Le consentement - deuxième partie
Récit érotique écrit par Razel [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 10-09-2014 dans la catégorie Dominants et dominés
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Le consentement - deuxième partie
Le consentement - épisode II - Quand vient la nuit...
Il est 18h30 quand la Clio se présente à l’entrée du domaine. Morgane sent son cœur battre plus fort en reconnaissant l’imposant portail et ses hautes herses noires. Fred prend un lourd trousseau de clés dans la boite à gants et descend du véhicule. Elle le regarde pousser la grille, en proie à un tourbillon de sentiments contradictoires. L’excitation de retrouver l’homme qui a tout pouvoir sur elle se mêle à l’appréhension de ce qui l’attend. Si seulement elle pouvait s’isoler pour vérifier son allure, même deux minutes. Elle se sent souillée après l’épisode de la voiture et déteste l’idée de se présenter ainsi à Thierry. Elle n’a jamais autant souhaité plaire à un homme de toute sa vie. Il sait lui faire ressentir sa féminité d’une manière si profonde et si différente... L’emprise qu’il a sur elle lui est à la fois douce et effrayante, comme s’il maitrisait une sorte de magie noire. En sa présence, Morgane ne se reconnait pas elle-même. Elle ne s’explique pas toujours la facilité avec laquelle elle se soumet à lui. Elle sait qu’il est au bout du chemin à l’attendre. Elle n’en mène pas large alors que les graviers crissent sous les roues et qu’apparait progressivement l’imposante bâtisse.
- On y est, princesse, annonce Fred.
La voiture s’immobilise au pied des trois marches de pierre qui mènent à la terrasse. Bacchus, l’énorme doberman gardien du domaine les observe en lâchant un bref aboiement. Thierry apparait en tenue décontractée mais toujours aussi élégant, avec sa barbe grise impeccablement taillée. Excitée, Morgane saisit son anorak resté sur la plage arrière, l’enfile en vitesse et quitte la Clio. Il descend calmement les marches pour la rejoindre. Il est face à elle, la dominant de toute sa stature. Il l’attire contre son torse. Morgane l’enlace, il en fait de même. Il saisit ses fines hanches pour la soulever un peu. Elle se hisse sur la pointe des bottines pour lui céder un baiser langoureux, heureuse de retrouver sa langue, son odeur, la douceur de sa barbe, sa force... C’est bien plus conforme aux retrouvailles attendues que l’horrible trajet qu’elle vient de vivre. Finalement, son amant la repose et se tourne vers Fred.
- Peux-tu monter ses affaires dans la chambre du haut ? Celle au bout du couloir. Vérifie que le radiateur remarche bien, je ne veux pas qu’elle ait froid cette nuit.
Le garçon acquiesce, prend le sac de voyage dans le coffre et gagne la maison en gratifiant Bacchus d’une tape sur le flanc au passage. Thierry attire Morgane à lui. Il lui caresse la joue.
- Il n’a pas été trop méchant avec toi ? demande-t-il doucement.
- C’est un sale con… sourit tristement Morgane avant de poser sa tête contre le torse de son Maitre.
Thierry s’esclaffe.
- Peut-être, mais c’est mon meilleur ouvrier. Je tiens à ce que tu sois plaisante avec lui. Allez, rentrons, j’ai fait du thé.
Morgane est toujours aussi impressionnée par le salon. Il est vaste, haut de plafond, avec ses poutres, ses grands fauteuils et son canapé en cuir, son tapis médiéval et sa cheminée en pierre surmontée d’un grand écran plasma. La pièce lui évoque un château sorti du moyen-âge qu’on aurait aménagé avec des appareils dernier cri. Le mobilier imposant semble être le reflet de l’autorité du maitre des lieux. Les multiples peintures et sculptures érotiques en disent aussi beaucoup sur ses penchants… Thierry prend place dans le plus grand fauteuil. La jeune femme n’a pas oublié son dernier séjour, elle se garde de s’asseoir sans y être autorisée.
- Te souviens-tu comme je t’ai appris à t’agenouiller, Morgane ? demande Thierry.
Elle acquiesce. Il lui désigne le tapis.
- Alors reprends les bonnes habitudes.
La jeune femme se laisse glisser au sol, genoux légèrement écartés, fesses contre talons, cambrée. Elle croise ses poignets dans le dos et incline respectueusement la tête. Il la complimente en déposant une tasse de thé fumante devant elle.
- Bien sûr, c’est plus facile de prendre cette pose habillée comme tu l’es. Mais j’apprécie de voir comme elle t’est maintenant naturelle. Tu te souviens comme tu avais du mal les premières fois ?
Morgane retient un rictus sans quitter le tapis des yeux. Au début, elle ne pouvait prendre tout ce cérémonial au sérieux. Mais elle a vite appris que la désinvolture est le meilleur moyen de s’attirer des ennuis avec Thierry. A présent, s’agenouiller à ses pieds ne lui parait plus absurde, mais normal et évident.
- Pendant les 72 heures que nous allons passer ensemble, il y a beaucoup d’autres choses qui risquent de te sembler difficiles et rabaissantes au début. Je veux que tu partes d’ici en les acceptant tout aussi naturellement. Tu comprends ce que je dis Morgane ?
- Oui… Monsieur.
Comme c’est bon de retrouver cet état hors du monde où il suffit de lâcher prise. Etre docile, être aimée et choyée, ne pas lutter contre les douces sensations que Thierry fait naitre en elle physiquement et mentalement. Avec son amant tout est si simple… tant qu’on obéit.
Il se lève. Morgane ose un regard furtif, le temps de le voir prendre deux feuilles agrafées entre elles sur la cheminée. Il vient les déposer près de ses genoux, à côté de la tasse.
- Je veux que tu lises ce contrat à haute voix, explique-t-il en se rasseyant. Lentement et distinctement. C’est très sérieux, tu dois comprendre chaque mot et t’en imprégner. Nous en discuterons plus tard. Prends la feuille et lis.
La jeune femme s’empare des pages comme s’il s’agissait d’une récitation. Elle s’éclaircit la gorge et entame la lecture d’une voix douce et solennelle :
- Moi, Morgane Grigneux, je comprends que je me présente ici par ma propre volonté en tant qu’esclave… que le terme me plaise ou non…
- Plus fort, l’encourage Thierry.
- Je comprends qu’aucune parcelle de mon corps ne m’appartient plus… Je suis la propriété de mon Maitre… et de toute personne qui sera autorisée par lui à régner sur moi.
Elle marque une pause, mal à l’aise en songeant à l’humiliation que Fred lui a fait subir dans les bois. Thierry lui intime de continuer.
- Je comprends que mon devoir est d’être agréable et de servir… d’être séduisante et obéissante à tout instant… Je comprends qu’on attend de moi la plus parfaite discipline et la plus grande humilité… Je comprends quelle est ma place… et m’engage à m’y tenir sans aucun écart … Je comprends que je serai punie dans le cas contraire… pour mon bien et aussi sévèrement que mon Maitre le jugera nécessaire…Je comprends…
Morgane s’interrompt. Elle jette un regard en coin à Fred qui vient de les rejoindre dans le salon.
- Garde les yeux sur ta feuille, la réprimande Thierry. Continue.
Morgane est gênée. Pourquoi faut-il que ce sale mec vienne gâcher le moment ? Ce qui était une lecture un peu enivrante jusqu’ici devient embarrassant en sa présence. Elle reprend, moins assurée :
- Je comprends qu’aucune pudeur ne me sera permise… à aucun moment de la journée et dans tous les endroits du domaine…
- C’est exact, l’interrompt Thierry. D’ailleurs nous allons mettre ce point en application tout de suite, pour que tu saisisses bien. Soulève ton haut, libère tes seins, je les veux exposés pendant que tu lis. Mais n’enlève rien.
Morgane ne peut s’empêcher de rougir un peu en posant le contrat sur le tapis. Chacun des deux hommes a déjà obtenu bien plus d’elle, c’est vrai. Mais les sentiments opposés qu’elle éprouve pour l’un et l’autre rendent la situation fort déstabilisante. Lentement, elle roule le tissu turquoise sur son ventre jusqu’au-dessus de sa poitrine. Elle tire les bonnets de son soutien-gorge fuchsia et dégage ses seins qui débordent de l’armature comme deux fruits juteux. Thierry fait observer au jeune homme comme il n’est point besoin qu’une poitrine de femme soit énorme pour être bandante, comme sur ses « sites de bas étage », mais simplement bien proportionnée. Fred lui accorde, comme si tous deux parlaient d’un modèle de moto… Pour le coup, Morgane est bien contente de ne pas avoir à croiser leurs regards. Thierry l’invite à reprendre sa lecture.
- Je comprends que la désinvolture, la mauvaise volonté, la familiarité avec les dominants seront considérées comme des fautes graves… et sanctionnées comme telles… Chaque ordre qui m’est donné doit être exécuté sur le champ (elle revient à la ligne) et sans mollesse…
- C’est exact, commente Thierry.
