La Vie de Martin - 05
Récit érotique écrit par Ninemark [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 17-01-2021 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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La Vie de Martin - 05
Chapitre 5 : Le ciel bleu au-dessus des nuages
Le mois de septembre s’ouvre un beau soleil. Les semaines ont défilé plus ou moins rapidement depuis le retour d’Antoine. Il a décroché le poste pour fin août. Il était donc reparti en Bourgogne jusqu’à son déménagement il y a quelques jours. Il prend encore ses marques ce qui fait que je ne l’ai toujours pas revu. On est supposé se voir en fin de semaine pour fêter mon anniversaire.
Quant à moi, je peux dire que je me sens mieux. Ce n’est pas encore la forme olympique mais ce n’est pas non plus la dépression dans laquelle j’étais après ma rupture. J’ai arrêté de faire des terreurs nocturnes au plus grand plaisir de tout le monde. J’ai aussi recroisé plusieurs fois Samir. Il fallait bien que je sorte un jour de l’appartement, ne serait-ce que pour reprendre le travail. J’aurai passé mes semaines de vacances à ne rien faire et à penser à Samir. J’ai encore du mal à croire ce qu’il s’est passé.
Je me souviens encore de la première fois où je l’ai revu. Je sortais de mon immeuble et il était devant celui de ses potes. Il s’était avancé pour me demander de lui accorder un instant. J’étais particulièrement perturbé et n’osais pas lui dire non. Je partis m’asseoir à l’endroit où l’on s’est rencontré. Il commença à me demander de le pardonner et à me dire que je lui manquais terriblement. Il me promit qu’il n’avait fauté que cette fois-là et qu’il s’en voulait beaucoup. Je le laissai parler avant de commenter :
« Ecoute Samir, je vis les pires moments de ma vie depuis notre rupture. Je t’aime encore éperdument et pense à toi tout le temps. Le problème tu vois c’est que je n’aurai plus jamais confiance en toi après ce que tu m’as fait. Je te pardonne si c’est ça que tu veux, mais pardonner ne veut pas dire oublier. »
C’est sur cette phrase que je suis parti en le laissant seul. Je l’ai recroisé quelques jours après où il avait changé totalement d’attitude. Il me regardait de loin avec ses potes, Karim n’était pas là par contre, et commençait à ricaner en ma direction avant de sortir une insulte dont je ne me souviens plus. Je me rappelle juste m’être avancé vers lui calmement et lui avoir dit :
« Il y a 3 jours tu pleurais à mes pieds pour me récupérer et là devant tes potes tu m’insultes ? Faudrait peut-être travailler ton égo et ta fierté parce que si tu penses que quelqu’un se sent aimé quand il se fait insulté, tu te trompes. »
Je fis demi-tour et repartis en direction du bus. Je sentais que je l’avais sensiblement touché et il commençait à m’insulter à nouveau. Je savais qu’il fait ça pour cacher sa peine. Tout comme je l’affrontais et le provoquais pour me sentir mieux et me convaincre que je passais enfin à autre chose. Et pourtant, j’aimerais réellement passer à autre chose et ne plus penser à lui constamment. Par moment, j’aurais voulu ne pas être rentré plus tôt et n’avoir jamais su qu’il me trompait. Puis je me souviens que je vaux mieux que ça et mérite quelqu’un qui reconnait ma vraie valeur.
C’est, on va dire, les deux fois où je suis réellement rentré en contact avec. Pour les autres fois, je me suis juste contenté de le regarder et de tracer mon chemin. Le seul petit souci et que je m’entends bien avec Karim et qu’il vient me saluer lorsqu’on se croise, ce qui irrite particulièrement Samir quand il est présent. Karim est le seul à être resté neutre car tous les autres ont pris le parti de Samir. Il s’embrouille donc souvent avec eux à cause de ça et je lui ai déjà dit que si c’était trop compliqué il n’avait qu’à arrêter de me parler. A chaque fois il rigole en disant qu’il voit les personnes qu’il veut et que ça le fait d’autant plus rire quand il entend Samir le questionner par la suite sur une supposé relation avec moi.
***
On est enfin en fin de semaine et je suis heureux de ne pas avoir à travailler le jour de mon anniversaire. Antoine est enfin bien installé et propose d’aller boire un verre en ville ce soir pour mon anniversaire et son arrivée à Montpellier. J’avais quelques courses à faire et je leur ai dit d’aller dans un bar et de me prévenir pour que je les rejoigne au plus vite.
Lorsque je suis enfin libre, j’envoie un message à Antoine qui m’indique le bar en question. Mon cœur palpite. C’est celui où j’ai rencontré Samir. Celui où travaille le mec avec qui il m’a trompé. J’ai envie de tout annulé. Je ne sais pas si je suis prêt à y retourner. Puis je me dis qu’il est temps de passer à autre chose et que je peux faire abstraction du lieu pour être avec mes amis. Je ne vais pas m’interdire d’aller quelque part pour ça. Je prends donc mon courage en main, respire profondément et pars en direction du bar.
***
J’arrive devant le bar et les vois en terrasse. Il y a pas mal de monde ce soir. Je fais la bise à Coralie et Julien puis un gros câlin à Antoine pour lui souhaiter la bienvenue à Montpellier. Je commande rapidement une bière pour rattraper le retard perdu. Antoine me regarde observateur et me questionne.
« Ça va ? T’as l’air tendu ! »
Sa remarque me met encore plus mal à l’aise car je vois que je ne suis pas discret. Je regarde au loin dans le bar l’éventuelle présence de Samir ou du serveur mais je ne vois aucun des deux. Je reviens vers mes amis qui m’observent tous en attendant une réponse à mon comportement.
« Je... Non ça va… C’est juste que c’était mon bar avec Samir… Ça fait bizarre c’est tout… »
Coralie propose instantanément de changer de bar mais je m’y oppose en disant que c’est le moment de passer à autre chose. Ça fera bientôt un an que je rencontrais Samir et je sais que la date me fera sensiblement mal et qu’il est mieux d’avoir déjà commencé à passer à autre chose avant qu’elle n’arrive. Julien en vient à me questionner sur le serveur et je lui confirme que c’est celui de ce bar mais qu’il n’a pas l’air en service.
Les minutes passent et je me sens de mieux en mieux. On commence à rigoler et à se souvenir du lycée et des projections de notre futur les quatre ici. J’oublie par moment que Coralie et Antoine ne se connaissent que depuis un mois. C’est comme si on s’était toujours connu les quatre depuis des années et personne ne se sent mis de côté.
