La pêche au gros_3
Récit érotique écrit par Briard [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
- • 79 récits publiés.
- • Cote moyenne attribuée par les lecteurs : 9.2 • Cote moyenne attribuée par HDS : 10.0
- • L'ensemble des récits érotiques de Briard ont reçu un total de 215 605 visites.
Histoire érotique Publiée sur HDS le 08-06-2022 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
Cette histoire de sexe a été affichée 2 681 fois depuis sa publication.
Couleur du fond :
La pêche au gros_3
Cette histoire est une pure fiction. Toute ressemblance avec des personnes, des lieux et des phénomènes existants ne peut être que fortuite…
Partie 3
Le temps était à l’orage. Yann sentait ses articulations le faire souffrir et maudit ses vieilles blessures de pêche.
Ces derniers temps, tout l’ennuyait, tout avait mauvais goût et tout le fatiguait.
Il n’en avait pas touché mot à la Kirsten, car elle se serait inquiétée, comme à chaque fois qu’il a un pet de travers.
Il descendit faire le tour de sa pêcherie, histoire de se dégourdir les jambes et de chasser ses mauvaises pensées.
Il passa à la réception et salua Claire qui était en train de scanner les codes-barres des caisses arrivées le matin même.
Il lui serra la main et elle lui fit un sourire.
Il salua également les caristes qui enlevaient les caisses du quai et les entassaient près de la pesée.
Il fit un clin d’œil à l’ouvrier de pesage qui, prenait les caisses une par une pour les déposer sur l’énorme plateau de la balance et notait dans le cahier d’enregistrement les poids précis de chacune, après les avoir étiquetées.
Il se dirigea ensuite à l’intérieur de l’entrepôt où se trouvait les tapis roulants transportant les caisses depuis l’aire de réception, jusqu’aux armoires réfrigérantes.
Là, il serra de nombreuses mains, celles des manutentionnaires qui rangeaient les caisses en fonction de leur contenu.
Il croisa ensuite les manut-porteurs, qui approvisionnaient les plans de travail des écailleuses.
C’est là qu’il croisait, tous les matins, Anaëlle et Azilis, et les saluait, comme toutes les autres ouvrières du laboratoire.
Il alla ensuite au marché à la criée saluer tous les crieurs et finit enfin par le marché couvert où les étales étaient régulièrement alimentées en glace et en poissons frais.
C’est en remontant à son bureau que sa poitrine commença à se serrer, lui faisant un mal de chien. Arrivé devant la porte, la douleur fut terrible et il s’écroula lourdement sur la moquette de l’étage dans un fracas du tonnerre.
La comptable qui laissait toujours sa porte ouverte bondit et trouva son patron gisant à terre, les yeux révulsés, la bouche tordue et la langue pendante.
Coralie qui embauchait se précipita et hurla.
- Tonton ! Babeth, Vite, appelle le SAMU.
Quinze minutes plus tard, Yann était emporté par l’ambulance.
Coralie prévint sa tante, puis sa mère.
Tout le monde se retrouva à l’hôpital, attendant des nouvelles dans la salle d’attente de l’accueil.
La première, Kirsten appela son fils pour l’informer de la situation.
Elouan raccrocha. En dépit de son ressentiment à l’égard de son père, il était bouleversé par la nouvelle de son AVC.
Après avoir informé sa secrétaire, il se précipita jusqu’à sa voiture et démarra sur les chapeaux de roue prenant la direction de l’aéroport d’Exeter. Il en avait pour environs cinquante minutes. De là, il prendrait le vol régulier pour Brest, sa secrétaire lui prenant le billet pendant son trajet en voiture.
A Brest, il louerait une voiture pour rejoindre Lorient, ce qui lui prendrait pas loin de deux heures.
Il avait toujours gardé une rancune profonde pour son père, responsable, treize ans plus tôt, de son départ précipité pour Brixham.
Bien sûr, il avait profité de cet éloignement pour se jeter dans ses études qu’il avait poussées, pendant cinq ans, jusqu’au MBA de Gestion d’Entreprise qu’il avait brillamment réussi. Ses résultats avaient été si bon que le Lord Lieutenant du Comté lui avait proposé le poste de contremaître de la pêcherie royale de Brixham Harbour.
Trois ans plus tard, le même Lieutenant du Comté lui proposa la capitainerie du Port Royal de Brixham Torbay.
Depuis cinq ans, il avait fait son trou, comme on dit, et nourrit d’excellentes relations avec ses cousins anglais, qui l’avait accepté au sein de leur famille, lui louant un petit cottage sur les hauteurs de la ville, d’où il bénéficiait d’un point de vue magnifique.
Il sortait peu, ne fréquentait quasiment personne en dehors des cousins.
Il avait eu quelques aventures avec des jeunes filles, rencontrées principalement dans le Henrys Bar, lieu fréquenté par la petite bourgeoisie locale, mais sans lendemain.
Il ne pouvait, ne voulait s’attacher. Il gardait, au fond de lui, une blessure restée béante, depuis treize ans, sur la brutale rupture d’avec Azilis qui était encore dans beaucoup de ses pensées.
Elle n’avait pas été seulement son amour de jeunesse, elle avait été sa meilleure amie, sa confidente, son âme sœur et aucune autre fille n’avait eu la possibilité de le lui faire oublier.
Sa mère, qui était la seule de sa famille française avec qui il avait gardé contact, lui avait appris le mariage d’Azilis avec Pierre-Yves, leur ami d’enfance.
Il avait pleuré plusieurs soirs de suite, puis en avait compris le pourquoi.
Azilis ne l’avait pas trahi, elle s’était réfugiée auprès de celui-là même qui s’approchait le plus de celui qu’elle avait aimé et à qui, pourtant, elle ne pourrait jamais donner le même amour.
Cette pensée devenue conviction, le rasséréna et il en accepta beaucoup plus facilement son triste sort.
Le trajet fut long et fastidieux, mais lui laissa le temps de se préparer à revoir sa famille et, qui sait, Azilis.
Elle avait dû changer en treize ans. Quelle femme était-elle devenue ?
Serait-elle autant bouleversée que lui de le revoir ?
Auraient-ils un peu de temps pour se raconter leurs vies ?
Se remémorer tout son passé permit à Elouan de mieux supporter cette longue attente.
Il arriva enfin à l’hôpital et se précipita à l’accueil où on lui indiqua le numéro de chambre de son père.
Il entra et sa mère se leva et se précipita dans ses bras, en pleur.
- Oh mon petit. Si tu savais, c’est terrible.
- Comment va-t-il ?
