La Haute…
Récit érotique écrit par Ethelrede [→ Accès à sa fiche auteur]
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 06-08-2024 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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La Haute…
La Haute…
S’il y a bien une chose qui soit certaine dans mon esprit, c’est que la bonne fée appelée à se pencher sur mon berceau le jour de ma naissance a été retenue par un contrôle de police des frontières, ou par les douanes, peut-être… Ou alors, c’est une crevaison perfide sur l’autoroute ? Bref, elle n’est pas venue. Ou alors bien trop tard.
D’ailleurs, à mon âge, j’en suis arrivée à me demander si cette bonne fée, tout comme ses consœurs, existe vraiment. J’avoue avoir un sérieux doute… M’aurait-on menti ?
Je m’appelle Geneviève, j’ai vingt-deux ans, et je suis née dans ce qu’il est convenu d’appeler une bonne famille. Mon père, Pierre-Richard Rouvre de la Chesnaie est un pur aristocrate de la région lyonnaise, ayant épousé maman, Chantal-Henriette Clainchant de la Garde, une autre émanation de l’aristocratie provinciale.
Très logiquement, lors de ma naissance, toutes les bonnes fées ont été appelées à la rescousse… C’est du moins ce que ma mère m’a toujours affirmé, sans, il est vrai, m’en donner la moindre preuve.
Bien. Je vais arrêter-là le scénario de la nunuche qui croit aux fées… L’idée était tout de même de donner à qui lira, peut-être, un jour, cette confession, un panorama crédible sur ce que fut ma jeunesse, ainsi que de l’ambiance dans laquelle je vins au monde !
Que dire de mon enfance, si ce n’est qu’elle fut dorée ? De manière indécente, je l’admets. Rien n’a jamais été trop beau pour moi. Ma mère craquait sur tout ce qui semblait me faire plaisir, mais, surtout, je m’en suis rendu compte plus tard, sur ce qui lui redonnait du rêve : sa vie en manquait tellement…
Adolescente, J’ai été vêtue comme il se devait. Jupes plissées bleu marine, chemisiers blanc, ballerines noires et petites socquettes blanches… Une recherche folle ! Là où mes copines avaient droit à des pantalons de cuir noir, rouge ou autre couleur, des débardeurs coquins, et même, plus tard, des minijupes qu’elles appelaient déjà des "ralates"… Et non, pour moi, c’était imperturbablement les classiques, hiver comme été, rien ne pouvait y déroger.
Les choses se sont envenimées sensiblement quand j’ai demandé à mes parents à pouvoir participer aux anniversaires des mes copines de collège. Que n’avais-je pas évoqué ! Interdiction formelle. Et là, c’est mon triste crétin de père qui était intervenu en personne.
Il me semble qu’à ce point, je vous dois une explication : Oui, j’ai bien dit mon triste crétin de père. J’ai dit au début de cette histoire qu’il se prénommait Pierre-Richard. Ses amis lui ont logiquement donné le surnom anglicisé de Prick… Et il en est très fier. Il se rengorge chaque fois que, dans l’assistance, il s’entend appeler par ce sonore: Hé, Prick !
Dans mes échanges avec mes correspondantes anglo-saxonnes, j’ai rapidement compris, à leur fou-rire, la rougeur qui leur venait aux joues, le sens de ce mot (bite en anglais…)… J’ai en même temps relégué mon père dans la catégorie des tristes crétins… D’autant que c’est à ce moment-là que me sont apparues les premières évidences de son infidélité à ma maman, laquelle ne voyait rien. Ou faisait comme si...
Bref, mon père était intervenu dès ma classe de quatrième, pour me faire savoir qu’il n’était absolument pas de mise que je m’imagine séduire un garçon un jour, voire pire, de l’épouser. Un mari, né en même temps que moi m’attendait bien au chaud et, le moment venu, j’allais l’épouser, tout simplement ! Le bonheur allait entrer dans ma vie par la grande porte, je n’avais aucun souci à me faire.
MAIS….. en attendant, j’étais invitée à "faire des gammes" ! Draguer de jolis gars, les amener à l’épuisette, et les jeter sans y toucher, et, surtout, sans qu’ils me touchassent
Traduit en français un peu plus rude, vous voudrez bien me le pardonner, je devais apprendre à devenir une salope sans jamais l’être … en attendant le moment d’exercer ce pouvoir…
Que vous dire de ce que j’ai ressenti le jour où j’ai compris qu’un mari m’attendait quelque part… le puis-je ? Non. La révolte que j’ai ressentie n’apporterait rien si je la décrivais ici. Le dégoût, surtout.
Oui, du dégoût… Car ma mère m’avait toujours laissé croire à l’amour. Elle m’affirmait aimer mon père, qui l’aimait en retour. Jamais elle ne m’avait dit avoir été mariée à un homme qui était un parfait inconnu la veille encore… Qu’il lui avait bien fallu l’aimer, contre vents et marées, ou faire tout comme. Ce jour j’ai bien failli lui jeter au visage les infidélités de son fameux époux si propre, si fidèle… J’ai béni par la suite la sagesse qui m’a dicté de n’en rien faire…
Lorsque j’étais en terminale, j’aimais très profondément ma mère, il me semble que c’est un peu normal, tout de même ! Et jusqu’à la fin de mes jours, je resterai convaincue qu’elle m’aimait. C’est sans doute le plus important, pour moi. Petit à petit, au cours de mon adolescence, je me suis détachée de mon père qui n’avait jamais eu le moindre geste, la plus humble parole de tendresse envers moi. Je le considérais comme un parfait salopard, malhonnête, infidèle et, surtout, totalement dépourvu d’empathie. Je ne parle pas d’amour : je ne pense pas qu’il connaisse le sens de ce mot.
J’avais des relations amicales avec des élèves de ma classe, mais, comme depuis toujours, je savais l’inutilité de développer des sentiments avec eux puisque mon avenir était tout tracé… Je n’avais pas idée à quel point.
Un jour, mes parents ayant décidé que ces relations commençaient à devenir trop débordantes, m’ont conviée à une séance d’explication, disons même de préparation : J’allais en savoir plus sur le mari qui, dans une serre tropicale sans doute afin qu’il soit plus beau, grandissait pour mon seul profit. Il était le fils d’un couple d’amis de la même extraction que mes parents, même fortune aussi… Il était beau, parait-il…
- Il était mince, il était beau, il sentait bon le sable chaud…
J’ai pris la première gifle de ma vie en proférant ce vers de Gainsbourg. Et là, mon père m’a clairement dit, menaçant, que je n’avais pas mon mot à dire ! Les choses étaient ainsi, dans la vie, et ce n’était pas une petite pécore de mon acabit qui allait faire changer le monde…
De triste crétin, il m'est ce jour-là devenu tout à fait étranger. Je pense que s’il restait en moi une bribe, un atome d’amour pour cet homme, c’est à cet instant précis qu’il m’a quitté. Sans doute l’a-t-il ressenti car il a lu dans mes yeux un tel mépris qu’il en a eu un début de larme. Vite réprimé. Nous ne sous sommes plus parlé que pour l’indispensable.
Cela ne m’a pas manqué, jusqu’à sa mort où l’étendue du gâchis qui ‘il avait orchestré, qui lui avait été inculqué m’est apparue. C’est souvent trop tard qu’on se rend compte de la manière dont on aurait dû, pu, aimer son prochain…
Après mon bac, j’ai été convié par mes chers parents à une fête indécente et sans objet. Indécente au vu des moyens mis en œuvre : un buffet de foie gras, de caviar, de brut d’escargot petit gris, vous savez, ces œufs d’escargots recueillis dans la terre, nettoyés et conditionnés comme le caviar, mais tellement plus chers ! Il y avait du saumon fumé, des canapés de charcuterie, sucrés, petits-fours… sans compter le champagne coulant à flots, auquel, pour la première fois de mon existence, j’étais invitée à goûter. N’ayant jamais ingurgité aucune boisson alcoolisée, j’ai introduit dans ma bouche un index trempé dans une flûte et, trouvant cela plutôt décevant, j’étais retournée vers mes jus de fruits bien gouleyants.
Au beau milieu de la soirée, mon père a tapé de son couteau sur un verre en cristal, (qu’il a d’ailleurs brisé…) pour annoncer :
- Mes chers amis ! C’est aujourd’hui un très grand jour car non seulement notre merveilleuse Geneviève célèbre son bac, mais nous allons vous dévoiler ici qui va devenir son époux pour la vie…
Dans une salve d’applaudissements, une porte s’ouvrit au fond du salon, et je vis entrer, propulsé brutalement par sans doute une demie douzaine de bras amis, Jean-Robert, un garçon que j’avais rencontré plusieurs fois, qui m’avait toujours paru mignon, joli mec même, à ce point que je m’étais donné pour objectif de le séduire, un de ces jours !
- Jean-Robert est le fils de mon ami et collègue, associé dans le crime, Louis-Ernest de Fabreuse. C’est un magnifique parti, je vous demande de lui faire le meilleur accueil !
Un nouveau tsunami d’applaudissement termina de me détacher de ce garçon que, pourtant, j’avais trouvé initialement tout à fait à mon goût ! Aussi, lorsque des bras amis, eux aussi, me propulsèrent dans ses bras, c’est une tête de dégoût que j’arborais.
À mon immense surprise, Jean-Robert affichait la même mine. Profitant des remous je chuchotais à son oreille :
- Ça te plaît, ça ?
- Pitié, non…
- On fout le camp ?
- J’hésite…
- Pourquoi ? Faut se grouiller…
- Ils vont tous croire qu’on part pour…heu… enfin, tu vois ce que je veux dire
- T’occupe, on doit être vierge au mariage, toi et moi. Ils ne vont jamais croire ça !
Et on s’est éclipsé ! avant que je sorte de ma maison et qu’il retourne à la sienne, nous avons parlé une minute ou deux. Nous avions tous les deux de l’estime pour l’autre, mais pas d’attirance. Les choses étaient claires. Pour la première fois de ma vie, j’ai embrassé un garçon avec une totale sincérité. Sur les deux joues !
J’ai dormi dans la grange, dans le fenil pour être précise, jamais mes parents n’auraient eu l’idée de venir me chercher là ! Houla-là, ce que j’ai pris le lendemain matin… J’avais déshonoré ma famille entière ! Mon père était violacé de colère, prêt à exploser. Ne lui laissant pas le temps de s’exprimer, je me suis avancée. Rembarrée, le visage fermé, après avoir reçu les deux admonestations parentales j’ai crié ma propre colère :
- Je n’aime pas Jean-Robert et il ne m’aime pas. Nous n’avons aucune attirance l’un pour l’autre. Au nom de quoi devrions-nous être imposés l’un à l’autre ? Au nom de quoi des gens qui prétendent m’aimer, vous, mes parents, pourraient-ils me priver de cette élémentaire liberté de choisir l’amour de ma vie ? Jamais, vous m’entendez ? Jamais…
Mon père s’est approché de moi et m’a administré deux gifles qui résonnent encore dans mon âme comme la totale négation de tout amour entre cet homme et moi. Je me souviens seulement d’avoir retenu mes larmes et de lui avoir dit, les yeux plantés droits dans le siens :
- Je te déteste, pour toujours.
