L'Hommage
Récit érotique écrit par Abdul75 [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur couple.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 01-05-2021 dans la catégorie A dormir debout
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L'Hommage
Note aux lecteurs:Le récit qui suit fait référence à certains textes proposés antérieurement sur ce site.
Les lire ou les relire vous aidera à mieux cerner les propos relatés dans cet "Hommage".
À tout seigneur tout honneur: Par l'auteur Laetitia Sapho: DédicaceEt aussi:Par l'auteur Abdul75: la Convention et les 3 chapitres de L'affaire Laetitia.
Bon maintenant vous faites comme vous le sentez. Mais au moins, je vous aurai prévenu.
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Par jugement du 01 avril 2022, le Tribunal de grande instance de Messain-la-Vallée, sous la présidence de la juge Laura Laixe-Saidelekse, condamne la société Abdul75 Éditions à organiser au plus tard un mois après publication de cette décision, une cérémonie publique à la gloire de Madame Laetitia S., à titre de dommages et intérêts pour l'avoir diffamée dans le récit "L'affaire Laetitia".
Est en outre fait obligation à la société Abdul75 Éditions de faire citation de la présente décision de justice en préface de sa prochaine publication.
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Un petit retour en arrière s'impose.
L'été 2021 vient de se terminer.
Le procès consécutif à la mort plus que suspecte de Jacques Sohn-Faïves, le patron des éditions Emplomb, avec qui laetitia S, l'écrivaine renommée, a signé un juteux contrat, est sur le point de s'ouvrir. En effet, la personnalité controversée de la victime laisse planer un doute sur les circonstances de sa mort. Il est vrai que la présence de Laetitia affirmant avoir été enlevée et séquestrée par son éditeur, d'un détective et de deux policiers sur la scène au moment des faits, provoque naturellement des interrogations que l'opposition ne se prive pas d'exploiter pour donner une connotation politique à l'affaire .
Immédiatement les principales rédactions du pays s'emballent. Et la couverture médiatique consécutive à la publication de "L'affaire Laetitia" par la jeune maison Abdul75 Éditions, atteint une ampleur telle, qu'elle réussit à reléguer au second plan la crise sanitaire qui ébranle le monde depuis plus d'un an.
D'ailleurs Jimmy C., le directeur de Abdul75 Éditions, se frotte les mains d'avoir su négocier, auprès du détective Michel Marteau, l'exclusivité des droits de publication de sa narration de cette affaire aux multiples rebondissements.
Il devient vite évident que les dessous de l'affaire ne pourront être contenus dans le microcosme parisien.
Car les medias sont trop heureux de pouvoir opposer une fois de plus les élites urbaines symbolisées par Jacques Sohn-Faïve, le flamboyant éditeur amateur de villas luxueuses et de Bimbos siliconées et la France des campagnes représentée par une petite écrivaine timide qui à force de travail et de persévérance a su s'extraire de son milieu défavorisé pour devenir l'espoir montant de la littérature française.
Et cette France d'en bas, avec ses sans dents, dont la plupart ignorait pourtant jusqu'alors l'oeuvre de Laetitia S. a pris naturellement fait et cause pour la jeune autrice issue du peuple.
Des manifestations spontanées de gilets arc-en-ciel n'ont pas tardé à réunir des dizaines de milliers de personnes dans les principales villes du pays. Manifestations qui ont bien vite dégénérer lorsque les redoutables Pink Blocks ont commencer à infiltrer le mouvement avec la ferme intention de détruire tous les symboles de la phallocratie sur lesquels s'appuie depuis des millénaires la société patriarcale inégalitaire pour imposer son pouvoir au peuple et principalement à sa composante féminine.
Maryline Lapine, elle-même, la dirigeante du Renouvellement National, a très tôt apporté son appui à cette belle jeune femme blonde dont les origines européennes ancestrales ne font aucun doute.
"Comment peut-on laisser un éditeur sulfureux, à la raison sociale douteuse démontrant un financement lié à d'obscurs groupements anarcho-islamistes, dénigrer et accuser ainsi une des plus brillantes écrivaines françaises de ce siècle!" S'est-elle exclamée lors d'un discours qui fit date et qu'elle prononça devant près de cent mille personnes réunies virtuellement devant l'écran de leur micro ordinateur.
Le pouvoir en place ayant senti le vent du boulet a très vite pris le sujet au sérieux et a compris qu'il était opportun de tout mettre en œuvre pour éviter la condamnation de Laetitia S. dans l'affaire liée à la mort de l'éditeur Jacques Sohn-Faïves.
L'élément déclencheur fut en fait la destruction par les Pink Blocks de la colonne Vendôme, cette représentation arrogante d'une queue dressée vers le ciel, selon Célestine Autan-Pourmois la porte-parole du MST, le mouvement de soutien aux transgenres.
Inquiet pour l'avenir de l'Obélisque de la Concorde, le chef du gouvernement a aussitôt convoqué les ministres de l'intérieur et de la justice et il fut décidé à l'issue d'un brainstorming particulièrement éprouvant de délocaliser le procès Sohn-Faïves au Tribunal pénal de Broute-les-Minoux dont la Présidente Mylène Goudou saurait vraisemblablement faire preuve de mansuétude pour les deux accusées.
L'affaire fut jugée sans délai et le jury populaire et représentatif composé exclusivement des membres de l'équipe féminine locale de hockey sur gazon déclara à l'unanimité l'innocence de Laetitia S.
De son côté, la commissaire Adèle Pettesec, amie très proche de la victime et présente elle aussi au moment des faits, fut condamnée à 30 jours de travaux d'intérêts généraux.
Le Tribunal lui reprocha en effet un défaut de maîtrise de son arme de service qu'elle avait dû utiliser pour neutraliser la victime qui menaçait de porter atteinte à l'intégrité physique de Laetitia S. et à la sienne.
Pour sa part, l'assistant du directeur décédé des éditions Emplomb, Jeff Parchemin, dont le véhicule avait manifestement servi au projet criminel de Jacques Sohn-Faïves, fut condamné à une peine de 25 ans de prison pour enlèvement et séquestration arbitraire.
Michel Marteau, le détective bien involontairement à l'origine de tout ce tapage, quelque peu désabusé par la tournure prise par les événements, décida peu après de mettre un terme à son activité pour se lancer dans l'écriture de romans pour adultes.
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À la sortie du Tribunal, Laetitia S. exultait. Une foule immense l'attendait devant le bâtiment bien trop exigu pour accueillir une minuscule fraction de ses supporters présents ce jour là.