- Le professeur qui le suit m’a dit qu’il l’avait mis en coma artificiel pour laisser le temps à ses crispations musculaires de cesser.
- Mais il va le réveiller quand ?
- C’est lui qui se réveillera quand il sera en capacité de le faire. Il ne peut pas nous dire dans combien de temps.
- Mais à part cette crispation, il va bien ?
- Non. Il aurait tout le côté gauche paralysé et cela prendra certainement beaucoup de temps pour qu’il se rétablisse, si cela se produit un jour.
Elouan était atterré. Yann restait son père et le voir ainsi diminué lui serrait la gorge.
Il s’assit auprès du lit et lui prit la main.
Il leva les yeux et vit le regard plein de larmes de sa mère.
- Mon petit, pourras-tu un jour nous pardonner tout le mal qu’on t’a fait ?
- Ce n’est pas le moment de parler de ça maman. Pour le moment, la priorité c’est papa.
- Il ne sera plus capable de gérer la pêcherie.
- Je m’en doute.
- Elouan, il faut que tu prennes les reines, que tu deviennes le patron. C’est la seule solution pour que nous conservions notre bien.
- Je comprends maman, mais il faut que je réfléchisse. Tu sais, là-bas, j’ai une vie, un travail, et des gens qui comptent sur moi.
- Tu trouves qu’ils sont plus importants que ta famille ?
- Tu n’as aucun reproche à me faire. Vous avez détruit ma vie ici, il a bien fallu que je m’en construise une autre là-bas.
Kirsten se tut. Il avait raison et elle le savait. Comment le blâmer après ce qu’ils lui avaient fait endurer.
Elle s’en était longtemps voulu d’avoir été aussi faible et de s’être rangée aux côtés de son mari, sans ne jamais prendre la défense de son fils.
- Elouan, tu es et sera toujours mon petit. J’ai beaucoup de choses à me faire pardonner, j’en ai conscience, et si tu décidais de retourner définitivement là-bas, je te jure que je comprendrais et ne t’en ferai jamais le reproche. Mais, tu sais aussi que ton père s’est battu toute sa vie pour que la pêcherie soit une bonne affaire et qu’il n’avait qu’une ambition, c’est que tu la reprennes un jour.
- Je sais maman. Il y a longtemps que je l’ai compris et, même si je ne voulais pas lui reparler, je savais qu’un jour il me faudrait faire ce choix. Je vais prendre deux-trois jours pour y réfléchir et, quand j’aurai pris ma décision, je ferai le nécessaire pour que tout se passe dans les meilleures conditions possibles, que je reste ou que je parte.
Il sortit de la chambre et se rendit à l’accueil où il demanda à voir le professeur.
Celui-ci le rassura sur l’état de santé de son père et lui confirma les informations que sa mère lui avait données.
Il allait sortir lorsqu’il vit arriver Azilis. Elle montait les marches de l’entrée et le vit au moment où les portes vitrées s’ouvrirent.
- Bonjour Azilis.
- Elouan, tu es venu ?
La jeune femme avait vraiment l’air surprise.
Il lui prit la main et l’entraina jusqu’à la salle d’attente vide à cette heure-ci.
Il s’assit près d’elle et, sans lui lâcher la main, la regarda.
Azilis était devenue une superbe femme, elle n’avait plus cet air innocent qu’il avait gardé dans son souvenir, mais avait embelli.
Elle avait conservé sa superbe chevelure blonde et ses magnifiques yeux mordorés. Ces pommettes s’étaient légèrement renforcées, et lui donnait un visage un peu plus rond, mais si joliment dessiné.
Elle lui lâcha la main pour remettre une mèche rebelle en place et il retrouva toute la féminité de la jeune fille de jadis.
Elle l’observait elle aussi, le trouvant plus étoffé qu’il y a treize ans, mais avec une carrure devenue carrément impressionnante. Ses tempes étaient toujours aussi brunes, mais elle découvrit quelques cheveux blancs qui lui donnait au visage, encadré par sa crinière brune qui avait, semblait-il, perdue ses reflets roux, une maturité qui contrastait avec le visage qu’elle avait gardé dans son souvenir.
Elle discerna même quelques petites rides autour de ses yeux fauves qui lui allaient à ravir, et qui mettaient en valeur son superbe regard.
- J’ai vu partir un adolescent et je découvre un homme. Tu es très beau Elouan, j’envie la femme qui partage ta vie.
- Ses années ont fait de toi une très belle femme Azilis, ton mari doit être fier d’avoir une femme aussi belle. Pour ta gouverne, sache qu’aucune femme ne partage ma vie.
Un long silence s’installa entre eux et ils ne se dirent rien pendant plusieurs minutes.
La première, elle reprit la parole.
- Raconte-moi. Où vis-tu ? Que fais-tu, qu’es-tu devenu ?
Il lui raconta son parcours et ce qui était devenu son quotidien.
A son tour il la questionna.
- J’ai appris que tu t ‘étais mariée.
- Ah, on t’a dit. J’ai été mortifiée après ton départ et mon avortement. Ta famille s’était conduite envers moi de la pire des façons et j’avais du ressentiment contre vous tous, toi y compris. Je ne comprenais pas pourquoi je restais sans nouvelle. J’ai plus d’une fois essayé de savoir ce que tu devenais en interrogeant Coralie, mais elle me disait presque la même chose à chaque fois, que tu vivais en Angleterre chez des cousins de votre famille.
- Oui, ils m’ont accueilli et ont pris soin de moi.
- J’ai arrêté l’école après mon bac et je suis entrée à la pêcherie pour travailler avec ma mère. Un jour, Pierre-Yves m’a demandé en mariage. Je savais qu’il m’aimait depuis toujours, mais je n’éprouvais rien d’autre pour lui que de l’amitié. Je savais, de toute façon que si tu revenais un jour, ce serait pour t’unir avec Coralie et unifier les 2 entreprises. J’avais fini par admettre que la vie dont j’avais rêvé à tes côtés, je n’aurai jamais la chance de la vivre et qu’il fallait que je me fasse une raison. J’ai longtemps réfléchi puis j’ai fini par accepter. Ça fait cinq ans qu’on est marié.
- Vous avez des enfants ?
- Non, je n’arrive pas à être enceinte. C’est sans doute mon corps qui refuse de revivre le même traumatisme.
Il lui reprit la main et la regarda dans les yeux.
- Est-ce que tu es heureuse ?
- J’essaye d’être une bonne épouse, honnête, fidèle. Mais je ne l’aimerais jamais comme je t’ai aimé Elouan. Au fil du temps, j’ai appris à l’aimer, à ma façon. Alors, oui, vu comme ça, je suis heureuse.