Il est 21h lorsque mon humeur se met à changer. Je suis placé face à l’entrée et notre table est à côté du passage, ce qui fait qu’on est quasi obligé de passer vers nous pour entrer. Face à moi, la bande de Samir fait son entrée. Je les vois s’approcher pour entrer lorsque l’un d’eux me remarque. Mes amis captent instantanément mon changement d’attitude et se doutent que quelque chose se passe. Antoine est aussi en capacité de les voir arriver à contrario de Coralie et Julien qui sont de dos.
Lorsqu’ils arrivent à ma hauteur, Karim est en tête de file. Il me regarde avec le sourire et vient me faire un câlin pour me souhaiter un bon anniversaire et pour me dire qu’il est heureux de me voir ressortir. Il salue Antoine, Julien et Coralie et demande comment ils vont. Son action gêne les autres car ils se seraient bien passés de dire bonjour mais se sentent obligés de le faire par politesse pour mon anniversaire. Le seul qui reste en retrait n’est autre que Samir. Il observe la scène et fixe son attention particulièrement sur Antoine avant de fusiller du regard Karim lorsqu’il a terminé de nous parler. Ils s’en vont ensuite vers une table plus éloignée. Dans un hasard les plus purs, Samir se retrouve assis à une place qui a vue sur la nôtre. Antoine rigole et me dit :
« Il dit peut-être pas bonjour mais il compte bien passer la soirée à te mater. »
Je lui mets un coup de coude car je ne sais plus si je dois rire ou être stressé. Maintenant qu’il me regarde je sais qu’il va observer toutes mes actions et je vais avoir du mal à être naturel. Julien me propose de changer de place mais je refuse. Je compte bien affronter cette soirée avec courage pour passer à autre chose. Si je réussis, je sais que je serai capable de refaire plein de choses sans craindre de le revoir.
La soirée reprend alors son cours plus ou moins normal. Cela fait une demi-heure qu’ils sont arrivés et j’ai réussi à faire abstraction des regards de Samir. Julien lève la main au serveur pour une nouvelle commande. C’est là qu’une nouvelle surprise arrive car le fameux serveur a pris son service. Il s’avance alors normalement vers la table et lorsqu’il nous regarde pour prendre commande, il me reconnait. Je le vois alors bloquer et bégayer. J’ai du mal à le regarder aussi car c’est la première fois que je le revois et je ne peux m’empêcher de repenser à cette journée atroce. Toute la table comprend à qui nous avons à faire et se dépêche de commander. Mon regard se tourne alors en direction de la table de Samir et je le vois raidi dans son siège à me fixer les yeux exorbités. J’ai alors une idée et lève mon regard vers le visage du serveur.
« On va prendre une bouteille de champagne finalement. C’est Samir qui me l’offre pour mon anniversaire donc tu verras avec lui pour le règlement. »
Le serveur est fébrile et regarde en direction de Samir pour confirmer. Il voit le visage décomposé de Samir et ses amis commencent à se retourner pour assister à la scène. Le serveur commence de nouveau à bégayer :
« Euh… Je ne sais… sais pas ... si … si je… je peux. »
Je prends alors un air en confiance.
« Oh si tu vas pouvoir. C’est quoi d’ailleurs ton prénom ? Parce que le seul que je connais c’est « petite chienne » mais je doute que tes parents t’aient appelé comme ça… »
« C’est… Fr.. Fran…cis. »
« Okey Francis, je suis désolé d’avance que tu te retrouves dans cette situation mais t’aurais dû te méfier un peu plus avant de faire te faire niquer les sphincters par mon ancien gars. Donc là je la joue cool et tu vas facturer la bouteille de champagne sur le compte de Samir. Si tu ne le fais pas, je me sentirai obligé d’ébruiter ton petit nom. Et je connais assez bien Patrick le proprio du bar pour savoir qu’il déteste les adultères. Ducoup pour le bien-être de tous, nous allons prendre votre meilleur champagne et le tout sur le compte de Samir. »
Le serveur est devenu tout blanc et griffonne sur son calepin pour tenter de fuir la situation. Je sens les regards de la table du fond qui se demandent encore ce qu’il se passe. Je vois par la suite que plusieurs tables voisines tentent d’entendre la conversation mais je me suis assuré d’être assez discret pour ne pas que l’on entende ce que j’avais à dire. Francis acquiesce en pleine panique et s’en va vers le bar.
« Ça y est, il est là mon copain ! Enfin tu te lâches ! »
Julien est tout excité de ce qu’il vient de se passer et commence à rigoler en revisualisant la scène. Je le regarde avec un peu de fierté. Il continue en disant qu’il est content de me voir enfin réagir et arrêter de le défendre. Antoine approuve en disant qu’après ce qu’il m’a fait, il est normal d’éprouver une certaine rancœur même minime et que le coup de la bouteille de champagne est un acte significatif fait en toute élégance. On rigole tous et mon regard se tourne à nouveau vers Samir qui ne s’est pas arrêté d’alterner son regard entre Francis et moi. Je sais qu’il veut connaitre le sujet de discussion mais qu’il ne peut pas aller voir Francis sans se faire griller et qu’il n’a pas envie de venir me voir. Mais tout est une question de temps.
La bouteille de champagne arrive quelques minutes plus tard avec les coupes et des bougies fontaines qui attirent l’attention de tout le monde. Les copains commencent alors à me chanter un joyeux anniversaire pendant que le serveur aimerait s’enterrer au plus profond. Je sais que la table de Samir observe tout. Les gens déjà bourrés accompagnent mes amis dans le chant et je rougis devant tant d’attention. Je rigole intérieurement en étant fier de mon action. Je lance un regard au serveur et, pour bien affirmer mon action, place un petit :
« Merci petite… Euh Francis ! »
Je le vois rougir et je vois qu’il a compris où je voulais en venir. En vrai ce n’est pas mon délire de me comporter comme ça mais je me dis que pour ce soir, je peux me le permettre. En plaçant de nouveau mon regard sur la table, je vois que des petits cadeaux me font face et qu’Antoine s’est chargé de servir les coupes. Je les regarde avec un grand sourire et commence à ouvrir leurs cadeaux. Je suis touché de leur attention et ne peux m’empêcher de me lever pour leur faire un câlin.
Karim arrive ensuite avec un grand sourire pour me resouhaiter un bon anniversaire et je l’invite à s’asseoir deux minutes. Il hésite puis décide de prendre une chaise voisine pour s’installer. Je lui tends mon verre de champagne pour qu’il en prenne un peu. Son regard devient malicieux et je vois où il veut en venir.
« Allez vas-y dis-moi ce que tu veux savoir ? »
Il jubile et se lance.