Je crois, aujourd’hui, que c’est la parole que je regrette le plus de toute ma vie, depuis que l'amour en a pris le contrôle.
Les choses avaient été préparées de si longue date… Jean-Robert était un garçon si charmant, nous avons fini par nous rencontrer, tout de même. Nos moments d’intimité, je vous rassure, se limitaient principalement à marcher dans le jardin des plantes, voir une exposition, parfois même boire un verre dans un café. Mais le plus souvent, nous nous retrouvions chez lui, chez ses parents, donc. Et là, nous préparions une tisane de thym ou de romarin, et nous refaisions le monde…
Jusqu’au jour où Julie-Anne, sa sœur ainée est rentrée sans crier gare… Nous nous sommes regardées, ennemies potentielles, jusqu’à ce qu’elle dise calmement, sans aucune agressivité :
- Bah ! T’as l’air d’une nana plutôt bien, pour une meuf choisie par les vieux… Si tu veux bien, on peut être copines.
Nous avons ri ! Mais ri ! Cela nous a fait un bien fou. Julie-Anne est venue s’asseoir sur notre tapis et nous avons encore refait le monde pendant quelques heures. Oui, je voulais bien qu’on soit copines, ensemble avec Jean-Robert pour qui j’avais sincèrement une grande tendresse… mais sans amour. L’ennui est que, quand j’ai voulu repartir pour rentrer chez mes parents, elle a retenu ma main…
- Reste, s’il te plaît…
Je n’avais aucun argument à opposer à cette demande : je suis restée. Nous avons parlé encore avant que je m’endorme sur le tapis. Au matin, j’ai trouvé un gros édredon douillet sur moi. J’en ai été émue. Julie-Anne avait anticipé la rude froideur des nuits de l’été.
Et nous sommes restés ainsi à nous revoir, tous les trois, pendant tout l’été, l’automne… Trop heureux que je passe du temps chez Jean-Robert, mes parents n’ont rien trouvé à redire pour mes quelques découchage dans le salon des parents de Jean-Robert. Ils ont probablement conçu dans leur idée, que notre relation avançait dans le bon sens, le leur… C’est sans doute ce qui leur a donné cette idée grotesque d’avancer notre mariage !
Là, j’avoue que nous sommes tous tombés des nues Jean-Robert, Julie-Anne et moi ! Lors d’un déjeuner, mon père, et en même temps, chez lui, le père de Jean-Robert, nous a annoncé que notre mariage aurait lieu au printemps… Nous venions de célébrer Noël ! Je quittai la table et me retirai dans ma chambre.
Le monde venait de s’écrouler devant moi. Je n’avais plus aucune volonté, à part, peut-être, celle de mourir. Je ne riais plus, ne mangeais plus et restais allongée sur mon lit. Dans l’après midi, pourtant, Julie-Anne est venue me voir. Sans me dire un mot, elle m’a prise dans ses bras, m’a fait me lever et m’a tirée par le bras. En mode robot, je l’ai suivie.
Marche à pied, un bus, un train, je ne me suis pas posé la question de ce qui se passait, ce que je faisais, où nous allions. Nous sommes arrivées chez elle, dans son studio, à Paris, près de là où elle travaillait comme vendeuse pour payer ses études. Hé oui, fâchée elle aussi avec son père, elle avait renoncé à sa fortune pour se débrouiller toute seule ! Elle n’était tolérée chez ses parents que parce que sa mère l’avait imposé à son époux, sinon, elle aurait été tout simplement mise dehors, oubliée comme un mauvais souvenir.
Elle m’a offert une tasse d’infusion de tilleul : c’est doux, surtout avec un peu de miel ! Là, je me suis dégelée un peu.
- Pourquoi m’as-tu amenée ici ?
- Parce que je t’aime. Des imbéciles veulent te marier à un homme que tu n’aimes pas, c’est idiot, je n’ai pas voulu te perdre, c’est tout !
- Mais… Moi aussi, je t’aime, je…
- Non, tu ne m’as pas comprise : je t’aime…
Là, j’ai atterri, l’ai regardée, les yeux tout ronds, le souffle court. Dans ma tête se sont télescopées toutes ces images de petites choses que je pensais fortuites, des effleurements de main, des baisers de bienvenue ou d’au revoir qui tombaient accidentellement trop près de mes lèvres… Un sein frôlé en m’aidant à passer mon manteau… Alors, tout cela n’était pas si accidentel que ça, était voulu, n’était que la partie émergée d’un immense iceberg nommé amour. Je me suis levée et l’ai prise dans mes bras, ne sachant pas que lui dire.
- Geneviève, je ne te demande pas de m’aimer ! Je t’ai juste dit que moi, je t’aime, et ça, c’est du solide. Mais tu ne me dois rien. Je veux juste empêcher cette ânerie de mariage, c’est pour ça que je te fais cet aveu.
- Julie-Anne… C’est tellement… inattendu ! Jamais je ne me suis posé la question de savoir si j’aimerais une femme à la place d’un homme ! Ce dont je suis sûre, c’est que Jean-Robert est un homme pour qui j’ai une très grande estime, une immense tendresse. Je crois même que sans ce projet de nous marier, j’aurais tenté de le séduire. Cela fait plusieurs années que je me suis proposé de tenter cette aventure. Et puis voilà, le fait qu’on veuille nous imposer l’un à l’autre, cela nous a définitivement coupés de toute possibilité d’amour entre nous. Je ne l’aime pas… Pas dans ce sens là.
- Je l’ai bien senti, Geneviève. C’est d’ailleurs cette tension entre vous qui m’a attirée vers toi. Tu es si belle, si douce, j’ai eu envie de t’aimer tout de suite, dès que je t’ai vue. Et je n’ai pas résisté à cet appel. Voilà, mon cœur t’appartient !
Je l’ai embrassée, très doucement, sur ses joues au toucher de velours. Mes lèvres ont glissé vers son cou pour un autre baiser qui lui a donné un violent frisson. C’est elle qui a redressé mon visage et m’a longuement regardée, droit dans les yeux, sans mot dire, avant de m’embrasser sur les lèvres.
Son frisson m’a gagnée, nous nous sommes serrées un peu plus fort. Bientôt nos lèvres se son entrouvertes, un peu d’humidité est apparue tout autour, déposée là par une petite pointe de langue très agile, discrète…
Nous n’avons pas bougé d’un iota : même nos pieds ne ses sont pas déplacés d’un millimètre ! Nous étions arrivées dans le studio à dix-sept heures, c’est un peu après vingt-deux heures que ce baiser a pris fin. Entre temps, l’amour avait fait son nid dans nos deux cœurs !
Julie-Anne m’a prise par la main et m’a entraînée vers son lit sur lequel elle m’a mollement poussée. Elle a ôté mes ballerines, ma sempiternelle jupe plissée, mon corsage de coton blanc. Je me suis retrouvée en culotte et soutien gorge sur son lit. Elle a précipitamment retiré son jean et son t-shirt sous lequel ses seins étaient nus, de très jolis petits seins, pas si petits que ça, d’ailleurs, même s’ils étaient plus menus que les miens. Puis elle s’est allongée contre moi et nous avons repris notre baiser là où nous l’avions arrêté.
Mes mains étaient devenues gourmandes, baladeuses. Elles adoraient se perdre sur les rondeurs de sa poitrine dont je sentais les pointes se dresser sous mes doigts, tandis que sa respiration m’offrait de petites saccades. Les siennes glissaient sur mes hanches, instillant en moi de délicieux frissons. Elles terminaient leur course en se glissant sous l’étoffe de ma culotte, le temps de caresser mes fesses, les réchauffer avant de repartir à l’assaut de mon dos.
Laquelle de nous deux a craqué la première ? Je crois que c’est elle, lorsqu’elle est venue souffler son air chaud à travers les bonnets de mon soutien gorge. Le téton ainsi sollicité s’est redressé à m’en faire presque mal. D’un ongle habile, elle a fait sauter l’agrafe dans mon dos et mes seins, libérés, lui ont souri joyeusement. Elle les a pris dans sa bouche, léchant, aspirant, mordillant aréoles et tétons bien bandés. Elle m’arrachait de tels soupirs, me donnait un si grand plaisir que je me demandais si ce n’était pas cela, l’orgasme dont j’avais tant entendu parler !
Lorsqu’elle les a quittés, à mon désespoir, sa langue est venue brièvement flatter mon nombril, juste le temps pour elle de faire disparaître ma culotte avant de se perdre dans la forêt vierge toute blonde de mon pubis… Maman m’avait bien prévenue que, la veille de mon mariage, nous irions dans un salon d’esthéticienne pour faire disparaître cette disgracieuse pilosité. Je ne le voulais pas, moi ! J’ai toujours pensé que si Dame Nature nous a donné cet artifice, c’est pour une raison qu’il convenait de respecter… En cet instant, je commençai à comprendre l’intérêt de l’épilation.
Julie-Anne respirait avec bonheur l’air parcourant la fourrure de mon intimité. Elle semblait comme ivre, captive de l’effluve qui en émanait, ne me laissant d’ailleurs pas indifférente moi non plus. Soudain, descendant d’encore un petit cran, elle posa ses lèvres sur ce que j’ai toujours appelé mon petit minou, depuis toute petite avec ma maman. J’ai quasiment fait un bond, le corps immédiatement tétanisé. Ma respiration s’est bloquée, ne se relâchant que lorsque je sentis la langue de la jolie jeune femme parcourir le long sillon avec délicatesse.
Julie-Anne s’installa confortablement entre mes cuisses, les faisant passer au-dessus de ses épaules, mes pieds posés au bas de son dos. Là, elle m’a fait suavement découvrir ce que signifie le mot plaisir ! Je sentais sourdre de moi une liqueur dont elle se régalait, de toute évidence, lapant avec application grandes et petites lèvres, plongeant sa langue jusqu’aux tréfonds de cet antre d’amour encore clos par l’hymen promis à Jean-Robert ! De deux doigts, elle explora mon fourreau d’amour, buttant sur la fine peau :
- Prends-la, Ju, rends-moi femme ! Fais-le, je t’en supplie, achève-moi.
- Je veux bien, mon amour, mais à une condition…
- Dis, dis-là vite…
- Que tu prennes la mienne aussi, après !
