La tentation du velours 3
Récit érotique écrit par Orchidée [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 04-04-2015 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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La tentation du velours 3
La tentation du velours 3
Ma chère Lola,Le souvenir des doigts de Sarah en moi hanta mon esprit toute la matinée du lendemain. Même dans notre folie adolescente, nous n’avions pas été aussi loin, il n’y avait pas eu un plaisir aussi intense, au point que maintenant faire l’amour m’obsède. Je ne sais pas si c’est normal. Peut-être qu’une fille ne devrait plus être vierge à 18 ans, ou peut-être que c’est juste moi.
L’arrivée de Sarah poussa la mamie voisine de palier, gentille mais bavarde, vers la sortie. Un coup de fil de mon oncle Alain, et elle se prenait pour mon chaperon. Mon amie – je la nommais ainsi car ce mot revêtait plusieurs perceptions – garda la porte ouverte jusqu’au départ de la petite vieille, une incitation à foutre le camp.
– Elle est un peu collante, dis-je en souriant une fois la porte refermée.
– La tristesse de la solitude n’est pas l’apanage des jeunes filles, répondit Sarah joviale après avoir posé une chemise cartonnée sur la table. Regarde ce que j’ai apporté.
Attirée comme une gamine par la promesse d’un cadeau, je me collai à elle afin de découvrir le contenu de la pochette surprise. Mon amie accepta le contact comme naturel, sans en tirer profit. Elle étala une quinzaine de clichés, certains en couleur, d’autres en noir et blanc. Cette jeune fille en balade dans Paris, tantôt rieuse, tantôt sérieuse, parfois rêveuse, était mon sosie, mais j’avais du mal à accepter que ce soit moi.
– Si tu avais vécu en ville au lieu de la campagne, on t’aurait déjà remarquée. Tu connais ta taille et ton poids exact ? demanda Sarah avec sérieux en sortant une calculette de son sac.
– Je fais… 1 m 75 pour 57 kg, hésitai-je abasourdie de connaître le jugement.
– Ton indice de masse corporelle est 18,6, conclut-elle de nouveau souriante, comme si notre relation dépendait du résultat de son calcul. Je pourrai déjà te faire signer un contrat.
Une impression de vertige me saisit, je désirais comprendre.
– De quoi tu parles, enfin ? Je vais reprendre mes études dans trois mois. Je suis trop grosse de toute façon. Et puis je croyais que… hier soir…– Écoute-moi, trésor, le temps des mannequins anorexiques est passé, la santé de nos filles est trop importante. De plus, rien ne t’empêche de reprendre tes études, mais il faut de l’argent pour vivre à Paris, même si tu es logée gratis. Quelques photos, une pub par-ci par-là, ça te garantit un chèque à la fin de chaque mois. Quant à hier soir, ça a soulagé la pression.
« Soulager la pression » ! J’ignorais si je devais en rire ou hurler de colère. La première option permettait au moins de ne pas sombrer. Et puis, me faire appeler mon trésor m’avait comblée d’un bonheur indescriptible.
– Tu proposes quoi ? réussis-je à articuler sans trop bégayer.
– Je désire m’occuper de toi. Tu as un don certain, des avantages précieux dont beaucoup de jeunes filles rêvent, je peux t’aider. Pour le reste, je te préviens : je n’entretiens pas de relation avec mes models. Même si de temps en temps on… enfin tu vois ce que je veux dire, ça ne signifie pas que tu es ma nana ou moi la tienne. C’est clair ?
Refuser c’était courir le risque de la voir franchir la porte une dernière fois, tirer un trait sur le moindre espoir, cette perception d’un avenir sans elle me fit frémir. Tant que nous continuerions à nous voir, rien n’était perdu.
– D’accord. C’est quoi le programme aujourd’hui ?
– Tu as de quoi déjeuner ? Nous avons un après-midi chargé.
Nous entrâmes peu après 14 heures dans un salon de coiffure réputé, une véritable ruche dédiée à la beauté pour des clientes ignorantes de la crise financière. Sarah en fit le tour, accordant sans complexe une bise ou un mot sympa à chaque employée. L’une d’elles me poussa gentiment à une place disponible.
– Qu’est-ce qu’on fait ? demanda la jeune femme répondant au prénom de Gaëlle.
Je découvris avec stupéfaction dans le miroir que la question ne s’adressait pas à moi. Quatre mains s’occupaient de triturer mes cheveux, d’en apprécier la texture. Sarah donna ses consignes, sûre de son fait, en professionnelle, sans même prendre mon avis.
