L'harmonique des corps 4
Récit érotique écrit par Lok z [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 29-08-2013 dans la catégorie Plus on est
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L'harmonique des corps 4
Juin. Les vacances scolaires approchent, pour ne pas dire qu’elles sont déjà là. Trois mois à passer loin de Reims, loin de mes potes, loin de Sophie. Mes potes ne me manqueront pas. Je les connais depuis presque trois ans maintenant. Et puis j’en ai d’autres que je connais depuis plus longtemps et qui m’attendent dans les Ardennes. Sophie, je ne la connais que depuis un mois tout au plus, un mois d’une rare intensité, et trois longs mois interminables vont nous séparer. En attendant juillet, nous n’en foutons plus très lourd à l’école. Les diplômes sont passés et je suis recalé. Bon pour un second passage en troisième année. Normal en fait ! je n’ai rien foutu de bon. Je me suis perdu en route et j’ai joué à celui qui savait où il allait. Je suis bien le seul à avoir été dupé. Mais pour l’heure, je m’en fous ! Mon amour-propre n’est même pas atteint. J’ai rencontré Sophie, et maintenant, je veux mon plan à trois. Il est là, tangible, nous tendant les bras. Je ne pense plus qu’à ça, et elle aussi. Nous en rêvons tellement, qu’éblouis, nous ne voyons pas Laurent hésiter.
C’est arrivé la veille de la fête de la musique mais je ne me souviens plus du déroulement de la journée. Il ne me reste qu’un souvenir fugace de nous trois mangeant une frite sur un banc des promenades que j’ai tendance à associer à la suite, mais rien n’est moins sûr. Ce dont je suis sûr, c’est qu’il n’y a pas eu de concertation entre nous. Pas même entre Sophie et moi. Pas de plan, mais le soir venu nous nous dirigeons tous les trois chez Laurent. Il habite un F2 d’une quarantaine de mètres carrés, au premier étage dans un vieil immeuble. Il le partage avec un colocataire qui ne fait pas les mêmes études que nous et qui est absent ce soir, comme souvent. L’appartement se partage en deux chambres inégales reliées entre elles par un couloir, et séparées par la salle de bain et la cuisine. Nous squattons la chambre de son coloc, bien plus grande et moins « bordel » que celle de Laurent qui n’a même pas de lit et qui ressemble plus à un atelier de peinture qu’à une chambre. En plus d’être propre, celle de son coloc est la seule qui donne accès à la cuisine et surtout, a un vrai grand lit.
Un vrai grand lit dans lequel Sophie ne tarde pas à s’installer sans rien demander à personne.
Elle ôte ses pompes, se glisse tout habillé sous la couette et nous lance une invitation muette à la rejoindre. Je me souviens de son sourire et de son regard de petite fille espiègle pour nous signifier : c’est ce soir les gars. Oui c’est ce soir, il n’y a pas de doute dans mon esprit, et excité, je la rejoins par la droite pendant que Laurent, prit dans le mouvement, s’installe à sa gauche. Et nous voilà enfin tous les trois réunis dans le même lit, subitement timides et pudiques. Alors nous parlons de rien, de futilités, de banalités pour combler le silence pesant qui s’engouffre à la moindre pause. La tension sexuelle est certes bien là, mais elle nous impressionne et nous inhibe. J’ai l’impression d’être redevenu un gosse n’osant franchir le pas à l’heure de son premier baisé sur la bouche. Alors je parle pour tuer le temps, et goûte aussi cet instant qui précède l’inévitable.
Combien de temps a duré cette « non-discussion » ? Plus la moindre idée, mais assez pour me laisser prendre à ma propre histoire. Pendant que je parle, j’entends un cliquetis que je n’arrive pas à identifier. Un cliquetis irrégulier qui dérange le fil de ma pensée et qui finit par m’interrompre.
- Vous entendez ce bruit ?
- Quel bruit ? me demande Sophie. Je tends l’oreille… Plus rien.
- Ça a cessé.
Et je reprends mon monologue comme si de rien n’était, mais le cliquetis revient.
- Sans déconner, vous n’entendez rien ? Un bruit métallique !
- Non. Me répond encore Sophie.
J’interroge Laurent du regard qui me répond par la négative lui aussi, mais je devine à leur sourire qu’il se trame quelque chose. Ils me guettent. Sophie semble être en apnée, les yeux ronds comme des billes, la bouche entrouverte. Laurent reste en retrait sourire figé en travers. C’est pas son genre. Et ce cliquetis qui est toujours là, étouffé, tout proche… J’ouvre alors la couette d’un coup et découvre la main de Sophie sur la grosse boucle de ceinture de Laurent qu’elle essaie, tant bien que mal, de défaire. C’est le signal du départ. Tout s’accélère. Vite, beaucoup trop vite. Laurent exquise un « vous êtes sûrs ? » dont nous ne tenons aucunement compte. Sophie attaque maintenant la ceinture à deux mains, pendant que je m’occupe d’elle et de son jean. C’est rare qu’elle soit en jean, et la dernière fois que j’ai eu affaire à celui-ci, j’ai eu du mal à l’en débarrasser. Je fais part de cette anecdote à Laurent tout en déboutonnant et lorsque je tire dessus, et m’attends aux mêmes difficultés, le jean vient du premier coup, me faisant mentir.
Je n’en reviens pas. J’y suis. Je retire la culotte de ma petite amie devant les yeux de mon meilleur pote. Je lui dévoile ce sexe dont je lui ai tant parlé, que j’ai tant vanté. Je l’invite à cette intimité qui est devenue la mienne par extension, et je me sens fier. Fier de lui faire partager. Fier de lui offrir mon plaisir. Je sais ! c’est con. Mais j’avais 20 ans. J’étais encore fortement formaté de logiques débiles et de valeurs machistes. On ne se refait que lentement.
