Le voyeur
Récit érotique écrit par Philus [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 17-10-2021 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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Le voyeur
(Lire auparavant « Le candauliste » 1 et 2)
Douze ans s’étaient écoulés depuis l’enfermement d’Hugo en hôpital psychiatrique et l’oblature de Juliette chez les Sœurs de la Mansuétude à Nancy. En ce jour brumeux de novembre Juliette, vêtue de son habit de noviciat qu’elle ne quittait plus depuis plus d’une décennie, avait renoncé aux murs protecteurs du couvent pour ceux non moins rassurants de l’église Notre-Dame-de-Lourdes. Son mari était décédé à l’asile sans jamais avoir recouvré la raison et elle allait l’accompagner à sa dernière demeure dans le caveau familial où étaient déjà inhumés son père depuis de nombreuses années et sa mère, emportée par une crise cardiaque trois ans seulement après l’internement de son fils. Les parents de Juliette étaient quant à eux encore en vie, mais ils n’avaient jamais bien compris la retraite monastique de leur fille et celle-ci ne les voyait plus guère.
À la fin de la cérémonie funèbre Juliette, unique membre de la famille d’Hugo, resta à la porte du cimetière pour les condoléances d’usage des vagues connaissances et bigots qui étaient venus assister aux obsèques. En remarquant l’habit religieux, la plupart imaginaient qu’elle était une lointaine cousine d’Hugo, mais peu d’entre eux savaient en réalité qu’elle en était sa veuve. Elle se retrouva finalement seule, puis les larmes aux yeux repartit doucement à pied. Elle suivait toutefois un but bien précis, car parvenue à l’église, Juliette se dirigea tout droit vers le curé qui rangeait quelques affaires sur l’autel.
— Pardonnez-moi, mon père, l’interpela-t-elle à mi-voix.
L’homme d’Église se retourna.
— Que puis-je pour vous, ma sœur ?
— Je voudrais me confesser.
— Vous ne pouvez pas attendre le passage de l’aumônier au couvent ? questionna-t-il d’un ton affable.
— D’habitude, c’est ce que je fais, mais là, c’est un peu particulier, s’excusa-t-elle.
— Soit, venez donc avec moi.
Délaissant son autel, le curé Lessellier se dirigea vers l’un des confessionnaux suivi de Juliette l’air résolu. Ils y pénétrèrent à la place qui leur était dédiée et le prêtre accorda la bénédiction d’usage. Il se recueillit quelques secondes et murmura :
— Je vous écoute, ma sœur.
— Vous savez que j’étais mariée à l’homme que nous venons de remettre entre les mains de notre Seigneur, commença Juliette. Tant que c’était le cas, je ne pouvais prétendre au statut de religieuse et devais me contenter de l’oblature. Le décès de mon époux m’autorise à quitter cet éternel noviciat pour un engagement plus formel.
— Oui, c’est exact, mais nous aurions pu en parler en dehors du cadre de la confession, fit remarquer Lessellier.
— J’y viens mon père, car je suis hésitante et si je suis indécise c’est parce que j’ai péché.
— Dites-moi ma sœur.
— Souvent, la nuit dans ma cellule, le démon de la chair me rend visite et je ne peux lui résister.
Le curé se rapprocha de la grille et souffla :
— Que faites-vous alors ?
Gênée, Juliette rougit et baissa les yeux.
— Je laisse ma main glisser vers mon intimité, je ne la remonte qu’après avoir donné à l’esprit immonde ce qu’il désire.
— Dieu nous a créés ainsi. L’enveloppe charnelle que nous revêtons sur cette terre ne doit pas occulter l’adoration que nous Lui devons. Aidez-vous de Son amour pour chasser les mauvaises pensées qui vous assaillent. Ce démon vient-il vous rendre visite souvent ?
— Malheureusement oui, et parfois plusieurs fois par nuit et même…
Juliette se tut.
— Et même ? reprit le curé.
— Je n’ose pas, lâcha Juliette.
— Vous n’ignorez pas que par mon intermédiaire, c’est à Dieu que vous vous adressez. Or Dieu sait déjà ce que vous omettez, Il n’attend qu’une chose, c’est de l’entendre de votre propre voix ainsi que votre repentir.
— Parfois… pendant la journée, j’ai un regard lubrique sur mes sœurs… finit par avouer Juliette en se cachant le visage des deux mains.
— Votre indécision quant à vos futurs vœux prouve que vous êtes consciente de vos péchés. Pécher c’est une chose, s’en rendre compte et se repentir c’en est une autre. C’est la raison pour laquelle Dieu vous donne l’absolution, conclut le curé.
Il traça en l’air un signe de croix en murmurant quelques mots.
— Je ne vous impose pas de pénitence ni vous accorde de blanc-seing. C’est à vous de voir la conduite que vous devez tenir, mais je vous conseillerais de vous éloigner du couvent pour une période à convenir avec la mère supérieure. Retournez à une vie laïque, les raisons pour lesquelles vous aviez embrassé l’oblature se sont peut-être émoussées. Mais surtout priez, priez et Dieu saura vous guider dans votre choix.
— Merci mon père, répondit Juliette en se retirant, quelque peu soulagée.
Avant de rentrer au couvent, Juliette rencontra le tuteur des biens d’Hugo déclaré incapable majeur. Celui-ci, homme d’une intégrité irréprochable, lui donna le nom et l’adresse du notaire chargé de la succession. Hugo était fils unique, sans enfants, ses deux parents décédés, Juliette était donc héritière à part entière. L’appartement qu’elle et son mari occupaient avait été mis en location, mais on pouvait donner congé au locataire moyennant un préavis. Les formalités accomplies, Juliette rentra juste pour les complies, puis dîna frugalement et rejoignit sa cellule avant de se coucher après une ultime prière.
*
— Il a fallu que tu ailles tout raconter au cureton, poufiasse ! lui reprocha violemment un diable cornu dont le visage était justement celui de Lessellier.
Juliette désira parler, mais les mots ne parvenaient pas franchir le seuil de sa bouche.
— Allons ! Montre-moi comment tu vas la branler ta moulasse ce soir !
— Je… ne… veux… pas, réussit à articuler la jeune femme.
— Oh ! Si ! Tu veux, rugit le démon.
Le visage du curé disparut, aussitôt remplacé par une tête de bouc noire veinée de rouge. Des flammes et de la fumée jaillirent de ses naseaux et sa queue pointue darda Juliette, menaçante.
