Le journal de Nina Baudelaire : la loi de Murphy
Récit érotique écrit par Laetitia sapho [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 09-01-2022 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Le journal de Nina Baudelaire : la loi de Murphy
AVERTISSEMENT : je préfère vous prévenir que l’héroïne de cette histoire, n’a pas un caractère facile. Elle n’est pas toujours aimable et parfois pas très polie. Elle a l’insulte facile et l’utilise aussi vis-à-vis des lecteurs.
Ne le prenez pas forcément pour vous, n’y voyez rien de personnel, d’autant plus qu’elle ne vous connaît pas.
Au moins, vous êtes prévenus. À vos risques et périls. Aucune plainte ne sera prise en compte.
Février 2022, un peu avant la Saint-Valentin.
Vous connaissez la loi de Murphy ? C’est la loi dite « de l’emmerdement maximum », ou le principe de la tartine qui va tomber forcément du côté beurré. Elle met en avant le côté irrémédiable des ennuis. Elle souligne le fait que quand les problèmes arrivent, c’est en groupe généralement. Un en appelle d’autres.
Bon, je vous explique. Ça ne va pas fort pour moi en ce moment.
Je me présente d’abord. Je suis Nina Baudelaire. Je vous arrête tout de suite, oui, comme le poète. Mais on n’est pas de la même famille. C’est ce qu’on me demande systématiquement. Épargnez-moi ça !
Nina Baudelaire, donc.
Je suis… On va dire une trentenaire. Pas encore une ménagère de moins de cinquante ans, mais plus une perdrix de l’année non plus.
Ceci est mon journal. Le journal de Nina Baudelaire. Un peu comme le journal de cette connasse de Bridget Jones en quelque sorte. Le compte-rendu de mon état d’esprit. De mes états d’esprit même. Je vais essayer d’être complètement honnête avec vous.
Avant de commencer, je vous disais tout à l’heure que ça n’allait pas fort en ce moment. En fait, ça fait un bail que ça dure. Mais j’y viens…
Faut dire, je les accumule les tuiles ces derniers temps.
En gros, mon mec s’est barré. Enfin, non, c’est moi qui l’ai viré plutôt. Mon travail me saoule, je fais ma crise de la trentaine, je remets tout en cause… Genre, j’ai loupé ma vie, je ne suis pas faite pour ça, je mérite mieux, etc... Mes copines me gonflent, j’ai des problèmes d’argent et ajouter à ça cette crise du Covid qui dure et le fait que j’ai pris du poids ces derniers mois (un peu hein ! je ne suis pas une grosse vache non plus), il y a de quoi déprimer, convenez-en.
Ça en fait quand même.
Vu le bordel qu’il y a dans ma vie, j’ai la nette impression que mon ange gardien doit picoler. Tout au moins, il n’est pas très assidu à son taf.
En un mot comme en cent, je suis soltiguée. Soltiguée, c’est un nouveau mot que j’ai inventé. C’est comme fatiguée, mais un ton au-dessus. Mais ça reflète parfaitement mon état d’esprit actuel.
Le Covid, depuis deux ans, on nous gonfle avec ça, on nous enferme, on nous spolie, on nous voile la face, on nous masque plutôt.
Nous sommes en février 2022, à la 6e vague ! Non la 7e ...Non la 6e finalement. 4e dose par contre, ça, j’ai suivi. Le litre d’essence est à 2.8 €, la baguette à 1.3 €. Tout va bien, on ne lâche rien.
Le Covid, quel merdier quand même ! Un véritable défi pour les autorités sanitaires. Faire comprendre à des types qu’il faut changer de masque toutes les trois heures, alors que certains ne changent pas de slip de la semaine.
J’ai jeté mon mec. Ce gros con m’a trompée avec une de mes copines que je lui avais présentée six mois avant. Enfin, mon ex copine. Je l’ai virée aussi la copine, j’ai de nouvelles copines depuis. Par contre, je ne me suis pas trouvé de nouveau mec.
Me faire ça après deux ans de vie commune. Le salaud.
Salaud et con ! Il voulait qu’on continue comme si rien ne s’était passé. C’est moi qu’il aimait, parait-il ! L’autre ? Juste une passade. Il m’a dit :
- On ne va pas casser pour un tout petit accident de parcours.
- Tout petit ? Il a quand même un gros cul ton accident de parcours !
- Mais ma chérie… Je croyais qu’on resterait ensemble toute notre vie, toi et moi…- Ah, je vois, on en est aux menaces maintenant… Tu dégages, toi, ta console, tes fringues qui encombrent mon dressing.
Voilà, comment ça s’est terminé. En clair, j’étais au sein d’une relation libertine, mais je l’ignorais. Un couple, c’est deux personnes, mais certains ne savent pas compter !
Je regrette ? Oui, sûrement un peu. Un mec, ça a des bons côtés. Il y a des trucs pour lesquels c’est pratique, voir utile. Mais lui, je ne voulais plus le voir.
Surtout, j’étais persuadée d’en trouver un autre rapidement, belle comme je suis. Un mieux même.
Le genre de mec, beau, intelligent, cultivé, facile à vivre, fidèle. Le genre de mec à faire pâlir de jalousie toutes les copines. Le genre de mec pour briller en société. Après, derrière toute épaule réconfortante, il y a une bite qui attend, tapie dans l’ombre. Mais c’est aussi ça qui est bien.
Raté, je n’ai trouvé personne pour le moment. Pourtant, ce n’est pas faute de chercher, hein !
Après le célibat, ça a aussi de bons côtés. Le célibat, c’est sympa. Sauf les nuits, et les réveils, et les journées, et les repas, et les câlins. Enfin bref, c’est sympa le célibat.
Les couples ne durent plus de toute façon. On devrait faire des robes de divorce, ça relancerait l’économie. Moi, je n’étais pas mariée. Heureusement.
Aujourd’hui, tu dis direct au mec que tu viens de repérer et qui te plais :
- Bon, on fait comment pour la garde des gosses ?
- Mais vous êtes qui ?
- Pardon, j’ai grillé les étapes. Bonsoir, vous me payez un verre ?
Il a tenté de me recontacter la semaine dernière. Quand je vois ces trucs tout moches et vintages qui reviennent à la mode, j’étais tentée de le reprendre. Mais non ! Ce n’est pas une ressourcerie ici.
Parfois, il ne suffit pas de tourner la page. Il faut surtout changer de livre.
Le SMS de ouf qu’il m’a envoyé :
Lui : tu as encore des sentiments pour moi ? Parce que moi, je viens de me rendre compte que j’avais fait une connerie en te quittant.
Moi : oui, beaucoup, mais tu ne m’as pas quittée, c’est moi qui t’ai jeté.
Lui : moi aussi, j’ai encore beaucoup de sentiments pour toi. On peut se revoir peut-être.
Moi : plein de sentiments aussi, genre haine, rancœur, déception, tout ça quoi.
Moi : ah et l’envie de te foutre ma main dans ta gueule aussi.
Le sexe de nos jours est tellement libéré que c’est la fidélité et l’amour vrai qui sont devenus suspects.
Après, pour le sexe, la pire des positions, c’est quand tu es allongée sur le dos et qu’il n’y a personne au-dessus de toi.
On est en février, je n’ai pas mangé de galette à l’épiphanie, pas de crêpes à la chandeleur, tu vas voir que je ne vais pas me faire sauter à la Saint-Valentin à ce rythme-là.
Après, je me plains, mais il y a pire. Je pense à toutes ces filles en couple, qui auront leurs règles à la Saint-Valentin. C’est ballot, mais elles l’auront dans le cul.
De toute façon, à la fin, mon mec à part regarder le foot à la télé !!! Pourquoi je n'ai pas rencontré un joueur du PSG ? Parce que ce dont je suis sure, c’est que les joueurs du PSG, ils ne regardent jamais sur leurs canapés des gens travailler dans des bureaux, en buvant de la bière et en gueulant « quel con ! Mais comment il fait pour louper une photocopie aussi facile !!! »
Je n’ai plus de mec, mais des relations sociales, j’en ai quand même, malgré tout. Je dis malgré tout, parce qu’il y a le Covid, les confinements et toute cette merde. Ça n’aide pas !
De toute façon, une année qui s’écrivait 2 fois 20, ça sentait la quarantaine à plein nez. Le pire, c’est que ça a continué en 21 et en 22, et ça n’a pas l’air de s’arranger.
Des relations sociales, j’en ai, disais-je. Mais j’en ai marre que les hommes ne m’aiment que pour mon esprit, certes vif et brillant. J’ai aussi un cul.
Bon, j’exagère un peu, il y en a… Quelques-uns … Un ou deux qui ont exploré autre chose que mon intellect depuis ma rupture. Des plans-cul quoi. Plan-cul, c’est une moche expression. Je préfère dire « suspension du vol du temps au moyen de la poésie des sens ».
Pas des lumières par contre. Le premier, il me dit le lendemain matin :
- Je peux te demander un truc ?
- Vas-y.
- Tu promets de ne pas t’énerver ?
- Non, vas-y…- C’est quoi ton prénom déjà ?
Le deuxième… Non, le second, il me demande, « je passe te prendre chez toi ». Déjà, j’hésite pour savoir si je dois m’habiller ou pas. Ensuite, j’hésite à lui demander « par derrière aussi ? ».
N’empêche que là, j’en suis à enregistrer les cris des joueuses de tennis et de les passer à fond certains soirs pour faire croire à mes voisins que j’ai une vie sexuelle.
Ceux qui disent que l’amour, c’est le plus beau truc qui peut t’arriver dans la vie, hormis le fait que j’ai envie de leur défoncer les deux genoux, je leur réponds :
- Non, il y l’argent.
- Ah, mais non. l’Am …- Tu as déjà essayé de rembourser un prêt immobilier avec des gros bisous et un câlin ?
Et là, généralement, ils ferment leurs gueules.
Non, mais la recette du bonheur, je la connais, le truc, c’est que je n’ai pas les ingrédients.
Et puis question relations sociales, j’ai un chat aussi. Qu’est-ce qu’on offre à un chat pour la Saint-Valentin ? Des croquettes ?
Quand on est célibataire depuis trop longtemps, ce n’est pas un chat qu’il faut adopter, c’est une stratégie. Et une en béton.
Les chats, c’est mignon, surtout les chatons. C’est affectueux, enfin, ça dépend. Le mien est un peu caractériel. Il n’a pas apprécié que je l’appelle Médor. C’est un peu comme un traumatisme d’enfance pour lui. Du coup, il se venge depuis. Il parait qu’un chat a parcouru 1000 km pour rentrer chez lui. Médor lui, tu lui décales sa litière de dix centimètres, il chie sur le parquet.
Mon ex, je l’appelais minou. De toute façon, ça ne sert à rien de donner des surnoms rigolos à nos mecs, on finit toujours par les appeler « l’autre gros con ».
Célibataire ! Être célibataire, c’est un peu comme une assurance MMA, zéro tracas, zéro blabla. Mais qu’est-ce qu’on s’emmerde.
Tu sais que tu as une vie sociale proche du néant, quand les confinements successifs n’ont rien changé à tes habitudes. Après, tout n’est pas négatif dans les confinements. Depuis, que tout le monde dîne chez soi, plus personne ne prend ses plats en photo pour les publier. C’est toujours ça de gagné.
Je vais finir par croire que j’ai un diplôme « échecs en amour », option « relation à sens unique », mention TB.
En se barrant, il m’a quand même dit qu’il regrettait de m’avoir fait du mal et de m’avoir fait pleurer. Je ne pleure pas connard, je transpire des yeux.
Je disais en commençant que ceci était mon journal et me voilà déjà partie en vrille. Je vais me tenir à écrire ce putain de journal à la con.
Donc,
JOURNAL DE NINA BAUDELAIRE :
LUNDI 7 février 2022.
7 h 30 : on est lundi matin. C’est chiant ! Déjà, la semaine dernière, on était lundi matin.
LUNDILongUsantNéfasteDéprimantInutile
Après, faut arrêter de dénigrer le lundi. Ce n’est pas comme si les autres jours de la semaine, c’était le carnaval de Rio.
7 h 35 : il y a des jours où j’aimerais avoir Photoshop installé dans mon miroir de salle de bain.
Y a des filles, le matin, on dirait qu’elles font un défilé de mode. Moi, on dirait que je sors de réanimation.
Relativisons ! Finalement, les cernes ça fait mystérieux. Les gens se demandent « Mais qu’est-ce qu’elle a fait cette nuit ? La fête ? L’amour ? Elle s’est fait baiser pendant des heures ? Des crêpes ? ». Ils ne le sauront jamais.
En fait, je me suis endormie hier soir telle la Belle au Bois Dormant et voilà que je me réveille ce matin avec la gueule de Quasimodo. Connard de Disney.
7 h 50 : quelqu’un sait ce que mettent les 7 nains dans leur café le matin, pour aller au travail en sifflant et en chantant ? Parce que c’est sûrement de la bonne. J’en veux aussi. Connard de Disney.
8 h 30 : le devoir m’appelle. Je ne sais pas qui m’a dénoncée et lui a donné mon nom. Il faudra tirer ça au clair un jour.
9 h 30 : j’ai une réunion, vachement importante chez un client ce matin. En général, j’ai horreur des clients. Ce que j’aime par contre, c’est me foutre d’eux. Ceux-là sont particulièrement gratinés.
Je me retrouve face à un guignol, genre bobo/vélo/quinoa, entouré de deux connasses qui boivent ses paroles. Très représentatifs des trentenaires d’aujourd’hui, biberonnés à l’ultra-libéralisme et à la start-up attitude. La différence entre une start-up et une entreprise classique du CAC40 ? Dans une start-up, il y a un baby-foot dans l’open space. Sinon, le boss t’exploite pour des clopinettes de la même manière, mais en te tapant dans le dos. Après cinq ans en tant que stagiaire, on peut se faire virer de la même manière.
10 h 00 : cette réunion s’éternise ! J’ai horreur des gens qui ont un tic de langage. Le gugusse devant moi, le sien, c’est de commencer toutes ses phrases par « l’idée, c’est que ». L’idée, c’est que tu fasses vite connard, que je me barre de là rapidement et que je rentre au bureau.
10 h 30 : si tu mets ceux qui brassent du vent d’un côté et ceux qui te pompent l’air de l’autre, tu as la clim gratis.
Ah, je ne vous ai pas dit, je travaille dans une boite de comm, ça a l’air cool comme ça, on escroque des gens en leur vendant du vent, mais qu’est-ce que c’est chiant en fait.
11 h 00 : je suis rentrée au bureau. La cheffe me bassine. Et puis j’ai la motivation d’un basset au départ d’une course de lévriers là.
11 h 30 : je lis un article dans « Elle » qui dit que faire une fellation fait perdre 100 kcals. Prodiguer une petite gâterie à votre partenaire fait donc brûler l’équivalent d’un petit morceau de Brie. Il faut faire trois pipes pour compenser un éclair au chocolat (300 kcals) ou un croque-monsieur (304 kcals). À partir de 4 fellations, vous pourrez succomber sans scrupule à un pain au chocolat (410 kcals), ou à une chocolatine (410 kcals aussi). Mais attention, si vous avalez, le sperme est calorique. Environ 20 kcals par éjaculation. Ne soyez pas trop gourmande donc.
13 h 30 : je me dis qu’on passe parfois sa vie à se sous-estimer. Et puis un jour, tout change. On s’aperçoit qu’on a juste surestimé les autres en fait.
14 h 00 : j’ai un côté ironique, un côté insupportable et un côté adorable. Chacun a le côté qu’il mérite.
14 h 30 : l’amour n’est jamais aussi beau que quand il est impossible, me dis-je.
15 h 00 : moment de gêne dans l’open space : la cheffe vient de sortir du bureau du directeur. Elle essaye de se débarrasser d’un kleenex discrètement dans sa poubelle. Mais elle a encore une traînée de sperme dans sa frange. Ça a fait le tour du bureau en à peine cinq minutes. On se demande plus comment elle est devenue cheffe celle-là. Ces compétences ne sont pas seulement managériales. Je suis allée la voir pour lui demander des nouvelles de son mari et je lui ai demandé aussi si elle aimait le brie. Elle m’a regardé d’un drôle d’air. J’en ai rajouté un peu en racontant. dans l’open space, que je l’ai vue une fois en apportant un dossier urgent chez le dirlo, à quatre pattes sous le bureau. J’ai juste refermé la porte discrètement. C’est faux, bien sûr, mais qu’est-ce que je me suis marrée.
Tiens en parlant de moment de gêne, ça me rappelle la fois où… non, celle-là, je ne peux pas la raconter, même dans mon journal intime. Hein ? Si ? Bon, j’y vais…Un dimanche matin, mon ex rentre d’acheter le pain :- Chérie, t’es où ?
- Dans la cuisine pourquoi ?
- J’ai une surprise pour toi.
- Une surprise ? Waouh, tu vas me défoncer comme une chienne contre le plan de travail ? Ça va être ma fête ? Tu vas me prendre par derrière ?
- Euh, non, tes parents sont là, je les ai croisés en bas, ils nous rendaient une petite visite… à l’improviste.
Oups …
16 h: 00 : 90 € les nouveaux écouteurs d’Apple ? C’est quoi le délire ? Quand tu écoutes de la musique, le chanteur vient danser un slow avec toi pour ce prix, j’espère.
17 h 00 : petite pensée du moment : on dit que les hommes ne peuvent pas faire deux trucs à la fois. Faux, les seins sont la preuve qu’ils peuvent se concentrer sur deux choses différentes en même temps.
17 h 30 : alors que je règle la consultation de ma diététicienne, elle a vu ma carte de fidélité McDo dans mon porte-cartes.
