Les aventures de Mangouste - Lundi linceuls à Venise 1/2

- Par l'auteur HDS Laetitia sapho -
Auteur femme.
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Récit libertin : Les aventures de Mangouste - Lundi linceuls à Venise 1/2 Histoire érotique Publiée sur HDS le 17-12-2021 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Les aventures de Mangouste - Lundi linceuls à Venise 1/2
« Je ne me mets plus en colère. J’observe, je réfléchis et je m’éloigne »
Le Dalaï-Lama, 1953

« Je ne me mets plus en colère. J’observe, je réfléchis et je mets des tartes dans la gueule »
Mangouste 2021



Les amateurs de Mangouste savent qu’elle chante beaucoup. Je vous donne systématiquement les paroles des chansons qu’elle entonne. Ce que je vous propose, c’est un peu comme un karaoké, quelque part. Le lecteur motivé pourra chanter à tue-tête, ou fredonner en même temps que Mangouste dans l’histoire, selon la situation. Un peu comme un récit érotique peut vous exciter grave ou vous titiller la libido.
En fait, je rends mes récits encore plus interactifs. Vous remarquerez l’effort fait pour vous, amis lecteurs. C’est comme la masturbation devant un film porno, en fait, qui est aussi un peu un genre de karaoké finalement !
Ahahahahah …
Bon, on attaque l’histoire, on rentre dans le dur ! Ah, j’allais oublier. Je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d’année aussi.



Chloé Maurecourt rentrait chez elle vers deux heures du matin. Elle venait tout juste de quitter la galerie d’art, où avait eu lieu le vernissage où étaient exposés une vingtaine de ses tableaux.

Assommant ! Supporter ces snobinards d’amateurs de peinture, quelle plaie. Snobs et pédants ! Le champagne et les petits fours étaient moyens en plus. Mais, c’est la croix que devait porter tout artiste-peintre.

Au final tout de même, une soirée lucrative, puisque la moitié des toiles avait été vendue. A des prix plus que prohibitifs, en plus. Arnaquer ces crétins ne lui causait aucun scrupule. Le directeur de la galerie, où elle expose est vraiment un escroc ! Elle avait bon espoir de tout vendre quasiment, avant la fin de la semaine.

La température douce de cette nuit du mois de mai, lui permettait de rouler la vitre de la Maserati GranCabrio ouverte, son coude négligemment appuyé sur le bord de la portière. Cette douceur ne lui permettait toutefois pas d’avoir la capote baissée, d’autant plus qu’elle roulait à vive allure dans les rues de la capitale, désertes à cette heure avancée. Elle venait d’ailleurs de griller quelques feux sur la rue de Rennes.

En approchant de chez elle, elle a laissé son esprit dériver. Elle repensait à son réveil le matin même, le corps chaud d’Alix de Saint Aymé de Préville (voir le précédant épisode) collé contre elle. Cette pensée lui provoqua quelques frissons dans le dos et des idées coquines, voire déplacées. La belle Alix avait quitté Paris le matin même, pour quelques jours. Dommage, elle ne pourrait pas l’appeler et lui demander de la rejoindre dans son lit pour y finir la nuit.

Autant au début de leur relation, deux mois précédemment, elles faisaient l’amour de manière tout ce qu’il y a de conventionnel, avec beaucoup de tendresse. Autant depuis quelque temps, leurs joutes dérivaient vers quelque chose de beaucoup plus vicieux. La belle Alix se lâchait et s’émancipait …

Chloé se mit à fredonner :

C'est une poupée
Qui fait "non, non, non, non"
Toute la journée
Elle fait "non, non, non, non"
Elle est
Elle est tellement jolie
Que j'en rêve la nuit
C'est une poupée
Qui fait "non, non, non, non"
Toute la journée
Elle fait "non, non, non, non"
Personne ne lui a jamais appris
Qu'on pouvait dire oui.
Sans même écouter
Elle fait "non, non, non, non"
Sans me regarder
Elle fait "non, non, non, non"
Pourtant je donnerais ma vie
Pour qu'elle dise oui.

