La dernière touche_2
Récit érotique écrit par Briard [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 10-02-2022 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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La dernière touche_2
Partie 2
Le jour du concours approchait et, inlassablement, Arina répétait les quatre mouvements qu’elle avait choisi de présenter.
Frédéric prenait souvent le temps de s’asseoir près d’elle pour lui prodiguer les meilleurs conseils sur son jeu.
« Plus que dix jours mon amour. Je te sens prête. »« Non, pas encore, il faut encore que je revoie la partie lente du Clair de lune, je sens que mon jeu ne donne pas assez de velouté aux notes »« Je ne veux pas te contrarier, mais, pour une fois, je ne partage pas ton sentiment. Je trouve que tu as acquis un posé de notes tout à fait séduisant dans cette partie et je ne me lasse pas de t’écouter la jouer. »« Allez, sois objectif. Je sens que je dois encore assouplir le toucher. »« Comme tu veux, cela ne peut pas nuire à ton interprétation. »Elle savait qu’elle avait encore largement le temps de peaufiner sa technique.
Les auditions avaient lieu durant deux jours et l’ordre des participants serait désigné par tirage au sort.
L’attente était ce qu’elle redoutait le plus. Mais, si Frédéric était près d’elle, elle se sentait capable d’affronter les pires situations.
Les jours passaient, assez identiques, faits de cours dans le salon et de répétitions dans la salle à manger.
Elle s’était assez rapidement habituée à travailler avec le casque. Casque qui, en passant, lui avait coûté les yeux de la tête, mais se révélait un précieux allié.
En effet, grâce à lui, elle percevait les moindres coups de doigt sur les touches et toutes les sonorités du piano étaient admirablement rendues.
Cette situation, inédite pour elle, lui donna l’idée de proposer des cours de coaching de concert, pour aider les élèves à préparer des interprétations ou des concours.
Les candidats ne manqueraient pas et le revenu serait nettement plus conséquent que celui des seuls cours de piano ou de solfège.
Mais pour ça, il fallait remporter un prix.
Or, elle avait eu l’audace, selon les propres mots de la mère de Frédéric, de postuler pour le prix d’excellence.
Sa chère belle-mère, comme elle aimait la nommer, leur rendait visite tous les deux-trois jours, s’enquérir de l’avancement des cours du conservatoire.
Ayant appris par une indiscrétion de son fils que la jeune fille préparait le prestigieux concours, elle n’avait pas mâché ses mots.
« Vous ne vous rendez pas compte ma chère. Cela n’a jamais eu lieu dans l’histoire des concours de piano concertistes. Et je ne crois pas que vous ayez les qualités pour être la première élève qui, du premier coup, obtiendrait le prix d’excellence à l’un des plus prestigieux concours au monde. »Elle avait su répliquer, l’air narquois et tout en fixant intensément Frédéric :« Je vous remercie madame, j’adore vos encouragements. »Elle s’était ensuite précipitée dans sa chambre et s’était enfermée tout le reste de la journée.
Le jeune homme avait, à plusieurs reprises, et en vain, tenté de lui faire déverrouiller la porte.
Ce n’est que le soir qu’elle était reparue, après avoir entendu la porte se refermer sur la belle-mère.
Elle avait retrouvé son petit copain dans la cuisine.
« Je la hais. »« Allons mon amour, ne sois pas intransigeante. Elle a voulu t’éviter, certes maladroitement, de risquer une grande déconvenue, c’est tout. »« Tu es de son côté maintenant. Non mais tu as vu comment elle m’a parlé ? Comme si j’étais une enfant gâtée qui s’est inscrite à ce concours par caprice. »« Mais non, ce n’est pas… »« Elle ne m’a jamais écouté. Tu te rends compte ? C’est comme si je lui disais qu’elle n’avait aucune chance d’égaler La Callas dans Carmen. Elle me fusillerait sur place. »« Mais non, ce n’est pas… »« Elle n’a jamais daigné venir, ne serait-ce qu’une seule fois, m’écouter. Qu’est-ce qu’elle sait de mon jeu ? Qu’est-ce qu’elle sait de ce que je peux donner au piano ? »« Je sais bien… »« Rien. Tu m’entends ? Rien. Elle ne sait rien et elle se permet de juger. »« Mais non, ce n’est pas… »« Je la hais, tu entends ? Je la hais. »Le jeune file s’assit sur une chaise et prit l’air renfrognée qu’il connaissait bien lorsqu’elle était profondément contrariée.
Avec un léger sourire, il vint vers elle et posa ses mains sur ses épaules, la regardant amoureusement.
« Moi, je sais de quoi tu es capable, et c’est bien ça l’essentiel. Moi je sais ce que vaut ton jeu, et c’est ça le plus important. Laisse ma mère faire ses crises de diva. »Arina se redressa, le regard plein de défi.
« Elle va voir ta mère de quoi je suis capable. Ça je te le promets. »
Une semaine plus tard, elle recevait sa convocation.
Il lui restait tout juste une semaine pour parachever sa préparation.
Elle travailla jusque la veille où Frédéric lui interdit de toucher le piano.
Il l’emmena dans un restaurant indien où ils se régalèrent de poulet au curry tout en se dévorant des yeux.
Elle resta sobre et prit une tisane en rentrant avant de se coucher.
Le lendemain, elle se réveilla à sept heure trente avec dans l’air une bonne odeur de croissants chauds.
Frédéric lui servit le petit déjeuner au lit et la regarda engloutir deux viennoiseries.
Elle se doucha rapidement, se vêtit simplement et le rejoignit dans l’entrée.
Ils quittèrent l’appartement et prirent un taxi pour Maison Laffitte et la salle Malesherbes.
Ils furent accueillis par un portier en queue de pie qui leur indiqua les vestiaires.
Elle se changea rapidement, enfilant sa robe de soirée fuchsia. Lorsqu’elle ressortit, elle rejoignit Frédéric qui l’attendait dans la salle d’attente. Il se leva à son arrivée et l’admira, les yeux pleins d’amour.
Elle s’assit à côté de lui et il lui prit les mains pour les réchauffer.
« Tu as un quart d’heure. »« Déjà ? Mon dieu, je tremble de partout. »« Calme-toi. Regarde-moi… »Elle leva les yeux vers lui.
Il lui sourit, redressa sa mèche rebelle.
« Voilà, tout va bien. Tu es fin prête. Tu connaît tes quatre mouvements. »« Mais je pensais avoir plus de temps pour me préparer mentalement. »« Mon amour, tu as eu six mois pour te préparer et, crois-moi, tu es fin prête. Fais confiance en ton jeu, il ne te trahira pas. »Il lui caressa la joue tendrement.