18 h 30 : avant de rentrer, je m’arrête acheter du pain. Depuis la file d’attente, je vois un type passer son masque à un copain pour qu’il puisse entrer dans la boulangerie. On n’en a pas fini avec cette pandémie.
18 h 45 : on sonne chez moi. L’homme de ma vie a trouvé enfin le chemin, me suis-je dit. Que nenni, c’était des témoins de Jéhovah. Je cherchais désespérément le moyen de m’en débarrasser, quand j’ai eu l’illumination. Ils ont eu l’air choqués, quand je leur ai demandé s’ils venaient pour la partouze.
20 h 00 : je n’ai pas le moral ce soir. Du coup, j’ai fait une recherche sur Doctissimo. Après avoir rentré mes symptômes…Ils me disent que je dois aller consulter un vétérinaire. Je me suis désinscrite de ce site de cons.
20 h 15 : nouveau pic pour le Covid qu’ils disent aux infos. Je reste persuadée qu’on a des pics parce qu’on multiplie les tests PCR. Si on fait des tests de QI, on aura un pic d’abrutis.
20 h 30 : je suis un régime. De loin, mais je le suis. C’est même quasiment une filature. Pour l’instant, il ne m’a pas repérée encore.
Si je suis un régime, c’est parce que l’autre jour, j’ai calculé mon IMC, indice de masse corporelle, le rapport taille/poids en quelque sorte. Sur les conseils de ces cons de Doctissimo d’ailleurs. Apparemment, je ne suis pas assez grande !
Ce soir, toutefois, j’ai fait des efforts. Je me suis fait un hachis Parmentier :- Oh, cool, me dis-je- Euh, végétarien, me répondis-je. Et sans patates, en fait, c’est de la salade verte.
Je me suis traitée de salope.
21 h 00 : petite pensée du soir. Enfin, question existentielle plutôt… Comme il n’y a rien à la télé, j’ai accroché ma lessive, puis j’ai vidé le lave-vaisselle, où traînait la vaisselle propre depuis trois jours, alors que la vaisselle sale s’entassait dans l’évier. Le saviez-vous ? Les chaussettes qui disparaissent dans la machine à laver se réincarnent en couvercle de Tupperware qui ne correspondent à aucun récipient. Si, je vous jure.
21 h 01 : vu le tas de linge que je lave toutes les semaines, je pense qu’il y a des gens qui habitent ma maison et que je n’ai jamais rencontré.
21 h 30 : Plan à trois pour la Saint Valentin ? Le pot de Nutella, la petite cuillère et moi…
22 h 00 : je me suis connectée au site de nouvelles érotiques que je fréquente, HDC, Histoires de Cul. La dernière parue est de CDC4255, abréviation de CoupleNymphoCoquin4255. C’est l’histoire d’un mari candauliste qui veut organiser une soirée gangbang pour sa femme nymphomane. Il contacte Pierre, Paul, Jacques et Jean. Le soir venu, pas de bol, Pierre décommande, sa femme ne veut pas qu’il vienne. Paul décommande, il est cas contact, à l’isolement pour plusieurs jours. Jacques décommande, il a eu un petit accident, il a coincé sa grosse bite dans la toute petite fermeture éclair de son jeans en allant pisser. Quant à Jean, il n’est pas venu, sans pour autant ni décommander ni s’excuser. Du coup, le couple va se coucher. Chienne de vie ! Bof, pas terrible. Lue et relue 30 000 fois surtout.
Après, j’ai lu les déboires de Marie et Nicolas, d’un certain GG60. Là, j’ai bien aimé. C’était frais, alerte, digne d’une pièce de boulevard un peu hot. Sinon, un auteur que j’aime bien, c’est Abdulinho69. Ses histoires sont dans le même genre que celles de CDC4255, mais avec une bonne dose de second degré. Il me faisait rire. Je parle au passé, parce qu’il n’écrit plus.
MARDI 8 février 2022.
2 h 30 : si on n’est pas censée grignoter au milieu de la nuit, alors ça sert à quoi la lumière dans le frigo ?
3 h 30 : j’ai chaud, alors je mets la couette sur le côté. Mais je n’aime pas dormir sans la couette, alors je sors une jambe… La vie est compliquée.
7 h 30 : au petit-déjeuner, dialogue avec moi-même :- Le matin, il ne faut pas me parler tant que je n’ai pas bu mon café dans mon jacuzzi !
- T’as pas de jacuzzi, me répond ma voix intérieure.
- Voilà, c’est tout à fait ça. Mais ferme quand même ta gueule connasse.
7 h 40 : Moi Présidente, en hiver, on pourra venir avec sa couette le matin au travail.
7 h 41 : je ne pense pas qu’on doive élire un nouveau président cette année. Faisons un break plutôt et voyons comment on se débrouille sans.
7 h 45 : toujours des cernes ! Conseil beauté : règle numéro 1, quand tu veux cacher tes cernes, mets une mini-jupe au raz du cul.
7 h 46 : Conseil beauté (encore) : si vous avez la même tête que sur votre carte d’identité, retournez-vous coucher.
7 h 48 : mon cerveau est dans le triangle des Bermudes, les informations entrent, mais disparaissent aussitôt et on ne les retrouve plus jamais.
7 h 50 : pensée du matin : si l’amour de ma vie pouvait venir avant ma mort, ça ne serait pas plus mal finalement. Et puis l’utilisation intensive du vibromasseur, comme hier soir, ça lasse (et ça irrite).
7 h 58 : en ce moment, j’ai des hauts et des bas. Quoiqu’insuffisant, c’est un bon début pour m’habiller. Oui, je sais, elle est tirée par les cheveux celle-là, mais elle me fait marrer. Et puis c’est 8 h du mat’ aussi.
8 h 15 : je me suis décidée sur la tenue. Ne jamais perdre de vue que la tenue que l’on met le matin, si on meurt dans la journée, sera notre tenue de fantôme pour l’éternité.
9 h 45 : en retard au boulot. Ma cheffe ne m’a pas vue. Programme du jour, ne rien foutre et si je n’ai pas terminé ce soir, je continue demain.
9 h 50 : aujourd’hui, ce n’est pas la forme, je suis aussi efficace au boulot qu’un doigt d’honneur dans une moufle. Pas du tout envie de venir là. En fait, ce matin, j’ai tapé en partant « fait chier putain » sur mon GPS et il m’a directement amenée au bureau.
Le boulot ? Pfffff … j’ai fouillé partout. Au fond de mon lit, dans la baignoire, dans le frigo, j’ai fait toutes les poches de ma panière à linge sale, j’ai même fouillé mon téléphone, mais je n’ai pas retrouvé ma motivation.
Ça me rappelle le stage que j’ai fait étant plus jeune à l’hôpital au service communication et relations extérieures. A priori, ils n’aiment pas trop qu’on débranche des trucs pour charger son téléphone sans demander l’autorisation avant.
Et puis ma copine Charline, l’autre jour qui me dit « Travailler, c’est faire un boulot qu’on n'aime pas. Dès l’instant où tu aimes ton boulot, c’est plus du travail. »
Je lui ai répondu :- Arrête de te la péter avec tes études d’avocate. Tout le monde peut faire du guacamole.
Ça me rappelle quand un con d’avocat m’a appelé après ma séparation :- Je suis Maitre Carré, qu’il me dit. Je représente les intérêts de votre ex concubin.
- Mon ex n’a aucun intérêt, que je réponds.
9 h 55 : le monde des collègues se divise en trois catégories : ceux qui ramènent les croissants (extrêmement rare), ceux qui ramènent la gastro l’hiver (courant), ceux qui la ramènent trop (la majorité).
10 h 00 : Audrey, ma collègue de travail qui squatte le bureau juste en face du mien, m’horripile. Avec elle, j’utilise le sarcasme, parce qu’apparemment, éclater mon clavier dans sa gueule de connasse n’est pas permis par la direction.
Elle me parle de l’homme de ses rêves cette conne. Tu veux l’homme de tes rêves ? Ben va dormir !
Je lui dis quand même :- Tu sais ce que j’aime chez toi ?
- Non- Moi non plus.
Des fois, je me dis que je devrais être plus gentille, plus sociable, plus patiente… Et puis je me rappelle que je n’aime pas les gens.
11 h 00 : on a un rappel de la cheffe sur les gestes barrière au sein de l’entreprise. Sans me vanter, je me lavais les mains, bien avant que ça ne soit tendance. Et puis vient la ramener avec ses gestes barrière, alors qu’elle suçait le directeur sous son bureau pas plus tard qu’hier.
11 h 30 : fin de la réunion d’information vachement utile. Des questions ? Qu’elle demande… Oui, moi, je dis… Au moyen-âge, on faisait des orgies pour célébrer la fin des épidémies de peste. Quelqu’un sait s’il y a quelque chose de prévu en 2022 ?
11 h 45 : aujourd’hui, avec la crise du Covid, j’ai le sentiment étrange que je suis redevenue pucelle.
11 h 55 : après la lecture du dernier Vanity Fair, je me rends compte que le chat de Karl Lagerfeld est plus riche que moi et toutes mes connaissances réunies. Du coup, je déprime. N’y aurait-il pas un problème dans notre 21e siècle ? On vit dans un monde où tu fais cinq ans d’études supérieures pour gagner moins qu’une gamine de 14 ans, appelée influenceuse, qui se maquille sur YouTube. Dire qu’on tue des baleines pour maquiller des thons. La cause animale ? Je suis militante. Avant on testait les cosmétiques sur des animaux. Heureusement, maintenant, on a les youtubeuses.
Ma résolution 2022 ? Être riche. J’en ai marre qu’on m’aime pour ma culture, mon humour et pour mon cul.
13 h 00 : il y a de la langue-de-bœuf au self. Je n’en mange jamais, alors j’en prends. Cette conne d’Audrey, me fait en lorgnant sur mon plateau :- Beurk, je n’en mange pas, c’est dégueulasse, ça sort de la bouche d’un animal.
- Tu as bien pris un œuf mayo, connasse.
14 h 00 : j’ai ma mère au téléphone. Elle me saoule. Elle veut tout savoir. Tu as acheté ça ? Mais pour quoi faire ? Et il est comment ? Et il est de quelle couleur ? Et tu l’as payé combien ? Quand ma mère me demande le prix que j’ai payé un truc, j’enlève systématiquement 50 % du prix de base pour éviter ses remarques désobligeantes.
14 h 30 : Audrey bavasse avec Soraya de la compta. Deux pétasses ensemble ! Si je n’interviens pas dans certaines conversations entre collègues, c’est parce que je ne trouve pas l’équivalent allégé de « écoute grosse connasse … ».
15 h 15 : une fois, mon ex me dit :- Tu te souviens comment on était heureux il y a trois ans ?
- On ne se connaît que depuis deux ans.
- Voilà.
Quel con. Quand je l’ai jeté, je lui ai quand même dit que je lui souhaitais d’obtenir tout ce qu’il désire dans la vie. Mais par voie rectale.
15 h 20 : une autre anecdote d’un ex d’avant mon ex qui me revient à l’esprit. Alors que j’étais sans nouvelles de lui depuis plusieurs jours, je le croise dans la rue au bras d’une fille. Il me regarde interloqué. Et la mémoire lui revient. Il avait oublié de me quitter.
16 h 00 : je m’aperçois que ça fait trois semaines que je n’ai pas vu ma copine Bérengère. Je réalise que son chien Spéculoos me manque plus qu’elle.
17 h 30 : j’ai rendez-vous chez le médecin. Je lui explique que j’ai une légère lourdeur à l’estomac. Il me répond, l’air très sérieux, « c’est un oxymore ». Je le regarde et lui dit, « C’est grave Docteur ? ».
18 h 15 : je rentre chez moi. Vous avez remarqué ? L’envie de faire pipi se multiplie toujours par 1000, lorsqu’on cherche nos clés dans notre sac à main.
18 h 30 : j’ai fait mes comptes. C’est la promesse que j’ai faite à mon banquier, la dernière fois qu’il m’a convoquée. Certains prennent rendez-vous à la banque, moi, j’attends qu’ils me convoquent. Une fois, j’ai joué à cache-cache avec mon banquier. Et à chaque fois qu’il me trouvait, il criait « découvert ».
Je ne comprends pas. On doit être sûrement plusieurs à utiliser mon compte bancaire. Ce n’est pas possible autrement.
Bon, je me suis un peu lâchée le mois dernier pour les soldes d’hiver. Faire les soldes, c’est comme se faire draguer quand tu es bourrée. Tu finis toujours avec des trucs que tu n’aurais jamais ramenés à la maison, dans des conditions normales.
Après vérification de mon compte bancaire, finalement, j’ai assez d’argent pour vivre confortablement pour le reste de ma vie. Enfin, si je meurs la semaine prochaine.
18 h 45 : je décide d’aller sonner chez les voisins du dessus pour leur dire qu’ils calment leur gamin qui gueule tout le temps et tape du pied. Ils me répondent qu’ils vont essayer, mais que ce n’est pas gagné parce qu’il est hyperactif. Je leur dis que non, il n’est pas hyperactif, il est juste insolent, con et mal élevé.
19 h 00 : repassage suite au vidage du lave-linge de la veille. Si ça se trouve, les planches à repasser sont d’anciennes planches de surf qui ont abandonné leurs rêves et ont trouvé un vrai boulot.
Parfois, tout ce qu’une femme désire, c’est qu’un mec la jette sauvagement sur le lit et qu’il nettoie l’appart, qu’il fasse le repassage, pendant qu’elle se repose.
Mon ex, j’ai essayé de lui apprendre à repasser. Un échec ! J’ai usé de pédagogie pourtant :- C’est simple, tu attends que ça soit chaud et humide, puis tu appuies là, et là aussi. Tu vas et tu viens. Tu vas et tu viennnns. Oui, encore… Ah oui !!! Comme ça !!! Tu vois chéri, c’est simple le repassage.
Mon ex ! C’est dingue comme certaines personnes peuvent embellir votre journée, en n'étant juste pas là !
20 h 00 : je m’escrime à ouvrir, une putain de boîte de conserve. Des haricots verts extra-fins. Le gros connard qui a inventé l’ouverture facile, c’est à coup sûr le même qui a collé tout le début des rouleaux de PQ.
20 h 05 : j’ai acheté la crème « Goodbye cellulite ». Depuis une semaine, je me tartine les fesses avec. Force est de constater que la cellulite ne comprend pas l’anglais.
21 h 00 : rien à la télé ! Les gens pensent que je suis folle parce que je parle à mon chat. D’accord ! Et qu’est-ce que je suis censée faire hein ? Je l’ignore quand il me pose une question ?
21 h 30 : l’autre soir, je me suis dit, Lisa, tu ne boiras pas. Heureusement, je ne me prénomme pas Lisa. Noyer son chagrin dans l’alcool pour oublier son ex, c’est bien. Noyer son ex dans l’alcool pour oublier son chagrin, c’est mieux je pense.
22 h 00 : je comate devant la chaîne National Geographic. Parfois, je rêve de poser ma tête sur une épaule rassurante et virile. Et puis, je pense à mon oreiller qui ne me demande jamais ce qu’on bouffe le soir, qui ne ronfle pas, qui ne sent pas des pieds et qui ne me fait jamais chier ? Alors, je vais l’étreindre avec tendresse. Dormir, c’est trop bien. Personne ne te parle, personne ne t'emmerde, t’as chaud. C’est même surprenant que ça soit gratuit.
22 h 45 : je rêve d’une folle nuit d’amour. Enfin d’une folle nuit. Enfin d’une nuit quoi… Laissez tomber, je vais me coucher.
23 h 55 : je m’éveille en sursaut ! J’ai fait un mauvais rêve. On me disait dans ce rêve que les opposés s’attirent. C’est vraiment chiant, parce que je suis belle, drôle et intelligente.
MERCREDI 9 février 2022.
7 h 17 : j’ai le regret de vous annoncer le décès de mon radio réveil à l’âge de 7 h 15, foudroyé dans un terrible accident, contre un mur.
Il n’a pas eu une vie facile. Souvent, je me réveillais dans la nuit et je le secouais en lui criant « alors connard, ça fait quel effet ? Hein connard ».
7 h 30 : sur une échelle de 1 à 10, à quel point je suis fatiguée aujourd’hui ? Une échelle ? Il n’y a pas un escalator ou un ascenseur ?
7 h 31 : sur l’échelle de la bonne humeur de 1 à 10, je suis entre Depardieu devant un Perrier et Poutine devant un char de la Gay Pride.
7 h 33 : aujourd’hui, 55e jour sans sexe, j’ai couru autour de mon canapé avec une paire de tongs aux pieds pour me rappeler le bruit d’une levrette.
7 h 35 : dans ma salle de bain, les cernes toujours ! La beauté intérieure, ça compte, mais il va un jour falloir que je règle ce problème de cernes définitivement. Et puis c’est inutile d’être belle à l’intérieur, si personne n’y entre !
9 h 30 : je suis en retard. Putain d’embouteillages. Certains livres méritent d’être relus afin d'être redécouverts. À ce titre, j’ai des pistes de relecture à vous proposer : Camus ? Zola ? Châteaubriant ? Tolstoï ? Non ! Je conseillerais aux automobilistes parisiens l’émouvant « code de la route ». Je crois, par exemple, que le clignotant, c’est le clito des voitures. Tout le monde en a entendu parler, mais seule une poignée d’élus sait où le trouver et comment s’en servir.
9 h 33 : les voitures parlent maintenant. Bon, elles ne disent que des conneries en général. Parfois, c’est utile tout de même. En fait, tu ne te rends vraiment compte du poids de ton sac à main, que quand ta bagnole te dit que ton passager n’a pas mis sa ceinture.