Il lui lâcha la main.
- Et toi, pourquoi ne t’es-tu pas marié ?
- Tu sais, je n’étais qu’un jeune homme quand on nous a séparés. Je n’ai pas été en capacité de m’opposer à mon père et ma mère n’a rien fait pour empêcher ce qui est arrivé. Je me suis jeté dans mes études, puis dans le travail. Je n’ai jamais trouvé quelqu’un qui me fasse oublier l’amour que j’ai toujours eu pour toi.
- C’est bien malheureux ce qui nous est arrivé, mais c’est comme ça, on ne peut pas refaire le chemin en arrière.
Il se recula et la regarda de nouveau.
- Ma mère m’a dit que ton mari voulait devenir contremaître ?
- Oui, il en a assez de la pêche en haute mer, il est fatigué et voudrait rester à terre.
- Il a rencontré mon père ?
- Non, je lui ai conseillé d’aller voir ta cousine qui pourrait sans doute l’aider et convaincre le Yann de l’embaucher.
Elouan se leva. Quelque chose semblait le bouleverser. Il se mit à tourner en rond dans la pièce.
- Mais qu’est-ce qu’il t’arrive.
Il s’arrêta, la regarda et la fit se lever.
- Écoute ce que je vais te dire et ne le répète surtout à personne.
Il la poussa doucement jusqu’à ce qu’elle s’asseye de nouveau sur une chaise visiteur.
- Quand j’ai fini mes études et commencé à travailler comme contremaître à la pêcherie de Brixham, mon père est venu me voir un jour. J’étais toujours très en colère contre lui et n’avais pas envie de lui parler, mais il m’a dit avoir quelque chose à m’avouer qui ferait que je comprendrai certainement pourquoi on m’avait éloigné de Lorient.
Azilis le regardait, attendant la suite.
- Il m’a alors raconté ce qu’il s’était passé dans sa jeunesse. Il avait épousé ma mère quelques années auparavant et souhaitait mettre au point le regroupement de la pêcherie et de la flotte. Il en avait longuement parlé à Kyllian qui s’y opposa immédiatement, persuadé que c’était pour prendre les commandes des deux entreprises réunies et l’évincer de la direction. Ils se sont fâchés à mort et mon père s’est brouillé avec son frère jumeau au point que tout le pays se demandait ce que les deux sociétés allaient devenir.
Il s’assit près d’elle et lui prit la main.
- Kyllian, de rage, décida de reprendre la pêche en haute mer pendant quelques temps, pour éviter de trop gamberger sur cette brouille qui lui faisait mal au cœur car elle le privait de son jumeau. Pendant cette période, ça a été très dur aussi pour ma tante. Un après-midi, elle est venue en parler avec Yann, car elle sentait son mari très malheureux et sa peine rejaillissait sur la bonne santé de leur couple. Elle s’est écroulée en larme dans les bras de mon père et…- Et ?
- Et ils ont couché ensemble. Pire que ça même, ils ont eu une aventure qui a duré plusieurs semaines, jusqu’à ce que mon père y mette fin, ne voulant pas que le couple de son frère explose par sa faute. Le problème, que dis-je, le malheur, c’est que ma tante est tombée enceinte et, neuf mois plus tard est née Coralie.
Azilis se leva, le regard effaré.
- Mais… Mais, Coralie est ta…- Oui, ma sœur. Enfin, ma demi-sœur. Voilà pourquoi lorsque tu as été enceinte, mon père a pris ce prétexte pour m’éloigner d’ici. Il redoutait d’être obligé d’annoncer la vérité, que Coralie et moi ne pourrions jamais nous unir, parce qu’il était son père biologique, de peur de faire exploser le couple de son frère.
Azilis se mit la main sur les yeux.
- Mon dieu, qu’elle horreur. Coralie, ta sœur !
- Tu comprends pourquoi je tiens à ce que personne ne le sache. A part toi, personne n’est au courant.
Azilis abaissa sa main et saisit celle d’Elouan.
- Et, à cause de cette dramatique histoire, on nous a séparés. Si tu savais comme cela me révolte.
Il la prit dans ses bras.
- Moi aussi Azilis. J’en ai été malade pendant de nombreux mois. Je ne me sentais pas le droit de tout détruire, même si je gardais une grande colère contre lui, il est et restera toujours mon père et je ne lui veux pas de mal.
- Coralie le sait ?
- Non, je suis persuadé qu’elle l’ignore, sinon, elle n’attendrait pas mon retour et ne serait pas toujours aussi jalouse de toi.
- Je comprends tout maintenant.
Tout à coup, elle se leva l’air effrayé.
- Mon dieu, mais je lui ai envoyé Pierre-Yves pour qu’elle l’aide pour le poste de contremaître. Pourvu qu’elle ne se soit pas moquée de lui et ne lui ait refusé son aide, rien que pour se venger de moi.
Elouan se leva et lui tendit la main.
- Tu as raison. Je connais bien ma demi-sœur, elle est capable du pire comme du meilleur. Allons la voir à son bureau, nous saurons ce qu’elle entend faire pour aider ton mari.
Ils sortirent de l’hôpital et montèrent dans la voiture du jeune homme.
La pêcherie n’était qu’à quelques minutes de l’hôpital et ils arrivèrent sur place très rapidement.
Ils entrèrent par la réception et montèrent l’escalier menant à la direction.
Elouan précéda Azilis et ouvrit la porte du bureau de Coralie et resta interdit, bouchant l’entrée à la jeune femme.
Elle lui tapa sur l’épaule et il s’écarta.
Le spectacle qu’elle eut devant les yeux la figea.
Coralie était allongée sur le bureau, les jambes écartées et pierre-Yves, le pantalon en bas des chevilles la pilonnait en poussant des grognements telle une bête.
Azilis ne put retenir un cri qui pétrifia les deux amants qui cessèrent tout mouvement, la tête tournée vers la porte d’entrée et un air de grande surprise dans le regard.
Le premier, Pierre-Yves se recula et se redressa le sexe encore raide et mis ses deux mains pour cacher ses parties génitales.
Coralie, elle, prit tout son temps pour se redresser et descendre du bureau, un sourire narquois sur les lèvres.
Azilis se précipita sur son mari et lui assena une formidable gifle.
- Espèce de salaud, et dire que c’est moi qui t’ai envoyé à cette pétasse. Je te croyais un mari aimant, fidèle et loyal, et tout ce que tu trouves à faire pour obtenir le poste, c’est de baiser avec cette poufiasse.