« Qu’est-ce que t’as dit à l’autre idiot ? T’as fait péter un câble à Samir, il est pas bien depuis 15 minutes. »
Je rigole avec les autres et m’amuse du regard pétillant de Karim. Je le regarde et lui réponds :
« Disons que je me suis offert la bouteille de champagne sur les frais de Samir en sous-entendant à Francis que « petite chienne » pourrait m’échapper à tout moment de la soirée. »
Karim fait les grands yeux et explose de rire.
« Mec il va péter un câble Samir ! Mais c’est mérité. Ça le fera réfléchir un peu. J’te dis depuis le début que t’es trop gentil avec lui. »
Je vois Julien, Coralie et Antoine approuver les mots de Karim et je souris en disant que c’est bon j’ai fait mon action et que j’arrête après ça.
« Bon allez je retourne à ma table. Tu me vends du rêve poto ! Ça me tarde de voir la tête de Samir quand l’autre va ramener sa gueule pour lui faire payer la bouteille. »
Karim se lève et vient me refaire la bise avant de filer. Je l’observe s’éloigner et je regarde particulièrement la tête de Samir qui est énervé de voir Karim me parler. C’est alors que le serveur arrive à leur table. Antoine le remarque et, tout excité, dit à Julien et Coralie de se retourner. On regarde alors la gêne entre Francis et Samir, qui savent qu’on les regarde. Le serveur bégaye et semble annoncer la facture de la bouteille. Je vois alors Samir tirer une tête de cent pieds de long avant de venir me fusiller du regard. A côté de lui, Karim ne peut s’empêcher d’exploser de rire en observant la scène. Certains autres de ses potes se mettent aussi à rire, en comprenant qui est le serveur. Jusqu’à maintenant, seul Karim avait l’information car je le lui avais confié mais avec la situation actuelle, tous ses potes commencent à faire le lien. Samir se sent bien seul et se voit dans l’obligation de tendre sa carte bancaire en sachant ce qu’il se passera s’il ne le fait pas. Lorsque le serveur part, ses potes commencent à lui poser pleins de questions mais il est trop occupé à me fusiller du regard. Je ne veux plus lui accorder d’importance et, après avoir levé ma coupe en sa direction, je détourne mon regard et me concentre sur mes amis.
L’ambiance est devenue plus libérée et je ne me soucie plus de Samir. Maintenant que c’est payé, je n’ai plus de raison de le regarder et je rigole avec mes amis. Arrive l’heure d’aller aux toilettes et je me lève pour y aller.
J’arrive dans les toilettes et deux gars y sont déjà. Je vais pisser tranquillement, bien éméché, pendant que les mecs s’en vont. Je me lave ensuite les mains et je vais pour sortir lorsque la porte s’ouvre et je me retrouve face à Samir. Son regard est noir et sans plus attendre, il me choppe par le tee-shirt et me plaque contre le mur.
« Fils de pute ! »
Antoine entre soudainement dans les toilettes et le choppe par derrière pour le lancer loin de moi. Il est bien plus musclé que Samir et je ne pense pas qu’il ferait le poids face à nous deux. Il le sait aussi et ne tente pas de revenir à la charge. Il décide alors de passer par les mots.
« T’as besoin d’un garde du corps maintenant ? »
Antoine commence à s’énerver.
« Ferme ta gueule ! »
J’interviens alors pour calmer le jeu.
« Antoine laisse ! »
Samir me fixe alors et percute.
« Antoine ? Celui avec qui tu baisais avant notre rencontre ? Je vois que tu passes vite à autre chose pour un gars qui prétend m’aimer. »
Je le vois repartir dans ses mêmes rengaines et commencer à devenir tendu. Je vais pour prendre la parole quand Samir commence à courir sur Antoine pour le frapper. Ayant vu le coup venir, Antoine esquive et le plaque contre le mur.
« Mais t’es complètement con ou bien ? Je ne pense pas que quelqu’un t’ait déjà autant aimé que Martin. Tu l’as détruit par tes actions et son traumatisme prendra peut-être des années à être surmonté. Tu dois être bien égoïste pour ne pas avoir vu tout ce qu’il a fait toi. Si j’avais eu cette chance de pouvoir être en couple avec Martin, je n’aurais jamais eu la pensée de baiser avec quelqu’un qui n’en vaut pas la peine. Le savoir avec toi m’a beaucoup blessé car je ne pouvais rien faire. Mais c’est rien comparé à la colère que j’ai ressenti lorsque je l’ai vu après votre rupture. Je ne pourrais même pas te dire si Martin est aussi con que toi car je n’ai jamais vu un mec avoir si peu de haine envers un traitre dans ton genre. Alors fait pas ta princesse avec ta bouteille de champagne car si ça avait été moi, je t’aurais planté avec le couteau. En plus, t’as même pas les couilles de lui souhaiter un bon anniversaire alors que t’as partagé ta vie avec pendant un an. Donc maintenant tu vas dégager ton petit cul de connard et laisser Martin passer à autre chose. Tu ne vaux même pas la peine qu’on t’accorde autant de temps. »
Antoine le décolle du mur et le lance vers la porte pour lui indiquer de partir. C’est à ce moment-là qu’un gars entre dans les toilettes. Il sent de suite l’ambiance énervée et nous regarde un à un pour jauger la situation et voir si ça vaut le coup de rentrer. Je lui souris en disant qu’il peut aller pisser et qu’on a terminé.
On sort et on se suit un à un, Samir en tête. Il rejoint sa table et nous la nôtre. Julien et Coralie nous observe visiblement inquiets. Je jette un dernier regard vers Samir et je le vois s’embrouiller avec ses potes et prendre ses affaires pour partir. Toute la terrasse observe la scène et ceux qui sont là depuis le début cherchent toujours à connaitre l’histoire. Je regarde ensuite Antoine et lui demande pourquoi il est arrivé juste derrière Samir. Il me regarde et me dit :
« Je vois le genre de mec qu’il est et je savais qu’il attendait que tu t’éloignes seul pour te prendre à part. Quand il s’est levé, j’ai vu par son attitude qu’il ne comptait pas uniquement parler. Donc je suis venu. »
« Tu sais que je sais me défendre seul ?... Mais merci quand même. »
Je lui souris franchement et repense à ce qu’il a dit à Samir. Dans l’action je n’ai pas eu le temps d’en parler et maintenant qu’il y a Julien et Coralie c’est compliqué. La bouteille de champagne vide me tire de mes pensées et on commande une dernière tournée avant de bouger. Julien et Coralie nous indiquent qu’ils vont rentrer après car ils sont fatigués. Je regarde alors Antoine et lui demande comment il se sent. Pour ma part, ma bataille contre Samir gagnée m’a redonné une énergie de dingue et je suis prêt à fêter toute la nuit. Antoine semble aussi prêt à me suivre pour découvrir la ville de nuit.