— Regarde, je t’ai mâché le travail ! J’ai mouillé toute ta foufoune…
Juliette se réveilla en sursaut, son cœur battait à tout rompre. Elle était couchée sur le dos et instinctivement elle porta la main à son entrejambe, la bête avait dit vrai ; sa vulve, son périnée, ses cuisses, ses poils pubiens même, étaient trempés. Vaincue, elle approcha le médius de son clitoris en soupirant. Soulevant légèrement le capuchon, elle trouva facilement la partie la plus sensible du petit bouton rose et fit tournoyer la pulpe de son doigt tout autour pendant quelques minutes. Un spasme lui provoqua soudain un frisson des pieds à la tête tandis que la cyprine coulait à flots. Lâchant provisoirement son clitoris, Juliette raidit trois doigts et pénétra profondément son vagin. Elle se mordit le poing pour ne pas réveiller ses consœurs de ses cris de volupté. Enfin, une idée sans doute insufflée par le « démon-Lessellier », lui passa par le ventre. Elle se retourna, pinça l’oreiller de ses dents, conserva trois doigts dans sa vulve et, de son autre main, fourra l’index et le médius dans son rectum. Quelques mouvements plus tard, un éblouissement extraordinaire la frappa, son vagin et son anus se contractèrent avec force et sa plainte rauque, quasi inhumaine, se perdit dans son traversin. L’ouragan passé, elle se retira doucement de ses parties les plus intimes de son corps, puis se remit sur le dos, essoufflée. Peu après, elle avait remonté sa couverture jusqu’au menton et ses deux mains qui la cramponnaient diffusaient sous son nez le parfum sulfureux de son plaisir démoniaque.
— Seigneur ! Aidez-moi, Seigneur ! Je vous en prie ! lâcha-t-elle, le cœur encore battant de son violent orgasme.
*
Le démon ne revint pas et le lendemain matin, Juliette avait pris sa décision. Elle allait suivre le conseil du curé et demander un congé de six mois avant d’opter pour une résolution définitive. Soit elle retournera à la vie laïque dans la plus pure foi catholique toutefois, soit elle prononcera définitivement ses vœux. La mère supérieure comprit immédiatement la situation et lui accorda ce congé.
— Sachez que si vous décidez de parfaire votre vocation, nous vous accueillerons à bras ouverts dans notre communauté comme nous l’avons fait il y a douze ans. Je prierai le Seigneur afin qu’il vous aide à y voir clair en vous, déclara-t-elle pour clore l’entretien.
— Merci mère Marie-Thérèse.
Juliette embrassa la main de la supérieure du couvent et sortit.
Elle devait maintenant trouver son futur lieu d’habitation. Certes, elle possédait déjà l’appartement qu’elle habitait avec Hugo, mais il était loué et un préavis était nécessaire si elle voulait le récupérer. De plus, elle devrait récupérer ses meubles qui étaient en garde-meubles ; que de temps perdu qu’elle devrait passer à l’hôtel ! Enfin, Juliette ne pouvait présumer de sa décision une fois le délai de six mois achevé. Si elle retournait au couvent, elle aurait congédié le locataire pour rien. Elle se confia au père Lessellier qui lui trouva une solution. Sa mère, veuve, occupait un logement dont elle était propriétaire et Lessellier en avait hérité à son décès. Il était meublé et le proposa à Juliette pour le temps qu’elle voudra. Juliette se confondit en remerciements.
Lessellier emmena Juliette dans sa petite voiture jusqu’à un immeuble d’apparence vétuste, rue de Mars la tour. Ils grimpèrent un escalier ancien, bien entretenu toutefois, et s’arrêtèrent au premier étage. Deux portes donnaient sur le palier ; le curé sortit des clés de sa poche et entreprit d’ouvrir celle de droite. Il présenta rapidement l’appartement à Juliette.
— Gardez-le le temps que vous voudrez, je n’en ai pas besoin pour l’instant.
Juste avant de quitter Juliette, Lessellier sembla se remémorer un détail important et ajouta :
— J’oubliais de vous dire, derrière le lit de la chambre, il y a un dressing auquel vous n’aurez pas accès. Depuis que ma mère est décédée, j’y ai entassé une tonne de choses et c’est devenu un vrai fatras que j’ai condamné.
— Rassurez-vous, mon père, j’ai trop peu d’habits pour avoir besoin d’un dressing, répondit Juliette en souriant.
— Alors bonne installation et donnez-moi de vos nouvelles.
Juliette salua et remercia à nouveau le curé puis, quand elle fut seule, ferma la porte à clé. Elle prit sa valise qu’elle avait laissée dans l’entrée et retourna dans la chambre ranger ses affaires dans une armoire. Elle se tourna ensuite vers le lit dont elle savoura d’avance la largeur, elle qui s’était contentée d’une étroite couche pendant tant d’années. Au-dessus des oreillers, son image se reflétait dans un miroir ancien imposant doté d’une moulure tarabiscotée en plâtre doré. À droite se trouvait la porte du dressing. La chambre était agréable et claire, Juliette ne put s’empêcher de la comparer avec la cellule sombre de son couvent.
Elle acheta de quoi déjeuner rapidement puis rendit visite au tuteur d’Hugo afin de régler quelques affaires. Elle retrouvait sa vie « d’avant » dont elle ne tirait que les bons souvenirs, occultant tout ce qui était arrivé entre l’accident qu’elle avait eu avec son mari et son entrée dans les ordres. Elle se sentait bien et flâna tout l’après-midi dans cette ville qu’elle avait cru avoir oubliée. Le soir, elle dîna de peu et, après quelques prières et lectures saintes, pénétra avec délice dans le grand lit. Elle s’endormit très vite, l’esprit serein.
— Alors grosse pute ! Comment vas-tu t’astiquer la fente ce soir ? rugit le démon.
Juliette voulut crier, mais elle ne put sortir un son.
— T’as trop chaud sous cette couette ! T’as plus l’habitude depuis le temps que tu te gèles les miches au couvent ! Ha ! Ha ! Ha ! Regarde, t’as les nénés trempés, les dessous de bras et même la raie du cul ! Fais quelque chose putain ! vociféra le démon noir et rouge en s’esclaffant.
Juliette s’éveilla en criant, se redressa vivement sur son lit et alluma la lampe de chevet. Elle était en sueur. Elle repoussa le duvet et ôta sa chemise de nuit en tissu épais pour se retrouver nue allongée sur le dos. L’air frais lui effleura la peau. En soupirant, elle tenta de tout son être de résister au démon, mais se trouva tout un tas de bonnes raisons de ne pas le faire. Résolue, elle glissa rapidement le médius dans sa toison pubienne et celui-ci disparut, happé par la vulve affamée. De son pouce, elle caressa vivement son bouton rose qui ne demandait que ça. Une nouvelle idée, sans doute suggérée par le diable lui-même, lui fit faire demi-tour, aussi se retrouva-t-elle les jambes écartées face au miroir ancien. Son regard fut immédiatement attiré par son entrejambe qu’elle voyait pour la première fois sous cet angle. Juliette frémit de tout son corps en remplaçant l’unique doigt qui se trouvait dans son vagin par deux autres très impatients tout en maintenant la sollicitation du clitoris. Elle se mit soudain à pousser de violents soupirs et devina l’orgasme poindre au creux de ses reins, surtout quand elle s’imagina contempler une sœur du couvent devant elle au lieu de son reflet.