Elle ralentit l’allure en arrivant dans son quartier. En dépassant le carrefour de la rue de Vaugirard et de la rue de Rotrou, devant le jardin du Luxembourg, elle vit du coin de l’œil des ombres bouger.

N’y prêtant pas plus attention que cela dans un premier temps, elle réalisa pleinement, avec quelques secondes de retard, la nature de la scène qu’elle venait d’entre apercevoir.

Chloé pila en appuyant de toutes ses forces sur la pédale de frein. Elle passa le levier de vitesse de la boîte automatique en position marche arrière et accéléra pour reculer. Cela eut pour effet de faire crisser les pneus sur les pavés de la rue.

Revenue au niveau de la rue de Rotrou, peu large et mal éclairée, elle vit deux hommes essayant de faire entrer de force une jeune femme à l’arrière d’une berline sombre. La fille se débattait. Un des hommes avait mis sa main sur la bouche de la fille pour l’empêcher de crier.

Un grand sec, plus de deux mètres au moins et un petit gros, presque aussi large que haut.

- Les deux font la paire. On dirait les Blues Brothers ces deux cons, même tenue, sans le chapeau toutefois, se dit Chloé. En plus méchants ! Elwood et Jack sont sympathiques, eux …

Puis en criant cette fois :

- Hé les gars, vous voulez un coup de main ? Vous gênez pas !
- Ta gueule la salope, dégage de là, lui répondit le grand avec un accent flamand.
- Ouais, dégage connasse, dit le petit gros avec cette fois un accent des faubourgs parisiens.

Chloé descendit de la Maserati, retira ses escarpins Chanel à talons de 12 centimètres, les balança sur le siège conducteur de la Maserati et s’approcha des deux gugusses :

- Et d’un, je ne suis pas une salope, et de deux, vous lâchez la demoiselle. Je crois qu’elle n’a pas vraiment envie de vous suivre. Elle l’air plutôt jolie et vous êtes laids comme deux poux. Vous n’êtes pas son genre apparemment.
- Corrige cette conne, dit le grand au petit gros, en giflant la fille pour qu’elle arrête de se débattre
- Oui, viens me corriger Machin, dit Chloé en levant sa robe de cocktail sur ses hanches pour libérer ses jambes.

Machin à la vue des jolies gambettes de Chloé, de la robe relevée sur des bas noirs et une petite culotte en dentelle, ouvrit grand les yeux et la bouche. La gauche (de gambette) partit comme un éclair et atteignit Machin aux parties. Il grimaça et se tordit de douleur, en poussant un petit cri aigue du genre « Aaaaarggg … glouuuups » :

- Déjà, t’es pas beau Machin, en plus quand tu grimaces, tu ne t’arranges pas. Quand on a une tête de con, on la garde en toutes circonstances. A ton tour Ducon, lâche ma copine, dit-elle en se tournant vers l’échalas.

Au loin, une sirène de police se fit entendre. Ducon (le grand maigre aux cheveux gominés), lâcha la fille et aida Machin (le petit gros) à se relever :

- La flicaille, on dégage de là !

Ducon et Machin remontèrent dans la berline, dont le moteur n’avait pas cessé de tourner et partirent en trombe, vers la place de l’Odéon, prenant la rue de Rotrou à contresens.

La voiture de police passa sur la rue de Vaugirard, gyrophare et sirène en action, sans s’arrêter. Apparemment, ils n’étaient pas là pour ça, une urgence plus urgente ailleurs sûrement.

- Ça va ? Dit Chloé à la fille.
- Oui, mais partons vite, ils vont revenir.

Elle parlait un français parfait, mais avec un accent a priori américain :

- Bof, ils peuvent toujours, ils ne m’impressionnent pas ces deux cons. Mais oui, partons, j’habite à cent mètres, rue de Médicis (NDT : maintenant, amis lecteurs, vous avez l’adresse de Chloé. N’y allez pas, elle ne veut pas vous voir !).