Lorsque Roland Delamousse, le présentateur vedette de TF2, s'approcha pour lui demander son opinion sur la conclusion de cette affaire, La belle blonde répondit simplement :"Il fallait que justice soit faite. Et justice a été faite. Vive la République. Vive la France." Après cette envolée que n'aurait pas renié le grand Charles lui même, un tonnerre de cris et d'applaudissements ébranla les rues d'ordinaire bien plus paisibles de la petite sous-préfecture de Broute-les-Minoux .
Filmé en direct devant les millions de téléspectateurs français qui avaient allumé leur téléviseur pour connaître le dénouement du procès, Roland, totalement subjugué par la magnifique jeune femme, attendit que le brouhaha s'apaise avant de poser la question qui taraudait tous les Français:- Laetitia, commença-t-il, si vous me permettez de vous appeler Laetitia bien sûr.
- Mais je vous en prie Roland, avait répondu Laetitia dans un battement de cil délicat.
- De nombreux analystes vous prêtent un avenir national. C'est évidemment un peu tard pour 2022. Mais pouvez-vous dire aujourd'hui à nos millions de téléspectateurs fort déboussolés par cette regrettable affaire et bien sûr par la crise sanitaire que nous venons de traverser, si vous avez des ambitions pour 2027.
Laetitia émit un petit rire cristallin avant de répondre.
- Vous savez Roland, je suis avant tout une écrivaine, une des meilleures je veux bien l'avouer modestement, mais je pense qu'il est un peu prématuré de parler de destin national me concernant. Néanmoins...
- Néanmoins? s'empressa d'intervenir Delamousse alors qu'une bosse suspecte venait soudainement d'apparaître au niveau de son entrejambe.
- Je vais bien sûr suivre attentivement l'évolution de la situation de notre pays pendant les cinq prochaines années et si j'estime à un moment quelconque que certaines de mes compétences peuvent être utiles à la nation, je serai évidemment prête à assumer le rôle que les Français voudront bien me confier.
Un nouveau tonnerre d'applaudissements secoua la foule et Laetitia mit poliment fin à l'interview pour aller se prêter avec grâce au jeu des selfies et des dédicaces avec ses plus fidèles admirateurs parmi lesquels elle reconnut Conchita P. concierge à la retraite qui avait fait spécialement le déplacement de Paris pour venir supporter son idole.
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Une fois acquittée, faisant fi des droits d'auteur astronomiques que lui avait indirectement rapportés le tapage médiatique lié à l'affaire de la mort mystérieuse de Jacques Sohn-Faive, Laetitia ne tarda guère à assigner en justice la société Abdul75 Éditions, bien décidée à faire cracher un maximum à l'éditeur pour laver son honneur bafoué.
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Après avoir pris connaissance du jugement prononcé par le Tribunal de Messain-les-Vallées, La direction de Abdul75 Éditions, plutôt que de se lancer dans une procédure d'appel à l'issue incertaine, avait finalement décidé de se plier à la décision de justice énoncée en première instance.
Car, malgré tout, le retentissement national du procès consécutif à "L'affaire Laetitia" avait eu un impact très positif sur les ventes de livres de la jeune entreprise et par conséquent sur son chiffre d'affaires.
Et Jimmy C. le patron de la société éditrice avait entrevu le bénéfice qu'il pouvait tirer d'un événement qui allait sans aucun doute faire parler de lui dans les chaumières françaises et donc attirer des partenaires commerciaux qui n'hésiteraient pas à mettre la main à la poche pour toucher un vaste public moyennant un investissement somme toute raisonnable.
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Jimmy C. était tellement convaincu que l'hommage qu'il avait preparé à l'attention de Laetitia S. serait une réussite qu'il décida lui-même d'animer cette soirée que certains observateurs n'allaient pas tarder à qualifier de super production hollywoodienne. Michel Cruker avait pourtant informé Jimmy C. qu'il était d'accord pour présenter la soirée moyennant le simple règlement de ses frais de bouche mais les sponsors estimèrent qu'il n'avait pas vraiment sa place dans l'univers de la littérature pour adultes.
- Bonjour à vous, passionnés de littérature et de belles lettres qui avez spontanément accepté l'invitation des Éditions Abdul75 à participer à l'événement exceptionnel qui va se dérouler ce soir.
Je vous remercie chaleureusement de votre présence et je tiens à direque je suis particulièrement heureux de revoir pour la première fois depuis le début de cette crise sanitaire qui a mis à mal tout le monde du spectacle, la magnifique salle de l'Olympica remplie de spectateurs.
Je remercie donc particulièrement Bruno de Cadix le propriétaire qui dès qu'il a su que Laetitia S. serait la star de la soirée, m'a très volontiers offert la primeur de la réouverture au public de cette salle mythique, en me permettant d'y organiser un événement qui je l'espère nous permettra de rendre un hommage mérité à l'écrivaine française de référence de cette décennie naissante.
Jimmy attendit que les applaudissements cessent avant de poursuivre.
- Comme vous le savez tous, dans quelques semaines, nous allons élire celui ou celle qui conduira les affaires de notre pays pendant les cinq prochaines années. C'est une décision que chacun d'entre nous prendra en son âme et conscience et qui sera sans aucun doute lourde de conséquences.
Quelques huées fusèrent du fond de la salle.
- Mais je ne vous ai pas invité ce soir pour parler de l'avenir de notre pays mais bien de celui de Laetitia S. notre autrice préférée, qui selon un sondage récent serait en mesure de détrôner Yannick Noah et Zinedine Zidane dans la liste des personnalités préférées des Français. D'aucuns ne manqueront d'ailleurs pas de me rappeler que le destin de la nation pourrait dans un futur pas si éloigné se confondre avec celui de Laetitia et je ne pourrai évidemment nullement leur en tenir rigueur.
Quelques hourras se firent entendre interrompant à peine Jimmy.
- Et il est exact qu'il est difficile d'ignorer les murmures de plus en plus audibles de ceux qui voient en Laetitia S. la digne héritière de la pucelle d'Orléans pour sauver le pays.
Mais je m'égare car ce n'est pas le propos qui nous réunit ce soir. Et tout comme vous, j'attendrai que la principale intéressée s'exprime sur ce point au lieu de me lancer dans des conjectures infondées.
Jimmy prit une profonde inspiration avant de poursuivre.
-J'espérais bien lors de la Convention organisée récemment par le site "Nouvelles de sexe" bien connu des amateurs de littérature pour adultes avoir le bonheur de rencontrer physiquement la belle Laetitia. Mais comme vous le savez tous, notre autrice préférée avait une bonne raison de ne pouvoir participer à cette Convention.