– Ne les coupe pas. Je veux quelque chose qu’elle puisse entretenir facilement, qui préserve sa fraîcheur. Un peu de volume, peut-être ondulés dès la mi-longueur.
– Le cheveu est épais, ce sera facile, sourit l’employée, les doigts engoncés dans ma tignasse. Je devrai sans doute les épointer.
Le comportement de Sarah me troublait. Peut-être était-ce sa manière d’exprimer un intérêt pour ma petite personne. Rassurée de ne pas voir mes longs cheveux coupés, je m’abandonnais aux mains expertes de Gaëlle.
– Qu’en penses-tu ? me demanda Sarah en sortant du salon deux petites heures plus tard.
Habituée au travail soigné, mais sans recherche, du coiffeur de notre bled, je reconnaissais sans mal le bien fondé des suggestions de Sarah. Je me sentais belle, et cette impression nouvelle me plaisait. Chaque vitrine devenait une glace dans laquelle m’admirer.
– Génial ! Mais l’ondulation va foutre le camp au premier lavage.
– Non, me rassura-t-elle. Tu as un fer à boucler ?
Jamais l’utilité d’un tel instrument ne m’avait effleurée. Sarah le devina à ma grimace.
– On t’en trouvera un, je te montrerai comment faire.
Nous marchâmes d’un pas tranquille. La présence de celle qui restait une belle inconnue à mes côtés s’imposait à mon esprit comme des plus naturelles, je devais jouer son jeu afin de mieux l’apprivoiser, de me rendre indispensable.
– Tu m’amènes où, maintenant ?
– Dans une boutique de lingerie à deux pas. Nous devons prendre soin de ta poitrine.
Nous ! Elle avait dit nous, et ce simple mot dans sa bouche enveloppa mon cœur d’une chaleur délicieuse. La sensation d’être amoureuse s’insinua en moi, même si ça semblait ridicule, ou pour le moins précipité.
Là aussi, Sarah entra en terrain conquis, saluant tout le monde. Mon œil de petite campagnarde habituée à être fauchée s’attarda sur l’étiquette d’une nuisette de satin. La valeur du bout de tissu m’aurait permis de faire les courses un bon mois. Une inquiétude me traversa l’esprit.
– Tu n’as pas payé chez le coiffeur. Et là, les prix sont…– Ce sont des frais de gestion pour ma boîte, rassure-toi. Nous sommes sous contrats avec ces magasins, et bien d’autres.
Pas de doute, on me faisait entrer dans un monde à part. Sans plus de détails, Sarah étudia les soutiens-gorge. Elle en choisit trois avant de me faire entrer dans une cabine d’essayage assez spacieuse pour y installer une petite table et des rafraîchissements. J’allais me dévêtir sans soucis, la pudeur n’avait plus de mise depuis la séance de masturbation de la veille, quand une vendeuse nous rejoignit.
– Qu’est-ce que…– Ce n’est rien, m’interrompit Sarah. Chloé est conseillère ici, elle m’aide souvent pour le choix du tissu et la profondeur des bonnets. On gagne un temps fou. Tu peux te déshabiller en toute tranquillité.
Plus facile à dire qu’à faire en de telles conditions, je satisfis tout de même à l’exigence. La psyché me renvoya l’image d’une jeune fille certes émue, mais pas rouge de honte comme je m’y attendais. Sarah dans mon dos, la vendeuse devant, les quatre mains sur ma poitrine, comme les quatre un peu plus tôt dans mes cheveux, me laissaient une impression de professionnalisme, loin du ressenti au sortir de la douche. Le plus long dans l’essayage fut de boutonner et de reboutonner ma robe.
– On prend les trois, indiqua Sarah sans perdre de temps, tu nous mets les slips assortis en taille 38. Pas de string, surtout, ni de dentelle rajoutée.
Un taxi nous déposa au bas d’un immeuble dans une rue située non loin de la mienne. Un petit ascenseur jusqu’au 3ème étage, je pénétrai dans un couloir. Pas le temps de jeter un œil au séjour sur la gauche ou à la cuisine à droite, encore moins à la salle de bain, Sarah m’entraîna par la main dans sa chambre. Ce comportement me choqua. Sans prendre la peine de me regarder, elle ouvrit les battants d’une armoire.
– Á poil, vite. Mets ça avec le soutien-gorge pigeonnant et le slip assorti. On doit arriver au restaurant à 20 heures au plus tard.