Julie-Anne regroupa trois doigts et les présenta au portique de mon temple d’amour, les fit entrer avec douceur, les faisant aller et venir. Une onde de plaisir commença à former comme une boule au bas de mon ventre. Bientôt, elle ajouté son quatrième doigt, insérant sa paume entière dans mon chaud conduit, et toujours cette résistance… Elle mit alors son pouce en opposition aux autres doigts et commença à forcer un peu le passage, faisant pivoter le bouquet de ses doigts. Un petit cri m’échappa tandis que, saisissant son avant-bras de mes deux mains, je le tirai vers mon ventre. Sa main entra en moi en totalité, faisant éclater la boule de plaisir… Mon tout premier orgasme déferla en moi avec une puissance dévastatrice. Je me rendis compte, avant de tourner de l’œil, que je n’avais pas senti se rompre ma barrière virginale. Julie-Anne sortit sa main couverte de sang mêlé à mon élixir d’amour et caressa mon front. C’est le baiser d’amour qu’elle me donna aussitôt qui me fit rouvrir les yeux, un radieux sourire aux lèvres.
- Je suis femme, mon amour… TA femme…
Quelle journée incroyable ! Mon père voulait accélérer mon mariage avec Jean-Robert et l’annonce à Lyon un midi, et voilà que je me retrouvais le soir-même à Paris, amoureuse de sa sœur ! Faisant l’amour avec elle, lui donnant au passage cette virginité que j’avais malgré tout conservée, comme le voulaient la tradition et les parents. Quelle histoire. Moi, amoureuse d’une femme, qui aurait parié un centime sur un tel scénario, un jour seulement avant ?
Mon hymen avait beaucoup saigné. Nous dûmes changer le drap du lit ! Julie-Anne se faisait toute petite, comme apeurée. Le sang que je venais de perdre, sans doute… Elle se sentait coupable de m’avoir violentée, fait du mal.
- Ju, mon amour, Tu m’as fait le plus beau cadeau de toute ma vie ! Tu m’as faite femme en prenant la virginité que je t’offrais ! Il n’y a là ni violence ni regrets à avoir. Je t’aime Julie-Anne, je t’aime à la folie. Et peu importe si j’ai exprimé sur ton drap avec plus de force que d’autres ma joie d’être devenue femme ! Ta femme, pour la vie…
Julie-Anne tremblait un peu malgré les paroles apaisantes et les caresses que je lui prodiguais. Sans doute avait-elle peur, au fond d’elle, impressionnée par ce qu’elle venait de voir. Je me suis allongée contre elle, la serrant doucement dans mes bras, lui murmurant des mots d’amour, lissant ses beaux cheveux, mes doigts glissant sur le velours de ses joues. Bientôt, elle cessa de trembler et nous nous sommes embrassées avec fougue, laissant nos langues partir dans un ballet torride.
J’ai dévoré ses jolis seins bien ronds, couronnés d’une petite aréole brune surmontée d’une belle mûre juteuse à souhait. Je les ai mordillées, léchées, aspirées avidement, arrachant des soupirs ne devant rien aux anges. Lorsque je suis descendue jusqu’à son mont de vénus où se devinait, sous la dentelle de sa petite culotte arachnéenne, un joli cœur noir savamment taillé, la belle tressaillit. À mon tour, je m’installai confortablement entre ses jambes, mes pieds venant battre mes fesses. D’un doigt ferme, j’écartai la fine dentelle pour repaître mes yeux du spectacle de ce joli sexe rose, surmonté d’un merveilleux symbole d’amour.
Une faim de loup amoureux me tenaillait les entrailles ; me baissant, je commençai à souffler délicatement sur le sillon, provoquant en elle les premières vaguelettes de plaisir. Je pouvais voir vibrer, juste au dessus de sa petite perle encapuchonnée, les soies si fines formant la pointe de son joli cœur !
Je laissai mes lèvres, encore sèches alors, parcourir les berges de son ravin d’amour avec la légèreté d’un papillon. Un peu plus haut, je voyais ses hanches ondoyer sous les mouvements que son bassin ne pouvait retenir. Alors, ne me retenant plus, je laissai ma langue partir à l’aventure le long de son orchidée, lapant sa rosée sur ses délicats pétales pour venir terminer sa course sur son pistil, bien rose et turgescent que je suçai et gobai avec volupté jusqu’à ce qu’elle éclate dans un orgasme incandescent.
Ne lui laissant pas le temps de retrouver son souffle, je mis deux doigts dans son antre de plaisir, trouvant aussitôt la résistance de ce symbole qu’elle avait souhaité m’offrir. Je recommençai à lécher tout son minou, en insistant sur sa petite perle si sensible, ajustant les va-et-vient de mes deux doigts au rythme de ses ondulations. Lorsque sa respiration s’accéléra, je fis entrer un troisième doigt dans la danse et, tout en aspirant de toutes mes forces son petit bouton de plaisir jusqu’à sentir l’éruption de son second orgasme.
J’enfonçai alors les doigts, sentant aussitôt la rupture de la juvénile barrière. Ma belle était à son tour devenue femme par la force de mon amour ! Je laissai mes doigts continuer en decrescendo leur sensuelle caresse et remontait lui administrer mon plus amoureux baiser.
- Je t’aime Geneviève, je suis ta femme, moi aussi !
- Pour toujours, ma belle d’amour
- Pour toujours !
Nous nous sommes éveillées au petit jour dans un lit en bataille, assez largement taché de sang, souvenir du présent que nous venions de nous faire mutuellement. Notre amour scellé par le don de nos deux virginités.
- J’ai une question, Julie-Anne : Savais-tu que tu aimais les femmes avant de me séduire ? Moi, tu viens de me le faire découvrir.
- Oh, oui ! depuis toujours !
- Et tu étais restée vierge, c’est dingue !
- Oui. C’est drôle, hein ? Je trouve très bête cette tradition, et pourtant, je m’étais promis de ne donner ma fleur qu’à celle pour laquelle mon cœur battrait vraiment d’amour, le jour venu. Quand tu as été propulsée dans la vie de Jean-Robert, j’ai tout de suite su que ce serait toi.
- Et moi qui ne voyais rien !!! Tu étais coquine, hein ? J’ai compris seulement quand tu m’as déclaré ton amour : les petites caresses innocentes, les baisers un peu proches de ma bouche, tout ça…
- Oui, j’ai eu un mal fou à me retenir de te sauter dessus pendant tout ce temps !
- En attendant, maintenant, il va falloir annoncer ça à nos parents… Pas simple. Ils vont être fous de rage !
- À chaque jour suffit sa peine, ma chérie. Allons dormir. J’ai un cœur gros comme le soleil juste à l’idée que je vais dormir auprès de la femme que j’aime… Tu sais, ça ne m’est jamais arrivé !
- Et moi, tu as idée ?
Nous nous sommes serrées si fort… Si fort… Le sommeil nous a prises ainsi, nues, serrées dans notre élan amoureux.
Au milieu de la nuit, je me suis réveillée avec le cœur qui battait la chamade. Un rêve, dans le genre pas beau. Je m’y vois mariée de force avec un garçon qui a un peu la tête de La Bête dans le film de Cocteau. Bon, Jean Marais était beau garçon, c’est sûr, mais dans ce rôle… Et puis à côté de ma belle d’amour, désolée, il ne fait pas le poids… Je respire difficilement : où, comment me cacher ? Que faire pour échapper à cet infâme destin ? El là, soudain, une éclatante lumière se fait en moi. Merci les fées : maintenant, je sais que vous existez vraiment.
Je me serre avec tendresse contre le dos de ma Julie-Anne chérie, pose une main sur son épaule. Douce caresse, petit mouvement, elle se retourne.
- Tu dors, Ju ?
- Mets ça au passé et tu as tout bon…
- Pardon, mon amour… J’ai juste pensé à une chose…
- Qui ne pouvait pas attendre quelques heures ?
- Si je dis à mon père que j’ai trouvé l’amour de ma vie et que c’est toi, je crois que je sais ce qu’il va faire.
- Et ce serait ?
- Il va avancer le mariage encore plus. Alors, j’ai eu une idée…
- Raconte… après, je dors.
- Dis, Ju, on ne peut pas être mariée deux fois en même temps, hein ?
- Bin non ! C’est la base même du mariage. On peut dormir, maintenant ?
- Alors, si on se mariait, toi et moi… Avant qu’il me force à épouser ton frère ?
- PUTAIN !!!! Mais tu es géniale, mon amour ! Attends.
Julie-Anne a bondi, allumé l’ordinateur, attendu qu’il démarre en maugré ant sur les lenteurs de ces fichues machines, prétendument au service de l’Homme… Elle entra dans le site de la mairie de notre arrondissement et rechercha la rubrique Mariages.
- Voilà ! Tout est là… Mon amour, tu es géniale ! Je t’aime.
Après quelques baisers amoureux, nous avons immédiatement saisi les informations d’état-civil nécessaires pour se marier, ouvert le dossier à la date de ce jour, puis nous avons tenté de nous rendormir… Peine perdue. Le lancement de notre procédure de mariage nous avait mises dans une telle émotion que le reste de la nuit se passa en câlins avec, je dois l’avouer, quelques jolis orgasmes !
- Si tu le peux, il faudrait passer à la mairie pour signer ta partie et déposer les copies de nos papiers d’identité. Je ne le pourrai pas demain, j’irai le lendemain.
- Promis, ma belle, j’irai.
Deux semaines plus tard, Julie-Anne et moi nous rendions chez mes parents, ensemble. Notre objectif : nous déclarer en tant que couple. C’était du lourd, du très très lourd ! Je m’étais habillée avec des vêtements de Julie-Anne, refusant de reporter ne serait-ce qu’une fois ces déguisements de fifille à sa maman que, toute ma jeune vie, j’avais pourtant porté sans rébellion. Arrivée à la maison, nous étions entrées.
Dans le salon, ma mère, arborait un triste sourire. Heureuse de revoir sa fille chérie dans ses murs… Mais terrorisée à l’idée de l’accueil de son inflexible mari. Père avait son hermétique visage de chaque jour, rien de nouveau sous le soleil. Il décida d’ouvrir les hostilités.
- Alors, tu reviens penaude pour négocier une remise de peine ? Et tu choisis pour avocate ta future belle-sœur ! Quelle idée délicieuse…
- Non, Père, je suis venue pour vous présenter à Maman et à toi, la personne que j’aime et avec laquelle j’entends vivre ma vie.
- Et où se trouve ladite personne ?
- À mes côtés en ce moment même…
Julie-Anne me prit la main et la serra de toutes ses forces, sans dire un mot, mais avec dans le regard toute la détermination dont elle était capable. Ma mère accusa le coup, avec une lueur de compréhension. Père, lui, regarda ma voisine avec mépris avant de me foudroyer du regard.
- Ma fille lesbienne ! On aura tout vu… Qu’est-ce que tu m’as encore inventé comme connerie ! Tu auras vraiment tout tenté pour échapper à ce qui, que tu le veuilles ou non, sera ton destin !
- Non ! C’est toi qui inventes tout un tas d’histoires auxquelles tu ne crois même pas. Tu ne tromperais pas maman comme tu le fais de manière éhontée si tu y croyais. J’aime Julie-Anne, elle m’aime, elle est la femme de ma vie et c’est auprès d’elle que je vais vivre. Tu n’y pourras rien.