Sophie est complètement nue maintenant, sur le dos, à notre merci. Sa peau blanche, ses cheveux noirs, sa poitrine généreuse et son pubis. Nous nous allongeons de part et d’autre et nos mains parcourent son corps. Ses seins - chacun le sien. Son ventre qui se creuse sous nos caresses - chacun son tour. Ses cuisses qui s’ouvrent sur sa chatte, chaude, humide, dans laquelle nos doigts ne font que se croiser, s’effleurer. Mais très vite un fait essentiel vient troubler mon plaisir. Quelque chose que je n’avais pas pris en compte dans mon fantasme : le contact physique entre Laurent et moi. Il n’avait jamais été question de rapports homosexuels dans mon délire. Sophie était le centre autour duquel nous devions graviter. Mais la promiscuité est, par essence même du triolisme, inévitable. Chaque contact même le plus léger avec Laurent m’est insupportable, voire répulsif. À partir de ce constat navrant, la soirée s’engage alors mal pour moi.
La situation s’améliore un peu quand Sophie décide de s’occuper de Laurent et se penche vers lui pour le sucer. J’en profite pour la faire mettre à quatre pattes et me place derrière elle, me sentant d’un coup plus à l’aise loin des mains de Laurent, loin de sa peau. Je caresse le cul de Sophie qui se cambre pour mieux s’offrir. Je caresse son sexe et constat à quel point cette situation l’excite, alors je lui enfonce trois doigts qui lui arrachent un râle de plaisir mêlé de surprise. Je devrais prendre mon temps, y aller progressivement mais je suis soudainement pressé. Au fond de moi, je voudrais déjà abréger.
Je me défroque et viens planter ma queue dans sa chatte, n’écoutant pas son objection. Je lime son cul sans aucune osmose, ne participant déjà plus. Elle a beau essayer de me ralentir, de me calmer, de me faire revenir à la raison de ce pourquoi nous étions là, dans cette chambre, tous les trois. Rien à faire, je reste sourd et je jouis rapidement, tout seul, comme un con. J’ai perdu le contrôle, et au moment où j’éjacule, je l’entends se plaindre d’un soupir dépité.
J’ai connu plusieurs grands moments de solitude dans ma vie, mais celui-ci fut sans doute le plus cuisant. Partir comme une fusée foireuse n’est pas un drame en soi, surtout à 20 ans. Ne pas avoir la ressource pour un deuxième départ est plus problématique. Les minutes s’égrainent lentement aux côtés de mes deux comparses toujours actifs. Je suis resté auprès d’eux dans le lit et leurs mouvements, leurs frôlements, leurs gémissements font naître en moi une nausée sourde. L’excitation retombé, l’euphorie éteinte, le doute germe sournoisement dans mon esprit. Je n’aime pas ce qui me vient, alors je bouge. Je trouve un bouquin, m’installe sur la chaise du bureau en leur tournant le dos. J’espère encore redémarrer et les rejoindre assez vite, mais en attendant, je subis plus qu’autre chose. Ils font l’amour lentement tendrement. J’entends leurs caresses, le bruit de leur baiser. J’identifie le moindre son. Celui d’une main qui branle une bite. Celui de doigts qui s’activent dans un vagin. Celui de deux langues qui se cherchent. Celui d’une bouche sur une chatte. Pas besoin de regarder pour savoir ce qui se déroule derrière moi. Tous ces sons sources d’excitation et de plaisir me sont devenus rugueux. Le pire sans aucun doute : celui de leur deux corps qui s’entrechoquent et s’entremêlent, accompagné du rythme humide de la pénétration vaginal. Et leur respiration, leur souffle, leurs gémissements. Le livre ouvert devant mes yeux m’en raconte moins que ce que mes oreilles entendent. C’est un vrai supplice.
Plusieurs fois j’entends Sophie m’appeler dans un murmure. Je tourne la tête et la vois, visage à l’envers, main tendue dans ma direction me disant « viens », avec en arrière-plan la tête de Laurent entre ses cuisses. Les yeux fermés, la bouche collée à sa chatte, il ne semble déjà plus là. Une autre fois, elle est sur lui, en travers du lit et tout en ondulant du bassin, me supplie encore de ses yeux de les rejoindre. J’avais rêvé tout ça, et mon rêve se referme sur moi, me piège. Et puis il y a cette nausée tenace que je sens grandir. Je sais maintenant que je vais être malade, alors je décide d’aller faire un tour dehors, pour une petite promenade à la fraîche. Ça m’a déjà évité de finir la tête dans la cuvette des chiottes après des soirées trop arrosées. Je les préviens tout en me rhabillant.
- Je vais prendre l’air, je me sens pas bien.
- Ça va pas ? me demande Sophie.
- Un truc que j’arrive pas à digérer. L’air frai va me faire du bien.
Un truc que j’arrive pas à digérer ? tu m’étonnes. Ils ne sont même pas arrêtés. Dehors, l’air est effectivement frai. La petite rue est déserte et seul le bruit de mes pas m’accompagne. J’avance d’un pas décidé et respire à plein poumons mais rien n’y fait. Je n’atteindrai même pas le bout de la rue pourtant toute proche. De les savoir maintenant seul est pire que d’être témoin. Mon imagination m’assaille de doute et de suspicion. Pourquoi ne se sont-ils pas arrêtés ? Pourquoi m’ont-ils laissé seul ? M’aime-t-elle vraiment ? Je me sens trahi, dégouté, et l’idée de la perdre m’est insupportable. C’en est trop. Mon estomac se révulse et je vomis sur le trottoir juste à côté d’une gouttière. Je vomis mais rien ne sort, seulement un peu de bile qui me brule. C’est douloureux et ça ne m’apaise pas, bien au contraire. Si la nausée semble se dissiper, le dégout est toujours là, accompagné de rancœur froide. Là, dans cette rue, dans une chambre d’appartement, ma petite amie s’envoie en l’air avec mon meilleur pote et la seule chose qui me reste à faire est de rentrer chez moi.