9 h 35 : une petite lampe d’Aladin rouge s’est allumée sur mon tableau de bord. Je ne sais pas trop ce que c’est, mais j’ai fait un vœu, je sens que finalement, c’est mon jour de chance aujourd’hui.
En parlant de livres, parfois, je m’ennuie le week-end, je vais à la FNAC, je m’installe à une table et je dédicace des livres qui ne sont pas de moi. Les gens sont contents.
9 h 45 : toujours dans les embouteillages. Ce soir, je suis invitée à une fête. Je sens que je vais conclure. Enfin, c’est le vœu que j’ai formulé à Aladin et sa loupiotte magique.
9 h 50 : la cheffe me prend la tête parce que je suis en retard :- T’es en retard Nina !
- Bah, nan, c’est ma couette qui a encore essayé de me séquestrer.
J’aime la relation que j’ai avec mon lit. Aucun engagement, on ne fait que dormir ensemble, et surtout… Il ferme sa gueule !
11 h 00 : Audrey trouve que mon pull est moche. Mouais, mais contrairement à ta tête, moi mon pull, je peux l’enlever (connasse).
13 h 00 : l’autre conne d’Audrey me gonfle en mangeant sa salade composée avec ses conversations de célibataire. Comme si j’avais besoin qu’on me le rappelle sans arrêt. Quelle connasse vraiment !
- Je veux un mec droit, qu’elle me dit. Ouvert, qui a les pieds sur terre, qui se plie à mes désirs.
- Tape-toi un parasol, que je lui réponds.
Moi, je mange mon taboulé. On peut rire de tout, mais pas en mangeant de la semoule. Depuis, elle me fait la gueule.
15 h 00 : mon collègue Philémon, dit Tête de bite, vient me parler. Quelle plaie ! On sait qu’un homme va dire un truc intelligent, quand il commence sa phrase par « ma femme m’a dit que… ».
15 h 30 : Audrey ne me fait plus la gueule, elle me parle à nouveau. Enfin, elle parle dans le vide. Je n’écoute pas ses jacasseries. Je lui réponds « si tu le dis », expression signifiant « je sais que tu as tort, mais j’ai la flemme d’argumenter ».
16 h 00 : si jamais quelqu’un a envie de faire un cunnilingus, je fournis la chatte.
17 h 00 : j’ai gardé mon neveu (5 ans) la semaine dernière. Je le laisse dix minutes avec l’IPad et je me retrouve inscrite à 230 newsletters, j’ai 400 euros d’applis téléchargées et je suis en réunion zoom avec Oui Oui et ses amis.
18 h 30 : malgré l’état de mes comptes, je suis allée faire un peu de shopping. Mon ex disait toujours qu’avec moi, il avait trouvé le point G, la dernière lettre de shopping. Sans déconner, je dois trouver le truc hyper sexy qui va me mettre en valeur ce soir pour la soirée. J’ai bien trouvé un truc… Sexy et qui ne fait pas trop pute… Enfin bon, on verra… J’ai aussi essayé un string en dentelle. Il me boudine. Je regarde l’étiquette « made in China ». Les chinoises sont vraiment mal foutue. Je le repose.
La conne de caissière me demande si j’ai la carte du magasin. Je lui réponds « Pourquoi ? C’est si grand que ça ? ». Elle me regarde la bouche ouverte sans comprendre.
20 h 00 : je pars pour la teuf. Je croise mon voisin de palier dans l’escalier. Il est bizarre. Il panique à l’idée d’un nouveau confinement. La semaine dernière, je l’ai vu en parler à son chien sur le palier. Ridicule ! J’ai raconté ça à mon chat en rentrant. On était morts de rire.
20 h 30 : j’arrive chez la copine où il y a la teuf. Après ces mois de Covid, je suis excitée comme un acarien au salon de la moquette.
21 h 00 : conseil beauté : en soirée, assieds-toi toujours à côté d’une moche.
21 h 30 : il y a un mec qui me drague ! Et c’est qui la bonasse ? Hein, c’est qui ? C’est Nina !
22 h 00 : le mec a de la conversation, mais… il y en a un autre qui me drague aussi. Le genre musclé, belle gueule, grande gueule… Un peu con… Mais musclé et belle gueule. Je ne sais que choisir. Si tu hésites entre deux mecs, prends le second. C’est sûrement parce que le premier a moins d’arguments, sinon tu n’aurais pas hésité. Je penche donc pour Mr Muscle/3.5 neurones.
22 h 30 : je trouve que l’état d’ébriété est un beau pays.
22 h 45 : il me demande avec combien de mecs, j’ai couché avant lui. C’est pour dire s’il a de l’esprit et de la conversation !
- Je ne sais pas quinze peut-être. Pourquoi ?
- Avec moi, ça fera seize alors. Ce n’est pas beaucoup, je pensais plus.
Oh, eh, ce n’est pas une compet, il n’y a aucun record à battre. Et puis, on n’a pas encore couché encore qu’il se compte déjà dans le lot. Je lui réponds :- Oui, c’était une petite journée aujourd’hui.
Il ne percute pas. Il continue :- Au lit, tu préfères être dessus ou dessous ?
- Pourquoi ? Tu as des lits superposés ?
Puis je rajoute :- On devrait faire l’amour, mais pas ensemble.
Putain, il a une sacrée conversation ce type. À part le cul, hein, il y a quoi ? Après le cul, c’est aussi ma motivation première en ce moment. Mais on peut quand même y mettre les formes, parler de choses et d’autres avant. L’amour est dans les prés… liminaires. J’ai tiré le gros lot là. Un champion ! Il est où l’autre qui me draguais avant ? Il est barré… Bon, comme je n’ai pas l’air d’intéresser quelqu’un d’autre, on va se résigner.
22 h 55 : à partir de ce stade et de cette heure, je ne sais plus si j’ai besoin d’un câlin, de trois shots de vodka de plus, de trois mois à l’étranger, ou de 18 heures de sommeil.
23 h 00 : j’ai un peu abusé de la vodka, je crois. Je viens de me rendre compte de ça, parce que je suis en train de pratiquer une fellation dans les WC à l’autre guignol.
23 h 03 : putain, il m’en a mis partout …
23 h 30 : j’ai bu. Trop … J’ai honte. Un peu. L’alcool n’a jamais aidé à résoudre les problèmes C’est sûr… Cela dit, l’eau et le lait non plus. J’ai bu neuf shots de vodka, j’ai mangé un petit four, j’ai été malade avec le petit four. Il devait être périmé surement !
23 h 35 : tout le monde me regarde un léger sourire en coin. Surement pour le fait que j’ai picolé et que j’ai vomi mes tripes, Ok, ce n’est pas glorieux. Personne ne sait que j’ai sucé l’autre à genoux dans les WC, quand même. Nina, tu as la dignité d’une actrice porno ce soir. A moins que l’autre con ne se soit vanté devant tout le monde. Il en est capable. Il est où au fait ? Ah ça pour tenir les cheveux sur le côté pendant une pipe, il y a du monde. Mais quand il s’agit de le faire pendant qu’on vomit, il n’y a plus personne.
JEUDI 10 février 2022 :
2 h 00 : j’ai dessaoulé, je rentre chez moi. Sucer un mec dans les WC, ouh là, j’ai fait fort là. L’alcool a bon dos hein ! Sucer un connard en plus ! Alors qu’il y a des hommes bien aux quatre coins du monde. Malheureusement, la terre est ronde. L’autre qui m’a draguée avant, comment il s’appelait déjà… Cyril… Il avait l’air mieux. Il avait de la conversation au moins. Moins beau gosse, moins musclé, mais sûrement mieux. Mauvais choix ma grande. Le sexe, c’est comme une partie de tarots, si tu as de mauvais partenaires, tu as intérêt à avoir une bonne-main. Enfin, le sexe… Je l’ai juste sucé. Il n’a même pas eu la délicatesse de me prendre debout contre le mur des WC.
Ce n’est pas cette soirée qui va remonter mon moral ! Je suis perdue entre « quelque part » et « je ne sais pas ». J’en ai marre, je suis au bout du rouleau de ma vie de merde. Celui qui dit que souffrir fait grandir est un vrai connard. Je suis sûre que c’est le même qui dit que marcher dans une merde de chien porte bonheur.
Je mets une très mauvaise note à cette journée.
7 h 30 : cinq heures de sommeil. Pfffff quelle soirée de merde ! J’ai tellement la tête dans le cul, que là tout de suite, je n’aimerais pas être une licorne.
7 h 32 : courbiture ! Douleurs de lendemain de soirée. J’ai une gueule de bois à faire bander un ébéniste.
7 h 40 : les filles de la nouvelle génération ne savent plus cuisiner comme leur mère. Par contre, elles savent picoler comme leur père.
Question tronche, ça ne s’arrange pas ! Vu la soirée d’hier, il n’y avait pas de risque que ça s’arrange d’ailleurs. Zéro surprise.
Même le maquillage n’y pourra pas grand-chose aujourd’hui, je le crains. Oh ! Et puis merde, j’y vais comme je suis. À force de vouloir entrer dans le moule, notre vie va devenir tarte. On les emmerde, moi et mes cernes.
Hier soir, la honte quand même. Première soirée depuis des lustres et je me distingue en beauté. Je me bourre la gueule, je suce un mec dans les chiottes. Le tout avant de vomir. Relation de cause à effet ?
Quel con ce mec. Des fois, tu rencontres des gens et tu te dis au premier regard, que tu veux vivre le restant de ta vie sans eux. Et pourtant, je lui ai fait une pipe à celui-là. Va comprendre ! La vie est bizarre, parfois.
Il y avait l’autre ! J’aurais peut-être dû ... Enfin, ce qui est fait est fait.
9 h 00 : j’attends un colis. Le livreur m’appelle et me dit qu’il passera demain entre 8 h 30 et 18 h 30.
Je lui réponds que je bosse et qu’il passe plutôt avant 8 h 30 ou après 18 h 30. À quoi ça sert de se faire livrer chez soi, s’ils passent pendant qu’on n’est pas là ! Puis je lui ai dit pour l’achever que j’habite entre Dunkerque et Perpignan. Je le termine en lui disant que c’est au 27e étage, et que l’ascenseur est en panne. Le paquet, ça doit être le nouveau vibromasseur que je me suis commandé sur Mamalazone, à livrer sous colis discret. J’en ai déjà un de vibro, mais j’en ai commandé un autre un soir de déprime. Je voulais sûrement me persuader que j’avais une vie sexuelle riche avec plein de partenaires différents.
Avec les colis, le délire c’est que tu commandes un truc en Chine. Ça passe par 73 sociétés et sous-traitants à travers le monde. Ça voyage à vélo, en charrette, en train, en avion, à travers 27 pays, 2 continents, le tout sans encombre. Et ça finit par merder à ta porte, parce qu’un livreur ne sonne pas chez toi et balance ton paquet au fond de son camion.
9 h 30 : j’arrive au taf. Audrey me fait :- T’as l’air malade, t’as l’air fatiguée, t’as l’air bizarre !
- Et sinon, je peux être moche tranquille, ou ça se passe comment ?
- …- Et toi, t’as vu ta tronche ? Quand tu te maquilles, on sent la grosse nostalgie des albums de coloriage !
10 h 30 : Audrey me gonfle ! Elle n’arrête pas. Un moulin ! Et les moulins, c’était mieux à vent… J’essaye d’être diplomate. Je ne lui dis pas « mais ferme donc ta gueule grosse conne », je lui dis plutôt « tu gagnerais en séduction si tu cultivais ton côté mystérieux et silencieux ». Elle me dit qu’un mec l’a draguée dans le métro hier soir, mais qu’elle ne parle pas aux inconnus. Si tu ne devais baiser qu’avec les mecs que tu connais… Et puis, je ne comprends pas cette peur des inconnus, c’est idiot ! Moi les gens qui m’ont fait très très mal, je les connaissais très très bien.
10 h 45 : la cheffe râle. Elle râle souvent le matin. Je n’ai jamais compris ceux qui râlaient le matin. Les gens ! Faut râler toute la journée. Faites pas vos feignasses.
11 h 00 : j’ai commencé ma journée en pensant qu’on était vendredi, j’allais bien. Jusqu’au moment où je me suis aperçue qu’on était jeudi seulement.
11 h 30 : quand vous déclarerez vos impôts, pensez bien à déclarer les membres du gouvernement et votre député dans la case « personnes à charge ».
14 h 00 : j’ai toujours dit ce que je pensais. Là, par exemple, je ne pense à rien, et je le dis. Quand on fait un journal, il n’y a pas que les moments intenses à narrer et il y a des moments où il ne se passe pas grand-chose. Il faut aussi être honnête, sans vouloir faire du remplissage.
14 h 15 : la conne d’Audrey se lamente parce qu’elle est célibataire. Je lui dis que moi aussi et que je ne passe pas mon temps à geindre toute la journée. Pourtant, je pourrais ! Je suis mignonne, intelligente, rigolote. En fait, je crois que je suis surqualifiée.
Et puis, mieux vaut un petit canard dans sa baignoire, qu’un gros conard dans son plumard.
14 h 30 : le truc chiant dans un open-space, c’est que même si toi tu ne sais pas ce que tu es en train de faire, les autres le savent. Aujourd’hui, j’ai trop de trucs à faire. Du coup, je ne fais rien.
15 h 00 : ma copine Elodie m’appelle. Sur mon portable, je l’ai mémorisée avec le pseudo de « l’autre garce ». Je vais m’enfermer dans les chiottes. Ma cheffe va encore me gonfler, si je passe trop de temps sur mon téléphone perso devant elle. Elodie me demande ce que je fais pour les vacances cet été. J’hésite entre lui répondre qu’un homme m’emmène aux Seychelles-sur-Mer et qu’on va passer nos journées et nos nuits à faire l’amour, et lui répondre, que je n’ai rien de prévu.
Elle me dit qu’elle part à Saint-Malo avec son nouveau mec. Connasse ! Je lui réponds que la Bretagne, c’est surfait, mais que l’avantage, c’est qu’on peut déjà sortir l’appareil à raclette au mois d’août. Elle me demande des nouvelles de mon mec, alors qu’elle sait très bien qu’on a rompu. Elle fait semblant d’avoir oublié en s’excusant. Un de perdu, dix de retrouvés, que je lui réponds. Je raccroche. Connasse ! Mais occupe-toi de ton cul, vu la superficie, tu as de quoi t’occuper jusqu’à tes vacances à Saint-Malo !
Un de perdu, dix de retrouvés ? Quelle connerie, ça ne marche que pour les kilos ça.
15 h 05 : ma copine Cyrielle m’appelle, « petite pétasse » dans mes contacts. Elle me dit qu’Elodie vient de lui dire, que je suis une grosse conne, que je suis une mal baisée, que si mon mec s’est barré, c’est parce que je l’emmerdais, que ma vie est un gros bordel.
15 h 15 : je fais un SMS à Elodie « grosse connasse, si ma vie t’intrigue autant, viens prendre un café à la maison, je vais te raconter la vérité et tu auras l’air moins conne à raconter n’importe quoi ». Salope, les faux-culs, c’est comme les répondeurs, ça parle toujours quand tu n’es pas là.
15 h 20 : Elodie me répond qu’elle ne comprend pas.
15 h 20 : je réponds dans la foulée : « T’es payée pour critiquer et faire chier le monde ? Ou tu fais du bénévolat ? ».
15 h 35 : Elodie ne me répond pas. Je pense qu’on est fâchées.
16 h 00 : l’autre jour en lisant un livre sur la psycho, je me suis aperçue que je pouvais illustrer chaque trouble mental par un exemple issu, soit de ma famille, soit de mes amis.
17 h 00 : avant Facebook et les réseaux sociaux, on avait une vague idée du nombre de cons sur terre. Aujourd’hui, on a même leurs noms et leurs prénoms. Voilà ce que je me dis en pourrissant le mur de Cyrielle en me faisant passer pour Elodie.
18 h 00 : cinq cents chariots au supermarché et je me farcis toujours celui qui me fait danser la macarena et dont la roue avant imite le bruit de deux cochons qui s’accouplent. Enfin, quand je dis cochons, une truie et un verrat, pas deux humains dégueulasses.
J’ai eu la mauvaise idée de mettre une veste rouge pour venir à Auchan. J’espère qu’ils ne vont pas me faire remplacer Monique ce week-end à la caisse ! Je viens à Auchan maintenant, parce qu’à Carrefour, je suis interdite de séjour depuis que j’ai insulté la connasse à l’accueil avec son badge « je suis là pour vous aider » qui a refusé de venir chez moi faire le ménage le samedi suivant. La menteuse !
18 h 30 : après avoir grillé la place de deux vieux, je suis dans la queue des moins de 10 articles. Et j’en ai 17. C’est le grand frisson. Mon côté rebelle ressort.
18 h 45 : je suis rentrée. Je suis super-fatiguée. En fait, c’est comme être fatiguée, mais avec un masque et une cape.
19 h 00 : je vide mon dressing et je constate que les vêtements d’il y a dix ans me vont encore. Le kif total. Là, je viens d’essayer une écharpe, elle me va comme un gant ! Tiens, si j’essayais mes gants.
19 h 45 : j’ai pris un café allongée ... Sur mon canapé. Je m’en suis foutu partout.
19 h 48 : j’envoie un SMS à ma copine Claire qui est un peu conne (d’ailleurs, c’est « grosse nunuche » dans mon répertoire) : Moi : les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone.
Claire : koiMoi : rien, il pleut, je me fais chier.