***
Il est 1h du matin quand on quitte le bar. On se dit bonne nuit avec Coralie et Julien et Antoine précise que je dors chez lui pour ne pas les déranger. On se sépare et avec Antoine on prend la direction d’un club. Il me demande s’il y a des clubs gays et je lui indique l’un de mes préférés.
On se retrouve alors dans la boite pleine de mec et on commence à danser en s’éclatant comme des amis. Il y a toujours cette barrière et pourtant je ne peux m’empêcher de repenser à ce qu’il a dit dans les toilettes. On se commande une bouteille et Antoine se dit triste qu’il n’y ait pas Samir pour la payer. Je rigole et trinque à nos retrouvailles. Je crois que c’est la première soirée depuis ma rupture où je suis le plus heureux.
La nuit défile et notre énergie et débordante. On s’amuse comme des fous mais aucun de nous deux n’a pris la décision d’un quelconque rapprochement. Je sais qu’il ne tentera rien par respect pour moi et que tout repose sur moi. Le souci est que mes peurs sont présentes et je sais que si je tente quelque chose, je m’engagerai dans une nouvelle relation et je ne sais pas si je suis prêt pour ça. Je préfère donc ne rien faire et profiter d’Antoine comme un ami. L’autre problème c’est que j’ai aussi du mal à le visualiser comme un ami. Je le sais car dès qu’un mec s’approche et danse trop proche de lui, je ressens une pointe de jalousie. Je sais qu’un seul claquement de doigt suffirait pour qu’il m’embrasse. Je me rends compte alors de sa loyauté. A aucun moment il n’a tenté quelque chose alors qu’il a exprimé ses sentiments devant moi. Je n’imagine même pas la frustration que je lui inflige. Le pire est que je me frustre aussi pour une peur débile.
Il est 4h et mes réflexions personnelles dans mon état d’ébriété me poussent à passer à l’action. Je m’approche d’Antoine et lui dit que j’en ai marre. Il semble encore bien en forme mais accepte de rentrer. Je ne suis pas réellement fatigué mais je voulais me retrouver seul avec lui.
***
Après un trajet animé en discussion, on entre dans l’appartement d’Antoine. Je le découvre pour la première fois et il est plutôt chouette. Il me fait faire le tour et me propose un verre. Je regarde mon tee-shirt trempé d’alcool et lui propose de l’éponger dans un verre. On rigole et il me propose de mettre mes habits dans la machine et qu’il va me prêter les siens. J’en profite pour demander de me doucher car je pue aussi. Il rigole et me dit que je peux sans souci.
Je lance la machine en cycle rapide et pars me doucher. L’eau me fait reprendre mes esprits et je me nettoie de partout. En sortant de la douche, j’enfile les fringues prêtées par Antoine et les sens par automatisme. Je ressens cette odeur que j’aimais quand je me blottissais le soir contre lui pendant les vacances. Je pars le rejoindre et il me dit qu’il file vite se doucher aussi pour ne pas dormir dans sa transpiration. Je lui souris et pars m’allonger sur le sofa.
Une fois lavé, Antoine me rejoint avec deux bières. On se regarde en souriant et je le remercie pour cette soirée d’anniversaire. Il me dit que c’est avec plaisir et qu’il est heureux de me revoir. L’ambiance tend à changer et je trouve enfin le moment de revenir sur ce qu’il a dit aux toilettes.
« Je voulais revenir sur ce que tu as dit à Samir. Je… Ça m’a beaucoup touché. Je suis désolé si ça t’a blessé lorsque je me suis mis en couple mais on habitait loin et je ne pense pas que… »
Antoine me coupe la parole en prenant ma main dans la sienne.
« … Chut. Tu n’as pas à t’excuser. On n’aurait rien pu envisager il y a un an. Oui ça m’a fait mal mais aujourd’hui je suis là avec toi dans le présent et cette douleur n’existe plus depuis que je t’ai retrouvé. »
Je fonds sur ses lèvres pour l’embrasser et ses bras viennent me prendre par les hanches pour m’orienter vers ses genoux. Je m’assieds sur lui et l’embrasse à pleine bouche. Ça fait tellement du bien d’embrasser quelqu’un. Surtout lui. Ses lèvres m’avaient manqué.
Je me décolle de ses lèvres pour le regarder de plus loin et je sens ses mains se glisser sous mon tee-shirt pour caresser mes pectoraux. Les miennes effleurent les lignes de son visage, mon regard absorbé par le sien.
« Antoine… je ne pense pas que je pourrai être ami avec toi. Dès que je te vois, c’est tes bras que je veux. Il me faudra sûrement du temps pour me remettre de ma relation avec Samir mais je ne veux pas te laisser de côté. Je veux tenter de retrouver ma confiance et t’aimer. Je veux que tu saches que tu n’es pas pour moi une relation tampon pour oublier Samir. Tu partageais déjà mes pensées avant même que Samir entre dans les miennes. »
« Pour toi, j’attendrais une vie entière. »
Mes lèvres retrouvent les siennes et nos mains parcourent nos corps. Je lui propose de rejoindre le lit. J’ai précisé que je ne me sentais pas de coucher avec lui ce soir mais que je voulais le sentir tout de même contre moi. Il me sourit en me demandant si sincèrement il s’attendait à coucher avec moi. J’hausse les épaules comme si je ne savais pas quoi répondre. Il sourit et prend mon visage dans ses mains.
« Martin, je n’attends rien de toi pour les semaines qui arrivent. Les simples faits que tu remarques ma présence et que tu m’acceptes dans ta vie me suffisent amplement. »
Antoine a toujours les mots qu’il faut et je m’effondre sur son torse pour me blottir contre lui. Comment pourrais-je ne pas le remarquer sérieusement ? Dès que je le vois, mon cœur palpite. Je me demande si j’aurais éprouvé des sentiments pour Samir si Antoine était venu à Montpellier directement après nos vacances. Je commence alors à me demander si j’ai réellement aimé Samir. Peut-être a-t-il raison au fond et que je ne l’ai jamais vraiment aimé.
Je retire ces pensées de ma tête dans la foulée car je sais que c’est faux. Mon amour pour Samir a toujours été sincère et le restera. C’est juste que notre couple n’était pas voué à perdurer comme je l’aurais souhaité et qu’Antoine est apparu derrière. Je change mes pensées pour les centrer sur Antoine qui mérite ce soir toute mon attention. Je me relève pour être suffisamment proche de son visage. Il a les yeux fermés et semblent s’être endormi. Je pose alors mes lèvres sur les siennes et le remercie d’être là. Dans un semi sommeil, il se tourne vers moi pour m’enlacer et bafouiller un « C’est moi qui te remercie Martin. ». Je m’endors alors dans ses bras.