- Oh, que si ! Je vais te dresser, petit pécore. Et tu vas comprendre ce qu’il en coûte de s’opposer à la juste raison.
Se tournant vers Julie-Anne :
- Mademoiselle, je vous invite à quitter mon logis immédiatement
- Il ne saurait en être question. Je me retrouverais aussitôt en situation de non assistance à personne en danger ! Qu’est-ce qui vous dérange, dans le fait que j’aime votre fille et qu’elle me rende cet amour ? Est-ce un crime, d’aimer ? Oh, bien sûr, vous devez ignorer le sens de ce mot, aimer…
Julie-Anne me tendit sa main et nous nous sommes dirigées vers la porte de sortie. Mon père, hurlait et me retenait, tentant de m’empêcher de sortir de la maison. Lorsque ma chérie ouvrit en grand la porte d’entrée, Père vit la douzaine de policiers qui attendaient patiemment devant la maison. Cela sembla le calmer. L’un d’eux s’avança vers moi.
- Souhaitez-vous notre assistance, mademoiselle ?
Je jetai un regard plein de reconnaissance à Jean-Robert. Il avait merveilleusement assuré, en prévenant la police d’un risque de cette nature !
- Non, messieurs, mais votre venue s’est certainement révélée déterminante dans ma liberté de sortir librement de cette maison…
- Monsieur Rouvre de la Chesnaie, je vous rappelle que toute tentative d’entraver la liberté de mouvement de votre enfant majeure s’apparente à une séquestration… ce qui ne fait pas vraiment partie de vos prérogatives parentales. J’ai bien le plaisir de vous saluer.
Il fit un geste, toute la petite troupe se replia vers les voitures bleu marine. Julie-Anne et moi reprîmes la route vers Paris aussitôt. Nous étions heureuses de ne pas être entrées dans un conflit plus avancé, et, surtout, de ne pas avoir parlé de notre procédure de mariage ! Tout espoir demeurait intact. Tandis que Julie-Anne conduisait, j’envoyai un message de remerciements à mon "fiancé"… Lui disant toute ma tendresse.
Arrivées à notre petit nid d’amour, il était déjà bien tard, Ju avait sommeil, moi aussi. Nous avons seulement pris une douche pour nous laver de tous ces miasmes, de cette haine paternelle… Alors, sous la douce chaleur du jet, toutes deux enlacées, nous nous sommes embrassées et caressées jusqu’à jouir tout en douceur. Humides, à peine séchées, nous nous sommes allongées sur notre lit et avons sombré, enlacées, dans un sommeil d’une insondable profondeur.
Le mariage eut lieu le mois suivant, un beau samedi après-midi bien ensoleillé. Julie-Anne avait invité son frère, seul représentant de sa famille. De la mienne, j’étais la seule ! Nous avons échangé nos anneaux, deux alliances en or blanc gravées de nos deux prénoms et de la date de ce jour, à l’intérieur, nous nous sommes embrassées, pleines d’un bonheur qui refluait par nos yeux embués. Jean-Robert est venu nous féliciter, nous embrasser et, pour la toute première fois, je lui donnai mes lèvres, baiser chaste mais intime.
Nous n’avions prévu aucune fête, un repas était simplement organisé à la maison, avec Jean-Robert. C’est lui qui serait chargé de rapporter l’événement à ses parents et aux miens.
Au cours de ce repas, nous avons expliqué que Julie-Anne allait continuer ses études tandis que je travaillerais ; j’avais déjà pris à cet effet des engagements pour divers petits boulots. Lorsqu’elle en aurait fini, diplôme en poche, je reprendrais les miennes. Je disposais donc de temps pour concrétiser un autre projet… changer mes parents et ceux de Julie-Anne en grands-parents ! Je regardai Jean-Robert :
- Dis, Jean-Robert, mon père voulait à tout prix me jeter dans ton lit… Accepterais-tu de venir dans le nôtre pour nous y aider ? Cet enfant serait un peu du sang de Ju, puisque tu es son frère…
Le jeune homme resta sans réponse, un peu interloqué. Nous avons donc changé de sujet.
Le soir, au moment d’aller au lit, Jean-Robert, le rouge aux joue nous regarda et nous donna enfin sa réponse.
- C’est une chose très difficile que vous me demandez… Je suis bien convaincu que votre enfant naîtra dans l’amour et ne manquera de rien. C’est pour moi que le souci se pose : serai-je capable d’être oncle, me sachant père, en fait ? Comment vivrai-je la chose ? C’est un peu comme un déchirement, dans mon esprit. Mais quoi qu’il en soit, parce que je veux le bonheur de ma sœurette et le tien, Geneviève, même si tu n’es pas ma femme, tu resteras une belle-sœur que j’aime infiniment ! Alors, je veux bien accéder à votre demande. J’y mets une condition.
- Laquelle, dis ! C’est acquis d’avance…
- Je veux que cet enfant soit conçu dans l’amour… Alors Julie-Anne, je vais te demander une parenthèse amoureuse dans ta vie : le temps d’un gros câlin, je vais aimer Geneviève, d’amour vrai… Je le lui dirai… Après, je partirai très vite. Mais je ne peux pas imaginer faire cela avec toi dans le lit, tenant la main de celle à qui je serai en train de faire l’amour… J’aurais trop l’impression de le faire avec ma propre sœur ! Tu me comprends ?
- Oui, tu as tout à fait raison, c’est très beau, ce que tu dis. Même si le scénario que tu évoques est précisément celui que j’imaginais, moi, toute petite souris, tenant la main de ma chérie, bien cachée sous les draps…
- Est-ce que je pourrais donner mon avis, moi ? Je suis tout de même un peu concernée, non ? Dis, Jean-Robert, si Ju était assise sur une chaise à côté de notre lit, habillée, derrière un rideau et me tenait la main, est-ce que ce serait acceptable, dans ton esprit ?
Un fou-rire fusa lorsque, dans une parfaite synchronisation, Julie-Anne et son frère ont conclu ma tirade par un :
- Ce que femme veut, Dieu le veut !
Ce soir, je me suis allongée, nue, sur notre lit. Derrière un rideau de fortune installé à la hâte, Julie-Anne s’est assise, silencieusement. Jean-Robert s’est approché du lit, me regardant avec dans le regard une interrogation qui signifiait : es-tu bien sûre ? Mes mimiques affirmatives le convainquirent de se dévêtir.
- Geneviève, tu es indiciblement belle… Déjà, quand je te vois en général, je te trouve la femme la plus attirante qu’il m’ait été donné de rencontrer. Mais là, nue devant moi… Tu es la beauté faite femme… Je mesure ma chance qu’une telle femme s’offre à moi ! et je voudrais te faire sentir l’immensité de la fierté que je ressens à l’idée de ce que je vais faire… contribuer à la réalisation de votre projet d’un enfant d’amour, dans un bonheur total. Dans les instants qui vont suivre, je vais t’aimer, Geneviève, sincèrement, totalement, je serai à toi et tu seras mienne, c’est ainsi qu’un enfant de l’amour peut seulement être conçu…
- Jean-Robert, dans les instants qui vont suivre, je vais t’aimer, intensément, totalement, je serai à toi et tu seras mien… Je te désire, j’ai envie de toi, viens me faire l’amour.
- Puis-je me permettre de t’embrasser ?
- Embrasse-moi, caresse-moi, prépare-moi, prends-moi, viens en moi et fais-moi un enfant, le moment y est propice, je le sens au plus profond de moi… Le sens-tu ?
- Oh, oui, je le sens au fond de mon âme et de mon corps. Je vais me donner à toi.
Mon amant d’un instant s’allongea sur moi, m’embrassa avec une suavité que je n’avais jamais ressentie dans les baisers de ma chérie qui, derrière le rideau, serrait ma main avec amour.
Il me caressa le visage avec une incroyable douceur pleine de toute sa sensualité. Il lécha mes seins, aspirant les tétons provoquant en moi des spasmes d’impatience. Même Julie-Anne n’avait jamais provoqué une réaction de ce niveau. Il ouvrit mon petit abricot d’une langue ferme et dominatrice, se faisant soudainement toute douce, apprivoisée, toute à mon écoute.
Il lapa le miel d’amour qu’il voyait sourdre de ma source de bonheur. Enfin, il revint poser ses lèvres sur les miennes, d’imperceptibles murmures ne parvenant qu’à mes seules oreilles. Je t’aime, je t’aime, je t’aime…
Je le sentis entrer en moi comme la brise écarte un léger voilage, ses yeux rivés dans les miens, recherchant mon moindre signal, allant à sa rencontre, m’attendant, me poussant au besoin. À son murmure "maintenant", je fus prise d’une soudaine contraction de tous mes muscles et, haletante, je l’enserrai entre mes jambes crochetées derrière ses cuisses ainsi que de mon bras libre en criant :
- Mon amour ! Je t’aime.
Derrière le rideau, la main me serra encore plus fort en même temps que j’entendais Jean-Robert me dire les mêmes mots… Mes lèvres s’étaient collées aux siennes dans un baiser animal, d’une fougue que je n’avais jamais connue. Il voulut se dégager, je l’en empêchai, le serrant de plus belle.
- Reste, dis, passe cette nuit avec moi…
- Non ! Non, ma belle… C’est ta nuit de noces, ne l’oublie pas… C’est avec ton amour, avec ta femme chérie que tu dois la passer, pour que toutes deux, vous présidiez à la mise en place de ce petit être qui, dans peu de temps, va prendre vie au fond de toi… C’est l’ordre des choses.
- Tu dois avoir raison… J’aurais pourtant aimé…
- C’est l’émotion, Geneviève, je sens la même en moi.
- Tu sais, peut-être voudrons nous un second enfant…
- Peut-être… Mais peut-être Julie-Anne voudra-t-elle enfanter aussi ! Laisse le temps passer, jolie amante d’un soir. Dis-toi que si ton père avait réussi à nous marier, toi et moi, il est certain que nous n’aurions jamais eu cette nuit de noces. Garde-la comme un souvenir précieux, aussi précieux qu’il l’est pour moi.
Tout en parlant, il s’était revêtu. Contournant le rideau, il avait embrassé sa sœur. J’ai su après qu’ils l’avaient fait comme des amants, se donnant leur langue mutuellement avec une certaine stupeur. Un geste involontaire ? Sans doute au début. Ils l’avaient continué par plaisir, peut-être aussi un remerciement inconscient de la sœur au géniteur de l’enfant qu’elle n’aurait jamais pu concevoir seule, ainsi que pour les paroles qu’il avait su prononcer pour remettre Geneviève sur les rails de son amour au lieu de s’en laisser distraire par cette aventure d’une courte soirée. Puis il était parti, le cœur à la fois lourd et heureux, annoncer à ses parents et ex futurs beaux-parents la grande nouvelle de ce mariage et de cette future maternité…
FIN
S’il y a bien une chose qui soit certaine dans mon esprit, c’est que la bonne fée appelée à se pencher sur mon berceau le jour de ma naissance a été retenue par un contrôle de police des frontières, ou par les douanes, peut-être… Ou alors, c’est une crevaison perfide sur l’autoroute ? Bref, elle n’est pas venue. Ou alors bien trop tard.