19 h 50 : j’ai envie de plaquer mon boulot et de parcourir le monde jusqu’à ce que je n’aie plus d’argent ? Je pense être revenue vers 22 heures.
19 h 55 : mon portable sonne. J’entends une voix hyper aigue qui me dit : « Alors grosse salope, tu aimes la bite »« C’est une question ou une affirmation » que je dis.
En fait, je sais que c’est Max. Max c’est un ex d’avant mon ex. Ce con a utilisé une appli pour maquiller sa voix, mais a oublié de masquer son numéro. Max n’est pas une lumière.
Je lui dis que je sais que c’est lui et je l’insulte copieusement. Il raccroche sans dire un mot. Juste avant, j’ai le temps de lui glisser que j’ai couché avec trois de ses potes à l’époque. C’est faux, bien sûr. Pour quatre raisons :1 - en amour, je suis fidèle,2 - je ne suis pas une salope,3 - ce n’est pas comme si je n’avais que ça à faire,4 - et surtout, ses potes étaient encore plus des blaireaux que lui (et je ne suis pas zoophile.).
Je rigole, parce que ça va l’occuper un bon moment de chercher avec lesquels de ses potes j’aurais pu coucher pendant ce temps-là, il ne me brisera pas les boobs.
19 h 57 : mon portable sonne. C’est un mec qui me dit qu’il est d’accord pour m’emmener d’Orléans à Montauban par Blablacar. Je lui dis que c’est une erreur. Il me dit « ah bon ». Je dis oui. On raccroche.
19 h 58 : mon portable sonne encore. Un autre mec veut m’emmener à Montauban par Blablacar. Je lui dis non. Il me demande si je suis bonne et si je suce. Je lui dis que c’est Blablacar par Tinder. Je l’insulte copieusement. Il me dit d’aller me faire mettre. Je lui dis « Toi aussi, mais toi à Montauban ». Je raccroche.
19 h 59 : je vérifie sur Blablacar. Il y a bien un con qui a mis une annonce avec mon numéro. Je sais que c’est Max. Il s’est installé à Montauban depuis six mois. Je peux comprendre pourquoi il fait tout ça. Il doit bien se faire chier à Montauban (ce gugusse !). Il n’y a rien à faire à Montauban. C’est un trou Montauban (1).
20 h 00 : j’appelle la hotline de Blablacar. Je tombe sur une conne qui me dit qu’elle ne peut rien faire avant le lendemain. Je l’insulte copieusement.
20 h 01 : je mets mon portable en silencieux.
20 h 10 : je me fais couler un bain. Je prends des bains à 37 degrés. Je lave mes jeans à 40 degrés. Quelqu’un pourrait me dire pourquoi ce n’est jamais mon cul qui rétrécit ?
20 h 15 : un SMS ! C’est le garçon d’hier. Non pas celui que j’ai sucé, l’autre. Il a dû partir avant que je ne sois complètement bourrée pour me recontacter, sinon, il ne l’aurait pas fait. Il veut qu’on se revoie !!! Oh putain, je n’y crois pas !!! Ouiiii … Après deux petits pas de danse, une roulade avant, après avoir marché sur les mains, fait la roue, je lui réponds.
Demain soir ? Je veux. Un resto ? Plutôt deux fois qu’une !! Ce que je préfère dans les préliminaires, c’est le restaurant.
Avoir choisi le deuxième a failli être l’erreur de ma vie. Finalement, on dirait bien que ça s’arrange.
20 h 25 : un autre SMS ! C’est celui que j’ai sucé. En plus je lui ai filé mon 06. « Tu m’as manquée » qu’il m’écrit. Enfin plutôt « Tu ma manké ». « Oui, je vise mal » que je lui réponds et je le bloque.
20 h 30 : bon, je dois me faire belle pour demain soir. Et le con parmi les lecteurs de ce journal qui dira « Il y a du boulot », je le gifle. En distanciel, mais je le gifle quand même.
Il n’y a que dans les pubs où tu t’épiles les jambes, tranquille. Dans la vraie vie, tu insultes ta mère, la vie, ton chat. Et je ne parle que des jambes. Pour le maillot, je censure mes propos dans ce journal.
21 h 15 : il y a un truc à la télé !! Ça mérite d’être signalé ! Je crois que je vais écrire au CSA. C’est une comédie sentimentale américaine. La fille bute contre un mec en sortant d’un magasin. Le mec est millionnaire, médecin, ex-pompier, il sauve des vies, mais le hasard les sépare. À la fin, ils se retrouvent et ils s’aiment. Le truc débile, mais qui m’a bien fait chialer. S’il y a une grande différence entre un homme et une femme, c’est pour les films. Surtout quand ils disent « j’ai utilisé tout un paquet de kleenex en regardant un film… ».
Toutes les filles veulent une histoire d’amour comme au cinéma. Elles oublient juste que les films durent en moyenne 1 h 30.
C’est comme mon ex, qui me disait toujours quand je regardais Top Chef :- Avec toutes les émissions de cuisine que tu suis, j’ai hâte de voir ce dont tu es capable.
- Avec tous les pornos que tu mates, moi aussi.
De toute façon, c’était un vrai goujat. Un jour, je lui dis alors que j’étais alanguie en porte-jarretelles sur le lit « chéri, je me suis rasée la foufoune, tu te doutes ce que ça signifie ?
- Oui, tu as encore bouché le siphon de la douche.
Connard !
VENDREDI 11 février 2022 :
7 h 30 : on est quel jour que je demande à Médor, mon chat :- On est aujourd’hui, qu’il me répond.
- Ah tant mieux, c’est mon jour préféré.
Ce matin, je ne monte même pas sur l’échelle de 1 à 10.
7 h 35 : sur une échelle de 1 à 10 de l’amour, je suis tombée de l’échelle. Ça fait un peu mal.
C’est décidé, je reste au lit. J’appellerai ma cheffe tout à l’heure, pour lui dire que j’ai des chlamydias ou un truc comme ça. Enfin un truc qui démange. Que je ne peux pas venir, que je pose une de mes cinquante RTT en stock.
8 h 30 : aujourd’hui, j’ai décidé de vivre le moment présent. Comme le disait cette actrice dans « Et Dieu créa la femme », l’avenir, c’est ce qu’on a inventé de mieux pour gâcher le présent. Bon, si le moment présent est déplaisant, je mangerai une tablette de chocolat. En deux fois, la tablette. Il faut savoir raison garder.
9 h 00 : toujours au lit, je pense à Cyril, mon rencard de ce soir, celui que j’ai loupé mercredi. Je pense à mon ex aussi. Il faut savoir reconnaître ses erreurs dans la vie. L’autre jour, je l’ai croisé par hasard (mon ex). Eh bien, je l’ai reconnu. Il a voulu boire un verre pour parler du bon vieux temps. Il m’a encore dit tous ses regrets, qu’il m’aimait encore. Il m’a demandé si moi aussi, je l’aimais encore. Je lui ai dit « Tu es le soleil de mes nuits, inutile et gênant ». J’aime maladroitement peut-être, mais tellement sincèrement. Ce n’est pas le cas de tout le monde.
9 h 15 : Audrey m’appelle. La conne ! Même quand je ne suis pas au boulot, elle me harcèle. Tous les hommes sont pareils, qu’elle se lamente. Je lui réponds :- Je comprends ta déception, mais fallait pas tous les essayer.
Elle me raccroche au nez. Quelle conne !
9 h 20 : je me bouge quand même pour aller au boulot. J’ai eu mauvaise conscience.
10 h 15 : j’arrive au boulot en retard. La cheffe me dit :- Ça fait cinq jours que tu arrives en retard, tu en conclues quoi ?
- Ben, qu’on est vendredi…10 h 30 : j’aurais besoin d’un voyage de noces au Maldives. Mais sans noces, parce que j’ai personne. C’est possible ? Où je dois m’inscrire ? Meetic ? Tinder ? Non pas Tinder ? Le site de Jackie et Michel ? Non merci…La vie est plus facile qu’on ne pense finalement. À partir du moment, où on ne pense pas en fait.
10 h 35 : ne pas penser, j’ai la solution ! Le sport ! Déjà, c’est bon pour ce que j’ai et puis, c’est bon pour… Euh … C’est bon quoi. J’ai commencé par le yoga pour me relaxer. Bon d’accord, je bois des apéros dans la tenue que je mettrais si je faisais du yoga. Mais c’est un début.
Maintenant, je cours. Enfin, disons que j’enfile une tenue fluo et que je vais au parc. Il parait que deux minutes de rire, c’est aussi bon pour la santé que trente minutes de jogging. Je regroupe les deux. Tous les soirs, je vais au parc pour me foutre de la gueule des joggers pendant deux minutes.
Si un jour mon corps était retrouvé sur un parcours de jogging, sachez que j’ai été assassiné ailleurs et déplacée là. Vous pourrez le dire aux flics.
Des études ont montré que si tu fais du sport, que tu manges sainement, que tu ne bois pas d’alcool, tu meurs quand même. En fait, la mort, c’est la vie. Ou l’inverse, je ne sais plus.
Le sport donne le pouvoir de se trouver belle toute nue. Heureusement l’alcool aussi. De toute manière, j’ai arrêté le sport au lycée en terminale, sans patchs, sans acupuncture, sans aide. Juste la volonté.
10 h 40 : un jour, mon prince viendra. Je serai vieille, grosse et moche. Ça sera bien fait pour sa gueule.
11 h 30 : ma mère m’appelle pour me demander ce que je veux pour mon anniversaire le mois prochain. J’ai juste envie de lui répondre, un orgasme, un vrai, avec un mec bien sous tous rapports, gentil, beau et vicieux. Mais c’est ma mère. Je ne peux pas lui répondre ça. Déjà, depuis l’épisode de la cuisine et de la sodomie sur le plan de travail, c’est tendu… Alors, je lui réponds :- Euh, je ne sais pas, un parfum…Je repense au Noël d’il y a deux ans, où j’ai eu une petite table pliante. J’avais demandé une tablette.
12 h 15 : ce matin, j’ai bossé comme une forcenée. La preuve, il me reste 85 % de batterie sur mon portable. Je vais le montrer à ma cheffe.
13 h 00 : j’ai mangé plein de carottes râpées à la cantine, ça rend aimable, bande de débiles.
C’est comme les gens qui me demandent comment je vais, ça m’énerve, je me sens obligée de leur retourner la question. Et sérieux, la réponse ne m’intéresse absolument pas.
13 h 30 : je lance dans l’open space : « Je vais au sex-shop du coin m’acheter un nouveau sex-toys. Quelqu’un veut que je lui ramène un truc ? ». Pas de réponse. Sois aimable et serviable, tout le monde s’en fout !
14 h 05 : il y a un gugusse de chez SFR qui m’appelle pour que je prenne un forfait chez eux. A un moment, il me dit « Je vous entends mal ». Je lui dis « Change d’opérateur connard ». Il a raccroché.
14 h 30 : la cheffe se barre en week-end. On a la paix pour l’après-midi. Je sors mon Vogue et mon Cosmopolitan. D’après une étude très sérieuse …. Les mecs pensent au sexe en moyenne 25 fois par jour. Les filles, 3 fois. Moi, j’dis, c’est des conneries, ça dépend !!! Il m’arrive d’y penser pas loin de 25 fois. Et puis, méfions-nous de ce genre d’études… Mesdemoiselles, si vous n’y pensez qu’une fois par jour, vous êtes normales quand même, vous n’êtes pas des frustrées, ou je ne sais quoi. Si vous y pensez 30 fois, vous n’êtes pas des nymphomanes pour autant. Ce qui est mauvais en fait, ce sont les études, qui soumettent et résument la sexualité à un taux de performance et de réussite. Halte à la dictature des études, des moyennes, des normes…. On essaie de nous faire croire que les enquêtes diverses, les sondages d’opinion sont une émanation anticipatrice de la vérité et de la vraie vie… Mais non !! La vraie vie, c’est la vôtre, celle que vous vivez. Et même si elle n’est pas toujours complètement satisfaisante, c’est ainsi. Votre normalité, c’est celle que vous vous fixez, pas celle qu’on veut vous imposer… Pensez-y autant de fois que vous voulez et concluez autant de fois que vous voulez (pouvez ?) !!
Mais bon, de toute façon, ce n’est pas la quantité qui compte dans l’affaire. Tout le monde sait que dans ce domaine, vaut mieux n’y penser que trois fois et conclure, plutôt que d’y penser 25 fois et finir la journée sans avoir consommé. Enfin, je dis ça, je ne suis pas un bon exemple.
Ce sont vraiment des conneries ! D’après une autre étude très sérieuse, une personne sur deux, ça fait une pyramide aussi !! Tsss.
15 h 00 : grande discussion sur les enfants dans l’open space. Pour une fois, Audrey qui n’en a pas, ferme sa grande gueule. J’aimerais avoir des enfants un jour. Enfin deux ou trois jours maximum. Peut-être que je louerai au lieu d’acheter.
Je n’en loupe pas une. L’autre jour je dis en voyant une photo d’un gosse qui tournait :- Oh, il est moche ce gamin.
- C’est mon fils.
- Ah, désolé, je ne savais pas que vous étiez son père !
- Je suis sa mère.
15 h 05 : j’ai rempli un questionnaire médical pour la médecine du travail, la semaine dernière :Est-ce que vous fumez ?
Est-ce que vous consommez des drogues ?
Avez-vous plusieurs partenaires sexuels ?
J’ai mis non, partout. Et c’est là que je me suis dit que j’avais une vie de merde.
15 h 15 : dans Vogue, encore une étude récente : 95 % des femmes deviennent chiantes, tout simplement parce qu’on les fait chier. Je suis assez d’accord. Quand on me gonfle, moi, je réponds en général « vas te faire foutre sale con ». Ça colle avec tout.
15 h 20 : Philémon (dit tête de bite), vient se mêler de la conversation sur les enfants. Il critique les choix de sa femme sur l’éducation des siens. Je lui dis :- Ne critique pas des choix de ta femme, tu en es un à la base !
Ça lui en bouche un coin. Il n’avait pas vu les choses sous cet angle-là.
17 h 00 : j’ai commencé en retard ce matin, donc je pars en avance.
À peine sortie, à l’arrêt de bus, un mec m’aborde. Il me dit qu’il a l’impression de me connaître, qu’on s’est déjà vus quelque part. Il me drague l’air de rien ce con, alors que sa meuf est à deux mètres ! Quand ce genre de mec dit m’avoir déjà vu quelque part, je lui réponds que je suis actrice porno. Moment de gêne assuré. Surtout si sa copine est là.
17 h 02 : il me dit « fé froi hin ? », alors que sa meuf est toujours là, mais lui fait la gueule.
Je ne réponds pas. Solidaire avec la meuf. J’aime bien faire la gueule et ignorer les gens. Au début, je croyais que j’étais juste de la mauvaise humeur. Mais comme ça fait longtemps et que c’est tout le temps, peut-être que c’est mon caractère finalement ! Ou bien, c’est parce que je n’aime pas les gens ! Faut dire, les gens c’est un peu idiot parfois.
Ah les gens ! Un exemple tout bête… En été, ces cons disent « je meurs de chaud » ou « je meurs de soif ». Et ils ne meurent pas. Et ils sont toujours là à vous emmerder en février avec « je meurs de froid ».
Pareil pour ceux qui mettent leur piscine en photo sur Facebook. Bande de cons. Là, en février, ils ne mettent pas la photo de leur chaudière à gaz ces blaireaux !
De toute façon, il faut toujours faire attention à ce que l’on met sur les réseaux sociaux. Ça pourrait vexer quelqu’un dont on a rien à foutre.
Facebook, c’est nul de toute façon. Et puis j’ai du mal avec ce concept d’amis Facebook. Déjà que les vrais amis, dans la vie… De toute façon les vrais amis, c’est ceux qui vous connaissent bien et qui vous aiment quand même. Ne vous faites aucune illusion avec vos 1200 amis Facebook. Jésus en avait 12 seulement et il a été trahi.
Quand on se met en couple, on partage des choses très vite. On a une voiture en commun par exemple, un compte bancaire en commun aussi, mais les réseaux sociaux échappent à la règle :- Chéri, je prends la voiture !!
- Ok !
- Chéri, je vais faire les courses, je prends ta CB dans ta poche.
- Ok !
- Chéri, je vais sur ton Facebook.
- NANNNNN !
On n’a jamais de Facebook de couple ? Pourquoi à votre avis ?
19 h 15 : j’arrive à mon rencard avec Cyril avec un retard de 15 minutes. À l’heure donc. Il est là. Il est bien finalement.
Samedi 12 février 2022.
9 h 00 : je me réveille. Il est toujours là, contre moi. On a dîné hier, super resto. Il m’a ramenée jusqu’à ma porte. Je l’ai invité à boire un dernier verre. J’ai fait attention de rester sobre (au niveau du langage), pas de petites phrases dans le genre, « enlève ton caleçon, c’est l’heure de mon dessert ». Il m’a fait l’amour trois fois de suite. Comme on dit, « bises à minuit, baise toute la nuit ». Il a été tendre, puis pas tendre, puis il m’a défoncée. Le kif ! Puis on s’est endormi. Les coups de foudre sont souvent suivis de coups de reins !
9 h 30 : je suis amoureuse, je crois. Finalement, je vais fêter cette Saint-Valentin quand même.
9 h 35 : je fous cette connerie de journal à la con à la poubelle. Je préfère vivre le grand amour de ma vie sans vous.
Bande de voyeurs, bande de cons !