J’étais prise dans un tourbillon, sans volonté de me débattre tant la situation était loin de me déplaire. On s’occupait de moi pour la première fois de ma jeune existence. Pourtant, un signal d’alerte clignota dans mon cerveau, vite chassé par certains détails. Un coiffeur de renom ne pouvait se faire complice d’une personne malhonnête, de même que les employées d’une boutique de lingerie de luxe.
– Á quoi tu penses ? sourit Sarah en prenant le parti de me dévêtir devant mon inertie causée par une pensée pas très nette.
Ses mains se firent plus douces que dans la cabine d’essayage, son regard s’éclaira de nouveau à la vue de ma nudité. Je le ressentis comme une caresse.
– Je me demandais pourquoi tu fais tout ça, osai-je après avoir cherché les mots. On se connaît depuis deux jours, et tu fais des trucs insensés depuis ce matin.
– L’instinct, ma chère Anaïs, répondit-elle en me rhabillant dans les vêtements conformes à son choix, le pressentiment que nous allons faire de grandes choses ensemble. Regarde !
J’ignore ce qui me toucha, les mots lancés avec une désarmante certitude, ou mon reflet dans la glace au centre de l’armoire. Cette jeune beauté gainée dans une splendide robe cocktail bleu azur dont le volant tombait à mi-cuisses, serrée à la taille par une large ceinture bleu roi, c’était moi ? Pas le temps de m’interroger, on glissait mes pieds dans des escarpins dont le talon ne dépassait pas cinq centimètres.
– Tu es bien dedans ? demanda une voix posée.
– Peut-être un peu grand, répondis-je en tremblant.
Quelques secondes plus tard, Sarah me chaussait de nouveau après avoir glissé une semelle dans chaque chaussure.
– Une touche de fard à paupière, un soupçon de rose sur tes lèvres, et tu seras parfaite.
Parfaite pour quoi ou pour qui, il me restait à le découvrir.
La tête pleine des confidences de Sarah, de sa certitude de faire de moi un mannequin, de son empressement à m’offrir une soirée de rêve, des regards que je n’avais cessé d’attirer, je souris à l’avenir tandis que je pénétrai pour la seconde fois dans son appartement. Elle prit le temps de me faire visiter un agréable deux pièces cuisine à l’ameublement minimaliste d’un blanc épuré.
Son attitude dans la soirée me laissait un goût d’inachevé, presque la promesse d’un futur immédiat correspondant à mes espérances. Sans doute sa retenue vis-à-vis de moi tenait du désir de ne rien précipiter. C’était moi la petite campagnarde, mais elle qui se comportait avec un siècle de retard. J’acceptais sa réserve, prête à patienter le temps nécessaire, même si mon attitude ne laissait planer aucun doute.
– Mets-toi à l’aise, trésor, tu vas dormir ici. Je vais te donner une brosse à dents et une serviette, tu peux prendre un bain.
Á peine déshabillée, la magnifique robe posée sur le lit dans la chambre de Sarah, j’allais filer dans la salle de bain en sous-vêtements quand elle fit irruption, un mètre ruban à la main.
– Enlève tout, je vais prendre tes mensurations exactes.
Être nue en sa présence me gênait de moins en moins, son regard me mettait à l’aise. Elle opéra vite, avec attention, prenant soin de prendre des notes.
– C’est bien ce que j’avais évalué : 94, 66, 90.
– Qu’est-ce que ça veut dire ? demandai-je par acquis de conscience.
– Tes mensurations ne sont pas celles d’un mannequin de défilé, mais elles sont idéales pour les photos et même la pub télévisée. Avec l’expression de ton visage, on va faire un malheur. J’ai senti à notre première rencontre que tu étais faite pour ça, il n’y a aucun doute. Même Marc en est persuadé, et il en a vu passer devant son objectif. Ta présence crèvera l’écran, comme on dit dans le jargon du métier.
Puis, oubliant son travail, elle me prit par la main comme une gamine désireuse de s’amuser, et m’entraîna hors de la pièce.
Le temps de remplir la baignoire nous offrit l’occasion de chahuter, un instant décomplexé de franche camaraderie. Ce qui devait arriver arriva.
– Ah ! c’est malin, rit Sarah à gorge déployée. Je suis toute trempée maintenant.
– Tu n’as qu’à prendre le bain avec moi, balançai-je sans même une arrière-pensée.