Pour l'anecdote, sachez que je parvins néanmoins à me consoler de l'absence de notre idole à cet événement car la charmante jeune femme prénommée Nathalie que je pris à tort pour Laetitia s'avéra finalement fort ouverte d'esprit et une chose en amenant une autre, nous pûmes trouver un discret bosquet pour nous isoler avant que Nathalie me propose d'expérimenter sa version personnelle de la brouette javanaise.
Devinant une certaine impatience sur le visage des spectateurs, Jimmy revint au sujet de préoccupation du jour.
- Mais je digresse, je digresse et dix graisses c'est pas bon pour la ligne.
Sentant le public de moins en moins perméable à ses blagues de comptoir, le fondateur des éditions Abdul75 enchaîna:- Comme je vous le disais donc, pendant la Convention, Laetitia se trouvait à Stockholm pour recevoir le prix Nobel de littérature.
Et même si certaines rumeurs laissent encore supposer aujourd'hui que ses origines scandinaves ont pu lui apporter quelque avantage lors du choix du lauréat, nous savons très bien qu'elles ne peuvent être que le fait d'affreux jaloux. Car s'il est un écrivain qui, cette année, méritait plus que tout autre le plus prestigieux des prix littéraires, c'est bien sûr Laetitia S.
Des hurlements approbateurs et des tapements de pieds secouèrent la salle de spectacles centenaire et le maître de cérémonie dût attendre que les plus excités se calment avant de continuer.
- Néanmoins, avant d'accueillir la superstar du jour, je tenais d'abord à remercier ses vrais amis, ceux qui la suivent depuis ses premiers pas littéraires et qui ont su avant les autres déceler le génie qui pointait son nez derrière le sublime écrin.
- Je vous demande donc ce soir de faire une ovation à ces fidèles lecteurs dont certains sont eux aussi de brillants auteurs et qui surtout n'ont jamais renié leur confiance envers Laetitia.
Jimmy attendit que les cris et les applaudissements cessent avant de poursuivre.
En effet, les membres de la garde rapprochée de Laetitia étaient tous assis au premier rang. Ils occupaient sagement les places qui leur avaient été attribuées et sur une etiquette bien visible depuis la scène leur pseudonyme d'artiste était clairement lisible.
L'orateur n'eut donc aucune difficulté à les identifier avant de commencer les présentations.
- Mesdames et Messieurs, je vous demanderai d'applaudir dès maintenant la magnifique Olga.
Des sifflements stridents parcoururent la salle pendant plus d'une demi minute alors qu'Olga s'était levée pour saluer la salle vêtue d'une robe au décolleté abyssal dont l'étoffe très fine masquait bien peu les aréoles et les tétons orgueilleux de sa superbe poitrine.
- Ma chère Olga, ce n'est pas tout à fait par hasard si vous êtes la première que je vais citer ce soir, commença Jimmy.
- Car vous l'ignorez évidemment, mais c'est pourtant bien grâce à vous que j'ai découvert par hasard la littérature érotique, alors que je planchais depuis plusieurs jours sur un rapport palpitant à propos de la stratégie des éditeurs de logiciels propriétaires face à la croissance de l'open-source, et que j'avais décidai de m'accorder une petite pause en lançant une recherche google à partir de quelques mots anodins.
J'eus en effet le plaisir de découvrir parmi la liste de propositions fournies par le moteur de recherche en réponse à ma requête, un lien vers un texte torride constitué par les confessions d'une écrivaine remarquable qui relatait dans des récits captivants son expérience personnelle de femme à la libido parfois un peu trop envahissante.
Olga adressa une charmante mimique au public.
- Je constate aujourd'hui Olga que vous êtes effectivement une femme extrêmement désirable et que les années n'ont pas d'emprise sur votre beauté. Et j'en profite par la même occasion pour saluer Philippe qui est en tout point un mari remarquable.
Jimmy s'adressa alors à l'époux d'Olga en levant le pouce.
- je vous comprends et je compatis Philippe car je pense sincèrement que tous les hommes sont plus ou moins candaulistes et ce n'est pas Patrick -alias PP06- , mon complice qui me contredira, n'est ce pas Patrick ?
Ajouta Jimmy en se tournant vers un sémillant retraité aux cheveux gris auquel il adressa un clin d'oeil prononcé.
- je comprends mieux pourquoi tu m'as demandé, hier soir, si j'avais les baloches pleines. Tu es venu avec Martine petit cachottier.
La jolie petite femme blottie contre Patrick eut un sourire gené.
- vous savez Martine, je ne remercierai jamais assez Patrick. Plus qu'un auteur inspirant que je respecte infiniment c'est avant tout mon mentor. Il a cru en moi et il a su me convaincre d'abandonner la facilité des textes dégoulinant de grosses bites noires pour écrire des récits plus élaborés. Aussi, le jour où il m'a proposé de devenir mon agent, j'ai su saisir ma chance et je lui en saurai gré éternellement malgré les Coco condescendants dont il m'affublait lorsqu'il avait un message à faire passer.
Jimmy se tourna à nouveau vers Patrick avec un large sourire.
- Patrick, tu peux te détendre ce soir.
Martine ne risque rien. Depuis que je suis un éditeur à succès, que je roule en Porsche et que le portier du Fouquet's m'appelle par mon prénom, je suis devenu beaucoup plus beau et mes difficultés de communication avec les jeunes femmes blondes à forte poitrine ont pour ainsi dire disparu.
Jimmy remarqua alors la femme assise à côté de Patrick.
- Ravie de vous rencontrer la Chipie. Depuis le temps que j'entends parler de vous. Tiens! ça me fait penser de rappeler à tous ceux qui sont présents ce soir de ne pas oublier en partant de récupérer le petit sac généreusement offert par le sponsor officiel de la soirée, la société Manixxe.
Jimmy tourna légèrement la tête avant d'apostropher le voisin de la Chipie.
- N'y voyez rien de personnel, Jacques mais je constate que vous êtes venus avec votre petit carnet de notes. J'espère que vous ne serez pas trop sévère à propos de notre événement de ce soir lorsque vous rédigerez votre chronique hebdomadaire dans les principaux journaux de potins du pays.
- Ah Micky, vous êtes là vous aussi. Sincèrement, j'adore ce que vous écrivez.
- Merci à Chris et au Marquis d'avoir sacrifié un peu de leur temps précieux pour nous rejoindre ce soir. Et je m'excuse d'avance auprès de leurs lecteurs qui devront patienter un peu plus longtemps que d'habitude pour découvrir le nouvel épisode de leur saga préférée.
Jimmy se dirigea ensuite vers le pupitre pour aller se désaltérer avant de reprendre.