« Si tu savais comme je suis fier de toi. »Il l’embrassa sur le front.
« Maintenant ferme les yeux et fais le vide. Pense à ton clavier, à tes mains, à ton jeu. Tout va aller très bien. J’ai confiance en toi. »Un huissier entra dans la pièce et appela.
« Mademoiselle Arina Raphaëlli. »Il lui serra une dernière fois les mains et la laissa se lever et rejoindre l’homme qui venait de l’appeler.
Arrivée auprès de lui, elle se retourna et lui envoya un baiser.
Frédéric se leva à son tour et se dirigea à l’opposé, vers la porte du fond.
Il l’ouvrit et tomba dans un corridor. Il ouvrit une seconde porte et se retrouva en haut de l’amphithéâtre.
Il descendit jusqu’au troisième rang et y pénétra.
Les gens se levaient pour le laisser passer. Il avait repéré une place en plein milieu du rang.
De là, il serait aux premières loges.
Le premier rang était complet et devait représenter le jury. Au centre, Antonin Rybacker, le Président du jury et grand chef d’orchestre. Il reconnut trois grands concertistes sur la droite du président. Il avait vaguement soit croisé soit approché la plupart des autres membres.
Tous étaient en train de noter une élève qui venait de terminer sa prestation. Il l’avait déjà vue au conservatoire. Il s’agissait d’une jeune fille d’origine asiatique et qui avait un talent fou. L’une des favorites.
Le président leva le bras et toutes et tous arrêtèrent de noter. Il fit signe à un huissier qui se tenait sur le bord de la scène. Celui-ci partit derrière le rideau et revint accompagné d’Arina.
Il la guida jusqu’au piano qui occupait tout le centre du plateau.
L’huissier se dirigea vers la partie droite de la scène où l’attendait un micro sur pied.
« Mademoiselle Arina Raphaëlli. Elle a dix-sept ans. A débuté au conservatoire de Chambéry qui l’a diplômée avec la mention excellent. Elle a été admise au concours du conservatoire national de Paris avec la mention très bien. Elle est sortie première ex-aequo de sa promotion et admise au concours d’entrée au conservatoire international de Paris avec la mention excellent. »Le public applaudit le CV d’Arina.
« Mademoiselle Raphaëlli va nous interpréter les quatre études de Prokofiev, l’Allegro en ré mineur, le Moderato en mi mineur, l’Andante Simplice et le Presto Energico en ut mineur. Elle enchaînera avec le Clair de Lune, extrait de la suite Bergamasque, en ré bémol majeur, de Claude Debussy. Enfin, elle terminera avec la Campanella de Franz Liszt. »L’homme l’invita d’un geste de la main à rejoindre le piano.
Elle posa la main sur le couvercle du clavier et regarda le public qui l’applaudissait.
Elle s’assit et leva les mains au-dessus du clavier.
Elle attendit quelques secondes puis attaqua sa première interprétation.
Frédéric ferma les yeux et suivi le jeu délié de sa compagne.
Les postées s’enchaînaient et la mélodie emplissait ses oreilles.
Le son était divin et il se laissa bercer par la beauté du mouvement tout en douceur et légèreté.
A peine le temps de ré-ouvrir les yeux qu’elle attaquait le second morceau, le fameux Clair de Lune.
Un silence religieux avait gagné le public et pas un bruit ne venait perturber les notes enchanteresses sortant du piano.
Il regarda comme fasciné les dix doigts virevolter sur les touches et les gestes pleins d’élégance des bras nus de la jeune fille.
Le visage penché sur les touches, il la trouva incroyablement belle.
Sa mèche se balançait devant ses yeux sans sembler la gêner. Son front se plissait par moment comme pour souligner la solennité de son jeu.
Elle acheva la pièce dans un tourbillon de notes qui, petit à petit ralentit pour ne plus devenir qu’un souffle apaisé qui s’éteignit dans une calme sérénité.
Frédéric s’arrêta de respirer jusqu’à ce que les premiers soubresauts de la Campanella ne retentissent.
La main gauche alerte démarrait la dernière pièce, très vite rejointe par la droite et elles commencèrent le fameux mouvement des deux notes séparées par deux octaves et montant dans l’air, comme échappées du piano.
Elle entama l’Andante avec frénésie et la salle demeura suspendue au jeu des deux mains qui se croisaient et se décroisaient pour donner cette légèreté de toucher que demande l’œuvre de Listz.
Un sourire apparu sur le joli visage penché sur le clavier et Frédéric sut, à cet instant, qu’Arina était au plus fort de son talent de concertiste.
Sa tête dodelina, légèrement de droite à gauche, en suivant les arabesques dessinées par ses deux mains qui semblaient totalement indépendantes.
La vitesse d’exécution ne faiblit pas et le toucher resta très alerte jusqu’à la fin du passage rapide.
La partie allegretto fut avalée avec finesse et agilité, toujours en rythme, comme-ci l’enchaînement des notes se faisait avec une facilité déconcertante.
Elle acheva cette partie avec les quadruples croches qui se succédèrent avec maestria, laissant une impression de temps arrêté, comme en suspension.
Puis, la main gauche rejoignit la droite et les deux relancèrent le staccato nerveux de l’Andante.
Son visage se transforma, et un sourire épanoui s’y dessina, alors que la mélodie redémarrait au plus fort du jeu.
Son corps semblait complétement relâché et ses doigts avait la légèreté d’une plume effleurant les touches avec une réelle sensualité.
Arriva le Brillante, le passage le plus physique, qu’elle avala avec virtuosité et maestria.
Le Ossia et le Brillantissimo furent exécutés avec brio, sans que le sourire ne s’efface de son visage qui rayonnait littéralement.
Enfin, le Staccato Più mosso final fut un feu d’artifice emportant la salle qui sembla battre la mesure jusqu’à la note finale.
Un silence suivit la dernière note qui dura quelques secondes.
Arina tourna son visage vers le jury, posa sa main sur le couvercle de clavier ébauchant le geste de se lever quand, tout à coup, le public se leva et applaudit à tout rompre.
Un tonnerre d’applaudissement éclata brisant le silence hiératique qui avait accompagné l’interprétation.
Plusieurs membres du jury se retournèrent l’air surpris par la liesse qui saisissait l’assistance.
Le Président fit un signe à l’huissier qui vint lui tendre le micro.