- Je comprends qu’il m’est possible de mettre fin à ma condition de soumise à tout moment en prononçant la phrase : « je veux être affranchie »… Je serai alors raccompagnée dès que possible dans un train pour Paris… sans avoir à me justifier… ni qu’il me soit tenu rigueur de mon choix… Cependant… cela mettra fin à la relation qui me lie à mon Maitre instantanément… de manière définitive et sans possibilité (elle revient à la ligne) de revenir sur ma décision…
- Ce dernier point est très important, Morgane, insiste Thierry. Le comprends-tu bien ?
La jeune femme lève les yeux pour répondre mais se reprend aussitôt. Elle se contente d’acquiescer en silence, les yeux rivés au tapis. Même ainsi, elle sent braqué sur elle le regard fasciné de Fred. Comme elle aimerait qu’il parte…
- Parfait, félicite Thierry. La deuxième page est une annexe qui rappelle les règles qui t’ont été enseignées lors de tes dernières visites, plus certaines nouvelles. Quand tu auras bu ton thé, tu monteras les lire au calme dans ta chambre. C’est la même que d’habitude, deuxième étage au fond du couloir. Tu me ramèneras le contrat signé et paraphé toute à l’heure. Maintenant, bois.
Morgane soulève la tasse encore chaude dans le creux de ses mains. Le thé est un délice. Se détournant d’elle, Thierry interroge son employé sur l’entretien du domaine. Les deux hommes discutent entre deux gorgées de thé, ou peut-être est-ce une autre boisson, comme si elle n’était plus là. La jeune femme se sent un peu courbatue à force de tenir sa position, reportant tour à tour son poids sur ses genoux où ses fesses. Mais pas question de bouger sans y être invitée, elle le sait de ses précédents stages. Quand elle repose sa tasse vide, Thierry lui commande de monter dans sa chambre.
- Prends une douche. Relis bien le contrat. Je t’attends pour diner à 21h. Sois parfumée et maquillée, lèvres rouges et yeux bien en valeur. Pour la tenue, tu trouveras une nuisette achetée spécialement pour toi sur le lit, cadeau de bienvenue. Mets une petite culotte dessous et rien d’autre, je sais que tu en as de très jolies. File mon ange, laisse ta tasse par terre.
Morgane se relève, n’osant demander si Fred sera convié lui aussi au diner. Elle prie pour que non.
- A toute à l’heure, Monsieur, s’efface-t-elle en prenant soin de ne regarder que le maitre de maison.
Elle remarque bien son clin d’œil affectueux.
***
La chambre n’a pas changé d’un pouce, avec sa vue sur les vignes, son grand lit en chêne et sa salle de bain privative. Normalement, Morgane déteste les demeures campagnardes. Elles lui rappellent l’ennui des étés sans fin chez son oncle et sa tante quand elle était enfant, la peur des araignées et des bruits nocturnes qui la terrorisaient, seule au fond d’un lit trop grand. Mais c’est différent ici, si calme et si beau, comme une bulle en dehors du monde où elle peut être une autre. Soigneusement étalée sur le lit, il y a une nuisette courte, noire- transparente, très sexy. La jeune fille l’ « essaie » sans la mettre devant la glace de la grande armoire. Elle est pile à sa taille, d’une marque bien au-dessus de ses moyens d’étudiante. Fatiguée du voyage et par tant d’émotions fortes en quelques heures, Morgane retire ses bottines et son jeans, puis se laisse tomber sur le ventre sur la couverture moelleuse. Elle feuillette le contrat en balançant lentement ses jolies jambes.
Elle connait déjà la plupart des règles qui vont régir sa vie de soumise dans les prochaines heures. Le « Maitre » ou « Monsieur » obligatoire, les poses, le devoir d’être toujours gracieuse, sexy, disponible (y compris et surtout sexuellement, sait-elle pertinemment). Mais le cadre est cette fois encore plus strict. Par exemple, il lui est interdit de parler autrement que pour répondre au Maitre et ses hôtes (quels hôtes ?? se demande Morgane en grimaçant). Si elle souhaite prendre la parole sans y être invitée, elle devra le signifier par son seul regard, lèvres entrouvertes, et attendre qu’on lui permette. Voilà vraiment le genre de consignes que la jeune femme trouve un peu idiotes. Ça lui parait tellement d’un autre âge… Elle comprend mal que la voir se conduire en potiche puisse exciter son Maitre. Mais elle sait aussi que jouer le jeu est le prix à payer pour obtenir son attention, son affection et même son admiration. Il n’y a qu’ainsi qu’elle restera sa précieuse soumise. A cet instant, c’est tout ce qu’elle désire.
Le reste du document pourrait être résumé en une phrase : il lui est interdit de faire quoique ce soit sans l’accord préalable du Maitre. Dans le cas contraire, le contrat la menace de châtiments plus ou moins détaillés dont aucun ne fait bien envie à Morgane… Tout ce baratin n’est pas l’essentiel pour la jeune femme. Elle y voit juste de petits caprices sortis des fantasmes intellos de Thierry. Ce qui l’intéresse, elle, c’est sa relation unique à lui. Qui est-il pour elle ? Son mentor ? L’amant style « prince charmant » de ses rêves d’adolescente ? Ou bien le grand méchant loup ? Un peu et rien de tout ça… Certaines choses ne s’expliquent pas simplement. Elle prend le stylo laissé pour elle sur la table de nuit et signe les deux pages à la va-vite. « C’est l’heure de la douche» murmure-t-elle en roulant en dehors du lit.
***
Morgane se présente au salon quelques minutes en avance, contrat en main. Elle s’avance timidement pieds nus sur le tapis. Elle a respecté les consignes, ne portant sous sa nuisette qu’une petite culotte bouffante de dentelle noire avec un petit nœud glamour sur l’arrière. Ses lèvres sont d’un joli rouge carmin. Thierry lit dans son fauteuil. Elle voit dans ses yeux la lumière qu’elle aime tant lorsqu’il daigne la regarder.
- La nuisette te va très bien, commente-t-il en lui prenant les feuilles de papier.
La jeune femme fléchit les jambes pour s’agenouiller mais il la stoppe.
- Ce n’est pas nécessaire, passons directement dans la salle à manger, le diner est prêt.
Rien n’a changé non plus dans la grande pièce que Thierry réserve aux diners spéciaux. Morgane reconnait la grande table rustique et les natures mortes au mur. Il fait doux. Il tire sa chaise haute en vrai gentleman et la fait asseoir, puis allume une bougie. Les pieds graciles de Morgane ne touchent même pas le sol. Elle les pose sur la barre de bois inférieure comme une princesse sur un trône trop grand pour elle. Le maitre de maison s’éclipse en cuisine et revient avec deux assiettes garnies d’une salade de saumon et crevettes d’aspect fort appétissant. Il débouche également une bouteille de vin et remplit leurs verres. Le diner est parfait, amical et détendu. Pas de Fred en vue. Ils parlent de tout et de rien, des études de médecine de Morgane, de la récente opération du dos de Thierry, des loyers à Paris et de la dernière série à la mode… Le quinqua sourit lorsqu’elle le taquine. Il rit même franchement quand elle déclare avoir l’impression de diner avec le comte Dracula dans son château. Parfois son regard descend sur sa jolie poitrine à travers la transparence de la nuisette, mais il lui parle le plus souvent droit dans les yeux d’une façon qui fait vraiment fondre Morgane. Arrivés au dessert, tous deux ont les yeux qui brillent à cause du vin que Thierry ressert régulièrement.
Finalement, il ramène les assiettes à la cuisine et revient se placer derrière la jeune femme.
- Mets tes mains à plat sur la table, je te prie.
Le ton est redevenu directif. Son attitude dominatrice est de retour sans prévenir. Morgane s’exécute, un peu dégrisée par ce brusque rappel à sa condition. Il noue un bandeau sur ses yeux avec des gestes secs et précis. Elle ne voit plus rien. Il la prend délicatement sous les aisselles et la fait lever, puis la guide par la nuque en dehors de la pièce.
- Où est-ce qu’on va Monsieur ? demande Morgane le cœur battant.
- N’as-tu pas lu les règles ? Pas de question sans permission. La prochaine fois tu es punie.
Elle bredouille des excuses et se laisse conduire silencieuse dans le grand couloir. Ils tournent une fois, deux fois. Le carrelage est froid sous les pieds nus de la jeune fille. Il l’arrête. Une porte s’ouvre. Elle sent une bouffée d’air frais remonter du sous-sol sous sa nuisette.
- Descends lentement, n’aie pas peur je te tiens.