(1) L’autrice précise que cet avis n’engage que Nina Baudelaire. L’autrice n’a rien contre Montauban. Elle n’y est jamais allée. Il fallait bien choisir une ville pour l’histoire. Rien de personnel donc, si vous êtes de Montauban. Cela aurait pu tout aussi bien tomber sur LA Flèche, Chalons sur Marne, Gap ou encore Marmande.
Ne le prenez pas forcément pour vous, n’y voyez rien de personnel, d’autant plus qu’elle ne vous connaît pas.
Au moins, vous êtes prévenus. À vos risques et périls. Aucune plainte ne sera prise en compte.
Février 2022, un peu avant la Saint-Valentin.
Vous connaissez la loi de Murphy ? C’est la loi dite « de l’emmerdement maximum », ou le principe de la tartine qui va tomber forcément du côté beurré. Elle met en avant le côté irrémédiable des ennuis. Elle souligne le fait que quand les problèmes arrivent, c’est en groupe généralement. Un en appelle d’autres.
Bon, je vous explique. Ça ne va pas fort pour moi en ce moment.
Je me présente d’abord. Je suis Nina Baudelaire. Je vous arrête tout de suite, oui, comme le poète. Mais on n’est pas de la même famille. C’est ce qu’on me demande systématiquement. Épargnez-moi ça !
Nina Baudelaire, donc.
Je suis… On va dire une trentenaire. Pas encore une ménagère de moins de cinquante ans, mais plus une perdrix de l’année non plus.
Ceci est mon journal. Le journal de Nina Baudelaire. Un peu comme le journal de cette connasse de Bridget Jones en quelque sorte. Le compte-rendu de mon état d’esprit. De mes états d’esprit même. Je vais essayer d’être complètement honnête avec vous.
Avant de commencer, je vous disais tout à l’heure que ça n’allait pas fort en ce moment. En fait, ça fait un bail que ça dure. Mais j’y viens…
Faut dire, je les accumule les tuiles ces derniers temps.
En gros, mon mec s’est barré. Enfin, non, c’est moi qui l’ai viré plutôt. Mon travail me saoule, je fais ma crise de la trentaine, je remets tout en cause… Genre, j’ai loupé ma vie, je ne suis pas faite pour ça, je mérite mieux, etc... Mes copines me gonflent, j’ai des problèmes d’argent et ajouter à ça cette crise du Covid qui dure et le fait que j’ai pris du poids ces derniers mois (un peu hein ! je ne suis pas une grosse vache non plus), il y a de quoi déprimer, convenez-en.
Ça en fait quand même.
Vu le bordel qu’il y a dans ma vie, j’ai la nette impression que mon ange gardien doit picoler. Tout au moins, il n’est pas très assidu à son taf.
En un mot comme en cent, je suis soltiguée. Soltiguée, c’est un nouveau mot que j’ai inventé. C’est comme fatiguée, mais un ton au-dessus. Mais ça reflète parfaitement mon état d’esprit actuel.
Le Covid, depuis deux ans, on nous gonfle avec ça, on nous enferme, on nous spolie, on nous voile la face, on nous masque plutôt.
Nous sommes en février 2022, à la 6e vague ! Non la 7e ...Non la 6e finalement. 4e dose par contre, ça, j’ai suivi. Le litre d’essence est à 2.8 €, la baguette à 1.3 €. Tout va bien, on ne lâche rien.
Le Covid, quel merdier quand même ! Un véritable défi pour les autorités sanitaires. Faire comprendre à des types qu’il faut changer de masque toutes les trois heures, alors que certains ne changent pas de slip de la semaine.
J’ai jeté mon mec. Ce gros con m’a trompée avec une de mes copines que je lui avais présentée six mois avant. Enfin, mon ex copine. Je l’ai virée aussi la copine, j’ai de nouvelles copines depuis. Par contre, je ne me suis pas trouvé de nouveau mec.
Me faire ça après deux ans de vie commune. Le salaud.
Salaud et con ! Il voulait qu’on continue comme si rien ne s’était passé. C’est moi qu’il aimait, parait-il ! L’autre ? Juste une passade. Il m’a dit :
- On ne va pas casser pour un tout petit accident de parcours.
- Tout petit ? Il a quand même un gros cul ton accident de parcours !
- Mais ma chérie… Je croyais qu’on resterait ensemble toute notre vie, toi et moi…- Ah, je vois, on en est aux menaces maintenant… Tu dégages, toi, ta console, tes fringues qui encombrent mon dressing.
Voilà, comment ça s’est terminé. En clair, j’étais au sein d’une relation libertine, mais je l’ignorais. Un couple, c’est deux personnes, mais certains ne savent pas compter !
Je regrette ? Oui, sûrement un peu. Un mec, ça a des bons côtés. Il y a des trucs pour lesquels c’est pratique, voir utile. Mais lui, je ne voulais plus le voir.
Surtout, j’étais persuadée d’en trouver un autre rapidement, belle comme je suis. Un mieux même.
Le genre de mec, beau, intelligent, cultivé, facile à vivre, fidèle. Le genre de mec à faire pâlir de jalousie toutes les copines. Le genre de mec pour briller en société. Après, derrière toute épaule réconfortante, il y a une bite qui attend, tapie dans l’ombre. Mais c’est aussi ça qui est bien.
Raté, je n’ai trouvé personne pour le moment. Pourtant, ce n’est pas faute de chercher, hein !
Après le célibat, ça a aussi de bons côtés. Le célibat, c’est sympa. Sauf les nuits, et les réveils, et les journées, et les repas, et les câlins. Enfin bref, c’est sympa le célibat.
Les couples ne durent plus de toute façon. On devrait faire des robes de divorce, ça relancerait l’économie. Moi, je n’étais pas mariée. Heureusement.
Aujourd’hui, tu dis direct au mec que tu viens de repérer et qui te plais :
- Bon, on fait comment pour la garde des gosses ?
- Mais vous êtes qui ?
- Pardon, j’ai grillé les étapes. Bonsoir, vous me payez un verre ?
Il a tenté de me recontacter la semaine dernière. Quand je vois ces trucs tout moches et vintages qui reviennent à la mode, j’étais tentée de le reprendre. Mais non ! Ce n’est pas une ressourcerie ici.
Parfois, il ne suffit pas de tourner la page. Il faut surtout changer de livre.
Le SMS de ouf qu’il m’a envoyé :
Lui : tu as encore des sentiments pour moi ? Parce que moi, je viens de me rendre compte que j’avais fait une connerie en te quittant.
Moi : oui, beaucoup, mais tu ne m’as pas quittée, c’est moi qui t’ai jeté.
Lui : moi aussi, j’ai encore beaucoup de sentiments pour toi. On peut se revoir peut-être.
Moi : plein de sentiments aussi, genre haine, rancœur, déception, tout ça quoi.
Moi : ah et l’envie de te foutre ma main dans ta gueule aussi.
Le sexe de nos jours est tellement libéré que c’est la fidélité et l’amour vrai qui sont devenus suspects.
Après, pour le sexe, la pire des positions, c’est quand tu es allongée sur le dos et qu’il n’y a personne au-dessus de toi.
On est en février, je n’ai pas mangé de galette à l’épiphanie, pas de crêpes à la chandeleur, tu vas voir que je ne vais pas me faire sauter à la Saint-Valentin à ce rythme-là.
Après, je me plains, mais il y a pire. Je pense à toutes ces filles en couple, qui auront leurs règles à la Saint-Valentin. C’est ballot, mais elles l’auront dans le cul.
De toute façon, à la fin, mon mec à part regarder le foot à la télé !!! Pourquoi je n'ai pas rencontré un joueur du PSG ? Parce que ce dont je suis sure, c’est que les joueurs du PSG, ils ne regardent jamais sur leurs canapés des gens travailler dans des bureaux, en buvant de la bière et en gueulant « quel con ! Mais comment il fait pour louper une photocopie aussi facile !!! »
Je n’ai plus de mec, mais des relations sociales, j’en ai quand même, malgré tout. Je dis malgré tout, parce qu’il y a le Covid, les confinements et toute cette merde. Ça n’aide pas !
De toute façon, une année qui s’écrivait 2 fois 20, ça sentait la quarantaine à plein nez. Le pire, c’est que ça a continué en 21 et en 22, et ça n’a pas l’air de s’arranger.
Des relations sociales, j’en ai, disais-je. Mais j’en ai marre que les hommes ne m’aiment que pour mon esprit, certes vif et brillant. J’ai aussi un cul.
Bon, j’exagère un peu, il y en a… Quelques-uns … Un ou deux qui ont exploré autre chose que mon intellect depuis ma rupture. Des plans-cul quoi. Plan-cul, c’est une moche expression. Je préfère dire « suspension du vol du temps au moyen de la poésie des sens ».
Pas des lumières par contre. Le premier, il me dit le lendemain matin :
- Je peux te demander un truc ?
- Vas-y.
- Tu promets de ne pas t’énerver ?
- Non, vas-y…- C’est quoi ton prénom déjà ?
Le deuxième… Non, le second, il me demande, « je passe te prendre chez toi ». Déjà, j’hésite pour savoir si je dois m’habiller ou pas. Ensuite, j’hésite à lui demander « par derrière aussi ? ».
N’empêche que là, j’en suis à enregistrer les cris des joueuses de tennis et de les passer à fond certains soirs pour faire croire à mes voisins que j’ai une vie sexuelle.
Ceux qui disent que l’amour, c’est le plus beau truc qui peut t’arriver dans la vie, hormis le fait que j’ai envie de leur défoncer les deux genoux, je leur réponds :
- Non, il y l’argent.
- Ah, mais non. l’Am …- Tu as déjà essayé de rembourser un prêt immobilier avec des gros bisous et un câlin ?
Et là, généralement, ils ferment leurs gueules.
Non, mais la recette du bonheur, je la connais, le truc, c’est que je n’ai pas les ingrédients.
Et puis question relations sociales, j’ai un chat aussi. Qu’est-ce qu’on offre à un chat pour la Saint-Valentin ? Des croquettes ?
Quand on est célibataire depuis trop longtemps, ce n’est pas un chat qu’il faut adopter, c’est une stratégie. Et une en béton.
Les chats, c’est mignon, surtout les chatons. C’est affectueux, enfin, ça dépend. Le mien est un peu caractériel. Il n’a pas apprécié que je l’appelle Médor. C’est un peu comme un traumatisme d’enfance pour lui. Du coup, il se venge depuis. Il parait qu’un chat a parcouru 1000 km pour rentrer chez lui. Médor lui, tu lui décales sa litière de dix centimètres, il chie sur le parquet.
Mon ex, je l’appelais minou. De toute façon, ça ne sert à rien de donner des surnoms rigolos à nos mecs, on finit toujours par les appeler « l’autre gros con ».
Célibataire ! Être célibataire, c’est un peu comme une assurance MMA, zéro tracas, zéro blabla. Mais qu’est-ce qu’on s’emmerde.
Tu sais que tu as une vie sociale proche du néant, quand les confinements successifs n’ont rien changé à tes habitudes. Après, tout n’est pas négatif dans les confinements. Depuis, que tout le monde dîne chez soi, plus personne ne prend ses plats en photo pour les publier. C’est toujours ça de gagné.
Je vais finir par croire que j’ai un diplôme « échecs en amour », option « relation à sens unique », mention TB.
En se barrant, il m’a quand même dit qu’il regrettait de m’avoir fait du mal et de m’avoir fait pleurer. Je ne pleure pas connard, je transpire des yeux.
Je disais en commençant que ceci était mon journal et me voilà déjà partie en vrille. Je vais me tenir à écrire ce putain de journal à la con.
Donc,
JOURNAL DE NINA BAUDELAIRE :
LUNDI 7 février 2022.
7 h 30 : on est lundi matin. C’est chiant ! Déjà, la semaine dernière, on était lundi matin.
LUNDILongUsantNéfasteDéprimantInutile
Après, faut arrêter de dénigrer le lundi. Ce n’est pas comme si les autres jours de la semaine, c’était le carnaval de Rio.
7 h 35 : il y a des jours où j’aimerais avoir Photoshop installé dans mon miroir de salle de bain.
Y a des filles, le matin, on dirait qu’elles font un défilé de mode. Moi, on dirait que je sors de réanimation.
Relativisons ! Finalement, les cernes ça fait mystérieux. Les gens se demandent « Mais qu’est-ce qu’elle a fait cette nuit ? La fête ? L’amour ? Elle s’est fait baiser pendant des heures ? Des crêpes ? ». Ils ne le sauront jamais.
En fait, je me suis endormie hier soir telle la Belle au Bois Dormant et voilà que je me réveille ce matin avec la gueule de Quasimodo. Connard de Disney.
7 h 50 : quelqu’un sait ce que mettent les 7 nains dans leur café le matin, pour aller au travail en sifflant et en chantant ? Parce que c’est sûrement de la bonne. J’en veux aussi. Connard de Disney.
8 h 30 : le devoir m’appelle. Je ne sais pas qui m’a dénoncée et lui a donné mon nom. Il faudra tirer ça au clair un jour.
9 h 30 : j’ai une réunion, vachement importante chez un client ce matin. En général, j’ai horreur des clients. Ce que j’aime par contre, c’est me foutre d’eux. Ceux-là sont particulièrement gratinés.
Je me retrouve face à un guignol, genre bobo/vélo/quinoa, entouré de deux connasses qui boivent ses paroles. Très représentatifs des trentenaires d’aujourd’hui, biberonnés à l’ultra-libéralisme et à la start-up attitude. La différence entre une start-up et une entreprise classique du CAC40 ? Dans une start-up, il y a un baby-foot dans l’open space. Sinon, le boss t’exploite pour des clopinettes de la même manière, mais en te tapant dans le dos. Après cinq ans en tant que stagiaire, on peut se faire virer de la même manière.
10 h 00 : cette réunion s’éternise ! J’ai horreur des gens qui ont un tic de langage. Le gugusse devant moi, le sien, c’est de commencer toutes ses phrases par « l’idée, c’est que ». L’idée, c’est que tu fasses vite connard, que je me barre de là rapidement et que je rentre au bureau.
10 h 30 : si tu mets ceux qui brassent du vent d’un côté et ceux qui te pompent l’air de l’autre, tu as la clim gratis.
Ah, je ne vous ai pas dit, je travaille dans une boite de comm, ça a l’air cool comme ça, on escroque des gens en leur vendant du vent, mais qu’est-ce que c’est chiant en fait.
11 h 00 : je suis rentrée au bureau. La cheffe me bassine. Et puis j’ai la motivation d’un basset au départ d’une course de lévriers là.
11 h 30 : je lis un article dans « Elle » qui dit que faire une fellation fait perdre 100 kcals. Prodiguer une petite gâterie à votre partenaire fait donc brûler l’équivalent d’un petit morceau de Brie. Il faut faire trois pipes pour compenser un éclair au chocolat (300 kcals) ou un croque-monsieur (304 kcals). À partir de 4 fellations, vous pourrez succomber sans scrupule à un pain au chocolat (410 kcals), ou à une chocolatine (410 kcals aussi). Mais attention, si vous avalez, le sperme est calorique. Environ 20 kcals par éjaculation. Ne soyez pas trop gourmande donc.
13 h 30 : je me dis qu’on passe parfois sa vie à se sous-estimer. Et puis un jour, tout change. On s’aperçoit qu’on a juste surestimé les autres en fait.
14 h 00 : j’ai un côté ironique, un côté insupportable et un côté adorable. Chacun a le côté qu’il mérite.
14 h 30 : l’amour n’est jamais aussi beau que quand il est impossible, me dis-je.
15 h 00 : moment de gêne dans l’open space : la cheffe vient de sortir du bureau du directeur. Elle essaye de se débarrasser d’un kleenex discrètement dans sa poubelle. Mais elle a encore une traînée de sperme dans sa frange. Ça a fait le tour du bureau en à peine cinq minutes. On se demande plus comment elle est devenue cheffe celle-là. Ces compétences ne sont pas seulement managériales. Je suis allée la voir pour lui demander des nouvelles de son mari et je lui ai demandé aussi si elle aimait le brie. Elle m’a regardé d’un drôle d’air. J’en ai rajouté un peu en racontant. dans l’open space, que je l’ai vue une fois en apportant un dossier urgent chez le dirlo, à quatre pattes sous le bureau. J’ai juste refermé la porte discrètement. C’est faux, bien sûr, mais qu’est-ce que je me suis marrée.
Tiens en parlant de moment de gêne, ça me rappelle la fois où… non, celle-là, je ne peux pas la raconter, même dans mon journal intime. Hein ? Si ? Bon, j’y vais…Un dimanche matin, mon ex rentre d’acheter le pain :- Chérie, t’es où ?
- Dans la cuisine pourquoi ?
- J’ai une surprise pour toi.
- Une surprise ? Waouh, tu vas me défoncer comme une chienne contre le plan de travail ? Ça va être ma fête ? Tu vas me prendre par derrière ?
- Euh, non, tes parents sont là, je les ai croisés en bas, ils nous rendaient une petite visite… à l’improviste.
Oups …
16 h: 00 : 90 € les nouveaux écouteurs d’Apple ? C’est quoi le délire ? Quand tu écoutes de la musique, le chanteur vient danser un slow avec toi pour ce prix, j’espère.
17 h 00 : petite pensée du moment : on dit que les hommes ne peuvent pas faire deux trucs à la fois. Faux, les seins sont la preuve qu’ils peuvent se concentrer sur deux choses différentes en même temps.
17 h 30 : alors que je règle la consultation de ma diététicienne, elle a vu ma carte de fidélité McDo dans mon porte-cartes.
18 h 30 : avant de rentrer, je m’arrête acheter du pain. Depuis la file d’attente, je vois un type passer son masque à un copain pour qu’il puisse entrer dans la boulangerie. On n’en a pas fini avec cette pandémie.