Contrairement à ce que pensait Juliette, elle n’était pas seule à profiter du spectacle. De l’autre côté du miroir, le père Lessellier, assis sur un fauteuil, ne perdait pas une miette de la masturbation que Juliette lui offrait sans le savoir. Tandis qu’un ordinateur enregistrait ce qui se passait dans la chambre par l’intermédiaire d’une mini caméra, le curé observait tout par la glace sans tain. Les traits décomposés, le pantalon et le caleçon au-dessus des chevilles, Lesselier branlait en ahanant, une bite de belle taille dressée sur des bourses volumineuses.
De son côté, Juliette continuait ses caresses effrénées quand soudain son bassin se mit à tressauter comme un poisson sorti de l’eau. Elle hurla son plaisir décuplé par le visage éperdu d’orgasme qu’elle voyait face à elle. Dans le même temps, le curé se leva et, le pantalon sur les chevilles, se colla au miroir. Il lécha la vitre comme s’il suçait la nymphe de Juliette et éjacula sur la vitre un sperme épais et blanc. Le curé étouffa ses cris et laissa sa verge cracher plusieurs fois. Chacun reprit son souffle puis les deux protagonistes fermèrent les yeux sur leur jouissance assouvie. Reprenant leur place, ils s’endormirent doucement si près et si loin de l’autre à la fois.
Lesselier se réveilla le premier vers quatre heures du matin. Rapidement, il quitta son fauteuil, récupéra la carte mémoire dans l’ordinateur et sortit dans un couloir annexe par la porte arrière du dressing. Juliette, que plus de dix années de discipline monastique avaient formatée, s’éveilla une heure plus tard. Elle se remémora avec délice sa masturbation de la nuit en souriant. Elle regretta aussitôt son sourire, car le chemin du couvent semblait s’éloigner.
*
Un mois s’était écoulé depuis l’enterrement d’Hugo quand un lundi, vers dix-huit heures :
— Sœur Marie-Angèle ! s’écria Juliette lorsqu’elle ouvrit la porte de son logement après un coup de sonnette bref et discret.
Toute de noir et de blanc vêtue, la femme ainsi nommée paraissait avoir une trentaine d’années. Petite, le sourire éclatant et les yeux pétillants, elle répondit :
— Tu sais, appelle-moi Audrey. Ici, nous ne sommes pas au couvent ni en mission.
— Tu as raison… Audrey, convint Juliette en se jetant dans les bras de son amie.
Les deux femmes s’assirent sur le canapé l’une à côté de l’autre.
— J’avais vraiment envie de te voir, continua Audrey. Comment t’en sors-tu ? Penses-tu revenir bientôt ? Mère Marie-Thérèse nous a informées que tu t’accordais quelque temps de réflexion avant de réintégrer le couvent, c’est elle qui m’a dit où tu habitais.
— Si j’y reviens ! Tu sais, j’ai vite repris goût à cette vie que je croyais avoir oubliée. Je suis seule maintenant alors je suis prête pour un nouveau départ. Dans la vie laïque ou religieuse, là est la question et je n’ai toujours pas tranché.
— Dis-moi, fit Audrey en rougissant, as-tu déjà rencontré quelqu’un avec qui… tu aurais… enfin, tu vois ce que je veux dire ?
Juliette partit à rire.
— Oh ! Non, je ne suis pas encore prête pour ça.
— Pas forcément un homme, mais au couvent j’avais bien l’impression que tu me regardais, ainsi que certaines de nos sœurs, d’une façon non équivoque.
Juliette baissa les yeux, confuse de s’être fait remarquer à ce sujet.
— Je ne pensais pas que tu m’avais devinée, avoua-t-elle dans un souffle. Je constate que je me suis trompée. Les hommes, pour moi c’est du passé dorénavant, mais quoiqu’il en soit, le couvent n’est pas l’endroit propice pour développer de tels péchés.
Audrey se rapprocha doucement de son amie, puis ôta sa coiffe et sa guimpe. Ses cheveux blonds et courts apparurent et Audrey les chiffonna rapidement afin qu’ils reprissent un peu de volume. Elle se tourna vers Juliette soudain devenue muette et approcha ses lèvres.
— En revanche, ici c’est le lieu idéal, déclara-t-elle en se jetant fougueusement sur la bouche déjà entrouverte de Juliette qui appelait le baiser de tous ses vœux.
Juliette ferma les yeux et savourait la douceur et le parfum de la langue de son amie. Elle sentit qu’il se passait des choses dans son bas-ventre surtout quand Audrey glissa un doigt entre ses cuisses par-dessus le pantalon.
— Tu veux bien me faire visiter ta chambre, souffla Audrey d’une voix blanchie par le désir.
Juliette se leva et, sans un mot, prit Audrey par la main. Elle l’accompagna jusqu’à son lit et sans plus attendre, se déshabilla lentement devant elle. Audrey ne perdait pas une miette du spectacle.
Quelqu’un d’autre toutefois profitait de la séance. Fort du secret révélé par Juliette en confession et connaissant les tendances saphiques de sœur Marie-Angèle, Lessellier avait demandé à cette dernière de venir régulièrement chez Juliette pour qu’elle se sente moins seule. Audrey, que l’idée de faire l’amour avec une belle femme intéressait toujours, avait accepté sa mission avec grâce et lui avait communiqué l’heure du rendez-vous. Elle ne pensait pas que Juliette se laisserait faire aussi facilement. En revanche, elle était à mille lieues de deviner que le curé les observait avec lubricité derrière une glace sans tain. La caméra et l’ordinateur tournaient en même temps que Lessellier commençait à se caresser doucement le gland.
Pendant ce temps, Audrey s’était déshabillée également et les deux amies s’embrassaient à pleine bouche allongées sur le lit. Audrey, qui occupait la position supérieure lâcha la bouche de Juliette qui la garda béante pour, de la pointe de la langue, lécher le menton puis le cou et mouiller sa compagne entre les seins. Elle continua son petit chemin en allant d’un téton à l’autre et en s’attardant sur chaque aréole. Juliette soupirait, les deux mains dans la chevelure d’Audrey. Puis, celle-ci s’arracha de la poitrine de Juliette pour descendre le long de son ventre chatouiller le nombril avant de pincer de ses lèvres le début de sa toison pubienne. Juliette exhala un soupir rauque et écarta les cuisses. De ses mains, elle poussa fort sur la tête de son amie pour la diriger vers le centre de son plaisir, vers cette lave en fusion, ce volcan en éruption qu’était devenue sa vulve. Audrey se barbouilla le visage de la cyprine sécrétée abondamment puis plongea, langue en avant, dans le vagin ainsi offert.
— Oui !!!! Oh oui !!! Plus loin ! Plus fort !
N’y tenant plus Juliette enserra le crâne d’Audrey entre ses cuisses. Celle-ci eut tout à coup du mal à respirer, mais elle continua sa caresse en buvant goulûment ce que sa maitresse lui prodiguait de son corps. Puis ce fut l’extase. Juliette crispa ses mains dans les cheveux de son amie, se cambra sur le lit et hurla son orgasme avec force.