- Même si j'en meurs d'envie, je ne vais bien sûr pas citer tous les admirateurs, présents ce soir, de notre auteur vedette. Non! Vous l'aurez compris, il est temps désormais d'accueillir celle que vous attendez tous, la reine des écrivaines, la magnifique jeune femme blonde à la plume bénie des Dieux. Mesdames et Messieurs, je vous demande d'accueillir maintenant la sublime Laetitia.
Bruno de Cadix l'avoua à Jimmy C. quelques jours plus tard. Même lors de la première du spectacle de Patrick Sébastien, il n'avait jamais assisté à une tel déchaînement d'enthousiasme.
Lorsqu'enfin Laetitia apparut, juchée sur ses escarpins Prada aux talons démesurés, habillée d'une magnifique robe fourreau lamée argent qui dénudait l'intégralité de son dos et laissait deviner la naissance de seins à la courbe parfaite, un silence irréel, à peine troublé par le choc des queues se dressant telles des ressorts contre l'étoffe des caleçons, se répandit dans la salle à la vitesse d'un éclair.
Jimmy lui même alla cacher son émoi derrière son pupitre avant d'introduire officiellement l'arrivante.
- Mesdames et Messieurs, je ne vais pas vous faire l'affront de vous présenter notre plus grande écrivaine actuelle, digne successeuse des George Sand, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras et autre Valérie Trierweiler.
Laetitia attendit patiemment un sourire mutin aux lèvres que la foule présente cesse de l'acclamer avant de s'exprimer de sa voix cristalline provoquant une nouvelle levée de boucliers dans les caleçons des mâles présents.
- Bonjour à toutes et à tous. Je suis évidemment comblée de me retrouver ce soir parmi vous qui n'avez cessé de m'apporter votre soutien tout au long de la pénible épreuve que je viens de traverser. Je ne vous en serai jamais assez reconnaissante mais je sais désormais qu'ensemble nous pouvons rendre ce monde meilleur et que si tous mes lecteurs se donnaient la main, les barrières de l'intolérance tomberaient les unes après les autres.
Un tsunami d'applaudissements submergea la salle et Jimmy crut que les semelles de Laetitia s'élevaient lentement au dessus du sol. Mais cette impression dura à peine une fraction de seconde avant que la sublime écrivaine descende dans la salle en distribuant des baisers à toute l'assistance pour s'installer au premier rang dans le fauteuil en forme de trône que lui avait alloué la production.
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Jimmy remercia une fois de plus Laetitia et le public présent avant d'endosser son costume de Monsieur Loyal pour présenter brièvement les divers artistes engagés pour le spectacle.
- Il est l'humoriste préféré de Laetitia et il sera donc le premier à se produire parmi les stars qui animeront cette soirée exceptionnelle, mesdames, messieurs, je vous demande maintenant d'applaudir Jean Marie Ringard.
L'humoriste salua chaleureusement Jimmy avant de faire un signe à l'attention de la salle.
- Alors? Jean Marie heureux d'être parmi nous? Demanda Jimmy avec un grand sourire.
- Tu penses bien qu'après presque deux ans sans pouvoir m'adresser à mon public, je suis évidemment ravi de participer à ce somptueux gala.
- Nous sommes nous aussi heureux de te revoir. Quel sketch culte vas-tu nous interpréter ce soir?
- Le "Marché de salopes" bien sûr connard. Je suis pas venu ici pour jouer au tennis. Surtout que j'ai l'impression que parmi le public de ce soir, c'est pas les salopes qui manquent. Largement de quoi faire son marché Ah Ah Ah!
- Sacré Jean Marie, toujours aussi délicat lâcha Jimmy en tordant le nez avant de laisser la scène à l'artiste.
Pour revenir quelques minutes plus tard alors que le comique quittait la scène sous un tonnerre d'applaudissements.
- Et bien après ce sketch désopilant,la transition est parfaite pour enchaîner sur l'élection de Miss météo 2022.
C'est pourquoi je vous demande de faire une ovation au président de l'association en charge de l'Organisation des élections fédérales miss météo, j'ai nommé le doyen des météorologues encore en activité, Laurent Carole.
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Jimmy attendit patiemment que Laetitia ait récupéré les coordonnées des deux dauphines du concours miss météo 2022 avant d'introduire les stars internationales de la musique, de l'humour et de la magie qui se succédèrent pendant près de deux heures sur la scène mythique de l'Olympica.
La production avait fait les choses en grand et réuni pour le bouquet final un duo exceptionnel composé de Mylène farmer et Elton john dans une interprétation particulièrement émouvante du titre mythique de Patrick Juvet.
À l'issue de cette prestation bouleversante, Jimmy C. monta à nouveau sur la scène en tenant la main de Laetitia afin de s'adresser une dernière fois au public.
- Voilà mes amis, j'espère que vous avez apprécié à sa juste valeur cette cérémonie en l'honneur de la plus talentueuse de nos écrivaines.
La semaine prochaine, les théâtres, les stades, les cinémas et les salles de spectacle de toute la France ouvriront à nouveau leurs portes et les artistes condamnés à l'inactivité depuis trop longtemps seront ravis de vous retrouver et d'effectuer leurs prestations devant un public vivant et enthousiaste.
Bien sûr, vous éprouverez toujours autant de plaisir à lire car nous aurons toujours besoin de votre soutien fidèle pour maintenir notre activité si utile à l'exception culturelle française.
Jimmy se tourna vers sa voisine avec une émotion palpable en attendant que les salves d'applaudissements se calment.
Avant que vous partiez, j'ai néanmoins une dernière révélation à vous faire à propos de Laetitia. J'en vois déjà quelques uns qui dressent l'oreille avec un sourire plein de sous-entendus. Je leur dis tout net: ne comptez pas sur moi pour médire ou vous fournir des informations croustillantes sur Laetitia. J'ai trop de respect pour elle et puis de toute façon, j'ai horreur de colporter des ragots.
Jimmy balaya rapidement la salle du regard avant de s'exprimer.
- Cher public je suis heureux de vous annoncer ce soir que nous avons convaincu Laetitia de rejoindre les rangs de Abdul75 Editions et qu'elle a accepté de signer cet après-midi le contrat qui la liera à notre maison pendant les trois prochaines années.
Certains dans notre petit milieu n'ont pas hésité à parler de transfert du siècle pour évoquer cette transaction. Et il est exact que nous avons dores et déjà accordé à Laetitia une avance substantielle sur ses prochains romans qui paraîtront donc sous la bannière des éditions Abdul75.
Lorsque les applaudissements du public cessèrent enfin, le rideau de la scène de l'Olympica était baissé depuis bien longtemps. Bien loin du tumulte de la mythique salle de spectacle, Laetitia et Jimmy, installés à la meilleure table du Fouquet's, trinquaient au succès de leur coopération toute neuve en entamant une bouteille de Roederer Cristal millésimée.