Pierre-Yves, tel un enfant prit les doigts dans le pot de confiture se baissa et remonta son pantalon, l’air penaud.
- Mais, je te…- Ferme là espèce de porc. Tu peux rentrer à la maison et faire tes valises. Je ne veux plus te voir quand je rentrerai.
Elle se tourna vers Coralie.
- Quant à toi salope, tu t’es bien moquée de moi. Tu n’as jamais eu de cesse que de me jalouser, mais je n’aurais jamais cru que ce serait jusqu’à baiser avec mon mari.
La jeune fille ramassa sa culotte et, le plus tranquillement du monde la remonta le long de ses jambes, tout en regardant ironiquement Azilis. Une fois reculottée, elle abaissa sa jupe, la déplissa et alla s’asseoir dans son fauteuil.
- Que veux-tu, il est venu pleurer dans mes jupes. Un bel homme comme ça, je ne pouvais pas ne pas en profiter.
Azilis éclata en sanglot et se cacha les yeux de ses mains.
Coralie prit un air compatissant.
- Bon allez, je te le rends. Il faut que tu saches que ce n’est pas un foudre de guerre eu pieu. Il est plutôt primaire et il faut être déjà prête à jouir, sinon, il serait capable de prendre son pied avant même que tu n’aies commencé à bien le sentir.
- Je n’en veux plus, tu peux le garder.
- Je n’en veux pas non plus, moi j’ai Elouan à qui je suis promise et qui me reviendra bientôt.
Elouan s’avança et la gifla à son tour.
- Tais-toi espèce de garce. Tu l’auras voulu, je n’avais pas l’intention de te le faire savoir, mais tu es tellement mauvaise, qu’il faut bien que tu saches la vérité.
La jeune fille se frotta la joue de la main et regarda Elouan avec un air d’enfant repenti.
- Nos parents se sont bien moqués de nous. Ils nous ont promis l’un à l’autre, mais mon père savait très bien que ce n’était qu’une promesse en l’air. Nous ne pourrons jamais être unis parce que tu n’es pas ma cousine, tu es ma sœur.
Coralie éclata de rire.
- Alors c’est tout ce que t’as trouvé pour me rejeter ?
- Non, je ne te mens pas. Mon père a eu une aventure avec ta mère et l’a mise enceinte. Kyllian était en mer et ne l’a jamais su. Tu es né de cette adultère, ce qui fais de toi ma demi-sœur. Je suis désolé de te l’apprendre aussi brutalement, mais c’est la vérité.
Le visage de Coralie se transforma soudain et elle sembla éprouver une grande douleur.
- Non, ce n’est pas vrai, tu mens. Jamais ma mère n’aurait couché avec ton père. Tu dis ça pour me faire du mal et te venger de ce que j’ai fait à Azilis.
- Je ne t’ai pas menti et, si tu veux tout savoir de cette histoire, tu n’as qu’à questionner ta mère.
La jeune fille était en pleine crise de larmes. Elle mit un moment avant de pouvoir de nouveau parler.
- Vous allez venir avec moi et, si vous m’avez menti, je vous jure que je me vengerai en vous faisant encore plus de mal ; et à tous les deux.
Ils sortirent tous les trois de la pêcherie et prirent le chemin de la maison des parents de Coralie.
La jeune fille entra en criant.
- Maman, viens, il faut qu’on parle.
Nevena arriva de la cuisine, un torchon à la main et l’air inquiète.
Que se passe-t-il ma bichette ?
- Assieds-toi, j’ai une question à te poser.
- Est-ce vrai que mon père c’est Yann ?
La mère de la jeune femme regarda sa fille comme si elle venait de lui présenter le diable. Elle regarda Elouan et Azilis, puis de nouveau sa fille. Elle se prit le visage à deux mains et s’écroula en larmes.
- Mon dieu ma petite, oui c’est vrai. Comment l’as-tu appris.
- C’est Elouan qui vient de me le dire.
- Oui, c’est vrai. Nous avons eu de gros problème ton père et moi et j’ai un peu perdu la raison quelques jours. Je me suis réfugiée auprès de Yann, parce qu’il est l’homme le plus près de ton père. Je ne sais pas, encore aujourd’hui, ce qu’il nous a pris, mais nous avons eu une liaison, quelques jours. Et, comme si cela ne suffisait pas à mon malheur, je suis tombée enceinte de toi.
- Tu te rends compte de ce que tu me dis maman ?
- Ne le dis pas à ton père, je crois qu’il en mourrait. Il t’aime tellement. C’est lui ton père, le seul père que tu n’aies jamais eu. Et il t’aime, ça, tu peux me croire.
- Mais pourquoi tu ne me l’as jamais dit.
- Ça aurait détruit notre famille, et ça, il n’en était pas question. J’ai préféré me taire et fait juré à Yann de n’en parler jamais à personne.
Coralie, le visage défait, s’assit sur une chaise et pleura en silence.
Nevena se leva, sécha ses larmes et s’approcha d’Azilis.
La jeune fille recula, l’air effrayé.
- N’aie pas peur petite, je ne te veux aucun mal. Coralie n’a jamais rien su et on n’en a parlé à personne parce qu’on voulait protéger nos familles et nos biens. Mais il y a quelque chose que je dois te dire à présent.
Elle lui prit la main et l’a fit s’assoir.
- Pendant mes quelques jours de perdition, mon Killian n’a pas été bien du tout lui aussi. Il devait sentir que quelque chose clochait entre nous et il a passé plusieurs soirées à boire avec ses copains. Un soir, en rentrant, il a croisé la route de ta mère. Il titubait et elle lui a proposé de l’aider à marcher, mais comme il était incapable de rentrer jusque chez-nous, elle l’amena chez elle pour lui laisser le temps de décuver. Et ce qui devait arriver arriva, ils ont passé la nuit ensemble et même la matinée. Il est rentré dans l’après-midi, l’air un peu hagard et penaud. Je ne lui ai fait aucun reproche à l’époque, ne sachant pas ce qu’il avait fait. Il ne me l’a avoué que quelques années plus tard quand je lui ai dit que je trouvais qu’il était bien protecteur à ton endroit.
Azilis sentit les larmes couler le long de ses joues. Elle tourna la tête et croisa le regard de Coralie qui la fixait, un air de grand étonnement dans le regard.
Nevena regarda les deux jeunes femmes.
- Eh oui, vous êtes sœurs. Vous ne pouviez pas le savoir car on s’était juré de n’en parler à personne. J’ai mis du temps à pardonner à mon Killian, mais, ayant moi-même fauté, j’aurai bien mal agi en ne le faisant pas.