La jeune femme est guidée dans les escaliers de pierre qui mènent à la cave voutée. Elle connait cet endroit pour y avoir déjà été enfermée (elle avait osé défier l’autorité de Thierry, plus par jeu que par vraie rébellion). Elle se souvient des crochets au plafond et des instruments SM un peu effrayants accrochés au mur. Il ne les a jamais utilisés sur elle. Elle manque rater la dernière marche mais il la soutient doucement par les coudes. Ses pieds foulent la terre battue. Elle respire fort.
- Calme toi mon ange, la rassure-t-il doucement.
Elle est poussée quelques mètres dans la pièce. Elle aimerait tant voir, ou juste pouvoir poser une question. Elle sent les bretelles de sa nuisette quitter ses épaules. Le vêtement transparent lui est délicatement ôté par le haut, la laissant frissonnante, en culotte. Elle croise instinctivement les bras sur sa poitrine. Le dernier rempart à sa nudité totale descend tout aussi délicatement le long de ses cuisses, passe ses genoux serrés puis lui est confisqué sans un mot.
- C’est bien, tu as fait le nécessaire : plus un poil, félicite Thierry.
Sa toison discrète était encore trop pour lui. En prévision de sa venue, il lui a payé une épilation intégrale au laser dans l’un des meilleurs instituts de la capitale.
- Tu as confiance en moi ? demande Thierry.
- Oui…
- Oui qui ?
- Oui Monsieur.
- Tends tes poignets.
Elle obéit, nue et fragile. Elle sent qu’il lui passe d’épais bracelets de cuir. Chaque sangle est serrée au maximum. Les bracelets sont ensuite attachés l’un à l’autre. Il lui est impossible de disjoindre les mains. Thierry s’affaire autour d’elle. Elle entend un raclement de chaine qu’on tire vers le bas. Quelque chose est accroché au mousqueton qui lie ses bracelets. La chaine commence à remonter et Morgane sent bientôt ses bras frêles tirés vers le haut. Elle résiste instinctivement, anxieuse, mais l’homme lui intime de se laisser faire. Les poignets sont hissés à hauteur de son visage comme si elle priait, puis au-dessus de sa tête. Elle a bientôt les bras à la verticale. Ses talons décollent du sol de quelques centimètres. La chaine se fige. Thierry la bloque ainsi. Il est maintenant impossible à la jeune fille de poser ses pieds totalement à plat. C’est très inconfortable. Elle fait du surplace à petits pas maladroits, balancée nue au bout de la chaine comme le ver à l’hameçon. Deux doigts effleurent son dos, suivant le creux de ses reins.
- Reste bien sage, je reviens, l’avertit Thierry.
Il la laisse là, tournant doucement sur elle-même, livrée à un mélange de peur et d’excitation. Elle n’entend que sa propre respiration et le cliquetis de la chaine dans son crochet quand elle ose un mouvement. Quelques minutes passent, des voix résonnent dans l’escalier. Au grand désespoir de la jeune femme, Thierry est de retour avec Fred. Les deux hommes s’affairent vivement autour d’elle. Elle est saisie par la taille et tournée sans ménagement. Un objet cylindrique tout en longueur est appliqué contre son ventre, de son sexe épilé jusqu’à son sternum. Le bout qui touche son intimité est arrondi et caoutchouteux. Morgane comprend qu’il s’agit d’un vibromasseur de grande taille.
- Scotche lui ça bien, je la tiens, dit Thierry à son ouvrier.
Elle entend un bruit de gros scotch qu’on tire. Maintenue en place, elle est entourée par deux fois d’une large bandelette adhésive. Elle sent qu’on s’assure de la bonne fixation de l’appareil avant de la lâcher.
- C’est bon ça tient, annonce Fred.
Thierry appelle doucement Morgane par son prénom. Elle tourne la tête dans la direction de la voix, muette et inquiète comme un petit animal pris dans lumière des phares.
- Tu vas passer un petit moment comme ça. Ne t’inquiète pas l’orgasme viendra vite, cet appareil est très puissant. Tout ce que tu as à faire est de te laisser aller, tu n’as pas d’échappatoire. Je veux que tu jouisses fort pour moi. Je serai peut-être là pour le voir, peut-être pas, tu n’en sauras rien. Mais tu vas comprendre que ton plaisir n’appartient qu’à moi. Je décide quand et comment tu jouis, autant de fois que je le veux, mon ange. On va commencer sur « 6 ».
A ces mots, la tête de caoutchouc se met à vibrer entre les jambes de Morgane qui ne peut retenir un petit gémissement de surprise. Thierry n’a pas menti, la sensation est très intense, presque insupportable. Elle n’a jamais connu de sex toy comme celui-ci. Son corps est traversé de frissons. Des vagues remontent dans son ventre et se propagent à travers toutes ses terminaisons nerveuses. La pointe de ses seins devient hypersensible. Au bout de quelques minutes elle ne sent plus les présences autour d’elle. Les deux hommes ont dû remonter, peut-être un seul des deux ou peut-être aucun, comment savoir ? Elle n’entend plus que le bourdonnement qui chatouille son intimité, électrise sa vulve et son clitoris. Ses mains agrippent la chaine tandis qu’elle se balance sur elle-même. Elle creuse son bassin pour réduire le contact entre sa fente et l’appareil, rien qu’un petit peu, mais c’est tout bonnement impossible. Encore quelques minutes et Morgane commence à mouiller généreusement. Sa respiration est de plus en plus rapide et hachée par de petits hoquets de plaisir qui lui font honte. Ils sont peut-être là, à la regarder s’abandonner aux stimulations atrocement délicieuses entre ses cuisses. Ses orteils fouillent de plus en plus nerveusement la terre battue. Finalement l’orgasme la submerge toute entière. Tête en arrière, elle jouit et gémit, secouée de spasmes, bouche entrouverte comme un poisson hors de l’eau.
Elle pend au bout de sa chaine, haletante. Indifférent à son orgasme, le vibromasseur continue son œuvre. Quand cette torture va-t-elle s’arrêter ? Elle donnerait tout pour quelques secondes de répit. Encore un long moment s’écoule, puis les vibrations stoppent net.
- Je vois que mon jouet te fait de l’effet, note la voix de Thierry à quelques centimètres de son oreille.
Morgane respire fort, attendant juste qu’on la détache et qu’on enlève cette chose infernale de son ventre. Au lieu de ça, sa tête est tirée en arrière. Un objet phallique est présenté à ses lèvres. De toute évidence son maitre n’en a pas fini avec elle.
- Ouvre la bouche, intime Thierry.
- J’en peux plus… supplie Morgane d’une petite voix.
- Ouvre, j’ai dit.
La chose pénètre sa bouche. Elle se laisse bâillonner par le gode en plastique qu’il attache grâce à une petite boucle derrière son crâne. Le sex toy écrase sa langue et la fait copieusement saliver. La jeune femme émet un gémissement plaintif du fond de la gorge.
- Si tu veux tout arrêter, dessine une croix par terre avec ton pied. Je te détache, tu vas te coucher et je te dépose au premier train, dit Thierry.
Morgane se contente d’inspirer profondément. Il la fait pivoter comme un quartier de viande. Elle sent deux doigts écarter délicatement ses jolis globes fessiers, exposant son petit trou. Oh non pas là aussi…. se lamente-t-elle intérieurement. Mais le contact d’un gel froid contre son anus lui ôte tout espoir d’y échapper. Son amant la lubrifie avec des gestes experts. Lorsqu’il s’arrête pour reboucher le flacon, elle tente de se dérober à ce qui va suivre, mais des mains fermes la ramènent en position. Elle sent le plug qui chatouille son petit anneau fermé, avant d’y plonger lentement mais surement. La douleur lui arrache une longue plainte étouffée par le gode buccal. Un filet de salive inonde son sein gauche. L’objet s’enfonce sans pitié dans l’étroit canal, jusqu’à tenir fermement en place.
- Sois brave, mon ange, lui dit doucement Thierry en caressant ses reins. Tu vas jouir encore une fois, très fort. Après ce sera terminé. Je mets sur « 8 », c’est le maximum.
Elle veut protester mais l’appareil recommence à vibrer avec une intensité démoniaque. Bouche et anus se contractent sur leurs pals. A travers la tempête de sensations qui se déchaine en elle, Morgane sent qu’on lui tapote affectueusement la fesse. Elle tourne violemment d’un quart de tour à gauche, puis à droite. Il lui est impossible de penser à autre chose qu’à l’essaim d’abeilles furieuses entre ses cuisses. Son bâillon lui fait mal, le plug entre ses fesses la déchire. Elle pousse des gémissements de colère qui se transforment peu à peu en sanglots étouffés. Elle perd toute notion du temps et de l’espace. Au bout d’une minute ou un siècle, le plaisir revient, puis il grandit en elle comme une lame de fond. Elle se consume au bout de sa chaine, perdue, jouissant d’être transpercée, impuissante et offerte. Elle pourrait mourir là, plus rien n’a d’importance.