Les lire ou les relire vous aidera à mieux cerner les propos relatés dans cet "Hommage".
À tout seigneur tout honneur: Par l'auteur Laetitia Sapho: DédicaceEt aussi:Par l'auteur Abdul75: la Convention et les 3 chapitres de L'affaire Laetitia.
Bon maintenant vous faites comme vous le sentez. Mais au moins, je vous aurai prévenu.
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Par jugement du 01 avril 2022, le Tribunal de grande instance de Messain-la-Vallée, sous la présidence de la juge Laura Laixe-Saidelekse, condamne la société Abdul75 Éditions à organiser au plus tard un mois après publication de cette décision, une cérémonie publique à la gloire de Madame Laetitia S., à titre de dommages et intérêts pour l'avoir diffamée dans le récit "L'affaire Laetitia".
Est en outre fait obligation à la société Abdul75 Éditions de faire citation de la présente décision de justice en préface de sa prochaine publication.
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Un petit retour en arrière s'impose.
L'été 2021 vient de se terminer.
Le procès consécutif à la mort plus que suspecte de Jacques Sohn-Faïves, le patron des éditions Emplomb, avec qui laetitia S, l'écrivaine renommée, a signé un juteux contrat, est sur le point de s'ouvrir. En effet, la personnalité controversée de la victime laisse planer un doute sur les circonstances de sa mort. Il est vrai que la présence de Laetitia affirmant avoir été enlevée et séquestrée par son éditeur, d'un détective et de deux policiers sur la scène au moment des faits, provoque naturellement des interrogations que l'opposition ne se prive pas d'exploiter pour donner une connotation politique à l'affaire .
Immédiatement les principales rédactions du pays s'emballent. Et la couverture médiatique consécutive à la publication de "L'affaire Laetitia" par la jeune maison Abdul75 Éditions, atteint une ampleur telle, qu'elle réussit à reléguer au second plan la crise sanitaire qui ébranle le monde depuis plus d'un an.
D'ailleurs Jimmy C., le directeur de Abdul75 Éditions, se frotte les mains d'avoir su négocier, auprès du détective Michel Marteau, l'exclusivité des droits de publication de sa narration de cette affaire aux multiples rebondissements.
Il devient vite évident que les dessous de l'affaire ne pourront être contenus dans le microcosme parisien.
Car les medias sont trop heureux de pouvoir opposer une fois de plus les élites urbaines symbolisées par Jacques Sohn-Faïve, le flamboyant éditeur amateur de villas luxueuses et de Bimbos siliconées et la France des campagnes représentée par une petite écrivaine timide qui à force de travail et de persévérance a su s'extraire de son milieu défavorisé pour devenir l'espoir montant de la littérature française.
Et cette France d'en bas, avec ses sans dents, dont la plupart ignorait pourtant jusqu'alors l'oeuvre de Laetitia S. a pris naturellement fait et cause pour la jeune autrice issue du peuple.
Des manifestations spontanées de gilets arc-en-ciel n'ont pas tardé à réunir des dizaines de milliers de personnes dans les principales villes du pays. Manifestations qui ont bien vite dégénérer lorsque les redoutables Pink Blocks ont commencer à infiltrer le mouvement avec la ferme intention de détruire tous les symboles de la phallocratie sur lesquels s'appuie depuis des millénaires la société patriarcale inégalitaire pour imposer son pouvoir au peuple et principalement à sa composante féminine.
Maryline Lapine, elle-même, la dirigeante du Renouvellement National, a très tôt apporté son appui à cette belle jeune femme blonde dont les origines européennes ancestrales ne font aucun doute.
"Comment peut-on laisser un éditeur sulfureux, à la raison sociale douteuse démontrant un financement lié à d'obscurs groupements anarcho-islamistes, dénigrer et accuser ainsi une des plus brillantes écrivaines françaises de ce siècle!" S'est-elle exclamée lors d'un discours qui fit date et qu'elle prononça devant près de cent mille personnes réunies virtuellement devant l'écran de leur micro ordinateur.
Le pouvoir en place ayant senti le vent du boulet a très vite pris le sujet au sérieux et a compris qu'il était opportun de tout mettre en œuvre pour éviter la condamnation de Laetitia S. dans l'affaire liée à la mort de l'éditeur Jacques Sohn-Faïves.
L'élément déclencheur fut en fait la destruction par les Pink Blocks de la colonne Vendôme, cette représentation arrogante d'une queue dressée vers le ciel, selon Célestine Autan-Pourmois la porte-parole du MST, le mouvement de soutien aux transgenres.
Inquiet pour l'avenir de l'Obélisque de la Concorde, le chef du gouvernement a aussitôt convoqué les ministres de l'intérieur et de la justice et il fut décidé à l'issue d'un brainstorming particulièrement éprouvant de délocaliser le procès Sohn-Faïves au Tribunal pénal de Broute-les-Minoux dont la Présidente Mylène Goudou saurait vraisemblablement faire preuve de mansuétude pour les deux accusées.
L'affaire fut jugée sans délai et le jury populaire et représentatif composé exclusivement des membres de l'équipe féminine locale de hockey sur gazon déclara à l'unanimité l'innocence de Laetitia S.
De son côté, la commissaire Adèle Pettesec, amie très proche de la victime et présente elle aussi au moment des faits, fut condamnée à 30 jours de travaux d'intérêts généraux.
Le Tribunal lui reprocha en effet un défaut de maîtrise de son arme de service qu'elle avait dû utiliser pour neutraliser la victime qui menaçait de porter atteinte à l'intégrité physique de Laetitia S. et à la sienne.
Pour sa part, l'assistant du directeur décédé des éditions Emplomb, Jeff Parchemin, dont le véhicule avait manifestement servi au projet criminel de Jacques Sohn-Faïves, fut condamné à une peine de 25 ans de prison pour enlèvement et séquestration arbitraire.
Michel Marteau, le détective bien involontairement à l'origine de tout ce tapage, quelque peu désabusé par la tournure prise par les événements, décida peu après de mettre un terme à son activité pour se lancer dans l'écriture de romans pour adultes.
#######
À la sortie du Tribunal, Laetitia S. exultait. Une foule immense l'attendait devant le bâtiment bien trop exigu pour accueillir une minuscule fraction de ses supporters présents ce jour là.
Lorsque Roland Delamousse, le présentateur vedette de TF2, s'approcha pour lui demander son opinion sur la conclusion de cette affaire, La belle blonde répondit simplement :"Il fallait que justice soit faite. Et justice a été faite. Vive la République. Vive la France." Après cette envolée que n'aurait pas renié le grand Charles lui même, un tonnerre de cris et d'applaudissements ébranla les rues d'ordinaire bien plus paisibles de la petite sous-préfecture de Broute-les-Minoux .
