La Vie de Martin - 03
Récit érotique écrit par Ninemark [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 13-01-2021 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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La Vie de Martin - 03
Chapitre 3 : Abus de confiance
Les mois passent et s’intensifient. On arrive au début des vacances d’été et chaque jour depuis maintenant 10 mois est comblé par la présence de Samir. Je n’ai jamais été en relation aussi longtemps et j’avais toujours eu des craintes quant à l’usure du quotidien mais je me surprends à être encore en manque de lui malgré que je le voie tout le temps. Cela semble réciproque et il me fait très souvent de jolies attentions.
Comme bien prévu, Julien est toujours très présent dans ma vie et même si on se voit moins qu’avant, on arrive encore bien à se capter plusieurs fois dans la semaine. Je m’entends particulièrement bien avec sa copine, ce qui fait qu’on n’a pas de soucis avec nos conjoints vis-à-vis de notre amitié. Je partage aussi beaucoup de moments avec les potes de Samir et bien que je m’entende avec tous, il est certain que Karim est celui avec qui j’ai le plus d’affinité. Je ne dis pas que les autres ne m’intéressent pas mais il faut noter un écart de maturité qui fait que je préfère passer du temps avec Karim qu’avec les autres. C’est d’ailleurs le plus jeune de la bande bien qu’il ait 24 ans.
Ce soir est un jour particulier car Samir m’a proposé une soirée spéciale. En rentrant du taf, je remarque que la table est décorée et qu’une odeur de nourriture s’échappe de la cuisine. Samir me retrouve et me sourit amoureusement bien que je le sens tendu. Je lui demande ce qu’il se passe et il me dit qu’il voulait préparer un petit repas en amoureux. Je l’embrasse tendrement et pars dans la cuisine, tout excité de voir ce qu’il a préparé. Je file ensuite à la douche pour me nettoyer de cette journée de travail.
Je le retrouve à table et après avoir entamé le repas, je remarque qu’il est toujours aussi tendu. Je lui demande ce qu’il a et si ce repas à une signification particulière. Il voit que j’ai capté qu’il se passait quelque chose et décide de ne pas feindre. Il respire profondément et se lance :
« Je voulais attendre la fin du repas mais je n’arrive pas à faire semblant »
Il s’arrête quelques secondes pour respirer. Je commence à stresser en me demandant ce que je vais apprendre. Il reprend :
« Martin, ça fait 10 mois que je suis avec toi et je n’ai jamais été aussi amoureux. Bon, je vais pas tourner autour du pot deux heures… J’aimerais passer à la vitesse supérieure et me pacser avec toi. »
Je m’attendais à tout sauf à ça. A l’annonce, je ne peux feindre mon étonnement et je sais à partir de ce moment-là que ma réaction n’était pas celle espérée. Je laisse un moment de silence se faire et je vois la tête de Samir perdre son optimisme. Je prends alors sa main dans la mienne et lui répond ;
« Chéri, je t’aime aussi plus que tout. J’aimerais te dire oui mais tu sais que je ne peux pas te mentir. Je ne te dis pas non mais j’ai besoin de temps pour réfléchir. Je ne prends pas ce genre de choses à la légère et cela représente beaucoup pour moi. Tu sais que je n’ai pas besoin de me pacser avec toi pour savoir que je t’aime éperdument mais je sais aussi que c’est important pour toi et je dois réfléchir à ça. Je ne te demande que de me laisser du temps. »
Je vois que ma réponse ne le comble pas entièrement mais je ne pouvais pas faire autrement. Je sais que j’ai encore beaucoup de choses à travailler au niveau de l’engagement et maintenant que le sujet est sur la table je dois l’étudier. La vérité est que je n’avais jamais eu l’idée de me projeter à ce point et le fait d’être face à ce questionnement me demande du temps.
Samir feinte quelques minutes qu’il comprend et que ce n’est pas grave mais je vois bien que ça le touche. Il se lève peu de temps après pour aller à la cuisine. J’attends un court temps avant d’aller le rejoindre. Je le retrouve vers la fenêtre à observer l’extérieur. Je m’approche et le prends dans mes bras. J’enfouis ma tête dans son cou pour lui faire un câlin.