Quand Thierry la détache enfin après avoir retiré doucement les godes, elle n’est qu’une poupée sans force dégoulinante de sueur, de salive et de cyprine. Elle s’effondre dans ses bras et enfouit son visage souillé de larmes contre son torse. Le maquillage a coulé de sous son bandeau. Son maitre trempe un doigt dans la salive accumulée sur son sein et lui nettoie doucement la joue. Elle entend la voix de Fred mais n’y prête même pas attention. La lame d’une minuscule paire de ciseaux, comme ceux d’un couteau suisse, découpe le scotch le long de son flanc. On lui arrache sèchement les bandelettes mais elle ignore la sensation de brulure sur sa peau, trop soulagée d’être délivrée du vibromasseur. Le bandeau qui l’aveugle lui est à son tour retiré. Blottie contre Thierry, elle regarde Fred ranger le matériel. Elle reconnait les murs en pierre, la collection de fouets et cravaches. Le quinquagénaire lui caresse les cheveux, doux et apaisant comme il sait l’être.
- Je suis fier de toi, Morgane. Ma courageuse soumise.
Il saisit ses fines épaules et la recule un peu. Elle lève des yeux voilés et épuisés vers lui. Il repousse une mèche de cheveux collée à la commissure de ses lèvres.
- Ça ira pour ce soir, annonce-t-il. Tu es toute sale. Frédéric va te passer un coup d’eau et te raccompagner à ta chambre. Tu te lèves quand tu le souhaites, je te veux fraiche et dispo.
Thierry gagne les escaliers, il se tourne vers son employé.
- Lave-la dans l’arrière-cour, sèche-la et mets-la au lit. N’oublie pas de voir pour la porte de la remise demain matin. Bonne nuit tous les deux.
***
Fred a du mal à croire qu’il n’est pas en plein rêve érotique dont il va se réveiller d’un moment à l’autre. Tous ses fantasmes deviennent réalité. La fille est si bandante avec son air perdu, à sa merci toute nue devant lui. Il n’aurait jamais cru avoir une telle chance un jour. Dire que tout ça arrive parce qu’il s’est fait surprendre devant un DVD de bondage de son patron l’hiver dernier. Il ne regrette pas ! Malgré leurs bons rapports, il n’aurait jamais osé avouer directement à Thierry combien il partageait ses penchants pour la soumission féminine. Ils n’auraient jamais eu cette complicité autour du sujet et il serait surement passé à côté d’un week-end pareil…
La parigote se tient pieds et bras croisés. Elle a l’air ailleurs, complètement partie. Normal avec ce qu’elle vient de prendre. Bon dieu qu’elle est bien gaulée. C’est le genre de gonzesses qui excitent les hommes partout où elles passent sans même s’en rendre compte. Disons plutôt qu’elles font semblant de ne pas savoir... Elles prennent leur air innocent, se mettent des habits sexy et le monde est à leurs pieds. Celle-là est entrain de descendre de son pied d’estale et ça lui fait du bien. Mais purée, même comme ça, avec le maquillage foutu et la morve au nez, elle reste foutrement mignonne. Il s’approche d’elle. Elle recule d’un pas et lui fait son petit regard méchant qu’il commence à connaitre. Elle essaie tant bien que mal de cacher sa chatte et ses seins. Comme si ça ne faisait pas une heure qu’il la reluque sous toutes les coutures ! Il l’attrape par le bras, mais pas trop brutalement. Thierry a dit pas de violence. Il lui mettrait pourtant bien une paire de baffes, pas trop fort, juste qu’elle comprenne un peu qui est le chef. Mais il ne veut surtout pas prendre le risque d'être exclu du jeu par son patron.
- Allez la miss, on va te décrasser un peu.
Elle résiste légèrement mais se laisse tirer dans les escaliers. Il la fait grimper puis remonter le long couloir. Elle a le regard dans le vide comme si elle s’était réfugiée dans ses pensées. Il la pousse dans la cuisine puis fouille le tiroir pour trouver la clé du dehors.
- Tu te sens fort hein ? murmure la fille dans son dos. T’es Tarzan le mâle dominant…
Elle a ce petit air de mépris qu’il déteste. Elle lui parle comme à un plouc depuis qu’elle est arrivée. Toutes les mêmes ces parisiennes… Ça doit être sa dernière bouffée d’amour-propre de le prendre de haut comme ça.
- Ouais, répond Fred. Et toi t’es juste la femelle soumise, alors boucle-la.
Elle émet un petit ricanement nerveux.
Le garçon ouvre la porte de la cuisine qui donne sur l’arrière-cour. Il fait nuit noire et c’est encore bien humide. Elle va pas avoir chaud à poil, ça c’est sûr.
- Allez viens par-là, ordonne-t-il à la fille. Si t’as des bijoux qui craignent la flotte, dépose-les sur la table.
Elle le toise avec une moue butée.
- Tu veux pt’être qu’on réveille Thierry ?
Elle soupire et vient le rejoindre. Il lui fait descendre la marche et la pousse par le bras au milieu de la petite cour grillagée.
- Fais gaffe ou tu marches, ya des outils qui trainent.
Il la sent greloter dans sa main. Elle a la chair de poule et pas l’air très rassurée malgré son insolence de façade. Il lui désigne un angle de la maison, sous le toit en tôles de l’établi.
- Va dans le coin là-bas.
Il la regarde rejoindre l’angle en balançant son petit cul. Il songe au bruit qu’il faisait sous les claques dans sa voiture, et bande de plus belle. Fred tourne le robinet grinçant et va ramasser le tuyau d’arrosage enroulé par terre. Un filet d’eau glacée s’en échappe quand il le soulève. La parigote est recroquevillée dans l’angle, sa peau est d’un blanc pâle dans la lumière de la lune. Elle a compris ce qui l’attend. Il tire deux bons mètres de tuyau et se poste à quelques pas d’elle.
- Mets-toi face à moi, mains sur la tête.
Elle reste immobile les bras autour d’elle, ça se voit qu’elle est frigorifiée.
- Tu veux pas obéir ? Tant pis pour toi, bébé.
Il tourne l’embout et fait jaillir le jet à pleine puissance. L’expression de défi sur le visage de la fille est balayée d’un coup. Elle se tourne de profil par reflexe pour offrir au jet le moins de surface possible, cuisse relevée comme pour se protéger. Sa bouche est ouverte comme pour crier, mais pas un son n’en sort. Il l’asperge lentement de bas en haut puis se déplace un peu pour avoir son ventre et ses seins. Il découvre qu’il peut la faire tourner et danser comme il veut en changeant d’angle de tir, comme un marionnettiste sadique. Il lui coupe la respiration d’une bonne rasade en pleine poire, puis profite de sa surprise pour arroser les parties les plus intimes de son anatomie. Il coupe le jet. Elle est prostrée dans le coin, le souffle court, toute ruisselante.
- Le cul maintenant. Tourne-toi.
Cette fois elle obéit de suite, essayant à peine de se protéger quand il dirige le jet entre ses fesses. Il n’oublie aucun recoin et fait même un peu de zèle. Mais il finit par se lasser et ferme l’arrosage. Elle tient ses épaules, transie de froid, claquant des dents. Fred a un peu pitié.
- Ok bébé, c’est fini, rentre à l’intérieur.
Pour ça, elle ne se fait pas prier. Il la regarde regagner la cuisine à petits pas rapides puis la rejoint. Elle grelotte à mort au centre d’une flaque sur le carrelage.
- Reste là, je vais chercher une serviette.
Deux minutes après, Morgane se réchauffe au coin du feu de la cheminée du salon, drapée dans une serviette de bain. Elle a refusé qu’il lui fasse une tisane. Sa lèvre inférieure tremble encore un peu mais le crépitement du bois la calme. Elle observe en silence le garçon qui ferme un par un les hauts volets du salon.
- J’t’emmène te coucher, déclare-t-il finalement. Viens.
Ils montent ensemble au deuxième. Fred la fait entrer dans sa chambre où elle a déjà déballé ses affaires. Il tire la couverture et les draps et lui commande de rendre la serviette.
- Thierry veut que tu dormes toute nue, lui explique-t-il. T’auras pas froid, le lit est bien chaud tu verras.
- Je me lave les dents d’abord, rétorque agressivement Morgane.
- Ok, vas-y je t’attends. Ferme pas la porte.
La jeune fille roule des yeux mais n’essaie pas de négocier. Elle effectue ses petits rituels de coucher sous les yeux du garçon. Par contre elle se retient d’uriner, pas question de faire ça devant lui. Elle se glisse finalement sous les draps, tournant le dos à la porte de la chambre, et se laisse border par Fred. Il éteint la lumière en lui souhaitant bonne nuit. Elle s’abstient de répondre. Lorsque les pas se sont éloignés depuis longtemps et qu’elle n’entend plus un bruit dans la maison, elle se relève en cachette et va soulager sa vessie dans le bidet en prenant garde de ne pas trop faire grincer le plancher. De retour au lit, elle glisse vite dans un profond sommeil sans rêves.