Elle entraîna la fille vers la Maserati :

- Je ne vous ai même pas remerciée …
- Pas de souci, toujours prête pour aider mon prochain, ou ma prochaine, dit Chloé en lorgnant sur les jambes et les fesses de son interlocutrice.



En arrivant à l’appartement de Chloé, les nerfs de la fille lâchèrent. Elle fondit en larmes :

- Là, là, lui fit Chloé en la prenant dans ses bras et en lui tapotant le dos du plat de la main. Tu es à l’abri maintenant, ils ne viendront pas te chercher ici. Ils n’ont pas vraiment intérêt surtout ! Finalement, j’aimerais bien qu’ils viennent ! On va prendre un verre pour se remettre. Vodka, Bourbon, Champagne, Martini ?

« Intéressant », se dit Chloé en s’apercevant que la fille ne se dégageait pas de son étreinte et restait collée à elle. Le surplus d’émotion sûrement. Elle sentait sa poitrine tout contre la sienne, juste secouée encore par quelques gros soupirs et sanglots de plus en plus espacés. Elle pouvait presque sentir les battements de son cœur reprendre leur rythme normal.

Chloé s’enhardit à descendre sa main gauche vers le bas du dos de la fille et la serra encore un peu plus fort de son bras droit. Puis s’écartant, elle essuya du bout de son doigt les larmes coulées sur la joue de la belle brune et y déposa un baiser rapide, puis un autre plus appuyé. Toujours pas de mouvement de recul …

« L’émotion ça doit être ça finalement, ou mon charme légendaire », se dit-elle.

Pour faire bonne mesure, un troisième baiser claqua tout prêt du coin de la bouche de la fille, pendant qu’elle lui caressait les cheveux.

Chloé s’écarta enfin :

« De plus en plus intéressant » :

- Qu’est-ce que je te sers alors ?
- Vodka, fit timidement la fille
- Bon, je nous verse ce verre et tu me racontes toute l’histoire. D’accord ?

Les sanglots se tarirent enfin. Il ne perdurait que quelques gros reniflements :

- C’est beau chez vous, dit-elle reniflant toujours.

Du regard, elle fit le tour de l’immense salon, ses moulures, son parquet ancien en chêne massif, sa cheminée en marbre, ses baies vitrées monumentales, ses grands canapés de cuir se faisant face, le piano à queue posé au milieu de la pièce, les quelques sculptures et bustes de différentes époques et différents styles, contemporains, romantiques, allégorie de l’antiquité, la collection de vases chinois, période Ming de Chloé.

Son regard s’arrêta sur l’immense toile qui ornait quasiment tout un mur. Une jungle luxuriante, d’où émergeaient quelques animaux, dont une panthère noire, un boa, quelques antilopes, des singes, ainsi que des oiseaux multicolores. Cette jungle occupait les deux tiers du tableau. Vision exotique, mais poétique. Le dernier tiers représentait une clairière, une femme et un homme nus de dos se tenaient par la main et observait de loin une cité futuriste :

- C’est beau, on dirait le Douanier Rousseau, mais dans un monde futuriste.
- Mouii, une représentation d’Adam et Eve quittant le paradis originel et affrontant le monde réel, sacré choc ! Et ils n’ont encore rien vu, répondit Chloé en brisant des glaçons avec un pic à glace, puis en les broyant avec un pilon. Le Douanier Rousseau ? Oui ! Son style, raillé à l’époque, jugé « primitif » est finalement l’exaltation du mythe de l’innocence. Comme Gauguin à sa façon, le Douanier cherchait un retour à la pureté des origines. A l’époque, il était de bon ton de se gausser de l’œuvre du Douanier Rousseau, on l’a traité d’amateur, de « naïf ». Pourtant, certains, comme Apollinaire ou Breton ne s’y sont pas trompés. Ils étaient fans. Pour ma part, je pense que le douanier Rousseau influencera Picasso ou Dali. Son tableau, la Guerre pour moi aura plus qu’inspiré Guernica. Picasso n’est qu’un copieur. Mais cette toile, ce n’est pas le Douanier. Ses tableaux sont dans des musées aujourd’hui. Celle-là, c’est moi qui l’ai peinte, je me suis inspirée de sa toile « Le Rêve ».
- C’est vrai ? C’est vous ? Vous avez du talent.
- Merci, dit Chloé en tranchant quelques citrons verts et jaunes en rondelles, de quelques gestes assurés, puis en râpant le zeste d’un dernier citron au-dessus des verres.