Elouan, abasourdi par cette nouvelle, se leva et s’approcha d’Azilis.
- Mais alors, ça veut dire que tu es ma cousine.
Elle tourna la tête vers lui et découvrit son visage ravagé par les larmes.
Partie 3
Le temps était à l’orage. Yann sentait ses articulations le faire souffrir et maudit ses vieilles blessures de pêche.
Ces derniers temps, tout l’ennuyait, tout avait mauvais goût et tout le fatiguait.
Il n’en avait pas touché mot à la Kirsten, car elle se serait inquiétée, comme à chaque fois qu’il a un pet de travers.
Il descendit faire le tour de sa pêcherie, histoire de se dégourdir les jambes et de chasser ses mauvaises pensées.
Il passa à la réception et salua Claire qui était en train de scanner les codes-barres des caisses arrivées le matin même.
Il lui serra la main et elle lui fit un sourire.
Il salua également les caristes qui enlevaient les caisses du quai et les entassaient près de la pesée.
Il fit un clin d’œil à l’ouvrier de pesage qui, prenait les caisses une par une pour les déposer sur l’énorme plateau de la balance et notait dans le cahier d’enregistrement les poids précis de chacune, après les avoir étiquetées.
Il se dirigea ensuite à l’intérieur de l’entrepôt où se trouvait les tapis roulants transportant les caisses depuis l’aire de réception, jusqu’aux armoires réfrigérantes.
Là, il serra de nombreuses mains, celles des manutentionnaires qui rangeaient les caisses en fonction de leur contenu.
Il croisa ensuite les manut-porteurs, qui approvisionnaient les plans de travail des écailleuses.
C’est là qu’il croisait, tous les matins, Anaëlle et Azilis, et les saluait, comme toutes les autres ouvrières du laboratoire.
Il alla ensuite au marché à la criée saluer tous les crieurs et finit enfin par le marché couvert où les étales étaient régulièrement alimentées en glace et en poissons frais.
C’est en remontant à son bureau que sa poitrine commença à se serrer, lui faisant un mal de chien. Arrivé devant la porte, la douleur fut terrible et il s’écroula lourdement sur la moquette de l’étage dans un fracas du tonnerre.
La comptable qui laissait toujours sa porte ouverte bondit et trouva son patron gisant à terre, les yeux révulsés, la bouche tordue et la langue pendante.
Coralie qui embauchait se précipita et hurla.
- Tonton ! Babeth, Vite, appelle le SAMU.
Quinze minutes plus tard, Yann était emporté par l’ambulance.
Coralie prévint sa tante, puis sa mère.
Tout le monde se retrouva à l’hôpital, attendant des nouvelles dans la salle d’attente de l’accueil.
La première, Kirsten appela son fils pour l’informer de la situation.
Elouan raccrocha. En dépit de son ressentiment à l’égard de son père, il était bouleversé par la nouvelle de son AVC.
Après avoir informé sa secrétaire, il se précipita jusqu’à sa voiture et démarra sur les chapeaux de roue prenant la direction de l’aéroport d’Exeter. Il en avait pour environs cinquante minutes. De là, il prendrait le vol régulier pour Brest, sa secrétaire lui prenant le billet pendant son trajet en voiture.
A Brest, il louerait une voiture pour rejoindre Lorient, ce qui lui prendrait pas loin de deux heures.
Il avait toujours gardé une rancune profonde pour son père, responsable, treize ans plus tôt, de son départ précipité pour Brixham.
Bien sûr, il avait profité de cet éloignement pour se jeter dans ses études qu’il avait poussées, pendant cinq ans, jusqu’au MBA de Gestion d’Entreprise qu’il avait brillamment réussi. Ses résultats avaient été si bon que le Lord Lieutenant du Comté lui avait proposé le poste de contremaître de la pêcherie royale de Brixham Harbour.
Trois ans plus tard, le même Lieutenant du Comté lui proposa la capitainerie du Port Royal de Brixham Torbay.
Depuis cinq ans, il avait fait son trou, comme on dit, et nourrit d’excellentes relations avec ses cousins anglais, qui l’avait accepté au sein de leur famille, lui louant un petit cottage sur les hauteurs de la ville, d’où il bénéficiait d’un point de vue magnifique.
Il sortait peu, ne fréquentait quasiment personne en dehors des cousins.
Il avait eu quelques aventures avec des jeunes filles, rencontrées principalement dans le Henrys Bar, lieu fréquenté par la petite bourgeoisie locale, mais sans lendemain.
Il ne pouvait, ne voulait s’attacher. Il gardait, au fond de lui, une blessure restée béante, depuis treize ans, sur la brutale rupture d’avec Azilis qui était encore dans beaucoup de ses pensées.
Elle n’avait pas été seulement son amour de jeunesse, elle avait été sa meilleure amie, sa confidente, son âme sœur et aucune autre fille n’avait eu la possibilité de le lui faire oublier.
Sa mère, qui était la seule de sa famille française avec qui il avait gardé contact, lui avait appris le mariage d’Azilis avec Pierre-Yves, leur ami d’enfance.
Il avait pleuré plusieurs soirs de suite, puis en avait compris le pourquoi.
Azilis ne l’avait pas trahi, elle s’était réfugiée auprès de celui-là même qui s’approchait le plus de celui qu’elle avait aimé et à qui, pourtant, elle ne pourrait jamais donner le même amour.
Cette pensée devenue conviction, le rasséréna et il en accepta beaucoup plus facilement son triste sort.
Le trajet fut long et fastidieux, mais lui laissa le temps de se préparer à revoir sa famille et, qui sait, Azilis.
Elle avait dû changer en treize ans. Quelle femme était-elle devenue ?
Serait-elle autant bouleversée que lui de le revoir ?
Auraient-ils un peu de temps pour se raconter leurs vies ?
Se remémorer tout son passé permit à Elouan de mieux supporter cette longue attente.
Il arriva enfin à l’hôpital et se précipita à l’accueil où on lui indiqua le numéro de chambre de son père.
Il entra et sa mère se leva et se précipita dans ses bras, en pleur.
- Oh mon petit. Si tu savais, c’est terrible.
- Comment va-t-il ?
- Le professeur qui le suit m’a dit qu’il l’avait mis en coma artificiel pour laisser le temps à ses crispations musculaires de cesser.
- Mais il va le réveiller quand ?
- C’est lui qui se réveillera quand il sera en capacité de le faire. Il ne peut pas nous dire dans combien de temps.
- Mais à part cette crispation, il va bien ?
- Non. Il aurait tout le côté gauche paralysé et cela prendra certainement beaucoup de temps pour qu’il se rétablisse, si cela se produit un jour.