Quand je passe pour les prévenir, ils sont toujours à l’œuvre, engagés dans un 69. Sophie est au-dessus, et si elle sort la bite de Laurent de sa bouche, elle continue néanmoins à le masturber machinalement pendant que je lui dis que je me sens toujours pas mieux, et que je préfère rentrer me coucher. Il y a une vraie déception mêlée de tristesse dans son regard, mais j’y vois aussi de la lubricité et de la perversité. J’aimerais qu’elle rentre avec moi, qu’elle ne me laisse pas seul mais je n’ose lui demander. À quoi bon. Après celui qui foire son coup, je ne veux pas être celui qui gâche la fête.
Sur le chemin du retour, ma raison agonisse sous les coups acides d’une jalousie primaire. Un étau dans la poitrine, ma haine suinte et se répand, sauvage et brutale. Ils m’ont abandonné pour jouir l’un de l’autre sans aucun scrupule. Leur masque s’est déchiré et je découvre une vérité dans laquelle j’ai été manipulé et trompé. Sophie ne m’aime pas. Tout ce qu’elle cherche c’est prendre son pied comme une salope, une pute. Et Laurent, mon meilleur ami, incapable de percevoir ma détresse, faisant passer son plaisir et sa jouissance avant notre amitié. Ils m’ont sacrifié sans remords. Ils me dégoutent ! Arrivé chez moi, je m’affale tout habillé dans le canapé et cherche un sommeil qui ne vient pas. Mon esprit me torture. Pas une pensée qui tend vers la lumière, pas d’échappatoire. Je les imagine se donnant totalement l’un à l’autre maintenant que je me suis hors-jeu. J’imagine Sophie lui dire « je t’aime » comme elle me l’a souvent dit, avec ses yeux, avec sa bouche, avec son sexe. J’ai envie de hurler mais rien ne sort, même pas une larme. Alors, contre toute attente, je finis par sombrer, à bout de forces, dans un sommeil profond.
C’est dans la matinée que j’ai revu Sophie, chez moi, seule. Elle venait aux nouvelles. Savoir ce qu’il m’était arrivé et savoir comment j’allais. Mais aussi pour me raconter qu’elle avait pris son pied plusieurs fois et qu’elle regrettait que je sois parti trop vite. Qu’elle aurait aimé faire une double pénétration. Qu’elle aurait aimé nous sucer tous les deux, ensemble. Qu’elle aurait aimé que l’on soit vraiment tous les trois. Qu’elle l’avait doigté pendant qu’elle le suçait et que cela semblait lui avoir beaucoup plu. Qu’ils avaient fini par prendre un bain ensemble. Je ne sais pas ce qu’elle cherchait à faire en me racontant tout ça. Me rassurer ou m’exciter ? Tout l’effet que cela produisait en moi était de l’écœurement. Un vrai écœurement incontrôlable. Et lorsqu’elle me proposa de me faire une pipe et de me mettre un doigt dans le cul, ce fut la goutte d’eau.
Non je n’en avais pas envie. Celle que j’avais devant moi n’était pas celle que je connaissais. Je la sentais cruelle et sadique. Je ne me rappelle plus si je lui ai dit qu’elle me dégoûtait, que c’était une salope. Même si je n’ai pas dit ces mots, elle a dû le comprendre à mon visage, à mon regard, et en être terriblement blessé. J’ai été un vrai con injuste. Comment ai-je pu lui reprocher ce que j’aimais le plus en elle : sa liberté et son appétit sexuel ? Je lui en voulais d’avoir gâché cette soirée alors que c’était moi le responsable de mon fiasco. Moi qui n’avais pas tout prévu. Moi qui n’avait pas suivi.
Dans l’après-midi, Laurent passe me voir à son tour. Il vient pour me rassurer sur ses sentiments pour Sophie et vice-versa. Il me dit que ce qui s’est passé, nous l’avons voulu tous les trois, même si lui avait des réserves. Que ce n’était qu’un jeu, du plaisir partagé en toute amitié. Il me confesse même qu’ils se sont senti un peu bêtes, une fois l’excitation retombé, de ne se retrouver que tous les deux. Et je le crois. Ensuite, il me propose une virée sur Paris pour la fête de la musique, où nous retrouverons sa régulière. Sortir, se changer les idées. Et je le suis.
Je ne leur en voulais plus, mais quelque chose avait changé entre Sophie et moi. Une différence que cette soirée n’avait fait que mettre en avant. En amour, l’amour seul ne suffit pas. Nous ne regardions déjà plus dans la même direction et nous étions arrivé à la croisée des chemins. Pendant les vacances, je ne la verrai que deux fois, chez moi, dans les Ardennes. Une première fois « surprise », où nous sommes heureux de nous retrouver, et une seconde qui annonce la fin sans vraiment le dire.
La visite surprise ? Je suis dans ma chambre et il fait nuit. Je suis en train de lui écrire une lettre qu’une fois de plus je n’enverrai pas. En bas, dans la cuisine, il y a du monde. Mes parents, des voisins et un cousin du coté de mon père que nous n’avions pas vu depuis des années. Je ne me souviens même plus de son prénom, mais il a une peine de cœur. Une séparation qu’il n’a pas voulue. Il y a aussi du monde dans le salon. J’entends la télé et des discussions me parvenir par le conduit censé apporter la chaleur de l’insère dans la chambre pendant l’hiver. Sans doute mon frère et un de ses potes. C’est un samedi soir en juillet ou en août. Une voiture se gare dans la cour. J’entends mes parents se demander qui cela peut être. Un samedi soir, surtout l’été, les visites sont fréquentes. Il y a déjà plusieurs voitures de garé en bas. Mais là, au ton de la discussion, c’est quelqu’un qu’ils ont du mal à identifier, quand soudain : « han ! C’est Sophie ! » la voix de ma mère. Je me précipite à la fenêtre. C’est elle qui descend de son énorme bagnole. Ça nouvelle bagnole pour remplacer la curiosité qui lui servait et qui a fini par rendre l’âme. Une Peugeot 604. Un paquebot pour une fille 1m50. Elle est tout sourire et un peu intimidé devant l’accueil en masse de mes parents et des convives de passage.