D’ailleurs, à mon âge, j’en suis arrivée à me demander si cette bonne fée, tout comme ses consœurs, existe vraiment. J’avoue avoir un sérieux doute… M’aurait-on menti ?
Je m’appelle Geneviève, j’ai vingt-deux ans, et je suis née dans ce qu’il est convenu d’appeler une bonne famille. Mon père, Pierre-Richard Rouvre de la Chesnaie est un pur aristocrate de la région lyonnaise, ayant épousé maman, Chantal-Henriette Clainchant de la Garde, une autre émanation de l’aristocratie provinciale.
Très logiquement, lors de ma naissance, toutes les bonnes fées ont été appelées à la rescousse… C’est du moins ce que ma mère m’a toujours affirmé, sans, il est vrai, m’en donner la moindre preuve.
Bien. Je vais arrêter-là le scénario de la nunuche qui croit aux fées… L’idée était tout de même de donner à qui lira, peut-être, un jour, cette confession, un panorama crédible sur ce que fut ma jeunesse, ainsi que de l’ambiance dans laquelle je vins au monde !
Que dire de mon enfance, si ce n’est qu’elle fut dorée ? De manière indécente, je l’admets. Rien n’a jamais été trop beau pour moi. Ma mère craquait sur tout ce qui semblait me faire plaisir, mais, surtout, je m’en suis rendu compte plus tard, sur ce qui lui redonnait du rêve : sa vie en manquait tellement…
Adolescente, J’ai été vêtue comme il se devait. Jupes plissées bleu marine, chemisiers blanc, ballerines noires et petites socquettes blanches… Une recherche folle ! Là où mes copines avaient droit à des pantalons de cuir noir, rouge ou autre couleur, des débardeurs coquins, et même, plus tard, des minijupes qu’elles appelaient déjà des "ralates"… Et non, pour moi, c’était imperturbablement les classiques, hiver comme été, rien ne pouvait y déroger.
Les choses se sont envenimées sensiblement quand j’ai demandé à mes parents à pouvoir participer aux anniversaires des mes copines de collège. Que n’avais-je pas évoqué ! Interdiction formelle. Et là, c’est mon triste crétin de père qui était intervenu en personne.
Il me semble qu’à ce point, je vous dois une explication : Oui, j’ai bien dit mon triste crétin de père. J’ai dit au début de cette histoire qu’il se prénommait Pierre-Richard. Ses amis lui ont logiquement donné le surnom anglicisé de Prick… Et il en est très fier. Il se rengorge chaque fois que, dans l’assistance, il s’entend appeler par ce sonore: Hé, Prick !
Dans mes échanges avec mes correspondantes anglo-saxonnes, j’ai rapidement compris, à leur fou-rire, la rougeur qui leur venait aux joues, le sens de ce mot (bite en anglais…)… J’ai en même temps relégué mon père dans la catégorie des tristes crétins… D’autant que c’est à ce moment-là que me sont apparues les premières évidences de son infidélité à ma maman, laquelle ne voyait rien. Ou faisait comme si...
Bref, mon père était intervenu dès ma classe de quatrième, pour me faire savoir qu’il n’était absolument pas de mise que je m’imagine séduire un garçon un jour, voire pire, de l’épouser. Un mari, né en même temps que moi m’attendait bien au chaud et, le moment venu, j’allais l’épouser, tout simplement ! Le bonheur allait entrer dans ma vie par la grande porte, je n’avais aucun souci à me faire.
MAIS….. en attendant, j’étais invitée à "faire des gammes" ! Draguer de jolis gars, les amener à l’épuisette, et les jeter sans y toucher, et, surtout, sans qu’ils me touchassent
Traduit en français un peu plus rude, vous voudrez bien me le pardonner, je devais apprendre à devenir une salope sans jamais l’être … en attendant le moment d’exercer ce pouvoir…
Que vous dire de ce que j’ai ressenti le jour où j’ai compris qu’un mari m’attendait quelque part… le puis-je ? Non. La révolte que j’ai ressentie n’apporterait rien si je la décrivais ici. Le dégoût, surtout.
Oui, du dégoût… Car ma mère m’avait toujours laissé croire à l’amour. Elle m’affirmait aimer mon père, qui l’aimait en retour. Jamais elle ne m’avait dit avoir été mariée à un homme qui était un parfait inconnu la veille encore… Qu’il lui avait bien fallu l’aimer, contre vents et marées, ou faire tout comme. Ce jour j’ai bien failli lui jeter au visage les infidélités de son fameux époux si propre, si fidèle… J’ai béni par la suite la sagesse qui m’a dicté de n’en rien faire…
Lorsque j’étais en terminale, j’aimais très profondément ma mère, il me semble que c’est un peu normal, tout de même ! Et jusqu’à la fin de mes jours, je resterai convaincue qu’elle m’aimait. C’est sans doute le plus important, pour moi. Petit à petit, au cours de mon adolescence, je me suis détachée de mon père qui n’avait jamais eu le moindre geste, la plus humble parole de tendresse envers moi. Je le considérais comme un parfait salopard, malhonnête, infidèle et, surtout, totalement dépourvu d’empathie. Je ne parle pas d’amour : je ne pense pas qu’il connaisse le sens de ce mot.
J’avais des relations amicales avec des élèves de ma classe, mais, comme depuis toujours, je savais l’inutilité de développer des sentiments avec eux puisque mon avenir était tout tracé… Je n’avais pas idée à quel point.
Un jour, mes parents ayant décidé que ces relations commençaient à devenir trop débordantes, m’ont conviée à une séance d’explication, disons même de préparation : J’allais en savoir plus sur le mari qui, dans une serre tropicale sans doute afin qu’il soit plus beau, grandissait pour mon seul profit. Il était le fils d’un couple d’amis de la même extraction que mes parents, même fortune aussi… Il était beau, parait-il…
- Il était mince, il était beau, il sentait bon le sable chaud…
J’ai pris la première gifle de ma vie en proférant ce vers de Gainsbourg. Et là, mon père m’a clairement dit, menaçant, que je n’avais pas mon mot à dire ! Les choses étaient ainsi, dans la vie, et ce n’était pas une petite pécore de mon acabit qui allait faire changer le monde…
De triste crétin, il m'est ce jour-là devenu tout à fait étranger. Je pense que s’il restait en moi une bribe, un atome d’amour pour cet homme, c’est à cet instant précis qu’il m’a quitté. Sans doute l’a-t-il ressenti car il a lu dans mes yeux un tel mépris qu’il en a eu un début de larme. Vite réprimé. Nous ne sous sommes plus parlé que pour l’indispensable.
Cela ne m’a pas manqué, jusqu’à sa mort où l’étendue du gâchis qui ‘il avait orchestré, qui lui avait été inculqué m’est apparue. C’est souvent trop tard qu’on se rend compte de la manière dont on aurait dû, pu, aimer son prochain…
Après mon bac, j’ai été convié par mes chers parents à une fête indécente et sans objet. Indécente au vu des moyens mis en œuvre : un buffet de foie gras, de caviar, de brut d’escargot petit gris, vous savez, ces œufs d’escargots recueillis dans la terre, nettoyés et conditionnés comme le caviar, mais tellement plus chers ! Il y avait du saumon fumé, des canapés de charcuterie, sucrés, petits-fours… sans compter le champagne coulant à flots, auquel, pour la première fois de mon existence, j’étais invitée à goûter. N’ayant jamais ingurgité aucune boisson alcoolisée, j’ai introduit dans ma bouche un index trempé dans une flûte et, trouvant cela plutôt décevant, j’étais retournée vers mes jus de fruits bien gouleyants.
Au beau milieu de la soirée, mon père a tapé de son couteau sur un verre en cristal, (qu’il a d’ailleurs brisé…) pour annoncer :
- Mes chers amis ! C’est aujourd’hui un très grand jour car non seulement notre merveilleuse Geneviève célèbre son bac, mais nous allons vous dévoiler ici qui va devenir son époux pour la vie…
Dans une salve d’applaudissements, une porte s’ouvrit au fond du salon, et je vis entrer, propulsé brutalement par sans doute une demie douzaine de bras amis, Jean-Robert, un garçon que j’avais rencontré plusieurs fois, qui m’avait toujours paru mignon, joli mec même, à ce point que je m’étais donné pour objectif de le séduire, un de ces jours !
- Jean-Robert est le fils de mon ami et collègue, associé dans le crime, Louis-Ernest de Fabreuse. C’est un magnifique parti, je vous demande de lui faire le meilleur accueil !
Un nouveau tsunami d’applaudissement termina de me détacher de ce garçon que, pourtant, j’avais trouvé initialement tout à fait à mon goût ! Aussi, lorsque des bras amis, eux aussi, me propulsèrent dans ses bras, c’est une tête de dégoût que j’arborais.
À mon immense surprise, Jean-Robert affichait la même mine. Profitant des remous je chuchotais à son oreille :
- Ça te plaît, ça ?
- Pitié, non…
- On fout le camp ?
- J’hésite…
- Pourquoi ? Faut se grouiller…
- Ils vont tous croire qu’on part pour…heu… enfin, tu vois ce que je veux dire
- T’occupe, on doit être vierge au mariage, toi et moi. Ils ne vont jamais croire ça !
Et on s’est éclipsé ! avant que je sorte de ma maison et qu’il retourne à la sienne, nous avons parlé une minute ou deux. Nous avions tous les deux de l’estime pour l’autre, mais pas d’attirance. Les choses étaient claires. Pour la première fois de ma vie, j’ai embrassé un garçon avec une totale sincérité. Sur les deux joues !
J’ai dormi dans la grange, dans le fenil pour être précise, jamais mes parents n’auraient eu l’idée de venir me chercher là ! Houla-là, ce que j’ai pris le lendemain matin… J’avais déshonoré ma famille entière ! Mon père était violacé de colère, prêt à exploser. Ne lui laissant pas le temps de s’exprimer, je me suis avancée. Rembarrée, le visage fermé, après avoir reçu les deux admonestations parentales j’ai crié ma propre colère :
- Je n’aime pas Jean-Robert et il ne m’aime pas. Nous n’avons aucune attirance l’un pour l’autre. Au nom de quoi devrions-nous être imposés l’un à l’autre ? Au nom de quoi des gens qui prétendent m’aimer, vous, mes parents, pourraient-ils me priver de cette élémentaire liberté de choisir l’amour de ma vie ? Jamais, vous m’entendez ? Jamais…
Mon père s’est approché de moi et m’a administré deux gifles qui résonnent encore dans mon âme comme la totale négation de tout amour entre cet homme et moi. Je me souviens seulement d’avoir retenu mes larmes et de lui avoir dit, les yeux plantés droits dans le siens :
- Je te déteste, pour toujours.
Je crois, aujourd’hui, que c’est la parole que je regrette le plus de toute ma vie, depuis que l'amour en a pris le contrôle.