Elouan était atterré. Yann restait son père et le voir ainsi diminué lui serrait la gorge.
Il s’assit auprès du lit et lui prit la main.
Il leva les yeux et vit le regard plein de larmes de sa mère.
- Mon petit, pourras-tu un jour nous pardonner tout le mal qu’on t’a fait ?
- Ce n’est pas le moment de parler de ça maman. Pour le moment, la priorité c’est papa.
- Il ne sera plus capable de gérer la pêcherie.
- Je m’en doute.
- Elouan, il faut que tu prennes les reines, que tu deviennes le patron. C’est la seule solution pour que nous conservions notre bien.
- Je comprends maman, mais il faut que je réfléchisse. Tu sais, là-bas, j’ai une vie, un travail, et des gens qui comptent sur moi.
- Tu trouves qu’ils sont plus importants que ta famille ?
- Tu n’as aucun reproche à me faire. Vous avez détruit ma vie ici, il a bien fallu que je m’en construise une autre là-bas.
Kirsten se tut. Il avait raison et elle le savait. Comment le blâmer après ce qu’ils lui avaient fait endurer.
Elle s’en était longtemps voulu d’avoir été aussi faible et de s’être rangée aux côtés de son mari, sans ne jamais prendre la défense de son fils.
- Elouan, tu es et sera toujours mon petit. J’ai beaucoup de choses à me faire pardonner, j’en ai conscience, et si tu décidais de retourner définitivement là-bas, je te jure que je comprendrais et ne t’en ferai jamais le reproche. Mais, tu sais aussi que ton père s’est battu toute sa vie pour que la pêcherie soit une bonne affaire et qu’il n’avait qu’une ambition, c’est que tu la reprennes un jour.
- Je sais maman. Il y a longtemps que je l’ai compris et, même si je ne voulais pas lui reparler, je savais qu’un jour il me faudrait faire ce choix. Je vais prendre deux-trois jours pour y réfléchir et, quand j’aurai pris ma décision, je ferai le nécessaire pour que tout se passe dans les meilleures conditions possibles, que je reste ou que je parte.
Il sortit de la chambre et se rendit à l’accueil où il demanda à voir le professeur.
Celui-ci le rassura sur l’état de santé de son père et lui confirma les informations que sa mère lui avait données.
Il allait sortir lorsqu’il vit arriver Azilis. Elle montait les marches de l’entrée et le vit au moment où les portes vitrées s’ouvrirent.
- Bonjour Azilis.
- Elouan, tu es venu ?
La jeune femme avait vraiment l’air surprise.
Il lui prit la main et l’entraina jusqu’à la salle d’attente vide à cette heure-ci.
Il s’assit près d’elle et, sans lui lâcher la main, la regarda.
Azilis était devenue une superbe femme, elle n’avait plus cet air innocent qu’il avait gardé dans son souvenir, mais avait embelli.
Elle avait conservé sa superbe chevelure blonde et ses magnifiques yeux mordorés. Ces pommettes s’étaient légèrement renforcées, et lui donnait un visage un peu plus rond, mais si joliment dessiné.
Elle lui lâcha la main pour remettre une mèche rebelle en place et il retrouva toute la féminité de la jeune fille de jadis.
Elle l’observait elle aussi, le trouvant plus étoffé qu’il y a treize ans, mais avec une carrure devenue carrément impressionnante. Ses tempes étaient toujours aussi brunes, mais elle découvrit quelques cheveux blancs qui lui donnait au visage, encadré par sa crinière brune qui avait, semblait-il, perdue ses reflets roux, une maturité qui contrastait avec le visage qu’elle avait gardé dans son souvenir.
Elle discerna même quelques petites rides autour de ses yeux fauves qui lui allaient à ravir, et qui mettaient en valeur son superbe regard.
- J’ai vu partir un adolescent et je découvre un homme. Tu es très beau Elouan, j’envie la femme qui partage ta vie.
- Ses années ont fait de toi une très belle femme Azilis, ton mari doit être fier d’avoir une femme aussi belle. Pour ta gouverne, sache qu’aucune femme ne partage ma vie.
Un long silence s’installa entre eux et ils ne se dirent rien pendant plusieurs minutes.
La première, elle reprit la parole.
- Raconte-moi. Où vis-tu ? Que fais-tu, qu’es-tu devenu ?
Il lui raconta son parcours et ce qui était devenu son quotidien.
A son tour il la questionna.
- J’ai appris que tu t ‘étais mariée.
- Ah, on t’a dit. J’ai été mortifiée après ton départ et mon avortement. Ta famille s’était conduite envers moi de la pire des façons et j’avais du ressentiment contre vous tous, toi y compris. Je ne comprenais pas pourquoi je restais sans nouvelle. J’ai plus d’une fois essayé de savoir ce que tu devenais en interrogeant Coralie, mais elle me disait presque la même chose à chaque fois, que tu vivais en Angleterre chez des cousins de votre famille.
- Oui, ils m’ont accueilli et ont pris soin de moi.
- J’ai arrêté l’école après mon bac et je suis entrée à la pêcherie pour travailler avec ma mère. Un jour, Pierre-Yves m’a demandé en mariage. Je savais qu’il m’aimait depuis toujours, mais je n’éprouvais rien d’autre pour lui que de l’amitié. Je savais, de toute façon que si tu revenais un jour, ce serait pour t’unir avec Coralie et unifier les 2 entreprises. J’avais fini par admettre que la vie dont j’avais rêvé à tes côtés, je n’aurai jamais la chance de la vivre et qu’il fallait que je me fasse une raison. J’ai longtemps réfléchi puis j’ai fini par accepter. Ça fait cinq ans qu’on est marié.
- Vous avez des enfants ?
- Non, je n’arrive pas à être enceinte. C’est sans doute mon corps qui refuse de revivre le même traumatisme.
Il lui reprit la main et la regarda dans les yeux.
- Est-ce que tu es heureuse ?
- J’essaye d’être une bonne épouse, honnête, fidèle. Mais je ne l’aimerais jamais comme je t’ai aimé Elouan. Au fil du temps, j’ai appris à l’aimer, à ma façon. Alors, oui, vu comme ça, je suis heureuse.
Il lui lâcha la main.
- Et toi, pourquoi ne t’es-tu pas marié ?
- Tu sais, je n’étais qu’un jeune homme quand on nous a séparés. Je n’ai pas été en capacité de m’opposer à mon père et ma mère n’a rien fait pour empêcher ce qui est arrivé. Je me suis jeté dans mes études, puis dans le travail. Je n’ai jamais trouvé quelqu’un qui me fasse oublier l’amour que j’ai toujours eu pour toi.