Filmé en direct devant les millions de téléspectateurs français qui avaient allumé leur téléviseur pour connaître le dénouement du procès, Roland, totalement subjugué par la magnifique jeune femme, attendit que le brouhaha s'apaise avant de poser la question qui taraudait tous les Français:- Laetitia, commença-t-il, si vous me permettez de vous appeler Laetitia bien sûr.
- Mais je vous en prie Roland, avait répondu Laetitia dans un battement de cil délicat.
- De nombreux analystes vous prêtent un avenir national. C'est évidemment un peu tard pour 2022. Mais pouvez-vous dire aujourd'hui à nos millions de téléspectateurs fort déboussolés par cette regrettable affaire et bien sûr par la crise sanitaire que nous venons de traverser, si vous avez des ambitions pour 2027.
Laetitia émit un petit rire cristallin avant de répondre.
- Vous savez Roland, je suis avant tout une écrivaine, une des meilleures je veux bien l'avouer modestement, mais je pense qu'il est un peu prématuré de parler de destin national me concernant. Néanmoins...
- Néanmoins? s'empressa d'intervenir Delamousse alors qu'une bosse suspecte venait soudainement d'apparaître au niveau de son entrejambe.
- Je vais bien sûr suivre attentivement l'évolution de la situation de notre pays pendant les cinq prochaines années et si j'estime à un moment quelconque que certaines de mes compétences peuvent être utiles à la nation, je serai évidemment prête à assumer le rôle que les Français voudront bien me confier.
Un nouveau tonnerre d'applaudissements secoua la foule et Laetitia mit poliment fin à l'interview pour aller se prêter avec grâce au jeu des selfies et des dédicaces avec ses plus fidèles admirateurs parmi lesquels elle reconnut Conchita P. concierge à la retraite qui avait fait spécialement le déplacement de Paris pour venir supporter son idole.
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Une fois acquittée, faisant fi des droits d'auteur astronomiques que lui avait indirectement rapportés le tapage médiatique lié à l'affaire de la mort mystérieuse de Jacques Sohn-Faive, Laetitia ne tarda guère à assigner en justice la société Abdul75 Éditions, bien décidée à faire cracher un maximum à l'éditeur pour laver son honneur bafoué.
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Après avoir pris connaissance du jugement prononcé par le Tribunal de Messain-les-Vallées, La direction de Abdul75 Éditions, plutôt que de se lancer dans une procédure d'appel à l'issue incertaine, avait finalement décidé de se plier à la décision de justice énoncée en première instance.
Car, malgré tout, le retentissement national du procès consécutif à "L'affaire Laetitia" avait eu un impact très positif sur les ventes de livres de la jeune entreprise et par conséquent sur son chiffre d'affaires.
Et Jimmy C. le patron de la société éditrice avait entrevu le bénéfice qu'il pouvait tirer d'un événement qui allait sans aucun doute faire parler de lui dans les chaumières françaises et donc attirer des partenaires commerciaux qui n'hésiteraient pas à mettre la main à la poche pour toucher un vaste public moyennant un investissement somme toute raisonnable.
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Jimmy C. était tellement convaincu que l'hommage qu'il avait preparé à l'attention de Laetitia S. serait une réussite qu'il décida lui-même d'animer cette soirée que certains observateurs n'allaient pas tarder à qualifier de super production hollywoodienne. Michel Cruker avait pourtant informé Jimmy C. qu'il était d'accord pour présenter la soirée moyennant le simple règlement de ses frais de bouche mais les sponsors estimèrent qu'il n'avait pas vraiment sa place dans l'univers de la littérature pour adultes.
- Bonjour à vous, passionnés de littérature et de belles lettres qui avez spontanément accepté l'invitation des Éditions Abdul75 à participer à l'événement exceptionnel qui va se dérouler ce soir.
Je vous remercie chaleureusement de votre présence et je tiens à direque je suis particulièrement heureux de revoir pour la première fois depuis le début de cette crise sanitaire qui a mis à mal tout le monde du spectacle, la magnifique salle de l'Olympica remplie de spectateurs.
Je remercie donc particulièrement Bruno de Cadix le propriétaire qui dès qu'il a su que Laetitia S. serait la star de la soirée, m'a très volontiers offert la primeur de la réouverture au public de cette salle mythique, en me permettant d'y organiser un événement qui je l'espère nous permettra de rendre un hommage mérité à l'écrivaine française de référence de cette décennie naissante.
Jimmy attendit que les applaudissements cessent avant de poursuivre.
- Comme vous le savez tous, dans quelques semaines, nous allons élire celui ou celle qui conduira les affaires de notre pays pendant les cinq prochaines années. C'est une décision que chacun d'entre nous prendra en son âme et conscience et qui sera sans aucun doute lourde de conséquences.
Quelques huées fusèrent du fond de la salle.
- Mais je ne vous ai pas invité ce soir pour parler de l'avenir de notre pays mais bien de celui de Laetitia S. notre autrice préférée, qui selon un sondage récent serait en mesure de détrôner Yannick Noah et Zinedine Zidane dans la liste des personnalités préférées des Français. D'aucuns ne manqueront d'ailleurs pas de me rappeler que le destin de la nation pourrait dans un futur pas si éloigné se confondre avec celui de Laetitia et je ne pourrai évidemment nullement leur en tenir rigueur.
Quelques hourras se firent entendre interrompant à peine Jimmy.
- Et il est exact qu'il est difficile d'ignorer les murmures de plus en plus audibles de ceux qui voient en Laetitia S. la digne héritière de la pucelle d'Orléans pour sauver le pays.
Mais je m'égare car ce n'est pas le propos qui nous réunit ce soir. Et tout comme vous, j'attendrai que la principale intéressée s'exprime sur ce point au lieu de me lancer dans des conjectures infondées.
Jimmy prit une profonde inspiration avant de poursuivre.
-J'espérais bien lors de la Convention organisée récemment par le site "Nouvelles de sexe" bien connu des amateurs de littérature pour adultes avoir le bonheur de rencontrer physiquement la belle Laetitia. Mais comme vous le savez tous, notre autrice préférée avait une bonne raison de ne pouvoir participer à cette Convention.
Pour l'anecdote, sachez que je parvins néanmoins à me consoler de l'absence de notre idole à cet événement car la charmante jeune femme prénommée Nathalie que je pris à tort pour Laetitia s'avéra finalement fort ouverte d'esprit et une chose en amenant une autre, nous pûmes trouver un discret bosquet pour nous isoler avant que Nathalie me propose d'expérimenter sa version personnelle de la brouette javanaise.