La franchise me rattrapa pourtant quand la chemise glissa sur sa peau légèrement hâlée. Elle s’était retournée afin de suspendre ses vêtements à la patère, m’offrant la vue du triangle de son dos. Le ballet des mains occupées à dégrafer le soutien-gorge étira ses muscles fins de l’omoplate à la hanche arquée. La chorégraphie s’emballa, Sarah fit glisser le pantalon et le slip d’un même mouvement sur ses cuisses pleines sans excès de sportive du dimanche. Ses longues jambes tressaillirent jusqu’à fouler le tissu aux pieds. Mon regard remonta jusqu’aux fesses rondes juste avant qu’elle ne se retourne.
Le mouvement m’offrit la vision fantasmatique du mont de Vénus le bien nommé, recouvert de courts poils brun cachant à peine la peau, la toison en pointe de flèche semblait indiquer le chemin à suivre. Mon regard choisit l’itinéraire inverse cependant, et remonta le long du ventre plat aux abdominaux sous-jacents. Les seins, hésitants entre la poire et la pomme, tendaient vers l’avant comme une invitation aux caresses. Le téton sage dans la petite aréole quémandait les baisers.
– Ça va ? Tu te rinces bien l’œil ? s’amusa Sarah sans se dérober à mon regard.
– Tu es belle.
Cette remarque était évidente, tout aussi évidente la raison de lui donner mon impression. Sans doute le savait-elle, le compliment la fit tout de même rougir.
– Tu me fais un peu de place, sourit-elle en s’installant face à moi dans la baignoire, mêlant ses jambes aux miennes.
Le contact me ravit. On resta un moment à s’observer, les yeux dans les yeux, chacune tentant de lire les pensées de l’autre. Les miennes me trahirent sans doute, car mon amie me demanda de me retourner.
– Viens là, je vais te laver.
Installée entre ses cuisses écartées, mon dos écrasa sa poitrine. Cette posture prit la dimension d’une caresse, car je sentis les pointes durcir.
– Tu n’as jamais fait des choses avec la copine à qui tu écris ? demanda-t-elle l’air de rien. Au collège et au Lycée, même les filles hétéros ont souvent des petites histoires entre elles, comme des expériences.
J’espère que tu ne m’en voudras pas, ma douce Lola, de lui avoir raconté nos jeux, nos baisers, nos caresses maladroites, cet étrange ressenti qu’on ne peut pas qualifier de plaisir sexuel au sens propre du terme. Je voulais sans doute la rendre jalouse.
Sarah se lova autour de moi comme une contorsionniste. Ses mains en guise d’éponges, elle massa mon dos au point de détendre chacun de mes muscles. La lenteur de ses gestes me tirait des soupirs de bien-être. Elle posa la joue sur mon épaule gauche, me sourit. La proximité des lèvres brillantes en faisait des fruits tentants. Je me retins à grand peine de mordre dans la chair pour ne pas rompre le charme.
Ses mains abandonnèrent mon dos, se faufilèrent devant. Entre palpation et caresse, mes seins enflèrent, mon ventre durcit. Sarah massa mes globes de l’intérieur vers l’extérieur, frôlant d’un doigt mes tétons à chaque passage. Elle s’amusa de leur réaction d’orgueil.
– Ils sont sensibles.
Je répondis sans parler, d’un simple hochement de tête. Depuis la puberté, j’avais appris à les caresser, à maîtriser le bonheur simple de les sentir vibrer sous mes attouchements plus ou moins appuyés. Ce n’était pas un moyen de parvenir à la conclusion, mais cela permettait de décupler mon plaisir lors des séances de masturbation.
Une main toujours sur mes seins, l’autre glissa de mon ventre jusque dans ma toison. D’abord immobile, Sarah entreprit de masser mon pubis. La caresse sensuelle de sa paume sur mon bas-ventre me tira un frisson, mon sexe s’ouvrit sans être sollicité.
– Tu as froid ?
– Non, balançai-je sans mentir.
– D’accord ! J’ai compris. Il faut vraiment qu’on fasse quelque chose pour ta virginité, tu ne sais pas te tenir en compagnie.
Seule dans le clic-clac du salon, engoncée dans le pyjama qu’elle m’avait prêté, je peinais à trouver le sommeil, triste de ne pas profiter du lit de Sarah. Une fois encore son baiser n’avait touché que mon front.
Je ne sais plus où j’en suis, Lola. J’ignore si c’est l’amour ou simplement mes hormones, je la désire, je veux lui appartenir. Il me reste tant à découvrir, tout en fait. Je vais devenir folle si rien ne se passe.