(A suivre…)
Il est 18h30 quand la Clio se présente à l’entrée du domaine. Morgane sent son cœur battre plus fort en reconnaissant l’imposant portail et ses hautes herses noires. Fred prend un lourd trousseau de clés dans la boite à gants et descend du véhicule. Elle le regarde pousser la grille, en proie à un tourbillon de sentiments contradictoires. L’excitation de retrouver l’homme qui a tout pouvoir sur elle se mêle à l’appréhension de ce qui l’attend. Si seulement elle pouvait s’isoler pour vérifier son allure, même deux minutes. Elle se sent souillée après l’épisode de la voiture et déteste l’idée de se présenter ainsi à Thierry. Elle n’a jamais autant souhaité plaire à un homme de toute sa vie. Il sait lui faire ressentir sa féminité d’une manière si profonde et si différente... L’emprise qu’il a sur elle lui est à la fois douce et effrayante, comme s’il maitrisait une sorte de magie noire. En sa présence, Morgane ne se reconnait pas elle-même. Elle ne s’explique pas toujours la facilité avec laquelle elle se soumet à lui. Elle sait qu’il est au bout du chemin à l’attendre. Elle n’en mène pas large alors que les graviers crissent sous les roues et qu’apparait progressivement l’imposante bâtisse.
- On y est, princesse, annonce Fred.
La voiture s’immobilise au pied des trois marches de pierre qui mènent à la terrasse. Bacchus, l’énorme doberman gardien du domaine les observe en lâchant un bref aboiement. Thierry apparait en tenue décontractée mais toujours aussi élégant, avec sa barbe grise impeccablement taillée. Excitée, Morgane saisit son anorak resté sur la plage arrière, l’enfile en vitesse et quitte la Clio. Il descend calmement les marches pour la rejoindre. Il est face à elle, la dominant de toute sa stature. Il l’attire contre son torse. Morgane l’enlace, il en fait de même. Il saisit ses fines hanches pour la soulever un peu. Elle se hisse sur la pointe des bottines pour lui céder un baiser langoureux, heureuse de retrouver sa langue, son odeur, la douceur de sa barbe, sa force... C’est bien plus conforme aux retrouvailles attendues que l’horrible trajet qu’elle vient de vivre. Finalement, son amant la repose et se tourne vers Fred.
- Peux-tu monter ses affaires dans la chambre du haut ? Celle au bout du couloir. Vérifie que le radiateur remarche bien, je ne veux pas qu’elle ait froid cette nuit.
Le garçon acquiesce, prend le sac de voyage dans le coffre et gagne la maison en gratifiant Bacchus d’une tape sur le flanc au passage. Thierry attire Morgane à lui. Il lui caresse la joue.
- Il n’a pas été trop méchant avec toi ? demande-t-il doucement.
- C’est un sale con… sourit tristement Morgane avant de poser sa tête contre le torse de son Maitre.
Thierry s’esclaffe.
- Peut-être, mais c’est mon meilleur ouvrier. Je tiens à ce que tu sois plaisante avec lui. Allez, rentrons, j’ai fait du thé.
Morgane est toujours aussi impressionnée par le salon. Il est vaste, haut de plafond, avec ses poutres, ses grands fauteuils et son canapé en cuir, son tapis médiéval et sa cheminée en pierre surmontée d’un grand écran plasma. La pièce lui évoque un château sorti du moyen-âge qu’on aurait aménagé avec des appareils dernier cri. Le mobilier imposant semble être le reflet de l’autorité du maitre des lieux. Les multiples peintures et sculptures érotiques en disent aussi beaucoup sur ses penchants… Thierry prend place dans le plus grand fauteuil. La jeune femme n’a pas oublié son dernier séjour, elle se garde de s’asseoir sans y être autorisée.
- Te souviens-tu comme je t’ai appris à t’agenouiller, Morgane ? demande Thierry.
Elle acquiesce. Il lui désigne le tapis.
- Alors reprends les bonnes habitudes.
La jeune femme se laisse glisser au sol, genoux légèrement écartés, fesses contre talons, cambrée. Elle croise ses poignets dans le dos et incline respectueusement la tête. Il la complimente en déposant une tasse de thé fumante devant elle.
- Bien sûr, c’est plus facile de prendre cette pose habillée comme tu l’es. Mais j’apprécie de voir comme elle t’est maintenant naturelle. Tu te souviens comme tu avais du mal les premières fois ?
Morgane retient un rictus sans quitter le tapis des yeux. Au début, elle ne pouvait prendre tout ce cérémonial au sérieux. Mais elle a vite appris que la désinvolture est le meilleur moyen de s’attirer des ennuis avec Thierry. A présent, s’agenouiller à ses pieds ne lui parait plus absurde, mais normal et évident.
- Pendant les 72 heures que nous allons passer ensemble, il y a beaucoup d’autres choses qui risquent de te sembler difficiles et rabaissantes au début. Je veux que tu partes d’ici en les acceptant tout aussi naturellement. Tu comprends ce que je dis Morgane ?
- Oui… Monsieur.
Comme c’est bon de retrouver cet état hors du monde où il suffit de lâcher prise. Etre docile, être aimée et choyée, ne pas lutter contre les douces sensations que Thierry fait naitre en elle physiquement et mentalement. Avec son amant tout est si simple… tant qu’on obéit.
Il se lève. Morgane ose un regard furtif, le temps de le voir prendre deux feuilles agrafées entre elles sur la cheminée. Il vient les déposer près de ses genoux, à côté de la tasse.
- Je veux que tu lises ce contrat à haute voix, explique-t-il en se rasseyant. Lentement et distinctement. C’est très sérieux, tu dois comprendre chaque mot et t’en imprégner. Nous en discuterons plus tard. Prends la feuille et lis.
La jeune femme s’empare des pages comme s’il s’agissait d’une récitation. Elle s’éclaircit la gorge et entame la lecture d’une voix douce et solennelle :
- Moi, Morgane Grigneux, je comprends que je me présente ici par ma propre volonté en tant qu’esclave… que le terme me plaise ou non…
- Plus fort, l’encourage Thierry.
- Je comprends qu’aucune parcelle de mon corps ne m’appartient plus… Je suis la propriété de mon Maitre… et de toute personne qui sera autorisée par lui à régner sur moi.
Elle marque une pause, mal à l’aise en songeant à l’humiliation que Fred lui a fait subir dans les bois. Thierry lui intime de continuer.
- Je comprends que mon devoir est d’être agréable et de servir… d’être séduisante et obéissante à tout instant… Je comprends qu’on attend de moi la plus parfaite discipline et la plus grande humilité… Je comprends quelle est ma place… et m’engage à m’y tenir sans aucun écart … Je comprends que je serai punie dans le cas contraire… pour mon bien et aussi sévèrement que mon Maitre le jugera nécessaire…Je comprends…
Morgane s’interrompt. Elle jette un regard en coin à Fred qui vient de les rejoindre dans le salon.
- Garde les yeux sur ta feuille, la réprimande Thierry. Continue.
Morgane est gênée. Pourquoi faut-il que ce sale mec vienne gâcher le moment ? Ce qui était une lecture un peu enivrante jusqu’ici devient embarrassant en sa présence. Elle reprend, moins assurée :
- Je comprends qu’aucune pudeur ne me sera permise… à aucun moment de la journée et dans tous les endroits du domaine…
- C’est exact, l’interrompt Thierry. D’ailleurs nous allons mettre ce point en application tout de suite, pour que tu saisisses bien. Soulève ton haut, libère tes seins, je les veux exposés pendant que tu lis. Mais n’enlève rien.
Morgane ne peut s’empêcher de rougir un peu en posant le contrat sur le tapis. Chacun des deux hommes a déjà obtenu bien plus d’elle, c’est vrai. Mais les sentiments opposés qu’elle éprouve pour l’un et l’autre rendent la situation fort déstabilisante. Lentement, elle roule le tissu turquoise sur son ventre jusqu’au-dessus de sa poitrine. Elle tire les bonnets de son soutien-gorge fuchsia et dégage ses seins qui débordent de l’armature comme deux fruits juteux. Thierry fait observer au jeune homme comme il n’est point besoin qu’une poitrine de femme soit énorme pour être bandante, comme sur ses « sites de bas étage », mais simplement bien proportionnée. Fred lui accorde, comme si tous deux parlaient d’un modèle de moto… Pour le coup, Morgane est bien contente de ne pas avoir à croiser leurs regards. Thierry l’invite à reprendre sa lecture.
- Je comprends que la désinvolture, la mauvaise volonté, la familiarité avec les dominants seront considérées comme des fautes graves… et sanctionnées comme telles… Chaque ordre qui m’est donné doit être exécuté sur le champ (elle revient à la ligne) et sans mollesse…
- C’est exact, commente Thierry.