Devinant une certaine impatience sur le visage des spectateurs, Jimmy revint au sujet de préoccupation du jour.
- Mais je digresse, je digresse et dix graisses c'est pas bon pour la ligne.
Sentant le public de moins en moins perméable à ses blagues de comptoir, le fondateur des éditions Abdul75 enchaîna:- Comme je vous le disais donc, pendant la Convention, Laetitia se trouvait à Stockholm pour recevoir le prix Nobel de littérature.
Et même si certaines rumeurs laissent encore supposer aujourd'hui que ses origines scandinaves ont pu lui apporter quelque avantage lors du choix du lauréat, nous savons très bien qu'elles ne peuvent être que le fait d'affreux jaloux. Car s'il est un écrivain qui, cette année, méritait plus que tout autre le plus prestigieux des prix littéraires, c'est bien sûr Laetitia S.
Des hurlements approbateurs et des tapements de pieds secouèrent la salle de spectacles centenaire et le maître de cérémonie dût attendre que les plus excités se calment avant de continuer.
- Néanmoins, avant d'accueillir la superstar du jour, je tenais d'abord à remercier ses vrais amis, ceux qui la suivent depuis ses premiers pas littéraires et qui ont su avant les autres déceler le génie qui pointait son nez derrière le sublime écrin.
- Je vous demande donc ce soir de faire une ovation à ces fidèles lecteurs dont certains sont eux aussi de brillants auteurs et qui surtout n'ont jamais renié leur confiance envers Laetitia.
Jimmy attendit que les cris et les applaudissements cessent avant de poursuivre.
En effet, les membres de la garde rapprochée de Laetitia étaient tous assis au premier rang. Ils occupaient sagement les places qui leur avaient été attribuées et sur une etiquette bien visible depuis la scène leur pseudonyme d'artiste était clairement lisible.
L'orateur n'eut donc aucune difficulté à les identifier avant de commencer les présentations.
- Mesdames et Messieurs, je vous demanderai d'applaudir dès maintenant la magnifique Olga.
Des sifflements stridents parcoururent la salle pendant plus d'une demi minute alors qu'Olga s'était levée pour saluer la salle vêtue d'une robe au décolleté abyssal dont l'étoffe très fine masquait bien peu les aréoles et les tétons orgueilleux de sa superbe poitrine.
- Ma chère Olga, ce n'est pas tout à fait par hasard si vous êtes la première que je vais citer ce soir, commença Jimmy.
- Car vous l'ignorez évidemment, mais c'est pourtant bien grâce à vous que j'ai découvert par hasard la littérature érotique, alors que je planchais depuis plusieurs jours sur un rapport palpitant à propos de la stratégie des éditeurs de logiciels propriétaires face à la croissance de l'open-source, et que j'avais décidai de m'accorder une petite pause en lançant une recherche google à partir de quelques mots anodins.
J'eus en effet le plaisir de découvrir parmi la liste de propositions fournies par le moteur de recherche en réponse à ma requête, un lien vers un texte torride constitué par les confessions d'une écrivaine remarquable qui relatait dans des récits captivants son expérience personnelle de femme à la libido parfois un peu trop envahissante.
Olga adressa une charmante mimique au public.
- Je constate aujourd'hui Olga que vous êtes effectivement une femme extrêmement désirable et que les années n'ont pas d'emprise sur votre beauté. Et j'en profite par la même occasion pour saluer Philippe qui est en tout point un mari remarquable.
Jimmy s'adressa alors à l'époux d'Olga en levant le pouce.
- je vous comprends et je compatis Philippe car je pense sincèrement que tous les hommes sont plus ou moins candaulistes et ce n'est pas Patrick -alias PP06- , mon complice qui me contredira, n'est ce pas Patrick ?
Ajouta Jimmy en se tournant vers un sémillant retraité aux cheveux gris auquel il adressa un clin d'oeil prononcé.
- je comprends mieux pourquoi tu m'as demandé, hier soir, si j'avais les baloches pleines. Tu es venu avec Martine petit cachottier.
La jolie petite femme blottie contre Patrick eut un sourire gené.
- vous savez Martine, je ne remercierai jamais assez Patrick. Plus qu'un auteur inspirant que je respecte infiniment c'est avant tout mon mentor. Il a cru en moi et il a su me convaincre d'abandonner la facilité des textes dégoulinant de grosses bites noires pour écrire des récits plus élaborés. Aussi, le jour où il m'a proposé de devenir mon agent, j'ai su saisir ma chance et je lui en saurai gré éternellement malgré les Coco condescendants dont il m'affublait lorsqu'il avait un message à faire passer.
Jimmy se tourna à nouveau vers Patrick avec un large sourire.
- Patrick, tu peux te détendre ce soir.
Martine ne risque rien. Depuis que je suis un éditeur à succès, que je roule en Porsche et que le portier du Fouquet's m'appelle par mon prénom, je suis devenu beaucoup plus beau et mes difficultés de communication avec les jeunes femmes blondes à forte poitrine ont pour ainsi dire disparu.
Jimmy remarqua alors la femme assise à côté de Patrick.
- Ravie de vous rencontrer la Chipie. Depuis le temps que j'entends parler de vous. Tiens! ça me fait penser de rappeler à tous ceux qui sont présents ce soir de ne pas oublier en partant de récupérer le petit sac généreusement offert par le sponsor officiel de la soirée, la société Manixxe.
Jimmy tourna légèrement la tête avant d'apostropher le voisin de la Chipie.
- N'y voyez rien de personnel, Jacques mais je constate que vous êtes venus avec votre petit carnet de notes. J'espère que vous ne serez pas trop sévère à propos de notre événement de ce soir lorsque vous rédigerez votre chronique hebdomadaire dans les principaux journaux de potins du pays.
- Ah Micky, vous êtes là vous aussi. Sincèrement, j'adore ce que vous écrivez.
- Merci à Chris et au Marquis d'avoir sacrifié un peu de leur temps précieux pour nous rejoindre ce soir. Et je m'excuse d'avance auprès de leurs lecteurs qui devront patienter un peu plus longtemps que d'habitude pour découvrir le nouvel épisode de leur saga préférée.
Jimmy se dirigea ensuite vers le pupitre pour aller se désaltérer avant de reprendre.
- Même si j'en meurs d'envie, je ne vais bien sûr pas citer tous les admirateurs, présents ce soir, de notre auteur vedette. Non! Vous l'aurez compris, il est temps désormais d'accueillir celle que vous attendez tous, la reine des écrivaines, la magnifique jeune femme blonde à la plume bénie des Dieux. Mesdames et Messieurs, je vous demande d'accueillir maintenant la sublime Laetitia.