« Bébé, je suis désolé de ne pas avoir dit ce que tu voulais entendre. J’avais jamais pensé m’engager autant et ça m’a donc fait peur. Mais je te promets que je vais y réfléchir car je t’aime et je ne veux pas te perdre. »
Samir se retourne pour me regarder, les larmes aux yeux. Il m’embrasse et me dit qu’il ne veut pas me perdre non plus. Je sais bien qu’il a pris ma réaction comme une forme de désamour car il n’arrive pas à comprendre ma position.
***
La fin juillet est arrivée. Voilà un mois que je suis en réflexion sur cet engagement. Je sais que le pacs n’est pas comme le mariage et que c’est moins effrayant mais je ne veux pas faire ça pour faire plaisir mais parce que je le veux aussi. De nombreuses discussions ont eu lieu et Samir continue de ne pas saisir mon point de vue. On s’est donc un peu éloigné pendant le mois car beaucoup de disputes ont éclaté. Il y en a eu plus en un mois qu’en 10 mois de relation. On se retrouve toujours derrière mais il n’empêche qu’une tension persiste et elle ne s’évanouira que lorsque j’aurais pris une décision.
Il y a eu deux événements qui ont particulièrement terminés plus violemment que les autres. On en n’est jamais venu aux mains mais c’était violent psychologiquement car on a commencé à s’insulter et c’était très compliqué pour moi d’entendre l’homme que j’aime m’insulter. Les deux fois ont terminés par mon départ où je suis parti dormir chez Julien en attendant que l’on se calme chacun de notre côté. On arrive à ne plus trop se comprendre car il ne comprend pas pourquoi ça me demande tant de réflexion si je l’aime et je ne comprends pas pourquoi cela l’énerve autant. Par moment, je ne le reconnais plus. Je me suis rapproché un peu plus de Karim pour lui confier des choses et il me dit que le sujet est assez tabou et qu’il n’a jamais pu réellement en parler avec Samir.
Après un mois de réflexion et d’engueulades, je me suis rendu compte que j’aimais toujours profondément Samir et que je ne voulais pas le perdre. J’ai beaucoup réfléchi à l’idée du pacs et j’ai décidé que je pourrais l’envisager à condition que l’on traite d’abord nos discordes pour repartir sur un bon pied. Je suis en vacances pour 3 semaines et j’ai l’opportunité de partir en début d’après-midi. Je décide de faire une surprise à Samir pour le lui annoncer.
J’arrive à l’appartement vers 14h et pars en direction de la cuisine pour préparer quelque chose. Alors que je tiens le couteau de cuisine, un bruit me parvient de la chambre. Je suis surpris car Samir est au travail normalement et, par précaution, je m’approche avec le couteau au cas où que ce soit un voleur. J’arrive vers la porte entrouverte et mon cœur se bloque.
Devant moi, Samir se tient debout dos à moi, nu. Sur le lit, un autre gars allongé sur le dos et la tête penchée, cachée par Samir. Il ne faut pas avoir un doctorat pour savoir qu’il est entrain de lui baiser la bouche. Je ne peux pas voir le visage du gars mais je le reconnais instantanément à son tatouage sur le bras. C’est un des serveurs du bar où l’on sort le plus souvent, celui où on est allé le soir de notre rencontre.
Samir pousse des râles et enculant la bouche du mec et en commentant son action. Ils ne m’ont pas entendu rentrer et je me retrouve à assister à cette scène. Mon poing se serre contre le couteau de cuisine et je me surprends à n’avoir aucune autre réaction. Ma surprise est telle que le traumatisme dépasse toute réaction. Je sens juste que je vais m’effondrer dans les secondes si je ne fais rien.
Mon corps se met alors en mode automatique et, alors que j’essaye encore de conceptualiser ce qu’il se passe, il part s’asseoir sur le sofa dans la pièce d’à côté. Je m’assieds, incapable de bouger. Mes yeux regardent dans le vide car mon écran mental prend tout l’espace. Seule mon ouïe reste active et je me retrouve à entendre Samir dire :
« C’est bien, prend tout. Maintenant retourne toi je vais te niquer le cul. »
Le tout est suivi avec une fessée claquée avec la délicatesse d’un éléphant. Je l’entends cracher et le mec commence à gémir. Pendant ce temps-là, mon écran mental ne peut s’empêche de visualiser la scène. J’aimerais courir loin mais je ne peux pas. Je suis condamné à rester ici et à comprendre la réalité. Je venais pour annoncer l’acceptation de sa proposition de se pacser et je me retrouver en plein adultère. Je n’arrive pas à concilier ces deux réalités. Pourquoi me proposer de se pacser s’il se montre infidèle. Puis je commence à me questionner sur la relation qu’il entretient avec le mec et sur la durée. Quand a-t-il commencé à me tromper ? Couche-t-il uniquement qu’avec le serveur ou a-t-il d’autres plans ? Trop de questions se bousculent.