Il se leva et réclama le silence.
« Mademoiselle, en dépits de ces encouragements inhabituels que je devine sincère du public, je vous avoue avoir été sceptique quant au choix des trois œuvres que vous avez choisies. Mais je dois vous avouer avoir changé d’avis au fil de vos interprétations et, finalement, ne peut que vous féliciter pour votre performance. Merci. Huissier, faites entrer le candidat suivant je vous prie. »Le public repris ses applaudissements et, après l’avoir salué une dernière fois, Arina disparut derrière le grand rideau.
Frédéric la retrouva aux vestiaires où elle l’attendait, sagement appuyée contre un mur et l’air interrogative.
Elle se précipita vers lui et se jeta dans ses bras.
« Je tremble de partout. »« Allons ma chérie, il n’y a pas de raison. »Il la regarda, eut un sourire éclatant.
« Tu as été formidable. Tu les as tous conquis. »« C’est vrai ? Tu as aimé ? »Il se recula et lui prit les mains.
« Tu as joué merveilleusement bien. Sois-en sûre. D’ailleurs le public ne s’y est pas trompé. Il t’a ovationné, ce qui a surpris le jury qui n’a pas l’habitude de ce genre de réaction collective. »Elle l’entraina vers la sortie.
« Viens, rentrons, c’est irrespirable ici. »
A peine arrivé chez eux, elle se jeta sur lui et lui retira ses vêtements un à un.
Une fois qu’il fut nu, elle s’agenouilla et le prit dans sa bouche, faisait virevolter sa langue autour de son gland qui ne tarda pas à se raidir.
Elle l’enfonça aussi loin qu’elle put et s’arrêta le nez dans ses poils pubiens.
Elle défit la fermeture éclair de sa robe dans son dos et l’enleva sans le lâcher pour autant.
Elle retira son soutien-gorge, puis baissa sa culotte.
Elle recula lentement sa bouche, le regarda d’un air satisfait puis se releva.
Elle prit son sexe bandé par la main et le tira jusque dans la chambre.
Elle le poussa pour qu’il se couche sur le dos.
Elle l’enjamba et se positionna juste au-dessus de son dard qu’elle n’avait toujours pas lâché.
« Tu ne bouges pas. C’est moi qui fais tout. »Elle s’abaissa et il se vit la pénétrer doucement.
Il sentit qu’elle jouait de ses muscles internes pour le masser tout en se relevant et en s’abaissant en un rythme de plus en plus frénétique.
Il commença à respirer plus fort alors qu’elle se mettait à gémir.
Elle cessa de monter et descendre pour aller d’avant en arrière.
Il la sentit encore mieux se refermer sur lui et le massage devint de plus en plus appuyé.
« C’est bon mon amour ; je ne vais pas pouvoir tenir longtemps. »Elle se pencha sur lui et l’embrassa fougueusement, laissant ses lèvres collées aux siennes et en continuant de le masser intérieurement.
« Laisse-toi aller… Oui, comme ça, c’est fort… Je te sens bien… Jouis avec moi… Je t’aime. »Il éclata dans un râle alors qu’elle criait son plaisir.
Une semaine plus tard, elle reçut une lettre recommandée en provenance du Concours International d’Île de France.
Elle la posa sur le guéridon de l’entrée et attendit que Frédéric finisse son cours pour l’appeler.
« Viens, j’ai reçu la lettre, mais je veux que ce soit toi qui l’ouvres. »Il la prit et l’ouvrit à l’aide de l’ouvre-lettres posé sur le meuble.
Il lut en silence, la laissant trépigner sur place.
« Alors ? Oh je t’en supplie, dis-moi vite. »« C’est une convocation pour la cérémonie de remise des prix. Il n’y a rien d’autre que quelques recommandations, type horaires, adresse, comment y venir, etcetera. »« Ah ! ils n’ont pas dit si j’avais gagné quelque chose ? »« Non, tu es simplement convoquée. Cependant ils ont eu l’élégance de mettre deux invitations. »Elle retourna à son élève et repris le cours de solfège avec lui.
Le matin du grand jour, elle étala la robe de cocktail que Frédéric lui avait offerte.
Elle était en tulle, d’un magnifique bleu maya, à la coupe évasée, au col en V asymétrique et à volants plissés.
Pour l’accompagner et couvrir ses épaules, il avait agrémenté la robe d’un splendide châle-écharpe à sequins dorés, avec des franges brou de noix.
Enfin, elle s’était offert des escarpins à bouts pointus et à paillettes de cristal scintillantes de la même teinte que la robe.
Elle prit le temps de se maquiller et de se vêtir et rejoignit Frédéric qui l’attendait dans l’entrée, arborant un super costume marine foncé, sur une chemise blanc-cassé équipée d’une cravate champagne.
Le chauffeur de taxi eut un regard admiratif pour ce couple si beau et si bien assorti.
Elle lui serra fortement la main durant tout le trajet.
Ils arrivèrent enfin en face du Château de Maison Laffitte. Un huissier descendit les marches et leur ouvrit la portière.
En haut l’escalier, on leur demanda leur invitation.
Une hôtesse les pria de la suivre et les conduisit jusqu’à l’intérieur d’une immense salle, toute en enluminures, avec d’immense tentures aux murs.
D’énormes lustres en cristal descendaient du plafond et le parquet en bois ciré billait de mille feux.
L’hôtesse leur indiqua leur fauteuil et ils s’installèrent confortablement.
Une douce musique berçait les oreilles et un sourd bourdonnement s’élevait du public encore clairsemé.
On leur proposa un rafraîchissement qu’ils acceptèrent avec plaisir.
La salle se remplit assez rapidement et un quart d’heure plus tard, il ne restait plus une seule place de libre.
La lumière s’éteignit et le président du concours fit son apparition sous les applaudissements.
Il souhaita la bienvenue et évoqua la qualité des participants. Il salua un par un les membres du jury et donna la parole à la présidente du Prix amateur.
Celle-ci annonça le premier prix jeune talent.
Une petite fille s’avança vers elle tout intimidée.
La présidente lui remis son prix et une enveloppe sous les applaudissements.
La présidente annonça le troisième prix amateur et le donna à la jeune fille qui s’était présentée, puis le second prix amateur à un jeune homme en jean et, enfin le premier prix amateur à un jeune garçon de quatorze ans d’origine russe.
La présidente passa le relais au président du prix concertiste qui appela le troisième prix.
Arina reconnu la concurrente qui était passée avant elle.