Les choses avaient été préparées de si longue date… Jean-Robert était un garçon si charmant, nous avons fini par nous rencontrer, tout de même. Nos moments d’intimité, je vous rassure, se limitaient principalement à marcher dans le jardin des plantes, voir une exposition, parfois même boire un verre dans un café. Mais le plus souvent, nous nous retrouvions chez lui, chez ses parents, donc. Et là, nous préparions une tisane de thym ou de romarin, et nous refaisions le monde…
Jusqu’au jour où Julie-Anne, sa sœur ainée est rentrée sans crier gare… Nous nous sommes regardées, ennemies potentielles, jusqu’à ce qu’elle dise calmement, sans aucune agressivité :
- Bah ! T’as l’air d’une nana plutôt bien, pour une meuf choisie par les vieux… Si tu veux bien, on peut être copines.
Nous avons ri ! Mais ri ! Cela nous a fait un bien fou. Julie-Anne est venue s’asseoir sur notre tapis et nous avons encore refait le monde pendant quelques heures. Oui, je voulais bien qu’on soit copines, ensemble avec Jean-Robert pour qui j’avais sincèrement une grande tendresse… mais sans amour. L’ennui est que, quand j’ai voulu repartir pour rentrer chez mes parents, elle a retenu ma main…
- Reste, s’il te plaît…
Je n’avais aucun argument à opposer à cette demande : je suis restée. Nous avons parlé encore avant que je m’endorme sur le tapis. Au matin, j’ai trouvé un gros édredon douillet sur moi. J’en ai été émue. Julie-Anne avait anticipé la rude froideur des nuits de l’été.
Et nous sommes restés ainsi à nous revoir, tous les trois, pendant tout l’été, l’automne… Trop heureux que je passe du temps chez Jean-Robert, mes parents n’ont rien trouvé à redire pour mes quelques découchage dans le salon des parents de Jean-Robert. Ils ont probablement conçu dans leur idée, que notre relation avançait dans le bon sens, le leur… C’est sans doute ce qui leur a donné cette idée grotesque d’avancer notre mariage !
Là, j’avoue que nous sommes tous tombés des nues Jean-Robert, Julie-Anne et moi ! Lors d’un déjeuner, mon père, et en même temps, chez lui, le père de Jean-Robert, nous a annoncé que notre mariage aurait lieu au printemps… Nous venions de célébrer Noël ! Je quittai la table et me retirai dans ma chambre.
Le monde venait de s’écrouler devant moi. Je n’avais plus aucune volonté, à part, peut-être, celle de mourir. Je ne riais plus, ne mangeais plus et restais allongée sur mon lit. Dans l’après midi, pourtant, Julie-Anne est venue me voir. Sans me dire un mot, elle m’a prise dans ses bras, m’a fait me lever et m’a tirée par le bras. En mode robot, je l’ai suivie.
Marche à pied, un bus, un train, je ne me suis pas posé la question de ce qui se passait, ce que je faisais, où nous allions. Nous sommes arrivées chez elle, dans son studio, à Paris, près de là où elle travaillait comme vendeuse pour payer ses études. Hé oui, fâchée elle aussi avec son père, elle avait renoncé à sa fortune pour se débrouiller toute seule ! Elle n’était tolérée chez ses parents que parce que sa mère l’avait imposé à son époux, sinon, elle aurait été tout simplement mise dehors, oubliée comme un mauvais souvenir.
Elle m’a offert une tasse d’infusion de tilleul : c’est doux, surtout avec un peu de miel ! Là, je me suis dégelée un peu.
- Pourquoi m’as-tu amenée ici ?
- Parce que je t’aime. Des imbéciles veulent te marier à un homme que tu n’aimes pas, c’est idiot, je n’ai pas voulu te perdre, c’est tout !
- Mais… Moi aussi, je t’aime, je…
- Non, tu ne m’as pas comprise : je t’aime…
Là, j’ai atterri, l’ai regardée, les yeux tout ronds, le souffle court. Dans ma tête se sont télescopées toutes ces images de petites choses que je pensais fortuites, des effleurements de main, des baisers de bienvenue ou d’au revoir qui tombaient accidentellement trop près de mes lèvres… Un sein frôlé en m’aidant à passer mon manteau… Alors, tout cela n’était pas si accidentel que ça, était voulu, n’était que la partie émergée d’un immense iceberg nommé amour. Je me suis levée et l’ai prise dans mes bras, ne sachant pas que lui dire.
- Geneviève, je ne te demande pas de m’aimer ! Je t’ai juste dit que moi, je t’aime, et ça, c’est du solide. Mais tu ne me dois rien. Je veux juste empêcher cette ânerie de mariage, c’est pour ça que je te fais cet aveu.
- Julie-Anne… C’est tellement… inattendu ! Jamais je ne me suis posé la question de savoir si j’aimerais une femme à la place d’un homme ! Ce dont je suis sûre, c’est que Jean-Robert est un homme pour qui j’ai une très grande estime, une immense tendresse. Je crois même que sans ce projet de nous marier, j’aurais tenté de le séduire. Cela fait plusieurs années que je me suis proposé de tenter cette aventure. Et puis voilà, le fait qu’on veuille nous imposer l’un à l’autre, cela nous a définitivement coupés de toute possibilité d’amour entre nous. Je ne l’aime pas… Pas dans ce sens là.
- Je l’ai bien senti, Geneviève. C’est d’ailleurs cette tension entre vous qui m’a attirée vers toi. Tu es si belle, si douce, j’ai eu envie de t’aimer tout de suite, dès que je t’ai vue. Et je n’ai pas résisté à cet appel. Voilà, mon cœur t’appartient !
Je l’ai embrassée, très doucement, sur ses joues au toucher de velours. Mes lèvres ont glissé vers son cou pour un autre baiser qui lui a donné un violent frisson. C’est elle qui a redressé mon visage et m’a longuement regardée, droit dans les yeux, sans mot dire, avant de m’embrasser sur les lèvres.
Son frisson m’a gagnée, nous nous sommes serrées un peu plus fort. Bientôt nos lèvres se son entrouvertes, un peu d’humidité est apparue tout autour, déposée là par une petite pointe de langue très agile, discrète…
Nous n’avons pas bougé d’un iota : même nos pieds ne ses sont pas déplacés d’un millimètre ! Nous étions arrivées dans le studio à dix-sept heures, c’est un peu après vingt-deux heures que ce baiser a pris fin. Entre temps, l’amour avait fait son nid dans nos deux cœurs !
Julie-Anne m’a prise par la main et m’a entraînée vers son lit sur lequel elle m’a mollement poussée. Elle a ôté mes ballerines, ma sempiternelle jupe plissée, mon corsage de coton blanc. Je me suis retrouvée en culotte et soutien gorge sur son lit. Elle a précipitamment retiré son jean et son t-shirt sous lequel ses seins étaient nus, de très jolis petits seins, pas si petits que ça, d’ailleurs, même s’ils étaient plus menus que les miens. Puis elle s’est allongée contre moi et nous avons repris notre baiser là où nous l’avions arrêté.
Mes mains étaient devenues gourmandes, baladeuses. Elles adoraient se perdre sur les rondeurs de sa poitrine dont je sentais les pointes se dresser sous mes doigts, tandis que sa respiration m’offrait de petites saccades. Les siennes glissaient sur mes hanches, instillant en moi de délicieux frissons. Elles terminaient leur course en se glissant sous l’étoffe de ma culotte, le temps de caresser mes fesses, les réchauffer avant de repartir à l’assaut de mon dos.
Laquelle de nous deux a craqué la première ? Je crois que c’est elle, lorsqu’elle est venue souffler son air chaud à travers les bonnets de mon soutien gorge. Le téton ainsi sollicité s’est redressé à m’en faire presque mal. D’un ongle habile, elle a fait sauter l’agrafe dans mon dos et mes seins, libérés, lui ont souri joyeusement. Elle les a pris dans sa bouche, léchant, aspirant, mordillant aréoles et tétons bien bandés. Elle m’arrachait de tels soupirs, me donnait un si grand plaisir que je me demandais si ce n’était pas cela, l’orgasme dont j’avais tant entendu parler !
Lorsqu’elle les a quittés, à mon désespoir, sa langue est venue brièvement flatter mon nombril, juste le temps pour elle de faire disparaître ma culotte avant de se perdre dans la forêt vierge toute blonde de mon pubis… Maman m’avait bien prévenue que, la veille de mon mariage, nous irions dans un salon d’esthéticienne pour faire disparaître cette disgracieuse pilosité. Je ne le voulais pas, moi ! J’ai toujours pensé que si Dame Nature nous a donné cet artifice, c’est pour une raison qu’il convenait de respecter… En cet instant, je commençai à comprendre l’intérêt de l’épilation.
Julie-Anne respirait avec bonheur l’air parcourant la fourrure de mon intimité. Elle semblait comme ivre, captive de l’effluve qui en émanait, ne me laissant d’ailleurs pas indifférente moi non plus. Soudain, descendant d’encore un petit cran, elle posa ses lèvres sur ce que j’ai toujours appelé mon petit minou, depuis toute petite avec ma maman. J’ai quasiment fait un bond, le corps immédiatement tétanisé. Ma respiration s’est bloquée, ne se relâchant que lorsque je sentis la langue de la jolie jeune femme parcourir le long sillon avec délicatesse.
Julie-Anne s’installa confortablement entre mes cuisses, les faisant passer au-dessus de ses épaules, mes pieds posés au bas de son dos. Là, elle m’a fait suavement découvrir ce que signifie le mot plaisir ! Je sentais sourdre de moi une liqueur dont elle se régalait, de toute évidence, lapant avec application grandes et petites lèvres, plongeant sa langue jusqu’aux tréfonds de cet antre d’amour encore clos par l’hymen promis à Jean-Robert ! De deux doigts, elle explora mon fourreau d’amour, buttant sur la fine peau :
- Prends-la, Ju, rends-moi femme ! Fais-le, je t’en supplie, achève-moi.
- Je veux bien, mon amour, mais à une condition…
- Dis, dis-là vite…
- Que tu prennes la mienne aussi, après !
Julie-Anne regroupa trois doigts et les présenta au portique de mon temple d’amour, les fit entrer avec douceur, les faisant aller et venir. Une onde de plaisir commença à former comme une boule au bas de mon ventre. Bientôt, elle ajouté son quatrième doigt, insérant sa paume entière dans mon chaud conduit, et toujours cette résistance… Elle mit alors son pouce en opposition aux autres doigts et commença à forcer un peu le passage, faisant pivoter le bouquet de ses doigts. Un petit cri m’échappa tandis que, saisissant son avant-bras de mes deux mains, je le tirai vers mon ventre. Sa main entra en moi en totalité, faisant éclater la boule de plaisir… Mon tout premier orgasme déferla en moi avec une puissance dévastatrice. Je me rendis compte, avant de tourner de l’œil, que je n’avais pas senti se rompre ma barrière virginale. Julie-Anne sortit sa main couverte de sang mêlé à mon élixir d’amour et caressa mon front. C’est le baiser d’amour qu’elle me donna aussitôt qui me fit rouvrir les yeux, un radieux sourire aux lèvres.