- Je comprends qu’il m’est possible de mettre fin à ma condition de soumise à tout moment en prononçant la phrase : « je veux être affranchie »… Je serai alors raccompagnée dès que possible dans un train pour Paris… sans avoir à me justifier… ni qu’il me soit tenu rigueur de mon choix… Cependant… cela mettra fin à la relation qui me lie à mon Maitre instantanément… de manière définitive et sans possibilité (elle revient à la ligne) de revenir sur ma décision…
- Ce dernier point est très important, Morgane, insiste Thierry. Le comprends-tu bien ?
La jeune femme lève les yeux pour répondre mais se reprend aussitôt. Elle se contente d’acquiescer en silence, les yeux rivés au tapis. Même ainsi, elle sent braqué sur elle le regard fasciné de Fred. Comme elle aimerait qu’il parte…
- Parfait, félicite Thierry. La deuxième page est une annexe qui rappelle les règles qui t’ont été enseignées lors de tes dernières visites, plus certaines nouvelles. Quand tu auras bu ton thé, tu monteras les lire au calme dans ta chambre. C’est la même que d’habitude, deuxième étage au fond du couloir. Tu me ramèneras le contrat signé et paraphé toute à l’heure. Maintenant, bois.
Morgane soulève la tasse encore chaude dans le creux de ses mains. Le thé est un délice. Se détournant d’elle, Thierry interroge son employé sur l’entretien du domaine. Les deux hommes discutent entre deux gorgées de thé, ou peut-être est-ce une autre boisson, comme si elle n’était plus là. La jeune femme se sent un peu courbatue à force de tenir sa position, reportant tour à tour son poids sur ses genoux où ses fesses. Mais pas question de bouger sans y être invitée, elle le sait de ses précédents stages. Quand elle repose sa tasse vide, Thierry lui commande de monter dans sa chambre.
- Prends une douche. Relis bien le contrat. Je t’attends pour diner à 21h. Sois parfumée et maquillée, lèvres rouges et yeux bien en valeur. Pour la tenue, tu trouveras une nuisette achetée spécialement pour toi sur le lit, cadeau de bienvenue. Mets une petite culotte dessous et rien d’autre, je sais que tu en as de très jolies. File mon ange, laisse ta tasse par terre.
Morgane se relève, n’osant demander si Fred sera convié lui aussi au diner. Elle prie pour que non.
- A toute à l’heure, Monsieur, s’efface-t-elle en prenant soin de ne regarder que le maitre de maison.
Elle remarque bien son clin d’œil affectueux.
***
La chambre n’a pas changé d’un pouce, avec sa vue sur les vignes, son grand lit en chêne et sa salle de bain privative. Normalement, Morgane déteste les demeures campagnardes. Elles lui rappellent l’ennui des étés sans fin chez son oncle et sa tante quand elle était enfant, la peur des araignées et des bruits nocturnes qui la terrorisaient, seule au fond d’un lit trop grand. Mais c’est différent ici, si calme et si beau, comme une bulle en dehors du monde où elle peut être une autre. Soigneusement étalée sur le lit, il y a une nuisette courte, noire- transparente, très sexy. La jeune fille l’ « essaie » sans la mettre devant la glace de la grande armoire. Elle est pile à sa taille, d’une marque bien au-dessus de ses moyens d’étudiante. Fatiguée du voyage et par tant d’émotions fortes en quelques heures, Morgane retire ses bottines et son jeans, puis se laisse tomber sur le ventre sur la couverture moelleuse. Elle feuillette le contrat en balançant lentement ses jolies jambes.
Elle connait déjà la plupart des règles qui vont régir sa vie de soumise dans les prochaines heures. Le « Maitre » ou « Monsieur » obligatoire, les poses, le devoir d’être toujours gracieuse, sexy, disponible (y compris et surtout sexuellement, sait-elle pertinemment). Mais le cadre est cette fois encore plus strict. Par exemple, il lui est interdit de parler autrement que pour répondre au Maitre et ses hôtes (quels hôtes ?? se demande Morgane en grimaçant). Si elle souhaite prendre la parole sans y être invitée, elle devra le signifier par son seul regard, lèvres entrouvertes, et attendre qu’on lui permette. Voilà vraiment le genre de consignes que la jeune femme trouve un peu idiotes. Ça lui parait tellement d’un autre âge… Elle comprend mal que la voir se conduire en potiche puisse exciter son Maitre. Mais elle sait aussi que jouer le jeu est le prix à payer pour obtenir son attention, son affection et même son admiration. Il n’y a qu’ainsi qu’elle restera sa précieuse soumise. A cet instant, c’est tout ce qu’elle désire.
Le reste du document pourrait être résumé en une phrase : il lui est interdit de faire quoique ce soit sans l’accord préalable du Maitre. Dans le cas contraire, le contrat la menace de châtiments plus ou moins détaillés dont aucun ne fait bien envie à Morgane… Tout ce baratin n’est pas l’essentiel pour la jeune femme. Elle y voit juste de petits caprices sortis des fantasmes intellos de Thierry. Ce qui l’intéresse, elle, c’est sa relation unique à lui. Qui est-il pour elle ? Son mentor ? L’amant style « prince charmant » de ses rêves d’adolescente ? Ou bien le grand méchant loup ? Un peu et rien de tout ça… Certaines choses ne s’expliquent pas simplement. Elle prend le stylo laissé pour elle sur la table de nuit et signe les deux pages à la va-vite. « C’est l’heure de la douche» murmure-t-elle en roulant en dehors du lit.
***
Morgane se présente au salon quelques minutes en avance, contrat en main. Elle s’avance timidement pieds nus sur le tapis. Elle a respecté les consignes, ne portant sous sa nuisette qu’une petite culotte bouffante de dentelle noire avec un petit nœud glamour sur l’arrière. Ses lèvres sont d’un joli rouge carmin. Thierry lit dans son fauteuil. Elle voit dans ses yeux la lumière qu’elle aime tant lorsqu’il daigne la regarder.
- La nuisette te va très bien, commente-t-il en lui prenant les feuilles de papier.
La jeune femme fléchit les jambes pour s’agenouiller mais il la stoppe.
- Ce n’est pas nécessaire, passons directement dans la salle à manger, le diner est prêt.
Rien n’a changé non plus dans la grande pièce que Thierry réserve aux diners spéciaux. Morgane reconnait la grande table rustique et les natures mortes au mur. Il fait doux. Il tire sa chaise haute en vrai gentleman et la fait asseoir, puis allume une bougie. Les pieds graciles de Morgane ne touchent même pas le sol. Elle les pose sur la barre de bois inférieure comme une princesse sur un trône trop grand pour elle. Le maitre de maison s’éclipse en cuisine et revient avec deux assiettes garnies d’une salade de saumon et crevettes d’aspect fort appétissant. Il débouche également une bouteille de vin et remplit leurs verres. Le diner est parfait, amical et détendu. Pas de Fred en vue. Ils parlent de tout et de rien, des études de médecine de Morgane, de la récente opération du dos de Thierry, des loyers à Paris et de la dernière série à la mode… Le quinqua sourit lorsqu’elle le taquine. Il rit même franchement quand elle déclare avoir l’impression de diner avec le comte Dracula dans son château. Parfois son regard descend sur sa jolie poitrine à travers la transparence de la nuisette, mais il lui parle le plus souvent droit dans les yeux d’une façon qui fait vraiment fondre Morgane. Arrivés au dessert, tous deux ont les yeux qui brillent à cause du vin que Thierry ressert régulièrement.
Finalement, il ramène les assiettes à la cuisine et revient se placer derrière la jeune femme.
- Mets tes mains à plat sur la table, je te prie.
Le ton est redevenu directif. Son attitude dominatrice est de retour sans prévenir. Morgane s’exécute, un peu dégrisée par ce brusque rappel à sa condition. Il noue un bandeau sur ses yeux avec des gestes secs et précis. Elle ne voit plus rien. Il la prend délicatement sous les aisselles et la fait lever, puis la guide par la nuque en dehors de la pièce.
- Où est-ce qu’on va Monsieur ? demande Morgane le cœur battant.
- N’as-tu pas lu les règles ? Pas de question sans permission. La prochaine fois tu es punie.
Elle bredouille des excuses et se laisse conduire silencieuse dans le grand couloir. Ils tournent une fois, deux fois. Le carrelage est froid sous les pieds nus de la jeune fille. Il l’arrête. Une porte s’ouvre. Elle sent une bouffée d’air frais remonter du sous-sol sous sa nuisette.
- Descends lentement, n’aie pas peur je te tiens.
La jeune femme est guidée dans les escaliers de pierre qui mènent à la cave voutée. Elle connait cet endroit pour y avoir déjà été enfermée (elle avait osé défier l’autorité de Thierry, plus par jeu que par vraie rébellion). Elle se souvient des crochets au plafond et des instruments SM un peu effrayants accrochés au mur. Il ne les a jamais utilisés sur elle. Elle manque rater la dernière marche mais il la soutient doucement par les coudes. Ses pieds foulent la terre battue. Elle respire fort.