Le président appela ensuite le second prix, mais annonça son absence pour raison de santé.
Enfin, il appela le premier prix concertiste et une jeune fille de couleur, de guère plus de quinze ans s’avança jusqu’à lui.
Il la félicita et lui remis une plaque et une enveloppe.
Le président du jury revint prendre le micro et s’adressa au public.
« Chers amis, cette année, nous avons le plaisir de voir remettre les trois premiers prix d’excellence par celle qui est sans aucun doute aujourd’hui la plus grande chanteuse lyrique au monde, j’ai nommé Ebba Liennhoff qui nous a fait l’honneur d’accepter d’être parmi nous ce soir. »Totalement ébahie, Arina vit sa belle-mère apparaître dans une superbe robe de soirée rouge rubis, la chevelure dressée en un chignon magnifique et chaussée d’escarpin à talons aiguilles.
Le public l’applaudit avec ferveur et se leva pour accueillir la grande diva.
Elle se saisit du micro, salua la foule et fit un geste du bras appelant le silence.
« Bonsoir. Merci pour votre si chaleureux accueil. J’ai été surprise et ravie lorsque mon ami Alexandre m’a si gentiment proposé de remettre les trois plus prestigieux prix du Concours international de piano d’Île de France. Je sais à quel point ces récompense sont précieuses et marque la plupart du temps le début de carrières admirables. Aussi, je ne vais pas faire durer le suspense et commencer immédiatement. »Elle saisit l’enveloppe que lui tendait le président, l’ouvrit, la lut et releva son micro.
« Troisième prix, Solène Espérenza. »Un cri s’éleva du public et une grande jeune fille se précipita jusqu’à la scène en courant tout en tenant les pans de sa robe.
Elle s’avança jusqu’à Ebba visiblement très intimidée.
Celle-ci lui tendit une magnifique coupe en argent et une enveloppe.
« Bravo mademoiselle, votre interprétation a gagné les faveurs du jury et je suis heureuse de vous donner cette récompense. Qu’elle vous permette de prendre un beau départ dans votre carrière. »Le public applaudit la lauréate qui leva sa coupe et retourna s’assoir.
« Pour le second prix d’excellence, j’appelle maintenant Vladimir Khissantdinoff. »Un murmure s’éleva, pas très loin de Frédéric et un charmant jeune homme en costume beige se leva et traversa sa rangée de fauteuil puis marcha jusqu’à Ebba.
Elle lui remit la même coupe que pour le troisième prix et la traditionnelle enveloppe ;« Jeune homme, votre talent vous promet aux plus belles scènes et je suis certaine que vous allez faire une grande carrière de concertiste. »Le primé retourna s’assoir auprès de ses proches.
Le président rejoignit le centre de la scène et repris la parole.
« Et maintenant chère Ebba, l’heure est venue d’annoncer le vainqueur du vingt-troisième concours international de piano d’Île de France. Son jeu tout en finesse, en fluidité et en maîtrise, sa technique incomparable et la virtuosité de son interprétation ont séduit l’ensemble du jury et recueilli l’unanimité des votes. C’est une première, en premier lieu parce que c’est la toute première fois qu’un candidat remporte ce concours dès sa première participation, ensuite parce que c’est également la première fois qu’une artiste, encore élève du conservatoire gagne ce concours et enfin parce que c’est également la première fois que le jury attribue la victoire à l’unanimité et avec autant d’écart sur ses suivants. Ma chère Ebba, je vous laisse le privilège de nous annoncer qui est ce candidat exceptionnel. »La diva prit l’enveloppe tendue par le président et l’ouvrit aussitôt.
Elle lut le nom inscrit sur le carton et son visage pâlit. Elle resta comme interdite quelques secondes puis se ressaisit, leva son micro et annonça.
Le vainqueur du vingt-troisième concours est Arina Raphaëlli.
Arina se leva avec un petit cri de surprise. Elle reçut l’accolade de Frédéric qui lui baisa le front et lui serra très fortement la main.
Toute la travée se leva pour lui laisser le passage, et, quand elle eut traversé sa rangée de fauteuil, le public se leva et l’acclama bruyamment.
Elle rejoignit le président qui leva son micro.
« Oui, mesdames et messieurs, vous pouvez l’applaudir, elle le mérite. »Il lui fit une accolade et la tourna vers Ebba.
« Ma chère, avant de lui remettre son prix, je vous propose d’échanger avec notre gagnante. »Il tendit son micro à Arina qui le prit et se tourna vers sa belle-mère.
« Félicitation Arina, vous sortez gagnante de ce concours et je crois que le jury et le public ne s’y sont pas trompés. En effet, vous avez été la meilleure. Je me souviens du même concours pour chanteurs lyriques que j’avais remporté il y a, mon dieu, déjà tant d’années. A cette époque, il faut dire que la concurrence était beaucoup plus rude qu’aujourd’hui. Alors, qu’elle effet cela vous fait-il de remporter ce prix si prestigieux ? »« J’en suis honorée et remercie le jury et toutes les personnes qui ont cru en moi, à commencer par mon petit ami Frédéric qui a su m’épauler et m’aider à travailler les trois œuvres que j’ai présentées. »« N’êtes-vous pas plus surprise que cela de remporter ce prix ? »« Vous savez, j’ai travaillé dur pendant six mois, plus de dix heures par jour et si, comme vous le dites, la concurrence n’est plus ce qu’elle était, il m’a semblé que la plupart des primés ce soir sont des primo candidats. C’est sans doute ce qui rend compréhensif que nous ayons gagné à notre première participation quand il vous a fallu revenir trois années de suite pour remporter le même concours. »Un murmure parcouru l’assistance et le président étouffa un début de toux.
Ebba serra les lèvres, puis grimaça un sourire avant de reprendre.
« Vous avez raison ma chère, le travail paie et vous en êtes la preuve éclatante. Je suis très heureuse de vous remettre le premier prix du concours international de l’Île de France deux-mille-vingt-deux. »Elle lui tendit une plaque en cristal transparent accompagnée de l’habituelle enveloppe.
Arina saisit le tout, fit une légère révérence à la diva, puis se tourna vers le public en levant fièrement son trophée.
L’assistance l’applaudit à tout rompre pendant plus d’une minute puis le silence revint après un signe du président.
« Chère Arina, je vous remets également un engagement pour douze concerts internationaux que vous aurez le loisir de faire sous le parrainage d’Isaac Gruningen qui vous coachera pour chacun de ces douze récitals. Encore bravo jeune fille, je crois que la famille des pianistes concertistes et le monde de la grande musique en général va retenir votre prénom. »
Le jour du concours approchait et, inlassablement, Arina répétait les quatre mouvements qu’elle avait choisi de présenter.