Je suis tiré de ces questionnements par un son externe. Il vient probablement de commencer de l’enculer car le serveur gémit sans s’arrêter et, vu le bruit du lit, il ne doit pas y aller de main morte. Samir confirme mes dires en se mettant à parler :
« Alors t’aimes ça petite chienne ? Te faire exploser par ma queue ? »
L’autre répond comme il peut, la voix saccadée par les coups de queue probablement. Il lui demande de continuer et lui dit qu’il est sa chienne. Samir semble kiffer car un claquement de fesses se fait entendre.
Le bordel dure encore un bon bout de temps et je suis toujours incapable de réagir corporellement. Mon regard est bloqué en direction de la porte. J’analyse mes sentiments et je me rends compte que même eux ne s’expriment pas. Je ne ressens aucune haine, aucune tristesse, aucune rage. Je ne ressens rien. Je veux juste comprendre ce qu’il se passe.
J’entends soudain Samir pousser un râle plus fort que les précédents qui témoigne de sa jouissance. A la discussion qui émane de la chambre dans les secondes qui suivent, je comprends qu’il s’est fini en lui avant de se faire sucer. Un éclair d’émotions me traverse à cet instant par une remarque totalement incompréhensible à la situation. Je me demande comment il fait l’autre car je trouve ça dégueulasse de sucer une queue après qu’elle ait été dans ton cul. Puis je me dis qu’après avoir entendu la baise hard qui a eu lieu, cela doit être le cadet de ses soucis.
Un petit silence à lieu et la porte s’ouvre en grand. Je me dis que je vais enfin retrouver le contrôle de mon corps. Mais non. Je vois Samir sortir à poil avec un air de fierté. Il se bloque en me voyant. Il bégaye et regarde la chambre par réflexe. Il tente de s’excuser et trouver des excuses tout en cachant son sexe comme s’il était devenu pudique. Mon inaction le perturbe car je continue de le fixer, le regard sûrement vide, sans dire un mot. C’est à ce moment que l’autre sort de la chambre, visiblement habillé et aussi mal à l’aise. Je confirme que c’est le serveur. Samir s’emporte et se décharge sur le mec en le virant salement en l’insultant violemment.
Il ferme la porte et on se retrouve les deux. Il est allé mettre un pantalon et revient vers moi toujours aussi perturbé. La peur émane de son corps et je vois qu’il craint ma réaction. Il me demande alors de dire quelque chose tout en fixant ma main droite. Je me souviens alors que j’ai un couteau de cuisine dans la main et que cela contribue beaucoup à sa peur. Il craint sûrement que je le tue de sang-froid. Lorsque je prends conscience de l’objet tranchant dans ma main, mon corps a le réflexe de le lâcher pour qu’il s’écrase au sol dans un bruit qui rompt le silence actuel.
Je suis content que mon corps ait montré une réaction après tant de temps immobile. Je me souviens que je suis dans cet état particulièrement pour mon incompréhension de la réalité présente. Ma bouche s’entrouvre alors et, après avoir dégluti, je sors le premier son de ma bouche. Je suis moi-même surpris de réentendre ma voix qui rompt le capharnaüm qui trône dans ma tête.
« Pourquoi tu voulais te pacser avec moi ? »
Samir est aussi surpris que moi de ma question. J’ai parlé sans avoir réellement une idée de ce que je voulais dire. Après la surprise je me rends compte que c’est ce qui me questionne le plus depuis ma trouvaille. Pourquoi m’a dit-il proposer de se pacser ? Par amour ? Mais quand on aime on ne trahit pas la personne de cette manière.
« Parce que je t’aime Martin !»