- Franck! descend, c’est Sophie! Ma mère...
Je n’en reviens pas. Elle est là, devant moi, semblant attendre ma réaction. J’ai beau être un gros con, mais putain ! qu’est-ce que je l’aime. Nous montons dans ma chambre mais elle a envie de bouger, de sortir. Chaque weekend il y a un bal dans le coin, alors je lui propose le petit bled juste à côté. 4 ou 5 bornes, une paille. J’ai un pote qui y passe ses vacances, le grand Ludo, et il y a des chances d’en croiser d’autres. Ce n’est pas un gros village et donc pas un gros bal. Tant mieux en fait. La masse attire les cons en général. Sur place, nous croisons effectivement le grand Ludo qui semble célibataire pour une fois. C’est le seul de mes amis dont je me souvienne ce soir-là.
Pendant que nous discutons, Sophie nous laisse pour aller danser, seule. C’est juste à côté de la buvette où nous sommes accoudés que ça se passe. La piste de danse est sous chapiteau et ce n’est pas un groupe qui mène le bal. Trop cher. C’est un DJ qui enchaîne les tubes du moment c’est-à-dire rien de bien fameux. À cette époque, pouvoir se payer un vrai groupe de musiciens, c’est s’assurer un bal où il y aura du monde. Sophie danse. Elle est en robe relativement moulante sous sa courte veste. Un coup d’œil averti suffit pour comprendre qu’elle ne porte pas de culotte ce soir. Elle danse seule sans me perdre des yeux. Elle danse pour moi. Elle me chauffe à distance et ça ne passe pas inaperçu. Autour d’elle, les mecs et les filles l’observent à la dérobée. Faut dire qu’elle est vraiment bandante et qu’elle le sait. C’est ça qui a changé chez elle, cette prise de conscience de son pouvoir de séduction et le plaisir qu’elle retire à s’en servir. Je n’écoute plus le grand Ludo que d’une oreille. Puis c’est une série de slows qui commence. Je m’excuse auprès de lui et la rejoins sur la piste. Collé serré le slow. Je suis à deux doigts de lui prendre les fesses à pleine main. Elle est contente, elle me fait bander. Pendant que l’on danse, elle me demandera si le grand Ludo serait partant pour un plan à trois. Je lui réponds que non. Que ce n’est pas son genre. Mais en vérité, c’est moi qui ne suis pas partant.
Quand nous rentrons, tout le monde est couché. Le problème, c’est que nous comptions dormir dans le canapé du salon qui est malheureusement occupé par mon cousin. Il ne reste que mon lit dans ma chambre où dort aussi mon frère, et il n’est pas question de partager le même espace avec lui. C’est alors que ma mère, qui a toujours eu un sommeil de sentinelle tant que ses enfants n’étaient pas rentrés de leur virée, intriguée par nos chuchotements, vient à notre secours. Je n’ai même pas le temps de lui expliquer que Sophie s’en charge à ma place. Le cousin, qui ne semble pas connaître l’usage des bouteilles d’eau, n’a pas voulu dormir dans ma chambre pour pouvoir se relever la nuit au cas où il aurait soif. Et comme l’escalier et plutôt raide et grinçant… Ma mère réveille alors mon père et tous deux nous cèdent leur lit en échange du mien.
Une fois seul, nous nous déshabillons et au moment où Sophie grimpe nue dans le lit, je me précipite sur elle en traitre et la saisis par les hanches. Avant qu’elle ait pu dire ouf, je lui colle ma queue sur l’anus, et comme elle ne se dérobe pas, je l’encule avec délice. Nous sommes en travers du lit et en face de nous se trouve l’armoire avec son grand miroir sur sa porte centrale. Sophie à la tête dans les draps et le cul relevé. Je ne sais plus où donner des yeux. Ma queue qui s’enfonce dans son cul ou cette vue d’ensemble où je me vois la pistonner le corps tendu, le regard étrange ? Je passe une main sous son ventre, trouve sa chatte évidemment trempée et y enfonce plusieurs doigts. Je la prends sans rien lui demander. Elle ne s’attendait pas à ce que je la sodomise d’entrée de jeu mais ça ne lui déplaît pas, bien au contraire. Elle redresse la tête et se regarde dans le miroir, les yeux dans ses propres yeux. Elle récolte ce qu’elle a semé tout au long de la soirée et je lâche tout ce que j’ai contenu jusque-là. Je la prends avec autorité et muscle, n’écoutant que mon désir égoïste, et ça lui plaît, je le vois sur son visage hypnotisé par son propre reflet. Elle jouit de se regarder en train de se faire enculer sauvagement. Puis soudain, en un clignement, ses yeux accrochent les miens. Je comprends alors combien c’est elle qui domine, et je jouis recourbé sur elle à grand coup de reins.
Le lendemain, nous prenons une douche ensemble. Elle en profite, après m’avoir bien savonné la bite et fait bander, pour me faire une bonne pipe à genoux devant moi, et me demande de lui jouir dessus. Je lâche mon sperme sur son cou et sur ses seins, et je suis ému par le regard qu’elle me donne.
§§§
C’est vrai qu’elle a changé. Entre nous, la page est tournée et lorsque je la revois à la rentrée, elle est habillée sexy, provocante. Je l’invite à venir boire un café chez moi et elle me raconte comment elle aime allumer les mecs dans la rue, dans le bus. Qu’elle ne porte plus de culotte et que ça la fait mouiller d’exciter. Je lui demande alors si elle est venu chez moi pour ça, pour m’exciter. Non, me dit-elle, elle ne veut pas jouer avec moi. Alors elle s’approche de moi et m’embrasse amoureusement sur la bouche. Nous nous jetons l’un sur l’autre sans un mot. Je retrousse sa jupe, enlève son collant et, une fois ma bite libérée, je la prends sur le canapé, simplement.