Bonne nuit, ma tendre amie.
Ma chère Lola,Le souvenir des doigts de Sarah en moi hanta mon esprit toute la matinée du lendemain. Même dans notre folie adolescente, nous n’avions pas été aussi loin, il n’y avait pas eu un plaisir aussi intense, au point que maintenant faire l’amour m’obsède. Je ne sais pas si c’est normal. Peut-être qu’une fille ne devrait plus être vierge à 18 ans, ou peut-être que c’est juste moi.
L’arrivée de Sarah poussa la mamie voisine de palier, gentille mais bavarde, vers la sortie. Un coup de fil de mon oncle Alain, et elle se prenait pour mon chaperon. Mon amie – je la nommais ainsi car ce mot revêtait plusieurs perceptions – garda la porte ouverte jusqu’au départ de la petite vieille, une incitation à foutre le camp.
– Elle est un peu collante, dis-je en souriant une fois la porte refermée.
– La tristesse de la solitude n’est pas l’apanage des jeunes filles, répondit Sarah joviale après avoir posé une chemise cartonnée sur la table. Regarde ce que j’ai apporté.
Attirée comme une gamine par la promesse d’un cadeau, je me collai à elle afin de découvrir le contenu de la pochette surprise. Mon amie accepta le contact comme naturel, sans en tirer profit. Elle étala une quinzaine de clichés, certains en couleur, d’autres en noir et blanc. Cette jeune fille en balade dans Paris, tantôt rieuse, tantôt sérieuse, parfois rêveuse, était mon sosie, mais j’avais du mal à accepter que ce soit moi.
– Si tu avais vécu en ville au lieu de la campagne, on t’aurait déjà remarquée. Tu connais ta taille et ton poids exact ? demanda Sarah avec sérieux en sortant une calculette de son sac.
– Je fais… 1 m 75 pour 57 kg, hésitai-je abasourdie de connaître le jugement.
– Ton indice de masse corporelle est 18,6, conclut-elle de nouveau souriante, comme si notre relation dépendait du résultat de son calcul. Je pourrai déjà te faire signer un contrat.
Une impression de vertige me saisit, je désirais comprendre.
– De quoi tu parles, enfin ? Je vais reprendre mes études dans trois mois. Je suis trop grosse de toute façon. Et puis je croyais que… hier soir…– Écoute-moi, trésor, le temps des mannequins anorexiques est passé, la santé de nos filles est trop importante. De plus, rien ne t’empêche de reprendre tes études, mais il faut de l’argent pour vivre à Paris, même si tu es logée gratis. Quelques photos, une pub par-ci par-là, ça te garantit un chèque à la fin de chaque mois. Quant à hier soir, ça a soulagé la pression.
« Soulager la pression » ! J’ignorais si je devais en rire ou hurler de colère. La première option permettait au moins de ne pas sombrer. Et puis, me faire appeler mon trésor m’avait comblée d’un bonheur indescriptible.
– Tu proposes quoi ? réussis-je à articuler sans trop bégayer.
– Je désire m’occuper de toi. Tu as un don certain, des avantages précieux dont beaucoup de jeunes filles rêvent, je peux t’aider. Pour le reste, je te préviens : je n’entretiens pas de relation avec mes models. Même si de temps en temps on… enfin tu vois ce que je veux dire, ça ne signifie pas que tu es ma nana ou moi la tienne. C’est clair ?
Refuser c’était courir le risque de la voir franchir la porte une dernière fois, tirer un trait sur le moindre espoir, cette perception d’un avenir sans elle me fit frémir. Tant que nous continuerions à nous voir, rien n’était perdu.
– D’accord. C’est quoi le programme aujourd’hui ?
– Tu as de quoi déjeuner ? Nous avons un après-midi chargé.
Nous entrâmes peu après 14 heures dans un salon de coiffure réputé, une véritable ruche dédiée à la beauté pour des clientes ignorantes de la crise financière. Sarah en fit le tour, accordant sans complexe une bise ou un mot sympa à chaque employée. L’une d’elles me poussa gentiment à une place disponible.
– Qu’est-ce qu’on fait ? demanda la jeune femme répondant au prénom de Gaëlle.
Je découvris avec stupéfaction dans le miroir que la question ne s’adressait pas à moi. Quatre mains s’occupaient de triturer mes cheveux, d’en apprécier la texture. Sarah donna ses consignes, sûre de son fait, en professionnelle, sans même prendre mon avis.