Frédéric prenait souvent le temps de s’asseoir près d’elle pour lui prodiguer les meilleurs conseils sur son jeu.
« Plus que dix jours mon amour. Je te sens prête. »« Non, pas encore, il faut encore que je revoie la partie lente du Clair de lune, je sens que mon jeu ne donne pas assez de velouté aux notes »« Je ne veux pas te contrarier, mais, pour une fois, je ne partage pas ton sentiment. Je trouve que tu as acquis un posé de notes tout à fait séduisant dans cette partie et je ne me lasse pas de t’écouter la jouer. »« Allez, sois objectif. Je sens que je dois encore assouplir le toucher. »« Comme tu veux, cela ne peut pas nuire à ton interprétation. »Elle savait qu’elle avait encore largement le temps de peaufiner sa technique.
Les auditions avaient lieu durant deux jours et l’ordre des participants serait désigné par tirage au sort.
L’attente était ce qu’elle redoutait le plus. Mais, si Frédéric était près d’elle, elle se sentait capable d’affronter les pires situations.
Les jours passaient, assez identiques, faits de cours dans le salon et de répétitions dans la salle à manger.
Elle s’était assez rapidement habituée à travailler avec le casque. Casque qui, en passant, lui avait coûté les yeux de la tête, mais se révélait un précieux allié.
En effet, grâce à lui, elle percevait les moindres coups de doigt sur les touches et toutes les sonorités du piano étaient admirablement rendues.
Cette situation, inédite pour elle, lui donna l’idée de proposer des cours de coaching de concert, pour aider les élèves à préparer des interprétations ou des concours.
Les candidats ne manqueraient pas et le revenu serait nettement plus conséquent que celui des seuls cours de piano ou de solfège.
Mais pour ça, il fallait remporter un prix.
Or, elle avait eu l’audace, selon les propres mots de la mère de Frédéric, de postuler pour le prix d’excellence.
Sa chère belle-mère, comme elle aimait la nommer, leur rendait visite tous les deux-trois jours, s’enquérir de l’avancement des cours du conservatoire.
Ayant appris par une indiscrétion de son fils que la jeune fille préparait le prestigieux concours, elle n’avait pas mâché ses mots.
« Vous ne vous rendez pas compte ma chère. Cela n’a jamais eu lieu dans l’histoire des concours de piano concertistes. Et je ne crois pas que vous ayez les qualités pour être la première élève qui, du premier coup, obtiendrait le prix d’excellence à l’un des plus prestigieux concours au monde. »Elle avait su répliquer, l’air narquois et tout en fixant intensément Frédéric :« Je vous remercie madame, j’adore vos encouragements. »Elle s’était ensuite précipitée dans sa chambre et s’était enfermée tout le reste de la journée.
Le jeune homme avait, à plusieurs reprises, et en vain, tenté de lui faire déverrouiller la porte.
Ce n’est que le soir qu’elle était reparue, après avoir entendu la porte se refermer sur la belle-mère.
Elle avait retrouvé son petit copain dans la cuisine.
« Je la hais. »« Allons mon amour, ne sois pas intransigeante. Elle a voulu t’éviter, certes maladroitement, de risquer une grande déconvenue, c’est tout. »« Tu es de son côté maintenant. Non mais tu as vu comment elle m’a parlé ? Comme si j’étais une enfant gâtée qui s’est inscrite à ce concours par caprice. »« Mais non, ce n’est pas… »« Elle ne m’a jamais écouté. Tu te rends compte ? C’est comme si je lui disais qu’elle n’avait aucune chance d’égaler La Callas dans Carmen. Elle me fusillerait sur place. »« Mais non, ce n’est pas… »« Elle n’a jamais daigné venir, ne serait-ce qu’une seule fois, m’écouter. Qu’est-ce qu’elle sait de mon jeu ? Qu’est-ce qu’elle sait de ce que je peux donner au piano ? »« Je sais bien… »« Rien. Tu m’entends ? Rien. Elle ne sait rien et elle se permet de juger. »« Mais non, ce n’est pas… »« Je la hais, tu entends ? Je la hais. »Le jeune file s’assit sur une chaise et prit l’air renfrognée qu’il connaissait bien lorsqu’elle était profondément contrariée.
Avec un léger sourire, il vint vers elle et posa ses mains sur ses épaules, la regardant amoureusement.
« Moi, je sais de quoi tu es capable, et c’est bien ça l’essentiel. Moi je sais ce que vaut ton jeu, et c’est ça le plus important. Laisse ma mère faire ses crises de diva. »Arina se redressa, le regard plein de défi.
« Elle va voir ta mère de quoi je suis capable. Ça je te le promets. »
Une semaine plus tard, elle recevait sa convocation.
Il lui restait tout juste une semaine pour parachever sa préparation.
Elle travailla jusque la veille où Frédéric lui interdit de toucher le piano.
Il l’emmena dans un restaurant indien où ils se régalèrent de poulet au curry tout en se dévorant des yeux.
Elle resta sobre et prit une tisane en rentrant avant de se coucher.
Le lendemain, elle se réveilla à sept heure trente avec dans l’air une bonne odeur de croissants chauds.
Frédéric lui servit le petit déjeuner au lit et la regarda engloutir deux viennoiseries.
Elle se doucha rapidement, se vêtit simplement et le rejoignit dans l’entrée.
Ils quittèrent l’appartement et prirent un taxi pour Maison Laffitte et la salle Malesherbes.
Ils furent accueillis par un portier en queue de pie qui leur indiqua les vestiaires.
Elle se changea rapidement, enfilant sa robe de soirée fuchsia. Lorsqu’elle ressortit, elle rejoignit Frédéric qui l’attendait dans la salle d’attente. Il se leva à son arrivée et l’admira, les yeux pleins d’amour.
Elle s’assit à côté de lui et il lui prit les mains pour les réchauffer.
« Tu as un quart d’heure. »« Déjà ? Mon dieu, je tremble de partout. »« Calme-toi. Regarde-moi… »Elle leva les yeux vers lui.
Il lui sourit, redressa sa mèche rebelle.
« Voilà, tout va bien. Tu es fin prête. Tu connaît tes quatre mouvements. »« Mais je pensais avoir plus de temps pour me préparer mentalement. »« Mon amour, tu as eu six mois pour te préparer et, crois-moi, tu es fin prête. Fais confiance en ton jeu, il ne te trahira pas. »Il lui caressa la joue tendrement.