Le mois de septembre s’ouvre un beau soleil. Les semaines ont défilé plus ou moins rapidement depuis le retour d’Antoine. Il a décroché le poste pour fin août. Il était donc reparti en Bourgogne jusqu’à son déménagement il y a quelques jours. Il prend encore ses marques ce qui fait que je ne l’ai toujours pas revu. On est supposé se voir en fin de semaine pour fêter mon anniversaire.
Quant à moi, je peux dire que je me sens mieux. Ce n’est pas encore la forme olympique mais ce n’est pas non plus la dépression dans laquelle j’étais après ma rupture. J’ai arrêté de faire des terreurs nocturnes au plus grand plaisir de tout le monde. J’ai aussi recroisé plusieurs fois Samir. Il fallait bien que je sorte un jour de l’appartement, ne serait-ce que pour reprendre le travail. J’aurai passé mes semaines de vacances à ne rien faire et à penser à Samir. J’ai encore du mal à croire ce qu’il s’est passé.
Je me souviens encore de la première fois où je l’ai revu. Je sortais de mon immeuble et il était devant celui de ses potes. Il s’était avancé pour me demander de lui accorder un instant. J’étais particulièrement perturbé et n’osais pas lui dire non. Je partis m’asseoir à l’endroit où l’on s’est rencontré. Il commença à me demander de le pardonner et à me dire que je lui manquais terriblement. Il me promit qu’il n’avait fauté que cette fois-là et qu’il s’en voulait beaucoup. Je le laissai parler avant de commenter :
« Ecoute Samir, je vis les pires moments de ma vie depuis notre rupture. Je t’aime encore éperdument et pense à toi tout le temps. Le problème tu vois c’est que je n’aurai plus jamais confiance en toi après ce que tu m’as fait. Je te pardonne si c’est ça que tu veux, mais pardonner ne veut pas dire oublier. »
C’est sur cette phrase que je suis parti en le laissant seul. Je l’ai recroisé quelques jours après où il avait changé totalement d’attitude. Il me regardait de loin avec ses potes, Karim n’était pas là par contre, et commençait à ricaner en ma direction avant de sortir une insulte dont je ne me souviens plus. Je me rappelle juste m’être avancé vers lui calmement et lui avoir dit :
« Il y a 3 jours tu pleurais à mes pieds pour me récupérer et là devant tes potes tu m’insultes ? Faudrait peut-être travailler ton égo et ta fierté parce que si tu penses que quelqu’un se sent aimé quand il se fait insulté, tu te trompes. »
Je fis demi-tour et repartis en direction du bus. Je sentais que je l’avais sensiblement touché et il commençait à m’insulter à nouveau. Je savais qu’il fait ça pour cacher sa peine. Tout comme je l’affrontais et le provoquais pour me sentir mieux et me convaincre que je passais enfin à autre chose. Et pourtant, j’aimerais réellement passer à autre chose et ne plus penser à lui constamment. Par moment, j’aurais voulu ne pas être rentré plus tôt et n’avoir jamais su qu’il me trompait. Puis je me souviens que je vaux mieux que ça et mérite quelqu’un qui reconnait ma vraie valeur.
C’est, on va dire, les deux fois où je suis réellement rentré en contact avec. Pour les autres fois, je me suis juste contenté de le regarder et de tracer mon chemin. Le seul petit souci et que je m’entends bien avec Karim et qu’il vient me saluer lorsqu’on se croise, ce qui irrite particulièrement Samir quand il est présent. Karim est le seul à être resté neutre car tous les autres ont pris le parti de Samir. Il s’embrouille donc souvent avec eux à cause de ça et je lui ai déjà dit que si c’était trop compliqué il n’avait qu’à arrêter de me parler. A chaque fois il rigole en disant qu’il voit les personnes qu’il veut et que ça le fait d’autant plus rire quand il entend Samir le questionner par la suite sur une supposé relation avec moi.
***
On est enfin en fin de semaine et je suis heureux de ne pas avoir à travailler le jour de mon anniversaire. Antoine est enfin bien installé et propose d’aller boire un verre en ville ce soir pour mon anniversaire et son arrivée à Montpellier. J’avais quelques courses à faire et je leur ai dit d’aller dans un bar et de me prévenir pour que je les rejoigne au plus vite.
Lorsque je suis enfin libre, j’envoie un message à Antoine qui m’indique le bar en question. Mon cœur palpite. C’est celui où j’ai rencontré Samir. Celui où travaille le mec avec qui il m’a trompé. J’ai envie de tout annulé. Je ne sais pas si je suis prêt à y retourner. Puis je me dis qu’il est temps de passer à autre chose et que je peux faire abstraction du lieu pour être avec mes amis. Je ne vais pas m’interdire d’aller quelque part pour ça. Je prends donc mon courage en main, respire profondément et pars en direction du bar.
***
J’arrive devant le bar et les vois en terrasse. Il y a pas mal de monde ce soir. Je fais la bise à Coralie et Julien puis un gros câlin à Antoine pour lui souhaiter la bienvenue à Montpellier. Je commande rapidement une bière pour rattraper le retard perdu. Antoine me regarde observateur et me questionne.
« Ça va ? T’as l’air tendu ! »
Sa remarque me met encore plus mal à l’aise car je vois que je ne suis pas discret. Je regarde au loin dans le bar l’éventuelle présence de Samir ou du serveur mais je ne vois aucun des deux. Je reviens vers mes amis qui m’observent tous en attendant une réponse à mon comportement.
« Je... Non ça va… C’est juste que c’était mon bar avec Samir… Ça fait bizarre c’est tout… »
Coralie propose instantanément de changer de bar mais je m’y oppose en disant que c’est le moment de passer à autre chose. Ça fera bientôt un an que je rencontrais Samir et je sais que la date me fera sensiblement mal et qu’il est mieux d’avoir déjà commencé à passer à autre chose avant qu’elle n’arrive. Julien en vient à me questionner sur le serveur et je lui confirme que c’est celui de ce bar mais qu’il n’a pas l’air en service.
Les minutes passent et je me sens de mieux en mieux. On commence à rigoler et à se souvenir du lycée et des projections de notre futur les quatre ici. J’oublie par moment que Coralie et Antoine ne se connaissent que depuis un mois. C’est comme si on s’était toujours connu les quatre depuis des années et personne ne se sent mis de côté.