– Ne les coupe pas. Je veux quelque chose qu’elle puisse entretenir facilement, qui préserve sa fraîcheur. Un peu de volume, peut-être ondulés dès la mi-longueur.
– Le cheveu est épais, ce sera facile, sourit l’employée, les doigts engoncés dans ma tignasse. Je devrai sans doute les épointer.
Le comportement de Sarah me troublait. Peut-être était-ce sa manière d’exprimer un intérêt pour ma petite personne. Rassurée de ne pas voir mes longs cheveux coupés, je m’abandonnais aux mains expertes de Gaëlle.
– Qu’en penses-tu ? me demanda Sarah en sortant du salon deux petites heures plus tard.
Habituée au travail soigné, mais sans recherche, du coiffeur de notre bled, je reconnaissais sans mal le bien fondé des suggestions de Sarah. Je me sentais belle, et cette impression nouvelle me plaisait. Chaque vitrine devenait une glace dans laquelle m’admirer.
– Génial ! Mais l’ondulation va foutre le camp au premier lavage.
– Non, me rassura-t-elle. Tu as un fer à boucler ?
Jamais l’utilité d’un tel instrument ne m’avait effleurée. Sarah le devina à ma grimace.
– On t’en trouvera un, je te montrerai comment faire.
Nous marchâmes d’un pas tranquille. La présence de celle qui restait une belle inconnue à mes côtés s’imposait à mon esprit comme des plus naturelles, je devais jouer son jeu afin de mieux l’apprivoiser, de me rendre indispensable.
– Tu m’amènes où, maintenant ?
– Dans une boutique de lingerie à deux pas. Nous devons prendre soin de ta poitrine.
Nous ! Elle avait dit nous, et ce simple mot dans sa bouche enveloppa mon cœur d’une chaleur délicieuse. La sensation d’être amoureuse s’insinua en moi, même si ça semblait ridicule, ou pour le moins précipité.
Là aussi, Sarah entra en terrain conquis, saluant tout le monde. Mon œil de petite campagnarde habituée à être fauchée s’attarda sur l’étiquette d’une nuisette de satin. La valeur du bout de tissu m’aurait permis de faire les courses un bon mois. Une inquiétude me traversa l’esprit.
– Tu n’as pas payé chez le coiffeur. Et là, les prix sont…– Ce sont des frais de gestion pour ma boîte, rassure-toi. Nous sommes sous contrats avec ces magasins, et bien d’autres.
Pas de doute, on me faisait entrer dans un monde à part. Sans plus de détails, Sarah étudia les soutiens-gorge. Elle en choisit trois avant de me faire entrer dans une cabine d’essayage assez spacieuse pour y installer une petite table et des rafraîchissements. J’allais me dévêtir sans soucis, la pudeur n’avait plus de mise depuis la séance de masturbation de la veille, quand une vendeuse nous rejoignit.
– Qu’est-ce que…– Ce n’est rien, m’interrompit Sarah. Chloé est conseillère ici, elle m’aide souvent pour le choix du tissu et la profondeur des bonnets. On gagne un temps fou. Tu peux te déshabiller en toute tranquillité.
Plus facile à dire qu’à faire en de telles conditions, je satisfis tout de même à l’exigence. La psyché me renvoya l’image d’une jeune fille certes émue, mais pas rouge de honte comme je m’y attendais. Sarah dans mon dos, la vendeuse devant, les quatre mains sur ma poitrine, comme les quatre un peu plus tôt dans mes cheveux, me laissaient une impression de professionnalisme, loin du ressenti au sortir de la douche. Le plus long dans l’essayage fut de boutonner et de reboutonner ma robe.
– On prend les trois, indiqua Sarah sans perdre de temps, tu nous mets les slips assortis en taille 38. Pas de string, surtout, ni de dentelle rajoutée.
Un taxi nous déposa au bas d’un immeuble dans une rue située non loin de la mienne. Un petit ascenseur jusqu’au 3ème étage, je pénétrai dans un couloir. Pas le temps de jeter un œil au séjour sur la gauche ou à la cuisine à droite, encore moins à la salle de bain, Sarah m’entraîna par la main dans sa chambre. Ce comportement me choqua. Sans prendre la peine de me regarder, elle ouvrit les battants d’une armoire.
– Á poil, vite. Mets ça avec le soutien-gorge pigeonnant et le slip assorti. On doit arriver au restaurant à 20 heures au plus tard.