Elle déposa les deux verres de vodka sur la table basse et s’assit sur le canapé, près de la fille :

- Moi, c’est Chloé. Je crois qu’on peut se tutoyer maintenant, après ce qu’on a vécu ensemble.
- Oui, merci …
- Regarde-moi ça ! Ces sauvages ! Ils ont filé tes collants …Tssss … lui dit-elle en posant le plat de sa main sur sa cuisse. Alors, tu me raconte ?
- Je m’appelle Valentina. Valentina Di Tomaso.
- Valentina Di Tomaso ? Américaine d’origine italienne, c’est ça ?
- Oui.
- Et ces deux types, Ducon et Machin ?
- Je ne sais pas qui ils sont. Je suis juste arrivée à Paris, hier après-midi. Je suis seulement sortie dans l’après-midi. Mon père aux Etats-Unis m’a confié une mission ici, pendant mes vacances.
- Comment ça ?
- Aller chez une de ses connaissances et récupérer un parchemin.
- Un parchemin ?
- Oui, je devais aller chez le Signore Sidonio Pecoraro, un vieil ami à lui qui conservait ce parchemin.
- Et c’est quoi ce parchemin, c’est peut-être pour ça que tu as été agressée.
- Tu crois ?
- Il y a des chances, je ne vois pas autrement pourquoi deux types, apparemment des pros s’en prendraient à une touriste américaine. C’est quoi au juste ce document ?
- Je ne sais pas trop ce que c’est. Mon père collectionne les objets sur notre famille et s’intéresse à la généalogie.
- Tu l’as ce fameux parchemin ?
- En fait, le Signore Pecoraro n’habite plus à Paris. A son ancien domicile, on m’a dit qu’il était retourné à Venise. En fait, ce parchemin, je ne l’ai même pas.
- Ok, mais ça tes agresseurs n’en savent rien. Bon, tu vas dormir ici. On verra tout ça demain.
- Merci Chloé, je préfère. Ces types doivent peut-être savoir à quel hôtel je suis descendue.
- Oui sûrement. Ah par contre, un truc !
- Oui ?
- Ne te fie pas à la taille de mon séjour. Mon appartement est grand, mais à part cette pièce, il n’y a qu’un bureau, un atelier où je peins, et une seule chambre. Il va falloir que nous couchions dans le même lit. Tu ne vas pas dormir dans la baignoire, ni dans la cuisine hein … T’inquiètes pas, mon lit est large. Je te prête une nuisette ? On doit faire à peu près la même taille. Tu aimes le genre noir avec de la dentelle, et transparent ?
- Mais … je …
- Chuuuut fit Chloé en posant son index dressé sur ses lèvres.

Elle retira aussitôt son doigt pour le remplacer par ses lèvres.

- Qu’est-ce que tu fais …
- Rien de grave, je vais te mettre sans dessus dessous … Je vais t’avoir sur le bout de la langue ! Mon premier métier, c’est artiste peintre, sinon, à côté, je fais du trafic d’orgasme.



Le lendemain matin, Valentina fut réveillée par Chloé qui lui apportait un plateau avec un copieux petit déjeuner pour deux :

- Bien dormis ma chérie, fit Chloé en déposant un baiser sur les lèvres de la belle brune.
- Oui. Désolée pour cette nuit, j’ai dû être gauche, je n’ai pas l’habitude avec les filles, je ne sais pas trop, comment faire.
- T’inquiètes ma puce, tu as été parfaite. Et quand on a un petit cul comme le tien, ça excuse largement toutes les gaucheries possibles. D’ailleurs, il me vient à l’esprit plein d’autres gaucheries à réaliser.
- En tout cas, c’était très bien Chloé !
- Avec moi, l’orgasme est une performance artistique, mais on a du boulot ce matin.
- Comment on fait ?
- On commence par essayer de retrouver tes agresseurs d’hier soir. J’ai ma petite idée sur comment faire. Ensuite, on improvisera. En général, c’est le meilleur des plans. On prend ce petit-déjeuner, une douche et on va chez des amis à moi, qui vont surement pouvoir nous aider.