« Tu as une drôle façon d’aimer. »
« C’était une erreur bébé. J’te jure ! »
J’arrive enfin à me lever et à reprendre possession de mon corps. C’est une libération et je m’approche de lui. Je me colle à lui pour le prendre dans mes bras et respirer son odeur. Je m’éloigne un peu pour placer mon visage face à lui. Dans un contrôle émotionnel remarquable, je lui dis d’un ton froid, distant et sans émotion :
« Non Samir, ce n’est pas une erreur. C’est une révélation. Dire que j’allais accepter ce soir le pacs. C’est une chance d’avoir pu voir cette facette de toi avant que je ne fasse cette erreur. Car Samir, l’erreur n’est pas que tu me trompes mais d’avoir prétendu m’aimer et de ne pas avoir voulu me comprendre. Mon erreur a été de placer trop de confiance en toi au point d’accepter de me pacser avec toi alors que tu baises d’autres gars, mettant en même temps ma santé en danger. Car je doute que tu t’es protégé en baisant… Comment tu l’appelles ? Ah oui… Petite chienne. »
Je me détache alors froidement de lui. Et pars dans la chambre. Le lit est encore souillé et je ne peux m’empêcher de penser combien de fois je me suis allongé dans ce lit sans savoir que quelques heures avant il était l’objet d’adultère. Je m’active à ranger mes affaires dans une valise et ne réfléchis plus. Je fonctionne en mode automatique et je n’ai pas beaucoup de pensées. Je souhaite juste partir d’ici, sans savoir plus où j’irai. Mon objectif est de sortir d’ici. Point.
Samir entre alors dans la chambre, il a les larmes aux yeux et me supplie de rester et de le pardonner. Il pourrait limite me faire pitié mais je n’ai actuellement plus aucune émotion et c’est limite plus agaçant qu’autre chose car ça me ralenti dans ma tâche. Il tente de trouver des excuses, de dire que c’était que la première fois et qu’il m’aimait. Mes réactions ne lui convenant pas, il commence à montrer cette facette cachée que j’ai découvert pendant nos deux plus grosses disputes. Il commence à devenir plus rageux et à retourner la faute sur moi.
« Peut-être que si tu avais accepté le pacs je n’en serais pas venu à coucher avec lui. »
Je prends la peine de me redresser et de le regarder pour lui répondre :
« Ça m’attriste de te dire ça mais, de toute ma vie, je crois que c’est l’accusation la plus débile que j’ai dû entendre. Si à tes yeux, mon amour pour toi se résume à un pacs, alors je ne peux rien faire d’autre que partir. Je n’ai pas de haine envers toi et au fond je t’aimerai toujours pour ce que tu as été pendant cette année de relation. Je respecte ton choix de m’avoir trompé pour te décharger de la frustration que j’ai créée en n’acceptant pas le pacs de suite. Cependant, tu dois aussi respecter mon choix de ne pas souhaiter continuer cette relation car cela ne concorde pas avec mes valeurs. »
Je retourne à la finalisation de ma valise. Cela ne me prend pas longtemps car je n’emporte que mes vêtements et quelques bricoles. Je ne veux pas emporter d’autres choses qui seraient susceptibles de me relier à lui. Il ne sait plus quoi vraiment dire et commence à m’insulter à nouveau. J’ai maintenant terminé mes affaires et me place devant la porte avec ma valise, un sac à dos de rando et deux plus petits sacs. Je me souviens alors que j’ai les clés de l’appartement dans ma poche. Je les saisis et lui les tend. Il réalise alors vraiment que je m’en vais définitivement et commence à s’effondrer en larmes.
« C’est ça ton problème Samir. Tu dis m’aimer mais tu m’insulte quand je ne réagis pas à tes attentes. L’amour ce n’est pas une possession, c’est un partage. Ça m’aura pris du temps mais malheureusement je réalise que tu es aveugle de tout l’amour que je t’ai partagé pendant toute une année. Tu étais tout pour moi et tu t’es permis d’en douter pour un document administratif sans valeur. Tu te rendras bien vite compte que tu ne trouveras pas de suite quelqu’un qui te donnera autant d’amour désintéressé comme j’ai pu le faire. Tu le trouveras encore moins envers des mecs comme ceux que tu as baisé dans mon lit. Paraît qu’il faut perdre les choses pour se rendre compte de leur valeur. Tu as trop pris ma confiance pour acquise et tu en paye aujourd’hui le prix. »
Sur ces paroles, je charge les sacs et m’en vais. Samir ne réagit plus et se laisse tomber au sol. Je passe la porte et sors de l’immeuble. Je réalise que mon objectif a été atteint et que je dois maintenant savoir ce que je vais faire de ma vie. Sans réfléchir plus de deux minutes, je pars chez Julien. Je lui envoie un message pour voir si je peux venir et dormir chez lui et il me dit qu’il n’y a pas de soucis et que Coralie est à l’appartement. Il me demande ce qu’il s’est passé et je lui réponds que je lui raconterai ce soir quand il sera rentré du travail.