J’étais prise dans un tourbillon, sans volonté de me débattre tant la situation était loin de me déplaire. On s’occupait de moi pour la première fois de ma jeune existence. Pourtant, un signal d’alerte clignota dans mon cerveau, vite chassé par certains détails. Un coiffeur de renom ne pouvait se faire complice d’une personne malhonnête, de même que les employées d’une boutique de lingerie de luxe.
– Á quoi tu penses ? sourit Sarah en prenant le parti de me dévêtir devant mon inertie causée par une pensée pas très nette.
Ses mains se firent plus douces que dans la cabine d’essayage, son regard s’éclaira de nouveau à la vue de ma nudité. Je le ressentis comme une caresse.
– Je me demandais pourquoi tu fais tout ça, osai-je après avoir cherché les mots. On se connaît depuis deux jours, et tu fais des trucs insensés depuis ce matin.
– L’instinct, ma chère Anaïs, répondit-elle en me rhabillant dans les vêtements conformes à son choix, le pressentiment que nous allons faire de grandes choses ensemble. Regarde !
J’ignore ce qui me toucha, les mots lancés avec une désarmante certitude, ou mon reflet dans la glace au centre de l’armoire. Cette jeune beauté gainée dans une splendide robe cocktail bleu azur dont le volant tombait à mi-cuisses, serrée à la taille par une large ceinture bleu roi, c’était moi ? Pas le temps de m’interroger, on glissait mes pieds dans des escarpins dont le talon ne dépassait pas cinq centimètres.
– Tu es bien dedans ? demanda une voix posée.
– Peut-être un peu grand, répondis-je en tremblant.
Quelques secondes plus tard, Sarah me chaussait de nouveau après avoir glissé une semelle dans chaque chaussure.
– Une touche de fard à paupière, un soupçon de rose sur tes lèvres, et tu seras parfaite.
Parfaite pour quoi ou pour qui, il me restait à le découvrir.
La tête pleine des confidences de Sarah, de sa certitude de faire de moi un mannequin, de son empressement à m’offrir une soirée de rêve, des regards que je n’avais cessé d’attirer, je souris à l’avenir tandis que je pénétrai pour la seconde fois dans son appartement. Elle prit le temps de me faire visiter un agréable deux pièces cuisine à l’ameublement minimaliste d’un blanc épuré.
Son attitude dans la soirée me laissait un goût d’inachevé, presque la promesse d’un futur immédiat correspondant à mes espérances. Sans doute sa retenue vis-à-vis de moi tenait du désir de ne rien précipiter. C’était moi la petite campagnarde, mais elle qui se comportait avec un siècle de retard. J’acceptais sa réserve, prête à patienter le temps nécessaire, même si mon attitude ne laissait planer aucun doute.
– Mets-toi à l’aise, trésor, tu vas dormir ici. Je vais te donner une brosse à dents et une serviette, tu peux prendre un bain.
Á peine déshabillée, la magnifique robe posée sur le lit dans la chambre de Sarah, j’allais filer dans la salle de bain en sous-vêtements quand elle fit irruption, un mètre ruban à la main.
– Enlève tout, je vais prendre tes mensurations exactes.
Être nue en sa présence me gênait de moins en moins, son regard me mettait à l’aise. Elle opéra vite, avec attention, prenant soin de prendre des notes.
– C’est bien ce que j’avais évalué : 94, 66, 90.
– Qu’est-ce que ça veut dire ? demandai-je par acquis de conscience.
– Tes mensurations ne sont pas celles d’un mannequin de défilé, mais elles sont idéales pour les photos et même la pub télévisée. Avec l’expression de ton visage, on va faire un malheur. J’ai senti à notre première rencontre que tu étais faite pour ça, il n’y a aucun doute. Même Marc en est persuadé, et il en a vu passer devant son objectif. Ta présence crèvera l’écran, comme on dit dans le jargon du métier.
Puis, oubliant son travail, elle me prit par la main comme une gamine désireuse de s’amuser, et m’entraîna hors de la pièce.
Le temps de remplir la baignoire nous offrit l’occasion de chahuter, un instant décomplexé de franche camaraderie. Ce qui devait arriver arriva.
– Ah ! c’est malin, rit Sarah à gorge déployée. Je suis toute trempée maintenant.
– Tu n’as qu’à prendre le bain avec moi, balançai-je sans même une arrière-pensée.