Il est 21h lorsque mon humeur se met à changer. Je suis placé face à l’entrée et notre table est à côté du passage, ce qui fait qu’on est quasi obligé de passer vers nous pour entrer. Face à moi, la bande de Samir fait son entrée. Je les vois s’approcher pour entrer lorsque l’un d’eux me remarque. Mes amis captent instantanément mon changement d’attitude et se doutent que quelque chose se passe. Antoine est aussi en capacité de les voir arriver à contrario de Coralie et Julien qui sont de dos.
Lorsqu’ils arrivent à ma hauteur, Karim est en tête de file. Il me regarde avec le sourire et vient me faire un câlin pour me souhaiter un bon anniversaire et pour me dire qu’il est heureux de me voir ressortir. Il salue Antoine, Julien et Coralie et demande comment ils vont. Son action gêne les autres car ils se seraient bien passés de dire bonjour mais se sentent obligés de le faire par politesse pour mon anniversaire. Le seul qui reste en retrait n’est autre que Samir. Il observe la scène et fixe son attention particulièrement sur Antoine avant de fusiller du regard Karim lorsqu’il a terminé de nous parler. Ils s’en vont ensuite vers une table plus éloignée. Dans un hasard les plus purs, Samir se retrouve assis à une place qui a vue sur la nôtre. Antoine rigole et me dit :
« Il dit peut-être pas bonjour mais il compte bien passer la soirée à te mater. »
Je lui mets un coup de coude car je ne sais plus si je dois rire ou être stressé. Maintenant qu’il me regarde je sais qu’il va observer toutes mes actions et je vais avoir du mal à être naturel. Julien me propose de changer de place mais je refuse. Je compte bien affronter cette soirée avec courage pour passer à autre chose. Si je réussis, je sais que je serai capable de refaire plein de choses sans craindre de le revoir.
La soirée reprend alors son cours plus ou moins normal. Cela fait une demi-heure qu’ils sont arrivés et j’ai réussi à faire abstraction des regards de Samir. Julien lève la main au serveur pour une nouvelle commande. C’est là qu’une nouvelle surprise arrive car le fameux serveur a pris son service. Il s’avance alors normalement vers la table et lorsqu’il nous regarde pour prendre commande, il me reconnait. Je le vois alors bloquer et bégayer. J’ai du mal à le regarder aussi car c’est la première fois que je le revois et je ne peux m’empêcher de repenser à cette journée atroce. Toute la table comprend à qui nous avons à faire et se dépêche de commander. Mon regard se tourne alors en direction de la table de Samir et je le vois raidi dans son siège à me fixer les yeux exorbités. J’ai alors une idée et lève mon regard vers le visage du serveur.
« On va prendre une bouteille de champagne finalement. C’est Samir qui me l’offre pour mon anniversaire donc tu verras avec lui pour le règlement. »
Le serveur est fébrile et regarde en direction de Samir pour confirmer. Il voit le visage décomposé de Samir et ses amis commencent à se retourner pour assister à la scène. Le serveur commence de nouveau à bégayer :
« Euh… Je ne sais… sais pas ... si … si je… je peux. »
Je prends alors un air en confiance.
« Oh si tu vas pouvoir. C’est quoi d’ailleurs ton prénom ? Parce que le seul que je connais c’est « petite chienne » mais je doute que tes parents t’aient appelé comme ça… »
« C’est… Fr.. Fran…cis. »
« Okey Francis, je suis désolé d’avance que tu te retrouves dans cette situation mais t’aurais dû te méfier un peu plus avant de faire te faire niquer les sphincters par mon ancien gars. Donc là je la joue cool et tu vas facturer la bouteille de champagne sur le compte de Samir. Si tu ne le fais pas, je me sentirai obligé d’ébruiter ton petit nom. Et je connais assez bien Patrick le proprio du bar pour savoir qu’il déteste les adultères. Ducoup pour le bien-être de tous, nous allons prendre votre meilleur champagne et le tout sur le compte de Samir. »
Le serveur est devenu tout blanc et griffonne sur son calepin pour tenter de fuir la situation. Je sens les regards de la table du fond qui se demandent encore ce qu’il se passe. Je vois par la suite que plusieurs tables voisines tentent d’entendre la conversation mais je me suis assuré d’être assez discret pour ne pas que l’on entende ce que j’avais à dire. Francis acquiesce en pleine panique et s’en va vers le bar.
« Ça y est, il est là mon copain ! Enfin tu te lâches ! »
Julien est tout excité de ce qu’il vient de se passer et commence à rigoler en revisualisant la scène. Je le regarde avec un peu de fierté. Il continue en disant qu’il est content de me voir enfin réagir et arrêter de le défendre. Antoine approuve en disant qu’après ce qu’il m’a fait, il est normal d’éprouver une certaine rancœur même minime et que le coup de la bouteille de champagne est un acte significatif fait en toute élégance. On rigole tous et mon regard se tourne à nouveau vers Samir qui ne s’est pas arrêté d’alterner son regard entre Francis et moi. Je sais qu’il veut connaitre le sujet de discussion mais qu’il ne peut pas aller voir Francis sans se faire griller et qu’il n’a pas envie de venir me voir. Mais tout est une question de temps.
La bouteille de champagne arrive quelques minutes plus tard avec les coupes et des bougies fontaines qui attirent l’attention de tout le monde. Les copains commencent alors à me chanter un joyeux anniversaire pendant que le serveur aimerait s’enterrer au plus profond. Je sais que la table de Samir observe tout. Les gens déjà bourrés accompagnent mes amis dans le chant et je rougis devant tant d’attention. Je rigole intérieurement en étant fier de mon action. Je lance un regard au serveur et, pour bien affirmer mon action, place un petit :
« Merci petite… Euh Francis ! »
Je le vois rougir et je vois qu’il a compris où je voulais en venir. En vrai ce n’est pas mon délire de me comporter comme ça mais je me dis que pour ce soir, je peux me le permettre. En plaçant de nouveau mon regard sur la table, je vois que des petits cadeaux me font face et qu’Antoine s’est chargé de servir les coupes. Je les regarde avec un grand sourire et commence à ouvrir leurs cadeaux. Je suis touché de leur attention et ne peux m’empêcher de me lever pour leur faire un câlin.
Karim arrive ensuite avec un grand sourire pour me resouhaiter un bon anniversaire et je l’invite à s’asseoir deux minutes. Il hésite puis décide de prendre une chaise voisine pour s’installer. Je lui tends mon verre de champagne pour qu’il en prenne un peu. Son regard devient malicieux et je vois où il veut en venir.
« Allez vas-y dis-moi ce que tu veux savoir ? »
Il jubile et se lance.
« Qu’est-ce que t’as dit à l’autre idiot ? T’as fait péter un câble à Samir, il est pas bien depuis 15 minutes. »
Je rigole avec les autres et m’amuse du regard pétillant de Karim. Je le regarde et lui réponds :
« Disons que je me suis offert la bouteille de champagne sur les frais de Samir en sous-entendant à Francis que « petite chienne » pourrait m’échapper à tout moment de la soirée. »
Karim fait les grands yeux et explose de rire.