Les mois passent et s’intensifient. On arrive au début des vacances d’été et chaque jour depuis maintenant 10 mois est comblé par la présence de Samir. Je n’ai jamais été en relation aussi longtemps et j’avais toujours eu des craintes quant à l’usure du quotidien mais je me surprends à être encore en manque de lui malgré que je le voie tout le temps. Cela semble réciproque et il me fait très souvent de jolies attentions.
Comme bien prévu, Julien est toujours très présent dans ma vie et même si on se voit moins qu’avant, on arrive encore bien à se capter plusieurs fois dans la semaine. Je m’entends particulièrement bien avec sa copine, ce qui fait qu’on n’a pas de soucis avec nos conjoints vis-à-vis de notre amitié. Je partage aussi beaucoup de moments avec les potes de Samir et bien que je m’entende avec tous, il est certain que Karim est celui avec qui j’ai le plus d’affinité. Je ne dis pas que les autres ne m’intéressent pas mais il faut noter un écart de maturité qui fait que je préfère passer du temps avec Karim qu’avec les autres. C’est d’ailleurs le plus jeune de la bande bien qu’il ait 24 ans.
Ce soir est un jour particulier car Samir m’a proposé une soirée spéciale. En rentrant du taf, je remarque que la table est décorée et qu’une odeur de nourriture s’échappe de la cuisine. Samir me retrouve et me sourit amoureusement bien que je le sens tendu. Je lui demande ce qu’il se passe et il me dit qu’il voulait préparer un petit repas en amoureux. Je l’embrasse tendrement et pars dans la cuisine, tout excité de voir ce qu’il a préparé. Je file ensuite à la douche pour me nettoyer de cette journée de travail.
Je le retrouve à table et après avoir entamé le repas, je remarque qu’il est toujours aussi tendu. Je lui demande ce qu’il a et si ce repas à une signification particulière. Il voit que j’ai capté qu’il se passait quelque chose et décide de ne pas feindre. Il respire profondément et se lance :
« Je voulais attendre la fin du repas mais je n’arrive pas à faire semblant »
Il s’arrête quelques secondes pour respirer. Je commence à stresser en me demandant ce que je vais apprendre. Il reprend :
« Martin, ça fait 10 mois que je suis avec toi et je n’ai jamais été aussi amoureux. Bon, je vais pas tourner autour du pot deux heures… J’aimerais passer à la vitesse supérieure et me pacser avec toi. »
Je m’attendais à tout sauf à ça. A l’annonce, je ne peux feindre mon étonnement et je sais à partir de ce moment-là que ma réaction n’était pas celle espérée. Je laisse un moment de silence se faire et je vois la tête de Samir perdre son optimisme. Je prends alors sa main dans la mienne et lui répond ;
« Chéri, je t’aime aussi plus que tout. J’aimerais te dire oui mais tu sais que je ne peux pas te mentir. Je ne te dis pas non mais j’ai besoin de temps pour réfléchir. Je ne prends pas ce genre de choses à la légère et cela représente beaucoup pour moi. Tu sais que je n’ai pas besoin de me pacser avec toi pour savoir que je t’aime éperdument mais je sais aussi que c’est important pour toi et je dois réfléchir à ça. Je ne te demande que de me laisser du temps. »
Je vois que ma réponse ne le comble pas entièrement mais je ne pouvais pas faire autrement. Je sais que j’ai encore beaucoup de choses à travailler au niveau de l’engagement et maintenant que le sujet est sur la table je dois l’étudier. La vérité est que je n’avais jamais eu l’idée de me projeter à ce point et le fait d’être face à ce questionnement me demande du temps.
Samir feinte quelques minutes qu’il comprend et que ce n’est pas grave mais je vois bien que ça le touche. Il se lève peu de temps après pour aller à la cuisine. J’attends un court temps avant d’aller le rejoindre. Je le retrouve vers la fenêtre à observer l’extérieur. Je m’approche et le prends dans mes bras. J’enfouis ma tête dans son cou pour lui faire un câlin.
« Bébé, je suis désolé de ne pas avoir dit ce que tu voulais entendre. J’avais jamais pensé m’engager autant et ça m’a donc fait peur. Mais je te promets que je vais y réfléchir car je t’aime et je ne veux pas te perdre. »
Samir se retourne pour me regarder, les larmes aux yeux. Il m’embrasse et me dit qu’il ne veut pas me perdre non plus. Je sais bien qu’il a pris ma réaction comme une forme de désamour car il n’arrive pas à comprendre ma position.