De l’autre côté du miroir, Lessellier avait accéléré la cadence et le gros gland rose de sa verge éjacula soudain un long jet de sperme blanc et chaud. Le curé soupira bruyamment et continua ses va-et-vient ; huit éjaculations, accompagnées de petits cris, vinrent compléter la première.
Pendant ce temps, Juliette se remettait de sa jouissance en tentant de respirer calmement. Audrey, se mit à califourchon par-dessus le corps nu de son amie et présenta son sexe gonflé à la convoitise de Juliette. Celle-ci le contemplait avec délice, amusée de voir un pubis glabre, et reçu soudain sur les lèvres, une coulée de sécrétions visqueuses et salées. Passant les bras autour du bassin d’Audrey, elle plaqua sa bouche ouverte contre la vulve ainsi offerte et sembla littéralement la dévorer. En aspirant, lèvres contre lèvres, elle faisait venir sur sa langue encore plus de cyprine dont elle se saoulait. Les contractions vaginales d’Audrey furent soudaines et d’une puissance extraordinaire. Le foutre projeté dans la bouche de son amie fut tellement abondant qu’il déborda sur les joues de Juliette et l’obligea à déglutir trois fois de suite. En même temps Audrey, qui ne prenait pas les mêmes précautions que Juliette lors de l’orgasme, hurla de plaisir sous la langue agile.
Lessellier n’en croyait pas ses yeux ni ses oreilles. Ayant déjà éjaculé quelques minutes auparavant, il ne se branlait plus, mais il bandait encore fièrement tandis qu’il murmurait :
— Nom de Dieu de nom de Dieu !
Les deux amantes, tête-bêche, ne disaient plus rien. Audrey faisait reposer tout le poids de son corps sur celui de son amie qui s’enivrait avec le parfum de sa vulve qu’elle avait sous le nez. Elles se délassèrent ainsi quelques instants puis, sans se concerter, les deux femmes rapprochèrent leur bouche sur la fournaise respective de leur entrejambe en un superbe 69. Un double spasme voluptueux verrait le jour d’ici peu, après que chacune se sera délectée de la cyprine de l’autre.
Le curé, les yeux hors des orbites, commença une nouvelle masturbation. Il savait qu’il devrait se branler plus longtemps que la première fois avant de jouir, mais se réjouit par avance de son futur orgasme qu’il devinait déjà hors du commun.
*
Pour ne pas être en retard au couvent, Audrey se dépêcha de se rhabiller puis quitta Juliette peu de temps avant les complies. Les deux femmes s’embrassèrent passionnément en se promettant de se revoir. Lessellier les regardait faire avec tendresse, se masturba une nouvelle fois puis, des cernes sous les yeux, partit rejoindre son église. Juliette se retrouva seule, vraiment seule.
— Je me suis tapé un tas de mecs juste pour faire plaisir à Hugo, en fait il aurait dû me forcer à baiser avec des filles. J’aurais certainement plus apprécié, dit-elle tristement.
En fin de soirée, Juliette se plongea dans un livre de prières et de psaumes, mais il n’avait plus le même goût qu’avant. Ce qu’elle lisait lui paraissait lointain, sans signification, presque une langue étrangère. Au bout d’un moment, elle posa le recueil sur la table de nuit et s’endormit en repensant à son après-midi avec Audrey.
*
— Alors la gouinasse, ça t’a plu de te faire sucer la moule par l’autre salope ! Faudrait peut-être pas m’oublier ma p’tite cornette : comment vas-tu faire reluire ta cramouille ce soir ?
Le démon se mit à rire bruyamment.
— Parce que, dis-moi, ce n’est pas à cause d’un touche-pipi avec ta copine que tu ne vas plus jouer de la mandoline pour moi ? reprit-il.
Juliette se réveilla en sursaut. Elle était en sueur et son cœur battait à tout rompre. Son bas-ventre était en feu, il réclamait sa sulfureuse extase avec insistance. Elle se prit le visage à deux mains :
— Non, je ne veux pas ! cria-t-elle dans un sanglot. Je ne veux pas, je ne veux pas…
Puis dans un murmure,
— Pardon mon Dieu…
Malgré elle, sa main droite glissa sur sa poitrine, s’attarda sur la pointe de ses seins qui durcirent puis plongea directement au milieu de ses jambes écartées. Le médius tendu se mit à frotter les parois vaginales détrempées. Recherchant le clitoris, elle le mouilla et le caressa doucement puis appuya de plus en plus. L’orgasme vint très vite, sans doute à cause des fantasmes que Juliette se faisait avec Audrey. Enfin, elle poussa violemment un soupir qui ressemblait plus à un cri ou une plainte. De la cyprine fut éjectée de sa vulve et trempa sa main et ses draps. Quasiment en état de transe, Juliette remonta sa main et se suça avidement les doigts en murmurant le nom d’Audrey.
Le démon avait eu sa part ce soir, mais pas le curé.
*
À partir de ce jour, les rendez-vous entre Juliette et Audrey furent nombreux et réguliers. Audrey, n’y voyant pas malice, informait régulièrement le curé Lessellier qui, la plupart du temps, ne perdait pas une miette des ébats amoureux des deux femmes.
Le diable cornu participa également. Tantôt en compagnie de Lessellier tantôt seul, mais il savait bien comment profiter de Juliette au milieu de son sommeil. À croire qu’il se branlait aussi au milieu de ses congénères dans les flammes de l’enfer…
Les mois passèrent vite. Un après-midi après l’amour, qui n’avait pas eu de spectateur cette fois-ci, Audrey caressait distraitement la nymphe encore trempée de Juliette.
— Tu sais que tu dois donner ta réponse à mère Marie-Thérèse demain au plus tard ?
— Oui, je sais et au curé Lessellier aussi, répondit Juliette. Quel brave homme tout de même et quel désintéressement ! Il n’a jamais voulu que je lui verse un centime de loyer.
— C’est vrai et il s’inquiétait beaucoup pour toi.
— Oui, il m’a dit que ma seule présence en ce lieu le comblait d’aise, n’est-ce pas merveilleux ?
— Les hommes ont parfois de bons sentiments, mais que vas-tu lui dire alors ?
— À vrai dire, je l’ignore et mes prières ne m’ont guère aidée. Il serait sûrement ravi que je retourne au couvent.
Audrey se redressa sur le lit, posa un baiser sur les lèvres de son amie et dit :
— Tu sais que moi j’ai prononcé mes vœux, il ne me serait pas facile d’y renoncer, tandis que toi…
— Tu crois que je pourrais aussi prononcer mes vœux ?
— Nous nous verrions tous les jours…
Le visage de Juliette s’éclaircit. Elle enlaça Audrey, l’embrassa fougueusement et plongea ses doigts agiles entre les cuisses d’Audrey qui les écarta.
— Alors d’accord, mais faisons-nous jouir une dernière fois ici ! Profitons encore de ce lit à deux places, parce qu’après !..., soupira Juliette.