18 h 45 : on sonne chez moi. L’homme de ma vie a trouvé enfin le chemin, me suis-je dit. Que nenni, c’était des témoins de Jéhovah. Je cherchais désespérément le moyen de m’en débarrasser, quand j’ai eu l’illumination. Ils ont eu l’air choqués, quand je leur ai demandé s’ils venaient pour la partouze.
20 h 00 : je n’ai pas le moral ce soir. Du coup, j’ai fait une recherche sur Doctissimo. Après avoir rentré mes symptômes…Ils me disent que je dois aller consulter un vétérinaire. Je me suis désinscrite de ce site de cons.
20 h 15 : nouveau pic pour le Covid qu’ils disent aux infos. Je reste persuadée qu’on a des pics parce qu’on multiplie les tests PCR. Si on fait des tests de QI, on aura un pic d’abrutis.
20 h 30 : je suis un régime. De loin, mais je le suis. C’est même quasiment une filature. Pour l’instant, il ne m’a pas repérée encore.
Si je suis un régime, c’est parce que l’autre jour, j’ai calculé mon IMC, indice de masse corporelle, le rapport taille/poids en quelque sorte. Sur les conseils de ces cons de Doctissimo d’ailleurs. Apparemment, je ne suis pas assez grande !
Ce soir, toutefois, j’ai fait des efforts. Je me suis fait un hachis Parmentier :- Oh, cool, me dis-je- Euh, végétarien, me répondis-je. Et sans patates, en fait, c’est de la salade verte.
Je me suis traitée de salope.
21 h 00 : petite pensée du soir. Enfin, question existentielle plutôt… Comme il n’y a rien à la télé, j’ai accroché ma lessive, puis j’ai vidé le lave-vaisselle, où traînait la vaisselle propre depuis trois jours, alors que la vaisselle sale s’entassait dans l’évier. Le saviez-vous ? Les chaussettes qui disparaissent dans la machine à laver se réincarnent en couvercle de Tupperware qui ne correspondent à aucun récipient. Si, je vous jure.
21 h 01 : vu le tas de linge que je lave toutes les semaines, je pense qu’il y a des gens qui habitent ma maison et que je n’ai jamais rencontré.
21 h 30 : Plan à trois pour la Saint Valentin ? Le pot de Nutella, la petite cuillère et moi…
22 h 00 : je me suis connectée au site de nouvelles érotiques que je fréquente, HDC, Histoires de Cul. La dernière parue est de CDC4255, abréviation de CoupleNymphoCoquin4255. C’est l’histoire d’un mari candauliste qui veut organiser une soirée gangbang pour sa femme nymphomane. Il contacte Pierre, Paul, Jacques et Jean. Le soir venu, pas de bol, Pierre décommande, sa femme ne veut pas qu’il vienne. Paul décommande, il est cas contact, à l’isolement pour plusieurs jours. Jacques décommande, il a eu un petit accident, il a coincé sa grosse bite dans la toute petite fermeture éclair de son jeans en allant pisser. Quant à Jean, il n’est pas venu, sans pour autant ni décommander ni s’excuser. Du coup, le couple va se coucher. Chienne de vie ! Bof, pas terrible. Lue et relue 30 000 fois surtout.
Après, j’ai lu les déboires de Marie et Nicolas, d’un certain GG60. Là, j’ai bien aimé. C’était frais, alerte, digne d’une pièce de boulevard un peu hot. Sinon, un auteur que j’aime bien, c’est Abdulinho69. Ses histoires sont dans le même genre que celles de CDC4255, mais avec une bonne dose de second degré. Il me faisait rire. Je parle au passé, parce qu’il n’écrit plus.
MARDI 8 février 2022.
2 h 30 : si on n’est pas censée grignoter au milieu de la nuit, alors ça sert à quoi la lumière dans le frigo ?
3 h 30 : j’ai chaud, alors je mets la couette sur le côté. Mais je n’aime pas dormir sans la couette, alors je sors une jambe… La vie est compliquée.
7 h 30 : au petit-déjeuner, dialogue avec moi-même :- Le matin, il ne faut pas me parler tant que je n’ai pas bu mon café dans mon jacuzzi !
- T’as pas de jacuzzi, me répond ma voix intérieure.
- Voilà, c’est tout à fait ça. Mais ferme quand même ta gueule connasse.
7 h 40 : Moi Présidente, en hiver, on pourra venir avec sa couette le matin au travail.
7 h 41 : je ne pense pas qu’on doive élire un nouveau président cette année. Faisons un break plutôt et voyons comment on se débrouille sans.
7 h 45 : toujours des cernes ! Conseil beauté : règle numéro 1, quand tu veux cacher tes cernes, mets une mini-jupe au raz du cul.
7 h 46 : Conseil beauté (encore) : si vous avez la même tête que sur votre carte d’identité, retournez-vous coucher.
7 h 48 : mon cerveau est dans le triangle des Bermudes, les informations entrent, mais disparaissent aussitôt et on ne les retrouve plus jamais.
7 h 50 : pensée du matin : si l’amour de ma vie pouvait venir avant ma mort, ça ne serait pas plus mal finalement. Et puis l’utilisation intensive du vibromasseur, comme hier soir, ça lasse (et ça irrite).
7 h 58 : en ce moment, j’ai des hauts et des bas. Quoiqu’insuffisant, c’est un bon début pour m’habiller. Oui, je sais, elle est tirée par les cheveux celle-là, mais elle me fait marrer. Et puis c’est 8 h du mat’ aussi.
8 h 15 : je me suis décidée sur la tenue. Ne jamais perdre de vue que la tenue que l’on met le matin, si on meurt dans la journée, sera notre tenue de fantôme pour l’éternité.
9 h 45 : en retard au boulot. Ma cheffe ne m’a pas vue. Programme du jour, ne rien foutre et si je n’ai pas terminé ce soir, je continue demain.
9 h 50 : aujourd’hui, ce n’est pas la forme, je suis aussi efficace au boulot qu’un doigt d’honneur dans une moufle. Pas du tout envie de venir là. En fait, ce matin, j’ai tapé en partant « fait chier putain » sur mon GPS et il m’a directement amenée au bureau.
Le boulot ? Pfffff … j’ai fouillé partout. Au fond de mon lit, dans la baignoire, dans le frigo, j’ai fait toutes les poches de ma panière à linge sale, j’ai même fouillé mon téléphone, mais je n’ai pas retrouvé ma motivation.
Ça me rappelle le stage que j’ai fait étant plus jeune à l’hôpital au service communication et relations extérieures. A priori, ils n’aiment pas trop qu’on débranche des trucs pour charger son téléphone sans demander l’autorisation avant.
Et puis ma copine Charline, l’autre jour qui me dit « Travailler, c’est faire un boulot qu’on n'aime pas. Dès l’instant où tu aimes ton boulot, c’est plus du travail. »
Je lui ai répondu :- Arrête de te la péter avec tes études d’avocate. Tout le monde peut faire du guacamole.
Ça me rappelle quand un con d’avocat m’a appelé après ma séparation :- Je suis Maitre Carré, qu’il me dit. Je représente les intérêts de votre ex concubin.
- Mon ex n’a aucun intérêt, que je réponds.
9 h 55 : le monde des collègues se divise en trois catégories : ceux qui ramènent les croissants (extrêmement rare), ceux qui ramènent la gastro l’hiver (courant), ceux qui la ramènent trop (la majorité).
10 h 00 : Audrey, ma collègue de travail qui squatte le bureau juste en face du mien, m’horripile. Avec elle, j’utilise le sarcasme, parce qu’apparemment, éclater mon clavier dans sa gueule de connasse n’est pas permis par la direction.
Elle me parle de l’homme de ses rêves cette conne. Tu veux l’homme de tes rêves ? Ben va dormir !
Je lui dis quand même :- Tu sais ce que j’aime chez toi ?
- Non- Moi non plus.
Des fois, je me dis que je devrais être plus gentille, plus sociable, plus patiente… Et puis je me rappelle que je n’aime pas les gens.
11 h 00 : on a un rappel de la cheffe sur les gestes barrière au sein de l’entreprise. Sans me vanter, je me lavais les mains, bien avant que ça ne soit tendance. Et puis vient la ramener avec ses gestes barrière, alors qu’elle suçait le directeur sous son bureau pas plus tard qu’hier.
11 h 30 : fin de la réunion d’information vachement utile. Des questions ? Qu’elle demande… Oui, moi, je dis… Au moyen-âge, on faisait des orgies pour célébrer la fin des épidémies de peste. Quelqu’un sait s’il y a quelque chose de prévu en 2022 ?
11 h 45 : aujourd’hui, avec la crise du Covid, j’ai le sentiment étrange que je suis redevenue pucelle.
11 h 55 : après la lecture du dernier Vanity Fair, je me rends compte que le chat de Karl Lagerfeld est plus riche que moi et toutes mes connaissances réunies. Du coup, je déprime. N’y aurait-il pas un problème dans notre 21e siècle ? On vit dans un monde où tu fais cinq ans d’études supérieures pour gagner moins qu’une gamine de 14 ans, appelée influenceuse, qui se maquille sur YouTube. Dire qu’on tue des baleines pour maquiller des thons. La cause animale ? Je suis militante. Avant on testait les cosmétiques sur des animaux. Heureusement, maintenant, on a les youtubeuses.
Ma résolution 2022 ? Être riche. J’en ai marre qu’on m’aime pour ma culture, mon humour et pour mon cul.
13 h 00 : il y a de la langue-de-bœuf au self. Je n’en mange jamais, alors j’en prends. Cette conne d’Audrey, me fait en lorgnant sur mon plateau :- Beurk, je n’en mange pas, c’est dégueulasse, ça sort de la bouche d’un animal.
- Tu as bien pris un œuf mayo, connasse.
14 h 00 : j’ai ma mère au téléphone. Elle me saoule. Elle veut tout savoir. Tu as acheté ça ? Mais pour quoi faire ? Et il est comment ? Et il est de quelle couleur ? Et tu l’as payé combien ? Quand ma mère me demande le prix que j’ai payé un truc, j’enlève systématiquement 50 % du prix de base pour éviter ses remarques désobligeantes.
14 h 30 : Audrey bavasse avec Soraya de la compta. Deux pétasses ensemble ! Si je n’interviens pas dans certaines conversations entre collègues, c’est parce que je ne trouve pas l’équivalent allégé de « écoute grosse connasse … ».
15 h 15 : une fois, mon ex me dit :- Tu te souviens comment on était heureux il y a trois ans ?
- On ne se connaît que depuis deux ans.
- Voilà.
Quel con. Quand je l’ai jeté, je lui ai quand même dit que je lui souhaitais d’obtenir tout ce qu’il désire dans la vie. Mais par voie rectale.
15 h 20 : une autre anecdote d’un ex d’avant mon ex qui me revient à l’esprit. Alors que j’étais sans nouvelles de lui depuis plusieurs jours, je le croise dans la rue au bras d’une fille. Il me regarde interloqué. Et la mémoire lui revient. Il avait oublié de me quitter.
16 h 00 : je m’aperçois que ça fait trois semaines que je n’ai pas vu ma copine Bérengère. Je réalise que son chien Spéculoos me manque plus qu’elle.
17 h 30 : j’ai rendez-vous chez le médecin. Je lui explique que j’ai une légère lourdeur à l’estomac. Il me répond, l’air très sérieux, « c’est un oxymore ». Je le regarde et lui dit, « C’est grave Docteur ? ».
18 h 15 : je rentre chez moi. Vous avez remarqué ? L’envie de faire pipi se multiplie toujours par 1000, lorsqu’on cherche nos clés dans notre sac à main.
18 h 30 : j’ai fait mes comptes. C’est la promesse que j’ai faite à mon banquier, la dernière fois qu’il m’a convoquée. Certains prennent rendez-vous à la banque, moi, j’attends qu’ils me convoquent. Une fois, j’ai joué à cache-cache avec mon banquier. Et à chaque fois qu’il me trouvait, il criait « découvert ».
Je ne comprends pas. On doit être sûrement plusieurs à utiliser mon compte bancaire. Ce n’est pas possible autrement.
Bon, je me suis un peu lâchée le mois dernier pour les soldes d’hiver. Faire les soldes, c’est comme se faire draguer quand tu es bourrée. Tu finis toujours avec des trucs que tu n’aurais jamais ramenés à la maison, dans des conditions normales.
Après vérification de mon compte bancaire, finalement, j’ai assez d’argent pour vivre confortablement pour le reste de ma vie. Enfin, si je meurs la semaine prochaine.
18 h 45 : je décide d’aller sonner chez les voisins du dessus pour leur dire qu’ils calment leur gamin qui gueule tout le temps et tape du pied. Ils me répondent qu’ils vont essayer, mais que ce n’est pas gagné parce qu’il est hyperactif. Je leur dis que non, il n’est pas hyperactif, il est juste insolent, con et mal élevé.
19 h 00 : repassage suite au vidage du lave-linge de la veille. Si ça se trouve, les planches à repasser sont d’anciennes planches de surf qui ont abandonné leurs rêves et ont trouvé un vrai boulot.
Parfois, tout ce qu’une femme désire, c’est qu’un mec la jette sauvagement sur le lit et qu’il nettoie l’appart, qu’il fasse le repassage, pendant qu’elle se repose.
Mon ex, j’ai essayé de lui apprendre à repasser. Un échec ! J’ai usé de pédagogie pourtant :- C’est simple, tu attends que ça soit chaud et humide, puis tu appuies là, et là aussi. Tu vas et tu viens. Tu vas et tu viennnns. Oui, encore… Ah oui !!! Comme ça !!! Tu vois chéri, c’est simple le repassage.
Mon ex ! C’est dingue comme certaines personnes peuvent embellir votre journée, en n'étant juste pas là !
20 h 00 : je m’escrime à ouvrir, une putain de boîte de conserve. Des haricots verts extra-fins. Le gros connard qui a inventé l’ouverture facile, c’est à coup sûr le même qui a collé tout le début des rouleaux de PQ.
20 h 05 : j’ai acheté la crème « Goodbye cellulite ». Depuis une semaine, je me tartine les fesses avec. Force est de constater que la cellulite ne comprend pas l’anglais.
21 h 00 : rien à la télé ! Les gens pensent que je suis folle parce que je parle à mon chat. D’accord ! Et qu’est-ce que je suis censée faire hein ? Je l’ignore quand il me pose une question ?
21 h 30 : l’autre soir, je me suis dit, Lisa, tu ne boiras pas. Heureusement, je ne me prénomme pas Lisa. Noyer son chagrin dans l’alcool pour oublier son ex, c’est bien. Noyer son ex dans l’alcool pour oublier son chagrin, c’est mieux je pense.
22 h 00 : je comate devant la chaîne National Geographic. Parfois, je rêve de poser ma tête sur une épaule rassurante et virile. Et puis, je pense à mon oreiller qui ne me demande jamais ce qu’on bouffe le soir, qui ne ronfle pas, qui ne sent pas des pieds et qui ne me fait jamais chier ? Alors, je vais l’étreindre avec tendresse. Dormir, c’est trop bien. Personne ne te parle, personne ne t'emmerde, t’as chaud. C’est même surprenant que ça soit gratuit.
22 h 45 : je rêve d’une folle nuit d’amour. Enfin d’une folle nuit. Enfin d’une nuit quoi… Laissez tomber, je vais me coucher.
23 h 55 : je m’éveille en sursaut ! J’ai fait un mauvais rêve. On me disait dans ce rêve que les opposés s’attirent. C’est vraiment chiant, parce que je suis belle, drôle et intelligente.
MERCREDI 9 février 2022.
7 h 17 : j’ai le regret de vous annoncer le décès de mon radio réveil à l’âge de 7 h 15, foudroyé dans un terrible accident, contre un mur.
Il n’a pas eu une vie facile. Souvent, je me réveillais dans la nuit et je le secouais en lui criant « alors connard, ça fait quel effet ? Hein connard ».
7 h 30 : sur une échelle de 1 à 10, à quel point je suis fatiguée aujourd’hui ? Une échelle ? Il n’y a pas un escalator ou un ascenseur ?
7 h 31 : sur l’échelle de la bonne humeur de 1 à 10, je suis entre Depardieu devant un Perrier et Poutine devant un char de la Gay Pride.
7 h 33 : aujourd’hui, 55e jour sans sexe, j’ai couru autour de mon canapé avec une paire de tongs aux pieds pour me rappeler le bruit d’une levrette.
7 h 35 : dans ma salle de bain, les cernes toujours ! La beauté intérieure, ça compte, mais il va un jour falloir que je règle ce problème de cernes définitivement. Et puis c’est inutile d’être belle à l’intérieur, si personne n’y entre !
9 h 30 : je suis en retard. Putain d’embouteillages. Certains livres méritent d’être relus afin d'être redécouverts. À ce titre, j’ai des pistes de relecture à vous proposer : Camus ? Zola ? Châteaubriant ? Tolstoï ? Non ! Je conseillerais aux automobilistes parisiens l’émouvant « code de la route ». Je crois, par exemple, que le clignotant, c’est le clito des voitures. Tout le monde en a entendu parler, mais seule une poignée d’élus sait où le trouver et comment s’en servir.
9 h 33 : les voitures parlent maintenant. Bon, elles ne disent que des conneries en général. Parfois, c’est utile tout de même. En fait, tu ne te rends vraiment compte du poids de ton sac à main, que quand ta bagnole te dit que ton passager n’a pas mis sa ceinture.
9 h 35 : une petite lampe d’Aladin rouge s’est allumée sur mon tableau de bord. Je ne sais pas trop ce que c’est, mais j’ai fait un vœu, je sens que finalement, c’est mon jour de chance aujourd’hui.