***
La fin juillet est arrivée. Voilà un mois que je suis en réflexion sur cet engagement. Je sais que le pacs n’est pas comme le mariage et que c’est moins effrayant mais je ne veux pas faire ça pour faire plaisir mais parce que je le veux aussi. De nombreuses discussions ont eu lieu et Samir continue de ne pas saisir mon point de vue. On s’est donc un peu éloigné pendant le mois car beaucoup de disputes ont éclaté. Il y en a eu plus en un mois qu’en 10 mois de relation. On se retrouve toujours derrière mais il n’empêche qu’une tension persiste et elle ne s’évanouira que lorsque j’aurais pris une décision.
Il y a eu deux événements qui ont particulièrement terminés plus violemment que les autres. On en n’est jamais venu aux mains mais c’était violent psychologiquement car on a commencé à s’insulter et c’était très compliqué pour moi d’entendre l’homme que j’aime m’insulter. Les deux fois ont terminés par mon départ où je suis parti dormir chez Julien en attendant que l’on se calme chacun de notre côté. On arrive à ne plus trop se comprendre car il ne comprend pas pourquoi ça me demande tant de réflexion si je l’aime et je ne comprends pas pourquoi cela l’énerve autant. Par moment, je ne le reconnais plus. Je me suis rapproché un peu plus de Karim pour lui confier des choses et il me dit que le sujet est assez tabou et qu’il n’a jamais pu réellement en parler avec Samir.
Après un mois de réflexion et d’engueulades, je me suis rendu compte que j’aimais toujours profondément Samir et que je ne voulais pas le perdre. J’ai beaucoup réfléchi à l’idée du pacs et j’ai décidé que je pourrais l’envisager à condition que l’on traite d’abord nos discordes pour repartir sur un bon pied. Je suis en vacances pour 3 semaines et j’ai l’opportunité de partir en début d’après-midi. Je décide de faire une surprise à Samir pour le lui annoncer.
J’arrive à l’appartement vers 14h et pars en direction de la cuisine pour préparer quelque chose. Alors que je tiens le couteau de cuisine, un bruit me parvient de la chambre. Je suis surpris car Samir est au travail normalement et, par précaution, je m’approche avec le couteau au cas où que ce soit un voleur. J’arrive vers la porte entrouverte et mon cœur se bloque.
Devant moi, Samir se tient debout dos à moi, nu. Sur le lit, un autre gars allongé sur le dos et la tête penchée, cachée par Samir. Il ne faut pas avoir un doctorat pour savoir qu’il est entrain de lui baiser la bouche. Je ne peux pas voir le visage du gars mais je le reconnais instantanément à son tatouage sur le bras. C’est un des serveurs du bar où l’on sort le plus souvent, celui où on est allé le soir de notre rencontre.
Samir pousse des râles et enculant la bouche du mec et en commentant son action. Ils ne m’ont pas entendu rentrer et je me retrouve à assister à cette scène. Mon poing se serre contre le couteau de cuisine et je me surprends à n’avoir aucune autre réaction. Ma surprise est telle que le traumatisme dépasse toute réaction. Je sens juste que je vais m’effondrer dans les secondes si je ne fais rien.
Mon corps se met alors en mode automatique et, alors que j’essaye encore de conceptualiser ce qu’il se passe, il part s’asseoir sur le sofa dans la pièce d’à côté. Je m’assieds, incapable de bouger. Mes yeux regardent dans le vide car mon écran mental prend tout l’espace. Seule mon ouïe reste active et je me retrouve à entendre Samir dire :
« C’est bien, prend tout. Maintenant retourne toi je vais te niquer le cul. »
Le tout est suivi avec une fessée claquée avec la délicatesse d’un éléphant. Je l’entends cracher et le mec commence à gémir. Pendant ce temps-là, mon écran mental ne peut s’empêche de visualiser la scène. J’aimerais courir loin mais je ne peux pas. Je suis condamné à rester ici et à comprendre la réalité. Je venais pour annoncer l’acceptation de sa proposition de se pacser et je me retrouver en plein adultère. Je n’arrive pas à concilier ces deux réalités. Pourquoi me proposer de se pacser s’il se montre infidèle. Puis je commence à me questionner sur la relation qu’il entretient avec le mec et sur la durée. Quand a-t-il commencé à me tromper ? Couche-t-il uniquement qu’avec le serveur ou a-t-il d’autres plans ? Trop de questions se bousculent.