Elles roulaient à vive allure sur l’autoroute de l’est :

- On va voir qui alors ? Demanda Valentina.
- Ecto Kosmos.
- Ecto Kosmos ? C’est quoi ?
- Un groupe de hackers avec qui je bosse. Je me débrouille bien aussi pour faire sauter les verrous informatiques, mais ils ont plus de matos que moi.

Chloé arrêta la Maserati dans une zone industrielle bien morose, quelque part au fin fond du Val-de-Marne, devant un bâtiment qui ressemblait à une usine désaffectée.

Les murs d’enceinte et la façade du bâtiment étaient couverts de tags. Le grillage de la clôture était découpé à plusieurs niveaux et on pouvait entrer sans difficultés. Au-delà s’étendait une friche. L’endroit servait aussi de dépotoirs pour toutes les entreprises et les quelques habitants du secteur. Tout le monde venait y déposer ses encombrants et ses gravats.

- C’est beau hein, dit Mangouste en poussant une porte.

Elles empruntèrent un couloir sombre, à peine éclairé par les loupiottes indiquant « sortie de secours ». Ça, ça fonctionnait encore. Au bout d’un couloir, Chloé poussa une porte.

- Salut tout le monde ! dit-elle en pénétrant dans une pièce remplie d’ordinateurs.
- Mangouste, tiens donc, tu te fais rare ces temps-ci, que nous vaut ta visite ?
- Allons, allons, ne faites pas comme si vous étiez surpris de me voir. Les alentours du bâtiment sont truffés de caméras, vous m’avez vu arriver depuis dix minutes. Je connais bien votre paranoïa légendaire. J’ai besoin de vous les copains.
- Je me disais aussi !
- Alors, elle, c’est Valentina, une amie. Il y a des méchants qui lui cherchent des noises. On cherche à les identifier, vous me le donner ce coup de main ? Ce n’est pas pour moi, c’est pour Valentina.
- Bien sûr, tu fais toujours partie d’Ecto Kosmos, même si on ne te voit plus trop souvent.
- Merci les amis, je savais que je pouvais compter sur vous. Mais je suis très occupée ces derniers temps.

Puis à l’attention de Valentina :

- Voilà le QG d’Ecto Kosmos, les meilleurs hackers du monde : le grand brun là, c’est ACID, le geek derrière son écran, c’est CLOUD, la petite brune cheveux courts très mignonne, c’est WASP, la jolie bonde, c’est SWANN et la fille aux cheveux roses couverte de tatouage, c’est CHARADE.
- Qu’est- ce qu’on peut faire pour toi Mangouste, dit CLOUD.
- Deux types ont agressé Valentina cette nuit vers deux heures à l’angle de la rue de Vaugirard et de la rue de Rotrou. Vous pourriez jeter un œil aux caméras de surveillance du secteur, pour vérifier si on peut avoir la trogne des deux méchants ?
- C’est possible, dit ACID, CHARADE, tu t’y colles ?
- Pourquoi moi ?
- CHARADE s’il te plaît ! dit ACID, c’est pour Mangouste.
- Je n’ai pas très envie …
- CHARADE, s’il te plaît, ajouta Mangouste.
- Ok, ok, je le fais …
- Merci CHARADE, dit Mangouste.
- De rien, dit CHARADE, de rien …

CHARADE se mit à pianoter rapidement sur son clavier, des lignes de codes.