- Je suis femme, mon amour… TA femme…
Quelle journée incroyable ! Mon père voulait accélérer mon mariage avec Jean-Robert et l’annonce à Lyon un midi, et voilà que je me retrouvais le soir-même à Paris, amoureuse de sa sœur ! Faisant l’amour avec elle, lui donnant au passage cette virginité que j’avais malgré tout conservée, comme le voulaient la tradition et les parents. Quelle histoire. Moi, amoureuse d’une femme, qui aurait parié un centime sur un tel scénario, un jour seulement avant ?
Mon hymen avait beaucoup saigné. Nous dûmes changer le drap du lit ! Julie-Anne se faisait toute petite, comme apeurée. Le sang que je venais de perdre, sans doute… Elle se sentait coupable de m’avoir violentée, fait du mal.
- Ju, mon amour, Tu m’as fait le plus beau cadeau de toute ma vie ! Tu m’as faite femme en prenant la virginité que je t’offrais ! Il n’y a là ni violence ni regrets à avoir. Je t’aime Julie-Anne, je t’aime à la folie. Et peu importe si j’ai exprimé sur ton drap avec plus de force que d’autres ma joie d’être devenue femme ! Ta femme, pour la vie…
Julie-Anne tremblait un peu malgré les paroles apaisantes et les caresses que je lui prodiguais. Sans doute avait-elle peur, au fond d’elle, impressionnée par ce qu’elle venait de voir. Je me suis allongée contre elle, la serrant doucement dans mes bras, lui murmurant des mots d’amour, lissant ses beaux cheveux, mes doigts glissant sur le velours de ses joues. Bientôt, elle cessa de trembler et nous nous sommes embrassées avec fougue, laissant nos langues partir dans un ballet torride.
J’ai dévoré ses jolis seins bien ronds, couronnés d’une petite aréole brune surmontée d’une belle mûre juteuse à souhait. Je les ai mordillées, léchées, aspirées avidement, arrachant des soupirs ne devant rien aux anges. Lorsque je suis descendue jusqu’à son mont de vénus où se devinait, sous la dentelle de sa petite culotte arachnéenne, un joli cœur noir savamment taillé, la belle tressaillit. À mon tour, je m’installai confortablement entre ses jambes, mes pieds venant battre mes fesses. D’un doigt ferme, j’écartai la fine dentelle pour repaître mes yeux du spectacle de ce joli sexe rose, surmonté d’un merveilleux symbole d’amour.
Une faim de loup amoureux me tenaillait les entrailles ; me baissant, je commençai à souffler délicatement sur le sillon, provoquant en elle les premières vaguelettes de plaisir. Je pouvais voir vibrer, juste au dessus de sa petite perle encapuchonnée, les soies si fines formant la pointe de son joli cœur !
Je laissai mes lèvres, encore sèches alors, parcourir les berges de son ravin d’amour avec la légèreté d’un papillon. Un peu plus haut, je voyais ses hanches ondoyer sous les mouvements que son bassin ne pouvait retenir. Alors, ne me retenant plus, je laissai ma langue partir à l’aventure le long de son orchidée, lapant sa rosée sur ses délicats pétales pour venir terminer sa course sur son pistil, bien rose et turgescent que je suçai et gobai avec volupté jusqu’à ce qu’elle éclate dans un orgasme incandescent.
Ne lui laissant pas le temps de retrouver son souffle, je mis deux doigts dans son antre de plaisir, trouvant aussitôt la résistance de ce symbole qu’elle avait souhaité m’offrir. Je recommençai à lécher tout son minou, en insistant sur sa petite perle si sensible, ajustant les va-et-vient de mes deux doigts au rythme de ses ondulations. Lorsque sa respiration s’accéléra, je fis entrer un troisième doigt dans la danse et, tout en aspirant de toutes mes forces son petit bouton de plaisir jusqu’à sentir l’éruption de son second orgasme.
J’enfonçai alors les doigts, sentant aussitôt la rupture de la juvénile barrière. Ma belle était à son tour devenue femme par la force de mon amour ! Je laissai mes doigts continuer en decrescendo leur sensuelle caresse et remontait lui administrer mon plus amoureux baiser.
- Je t’aime Geneviève, je suis ta femme, moi aussi !
- Pour toujours, ma belle d’amour
- Pour toujours !
Nous nous sommes éveillées au petit jour dans un lit en bataille, assez largement taché de sang, souvenir du présent que nous venions de nous faire mutuellement. Notre amour scellé par le don de nos deux virginités.
- J’ai une question, Julie-Anne : Savais-tu que tu aimais les femmes avant de me séduire ? Moi, tu viens de me le faire découvrir.
- Oh, oui ! depuis toujours !
- Et tu étais restée vierge, c’est dingue !
- Oui. C’est drôle, hein ? Je trouve très bête cette tradition, et pourtant, je m’étais promis de ne donner ma fleur qu’à celle pour laquelle mon cœur battrait vraiment d’amour, le jour venu. Quand tu as été propulsée dans la vie de Jean-Robert, j’ai tout de suite su que ce serait toi.
- Et moi qui ne voyais rien !!! Tu étais coquine, hein ? J’ai compris seulement quand tu m’as déclaré ton amour : les petites caresses innocentes, les baisers un peu proches de ma bouche, tout ça…
- Oui, j’ai eu un mal fou à me retenir de te sauter dessus pendant tout ce temps !
- En attendant, maintenant, il va falloir annoncer ça à nos parents… Pas simple. Ils vont être fous de rage !
- À chaque jour suffit sa peine, ma chérie. Allons dormir. J’ai un cœur gros comme le soleil juste à l’idée que je vais dormir auprès de la femme que j’aime… Tu sais, ça ne m’est jamais arrivé !
- Et moi, tu as idée ?
Nous nous sommes serrées si fort… Si fort… Le sommeil nous a prises ainsi, nues, serrées dans notre élan amoureux.
Au milieu de la nuit, je me suis réveillée avec le cœur qui battait la chamade. Un rêve, dans le genre pas beau. Je m’y vois mariée de force avec un garçon qui a un peu la tête de La Bête dans le film de Cocteau. Bon, Jean Marais était beau garçon, c’est sûr, mais dans ce rôle… Et puis à côté de ma belle d’amour, désolée, il ne fait pas le poids… Je respire difficilement : où, comment me cacher ? Que faire pour échapper à cet infâme destin ? El là, soudain, une éclatante lumière se fait en moi. Merci les fées : maintenant, je sais que vous existez vraiment.
Je me serre avec tendresse contre le dos de ma Julie-Anne chérie, pose une main sur son épaule. Douce caresse, petit mouvement, elle se retourne.
- Tu dors, Ju ?
- Mets ça au passé et tu as tout bon…
- Pardon, mon amour… J’ai juste pensé à une chose…
- Qui ne pouvait pas attendre quelques heures ?
- Si je dis à mon père que j’ai trouvé l’amour de ma vie et que c’est toi, je crois que je sais ce qu’il va faire.
- Et ce serait ?
- Il va avancer le mariage encore plus. Alors, j’ai eu une idée…
- Raconte… après, je dors.
- Dis, Ju, on ne peut pas être mariée deux fois en même temps, hein ?
- Bin non ! C’est la base même du mariage. On peut dormir, maintenant ?
- Alors, si on se mariait, toi et moi… Avant qu’il me force à épouser ton frère ?
- PUTAIN !!!! Mais tu es géniale, mon amour ! Attends.
Julie-Anne a bondi, allumé l’ordinateur, attendu qu’il démarre en maugré ant sur les lenteurs de ces fichues machines, prétendument au service de l’Homme… Elle entra dans le site de la mairie de notre arrondissement et rechercha la rubrique Mariages.
- Voilà ! Tout est là… Mon amour, tu es géniale ! Je t’aime.
Après quelques baisers amoureux, nous avons immédiatement saisi les informations d’état-civil nécessaires pour se marier, ouvert le dossier à la date de ce jour, puis nous avons tenté de nous rendormir… Peine perdue. Le lancement de notre procédure de mariage nous avait mises dans une telle émotion que le reste de la nuit se passa en câlins avec, je dois l’avouer, quelques jolis orgasmes !
- Si tu le peux, il faudrait passer à la mairie pour signer ta partie et déposer les copies de nos papiers d’identité. Je ne le pourrai pas demain, j’irai le lendemain.
- Promis, ma belle, j’irai.
Deux semaines plus tard, Julie-Anne et moi nous rendions chez mes parents, ensemble. Notre objectif : nous déclarer en tant que couple. C’était du lourd, du très très lourd ! Je m’étais habillée avec des vêtements de Julie-Anne, refusant de reporter ne serait-ce qu’une fois ces déguisements de fifille à sa maman que, toute ma jeune vie, j’avais pourtant porté sans rébellion. Arrivée à la maison, nous étions entrées.
Dans le salon, ma mère, arborait un triste sourire. Heureuse de revoir sa fille chérie dans ses murs… Mais terrorisée à l’idée de l’accueil de son inflexible mari. Père avait son hermétique visage de chaque jour, rien de nouveau sous le soleil. Il décida d’ouvrir les hostilités.
- Alors, tu reviens penaude pour négocier une remise de peine ? Et tu choisis pour avocate ta future belle-sœur ! Quelle idée délicieuse…
- Non, Père, je suis venue pour vous présenter à Maman et à toi, la personne que j’aime et avec laquelle j’entends vivre ma vie.
- Et où se trouve ladite personne ?
- À mes côtés en ce moment même…
Julie-Anne me prit la main et la serra de toutes ses forces, sans dire un mot, mais avec dans le regard toute la détermination dont elle était capable. Ma mère accusa le coup, avec une lueur de compréhension. Père, lui, regarda ma voisine avec mépris avant de me foudroyer du regard.
- Ma fille lesbienne ! On aura tout vu… Qu’est-ce que tu m’as encore inventé comme connerie ! Tu auras vraiment tout tenté pour échapper à ce qui, que tu le veuilles ou non, sera ton destin !
- Non ! C’est toi qui inventes tout un tas d’histoires auxquelles tu ne crois même pas. Tu ne tromperais pas maman comme tu le fais de manière éhontée si tu y croyais. J’aime Julie-Anne, elle m’aime, elle est la femme de ma vie et c’est auprès d’elle que je vais vivre. Tu n’y pourras rien.
- Oh, que si ! Je vais te dresser, petit pécore. Et tu vas comprendre ce qu’il en coûte de s’opposer à la juste raison.