« Si tu savais comme je suis fier de toi. »Il l’embrassa sur le front.
« Maintenant ferme les yeux et fais le vide. Pense à ton clavier, à tes mains, à ton jeu. Tout va aller très bien. J’ai confiance en toi. »Un huissier entra dans la pièce et appela.
« Mademoiselle Arina Raphaëlli. »Il lui serra une dernière fois les mains et la laissa se lever et rejoindre l’homme qui venait de l’appeler.
Arrivée auprès de lui, elle se retourna et lui envoya un baiser.
Frédéric se leva à son tour et se dirigea à l’opposé, vers la porte du fond.
Il l’ouvrit et tomba dans un corridor. Il ouvrit une seconde porte et se retrouva en haut de l’amphithéâtre.
Il descendit jusqu’au troisième rang et y pénétra.
Les gens se levaient pour le laisser passer. Il avait repéré une place en plein milieu du rang.
De là, il serait aux premières loges.
Le premier rang était complet et devait représenter le jury. Au centre, Antonin Rybacker, le Président du jury et grand chef d’orchestre. Il reconnut trois grands concertistes sur la droite du président. Il avait vaguement soit croisé soit approché la plupart des autres membres.
Tous étaient en train de noter une élève qui venait de terminer sa prestation. Il l’avait déjà vue au conservatoire. Il s’agissait d’une jeune fille d’origine asiatique et qui avait un talent fou. L’une des favorites.
Le président leva le bras et toutes et tous arrêtèrent de noter. Il fit signe à un huissier qui se tenait sur le bord de la scène. Celui-ci partit derrière le rideau et revint accompagné d’Arina.
Il la guida jusqu’au piano qui occupait tout le centre du plateau.
L’huissier se dirigea vers la partie droite de la scène où l’attendait un micro sur pied.
« Mademoiselle Arina Raphaëlli. Elle a dix-sept ans. A débuté au conservatoire de Chambéry qui l’a diplômée avec la mention excellent. Elle a été admise au concours du conservatoire national de Paris avec la mention très bien. Elle est sortie première ex-aequo de sa promotion et admise au concours d’entrée au conservatoire international de Paris avec la mention excellent. »Le public applaudit le CV d’Arina.
« Mademoiselle Raphaëlli va nous interpréter les quatre études de Prokofiev, l’Allegro en ré mineur, le Moderato en mi mineur, l’Andante Simplice et le Presto Energico en ut mineur. Elle enchaînera avec le Clair de Lune, extrait de la suite Bergamasque, en ré bémol majeur, de Claude Debussy. Enfin, elle terminera avec la Campanella de Franz Liszt. »L’homme l’invita d’un geste de la main à rejoindre le piano.
Elle posa la main sur le couvercle du clavier et regarda le public qui l’applaudissait.
Elle s’assit et leva les mains au-dessus du clavier.
Elle attendit quelques secondes puis attaqua sa première interprétation.
Frédéric ferma les yeux et suivi le jeu délié de sa compagne.
Les postées s’enchaînaient et la mélodie emplissait ses oreilles.
Le son était divin et il se laissa bercer par la beauté du mouvement tout en douceur et légèreté.
A peine le temps de ré-ouvrir les yeux qu’elle attaquait le second morceau, le fameux Clair de Lune.
Un silence religieux avait gagné le public et pas un bruit ne venait perturber les notes enchanteresses sortant du piano.
Il regarda comme fasciné les dix doigts virevolter sur les touches et les gestes pleins d’élégance des bras nus de la jeune fille.
Le visage penché sur les touches, il la trouva incroyablement belle.
Sa mèche se balançait devant ses yeux sans sembler la gêner. Son front se plissait par moment comme pour souligner la solennité de son jeu.
Elle acheva la pièce dans un tourbillon de notes qui, petit à petit ralentit pour ne plus devenir qu’un souffle apaisé qui s’éteignit dans une calme sérénité.
Frédéric s’arrêta de respirer jusqu’à ce que les premiers soubresauts de la Campanella ne retentissent.
La main gauche alerte démarrait la dernière pièce, très vite rejointe par la droite et elles commencèrent le fameux mouvement des deux notes séparées par deux octaves et montant dans l’air, comme échappées du piano.
Elle entama l’Andante avec frénésie et la salle demeura suspendue au jeu des deux mains qui se croisaient et se décroisaient pour donner cette légèreté de toucher que demande l’œuvre de Listz.
Un sourire apparu sur le joli visage penché sur le clavier et Frédéric sut, à cet instant, qu’Arina était au plus fort de son talent de concertiste.
Sa tête dodelina, légèrement de droite à gauche, en suivant les arabesques dessinées par ses deux mains qui semblaient totalement indépendantes.
La vitesse d’exécution ne faiblit pas et le toucher resta très alerte jusqu’à la fin du passage rapide.
La partie allegretto fut avalée avec finesse et agilité, toujours en rythme, comme-ci l’enchaînement des notes se faisait avec une facilité déconcertante.
Elle acheva cette partie avec les quadruples croches qui se succédèrent avec maestria, laissant une impression de temps arrêté, comme en suspension.
Puis, la main gauche rejoignit la droite et les deux relancèrent le staccato nerveux de l’Andante.
Son visage se transforma, et un sourire épanoui s’y dessina, alors que la mélodie redémarrait au plus fort du jeu.
Son corps semblait complétement relâché et ses doigts avait la légèreté d’une plume effleurant les touches avec une réelle sensualité.
Arriva le Brillante, le passage le plus physique, qu’elle avala avec virtuosité et maestria.
Le Ossia et le Brillantissimo furent exécutés avec brio, sans que le sourire ne s’efface de son visage qui rayonnait littéralement.
Enfin, le Staccato Più mosso final fut un feu d’artifice emportant la salle qui sembla battre la mesure jusqu’à la note finale.
Un silence suivit la dernière note qui dura quelques secondes.
Arina tourna son visage vers le jury, posa sa main sur le couvercle de clavier ébauchant le geste de se lever quand, tout à coup, le public se leva et applaudit à tout rompre.
Un tonnerre d’applaudissement éclata brisant le silence hiératique qui avait accompagné l’interprétation.
Plusieurs membres du jury se retournèrent l’air surpris par la liesse qui saisissait l’assistance.
Le Président fit un signe à l’huissier qui vint lui tendre le micro.
Il se leva et réclama le silence.