- C’est bien malheureux ce qui nous est arrivé, mais c’est comme ça, on ne peut pas refaire le chemin en arrière.
Il se recula et la regarda de nouveau.
- Ma mère m’a dit que ton mari voulait devenir contremaître ?
- Oui, il en a assez de la pêche en haute mer, il est fatigué et voudrait rester à terre.
- Il a rencontré mon père ?
- Non, je lui ai conseillé d’aller voir ta cousine qui pourrait sans doute l’aider et convaincre le Yann de l’embaucher.
Elouan se leva. Quelque chose semblait le bouleverser. Il se mit à tourner en rond dans la pièce.
- Mais qu’est-ce qu’il t’arrive.
Il s’arrêta, la regarda et la fit se lever.
- Écoute ce que je vais te dire et ne le répète surtout à personne.
Il la poussa doucement jusqu’à ce qu’elle s’asseye de nouveau sur une chaise visiteur.
- Quand j’ai fini mes études et commencé à travailler comme contremaître à la pêcherie de Brixham, mon père est venu me voir un jour. J’étais toujours très en colère contre lui et n’avais pas envie de lui parler, mais il m’a dit avoir quelque chose à m’avouer qui ferait que je comprendrai certainement pourquoi on m’avait éloigné de Lorient.
Azilis le regardait, attendant la suite.
- Il m’a alors raconté ce qu’il s’était passé dans sa jeunesse. Il avait épousé ma mère quelques années auparavant et souhaitait mettre au point le regroupement de la pêcherie et de la flotte. Il en avait longuement parlé à Kyllian qui s’y opposa immédiatement, persuadé que c’était pour prendre les commandes des deux entreprises réunies et l’évincer de la direction. Ils se sont fâchés à mort et mon père s’est brouillé avec son frère jumeau au point que tout le pays se demandait ce que les deux sociétés allaient devenir.
Il s’assit près d’elle et lui prit la main.
- Kyllian, de rage, décida de reprendre la pêche en haute mer pendant quelques temps, pour éviter de trop gamberger sur cette brouille qui lui faisait mal au cœur car elle le privait de son jumeau. Pendant cette période, ça a été très dur aussi pour ma tante. Un après-midi, elle est venue en parler avec Yann, car elle sentait son mari très malheureux et sa peine rejaillissait sur la bonne santé de leur couple. Elle s’est écroulée en larme dans les bras de mon père et…- Et ?
- Et ils ont couché ensemble. Pire que ça même, ils ont eu une aventure qui a duré plusieurs semaines, jusqu’à ce que mon père y mette fin, ne voulant pas que le couple de son frère explose par sa faute. Le problème, que dis-je, le malheur, c’est que ma tante est tombée enceinte et, neuf mois plus tard est née Coralie.
Azilis se leva, le regard effaré.
- Mais… Mais, Coralie est ta…- Oui, ma sœur. Enfin, ma demi-sœur. Voilà pourquoi lorsque tu as été enceinte, mon père a pris ce prétexte pour m’éloigner d’ici. Il redoutait d’être obligé d’annoncer la vérité, que Coralie et moi ne pourrions jamais nous unir, parce qu’il était son père biologique, de peur de faire exploser le couple de son frère.
Azilis se mit la main sur les yeux.
- Mon dieu, qu’elle horreur. Coralie, ta sœur !
- Tu comprends pourquoi je tiens à ce que personne ne le sache. A part toi, personne n’est au courant.
Azilis abaissa sa main et saisit celle d’Elouan.
- Et, à cause de cette dramatique histoire, on nous a séparés. Si tu savais comme cela me révolte.
Il la prit dans ses bras.
- Moi aussi Azilis. J’en ai été malade pendant de nombreux mois. Je ne me sentais pas le droit de tout détruire, même si je gardais une grande colère contre lui, il est et restera toujours mon père et je ne lui veux pas de mal.
- Coralie le sait ?
- Non, je suis persuadé qu’elle l’ignore, sinon, elle n’attendrait pas mon retour et ne serait pas toujours aussi jalouse de toi.
- Je comprends tout maintenant.
Tout à coup, elle se leva l’air effrayé.
- Mon dieu, mais je lui ai envoyé Pierre-Yves pour qu’elle l’aide pour le poste de contremaître. Pourvu qu’elle ne se soit pas moquée de lui et ne lui ait refusé son aide, rien que pour se venger de moi.
Elouan se leva et lui tendit la main.
- Tu as raison. Je connais bien ma demi-sœur, elle est capable du pire comme du meilleur. Allons la voir à son bureau, nous saurons ce qu’elle entend faire pour aider ton mari.
Ils sortirent de l’hôpital et montèrent dans la voiture du jeune homme.
La pêcherie n’était qu’à quelques minutes de l’hôpital et ils arrivèrent sur place très rapidement.
Ils entrèrent par la réception et montèrent l’escalier menant à la direction.
Elouan précéda Azilis et ouvrit la porte du bureau de Coralie et resta interdit, bouchant l’entrée à la jeune femme.
Elle lui tapa sur l’épaule et il s’écarta.
Le spectacle qu’elle eut devant les yeux la figea.
Coralie était allongée sur le bureau, les jambes écartées et pierre-Yves, le pantalon en bas des chevilles la pilonnait en poussant des grognements telle une bête.
Azilis ne put retenir un cri qui pétrifia les deux amants qui cessèrent tout mouvement, la tête tournée vers la porte d’entrée et un air de grande surprise dans le regard.
Le premier, Pierre-Yves se recula et se redressa le sexe encore raide et mis ses deux mains pour cacher ses parties génitales.
Coralie, elle, prit tout son temps pour se redresser et descendre du bureau, un sourire narquois sur les lèvres.
Azilis se précipita sur son mari et lui assena une formidable gifle.
- Espèce de salaud, et dire que c’est moi qui t’ai envoyé à cette pétasse. Je te croyais un mari aimant, fidèle et loyal, et tout ce que tu trouves à faire pour obtenir le poste, c’est de baiser avec cette poufiasse.
Pierre-Yves, tel un enfant prit les doigts dans le pot de confiture se baissa et remonta son pantalon, l’air penaud.
- Mais, je te…- Ferme là espèce de porc. Tu peux rentrer à la maison et faire tes valises. Je ne veux plus te voir quand je rentrerai.
Elle se tourna vers Coralie.
- Quant à toi salope, tu t’es bien moquée de moi. Tu n’as jamais eu de cesse que de me jalouser, mais je n’aurais jamais cru que ce serait jusqu’à baiser avec mon mari.