En parlant de livres, parfois, je m’ennuie le week-end, je vais à la FNAC, je m’installe à une table et je dédicace des livres qui ne sont pas de moi. Les gens sont contents.
9 h 45 : toujours dans les embouteillages. Ce soir, je suis invitée à une fête. Je sens que je vais conclure. Enfin, c’est le vœu que j’ai formulé à Aladin et sa loupiotte magique.
9 h 50 : la cheffe me prend la tête parce que je suis en retard :- T’es en retard Nina !
- Bah, nan, c’est ma couette qui a encore essayé de me séquestrer.
J’aime la relation que j’ai avec mon lit. Aucun engagement, on ne fait que dormir ensemble, et surtout… Il ferme sa gueule !
11 h 00 : Audrey trouve que mon pull est moche. Mouais, mais contrairement à ta tête, moi mon pull, je peux l’enlever (connasse).
13 h 00 : l’autre conne d’Audrey me gonfle en mangeant sa salade composée avec ses conversations de célibataire. Comme si j’avais besoin qu’on me le rappelle sans arrêt. Quelle connasse vraiment !
- Je veux un mec droit, qu’elle me dit. Ouvert, qui a les pieds sur terre, qui se plie à mes désirs.
- Tape-toi un parasol, que je lui réponds.
Moi, je mange mon taboulé. On peut rire de tout, mais pas en mangeant de la semoule. Depuis, elle me fait la gueule.
15 h 00 : mon collègue Philémon, dit Tête de bite, vient me parler. Quelle plaie ! On sait qu’un homme va dire un truc intelligent, quand il commence sa phrase par « ma femme m’a dit que… ».
15 h 30 : Audrey ne me fait plus la gueule, elle me parle à nouveau. Enfin, elle parle dans le vide. Je n’écoute pas ses jacasseries. Je lui réponds « si tu le dis », expression signifiant « je sais que tu as tort, mais j’ai la flemme d’argumenter ».
16 h 00 : si jamais quelqu’un a envie de faire un cunnilingus, je fournis la chatte.
17 h 00 : j’ai gardé mon neveu (5 ans) la semaine dernière. Je le laisse dix minutes avec l’IPad et je me retrouve inscrite à 230 newsletters, j’ai 400 euros d’applis téléchargées et je suis en réunion zoom avec Oui Oui et ses amis.
18 h 30 : malgré l’état de mes comptes, je suis allée faire un peu de shopping. Mon ex disait toujours qu’avec moi, il avait trouvé le point G, la dernière lettre de shopping. Sans déconner, je dois trouver le truc hyper sexy qui va me mettre en valeur ce soir pour la soirée. J’ai bien trouvé un truc… Sexy et qui ne fait pas trop pute… Enfin bon, on verra… J’ai aussi essayé un string en dentelle. Il me boudine. Je regarde l’étiquette « made in China ». Les chinoises sont vraiment mal foutue. Je le repose.
La conne de caissière me demande si j’ai la carte du magasin. Je lui réponds « Pourquoi ? C’est si grand que ça ? ». Elle me regarde la bouche ouverte sans comprendre.
20 h 00 : je pars pour la teuf. Je croise mon voisin de palier dans l’escalier. Il est bizarre. Il panique à l’idée d’un nouveau confinement. La semaine dernière, je l’ai vu en parler à son chien sur le palier. Ridicule ! J’ai raconté ça à mon chat en rentrant. On était morts de rire.
20 h 30 : j’arrive chez la copine où il y a la teuf. Après ces mois de Covid, je suis excitée comme un acarien au salon de la moquette.
21 h 00 : conseil beauté : en soirée, assieds-toi toujours à côté d’une moche.
21 h 30 : il y a un mec qui me drague ! Et c’est qui la bonasse ? Hein, c’est qui ? C’est Nina !
22 h 00 : le mec a de la conversation, mais… il y en a un autre qui me drague aussi. Le genre musclé, belle gueule, grande gueule… Un peu con… Mais musclé et belle gueule. Je ne sais que choisir. Si tu hésites entre deux mecs, prends le second. C’est sûrement parce que le premier a moins d’arguments, sinon tu n’aurais pas hésité. Je penche donc pour Mr Muscle/3.5 neurones.
22 h 30 : je trouve que l’état d’ébriété est un beau pays.
22 h 45 : il me demande avec combien de mecs, j’ai couché avant lui. C’est pour dire s’il a de l’esprit et de la conversation !
- Je ne sais pas quinze peut-être. Pourquoi ?
- Avec moi, ça fera seize alors. Ce n’est pas beaucoup, je pensais plus.
Oh, eh, ce n’est pas une compet, il n’y a aucun record à battre. Et puis, on n’a pas encore couché encore qu’il se compte déjà dans le lot. Je lui réponds :- Oui, c’était une petite journée aujourd’hui.
Il ne percute pas. Il continue :- Au lit, tu préfères être dessus ou dessous ?
- Pourquoi ? Tu as des lits superposés ?
Puis je rajoute :- On devrait faire l’amour, mais pas ensemble.
Putain, il a une sacrée conversation ce type. À part le cul, hein, il y a quoi ? Après le cul, c’est aussi ma motivation première en ce moment. Mais on peut quand même y mettre les formes, parler de choses et d’autres avant. L’amour est dans les prés… liminaires. J’ai tiré le gros lot là. Un champion ! Il est où l’autre qui me draguais avant ? Il est barré… Bon, comme je n’ai pas l’air d’intéresser quelqu’un d’autre, on va se résigner.
22 h 55 : à partir de ce stade et de cette heure, je ne sais plus si j’ai besoin d’un câlin, de trois shots de vodka de plus, de trois mois à l’étranger, ou de 18 heures de sommeil.
23 h 00 : j’ai un peu abusé de la vodka, je crois. Je viens de me rendre compte de ça, parce que je suis en train de pratiquer une fellation dans les WC à l’autre guignol.
23 h 03 : putain, il m’en a mis partout …
23 h 30 : j’ai bu. Trop … J’ai honte. Un peu. L’alcool n’a jamais aidé à résoudre les problèmes C’est sûr… Cela dit, l’eau et le lait non plus. J’ai bu neuf shots de vodka, j’ai mangé un petit four, j’ai été malade avec le petit four. Il devait être périmé surement !
23 h 35 : tout le monde me regarde un léger sourire en coin. Surement pour le fait que j’ai picolé et que j’ai vomi mes tripes, Ok, ce n’est pas glorieux. Personne ne sait que j’ai sucé l’autre à genoux dans les WC, quand même. Nina, tu as la dignité d’une actrice porno ce soir. A moins que l’autre con ne se soit vanté devant tout le monde. Il en est capable. Il est où au fait ? Ah ça pour tenir les cheveux sur le côté pendant une pipe, il y a du monde. Mais quand il s’agit de le faire pendant qu’on vomit, il n’y a plus personne.
JEUDI 10 février 2022 :
2 h 00 : j’ai dessaoulé, je rentre chez moi. Sucer un mec dans les WC, ouh là, j’ai fait fort là. L’alcool a bon dos hein ! Sucer un connard en plus ! Alors qu’il y a des hommes bien aux quatre coins du monde. Malheureusement, la terre est ronde. L’autre qui m’a draguée avant, comment il s’appelait déjà… Cyril… Il avait l’air mieux. Il avait de la conversation au moins. Moins beau gosse, moins musclé, mais sûrement mieux. Mauvais choix ma grande. Le sexe, c’est comme une partie de tarots, si tu as de mauvais partenaires, tu as intérêt à avoir une bonne-main. Enfin, le sexe… Je l’ai juste sucé. Il n’a même pas eu la délicatesse de me prendre debout contre le mur des WC.
Ce n’est pas cette soirée qui va remonter mon moral ! Je suis perdue entre « quelque part » et « je ne sais pas ». J’en ai marre, je suis au bout du rouleau de ma vie de merde. Celui qui dit que souffrir fait grandir est un vrai connard. Je suis sûre que c’est le même qui dit que marcher dans une merde de chien porte bonheur.
Je mets une très mauvaise note à cette journée.
7 h 30 : cinq heures de sommeil. Pfffff quelle soirée de merde ! J’ai tellement la tête dans le cul, que là tout de suite, je n’aimerais pas être une licorne.
7 h 32 : courbiture ! Douleurs de lendemain de soirée. J’ai une gueule de bois à faire bander un ébéniste.
7 h 40 : les filles de la nouvelle génération ne savent plus cuisiner comme leur mère. Par contre, elles savent picoler comme leur père.
Question tronche, ça ne s’arrange pas ! Vu la soirée d’hier, il n’y avait pas de risque que ça s’arrange d’ailleurs. Zéro surprise.
Même le maquillage n’y pourra pas grand-chose aujourd’hui, je le crains. Oh ! Et puis merde, j’y vais comme je suis. À force de vouloir entrer dans le moule, notre vie va devenir tarte. On les emmerde, moi et mes cernes.
Hier soir, la honte quand même. Première soirée depuis des lustres et je me distingue en beauté. Je me bourre la gueule, je suce un mec dans les chiottes. Le tout avant de vomir. Relation de cause à effet ?
Quel con ce mec. Des fois, tu rencontres des gens et tu te dis au premier regard, que tu veux vivre le restant de ta vie sans eux. Et pourtant, je lui ai fait une pipe à celui-là. Va comprendre ! La vie est bizarre, parfois.
Il y avait l’autre ! J’aurais peut-être dû ... Enfin, ce qui est fait est fait.
9 h 00 : j’attends un colis. Le livreur m’appelle et me dit qu’il passera demain entre 8 h 30 et 18 h 30.
Je lui réponds que je bosse et qu’il passe plutôt avant 8 h 30 ou après 18 h 30. À quoi ça sert de se faire livrer chez soi, s’ils passent pendant qu’on n’est pas là ! Puis je lui ai dit pour l’achever que j’habite entre Dunkerque et Perpignan. Je le termine en lui disant que c’est au 27e étage, et que l’ascenseur est en panne. Le paquet, ça doit être le nouveau vibromasseur que je me suis commandé sur Mamalazone, à livrer sous colis discret. J’en ai déjà un de vibro, mais j’en ai commandé un autre un soir de déprime. Je voulais sûrement me persuader que j’avais une vie sexuelle riche avec plein de partenaires différents.
Avec les colis, le délire c’est que tu commandes un truc en Chine. Ça passe par 73 sociétés et sous-traitants à travers le monde. Ça voyage à vélo, en charrette, en train, en avion, à travers 27 pays, 2 continents, le tout sans encombre. Et ça finit par merder à ta porte, parce qu’un livreur ne sonne pas chez toi et balance ton paquet au fond de son camion.
9 h 30 : j’arrive au taf. Audrey me fait :- T’as l’air malade, t’as l’air fatiguée, t’as l’air bizarre !
- Et sinon, je peux être moche tranquille, ou ça se passe comment ?
- …- Et toi, t’as vu ta tronche ? Quand tu te maquilles, on sent la grosse nostalgie des albums de coloriage !
10 h 30 : Audrey me gonfle ! Elle n’arrête pas. Un moulin ! Et les moulins, c’était mieux à vent… J’essaye d’être diplomate. Je ne lui dis pas « mais ferme donc ta gueule grosse conne », je lui dis plutôt « tu gagnerais en séduction si tu cultivais ton côté mystérieux et silencieux ». Elle me dit qu’un mec l’a draguée dans le métro hier soir, mais qu’elle ne parle pas aux inconnus. Si tu ne devais baiser qu’avec les mecs que tu connais… Et puis, je ne comprends pas cette peur des inconnus, c’est idiot ! Moi les gens qui m’ont fait très très mal, je les connaissais très très bien.
10 h 45 : la cheffe râle. Elle râle souvent le matin. Je n’ai jamais compris ceux qui râlaient le matin. Les gens ! Faut râler toute la journée. Faites pas vos feignasses.
11 h 00 : j’ai commencé ma journée en pensant qu’on était vendredi, j’allais bien. Jusqu’au moment où je me suis aperçue qu’on était jeudi seulement.
11 h 30 : quand vous déclarerez vos impôts, pensez bien à déclarer les membres du gouvernement et votre député dans la case « personnes à charge ».
14 h 00 : j’ai toujours dit ce que je pensais. Là, par exemple, je ne pense à rien, et je le dis. Quand on fait un journal, il n’y a pas que les moments intenses à narrer et il y a des moments où il ne se passe pas grand-chose. Il faut aussi être honnête, sans vouloir faire du remplissage.
14 h 15 : la conne d’Audrey se lamente parce qu’elle est célibataire. Je lui dis que moi aussi et que je ne passe pas mon temps à geindre toute la journée. Pourtant, je pourrais ! Je suis mignonne, intelligente, rigolote. En fait, je crois que je suis surqualifiée.
Et puis, mieux vaut un petit canard dans sa baignoire, qu’un gros conard dans son plumard.
14 h 30 : le truc chiant dans un open-space, c’est que même si toi tu ne sais pas ce que tu es en train de faire, les autres le savent. Aujourd’hui, j’ai trop de trucs à faire. Du coup, je ne fais rien.
15 h 00 : ma copine Elodie m’appelle. Sur mon portable, je l’ai mémorisée avec le pseudo de « l’autre garce ». Je vais m’enfermer dans les chiottes. Ma cheffe va encore me gonfler, si je passe trop de temps sur mon téléphone perso devant elle. Elodie me demande ce que je fais pour les vacances cet été. J’hésite entre lui répondre qu’un homme m’emmène aux Seychelles-sur-Mer et qu’on va passer nos journées et nos nuits à faire l’amour, et lui répondre, que je n’ai rien de prévu.
Elle me dit qu’elle part à Saint-Malo avec son nouveau mec. Connasse ! Je lui réponds que la Bretagne, c’est surfait, mais que l’avantage, c’est qu’on peut déjà sortir l’appareil à raclette au mois d’août. Elle me demande des nouvelles de mon mec, alors qu’elle sait très bien qu’on a rompu. Elle fait semblant d’avoir oublié en s’excusant. Un de perdu, dix de retrouvés, que je lui réponds. Je raccroche. Connasse ! Mais occupe-toi de ton cul, vu la superficie, tu as de quoi t’occuper jusqu’à tes vacances à Saint-Malo !
Un de perdu, dix de retrouvés ? Quelle connerie, ça ne marche que pour les kilos ça.
15 h 05 : ma copine Cyrielle m’appelle, « petite pétasse » dans mes contacts. Elle me dit qu’Elodie vient de lui dire, que je suis une grosse conne, que je suis une mal baisée, que si mon mec s’est barré, c’est parce que je l’emmerdais, que ma vie est un gros bordel.
15 h 15 : je fais un SMS à Elodie « grosse connasse, si ma vie t’intrigue autant, viens prendre un café à la maison, je vais te raconter la vérité et tu auras l’air moins conne à raconter n’importe quoi ». Salope, les faux-culs, c’est comme les répondeurs, ça parle toujours quand tu n’es pas là.
15 h 20 : Elodie me répond qu’elle ne comprend pas.
15 h 20 : je réponds dans la foulée : « T’es payée pour critiquer et faire chier le monde ? Ou tu fais du bénévolat ? ».
15 h 35 : Elodie ne me répond pas. Je pense qu’on est fâchées.
16 h 00 : l’autre jour en lisant un livre sur la psycho, je me suis aperçue que je pouvais illustrer chaque trouble mental par un exemple issu, soit de ma famille, soit de mes amis.
17 h 00 : avant Facebook et les réseaux sociaux, on avait une vague idée du nombre de cons sur terre. Aujourd’hui, on a même leurs noms et leurs prénoms. Voilà ce que je me dis en pourrissant le mur de Cyrielle en me faisant passer pour Elodie.
18 h 00 : cinq cents chariots au supermarché et je me farcis toujours celui qui me fait danser la macarena et dont la roue avant imite le bruit de deux cochons qui s’accouplent. Enfin, quand je dis cochons, une truie et un verrat, pas deux humains dégueulasses.
J’ai eu la mauvaise idée de mettre une veste rouge pour venir à Auchan. J’espère qu’ils ne vont pas me faire remplacer Monique ce week-end à la caisse ! Je viens à Auchan maintenant, parce qu’à Carrefour, je suis interdite de séjour depuis que j’ai insulté la connasse à l’accueil avec son badge « je suis là pour vous aider » qui a refusé de venir chez moi faire le ménage le samedi suivant. La menteuse !
18 h 30 : après avoir grillé la place de deux vieux, je suis dans la queue des moins de 10 articles. Et j’en ai 17. C’est le grand frisson. Mon côté rebelle ressort.
18 h 45 : je suis rentrée. Je suis super-fatiguée. En fait, c’est comme être fatiguée, mais avec un masque et une cape.
19 h 00 : je vide mon dressing et je constate que les vêtements d’il y a dix ans me vont encore. Le kif total. Là, je viens d’essayer une écharpe, elle me va comme un gant ! Tiens, si j’essayais mes gants.
19 h 45 : j’ai pris un café allongée ... Sur mon canapé. Je m’en suis foutu partout.
19 h 48 : j’envoie un SMS à ma copine Claire qui est un peu conne (d’ailleurs, c’est « grosse nunuche » dans mon répertoire) : Moi : les sanglots longs des violons de l’automne blessent mon cœur d’une langueur monotone.
Claire : koiMoi : rien, il pleut, je me fais chier.
19 h 50 : j’ai envie de plaquer mon boulot et de parcourir le monde jusqu’à ce que je n’aie plus d’argent ? Je pense être revenue vers 22 heures.