Je suis tiré de ces questionnements par un son externe. Il vient probablement de commencer de l’enculer car le serveur gémit sans s’arrêter et, vu le bruit du lit, il ne doit pas y aller de main morte. Samir confirme mes dires en se mettant à parler :
« Alors t’aimes ça petite chienne ? Te faire exploser par ma queue ? »
L’autre répond comme il peut, la voix saccadée par les coups de queue probablement. Il lui demande de continuer et lui dit qu’il est sa chienne. Samir semble kiffer car un claquement de fesses se fait entendre.
Le bordel dure encore un bon bout de temps et je suis toujours incapable de réagir corporellement. Mon regard est bloqué en direction de la porte. J’analyse mes sentiments et je me rends compte que même eux ne s’expriment pas. Je ne ressens aucune haine, aucune tristesse, aucune rage. Je ne ressens rien. Je veux juste comprendre ce qu’il se passe.
J’entends soudain Samir pousser un râle plus fort que les précédents qui témoigne de sa jouissance. A la discussion qui émane de la chambre dans les secondes qui suivent, je comprends qu’il s’est fini en lui avant de se faire sucer. Un éclair d’émotions me traverse à cet instant par une remarque totalement incompréhensible à la situation. Je me demande comment il fait l’autre car je trouve ça dégueulasse de sucer une queue après qu’elle ait été dans ton cul. Puis je me dis qu’après avoir entendu la baise hard qui a eu lieu, cela doit être le cadet de ses soucis.
Un petit silence à lieu et la porte s’ouvre en grand. Je me dis que je vais enfin retrouver le contrôle de mon corps. Mais non. Je vois Samir sortir à poil avec un air de fierté. Il se bloque en me voyant. Il bégaye et regarde la chambre par réflexe. Il tente de s’excuser et trouver des excuses tout en cachant son sexe comme s’il était devenu pudique. Mon inaction le perturbe car je continue de le fixer, le regard sûrement vide, sans dire un mot. C’est à ce moment que l’autre sort de la chambre, visiblement habillé et aussi mal à l’aise. Je confirme que c’est le serveur. Samir s’emporte et se décharge sur le mec en le virant salement en l’insultant violemment.
Il ferme la porte et on se retrouve les deux. Il est allé mettre un pantalon et revient vers moi toujours aussi perturbé. La peur émane de son corps et je vois qu’il craint ma réaction. Il me demande alors de dire quelque chose tout en fixant ma main droite. Je me souviens alors que j’ai un couteau de cuisine dans la main et que cela contribue beaucoup à sa peur. Il craint sûrement que je le tue de sang-froid. Lorsque je prends conscience de l’objet tranchant dans ma main, mon corps a le réflexe de le lâcher pour qu’il s’écrase au sol dans un bruit qui rompt le silence actuel.
Je suis content que mon corps ait montré une réaction après tant de temps immobile. Je me souviens que je suis dans cet état particulièrement pour mon incompréhension de la réalité présente. Ma bouche s’entrouvre alors et, après avoir dégluti, je sors le premier son de ma bouche. Je suis moi-même surpris de réentendre ma voix qui rompt le capharnaüm qui trône dans ma tête.
« Pourquoi tu voulais te pacser avec moi ? »
Samir est aussi surpris que moi de ma question. J’ai parlé sans avoir réellement une idée de ce que je voulais dire. Après la surprise je me rends compte que c’est ce qui me questionne le plus depuis ma trouvaille. Pourquoi m’a dit-il proposer de se pacser ? Par amour ? Mais quand on aime on ne trahit pas la personne de cette manière.
« Parce que je t’aime Martin !»