C’était la dernière fois. Nous ne nous croiserons pas beaucoup par la suite, malgré que nous soyons dans la même école. Je la chercherai encore du regard jusqu’à la fin de mon cycle et ne lui parlerais qu’une ou deux fois dans les années qui suivent. Pourquoi est-ce que ça n’a pas marché entre nous? Je ne sais pas vraiment. Peut-être étais-je trop conventionnel en somme. Trop à la recherche du couple alors qu’elle cherchait à s’en détacher. J’avais tout ce dont je rêvais avec elle mais ça ne me suffisait pas. Et à trop vouloir la transformer, elle a fini par s’en aller, simplement. C’est pour ça que même si je n’avais pas encore tout compris, j’envisageais mes futures relations différemment. Et alors que Sophie sortait de ma vie, Anne Laure y était déjà entrée.
Fin
C’est arrivé la veille de la fête de la musique mais je ne me souviens plus du déroulement de la journée. Il ne me reste qu’un souvenir fugace de nous trois mangeant une frite sur un banc des promenades que j’ai tendance à associer à la suite, mais rien n’est moins sûr. Ce dont je suis sûr, c’est qu’il n’y a pas eu de concertation entre nous. Pas même entre Sophie et moi. Pas de plan, mais le soir venu nous nous dirigeons tous les trois chez Laurent. Il habite un F2 d’une quarantaine de mètres carrés, au premier étage dans un vieil immeuble. Il le partage avec un colocataire qui ne fait pas les mêmes études que nous et qui est absent ce soir, comme souvent. L’appartement se partage en deux chambres inégales reliées entre elles par un couloir, et séparées par la salle de bain et la cuisine. Nous squattons la chambre de son coloc, bien plus grande et moins « bordel » que celle de Laurent qui n’a même pas de lit et qui ressemble plus à un atelier de peinture qu’à une chambre. En plus d’être propre, celle de son coloc est la seule qui donne accès à la cuisine et surtout, a un vrai grand lit.
Un vrai grand lit dans lequel Sophie ne tarde pas à s’installer sans rien demander à personne.
Elle ôte ses pompes, se glisse tout habillé sous la couette et nous lance une invitation muette à la rejoindre. Je me souviens de son sourire et de son regard de petite fille espiègle pour nous signifier : c’est ce soir les gars. Oui c’est ce soir, il n’y a pas de doute dans mon esprit, et excité, je la rejoins par la droite pendant que Laurent, prit dans le mouvement, s’installe à sa gauche. Et nous voilà enfin tous les trois réunis dans le même lit, subitement timides et pudiques. Alors nous parlons de rien, de futilités, de banalités pour combler le silence pesant qui s’engouffre à la moindre pause. La tension sexuelle est certes bien là, mais elle nous impressionne et nous inhibe. J’ai l’impression d’être redevenu un gosse n’osant franchir le pas à l’heure de son premier baisé sur la bouche. Alors je parle pour tuer le temps, et goûte aussi cet instant qui précède l’inévitable.
Combien de temps a duré cette « non-discussion » ? Plus la moindre idée, mais assez pour me laisser prendre à ma propre histoire. Pendant que je parle, j’entends un cliquetis que je n’arrive pas à identifier. Un cliquetis irrégulier qui dérange le fil de ma pensée et qui finit par m’interrompre.
- Vous entendez ce bruit ?
- Quel bruit ? me demande Sophie. Je tends l’oreille… Plus rien.
- Ça a cessé.
Et je reprends mon monologue comme si de rien n’était, mais le cliquetis revient.
- Sans déconner, vous n’entendez rien ? Un bruit métallique !
- Non. Me répond encore Sophie.
J’interroge Laurent du regard qui me répond par la négative lui aussi, mais je devine à leur sourire qu’il se trame quelque chose. Ils me guettent. Sophie semble être en apnée, les yeux ronds comme des billes, la bouche entrouverte. Laurent reste en retrait sourire figé en travers. C’est pas son genre. Et ce cliquetis qui est toujours là, étouffé, tout proche… J’ouvre alors la couette d’un coup et découvre la main de Sophie sur la grosse boucle de ceinture de Laurent qu’elle essaie, tant bien que mal, de défaire. C’est le signal du départ. Tout s’accélère. Vite, beaucoup trop vite. Laurent exquise un « vous êtes sûrs ? » dont nous ne tenons aucunement compte. Sophie attaque maintenant la ceinture à deux mains, pendant que je m’occupe d’elle et de son jean. C’est rare qu’elle soit en jean, et la dernière fois que j’ai eu affaire à celui-ci, j’ai eu du mal à l’en débarrasser. Je fais part de cette anecdote à Laurent tout en déboutonnant et lorsque je tire dessus, et m’attends aux mêmes difficultés, le jean vient du premier coup, me faisant mentir.
Je n’en reviens pas. J’y suis. Je retire la culotte de ma petite amie devant les yeux de mon meilleur pote. Je lui dévoile ce sexe dont je lui ai tant parlé, que j’ai tant vanté. Je l’invite à cette intimité qui est devenue la mienne par extension, et je me sens fier. Fier de lui faire partager. Fier de lui offrir mon plaisir. Je sais ! c’est con. Mais j’avais 20 ans. J’étais encore fortement formaté de logiques débiles et de valeurs machistes. On ne se refait que lentement.
Sophie est complètement nue maintenant, sur le dos, à notre merci. Sa peau blanche, ses cheveux noirs, sa poitrine généreuse et son pubis. Nous nous allongeons de part et d’autre et nos mains parcourent son corps. Ses seins - chacun le sien. Son ventre qui se creuse sous nos caresses - chacun son tour. Ses cuisses qui s’ouvrent sur sa chatte, chaude, humide, dans laquelle nos doigts ne font que se croiser, s’effleurer. Mais très vite un fait essentiel vient troubler mon plaisir. Quelque chose que je n’avais pas pris en compte dans mon fantasme : le contact physique entre Laurent et moi. Il n’avait jamais été question de rapports homosexuels dans mon délire. Sophie était le centre autour duquel nous devions graviter. Mais la promiscuité est, par essence même du triolisme, inévitable. Chaque contact même le plus léger avec Laurent m’est insupportable, voire répulsif. À partir de ce constat navrant, la soirée s’engage alors mal pour moi.