19 h 55 : mon portable sonne. J’entends une voix hyper aigue qui me dit : « Alors grosse salope, tu aimes la bite »« C’est une question ou une affirmation » que je dis.
En fait, je sais que c’est Max. Max c’est un ex d’avant mon ex. Ce con a utilisé une appli pour maquiller sa voix, mais a oublié de masquer son numéro. Max n’est pas une lumière.
Je lui dis que je sais que c’est lui et je l’insulte copieusement. Il raccroche sans dire un mot. Juste avant, j’ai le temps de lui glisser que j’ai couché avec trois de ses potes à l’époque. C’est faux, bien sûr. Pour quatre raisons :1 - en amour, je suis fidèle,2 - je ne suis pas une salope,3 - ce n’est pas comme si je n’avais que ça à faire,4 - et surtout, ses potes étaient encore plus des blaireaux que lui (et je ne suis pas zoophile.).
Je rigole, parce que ça va l’occuper un bon moment de chercher avec lesquels de ses potes j’aurais pu coucher pendant ce temps-là, il ne me brisera pas les boobs.
19 h 57 : mon portable sonne. C’est un mec qui me dit qu’il est d’accord pour m’emmener d’Orléans à Montauban par Blablacar. Je lui dis que c’est une erreur. Il me dit « ah bon ». Je dis oui. On raccroche.
19 h 58 : mon portable sonne encore. Un autre mec veut m’emmener à Montauban par Blablacar. Je lui dis non. Il me demande si je suis bonne et si je suce. Je lui dis que c’est Blablacar par Tinder. Je l’insulte copieusement. Il me dit d’aller me faire mettre. Je lui dis « Toi aussi, mais toi à Montauban ». Je raccroche.
19 h 59 : je vérifie sur Blablacar. Il y a bien un con qui a mis une annonce avec mon numéro. Je sais que c’est Max. Il s’est installé à Montauban depuis six mois. Je peux comprendre pourquoi il fait tout ça. Il doit bien se faire chier à Montauban (ce gugusse !). Il n’y a rien à faire à Montauban. C’est un trou Montauban (1).
20 h 00 : j’appelle la hotline de Blablacar. Je tombe sur une conne qui me dit qu’elle ne peut rien faire avant le lendemain. Je l’insulte copieusement.
20 h 01 : je mets mon portable en silencieux.
20 h 10 : je me fais couler un bain. Je prends des bains à 37 degrés. Je lave mes jeans à 40 degrés. Quelqu’un pourrait me dire pourquoi ce n’est jamais mon cul qui rétrécit ?
20 h 15 : un SMS ! C’est le garçon d’hier. Non pas celui que j’ai sucé, l’autre. Il a dû partir avant que je ne sois complètement bourrée pour me recontacter, sinon, il ne l’aurait pas fait. Il veut qu’on se revoie !!! Oh putain, je n’y crois pas !!! Ouiiii … Après deux petits pas de danse, une roulade avant, après avoir marché sur les mains, fait la roue, je lui réponds.
Demain soir ? Je veux. Un resto ? Plutôt deux fois qu’une !! Ce que je préfère dans les préliminaires, c’est le restaurant.
Avoir choisi le deuxième a failli être l’erreur de ma vie. Finalement, on dirait bien que ça s’arrange.
20 h 25 : un autre SMS ! C’est celui que j’ai sucé. En plus je lui ai filé mon 06. « Tu m’as manquée » qu’il m’écrit. Enfin plutôt « Tu ma manké ». « Oui, je vise mal » que je lui réponds et je le bloque.
20 h 30 : bon, je dois me faire belle pour demain soir. Et le con parmi les lecteurs de ce journal qui dira « Il y a du boulot », je le gifle. En distanciel, mais je le gifle quand même.
Il n’y a que dans les pubs où tu t’épiles les jambes, tranquille. Dans la vraie vie, tu insultes ta mère, la vie, ton chat. Et je ne parle que des jambes. Pour le maillot, je censure mes propos dans ce journal.
21 h 15 : il y a un truc à la télé !! Ça mérite d’être signalé ! Je crois que je vais écrire au CSA. C’est une comédie sentimentale américaine. La fille bute contre un mec en sortant d’un magasin. Le mec est millionnaire, médecin, ex-pompier, il sauve des vies, mais le hasard les sépare. À la fin, ils se retrouvent et ils s’aiment. Le truc débile, mais qui m’a bien fait chialer. S’il y a une grande différence entre un homme et une femme, c’est pour les films. Surtout quand ils disent « j’ai utilisé tout un paquet de kleenex en regardant un film… ».
Toutes les filles veulent une histoire d’amour comme au cinéma. Elles oublient juste que les films durent en moyenne 1 h 30.
C’est comme mon ex, qui me disait toujours quand je regardais Top Chef :- Avec toutes les émissions de cuisine que tu suis, j’ai hâte de voir ce dont tu es capable.
- Avec tous les pornos que tu mates, moi aussi.
De toute façon, c’était un vrai goujat. Un jour, je lui dis alors que j’étais alanguie en porte-jarretelles sur le lit « chéri, je me suis rasée la foufoune, tu te doutes ce que ça signifie ?
- Oui, tu as encore bouché le siphon de la douche.
Connard !
VENDREDI 11 février 2022 :
7 h 30 : on est quel jour que je demande à Médor, mon chat :- On est aujourd’hui, qu’il me répond.
- Ah tant mieux, c’est mon jour préféré.
Ce matin, je ne monte même pas sur l’échelle de 1 à 10.
7 h 35 : sur une échelle de 1 à 10 de l’amour, je suis tombée de l’échelle. Ça fait un peu mal.
C’est décidé, je reste au lit. J’appellerai ma cheffe tout à l’heure, pour lui dire que j’ai des chlamydias ou un truc comme ça. Enfin un truc qui démange. Que je ne peux pas venir, que je pose une de mes cinquante RTT en stock.
8 h 30 : aujourd’hui, j’ai décidé de vivre le moment présent. Comme le disait cette actrice dans « Et Dieu créa la femme », l’avenir, c’est ce qu’on a inventé de mieux pour gâcher le présent. Bon, si le moment présent est déplaisant, je mangerai une tablette de chocolat. En deux fois, la tablette. Il faut savoir raison garder.
9 h 00 : toujours au lit, je pense à Cyril, mon rencard de ce soir, celui que j’ai loupé mercredi. Je pense à mon ex aussi. Il faut savoir reconnaître ses erreurs dans la vie. L’autre jour, je l’ai croisé par hasard (mon ex). Eh bien, je l’ai reconnu. Il a voulu boire un verre pour parler du bon vieux temps. Il m’a encore dit tous ses regrets, qu’il m’aimait encore. Il m’a demandé si moi aussi, je l’aimais encore. Je lui ai dit « Tu es le soleil de mes nuits, inutile et gênant ». J’aime maladroitement peut-être, mais tellement sincèrement. Ce n’est pas le cas de tout le monde.
9 h 15 : Audrey m’appelle. La conne ! Même quand je ne suis pas au boulot, elle me harcèle. Tous les hommes sont pareils, qu’elle se lamente. Je lui réponds :- Je comprends ta déception, mais fallait pas tous les essayer.
Elle me raccroche au nez. Quelle conne !
9 h 20 : je me bouge quand même pour aller au boulot. J’ai eu mauvaise conscience.
10 h 15 : j’arrive au boulot en retard. La cheffe me dit :- Ça fait cinq jours que tu arrives en retard, tu en conclues quoi ?
- Ben, qu’on est vendredi…10 h 30 : j’aurais besoin d’un voyage de noces au Maldives. Mais sans noces, parce que j’ai personne. C’est possible ? Où je dois m’inscrire ? Meetic ? Tinder ? Non pas Tinder ? Le site de Jackie et Michel ? Non merci…La vie est plus facile qu’on ne pense finalement. À partir du moment, où on ne pense pas en fait.
10 h 35 : ne pas penser, j’ai la solution ! Le sport ! Déjà, c’est bon pour ce que j’ai et puis, c’est bon pour… Euh … C’est bon quoi. J’ai commencé par le yoga pour me relaxer. Bon d’accord, je bois des apéros dans la tenue que je mettrais si je faisais du yoga. Mais c’est un début.
Maintenant, je cours. Enfin, disons que j’enfile une tenue fluo et que je vais au parc. Il parait que deux minutes de rire, c’est aussi bon pour la santé que trente minutes de jogging. Je regroupe les deux. Tous les soirs, je vais au parc pour me foutre de la gueule des joggers pendant deux minutes.
Si un jour mon corps était retrouvé sur un parcours de jogging, sachez que j’ai été assassiné ailleurs et déplacée là. Vous pourrez le dire aux flics.
Des études ont montré que si tu fais du sport, que tu manges sainement, que tu ne bois pas d’alcool, tu meurs quand même. En fait, la mort, c’est la vie. Ou l’inverse, je ne sais plus.
Le sport donne le pouvoir de se trouver belle toute nue. Heureusement l’alcool aussi. De toute manière, j’ai arrêté le sport au lycée en terminale, sans patchs, sans acupuncture, sans aide. Juste la volonté.
10 h 40 : un jour, mon prince viendra. Je serai vieille, grosse et moche. Ça sera bien fait pour sa gueule.
11 h 30 : ma mère m’appelle pour me demander ce que je veux pour mon anniversaire le mois prochain. J’ai juste envie de lui répondre, un orgasme, un vrai, avec un mec bien sous tous rapports, gentil, beau et vicieux. Mais c’est ma mère. Je ne peux pas lui répondre ça. Déjà, depuis l’épisode de la cuisine et de la sodomie sur le plan de travail, c’est tendu… Alors, je lui réponds :- Euh, je ne sais pas, un parfum…Je repense au Noël d’il y a deux ans, où j’ai eu une petite table pliante. J’avais demandé une tablette.
12 h 15 : ce matin, j’ai bossé comme une forcenée. La preuve, il me reste 85 % de batterie sur mon portable. Je vais le montrer à ma cheffe.
13 h 00 : j’ai mangé plein de carottes râpées à la cantine, ça rend aimable, bande de débiles.
C’est comme les gens qui me demandent comment je vais, ça m’énerve, je me sens obligée de leur retourner la question. Et sérieux, la réponse ne m’intéresse absolument pas.
13 h 30 : je lance dans l’open space : « Je vais au sex-shop du coin m’acheter un nouveau sex-toys. Quelqu’un veut que je lui ramène un truc ? ». Pas de réponse. Sois aimable et serviable, tout le monde s’en fout !
14 h 05 : il y a un gugusse de chez SFR qui m’appelle pour que je prenne un forfait chez eux. A un moment, il me dit « Je vous entends mal ». Je lui dis « Change d’opérateur connard ». Il a raccroché.
14 h 30 : la cheffe se barre en week-end. On a la paix pour l’après-midi. Je sors mon Vogue et mon Cosmopolitan. D’après une étude très sérieuse …. Les mecs pensent au sexe en moyenne 25 fois par jour. Les filles, 3 fois. Moi, j’dis, c’est des conneries, ça dépend !!! Il m’arrive d’y penser pas loin de 25 fois. Et puis, méfions-nous de ce genre d’études… Mesdemoiselles, si vous n’y pensez qu’une fois par jour, vous êtes normales quand même, vous n’êtes pas des frustrées, ou je ne sais quoi. Si vous y pensez 30 fois, vous n’êtes pas des nymphomanes pour autant. Ce qui est mauvais en fait, ce sont les études, qui soumettent et résument la sexualité à un taux de performance et de réussite. Halte à la dictature des études, des moyennes, des normes…. On essaie de nous faire croire que les enquêtes diverses, les sondages d’opinion sont une émanation anticipatrice de la vérité et de la vraie vie… Mais non !! La vraie vie, c’est la vôtre, celle que vous vivez. Et même si elle n’est pas toujours complètement satisfaisante, c’est ainsi. Votre normalité, c’est celle que vous vous fixez, pas celle qu’on veut vous imposer… Pensez-y autant de fois que vous voulez et concluez autant de fois que vous voulez (pouvez ?) !!
Mais bon, de toute façon, ce n’est pas la quantité qui compte dans l’affaire. Tout le monde sait que dans ce domaine, vaut mieux n’y penser que trois fois et conclure, plutôt que d’y penser 25 fois et finir la journée sans avoir consommé. Enfin, je dis ça, je ne suis pas un bon exemple.
Ce sont vraiment des conneries ! D’après une autre étude très sérieuse, une personne sur deux, ça fait une pyramide aussi !! Tsss.
15 h 00 : grande discussion sur les enfants dans l’open space. Pour une fois, Audrey qui n’en a pas, ferme sa grande gueule. J’aimerais avoir des enfants un jour. Enfin deux ou trois jours maximum. Peut-être que je louerai au lieu d’acheter.
Je n’en loupe pas une. L’autre jour je dis en voyant une photo d’un gosse qui tournait :- Oh, il est moche ce gamin.
- C’est mon fils.
- Ah, désolé, je ne savais pas que vous étiez son père !
- Je suis sa mère.
15 h 05 : j’ai rempli un questionnaire médical pour la médecine du travail, la semaine dernière :Est-ce que vous fumez ?
Est-ce que vous consommez des drogues ?
Avez-vous plusieurs partenaires sexuels ?
J’ai mis non, partout. Et c’est là que je me suis dit que j’avais une vie de merde.
15 h 15 : dans Vogue, encore une étude récente : 95 % des femmes deviennent chiantes, tout simplement parce qu’on les fait chier. Je suis assez d’accord. Quand on me gonfle, moi, je réponds en général « vas te faire foutre sale con ». Ça colle avec tout.
15 h 20 : Philémon (dit tête de bite), vient se mêler de la conversation sur les enfants. Il critique les choix de sa femme sur l’éducation des siens. Je lui dis :- Ne critique pas des choix de ta femme, tu en es un à la base !
Ça lui en bouche un coin. Il n’avait pas vu les choses sous cet angle-là.
17 h 00 : j’ai commencé en retard ce matin, donc je pars en avance.
À peine sortie, à l’arrêt de bus, un mec m’aborde. Il me dit qu’il a l’impression de me connaître, qu’on s’est déjà vus quelque part. Il me drague l’air de rien ce con, alors que sa meuf est à deux mètres ! Quand ce genre de mec dit m’avoir déjà vu quelque part, je lui réponds que je suis actrice porno. Moment de gêne assuré. Surtout si sa copine est là.
17 h 02 : il me dit « fé froi hin ? », alors que sa meuf est toujours là, mais lui fait la gueule.
Je ne réponds pas. Solidaire avec la meuf. J’aime bien faire la gueule et ignorer les gens. Au début, je croyais que j’étais juste de la mauvaise humeur. Mais comme ça fait longtemps et que c’est tout le temps, peut-être que c’est mon caractère finalement ! Ou bien, c’est parce que je n’aime pas les gens ! Faut dire, les gens c’est un peu idiot parfois.
Ah les gens ! Un exemple tout bête… En été, ces cons disent « je meurs de chaud » ou « je meurs de soif ». Et ils ne meurent pas. Et ils sont toujours là à vous emmerder en février avec « je meurs de froid ».
Pareil pour ceux qui mettent leur piscine en photo sur Facebook. Bande de cons. Là, en février, ils ne mettent pas la photo de leur chaudière à gaz ces blaireaux !
De toute façon, il faut toujours faire attention à ce que l’on met sur les réseaux sociaux. Ça pourrait vexer quelqu’un dont on a rien à foutre.
Facebook, c’est nul de toute façon. Et puis j’ai du mal avec ce concept d’amis Facebook. Déjà que les vrais amis, dans la vie… De toute façon les vrais amis, c’est ceux qui vous connaissent bien et qui vous aiment quand même. Ne vous faites aucune illusion avec vos 1200 amis Facebook. Jésus en avait 12 seulement et il a été trahi.
Quand on se met en couple, on partage des choses très vite. On a une voiture en commun par exemple, un compte bancaire en commun aussi, mais les réseaux sociaux échappent à la règle :- Chéri, je prends la voiture !!
- Ok !
- Chéri, je vais faire les courses, je prends ta CB dans ta poche.
- Ok !
- Chéri, je vais sur ton Facebook.
- NANNNNN !
On n’a jamais de Facebook de couple ? Pourquoi à votre avis ?
19 h 15 : j’arrive à mon rencard avec Cyril avec un retard de 15 minutes. À l’heure donc. Il est là. Il est bien finalement.
Samedi 12 février 2022.
9 h 00 : je me réveille. Il est toujours là, contre moi. On a dîné hier, super resto. Il m’a ramenée jusqu’à ma porte. Je l’ai invité à boire un dernier verre. J’ai fait attention de rester sobre (au niveau du langage), pas de petites phrases dans le genre, « enlève ton caleçon, c’est l’heure de mon dessert ». Il m’a fait l’amour trois fois de suite. Comme on dit, « bises à minuit, baise toute la nuit ». Il a été tendre, puis pas tendre, puis il m’a défoncée. Le kif ! Puis on s’est endormi. Les coups de foudre sont souvent suivis de coups de reins !
9 h 30 : je suis amoureuse, je crois. Finalement, je vais fêter cette Saint-Valentin quand même.
9 h 35 : je fous cette connerie de journal à la con à la poubelle. Je préfère vivre le grand amour de ma vie sans vous.
Bande de voyeurs, bande de cons !
(1) L’autrice précise que cet avis n’engage que Nina Baudelaire. L’autrice n’a rien contre Montauban. Elle n’y est jamais allée. Il fallait bien choisir une ville pour l’histoire. Rien de personnel donc, si vous êtes de Montauban. Cela aurait pu tout aussi bien tomber sur LA Flèche, Chalons sur Marne, Gap ou encore Marmande.
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