Bruno de Cadix l'avoua à Jimmy C. quelques jours plus tard. Même lors de la première du spectacle de Patrick Sébastien, il n'avait jamais assisté à une tel déchaînement d'enthousiasme.
Lorsqu'enfin Laetitia apparut, juchée sur ses escarpins Prada aux talons démesurés, habillée d'une magnifique robe fourreau lamée argent qui dénudait l'intégralité de son dos et laissait deviner la naissance de seins à la courbe parfaite, un silence irréel, à peine troublé par le choc des queues se dressant telles des ressorts contre l'étoffe des caleçons, se répandit dans la salle à la vitesse d'un éclair.
Jimmy lui même alla cacher son émoi derrière son pupitre avant d'introduire officiellement l'arrivante.
- Mesdames et Messieurs, je ne vais pas vous faire l'affront de vous présenter notre plus grande écrivaine actuelle, digne successeuse des George Sand, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras et autre Valérie Trierweiler.
Laetitia attendit patiemment un sourire mutin aux lèvres que la foule présente cesse de l'acclamer avant de s'exprimer de sa voix cristalline provoquant une nouvelle levée de boucliers dans les caleçons des mâles présents.
- Bonjour à toutes et à tous. Je suis évidemment comblée de me retrouver ce soir parmi vous qui n'avez cessé de m'apporter votre soutien tout au long de la pénible épreuve que je viens de traverser. Je ne vous en serai jamais assez reconnaissante mais je sais désormais qu'ensemble nous pouvons rendre ce monde meilleur et que si tous mes lecteurs se donnaient la main, les barrières de l'intolérance tomberaient les unes après les autres.
Un tsunami d'applaudissements submergea la salle et Jimmy crut que les semelles de Laetitia s'élevaient lentement au dessus du sol. Mais cette impression dura à peine une fraction de seconde avant que la sublime écrivaine descende dans la salle en distribuant des baisers à toute l'assistance pour s'installer au premier rang dans le fauteuil en forme de trône que lui avait alloué la production.
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Jimmy remercia une fois de plus Laetitia et le public présent avant d'endosser son costume de Monsieur Loyal pour présenter brièvement les divers artistes engagés pour le spectacle.
- Il est l'humoriste préféré de Laetitia et il sera donc le premier à se produire parmi les stars qui animeront cette soirée exceptionnelle, mesdames, messieurs, je vous demande maintenant d'applaudir Jean Marie Ringard.
L'humoriste salua chaleureusement Jimmy avant de faire un signe à l'attention de la salle.
- Alors? Jean Marie heureux d'être parmi nous? Demanda Jimmy avec un grand sourire.
- Tu penses bien qu'après presque deux ans sans pouvoir m'adresser à mon public, je suis évidemment ravi de participer à ce somptueux gala.
- Nous sommes nous aussi heureux de te revoir. Quel sketch culte vas-tu nous interpréter ce soir?
- Le "Marché de salopes" bien sûr connard. Je suis pas venu ici pour jouer au tennis. Surtout que j'ai l'impression que parmi le public de ce soir, c'est pas les salopes qui manquent. Largement de quoi faire son marché Ah Ah Ah!
- Sacré Jean Marie, toujours aussi délicat lâcha Jimmy en tordant le nez avant de laisser la scène à l'artiste.
Pour revenir quelques minutes plus tard alors que le comique quittait la scène sous un tonnerre d'applaudissements.
- Et bien après ce sketch désopilant,la transition est parfaite pour enchaîner sur l'élection de Miss météo 2022.
C'est pourquoi je vous demande de faire une ovation au président de l'association en charge de l'Organisation des élections fédérales miss météo, j'ai nommé le doyen des météorologues encore en activité, Laurent Carole.
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Jimmy attendit patiemment que Laetitia ait récupéré les coordonnées des deux dauphines du concours miss météo 2022 avant d'introduire les stars internationales de la musique, de l'humour et de la magie qui se succédèrent pendant près de deux heures sur la scène mythique de l'Olympica.
La production avait fait les choses en grand et réuni pour le bouquet final un duo exceptionnel composé de Mylène farmer et Elton john dans une interprétation particulièrement émouvante du titre mythique de Patrick Juvet.
À l'issue de cette prestation bouleversante, Jimmy C. monta à nouveau sur la scène en tenant la main de Laetitia afin de s'adresser une dernière fois au public.
- Voilà mes amis, j'espère que vous avez apprécié à sa juste valeur cette cérémonie en l'honneur de la plus talentueuse de nos écrivaines.
La semaine prochaine, les théâtres, les stades, les cinémas et les salles de spectacle de toute la France ouvriront à nouveau leurs portes et les artistes condamnés à l'inactivité depuis trop longtemps seront ravis de vous retrouver et d'effectuer leurs prestations devant un public vivant et enthousiaste.
Bien sûr, vous éprouverez toujours autant de plaisir à lire car nous aurons toujours besoin de votre soutien fidèle pour maintenir notre activité si utile à l'exception culturelle française.
Jimmy se tourna vers sa voisine avec une émotion palpable en attendant que les salves d'applaudissements se calment.
Avant que vous partiez, j'ai néanmoins une dernière révélation à vous faire à propos de Laetitia. J'en vois déjà quelques uns qui dressent l'oreille avec un sourire plein de sous-entendus. Je leur dis tout net: ne comptez pas sur moi pour médire ou vous fournir des informations croustillantes sur Laetitia. J'ai trop de respect pour elle et puis de toute façon, j'ai horreur de colporter des ragots.
Jimmy balaya rapidement la salle du regard avant de s'exprimer.
- Cher public je suis heureux de vous annoncer ce soir que nous avons convaincu Laetitia de rejoindre les rangs de Abdul75 Editions et qu'elle a accepté de signer cet après-midi le contrat qui la liera à notre maison pendant les trois prochaines années.
Certains dans notre petit milieu n'ont pas hésité à parler de transfert du siècle pour évoquer cette transaction. Et il est exact que nous avons dores et déjà accordé à Laetitia une avance substantielle sur ses prochains romans qui paraîtront donc sous la bannière des éditions Abdul75.
Lorsque les applaudissements du public cessèrent enfin, le rideau de la scène de l'Olympica était baissé depuis bien longtemps. Bien loin du tumulte de la mythique salle de spectacle, Laetitia et Jimmy, installés à la meilleure table du Fouquet's, trinquaient au succès de leur coopération toute neuve en entamant une bouteille de Roederer Cristal millésimée.
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