La situation s’améliore un peu quand Sophie décide de s’occuper de Laurent et se penche vers lui pour le sucer. J’en profite pour la faire mettre à quatre pattes et me place derrière elle, me sentant d’un coup plus à l’aise loin des mains de Laurent, loin de sa peau. Je caresse le cul de Sophie qui se cambre pour mieux s’offrir. Je caresse son sexe et constat à quel point cette situation l’excite, alors je lui enfonce trois doigts qui lui arrachent un râle de plaisir mêlé de surprise. Je devrais prendre mon temps, y aller progressivement mais je suis soudainement pressé. Au fond de moi, je voudrais déjà abréger.
Je me défroque et viens planter ma queue dans sa chatte, n’écoutant pas son objection. Je lime son cul sans aucune osmose, ne participant déjà plus. Elle a beau essayer de me ralentir, de me calmer, de me faire revenir à la raison de ce pourquoi nous étions là, dans cette chambre, tous les trois. Rien à faire, je reste sourd et je jouis rapidement, tout seul, comme un con. J’ai perdu le contrôle, et au moment où j’éjacule, je l’entends se plaindre d’un soupir dépité.
J’ai connu plusieurs grands moments de solitude dans ma vie, mais celui-ci fut sans doute le plus cuisant. Partir comme une fusée foireuse n’est pas un drame en soi, surtout à 20 ans. Ne pas avoir la ressource pour un deuxième départ est plus problématique. Les minutes s’égrainent lentement aux côtés de mes deux comparses toujours actifs. Je suis resté auprès d’eux dans le lit et leurs mouvements, leurs frôlements, leurs gémissements font naître en moi une nausée sourde. L’excitation retombé, l’euphorie éteinte, le doute germe sournoisement dans mon esprit. Je n’aime pas ce qui me vient, alors je bouge. Je trouve un bouquin, m’installe sur la chaise du bureau en leur tournant le dos. J’espère encore redémarrer et les rejoindre assez vite, mais en attendant, je subis plus qu’autre chose. Ils font l’amour lentement tendrement. J’entends leurs caresses, le bruit de leur baiser. J’identifie le moindre son. Celui d’une main qui branle une bite. Celui de doigts qui s’activent dans un vagin. Celui de deux langues qui se cherchent. Celui d’une bouche sur une chatte. Pas besoin de regarder pour savoir ce qui se déroule derrière moi. Tous ces sons sources d’excitation et de plaisir me sont devenus rugueux. Le pire sans aucun doute : celui de leur deux corps qui s’entrechoquent et s’entremêlent, accompagné du rythme humide de la pénétration vaginal. Et leur respiration, leur souffle, leurs gémissements. Le livre ouvert devant mes yeux m’en raconte moins que ce que mes oreilles entendent. C’est un vrai supplice.
Plusieurs fois j’entends Sophie m’appeler dans un murmure. Je tourne la tête et la vois, visage à l’envers, main tendue dans ma direction me disant « viens », avec en arrière-plan la tête de Laurent entre ses cuisses. Les yeux fermés, la bouche collée à sa chatte, il ne semble déjà plus là. Une autre fois, elle est sur lui, en travers du lit et tout en ondulant du bassin, me supplie encore de ses yeux de les rejoindre. J’avais rêvé tout ça, et mon rêve se referme sur moi, me piège. Et puis il y a cette nausée tenace que je sens grandir. Je sais maintenant que je vais être malade, alors je décide d’aller faire un tour dehors, pour une petite promenade à la fraîche. Ça m’a déjà évité de finir la tête dans la cuvette des chiottes après des soirées trop arrosées. Je les préviens tout en me rhabillant.
- Je vais prendre l’air, je me sens pas bien.
- Ça va pas ? me demande Sophie.
- Un truc que j’arrive pas à digérer. L’air frai va me faire du bien.
Un truc que j’arrive pas à digérer ? tu m’étonnes. Ils ne sont même pas arrêtés. Dehors, l’air est effectivement frai. La petite rue est déserte et seul le bruit de mes pas m’accompagne. J’avance d’un pas décidé et respire à plein poumons mais rien n’y fait. Je n’atteindrai même pas le bout de la rue pourtant toute proche. De les savoir maintenant seul est pire que d’être témoin. Mon imagination m’assaille de doute et de suspicion. Pourquoi ne se sont-ils pas arrêtés ? Pourquoi m’ont-ils laissé seul ? M’aime-t-elle vraiment ? Je me sens trahi, dégouté, et l’idée de la perdre m’est insupportable. C’en est trop. Mon estomac se révulse et je vomis sur le trottoir juste à côté d’une gouttière. Je vomis mais rien ne sort, seulement un peu de bile qui me brule. C’est douloureux et ça ne m’apaise pas, bien au contraire. Si la nausée semble se dissiper, le dégout est toujours là, accompagné de rancœur froide. Là, dans cette rue, dans une chambre d’appartement, ma petite amie s’envoie en l’air avec mon meilleur pote et la seule chose qui me reste à faire est de rentrer chez moi.
Quand je passe pour les prévenir, ils sont toujours à l’œuvre, engagés dans un 69. Sophie est au-dessus, et si elle sort la bite de Laurent de sa bouche, elle continue néanmoins à le masturber machinalement pendant que je lui dis que je me sens toujours pas mieux, et que je préfère rentrer me coucher. Il y a une vraie déception mêlée de tristesse dans son regard, mais j’y vois aussi de la lubricité et de la perversité. J’aimerais qu’elle rentre avec moi, qu’elle ne me laisse pas seul mais je n’ose lui demander. À quoi bon. Après celui qui foire son coup, je ne veux pas être celui qui gâche la fête.