« Mec il va péter un câble Samir ! Mais c’est mérité. Ça le fera réfléchir un peu. J’te dis depuis le début que t’es trop gentil avec lui. »
Je vois Julien, Coralie et Antoine approuver les mots de Karim et je souris en disant que c’est bon j’ai fait mon action et que j’arrête après ça.
« Bon allez je retourne à ma table. Tu me vends du rêve poto ! Ça me tarde de voir la tête de Samir quand l’autre va ramener sa gueule pour lui faire payer la bouteille. »
Karim se lève et vient me refaire la bise avant de filer. Je l’observe s’éloigner et je regarde particulièrement la tête de Samir qui est énervé de voir Karim me parler. C’est alors que le serveur arrive à leur table. Antoine le remarque et, tout excité, dit à Julien et Coralie de se retourner. On regarde alors la gêne entre Francis et Samir, qui savent qu’on les regarde. Le serveur bégaye et semble annoncer la facture de la bouteille. Je vois alors Samir tirer une tête de cent pieds de long avant de venir me fusiller du regard. A côté de lui, Karim ne peut s’empêcher d’exploser de rire en observant la scène. Certains autres de ses potes se mettent aussi à rire, en comprenant qui est le serveur. Jusqu’à maintenant, seul Karim avait l’information car je le lui avais confié mais avec la situation actuelle, tous ses potes commencent à faire le lien. Samir se sent bien seul et se voit dans l’obligation de tendre sa carte bancaire en sachant ce qu’il se passera s’il ne le fait pas. Lorsque le serveur part, ses potes commencent à lui poser pleins de questions mais il est trop occupé à me fusiller du regard. Je ne veux plus lui accorder d’importance et, après avoir levé ma coupe en sa direction, je détourne mon regard et me concentre sur mes amis.
L’ambiance est devenue plus libérée et je ne me soucie plus de Samir. Maintenant que c’est payé, je n’ai plus de raison de le regarder et je rigole avec mes amis. Arrive l’heure d’aller aux toilettes et je me lève pour y aller.
J’arrive dans les toilettes et deux gars y sont déjà. Je vais pisser tranquillement, bien éméché, pendant que les mecs s’en vont. Je me lave ensuite les mains et je vais pour sortir lorsque la porte s’ouvre et je me retrouve face à Samir. Son regard est noir et sans plus attendre, il me choppe par le tee-shirt et me plaque contre le mur.
« Fils de pute ! »
Antoine entre soudainement dans les toilettes et le choppe par derrière pour le lancer loin de moi. Il est bien plus musclé que Samir et je ne pense pas qu’il ferait le poids face à nous deux. Il le sait aussi et ne tente pas de revenir à la charge. Il décide alors de passer par les mots.
« T’as besoin d’un garde du corps maintenant ? »
Antoine commence à s’énerver.
« Ferme ta gueule ! »
J’interviens alors pour calmer le jeu.
« Antoine laisse ! »
Samir me fixe alors et percute.
« Antoine ? Celui avec qui tu baisais avant notre rencontre ? Je vois que tu passes vite à autre chose pour un gars qui prétend m’aimer. »
Je le vois repartir dans ses mêmes rengaines et commencer à devenir tendu. Je vais pour prendre la parole quand Samir commence à courir sur Antoine pour le frapper. Ayant vu le coup venir, Antoine esquive et le plaque contre le mur.
« Mais t’es complètement con ou bien ? Je ne pense pas que quelqu’un t’ait déjà autant aimé que Martin. Tu l’as détruit par tes actions et son traumatisme prendra peut-être des années à être surmonté. Tu dois être bien égoïste pour ne pas avoir vu tout ce qu’il a fait toi. Si j’avais eu cette chance de pouvoir être en couple avec Martin, je n’aurais jamais eu la pensée de baiser avec quelqu’un qui n’en vaut pas la peine. Le savoir avec toi m’a beaucoup blessé car je ne pouvais rien faire. Mais c’est rien comparé à la colère que j’ai ressenti lorsque je l’ai vu après votre rupture. Je ne pourrais même pas te dire si Martin est aussi con que toi car je n’ai jamais vu un mec avoir si peu de haine envers un traitre dans ton genre. Alors fait pas ta princesse avec ta bouteille de champagne car si ça avait été moi, je t’aurais planté avec le couteau. En plus, t’as même pas les couilles de lui souhaiter un bon anniversaire alors que t’as partagé ta vie avec pendant un an. Donc maintenant tu vas dégager ton petit cul de connard et laisser Martin passer à autre chose. Tu ne vaux même pas la peine qu’on t’accorde autant de temps. »
Antoine le décolle du mur et le lance vers la porte pour lui indiquer de partir. C’est à ce moment-là qu’un gars entre dans les toilettes. Il sent de suite l’ambiance énervée et nous regarde un à un pour jauger la situation et voir si ça vaut le coup de rentrer. Je lui souris en disant qu’il peut aller pisser et qu’on a terminé.
On sort et on se suit un à un, Samir en tête. Il rejoint sa table et nous la nôtre. Julien et Coralie nous observe visiblement inquiets. Je jette un dernier regard vers Samir et je le vois s’embrouiller avec ses potes et prendre ses affaires pour partir. Toute la terrasse observe la scène et ceux qui sont là depuis le début cherchent toujours à connaitre l’histoire. Je regarde ensuite Antoine et lui demande pourquoi il est arrivé juste derrière Samir. Il me regarde et me dit :
« Je vois le genre de mec qu’il est et je savais qu’il attendait que tu t’éloignes seul pour te prendre à part. Quand il s’est levé, j’ai vu par son attitude qu’il ne comptait pas uniquement parler. Donc je suis venu. »
« Tu sais que je sais me défendre seul ?... Mais merci quand même. »
Je lui souris franchement et repense à ce qu’il a dit à Samir. Dans l’action je n’ai pas eu le temps d’en parler et maintenant qu’il y a Julien et Coralie c’est compliqué. La bouteille de champagne vide me tire de mes pensées et on commande une dernière tournée avant de bouger. Julien et Coralie nous indiquent qu’ils vont rentrer après car ils sont fatigués. Je regarde alors Antoine et lui demande comment il se sent. Pour ma part, ma bataille contre Samir gagnée m’a redonné une énergie de dingue et je suis prêt à fêter toute la nuit. Antoine semble aussi prêt à me suivre pour découvrir la ville de nuit.