« Tu as une drôle façon d’aimer. »
« C’était une erreur bébé. J’te jure ! »
J’arrive enfin à me lever et à reprendre possession de mon corps. C’est une libération et je m’approche de lui. Je me colle à lui pour le prendre dans mes bras et respirer son odeur. Je m’éloigne un peu pour placer mon visage face à lui. Dans un contrôle émotionnel remarquable, je lui dis d’un ton froid, distant et sans émotion :
« Non Samir, ce n’est pas une erreur. C’est une révélation. Dire que j’allais accepter ce soir le pacs. C’est une chance d’avoir pu voir cette facette de toi avant que je ne fasse cette erreur. Car Samir, l’erreur n’est pas que tu me trompes mais d’avoir prétendu m’aimer et de ne pas avoir voulu me comprendre. Mon erreur a été de placer trop de confiance en toi au point d’accepter de me pacser avec toi alors que tu baises d’autres gars, mettant en même temps ma santé en danger. Car je doute que tu t’es protégé en baisant… Comment tu l’appelles ? Ah oui… Petite chienne. »
Je me détache alors froidement de lui. Et pars dans la chambre. Le lit est encore souillé et je ne peux m’empêcher de penser combien de fois je me suis allongé dans ce lit sans savoir que quelques heures avant il était l’objet d’adultère. Je m’active à ranger mes affaires dans une valise et ne réfléchis plus. Je fonctionne en mode automatique et je n’ai pas beaucoup de pensées. Je souhaite juste partir d’ici, sans savoir plus où j’irai. Mon objectif est de sortir d’ici. Point.
Samir entre alors dans la chambre, il a les larmes aux yeux et me supplie de rester et de le pardonner. Il pourrait limite me faire pitié mais je n’ai actuellement plus aucune émotion et c’est limite plus agaçant qu’autre chose car ça me ralenti dans ma tâche. Il tente de trouver des excuses, de dire que c’était que la première fois et qu’il m’aimait. Mes réactions ne lui convenant pas, il commence à montrer cette facette cachée que j’ai découvert pendant nos deux plus grosses disputes. Il commence à devenir plus rageux et à retourner la faute sur moi.
« Peut-être que si tu avais accepté le pacs je n’en serais pas venu à coucher avec lui. »
Je prends la peine de me redresser et de le regarder pour lui répondre :
« Ça m’attriste de te dire ça mais, de toute ma vie, je crois que c’est l’accusation la plus débile que j’ai dû entendre. Si à tes yeux, mon amour pour toi se résume à un pacs, alors je ne peux rien faire d’autre que partir. Je n’ai pas de haine envers toi et au fond je t’aimerai toujours pour ce que tu as été pendant cette année de relation. Je respecte ton choix de m’avoir trompé pour te décharger de la frustration que j’ai créée en n’acceptant pas le pacs de suite. Cependant, tu dois aussi respecter mon choix de ne pas souhaiter continuer cette relation car cela ne concorde pas avec mes valeurs. »
Je retourne à la finalisation de ma valise. Cela ne me prend pas longtemps car je n’emporte que mes vêtements et quelques bricoles. Je ne veux pas emporter d’autres choses qui seraient susceptibles de me relier à lui. Il ne sait plus quoi vraiment dire et commence à m’insulter à nouveau. J’ai maintenant terminé mes affaires et me place devant la porte avec ma valise, un sac à dos de rando et deux plus petits sacs. Je me souviens alors que j’ai les clés de l’appartement dans ma poche. Je les saisis et lui les tend. Il réalise alors vraiment que je m’en vais définitivement et commence à s’effondrer en larmes.
« C’est ça ton problème Samir. Tu dis m’aimer mais tu m’insulte quand je ne réagis pas à tes attentes. L’amour ce n’est pas une possession, c’est un partage. Ça m’aura pris du temps mais malheureusement je réalise que tu es aveugle de tout l’amour que je t’ai partagé pendant toute une année. Tu étais tout pour moi et tu t’es permis d’en douter pour un document administratif sans valeur. Tu te rendras bien vite compte que tu ne trouveras pas de suite quelqu’un qui te donnera autant d’amour désintéressé comme j’ai pu le faire. Tu le trouveras encore moins envers des mecs comme ceux que tu as baisé dans mon lit. Paraît qu’il faut perdre les choses pour se rendre compte de leur valeur. Tu as trop pris ma confiance pour acquise et tu en paye aujourd’hui le prix. »
Sur ces paroles, je charge les sacs et m’en vais. Samir ne réagit plus et se laisse tomber au sol. Je passe la porte et sors de l’immeuble. Je réalise que mon objectif a été atteint et que je dois maintenant savoir ce que je vais faire de ma vie. Sans réfléchir plus de deux minutes, je pars chez Julien. Je lui envoie un message pour voir si je peux venir et dormir chez lui et il me dit qu’il n’y a pas de soucis et que Coralie est à l’appartement. Il me demande ce qu’il s’est passé et je lui réponds que je lui raconterai ce soir quand il sera rentré du travail.
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