Sur le chemin du retour, ma raison agonisse sous les coups acides d’une jalousie primaire. Un étau dans la poitrine, ma haine suinte et se répand, sauvage et brutale. Ils m’ont abandonné pour jouir l’un de l’autre sans aucun scrupule. Leur masque s’est déchiré et je découvre une vérité dans laquelle j’ai été manipulé et trompé. Sophie ne m’aime pas. Tout ce qu’elle cherche c’est prendre son pied comme une salope, une pute. Et Laurent, mon meilleur ami, incapable de percevoir ma détresse, faisant passer son plaisir et sa jouissance avant notre amitié. Ils m’ont sacrifié sans remords. Ils me dégoutent ! Arrivé chez moi, je m’affale tout habillé dans le canapé et cherche un sommeil qui ne vient pas. Mon esprit me torture. Pas une pensée qui tend vers la lumière, pas d’échappatoire. Je les imagine se donnant totalement l’un à l’autre maintenant que je me suis hors-jeu. J’imagine Sophie lui dire « je t’aime » comme elle me l’a souvent dit, avec ses yeux, avec sa bouche, avec son sexe. J’ai envie de hurler mais rien ne sort, même pas une larme. Alors, contre toute attente, je finis par sombrer, à bout de forces, dans un sommeil profond.
C’est dans la matinée que j’ai revu Sophie, chez moi, seule. Elle venait aux nouvelles. Savoir ce qu’il m’était arrivé et savoir comment j’allais. Mais aussi pour me raconter qu’elle avait pris son pied plusieurs fois et qu’elle regrettait que je sois parti trop vite. Qu’elle aurait aimé faire une double pénétration. Qu’elle aurait aimé nous sucer tous les deux, ensemble. Qu’elle aurait aimé que l’on soit vraiment tous les trois. Qu’elle l’avait doigté pendant qu’elle le suçait et que cela semblait lui avoir beaucoup plu. Qu’ils avaient fini par prendre un bain ensemble. Je ne sais pas ce qu’elle cherchait à faire en me racontant tout ça. Me rassurer ou m’exciter ? Tout l’effet que cela produisait en moi était de l’écœurement. Un vrai écœurement incontrôlable. Et lorsqu’elle me proposa de me faire une pipe et de me mettre un doigt dans le cul, ce fut la goutte d’eau.
Non je n’en avais pas envie. Celle que j’avais devant moi n’était pas celle que je connaissais. Je la sentais cruelle et sadique. Je ne me rappelle plus si je lui ai dit qu’elle me dégoûtait, que c’était une salope. Même si je n’ai pas dit ces mots, elle a dû le comprendre à mon visage, à mon regard, et en être terriblement blessé. J’ai été un vrai con injuste. Comment ai-je pu lui reprocher ce que j’aimais le plus en elle : sa liberté et son appétit sexuel ? Je lui en voulais d’avoir gâché cette soirée alors que c’était moi le responsable de mon fiasco. Moi qui n’avais pas tout prévu. Moi qui n’avait pas suivi.
Dans l’après-midi, Laurent passe me voir à son tour. Il vient pour me rassurer sur ses sentiments pour Sophie et vice-versa. Il me dit que ce qui s’est passé, nous l’avons voulu tous les trois, même si lui avait des réserves. Que ce n’était qu’un jeu, du plaisir partagé en toute amitié. Il me confesse même qu’ils se sont senti un peu bêtes, une fois l’excitation retombé, de ne se retrouver que tous les deux. Et je le crois. Ensuite, il me propose une virée sur Paris pour la fête de la musique, où nous retrouverons sa régulière. Sortir, se changer les idées. Et je le suis.
Je ne leur en voulais plus, mais quelque chose avait changé entre Sophie et moi. Une différence que cette soirée n’avait fait que mettre en avant. En amour, l’amour seul ne suffit pas. Nous ne regardions déjà plus dans la même direction et nous étions arrivé à la croisée des chemins. Pendant les vacances, je ne la verrai que deux fois, chez moi, dans les Ardennes. Une première fois « surprise », où nous sommes heureux de nous retrouver, et une seconde qui annonce la fin sans vraiment le dire.
La visite surprise ? Je suis dans ma chambre et il fait nuit. Je suis en train de lui écrire une lettre qu’une fois de plus je n’enverrai pas. En bas, dans la cuisine, il y a du monde. Mes parents, des voisins et un cousin du coté de mon père que nous n’avions pas vu depuis des années. Je ne me souviens même plus de son prénom, mais il a une peine de cœur. Une séparation qu’il n’a pas voulue. Il y a aussi du monde dans le salon. J’entends la télé et des discussions me parvenir par le conduit censé apporter la chaleur de l’insère dans la chambre pendant l’hiver. Sans doute mon frère et un de ses potes. C’est un samedi soir en juillet ou en août. Une voiture se gare dans la cour. J’entends mes parents se demander qui cela peut être. Un samedi soir, surtout l’été, les visites sont fréquentes. Il y a déjà plusieurs voitures de garé en bas. Mais là, au ton de la discussion, c’est quelqu’un qu’ils ont du mal à identifier, quand soudain : « han ! C’est Sophie ! » la voix de ma mère. Je me précipite à la fenêtre. C’est elle qui descend de son énorme bagnole. Ça nouvelle bagnole pour remplacer la curiosité qui lui servait et qui a fini par rendre l’âme. Une Peugeot 604. Un paquebot pour une fille 1m50. Elle est tout sourire et un peu intimidé devant l’accueil en masse de mes parents et des convives de passage.
- Franck! descend, c’est Sophie! Ma mère...
Je n’en reviens pas. Elle est là, devant moi, semblant attendre ma réaction. J’ai beau être un gros con, mais putain ! qu’est-ce que je l’aime. Nous montons dans ma chambre mais elle a envie de bouger, de sortir. Chaque weekend il y a un bal dans le coin, alors je lui propose le petit bled juste à côté. 4 ou 5 bornes, une paille. J’ai un pote qui y passe ses vacances, le grand Ludo, et il y a des chances d’en croiser d’autres. Ce n’est pas un gros village et donc pas un gros bal. Tant mieux en fait. La masse attire les cons en général. Sur place, nous croisons effectivement le grand Ludo qui semble célibataire pour une fois. C’est le seul de mes amis dont je me souvienne ce soir-là.