« Mademoiselle, en dépits de ces encouragements inhabituels que je devine sincère du public, je vous avoue avoir été sceptique quant au choix des trois œuvres que vous avez choisies. Mais je dois vous avouer avoir changé d’avis au fil de vos interprétations et, finalement, ne peut que vous féliciter pour votre performance. Merci. Huissier, faites entrer le candidat suivant je vous prie. »Le public repris ses applaudissements et, après l’avoir salué une dernière fois, Arina disparut derrière le grand rideau.
Frédéric la retrouva aux vestiaires où elle l’attendait, sagement appuyée contre un mur et l’air interrogative.
Elle se précipita vers lui et se jeta dans ses bras.
« Je tremble de partout. »« Allons ma chérie, il n’y a pas de raison. »Il la regarda, eut un sourire éclatant.
« Tu as été formidable. Tu les as tous conquis. »« C’est vrai ? Tu as aimé ? »Il se recula et lui prit les mains.
« Tu as joué merveilleusement bien. Sois-en sûre. D’ailleurs le public ne s’y est pas trompé. Il t’a ovationné, ce qui a surpris le jury qui n’a pas l’habitude de ce genre de réaction collective. »Elle l’entraina vers la sortie.
« Viens, rentrons, c’est irrespirable ici. »
A peine arrivé chez eux, elle se jeta sur lui et lui retira ses vêtements un à un.
Une fois qu’il fut nu, elle s’agenouilla et le prit dans sa bouche, faisait virevolter sa langue autour de son gland qui ne tarda pas à se raidir.
Elle l’enfonça aussi loin qu’elle put et s’arrêta le nez dans ses poils pubiens.
Elle défit la fermeture éclair de sa robe dans son dos et l’enleva sans le lâcher pour autant.
Elle retira son soutien-gorge, puis baissa sa culotte.
Elle recula lentement sa bouche, le regarda d’un air satisfait puis se releva.
Elle prit son sexe bandé par la main et le tira jusque dans la chambre.
Elle le poussa pour qu’il se couche sur le dos.
Elle l’enjamba et se positionna juste au-dessus de son dard qu’elle n’avait toujours pas lâché.
« Tu ne bouges pas. C’est moi qui fais tout. »Elle s’abaissa et il se vit la pénétrer doucement.
Il sentit qu’elle jouait de ses muscles internes pour le masser tout en se relevant et en s’abaissant en un rythme de plus en plus frénétique.
Il commença à respirer plus fort alors qu’elle se mettait à gémir.
Elle cessa de monter et descendre pour aller d’avant en arrière.
Il la sentit encore mieux se refermer sur lui et le massage devint de plus en plus appuyé.
« C’est bon mon amour ; je ne vais pas pouvoir tenir longtemps. »Elle se pencha sur lui et l’embrassa fougueusement, laissant ses lèvres collées aux siennes et en continuant de le masser intérieurement.
« Laisse-toi aller… Oui, comme ça, c’est fort… Je te sens bien… Jouis avec moi… Je t’aime. »Il éclata dans un râle alors qu’elle criait son plaisir.
Une semaine plus tard, elle reçut une lettre recommandée en provenance du Concours International d’Île de France.
Elle la posa sur le guéridon de l’entrée et attendit que Frédéric finisse son cours pour l’appeler.
« Viens, j’ai reçu la lettre, mais je veux que ce soit toi qui l’ouvres. »Il la prit et l’ouvrit à l’aide de l’ouvre-lettres posé sur le meuble.
Il lut en silence, la laissant trépigner sur place.
« Alors ? Oh je t’en supplie, dis-moi vite. »« C’est une convocation pour la cérémonie de remise des prix. Il n’y a rien d’autre que quelques recommandations, type horaires, adresse, comment y venir, etcetera. »« Ah ! ils n’ont pas dit si j’avais gagné quelque chose ? »« Non, tu es simplement convoquée. Cependant ils ont eu l’élégance de mettre deux invitations. »Elle retourna à son élève et repris le cours de solfège avec lui.
Le matin du grand jour, elle étala la robe de cocktail que Frédéric lui avait offerte.
Elle était en tulle, d’un magnifique bleu maya, à la coupe évasée, au col en V asymétrique et à volants plissés.
Pour l’accompagner et couvrir ses épaules, il avait agrémenté la robe d’un splendide châle-écharpe à sequins dorés, avec des franges brou de noix.
Enfin, elle s’était offert des escarpins à bouts pointus et à paillettes de cristal scintillantes de la même teinte que la robe.
Elle prit le temps de se maquiller et de se vêtir et rejoignit Frédéric qui l’attendait dans l’entrée, arborant un super costume marine foncé, sur une chemise blanc-cassé équipée d’une cravate champagne.
Le chauffeur de taxi eut un regard admiratif pour ce couple si beau et si bien assorti.
Elle lui serra fortement la main durant tout le trajet.
Ils arrivèrent enfin en face du Château de Maison Laffitte. Un huissier descendit les marches et leur ouvrit la portière.
En haut l’escalier, on leur demanda leur invitation.
Une hôtesse les pria de la suivre et les conduisit jusqu’à l’intérieur d’une immense salle, toute en enluminures, avec d’immense tentures aux murs.
D’énormes lustres en cristal descendaient du plafond et le parquet en bois ciré billait de mille feux.
L’hôtesse leur indiqua leur fauteuil et ils s’installèrent confortablement.
Une douce musique berçait les oreilles et un sourd bourdonnement s’élevait du public encore clairsemé.
On leur proposa un rafraîchissement qu’ils acceptèrent avec plaisir.
La salle se remplit assez rapidement et un quart d’heure plus tard, il ne restait plus une seule place de libre.
La lumière s’éteignit et le président du concours fit son apparition sous les applaudissements.
Il souhaita la bienvenue et évoqua la qualité des participants. Il salua un par un les membres du jury et donna la parole à la présidente du Prix amateur.
Celle-ci annonça le premier prix jeune talent.
Une petite fille s’avança vers elle tout intimidée.
La présidente lui remis son prix et une enveloppe sous les applaudissements.
La présidente annonça le troisième prix amateur et le donna à la jeune fille qui s’était présentée, puis le second prix amateur à un jeune homme en jean et, enfin le premier prix amateur à un jeune garçon de quatorze ans d’origine russe.
La présidente passa le relais au président du prix concertiste qui appela le troisième prix.
Arina reconnu la concurrente qui était passée avant elle.
Le président appela ensuite le second prix, mais annonça son absence pour raison de santé.
