nous étions avide de la suite. Le suspense était insoutenable.
Un seul reproche (un seul).
Le côté trop inflexible de Paul. Pas de discussion avec Prune. Ni après, ni avant d’ailleurs. Après s’était au moins la moindre des choses, un échange en tête à tête.
S’il avait communiqué avec sa femme avant, sûrement que les choses se seraient passées autrement.
C’est aussi cette absence de communication qui pousse Prune à penser que son mari était faible. C’est l’image qu’il donne. A plusieurs reprises, elle tente de parler avec lui.
Ça ne diminue pas la faute de Prune, ça l’explique. Et Paul en est en partie responsable.
Peut être que s’il avait moins de fierté, il s’en serait aperçu.
Les faits qui se sont produits autour de l’exploitation étaient graves et son absence de réaction apparente était forcément incompréhensible pour Prune.
On parle d’un couple, où on est sensé partager les bons et les mauvais moments et se soutenir. Prune l’a fait, du moins au début.Paul fait cavalier seul. Il en paye aussi les conséquences.
Un seul reproche (un seul).
Le côté trop inflexible de Paul. Pas de discussion avec Prune. Ni après, ni avant d’ailleurs. Après s’était au moins la moindre des choses, un échange en tête à tête.
S’il avait communiqué avec sa femme avant, sûrement que les choses se seraient passées autrement.
C’est aussi cette absence de communication qui pousse Prune à penser que son mari était faible. C’est l’image qu’il donne. A plusieurs reprises, elle tente de parler avec lui.
Ça ne diminue pas la faute de Prune, ça l’explique. Et Paul en est en partie responsable.
Peut être que s’il avait moins de fierté, il s’en serait aperçu.
Les faits qui se sont produits autour de l’exploitation étaient graves et son absence de réaction apparente était forcément incompréhensible pour Prune.
On parle d’un couple, où on est sensé partager les bons et les mauvais moments et se soutenir. Prune l’a fait, du moins au début.Paul fait cavalier seul. Il en paye aussi les conséquences.
Bravo, les méchants sont bien punis. Quelle imagination!
Dommage pour Prune,elle avait de vrais remords, elle s'est faite avoir. Paul aurait pu lui dire ce qu'il faisait, sa réaction aurait été toute autre.
Récit bien mené, un vrai suspense, une "presque" belle fin.
Dommage pour Prune,elle avait de vrais remords, elle s'est faite avoir. Paul aurait pu lui dire ce qu'il faisait, sa réaction aurait été toute autre.
Récit bien mené, un vrai suspense, une "presque" belle fin.
Félicitations Briard, un très beau texte bien ficelé.
J’avais déduit que tu voulais laisser le champ libre à Paul et que vous donniez aussi la chance à Prune de bien évaluer sa situation.
Écrire des textes de cette envergure demande beaucoup d’efforts et beaucoup de temps. Vous nous gâtez avec vos chef-d’œuvres.
J’avais déduit que tu voulais laisser le champ libre à Paul et que vous donniez aussi la chance à Prune de bien évaluer sa situation.
Écrire des textes de cette envergure demande beaucoup d’efforts et beaucoup de temps. Vous nous gâtez avec vos chef-d’œuvres.
Merci pour vos sympathiques commentaires. Olga T, pour Prune, il ne s'agira sans doute que de vérifier qu'elle n'est pas, judiciairement impliquée, bien entendu. Mais il me fallait bien un prétexte pour laisser Paul et Lucie seuls! Bien à vous, Briard
Bravo Briard pour ce véritable thriller avec un dénouement implacable! On n'avait pas vu venir les fils de ce vaste complot, qui est brillamment démantelé.
Quant à Prune, elle paie logiquement sa trahison, Paul se séparant d'elle. Par contre, en quoi est-elle complice des Camarsac? Sa faute est morale, pas juridique, sauf si j'ai mal interprété le texte
Quant à Prune, elle paie logiquement sa trahison, Paul se séparant d'elle. Par contre, en quoi est-elle complice des Camarsac? Sa faute est morale, pas juridique, sauf si j'ai mal interprété le texte
Encore un récit écrit de main de maître.sans concession, les personnages sont mis devant leurs faiblesses et failles et doivent "assumer"....sauf peut-être le personnage principal mâle dominant qui avec un peu plus de respect pour sa femme dès le départ n'aurait pas eu à entendre les critiques de celle-ci.