La jeune fille ramassa sa culotte et, le plus tranquillement du monde la remonta le long de ses jambes, tout en regardant ironiquement Azilis. Une fois reculottée, elle abaissa sa jupe, la déplissa et alla s’asseoir dans son fauteuil.
- Que veux-tu, il est venu pleurer dans mes jupes. Un bel homme comme ça, je ne pouvais pas ne pas en profiter.
Azilis éclata en sanglot et se cacha les yeux de ses mains.
Coralie prit un air compatissant.
- Bon allez, je te le rends. Il faut que tu saches que ce n’est pas un foudre de guerre eu pieu. Il est plutôt primaire et il faut être déjà prête à jouir, sinon, il serait capable de prendre son pied avant même que tu n’aies commencé à bien le sentir.
- Je n’en veux plus, tu peux le garder.
- Je n’en veux pas non plus, moi j’ai Elouan à qui je suis promise et qui me reviendra bientôt.
Elouan s’avança et la gifla à son tour.
- Tais-toi espèce de garce. Tu l’auras voulu, je n’avais pas l’intention de te le faire savoir, mais tu es tellement mauvaise, qu’il faut bien que tu saches la vérité.
La jeune fille se frotta la joue de la main et regarda Elouan avec un air d’enfant repenti.
- Nos parents se sont bien moqués de nous. Ils nous ont promis l’un à l’autre, mais mon père savait très bien que ce n’était qu’une promesse en l’air. Nous ne pourrons jamais être unis parce que tu n’es pas ma cousine, tu es ma sœur.
Coralie éclata de rire.
- Alors c’est tout ce que t’as trouvé pour me rejeter ?
- Non, je ne te mens pas. Mon père a eu une aventure avec ta mère et l’a mise enceinte. Kyllian était en mer et ne l’a jamais su. Tu es né de cette adultère, ce qui fais de toi ma demi-sœur. Je suis désolé de te l’apprendre aussi brutalement, mais c’est la vérité.
Le visage de Coralie se transforma soudain et elle sembla éprouver une grande douleur.
- Non, ce n’est pas vrai, tu mens. Jamais ma mère n’aurait couché avec ton père. Tu dis ça pour me faire du mal et te venger de ce que j’ai fait à Azilis.
- Je ne t’ai pas menti et, si tu veux tout savoir de cette histoire, tu n’as qu’à questionner ta mère.
La jeune fille était en pleine crise de larmes. Elle mit un moment avant de pouvoir de nouveau parler.
- Vous allez venir avec moi et, si vous m’avez menti, je vous jure que je me vengerai en vous faisant encore plus de mal ; et à tous les deux.
Ils sortirent tous les trois de la pêcherie et prirent le chemin de la maison des parents de Coralie.
La jeune fille entra en criant.
- Maman, viens, il faut qu’on parle.
Nevena arriva de la cuisine, un torchon à la main et l’air inquiète.
Que se passe-t-il ma bichette ?
- Assieds-toi, j’ai une question à te poser.
- Est-ce vrai que mon père c’est Yann ?
La mère de la jeune femme regarda sa fille comme si elle venait de lui présenter le diable. Elle regarda Elouan et Azilis, puis de nouveau sa fille. Elle se prit le visage à deux mains et s’écroula en larmes.
- Mon dieu ma petite, oui c’est vrai. Comment l’as-tu appris.
- C’est Elouan qui vient de me le dire.
- Oui, c’est vrai. Nous avons eu de gros problème ton père et moi et j’ai un peu perdu la raison quelques jours. Je me suis réfugiée auprès de Yann, parce qu’il est l’homme le plus près de ton père. Je ne sais pas, encore aujourd’hui, ce qu’il nous a pris, mais nous avons eu une liaison, quelques jours. Et, comme si cela ne suffisait pas à mon malheur, je suis tombée enceinte de toi.
- Tu te rends compte de ce que tu me dis maman ?
- Ne le dis pas à ton père, je crois qu’il en mourrait. Il t’aime tellement. C’est lui ton père, le seul père que tu n’aies jamais eu. Et il t’aime, ça, tu peux me croire.
- Mais pourquoi tu ne me l’as jamais dit.
- Ça aurait détruit notre famille, et ça, il n’en était pas question. J’ai préféré me taire et fait juré à Yann de n’en parler jamais à personne.
Coralie, le visage défait, s’assit sur une chaise et pleura en silence.
Nevena se leva, sécha ses larmes et s’approcha d’Azilis.
La jeune fille recula, l’air effrayé.
- N’aie pas peur petite, je ne te veux aucun mal. Coralie n’a jamais rien su et on n’en a parlé à personne parce qu’on voulait protéger nos familles et nos biens. Mais il y a quelque chose que je dois te dire à présent.
Elle lui prit la main et l’a fit s’assoir.
- Pendant mes quelques jours de perdition, mon Killian n’a pas été bien du tout lui aussi. Il devait sentir que quelque chose clochait entre nous et il a passé plusieurs soirées à boire avec ses copains. Un soir, en rentrant, il a croisé la route de ta mère. Il titubait et elle lui a proposé de l’aider à marcher, mais comme il était incapable de rentrer jusque chez-nous, elle l’amena chez elle pour lui laisser le temps de décuver. Et ce qui devait arriver arriva, ils ont passé la nuit ensemble et même la matinée. Il est rentré dans l’après-midi, l’air un peu hagard et penaud. Je ne lui ai fait aucun reproche à l’époque, ne sachant pas ce qu’il avait fait. Il ne me l’a avoué que quelques années plus tard quand je lui ai dit que je trouvais qu’il était bien protecteur à ton endroit.
Azilis sentit les larmes couler le long de ses joues. Elle tourna la tête et croisa le regard de Coralie qui la fixait, un air de grand étonnement dans le regard.
Nevena regarda les deux jeunes femmes.
- Eh oui, vous êtes sœurs. Vous ne pouviez pas le savoir car on s’était juré de n’en parler à personne. J’ai mis du temps à pardonner à mon Killian, mais, ayant moi-même fauté, j’aurai bien mal agi en ne le faisant pas.
Elouan, abasourdi par cette nouvelle, se leva et s’approcha d’Azilis.
- Mais alors, ça veut dire que tu es ma cousine.
Elle tourna la tête vers lui et découvrit son visage ravagé par les larmes.
→ Qu'avez-vous pensé de cette histoire ??? Donnez votre avis...
→ Autres histoires érotiques publiées par Briard
0 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Soyez le premier à donner votre avis après lecture sur cette histoire érotique...