Pendant que nous discutons, Sophie nous laisse pour aller danser, seule. C’est juste à côté de la buvette où nous sommes accoudés que ça se passe. La piste de danse est sous chapiteau et ce n’est pas un groupe qui mène le bal. Trop cher. C’est un DJ qui enchaîne les tubes du moment c’est-à-dire rien de bien fameux. À cette époque, pouvoir se payer un vrai groupe de musiciens, c’est s’assurer un bal où il y aura du monde. Sophie danse. Elle est en robe relativement moulante sous sa courte veste. Un coup d’œil averti suffit pour comprendre qu’elle ne porte pas de culotte ce soir. Elle danse seule sans me perdre des yeux. Elle danse pour moi. Elle me chauffe à distance et ça ne passe pas inaperçu. Autour d’elle, les mecs et les filles l’observent à la dérobée. Faut dire qu’elle est vraiment bandante et qu’elle le sait. C’est ça qui a changé chez elle, cette prise de conscience de son pouvoir de séduction et le plaisir qu’elle retire à s’en servir. Je n’écoute plus le grand Ludo que d’une oreille. Puis c’est une série de slows qui commence. Je m’excuse auprès de lui et la rejoins sur la piste. Collé serré le slow. Je suis à deux doigts de lui prendre les fesses à pleine main. Elle est contente, elle me fait bander. Pendant que l’on danse, elle me demandera si le grand Ludo serait partant pour un plan à trois. Je lui réponds que non. Que ce n’est pas son genre. Mais en vérité, c’est moi qui ne suis pas partant.
Quand nous rentrons, tout le monde est couché. Le problème, c’est que nous comptions dormir dans le canapé du salon qui est malheureusement occupé par mon cousin. Il ne reste que mon lit dans ma chambre où dort aussi mon frère, et il n’est pas question de partager le même espace avec lui. C’est alors que ma mère, qui a toujours eu un sommeil de sentinelle tant que ses enfants n’étaient pas rentrés de leur virée, intriguée par nos chuchotements, vient à notre secours. Je n’ai même pas le temps de lui expliquer que Sophie s’en charge à ma place. Le cousin, qui ne semble pas connaître l’usage des bouteilles d’eau, n’a pas voulu dormir dans ma chambre pour pouvoir se relever la nuit au cas où il aurait soif. Et comme l’escalier et plutôt raide et grinçant… Ma mère réveille alors mon père et tous deux nous cèdent leur lit en échange du mien.
Une fois seul, nous nous déshabillons et au moment où Sophie grimpe nue dans le lit, je me précipite sur elle en traitre et la saisis par les hanches. Avant qu’elle ait pu dire ouf, je lui colle ma queue sur l’anus, et comme elle ne se dérobe pas, je l’encule avec délice. Nous sommes en travers du lit et en face de nous se trouve l’armoire avec son grand miroir sur sa porte centrale. Sophie à la tête dans les draps et le cul relevé. Je ne sais plus où donner des yeux. Ma queue qui s’enfonce dans son cul ou cette vue d’ensemble où je me vois la pistonner le corps tendu, le regard étrange ? Je passe une main sous son ventre, trouve sa chatte évidemment trempée et y enfonce plusieurs doigts. Je la prends sans rien lui demander. Elle ne s’attendait pas à ce que je la sodomise d’entrée de jeu mais ça ne lui déplaît pas, bien au contraire. Elle redresse la tête et se regarde dans le miroir, les yeux dans ses propres yeux. Elle récolte ce qu’elle a semé tout au long de la soirée et je lâche tout ce que j’ai contenu jusque-là. Je la prends avec autorité et muscle, n’écoutant que mon désir égoïste, et ça lui plaît, je le vois sur son visage hypnotisé par son propre reflet. Elle jouit de se regarder en train de se faire enculer sauvagement. Puis soudain, en un clignement, ses yeux accrochent les miens. Je comprends alors combien c’est elle qui domine, et je jouis recourbé sur elle à grand coup de reins.
Le lendemain, nous prenons une douche ensemble. Elle en profite, après m’avoir bien savonné la bite et fait bander, pour me faire une bonne pipe à genoux devant moi, et me demande de lui jouir dessus. Je lâche mon sperme sur son cou et sur ses seins, et je suis ému par le regard qu’elle me donne.
§§§
C’est vrai qu’elle a changé. Entre nous, la page est tournée et lorsque je la revois à la rentrée, elle est habillée sexy, provocante. Je l’invite à venir boire un café chez moi et elle me raconte comment elle aime allumer les mecs dans la rue, dans le bus. Qu’elle ne porte plus de culotte et que ça la fait mouiller d’exciter. Je lui demande alors si elle est venu chez moi pour ça, pour m’exciter. Non, me dit-elle, elle ne veut pas jouer avec moi. Alors elle s’approche de moi et m’embrasse amoureusement sur la bouche. Nous nous jetons l’un sur l’autre sans un mot. Je retrousse sa jupe, enlève son collant et, une fois ma bite libérée, je la prends sur le canapé, simplement.
C’était la dernière fois. Nous ne nous croiserons pas beaucoup par la suite, malgré que nous soyons dans la même école. Je la chercherai encore du regard jusqu’à la fin de mon cycle et ne lui parlerais qu’une ou deux fois dans les années qui suivent. Pourquoi est-ce que ça n’a pas marché entre nous? Je ne sais pas vraiment. Peut-être étais-je trop conventionnel en somme. Trop à la recherche du couple alors qu’elle cherchait à s’en détacher. J’avais tout ce dont je rêvais avec elle mais ça ne me suffisait pas. Et à trop vouloir la transformer, elle a fini par s’en aller, simplement. C’est pour ça que même si je n’avais pas encore tout compris, j’envisageais mes futures relations différemment. Et alors que Sophie sortait de ma vie, Anne Laure y était déjà entrée.
Fin
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1 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Très belle histoire. C'est le reflet de la vie.
Amitiés.
Amitiés.