Enfin, il appela le premier prix concertiste et une jeune fille de couleur, de guère plus de quinze ans s’avança jusqu’à lui.
Il la félicita et lui remis une plaque et une enveloppe.
Le président du jury revint prendre le micro et s’adressa au public.
« Chers amis, cette année, nous avons le plaisir de voir remettre les trois premiers prix d’excellence par celle qui est sans aucun doute aujourd’hui la plus grande chanteuse lyrique au monde, j’ai nommé Ebba Liennhoff qui nous a fait l’honneur d’accepter d’être parmi nous ce soir. »Totalement ébahie, Arina vit sa belle-mère apparaître dans une superbe robe de soirée rouge rubis, la chevelure dressée en un chignon magnifique et chaussée d’escarpin à talons aiguilles.
Le public l’applaudit avec ferveur et se leva pour accueillir la grande diva.
Elle se saisit du micro, salua la foule et fit un geste du bras appelant le silence.
« Bonsoir. Merci pour votre si chaleureux accueil. J’ai été surprise et ravie lorsque mon ami Alexandre m’a si gentiment proposé de remettre les trois plus prestigieux prix du Concours international de piano d’Île de France. Je sais à quel point ces récompense sont précieuses et marque la plupart du temps le début de carrières admirables. Aussi, je ne vais pas faire durer le suspense et commencer immédiatement. »Elle saisit l’enveloppe que lui tendait le président, l’ouvrit, la lut et releva son micro.
« Troisième prix, Solène Espérenza. »Un cri s’éleva du public et une grande jeune fille se précipita jusqu’à la scène en courant tout en tenant les pans de sa robe.
Elle s’avança jusqu’à Ebba visiblement très intimidée.
Celle-ci lui tendit une magnifique coupe en argent et une enveloppe.
« Bravo mademoiselle, votre interprétation a gagné les faveurs du jury et je suis heureuse de vous donner cette récompense. Qu’elle vous permette de prendre un beau départ dans votre carrière. »Le public applaudit la lauréate qui leva sa coupe et retourna s’assoir.
« Pour le second prix d’excellence, j’appelle maintenant Vladimir Khissantdinoff. »Un murmure s’éleva, pas très loin de Frédéric et un charmant jeune homme en costume beige se leva et traversa sa rangée de fauteuil puis marcha jusqu’à Ebba.
Elle lui remit la même coupe que pour le troisième prix et la traditionnelle enveloppe ;« Jeune homme, votre talent vous promet aux plus belles scènes et je suis certaine que vous allez faire une grande carrière de concertiste. »Le primé retourna s’assoir auprès de ses proches.
Le président rejoignit le centre de la scène et repris la parole.
« Et maintenant chère Ebba, l’heure est venue d’annoncer le vainqueur du vingt-troisième concours international de piano d’Île de France. Son jeu tout en finesse, en fluidité et en maîtrise, sa technique incomparable et la virtuosité de son interprétation ont séduit l’ensemble du jury et recueilli l’unanimité des votes. C’est une première, en premier lieu parce que c’est la toute première fois qu’un candidat remporte ce concours dès sa première participation, ensuite parce que c’est également la première fois qu’une artiste, encore élève du conservatoire gagne ce concours et enfin parce que c’est également la première fois que le jury attribue la victoire à l’unanimité et avec autant d’écart sur ses suivants. Ma chère Ebba, je vous laisse le privilège de nous annoncer qui est ce candidat exceptionnel. »La diva prit l’enveloppe tendue par le président et l’ouvrit aussitôt.
Elle lut le nom inscrit sur le carton et son visage pâlit. Elle resta comme interdite quelques secondes puis se ressaisit, leva son micro et annonça.
Le vainqueur du vingt-troisième concours est Arina Raphaëlli.
Arina se leva avec un petit cri de surprise. Elle reçut l’accolade de Frédéric qui lui baisa le front et lui serra très fortement la main.
Toute la travée se leva pour lui laisser le passage, et, quand elle eut traversé sa rangée de fauteuil, le public se leva et l’acclama bruyamment.
Elle rejoignit le président qui leva son micro.
« Oui, mesdames et messieurs, vous pouvez l’applaudir, elle le mérite. »Il lui fit une accolade et la tourna vers Ebba.
« Ma chère, avant de lui remettre son prix, je vous propose d’échanger avec notre gagnante. »Il tendit son micro à Arina qui le prit et se tourna vers sa belle-mère.
« Félicitation Arina, vous sortez gagnante de ce concours et je crois que le jury et le public ne s’y sont pas trompés. En effet, vous avez été la meilleure. Je me souviens du même concours pour chanteurs lyriques que j’avais remporté il y a, mon dieu, déjà tant d’années. A cette époque, il faut dire que la concurrence était beaucoup plus rude qu’aujourd’hui. Alors, qu’elle effet cela vous fait-il de remporter ce prix si prestigieux ? »« J’en suis honorée et remercie le jury et toutes les personnes qui ont cru en moi, à commencer par mon petit ami Frédéric qui a su m’épauler et m’aider à travailler les trois œuvres que j’ai présentées. »« N’êtes-vous pas plus surprise que cela de remporter ce prix ? »« Vous savez, j’ai travaillé dur pendant six mois, plus de dix heures par jour et si, comme vous le dites, la concurrence n’est plus ce qu’elle était, il m’a semblé que la plupart des primés ce soir sont des primo candidats. C’est sans doute ce qui rend compréhensif que nous ayons gagné à notre première participation quand il vous a fallu revenir trois années de suite pour remporter le même concours. »Un murmure parcouru l’assistance et le président étouffa un début de toux.
Ebba serra les lèvres, puis grimaça un sourire avant de reprendre.
« Vous avez raison ma chère, le travail paie et vous en êtes la preuve éclatante. Je suis très heureuse de vous remettre le premier prix du concours international de l’Île de France deux-mille-vingt-deux. »Elle lui tendit une plaque en cristal transparent accompagnée de l’habituelle enveloppe.
Arina saisit le tout, fit une légère révérence à la diva, puis se tourna vers le public en levant fièrement son trophée.
L’assistance l’applaudit à tout rompre pendant plus d’une minute puis le silence revint après un signe du président.
« Chère Arina, je vous remets également un engagement pour douze concerts internationaux que vous aurez le loisir de faire sous le parrainage d’Isaac Gruningen qui vous coachera pour chacun de ces douze récitals. Encore bravo jeune fille, je crois que la famille des pianistes concertistes et le monde de la grande musique en général va retenir votre prénom. »
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