***
Il est 1h du matin quand on quitte le bar. On se dit bonne nuit avec Coralie et Julien et Antoine précise que je dors chez lui pour ne pas les déranger. On se sépare et avec Antoine on prend la direction d’un club. Il me demande s’il y a des clubs gays et je lui indique l’un de mes préférés.
On se retrouve alors dans la boite pleine de mec et on commence à danser en s’éclatant comme des amis. Il y a toujours cette barrière et pourtant je ne peux m’empêcher de repenser à ce qu’il a dit dans les toilettes. On se commande une bouteille et Antoine se dit triste qu’il n’y ait pas Samir pour la payer. Je rigole et trinque à nos retrouvailles. Je crois que c’est la première soirée depuis ma rupture où je suis le plus heureux.
La nuit défile et notre énergie et débordante. On s’amuse comme des fous mais aucun de nous deux n’a pris la décision d’un quelconque rapprochement. Je sais qu’il ne tentera rien par respect pour moi et que tout repose sur moi. Le souci est que mes peurs sont présentes et je sais que si je tente quelque chose, je m’engagerai dans une nouvelle relation et je ne sais pas si je suis prêt pour ça. Je préfère donc ne rien faire et profiter d’Antoine comme un ami. L’autre problème c’est que j’ai aussi du mal à le visualiser comme un ami. Je le sais car dès qu’un mec s’approche et danse trop proche de lui, je ressens une pointe de jalousie. Je sais qu’un seul claquement de doigt suffirait pour qu’il m’embrasse. Je me rends compte alors de sa loyauté. A aucun moment il n’a tenté quelque chose alors qu’il a exprimé ses sentiments devant moi. Je n’imagine même pas la frustration que je lui inflige. Le pire est que je me frustre aussi pour une peur débile.
Il est 4h et mes réflexions personnelles dans mon état d’ébriété me poussent à passer à l’action. Je m’approche d’Antoine et lui dit que j’en ai marre. Il semble encore bien en forme mais accepte de rentrer. Je ne suis pas réellement fatigué mais je voulais me retrouver seul avec lui.
***
Après un trajet animé en discussion, on entre dans l’appartement d’Antoine. Je le découvre pour la première fois et il est plutôt chouette. Il me fait faire le tour et me propose un verre. Je regarde mon tee-shirt trempé d’alcool et lui propose de l’éponger dans un verre. On rigole et il me propose de mettre mes habits dans la machine et qu’il va me prêter les siens. J’en profite pour demander de me doucher car je pue aussi. Il rigole et me dit que je peux sans souci.
Je lance la machine en cycle rapide et pars me doucher. L’eau me fait reprendre mes esprits et je me nettoie de partout. En sortant de la douche, j’enfile les fringues prêtées par Antoine et les sens par automatisme. Je ressens cette odeur que j’aimais quand je me blottissais le soir contre lui pendant les vacances. Je pars le rejoindre et il me dit qu’il file vite se doucher aussi pour ne pas dormir dans sa transpiration. Je lui souris et pars m’allonger sur le sofa.
Une fois lavé, Antoine me rejoint avec deux bières. On se regarde en souriant et je le remercie pour cette soirée d’anniversaire. Il me dit que c’est avec plaisir et qu’il est heureux de me revoir. L’ambiance tend à changer et je trouve enfin le moment de revenir sur ce qu’il a dit aux toilettes.
« Je voulais revenir sur ce que tu as dit à Samir. Je… Ça m’a beaucoup touché. Je suis désolé si ça t’a blessé lorsque je me suis mis en couple mais on habitait loin et je ne pense pas que… »
Antoine me coupe la parole en prenant ma main dans la sienne.
« … Chut. Tu n’as pas à t’excuser. On n’aurait rien pu envisager il y a un an. Oui ça m’a fait mal mais aujourd’hui je suis là avec toi dans le présent et cette douleur n’existe plus depuis que je t’ai retrouvé. »
Je fonds sur ses lèvres pour l’embrasser et ses bras viennent me prendre par les hanches pour m’orienter vers ses genoux. Je m’assieds sur lui et l’embrasse à pleine bouche. Ça fait tellement du bien d’embrasser quelqu’un. Surtout lui. Ses lèvres m’avaient manqué.
Je me décolle de ses lèvres pour le regarder de plus loin et je sens ses mains se glisser sous mon tee-shirt pour caresser mes pectoraux. Les miennes effleurent les lignes de son visage, mon regard absorbé par le sien.
« Antoine… je ne pense pas que je pourrai être ami avec toi. Dès que je te vois, c’est tes bras que je veux. Il me faudra sûrement du temps pour me remettre de ma relation avec Samir mais je ne veux pas te laisser de côté. Je veux tenter de retrouver ma confiance et t’aimer. Je veux que tu saches que tu n’es pas pour moi une relation tampon pour oublier Samir. Tu partageais déjà mes pensées avant même que Samir entre dans les miennes. »
« Pour toi, j’attendrais une vie entière. »
Mes lèvres retrouvent les siennes et nos mains parcourent nos corps. Je lui propose de rejoindre le lit. J’ai précisé que je ne me sentais pas de coucher avec lui ce soir mais que je voulais le sentir tout de même contre moi. Il me sourit en me demandant si sincèrement il s’attendait à coucher avec moi. J’hausse les épaules comme si je ne savais pas quoi répondre. Il sourit et prend mon visage dans ses mains.
« Martin, je n’attends rien de toi pour les semaines qui arrivent. Les simples faits que tu remarques ma présence et que tu m’acceptes dans ta vie me suffisent amplement. »
Antoine a toujours les mots qu’il faut et je m’effondre sur son torse pour me blottir contre lui. Comment pourrais-je ne pas le remarquer sérieusement ? Dès que je le vois, mon cœur palpite. Je me demande si j’aurais éprouvé des sentiments pour Samir si Antoine était venu à Montpellier directement après nos vacances. Je commence alors à me demander si j’ai réellement aimé Samir. Peut-être a-t-il raison au fond et que je ne l’ai jamais vraiment aimé.
Je retire ces pensées de ma tête dans la foulée car je sais que c’est faux. Mon amour pour Samir a toujours été sincère et le restera. C’est juste que notre couple n’était pas voué à perdurer comme je l’aurais souhaité et qu’Antoine est apparu derrière. Je change mes pensées pour les centrer sur Antoine qui mérite ce soir toute mon attention. Je me relève pour être suffisamment proche de son visage. Il a les yeux fermés et semblent s’être endormi. Je pose alors mes lèvres sur les siennes et le remercie d’être là. Dans un semi sommeil, il se tourne vers moi pour m’enlacer et bafouiller un « C’est moi qui te remercie Martin. ». Je m’endors alors dans ses bras.
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