*
Douze ans s’étaient écoulés depuis l’enfermement d’Hugo en hôpital psychiatrique et l’oblature de Juliette chez les Sœurs de la Mansuétude à Nancy. En ce jour brumeux de novembre Juliette, vêtue de son habit de noviciat qu’elle ne quittait plus depuis plus d’une décennie, avait renoncé aux murs protecteurs du couvent pour ceux non moins rassurants de l’église Notre-Dame-de-Lourdes. Son mari était décédé à l’asile sans jamais avoir recouvré la raison et elle allait l’accompagner à sa dernière demeure dans le caveau familial où étaient déjà inhumés son père depuis de nombreuses années et sa mère, emportée par une crise cardiaque trois ans seulement après l’internement de son fils. Les parents de Juliette étaient quant à eux encore en vie, mais ils n’avaient jamais bien compris la retraite monastique de leur fille et celle-ci ne les voyait plus guère.
À la fin de la cérémonie funèbre Juliette, unique membre de la famille d’Hugo, resta à la porte du cimetière pour les condoléances d’usage des vagues connaissances et bigots qui étaient venus assister aux obsèques. En remarquant l’habit religieux, la plupart imaginaient qu’elle était une lointaine cousine d’Hugo, mais peu d’entre eux savaient en réalité qu’elle en était sa veuve. Elle se retrouva finalement seule, puis les larmes aux yeux repartit doucement à pied. Elle suivait toutefois un but bien précis, car parvenue à l’église, Juliette se dirigea tout droit vers le curé qui rangeait quelques affaires sur l’autel.
— Pardonnez-moi, mon père, l’interpela-t-elle à mi-voix.
L’homme d’Église se retourna.
— Que puis-je pour vous, ma sœur ?
— Je voudrais me confesser.
— Vous ne pouvez pas attendre le passage de l’aumônier au couvent ? questionna-t-il d’un ton affable.
— D’habitude, c’est ce que je fais, mais là, c’est un peu particulier, s’excusa-t-elle.
— Soit, venez donc avec moi.
Délaissant son autel, le curé Lessellier se dirigea vers l’un des confessionnaux suivi de Juliette l’air résolu. Ils y pénétrèrent à la place qui leur était dédiée et le prêtre accorda la bénédiction d’usage. Il se recueillit quelques secondes et murmura :
— Je vous écoute, ma sœur.
— Vous savez que j’étais mariée à l’homme que nous venons de remettre entre les mains de notre Seigneur, commença Juliette. Tant que c’était le cas, je ne pouvais prétendre au statut de religieuse et devais me contenter de l’oblature. Le décès de mon époux m’autorise à quitter cet éternel noviciat pour un engagement plus formel.
— Oui, c’est exact, mais nous aurions pu en parler en dehors du cadre de la confession, fit remarquer Lessellier.
— J’y viens mon père, car je suis hésitante et si je suis indécise c’est parce que j’ai péché.
— Dites-moi ma sœur.
— Souvent, la nuit dans ma cellule, le démon de la chair me rend visite et je ne peux lui résister.
Le curé se rapprocha de la grille et souffla :
— Que faites-vous alors ?
Gênée, Juliette rougit et baissa les yeux.
— Je laisse ma main glisser vers mon intimité, je ne la remonte qu’après avoir donné à l’esprit immonde ce qu’il désire.
— Dieu nous a créés ainsi. L’enveloppe charnelle que nous revêtons sur cette terre ne doit pas occulter l’adoration que nous Lui devons. Aidez-vous de Son amour pour chasser les mauvaises pensées qui vous assaillent. Ce démon vient-il vous rendre visite souvent ?
— Malheureusement oui, et parfois plusieurs fois par nuit et même…
Juliette se tut.
— Et même ? reprit le curé.
— Je n’ose pas, lâcha Juliette.
— Vous n’ignorez pas que par mon intermédiaire, c’est à Dieu que vous vous adressez. Or Dieu sait déjà ce que vous omettez, Il n’attend qu’une chose, c’est de l’entendre de votre propre voix ainsi que votre repentir.
— Parfois… pendant la journée, j’ai un regard lubrique sur mes sœurs… finit par avouer Juliette en se cachant le visage des deux mains.
— Votre indécision quant à vos futurs vœux prouve que vous êtes consciente de vos péchés. Pécher c’est une chose, s’en rendre compte et se repentir c’en est une autre. C’est la raison pour laquelle Dieu vous donne l’absolution, conclut le curé.
Il traça en l’air un signe de croix en murmurant quelques mots.
— Je ne vous impose pas de pénitence ni vous accorde de blanc-seing. C’est à vous de voir la conduite que vous devez tenir, mais je vous conseillerais de vous éloigner du couvent pour une période à convenir avec la mère supérieure. Retournez à une vie laïque, les raisons pour lesquelles vous aviez embrassé l’oblature se sont peut-être émoussées. Mais surtout priez, priez et Dieu saura vous guider dans votre choix.
— Merci mon père, répondit Juliette en se retirant, quelque peu soulagée.
Avant de rentrer au couvent, Juliette rencontra le tuteur des biens d’Hugo déclaré incapable majeur. Celui-ci, homme d’une intégrité irréprochable, lui donna le nom et l’adresse du notaire chargé de la succession. Hugo était fils unique, sans enfants, ses deux parents décédés, Juliette était donc héritière à part entière. L’appartement qu’elle et son mari occupaient avait été mis en location, mais on pouvait donner congé au locataire moyennant un préavis. Les formalités accomplies, Juliette rentra juste pour les complies, puis dîna frugalement et rejoignit sa cellule avant de se coucher après une ultime prière.
*
— Il a fallu que tu ailles tout raconter au cureton, poufiasse ! lui reprocha violemment un diable cornu dont le visage était justement celui de Lessellier.
Juliette désira parler, mais les mots ne parvenaient pas franchir le seuil de sa bouche.
— Allons ! Montre-moi comment tu vas la branler ta moulasse ce soir !
— Je… ne… veux… pas, réussit à articuler la jeune femme.
— Oh ! Si ! Tu veux, rugit le démon.
Le visage du curé disparut, aussitôt remplacé par une tête de bouc noire veinée de rouge. Des flammes et de la fumée jaillirent de ses naseaux et sa queue pointue darda Juliette, menaçante.