Se tournant vers Julie-Anne :
- Mademoiselle, je vous invite à quitter mon logis immédiatement
- Il ne saurait en être question. Je me retrouverais aussitôt en situation de non assistance à personne en danger ! Qu’est-ce qui vous dérange, dans le fait que j’aime votre fille et qu’elle me rende cet amour ? Est-ce un crime, d’aimer ? Oh, bien sûr, vous devez ignorer le sens de ce mot, aimer…
Julie-Anne me tendit sa main et nous nous sommes dirigées vers la porte de sortie. Mon père, hurlait et me retenait, tentant de m’empêcher de sortir de la maison. Lorsque ma chérie ouvrit en grand la porte d’entrée, Père vit la douzaine de policiers qui attendaient patiemment devant la maison. Cela sembla le calmer. L’un d’eux s’avança vers moi.
- Souhaitez-vous notre assistance, mademoiselle ?
Je jetai un regard plein de reconnaissance à Jean-Robert. Il avait merveilleusement assuré, en prévenant la police d’un risque de cette nature !
- Non, messieurs, mais votre venue s’est certainement révélée déterminante dans ma liberté de sortir librement de cette maison…
- Monsieur Rouvre de la Chesnaie, je vous rappelle que toute tentative d’entraver la liberté de mouvement de votre enfant majeure s’apparente à une séquestration… ce qui ne fait pas vraiment partie de vos prérogatives parentales. J’ai bien le plaisir de vous saluer.
Il fit un geste, toute la petite troupe se replia vers les voitures bleu marine. Julie-Anne et moi reprîmes la route vers Paris aussitôt. Nous étions heureuses de ne pas être entrées dans un conflit plus avancé, et, surtout, de ne pas avoir parlé de notre procédure de mariage ! Tout espoir demeurait intact. Tandis que Julie-Anne conduisait, j’envoyai un message de remerciements à mon "fiancé"… Lui disant toute ma tendresse.
Arrivées à notre petit nid d’amour, il était déjà bien tard, Ju avait sommeil, moi aussi. Nous avons seulement pris une douche pour nous laver de tous ces miasmes, de cette haine paternelle… Alors, sous la douce chaleur du jet, toutes deux enlacées, nous nous sommes embrassées et caressées jusqu’à jouir tout en douceur. Humides, à peine séchées, nous nous sommes allongées sur notre lit et avons sombré, enlacées, dans un sommeil d’une insondable profondeur.
Le mariage eut lieu le mois suivant, un beau samedi après-midi bien ensoleillé. Julie-Anne avait invité son frère, seul représentant de sa famille. De la mienne, j’étais la seule ! Nous avons échangé nos anneaux, deux alliances en or blanc gravées de nos deux prénoms et de la date de ce jour, à l’intérieur, nous nous sommes embrassées, pleines d’un bonheur qui refluait par nos yeux embués. Jean-Robert est venu nous féliciter, nous embrasser et, pour la toute première fois, je lui donnai mes lèvres, baiser chaste mais intime.
Nous n’avions prévu aucune fête, un repas était simplement organisé à la maison, avec Jean-Robert. C’est lui qui serait chargé de rapporter l’événement à ses parents et aux miens.
Au cours de ce repas, nous avons expliqué que Julie-Anne allait continuer ses études tandis que je travaillerais ; j’avais déjà pris à cet effet des engagements pour divers petits boulots. Lorsqu’elle en aurait fini, diplôme en poche, je reprendrais les miennes. Je disposais donc de temps pour concrétiser un autre projet… changer mes parents et ceux de Julie-Anne en grands-parents ! Je regardai Jean-Robert :
- Dis, Jean-Robert, mon père voulait à tout prix me jeter dans ton lit… Accepterais-tu de venir dans le nôtre pour nous y aider ? Cet enfant serait un peu du sang de Ju, puisque tu es son frère…
Le jeune homme resta sans réponse, un peu interloqué. Nous avons donc changé de sujet.
Le soir, au moment d’aller au lit, Jean-Robert, le rouge aux joue nous regarda et nous donna enfin sa réponse.
- C’est une chose très difficile que vous me demandez… Je suis bien convaincu que votre enfant naîtra dans l’amour et ne manquera de rien. C’est pour moi que le souci se pose : serai-je capable d’être oncle, me sachant père, en fait ? Comment vivrai-je la chose ? C’est un peu comme un déchirement, dans mon esprit. Mais quoi qu’il en soit, parce que je veux le bonheur de ma sœurette et le tien, Geneviève, même si tu n’es pas ma femme, tu resteras une belle-sœur que j’aime infiniment ! Alors, je veux bien accéder à votre demande. J’y mets une condition.
- Laquelle, dis ! C’est acquis d’avance…
- Je veux que cet enfant soit conçu dans l’amour… Alors Julie-Anne, je vais te demander une parenthèse amoureuse dans ta vie : le temps d’un gros câlin, je vais aimer Geneviève, d’amour vrai… Je le lui dirai… Après, je partirai très vite. Mais je ne peux pas imaginer faire cela avec toi dans le lit, tenant la main de celle à qui je serai en train de faire l’amour… J’aurais trop l’impression de le faire avec ma propre sœur ! Tu me comprends ?
- Oui, tu as tout à fait raison, c’est très beau, ce que tu dis. Même si le scénario que tu évoques est précisément celui que j’imaginais, moi, toute petite souris, tenant la main de ma chérie, bien cachée sous les draps…
- Est-ce que je pourrais donner mon avis, moi ? Je suis tout de même un peu concernée, non ? Dis, Jean-Robert, si Ju était assise sur une chaise à côté de notre lit, habillée, derrière un rideau et me tenait la main, est-ce que ce serait acceptable, dans ton esprit ?
Un fou-rire fusa lorsque, dans une parfaite synchronisation, Julie-Anne et son frère ont conclu ma tirade par un :
- Ce que femme veut, Dieu le veut !
Ce soir, je me suis allongée, nue, sur notre lit. Derrière un rideau de fortune installé à la hâte, Julie-Anne s’est assise, silencieusement. Jean-Robert s’est approché du lit, me regardant avec dans le regard une interrogation qui signifiait : es-tu bien sûre ? Mes mimiques affirmatives le convainquirent de se dévêtir.
- Geneviève, tu es indiciblement belle… Déjà, quand je te vois en général, je te trouve la femme la plus attirante qu’il m’ait été donné de rencontrer. Mais là, nue devant moi… Tu es la beauté faite femme… Je mesure ma chance qu’une telle femme s’offre à moi ! et je voudrais te faire sentir l’immensité de la fierté que je ressens à l’idée de ce que je vais faire… contribuer à la réalisation de votre projet d’un enfant d’amour, dans un bonheur total. Dans les instants qui vont suivre, je vais t’aimer, Geneviève, sincèrement, totalement, je serai à toi et tu seras mienne, c’est ainsi qu’un enfant de l’amour peut seulement être conçu…
- Jean-Robert, dans les instants qui vont suivre, je vais t’aimer, intensément, totalement, je serai à toi et tu seras mien… Je te désire, j’ai envie de toi, viens me faire l’amour.
- Puis-je me permettre de t’embrasser ?
- Embrasse-moi, caresse-moi, prépare-moi, prends-moi, viens en moi et fais-moi un enfant, le moment y est propice, je le sens au plus profond de moi… Le sens-tu ?
- Oh, oui, je le sens au fond de mon âme et de mon corps. Je vais me donner à toi.
Mon amant d’un instant s’allongea sur moi, m’embrassa avec une suavité que je n’avais jamais ressentie dans les baisers de ma chérie qui, derrière le rideau, serrait ma main avec amour.
Il me caressa le visage avec une incroyable douceur pleine de toute sa sensualité. Il lécha mes seins, aspirant les tétons provoquant en moi des spasmes d’impatience. Même Julie-Anne n’avait jamais provoqué une réaction de ce niveau. Il ouvrit mon petit abricot d’une langue ferme et dominatrice, se faisant soudainement toute douce, apprivoisée, toute à mon écoute.
Il lapa le miel d’amour qu’il voyait sourdre de ma source de bonheur. Enfin, il revint poser ses lèvres sur les miennes, d’imperceptibles murmures ne parvenant qu’à mes seules oreilles. Je t’aime, je t’aime, je t’aime…
Je le sentis entrer en moi comme la brise écarte un léger voilage, ses yeux rivés dans les miens, recherchant mon moindre signal, allant à sa rencontre, m’attendant, me poussant au besoin. À son murmure "maintenant", je fus prise d’une soudaine contraction de tous mes muscles et, haletante, je l’enserrai entre mes jambes crochetées derrière ses cuisses ainsi que de mon bras libre en criant :
- Mon amour ! Je t’aime.
Derrière le rideau, la main me serra encore plus fort en même temps que j’entendais Jean-Robert me dire les mêmes mots… Mes lèvres s’étaient collées aux siennes dans un baiser animal, d’une fougue que je n’avais jamais connue. Il voulut se dégager, je l’en empêchai, le serrant de plus belle.
- Reste, dis, passe cette nuit avec moi…
- Non ! Non, ma belle… C’est ta nuit de noces, ne l’oublie pas… C’est avec ton amour, avec ta femme chérie que tu dois la passer, pour que toutes deux, vous présidiez à la mise en place de ce petit être qui, dans peu de temps, va prendre vie au fond de toi… C’est l’ordre des choses.
- Tu dois avoir raison… J’aurais pourtant aimé…
- C’est l’émotion, Geneviève, je sens la même en moi.
- Tu sais, peut-être voudrons nous un second enfant…
- Peut-être… Mais peut-être Julie-Anne voudra-t-elle enfanter aussi ! Laisse le temps passer, jolie amante d’un soir. Dis-toi que si ton père avait réussi à nous marier, toi et moi, il est certain que nous n’aurions jamais eu cette nuit de noces. Garde-la comme un souvenir précieux, aussi précieux qu’il l’est pour moi.
Tout en parlant, il s’était revêtu. Contournant le rideau, il avait embrassé sa sœur. J’ai su après qu’ils l’avaient fait comme des amants, se donnant leur langue mutuellement avec une certaine stupeur. Un geste involontaire ? Sans doute au début. Ils l’avaient continué par plaisir, peut-être aussi un remerciement inconscient de la sœur au géniteur de l’enfant qu’elle n’aurait jamais pu concevoir seule, ainsi que pour les paroles qu’il avait su prononcer pour remettre Geneviève sur les rails de son amour au lieu de s’en laisser distraire par cette aventure d’une courte soirée. Puis il était parti, le cœur à la fois lourd et heureux, annoncer à ses parents et ex futurs beaux-parents la grande nouvelle de ce mariage et de cette future maternité…
FIN
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2 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Merci, Cyrille !
Toujours agréable de voir son travail apprécié...
Car c'est un travail, en fait ! Beaucoup de relecture, et pourtant, je redécouvre des fautes chaque fois ..
J'espère que tous me les pardonnent !
Toujours agréable de voir son travail apprécié...
Car c'est un travail, en fait ! Beaucoup de relecture, et pourtant, je redécouvre des fautes chaque fois ..
J'espère que tous me les pardonnent !
Bravo pour ce texte, j'ai adoré vous lire
Cyrille
Cyrille