- Calme toi mon ange, la rassure-t-il doucement.
Elle est poussée quelques mètres dans la pièce. Elle aimerait tant voir, ou juste pouvoir poser une question. Elle sent les bretelles de sa nuisette quitter ses épaules. Le vêtement transparent lui est délicatement ôté par le haut, la laissant frissonnante, en culotte. Elle croise instinctivement les bras sur sa poitrine. Le dernier rempart à sa nudité totale descend tout aussi délicatement le long de ses cuisses, passe ses genoux serrés puis lui est confisqué sans un mot.
- C’est bien, tu as fait le nécessaire : plus un poil, félicite Thierry.
Sa toison discrète était encore trop pour lui. En prévision de sa venue, il lui a payé une épilation intégrale au laser dans l’un des meilleurs instituts de la capitale.
- Tu as confiance en moi ? demande Thierry.
- Oui…
- Oui qui ?
- Oui Monsieur.
- Tends tes poignets.
Elle obéit, nue et fragile. Elle sent qu’il lui passe d’épais bracelets de cuir. Chaque sangle est serrée au maximum. Les bracelets sont ensuite attachés l’un à l’autre. Il lui est impossible de disjoindre les mains. Thierry s’affaire autour d’elle. Elle entend un raclement de chaine qu’on tire vers le bas. Quelque chose est accroché au mousqueton qui lie ses bracelets. La chaine commence à remonter et Morgane sent bientôt ses bras frêles tirés vers le haut. Elle résiste instinctivement, anxieuse, mais l’homme lui intime de se laisser faire. Les poignets sont hissés à hauteur de son visage comme si elle priait, puis au-dessus de sa tête. Elle a bientôt les bras à la verticale. Ses talons décollent du sol de quelques centimètres. La chaine se fige. Thierry la bloque ainsi. Il est maintenant impossible à la jeune fille de poser ses pieds totalement à plat. C’est très inconfortable. Elle fait du surplace à petits pas maladroits, balancée nue au bout de la chaine comme le ver à l’hameçon. Deux doigts effleurent son dos, suivant le creux de ses reins.
- Reste bien sage, je reviens, l’avertit Thierry.
Il la laisse là, tournant doucement sur elle-même, livrée à un mélange de peur et d’excitation. Elle n’entend que sa propre respiration et le cliquetis de la chaine dans son crochet quand elle ose un mouvement. Quelques minutes passent, des voix résonnent dans l’escalier. Au grand désespoir de la jeune femme, Thierry est de retour avec Fred. Les deux hommes s’affairent vivement autour d’elle. Elle est saisie par la taille et tournée sans ménagement. Un objet cylindrique tout en longueur est appliqué contre son ventre, de son sexe épilé jusqu’à son sternum. Le bout qui touche son intimité est arrondi et caoutchouteux. Morgane comprend qu’il s’agit d’un vibromasseur de grande taille.
- Scotche lui ça bien, je la tiens, dit Thierry à son ouvrier.
Elle entend un bruit de gros scotch qu’on tire. Maintenue en place, elle est entourée par deux fois d’une large bandelette adhésive. Elle sent qu’on s’assure de la bonne fixation de l’appareil avant de la lâcher.
- C’est bon ça tient, annonce Fred.
Thierry appelle doucement Morgane par son prénom. Elle tourne la tête dans la direction de la voix, muette et inquiète comme un petit animal pris dans lumière des phares.
- Tu vas passer un petit moment comme ça. Ne t’inquiète pas l’orgasme viendra vite, cet appareil est très puissant. Tout ce que tu as à faire est de te laisser aller, tu n’as pas d’échappatoire. Je veux que tu jouisses fort pour moi. Je serai peut-être là pour le voir, peut-être pas, tu n’en sauras rien. Mais tu vas comprendre que ton plaisir n’appartient qu’à moi. Je décide quand et comment tu jouis, autant de fois que je le veux, mon ange. On va commencer sur « 6 ».
A ces mots, la tête de caoutchouc se met à vibrer entre les jambes de Morgane qui ne peut retenir un petit gémissement de surprise. Thierry n’a pas menti, la sensation est très intense, presque insupportable. Elle n’a jamais connu de sex toy comme celui-ci. Son corps est traversé de frissons. Des vagues remontent dans son ventre et se propagent à travers toutes ses terminaisons nerveuses. La pointe de ses seins devient hypersensible. Au bout de quelques minutes elle ne sent plus les présences autour d’elle. Les deux hommes ont dû remonter, peut-être un seul des deux ou peut-être aucun, comment savoir ? Elle n’entend plus que le bourdonnement qui chatouille son intimité, électrise sa vulve et son clitoris. Ses mains agrippent la chaine tandis qu’elle se balance sur elle-même. Elle creuse son bassin pour réduire le contact entre sa fente et l’appareil, rien qu’un petit peu, mais c’est tout bonnement impossible. Encore quelques minutes et Morgane commence à mouiller généreusement. Sa respiration est de plus en plus rapide et hachée par de petits hoquets de plaisir qui lui font honte. Ils sont peut-être là, à la regarder s’abandonner aux stimulations atrocement délicieuses entre ses cuisses. Ses orteils fouillent de plus en plus nerveusement la terre battue. Finalement l’orgasme la submerge toute entière. Tête en arrière, elle jouit et gémit, secouée de spasmes, bouche entrouverte comme un poisson hors de l’eau.
Elle pend au bout de sa chaine, haletante. Indifférent à son orgasme, le vibromasseur continue son œuvre. Quand cette torture va-t-elle s’arrêter ? Elle donnerait tout pour quelques secondes de répit. Encore un long moment s’écoule, puis les vibrations stoppent net.
- Je vois que mon jouet te fait de l’effet, note la voix de Thierry à quelques centimètres de son oreille.
Morgane respire fort, attendant juste qu’on la détache et qu’on enlève cette chose infernale de son ventre. Au lieu de ça, sa tête est tirée en arrière. Un objet phallique est présenté à ses lèvres. De toute évidence son maitre n’en a pas fini avec elle.
- Ouvre la bouche, intime Thierry.
- J’en peux plus… supplie Morgane d’une petite voix.
- Ouvre, j’ai dit.
La chose pénètre sa bouche. Elle se laisse bâillonner par le gode en plastique qu’il attache grâce à une petite boucle derrière son crâne. Le sex toy écrase sa langue et la fait copieusement saliver. La jeune femme émet un gémissement plaintif du fond de la gorge.
- Si tu veux tout arrêter, dessine une croix par terre avec ton pied. Je te détache, tu vas te coucher et je te dépose au premier train, dit Thierry.
Morgane se contente d’inspirer profondément. Il la fait pivoter comme un quartier de viande. Elle sent deux doigts écarter délicatement ses jolis globes fessiers, exposant son petit trou. Oh non pas là aussi…. se lamente-t-elle intérieurement. Mais le contact d’un gel froid contre son anus lui ôte tout espoir d’y échapper. Son amant la lubrifie avec des gestes experts. Lorsqu’il s’arrête pour reboucher le flacon, elle tente de se dérober à ce qui va suivre, mais des mains fermes la ramènent en position. Elle sent le plug qui chatouille son petit anneau fermé, avant d’y plonger lentement mais surement. La douleur lui arrache une longue plainte étouffée par le gode buccal. Un filet de salive inonde son sein gauche. L’objet s’enfonce sans pitié dans l’étroit canal, jusqu’à tenir fermement en place.
- Sois brave, mon ange, lui dit doucement Thierry en caressant ses reins. Tu vas jouir encore une fois, très fort. Après ce sera terminé. Je mets sur « 8 », c’est le maximum.
Elle veut protester mais l’appareil recommence à vibrer avec une intensité démoniaque. Bouche et anus se contractent sur leurs pals. A travers la tempête de sensations qui se déchaine en elle, Morgane sent qu’on lui tapote affectueusement la fesse. Elle tourne violemment d’un quart de tour à gauche, puis à droite. Il lui est impossible de penser à autre chose qu’à l’essaim d’abeilles furieuses entre ses cuisses. Son bâillon lui fait mal, le plug entre ses fesses la déchire. Elle pousse des gémissements de colère qui se transforment peu à peu en sanglots étouffés. Elle perd toute notion du temps et de l’espace. Au bout d’une minute ou un siècle, le plaisir revient, puis il grandit en elle comme une lame de fond. Elle se consume au bout de sa chaine, perdue, jouissant d’être transpercée, impuissante et offerte. Elle pourrait mourir là, plus rien n’a d’importance.