— Regarde, je t’ai mâché le travail ! J’ai mouillé toute ta foufoune…
Juliette se réveilla en sursaut, son cœur battait à tout rompre. Elle était couchée sur le dos et instinctivement elle porta la main à son entrejambe, la bête avait dit vrai ; sa vulve, son périnée, ses cuisses, ses poils pubiens même, étaient trempés. Vaincue, elle approcha le médius de son clitoris en soupirant. Soulevant légèrement le capuchon, elle trouva facilement la partie la plus sensible du petit bouton rose et fit tournoyer la pulpe de son doigt tout autour pendant quelques minutes. Un spasme lui provoqua soudain un frisson des pieds à la tête tandis que la cyprine coulait à flots. Lâchant provisoirement son clitoris, Juliette raidit trois doigts et pénétra profondément son vagin. Elle se mordit le poing pour ne pas réveiller ses consœurs de ses cris de volupté. Enfin, une idée sans doute insufflée par le « démon-Lessellier », lui passa par le ventre. Elle se retourna, pinça l’oreiller de ses dents, conserva trois doigts dans sa vulve et, de son autre main, fourra l’index et le médius dans son rectum. Quelques mouvements plus tard, un éblouissement extraordinaire la frappa, son vagin et son anus se contractèrent avec force et sa plainte rauque, quasi inhumaine, se perdit dans son traversin. L’ouragan passé, elle se retira doucement de ses parties les plus intimes de son corps, puis se remit sur le dos, essoufflée. Peu après, elle avait remonté sa couverture jusqu’au menton et ses deux mains qui la cramponnaient diffusaient sous son nez le parfum sulfureux de son plaisir démoniaque.
— Seigneur ! Aidez-moi, Seigneur ! Je vous en prie ! lâcha-t-elle, le cœur encore battant de son violent orgasme.
*
Le démon ne revint pas et le lendemain matin, Juliette avait pris sa décision. Elle allait suivre le conseil du curé et demander un congé de six mois avant d’opter pour une résolution définitive. Soit elle retournera à la vie laïque dans la plus pure foi catholique toutefois, soit elle prononcera définitivement ses vœux. La mère supérieure comprit immédiatement la situation et lui accorda ce congé.
— Sachez que si vous décidez de parfaire votre vocation, nous vous accueillerons à bras ouverts dans notre communauté comme nous l’avons fait il y a douze ans. Je prierai le Seigneur afin qu’il vous aide à y voir clair en vous, déclara-t-elle pour clore l’entretien.
— Merci mère Marie-Thérèse.
Juliette embrassa la main de la supérieure du couvent et sortit.
Elle devait maintenant trouver son futur lieu d’habitation. Certes, elle possédait déjà l’appartement qu’elle habitait avec Hugo, mais il était loué et un préavis était nécessaire si elle voulait le récupérer. De plus, elle devrait récupérer ses meubles qui étaient en garde-meubles ; que de temps perdu qu’elle devrait passer à l’hôtel ! Enfin, Juliette ne pouvait présumer de sa décision une fois le délai de six mois achevé. Si elle retournait au couvent, elle aurait congédié le locataire pour rien. Elle se confia au père Lessellier qui lui trouva une solution. Sa mère, veuve, occupait un logement dont elle était propriétaire et Lessellier en avait hérité à son décès. Il était meublé et le proposa à Juliette pour le temps qu’elle voudra. Juliette se confondit en remerciements.
Lessellier emmena Juliette dans sa petite voiture jusqu’à un immeuble d’apparence vétuste, rue de Mars la tour. Ils grimpèrent un escalier ancien, bien entretenu toutefois, et s’arrêtèrent au premier étage. Deux portes donnaient sur le palier ; le curé sortit des clés de sa poche et entreprit d’ouvrir celle de droite. Il présenta rapidement l’appartement à Juliette.
— Gardez-le le temps que vous voudrez, je n’en ai pas besoin pour l’instant.
Juste avant de quitter Juliette, Lessellier sembla se remémorer un détail important et ajouta :
— J’oubliais de vous dire, derrière le lit de la chambre, il y a un dressing auquel vous n’aurez pas accès. Depuis que ma mère est décédée, j’y ai entassé une tonne de choses et c’est devenu un vrai fatras que j’ai condamné.
— Rassurez-vous, mon père, j’ai trop peu d’habits pour avoir besoin d’un dressing, répondit Juliette en souriant.
— Alors bonne installation et donnez-moi de vos nouvelles.
Juliette salua et remercia à nouveau le curé puis, quand elle fut seule, ferma la porte à clé. Elle prit sa valise qu’elle avait laissée dans l’entrée et retourna dans la chambre ranger ses affaires dans une armoire. Elle se tourna ensuite vers le lit dont elle savoura d’avance la largeur, elle qui s’était contentée d’une étroite couche pendant tant d’années. Au-dessus des oreillers, son image se reflétait dans un miroir ancien imposant doté d’une moulure tarabiscotée en plâtre doré. À droite se trouvait la porte du dressing. La chambre était agréable et claire, Juliette ne put s’empêcher de la comparer avec la cellule sombre de son couvent.
Elle acheta de quoi déjeuner rapidement puis rendit visite au tuteur d’Hugo afin de régler quelques affaires. Elle retrouvait sa vie « d’avant » dont elle ne tirait que les bons souvenirs, occultant tout ce qui était arrivé entre l’accident qu’elle avait eu avec son mari et son entrée dans les ordres. Elle se sentait bien et flâna tout l’après-midi dans cette ville qu’elle avait cru avoir oubliée. Le soir, elle dîna de peu et, après quelques prières et lectures saintes, pénétra avec délice dans le grand lit. Elle s’endormit très vite, l’esprit serein.
— Alors grosse pute ! Comment vas-tu t’astiquer la fente ce soir ? rugit le démon.
Juliette voulut crier, mais elle ne put sortir un son.
— T’as trop chaud sous cette couette ! T’as plus l’habitude depuis le temps que tu te gèles les miches au couvent ! Ha ! Ha ! Ha ! Regarde, t’as les nénés trempés, les dessous de bras et même la raie du cul ! Fais quelque chose putain ! vociféra le démon noir et rouge en s’esclaffant.
Juliette s’éveilla en criant, se redressa vivement sur son lit et alluma la lampe de chevet. Elle était en sueur. Elle repoussa le duvet et ôta sa chemise de nuit en tissu épais pour se retrouver nue allongée sur le dos. L’air frais lui effleura la peau. En soupirant, elle tenta de tout son être de résister au démon, mais se trouva tout un tas de bonnes raisons de ne pas le faire. Résolue, elle glissa rapidement le médius dans sa toison pubienne et celui-ci disparut, happé par la vulve affamée. De son pouce, elle caressa vivement son bouton rose qui ne demandait que ça. Une nouvelle idée, sans doute suggérée par le diable lui-même, lui fit faire demi-tour, aussi se retrouva-t-elle les jambes écartées face au miroir ancien. Son regard fut immédiatement attiré par son entrejambe qu’elle voyait pour la première fois sous cet angle. Juliette frémit de tout son corps en remplaçant l’unique doigt qui se trouvait dans son vagin par deux autres très impatients tout en maintenant la sollicitation du clitoris. Elle se mit soudain à pousser de violents soupirs et devina l’orgasme poindre au creux de ses reins, surtout quand elle s’imagina contempler une sœur du couvent devant elle au lieu de son reflet.