La franchise me rattrapa pourtant quand la chemise glissa sur sa peau légèrement hâlée. Elle s’était retournée afin de suspendre ses vêtements à la patère, m’offrant la vue du triangle de son dos. Le ballet des mains occupées à dégrafer le soutien-gorge étira ses muscles fins de l’omoplate à la hanche arquée. La chorégraphie s’emballa, Sarah fit glisser le pantalon et le slip d’un même mouvement sur ses cuisses pleines sans excès de sportive du dimanche. Ses longues jambes tressaillirent jusqu’à fouler le tissu aux pieds. Mon regard remonta jusqu’aux fesses rondes juste avant qu’elle ne se retourne.
Le mouvement m’offrit la vision fantasmatique du mont de Vénus le bien nommé, recouvert de courts poils brun cachant à peine la peau, la toison en pointe de flèche semblait indiquer le chemin à suivre. Mon regard choisit l’itinéraire inverse cependant, et remonta le long du ventre plat aux abdominaux sous-jacents. Les seins, hésitants entre la poire et la pomme, tendaient vers l’avant comme une invitation aux caresses. Le téton sage dans la petite aréole quémandait les baisers.
– Ça va ? Tu te rinces bien l’œil ? s’amusa Sarah sans se dérober à mon regard.
– Tu es belle.
Cette remarque était évidente, tout aussi évidente la raison de lui donner mon impression. Sans doute le savait-elle, le compliment la fit tout de même rougir.
– Tu me fais un peu de place, sourit-elle en s’installant face à moi dans la baignoire, mêlant ses jambes aux miennes.
Le contact me ravit. On resta un moment à s’observer, les yeux dans les yeux, chacune tentant de lire les pensées de l’autre. Les miennes me trahirent sans doute, car mon amie me demanda de me retourner.
– Viens là, je vais te laver.
Installée entre ses cuisses écartées, mon dos écrasa sa poitrine. Cette posture prit la dimension d’une caresse, car je sentis les pointes durcir.
– Tu n’as jamais fait des choses avec la copine à qui tu écris ? demanda-t-elle l’air de rien. Au collège et au Lycée, même les filles hétéros ont souvent des petites histoires entre elles, comme des expériences.
J’espère que tu ne m’en voudras pas, ma douce Lola, de lui avoir raconté nos jeux, nos baisers, nos caresses maladroites, cet étrange ressenti qu’on ne peut pas qualifier de plaisir sexuel au sens propre du terme. Je voulais sans doute la rendre jalouse.
Sarah se lova autour de moi comme une contorsionniste. Ses mains en guise d’éponges, elle massa mon dos au point de détendre chacun de mes muscles. La lenteur de ses gestes me tirait des soupirs de bien-être. Elle posa la joue sur mon épaule gauche, me sourit. La proximité des lèvres brillantes en faisait des fruits tentants. Je me retins à grand peine de mordre dans la chair pour ne pas rompre le charme.
Ses mains abandonnèrent mon dos, se faufilèrent devant. Entre palpation et caresse, mes seins enflèrent, mon ventre durcit. Sarah massa mes globes de l’intérieur vers l’extérieur, frôlant d’un doigt mes tétons à chaque passage. Elle s’amusa de leur réaction d’orgueil.
– Ils sont sensibles.
Je répondis sans parler, d’un simple hochement de tête. Depuis la puberté, j’avais appris à les caresser, à maîtriser le bonheur simple de les sentir vibrer sous mes attouchements plus ou moins appuyés. Ce n’était pas un moyen de parvenir à la conclusion, mais cela permettait de décupler mon plaisir lors des séances de masturbation.
Une main toujours sur mes seins, l’autre glissa de mon ventre jusque dans ma toison. D’abord immobile, Sarah entreprit de masser mon pubis. La caresse sensuelle de sa paume sur mon bas-ventre me tira un frisson, mon sexe s’ouvrit sans être sollicité.
– Tu as froid ?
– Non, balançai-je sans mentir.
– D’accord ! J’ai compris. Il faut vraiment qu’on fasse quelque chose pour ta virginité, tu ne sais pas te tenir en compagnie.
Seule dans le clic-clac du salon, engoncée dans le pyjama qu’elle m’avait prêté, je peinais à trouver le sommeil, triste de ne pas profiter du lit de Sarah. Une fois encore son baiser n’avait touché que mon front.
Je ne sais plus où j’en suis, Lola. J’ignore si c’est l’amour ou simplement mes hormones, je la désire, je veux lui appartenir. Il me reste tant à découvrir, tout en fait. Je vais devenir folle si rien ne se passe.
Bonne nuit, ma tendre amie.
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