Quand Thierry la détache enfin après avoir retiré doucement les godes, elle n’est qu’une poupée sans force dégoulinante de sueur, de salive et de cyprine. Elle s’effondre dans ses bras et enfouit son visage souillé de larmes contre son torse. Le maquillage a coulé de sous son bandeau. Son maitre trempe un doigt dans la salive accumulée sur son sein et lui nettoie doucement la joue. Elle entend la voix de Fred mais n’y prête même pas attention. La lame d’une minuscule paire de ciseaux, comme ceux d’un couteau suisse, découpe le scotch le long de son flanc. On lui arrache sèchement les bandelettes mais elle ignore la sensation de brulure sur sa peau, trop soulagée d’être délivrée du vibromasseur. Le bandeau qui l’aveugle lui est à son tour retiré. Blottie contre Thierry, elle regarde Fred ranger le matériel. Elle reconnait les murs en pierre, la collection de fouets et cravaches. Le quinquagénaire lui caresse les cheveux, doux et apaisant comme il sait l’être.
- Je suis fier de toi, Morgane. Ma courageuse soumise.
Il saisit ses fines épaules et la recule un peu. Elle lève des yeux voilés et épuisés vers lui. Il repousse une mèche de cheveux collée à la commissure de ses lèvres.
- Ça ira pour ce soir, annonce-t-il. Tu es toute sale. Frédéric va te passer un coup d’eau et te raccompagner à ta chambre. Tu te lèves quand tu le souhaites, je te veux fraiche et dispo.
Thierry gagne les escaliers, il se tourne vers son employé.
- Lave-la dans l’arrière-cour, sèche-la et mets-la au lit. N’oublie pas de voir pour la porte de la remise demain matin. Bonne nuit tous les deux.
***
Fred a du mal à croire qu’il n’est pas en plein rêve érotique dont il va se réveiller d’un moment à l’autre. Tous ses fantasmes deviennent réalité. La fille est si bandante avec son air perdu, à sa merci toute nue devant lui. Il n’aurait jamais cru avoir une telle chance un jour. Dire que tout ça arrive parce qu’il s’est fait surprendre devant un DVD de bondage de son patron l’hiver dernier. Il ne regrette pas ! Malgré leurs bons rapports, il n’aurait jamais osé avouer directement à Thierry combien il partageait ses penchants pour la soumission féminine. Ils n’auraient jamais eu cette complicité autour du sujet et il serait surement passé à côté d’un week-end pareil…
La parigote se tient pieds et bras croisés. Elle a l’air ailleurs, complètement partie. Normal avec ce qu’elle vient de prendre. Bon dieu qu’elle est bien gaulée. C’est le genre de gonzesses qui excitent les hommes partout où elles passent sans même s’en rendre compte. Disons plutôt qu’elles font semblant de ne pas savoir... Elles prennent leur air innocent, se mettent des habits sexy et le monde est à leurs pieds. Celle-là est entrain de descendre de son pied d’estale et ça lui fait du bien. Mais purée, même comme ça, avec le maquillage foutu et la morve au nez, elle reste foutrement mignonne. Il s’approche d’elle. Elle recule d’un pas et lui fait son petit regard méchant qu’il commence à connaitre. Elle essaie tant bien que mal de cacher sa chatte et ses seins. Comme si ça ne faisait pas une heure qu’il la reluque sous toutes les coutures ! Il l’attrape par le bras, mais pas trop brutalement. Thierry a dit pas de violence. Il lui mettrait pourtant bien une paire de baffes, pas trop fort, juste qu’elle comprenne un peu qui est le chef. Mais il ne veut surtout pas prendre le risque d'être exclu du jeu par son patron.
- Allez la miss, on va te décrasser un peu.
Elle résiste légèrement mais se laisse tirer dans les escaliers. Il la fait grimper puis remonter le long couloir. Elle a le regard dans le vide comme si elle s’était réfugiée dans ses pensées. Il la pousse dans la cuisine puis fouille le tiroir pour trouver la clé du dehors.
- Tu te sens fort hein ? murmure la fille dans son dos. T’es Tarzan le mâle dominant…
Elle a ce petit air de mépris qu’il déteste. Elle lui parle comme à un plouc depuis qu’elle est arrivée. Toutes les mêmes ces parisiennes… Ça doit être sa dernière bouffée d’amour-propre de le prendre de haut comme ça.
- Ouais, répond Fred. Et toi t’es juste la femelle soumise, alors boucle-la.
Elle émet un petit ricanement nerveux.
Le garçon ouvre la porte de la cuisine qui donne sur l’arrière-cour. Il fait nuit noire et c’est encore bien humide. Elle va pas avoir chaud à poil, ça c’est sûr.
- Allez viens par-là, ordonne-t-il à la fille. Si t’as des bijoux qui craignent la flotte, dépose-les sur la table.
Elle le toise avec une moue butée.
- Tu veux pt’être qu’on réveille Thierry ?
Elle soupire et vient le rejoindre. Il lui fait descendre la marche et la pousse par le bras au milieu de la petite cour grillagée.
- Fais gaffe ou tu marches, ya des outils qui trainent.
Il la sent greloter dans sa main. Elle a la chair de poule et pas l’air très rassurée malgré son insolence de façade. Il lui désigne un angle de la maison, sous le toit en tôles de l’établi.
- Va dans le coin là-bas.
Il la regarde rejoindre l’angle en balançant son petit cul. Il songe au bruit qu’il faisait sous les claques dans sa voiture, et bande de plus belle. Fred tourne le robinet grinçant et va ramasser le tuyau d’arrosage enroulé par terre. Un filet d’eau glacée s’en échappe quand il le soulève. La parigote est recroquevillée dans l’angle, sa peau est d’un blanc pâle dans la lumière de la lune. Elle a compris ce qui l’attend. Il tire deux bons mètres de tuyau et se poste à quelques pas d’elle.
- Mets-toi face à moi, mains sur la tête.
Elle reste immobile les bras autour d’elle, ça se voit qu’elle est frigorifiée.
- Tu veux pas obéir ? Tant pis pour toi, bébé.
Il tourne l’embout et fait jaillir le jet à pleine puissance. L’expression de défi sur le visage de la fille est balayée d’un coup. Elle se tourne de profil par reflexe pour offrir au jet le moins de surface possible, cuisse relevée comme pour se protéger. Sa bouche est ouverte comme pour crier, mais pas un son n’en sort. Il l’asperge lentement de bas en haut puis se déplace un peu pour avoir son ventre et ses seins. Il découvre qu’il peut la faire tourner et danser comme il veut en changeant d’angle de tir, comme un marionnettiste sadique. Il lui coupe la respiration d’une bonne rasade en pleine poire, puis profite de sa surprise pour arroser les parties les plus intimes de son anatomie. Il coupe le jet. Elle est prostrée dans le coin, le souffle court, toute ruisselante.
- Le cul maintenant. Tourne-toi.
Cette fois elle obéit de suite, essayant à peine de se protéger quand il dirige le jet entre ses fesses. Il n’oublie aucun recoin et fait même un peu de zèle. Mais il finit par se lasser et ferme l’arrosage. Elle tient ses épaules, transie de froid, claquant des dents. Fred a un peu pitié.
- Ok bébé, c’est fini, rentre à l’intérieur.
Pour ça, elle ne se fait pas prier. Il la regarde regagner la cuisine à petits pas rapides puis la rejoint. Elle grelotte à mort au centre d’une flaque sur le carrelage.
- Reste là, je vais chercher une serviette.
Deux minutes après, Morgane se réchauffe au coin du feu de la cheminée du salon, drapée dans une serviette de bain. Elle a refusé qu’il lui fasse une tisane. Sa lèvre inférieure tremble encore un peu mais le crépitement du bois la calme. Elle observe en silence le garçon qui ferme un par un les hauts volets du salon.
- J’t’emmène te coucher, déclare-t-il finalement. Viens.
Ils montent ensemble au deuxième. Fred la fait entrer dans sa chambre où elle a déjà déballé ses affaires. Il tire la couverture et les draps et lui commande de rendre la serviette.
- Thierry veut que tu dormes toute nue, lui explique-t-il. T’auras pas froid, le lit est bien chaud tu verras.
- Je me lave les dents d’abord, rétorque agressivement Morgane.
- Ok, vas-y je t’attends. Ferme pas la porte.
La jeune fille roule des yeux mais n’essaie pas de négocier. Elle effectue ses petits rituels de coucher sous les yeux du garçon. Par contre elle se retient d’uriner, pas question de faire ça devant lui. Elle se glisse finalement sous les draps, tournant le dos à la porte de la chambre, et se laisse border par Fred. Il éteint la lumière en lui souhaitant bonne nuit. Elle s’abstient de répondre. Lorsque les pas se sont éloignés depuis longtemps et qu’elle n’entend plus un bruit dans la maison, elle se relève en cachette et va soulager sa vessie dans le bidet en prenant garde de ne pas trop faire grincer le plancher. De retour au lit, elle glisse vite dans un profond sommeil sans rêves.
(A suivre…)
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