Contrairement à ce que pensait Juliette, elle n’était pas seule à profiter du spectacle. De l’autre côté du miroir, le père Lessellier, assis sur un fauteuil, ne perdait pas une miette de la masturbation que Juliette lui offrait sans le savoir. Tandis qu’un ordinateur enregistrait ce qui se passait dans la chambre par l’intermédiaire d’une mini caméra, le curé observait tout par la glace sans tain. Les traits décomposés, le pantalon et le caleçon au-dessus des chevilles, Lesselier branlait en ahanant, une bite de belle taille dressée sur des bourses volumineuses.
De son côté, Juliette continuait ses caresses effrénées quand soudain son bassin se mit à tressauter comme un poisson sorti de l’eau. Elle hurla son plaisir décuplé par le visage éperdu d’orgasme qu’elle voyait face à elle. Dans le même temps, le curé se leva et, le pantalon sur les chevilles, se colla au miroir. Il lécha la vitre comme s’il suçait la nymphe de Juliette et éjacula sur la vitre un sperme épais et blanc. Le curé étouffa ses cris et laissa sa verge cracher plusieurs fois. Chacun reprit son souffle puis les deux protagonistes fermèrent les yeux sur leur jouissance assouvie. Reprenant leur place, ils s’endormirent doucement si près et si loin de l’autre à la fois.
Lesselier se réveilla le premier vers quatre heures du matin. Rapidement, il quitta son fauteuil, récupéra la carte mémoire dans l’ordinateur et sortit dans un couloir annexe par la porte arrière du dressing. Juliette, que plus de dix années de discipline monastique avaient formatée, s’éveilla une heure plus tard. Elle se remémora avec délice sa masturbation de la nuit en souriant. Elle regretta aussitôt son sourire, car le chemin du couvent semblait s’éloigner.
*
Un mois s’était écoulé depuis l’enterrement d’Hugo quand un lundi, vers dix-huit heures :
— Sœur Marie-Angèle ! s’écria Juliette lorsqu’elle ouvrit la porte de son logement après un coup de sonnette bref et discret.
Toute de noir et de blanc vêtue, la femme ainsi nommée paraissait avoir une trentaine d’années. Petite, le sourire éclatant et les yeux pétillants, elle répondit :
— Tu sais, appelle-moi Audrey. Ici, nous ne sommes pas au couvent ni en mission.
— Tu as raison… Audrey, convint Juliette en se jetant dans les bras de son amie.
Les deux femmes s’assirent sur le canapé l’une à côté de l’autre.
— J’avais vraiment envie de te voir, continua Audrey. Comment t’en sors-tu ? Penses-tu revenir bientôt ? Mère Marie-Thérèse nous a informées que tu t’accordais quelque temps de réflexion avant de réintégrer le couvent, c’est elle qui m’a dit où tu habitais.
— Si j’y reviens ! Tu sais, j’ai vite repris goût à cette vie que je croyais avoir oubliée. Je suis seule maintenant alors je suis prête pour un nouveau départ. Dans la vie laïque ou religieuse, là est la question et je n’ai toujours pas tranché.
— Dis-moi, fit Audrey en rougissant, as-tu déjà rencontré quelqu’un avec qui… tu aurais… enfin, tu vois ce que je veux dire ?
Juliette partit à rire.
— Oh ! Non, je ne suis pas encore prête pour ça.
— Pas forcément un homme, mais au couvent j’avais bien l’impression que tu me regardais, ainsi que certaines de nos sœurs, d’une façon non équivoque.
Juliette baissa les yeux, confuse de s’être fait remarquer à ce sujet.
— Je ne pensais pas que tu m’avais devinée, avoua-t-elle dans un souffle. Je constate que je me suis trompée. Les hommes, pour moi c’est du passé dorénavant, mais quoiqu’il en soit, le couvent n’est pas l’endroit propice pour développer de tels péchés.
Audrey se rapprocha doucement de son amie, puis ôta sa coiffe et sa guimpe. Ses cheveux blonds et courts apparurent et Audrey les chiffonna rapidement afin qu’ils reprissent un peu de volume. Elle se tourna vers Juliette soudain devenue muette et approcha ses lèvres.
— En revanche, ici c’est le lieu idéal, déclara-t-elle en se jetant fougueusement sur la bouche déjà entrouverte de Juliette qui appelait le baiser de tous ses vœux.
Juliette ferma les yeux et savourait la douceur et le parfum de la langue de son amie. Elle sentit qu’il se passait des choses dans son bas-ventre surtout quand Audrey glissa un doigt entre ses cuisses par-dessus le pantalon.
— Tu veux bien me faire visiter ta chambre, souffla Audrey d’une voix blanchie par le désir.
Juliette se leva et, sans un mot, prit Audrey par la main. Elle l’accompagna jusqu’à son lit et sans plus attendre, se déshabilla lentement devant elle. Audrey ne perdait pas une miette du spectacle.
Quelqu’un d’autre toutefois profitait de la séance. Fort du secret révélé par Juliette en confession et connaissant les tendances saphiques de sœur Marie-Angèle, Lessellier avait demandé à cette dernière de venir régulièrement chez Juliette pour qu’elle se sente moins seule. Audrey, que l’idée de faire l’amour avec une belle femme intéressait toujours, avait accepté sa mission avec grâce et lui avait communiqué l’heure du rendez-vous. Elle ne pensait pas que Juliette se laisserait faire aussi facilement. En revanche, elle était à mille lieues de deviner que le curé les observait avec lubricité derrière une glace sans tain. La caméra et l’ordinateur tournaient en même temps que Lessellier commençait à se caresser doucement le gland.
Pendant ce temps, Audrey s’était déshabillée également et les deux amies s’embrassaient à pleine bouche allongées sur le lit. Audrey, qui occupait la position supérieure lâcha la bouche de Juliette qui la garda béante pour, de la pointe de la langue, lécher le menton puis le cou et mouiller sa compagne entre les seins. Elle continua son petit chemin en allant d’un téton à l’autre et en s’attardant sur chaque aréole. Juliette soupirait, les deux mains dans la chevelure d’Audrey. Puis, celle-ci s’arracha de la poitrine de Juliette pour descendre le long de son ventre chatouiller le nombril avant de pincer de ses lèvres le début de sa toison pubienne. Juliette exhala un soupir rauque et écarta les cuisses. De ses mains, elle poussa fort sur la tête de son amie pour la diriger vers le centre de son plaisir, vers cette lave en fusion, ce volcan en éruption qu’était devenue sa vulve. Audrey se barbouilla le visage de la cyprine sécrétée abondamment puis plongea, langue en avant, dans le vagin ainsi offert.
— Oui !!!! Oh oui !!! Plus loin ! Plus fort !
N’y tenant plus Juliette enserra le crâne d’Audrey entre ses cuisses. Celle-ci eut tout à coup du mal à respirer, mais elle continua sa caresse en buvant goulûment ce que sa maitresse lui prodiguait de son corps. Puis ce fut l’extase. Juliette crispa ses mains dans les cheveux de son amie, se cambra sur le lit et hurla son orgasme avec force.
De l’autre côté du miroir, Lessellier avait accéléré la cadence et le gros gland rose de sa verge éjacula soudain un long jet de sperme blanc et chaud. Le curé soupira bruyamment et continua ses va-et-vient ; huit éjaculations, accompagnées de petits cris, vinrent compléter la première.
Pendant ce temps, Juliette se remettait de sa jouissance en tentant de respirer calmement. Audrey, se mit à califourchon par-dessus le corps nu de son amie et présenta son sexe gonflé à la convoitise de Juliette. Celle-ci le contemplait avec délice, amusée de voir un pubis glabre, et reçu soudain sur les lèvres, une coulée de sécrétions visqueuses et salées. Passant les bras autour du bassin d’Audrey, elle plaqua sa bouche ouverte contre la vulve ainsi offerte et sembla littéralement la dévorer. En aspirant, lèvres contre lèvres, elle faisait venir sur sa langue encore plus de cyprine dont elle se saoulait. Les contractions vaginales d’Audrey furent soudaines et d’une puissance extraordinaire. Le foutre projeté dans la bouche de son amie fut tellement abondant qu’il déborda sur les joues de Juliette et l’obligea à déglutir trois fois de suite. En même temps Audrey, qui ne prenait pas les mêmes précautions que Juliette lors de l’orgasme, hurla de plaisir sous la langue agile.
Lessellier n’en croyait pas ses yeux ni ses oreilles. Ayant déjà éjaculé quelques minutes auparavant, il ne se branlait plus, mais il bandait encore fièrement tandis qu’il murmurait :
— Nom de Dieu de nom de Dieu !
Les deux amantes, tête-bêche, ne disaient plus rien. Audrey faisait reposer tout le poids de son corps sur celui de son amie qui s’enivrait avec le parfum de sa vulve qu’elle avait sous le nez. Elles se délassèrent ainsi quelques instants puis, sans se concerter, les deux femmes rapprochèrent leur bouche sur la fournaise respective de leur entrejambe en un superbe 69. Un double spasme voluptueux verrait le jour d’ici peu, après que chacune se sera délectée de la cyprine de l’autre.
Le curé, les yeux hors des orbites, commença une nouvelle masturbation. Il savait qu’il devrait se branler plus longtemps que la première fois avant de jouir, mais se réjouit par avance de son futur orgasme qu’il devinait déjà hors du commun.
*
Pour ne pas être en retard au couvent, Audrey se dépêcha de se rhabiller puis quitta Juliette peu de temps avant les complies. Les deux femmes s’embrassèrent passionnément en se promettant de se revoir. Lessellier les regardait faire avec tendresse, se masturba une nouvelle fois puis, des cernes sous les yeux, partit rejoindre son église. Juliette se retrouva seule, vraiment seule.
— Je me suis tapé un tas de mecs juste pour faire plaisir à Hugo, en fait il aurait dû me forcer à baiser avec des filles. J’aurais certainement plus apprécié, dit-elle tristement.
En fin de soirée, Juliette se plongea dans un livre de prières et de psaumes, mais il n’avait plus le même goût qu’avant. Ce qu’elle lisait lui paraissait lointain, sans signification, presque une langue étrangère. Au bout d’un moment, elle posa le recueil sur la table de nuit et s’endormit en repensant à son après-midi avec Audrey.
*
— Alors la gouinasse, ça t’a plu de te faire sucer la moule par l’autre salope ! Faudrait peut-être pas m’oublier ma p’tite cornette : comment vas-tu faire reluire ta cramouille ce soir ?
Le démon se mit à rire bruyamment.
— Parce que, dis-moi, ce n’est pas à cause d’un touche-pipi avec ta copine que tu ne vas plus jouer de la mandoline pour moi ? reprit-il.
Juliette se réveilla en sursaut. Elle était en sueur et son cœur battait à tout rompre. Son bas-ventre était en feu, il réclamait sa sulfureuse extase avec insistance. Elle se prit le visage à deux mains :
— Non, je ne veux pas ! cria-t-elle dans un sanglot. Je ne veux pas, je ne veux pas…
Puis dans un murmure,
— Pardon mon Dieu…
Malgré elle, sa main droite glissa sur sa poitrine, s’attarda sur la pointe de ses seins qui durcirent puis plongea directement au milieu de ses jambes écartées. Le médius tendu se mit à frotter les parois vaginales détrempées. Recherchant le clitoris, elle le mouilla et le caressa doucement puis appuya de plus en plus. L’orgasme vint très vite, sans doute à cause des fantasmes que Juliette se faisait avec Audrey. Enfin, elle poussa violemment un soupir qui ressemblait plus à un cri ou une plainte. De la cyprine fut éjectée de sa vulve et trempa sa main et ses draps. Quasiment en état de transe, Juliette remonta sa main et se suça avidement les doigts en murmurant le nom d’Audrey.
Le démon avait eu sa part ce soir, mais pas le curé.
*
À partir de ce jour, les rendez-vous entre Juliette et Audrey furent nombreux et réguliers. Audrey, n’y voyant pas malice, informait régulièrement le curé Lessellier qui, la plupart du temps, ne perdait pas une miette des ébats amoureux des deux femmes.
Le diable cornu participa également. Tantôt en compagnie de Lessellier tantôt seul, mais il savait bien comment profiter de Juliette au milieu de son sommeil. À croire qu’il se branlait aussi au milieu de ses congénères dans les flammes de l’enfer…
Les mois passèrent vite. Un après-midi après l’amour, qui n’avait pas eu de spectateur cette fois-ci, Audrey caressait distraitement la nymphe encore trempée de Juliette.
— Tu sais que tu dois donner ta réponse à mère Marie-Thérèse demain au plus tard ?
— Oui, je sais et au curé Lessellier aussi, répondit Juliette. Quel brave homme tout de même et quel désintéressement ! Il n’a jamais voulu que je lui verse un centime de loyer.
— C’est vrai et il s’inquiétait beaucoup pour toi.
— Oui, il m’a dit que ma seule présence en ce lieu le comblait d’aise, n’est-ce pas merveilleux ?
— Les hommes ont parfois de bons sentiments, mais que vas-tu lui dire alors ?
— À vrai dire, je l’ignore et mes prières ne m’ont guère aidée. Il serait sûrement ravi que je retourne au couvent.
Audrey se redressa sur le lit, posa un baiser sur les lèvres de son amie et dit :
— Tu sais que moi j’ai prononcé mes vœux, il ne me serait pas facile d’y renoncer, tandis que toi…
— Tu crois que je pourrais aussi prononcer mes vœux ?
— Nous nous verrions tous les jours…
Le visage de Juliette s’éclaircit. Elle enlaça Audrey, l’embrassa fougueusement et plongea ses doigts agiles entre les cuisses d’Audrey qui les écarta.
— Alors d’accord, mais faisons-nous jouir une dernière fois ici ! Profitons encore de ce lit à deux places, parce qu’après !..., soupira Juliette.
*
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