- Elle a l’air de t’en vouloir, souffla Valentina à l’intention de Chloé.
- C’est qu’en fait, on a couché ensemble elle et moi. C’est terminé, mais elle m’en veut un peu, en effet.
- Ah ! Oh …
- J’ai aussi couché avec ACID … Et avec WASP … Elle est un peu possessive et jalouse …
- Et amoureuse aussi !
- Euh, oui surement aussi …

Chloé et Valentina attendirent un moment en discutant avec les autres hackers. Au bout d’un quart d’heure, CHARADE leva la tête de son écran :

- J’ai.
- Super CHARADE, dit Chloé.
- Je suis la meilleure, tu le sais.
- Oui, je le sais.
- Voilà, dit-elle en tendant un mini CD, tu as une copie de la scène en vidéo et des photos en gros plan des deux types. Les images étaient un peu pixélisées, mais je les ai retravaillées.
- Euh CHARADE, on peut s’écarter deux minutes, j’ai un truc à te dire.
- Je ne préfère pas, dit-elle avec un air renfrogné.
- S’il te plaît Manon.
- Ok … Viens.

Chloé et Manon, le vrai prénom de CHARADE donc, s’écartèrent. Elles discutèrent de manière animée pendant deux ou trois minutes, puis le ton baissa. Pour finir, un pâle sourire illumina le visage de Manon. Chloé se pencha et lui embrassa la joue.

Elle rejoignit Valentina, après avoir salué les autres membres d’Ecto Kosmos :

- Vous vous êtes réconciliées ?
- Oui, on va dire ça.
- Tu lui as dit quoi ?
- Qu’on essaierait de se revoir pour discuter de manière plus approfondie quand j’aurai terminé notre petite affaire, et peut-être faire la paix. Mais tu ne vas pas me faire une crise de jalousie, toi aussi ?
- Non non, t’inquiète. Tu sais, moi les filles, je découvre. Même si j’ai bien aimé cette nuit avec toi, je ne suis pas sûre que ça soit ma voie. Et puis quand notre affaire sera terminée, je retourne aux USA retrouver mon père. Je profite juste du moment présent.
- Tu m’as fait peur !
- Elle a un look particulier quand même cette CHARADE, avec ses cheveux roses et ses tatouages. Elle en a partout des tatouages et des piercings ?
- Presque oui …. Bon, on y va ? Ta curiosité est satisfaite ? Où tu veux d’autres détails ?
- Oui, ça va … On fait quoi maintenant ?
- On va essayer de mettre des noms sur les portraits des deux gugusses. Pour ça, on va appeler Samuel Cortot.



Samuel Cortot, c’est l’intermédiaire qui a pris la suite de Pierre Le Gall après sa mort (voir Mangouste contre l’organisation) :

- Mangouste ! Quelle surprise ! Tu veux reprendre du service ?
- Non Samuel, je suis toujours à la retraite.
- Si tu changes d’avis …
- On verra Samuel, là, j’appelle pour une affaire personnelle. Je cherche à identifier deux types, je fais suivre les photos par SMS, mais ils sont deux, un peu le genre Blues Brothers, un grand maigre gominé, de plus de deux mètres avec un accent belge et un petit gros. Très laids tous les deux
- Envoie-moi les photos par acquit de conscience, mais je sais qui c’est.
- C’est qui ?
- John Lakapuch et Cédric Kahoué.
- C’est quoi ces blazes à la con ?
- Ils sont redoutables, de vrais pros.
- Redoutables, redoutables !! C’est vite dit ! Pas tant que ça, je leur ai mis une petite correction hier soir.
- Oui, enfin toi Chloé, tu es plus que redoutable. Mais ce sont des pros. Ils étaient tueurs à gages jusqu’à il y a deux ou trois ans. Depuis, ils travaillent exclusivement pour une société secrète, presque une secte : Miasme
- Miasme ? Mais où est ce qu’ils vont chercher des noms aussi cons ? Ils sont un peu tordus, non ?!
- Je n’en sais pas beaucoup plus sur Miasme, sauf qu’ils sont basés à Venise. c’est ce qu’on dit en tout cas dans le milieu.
- Ok, tu peux me faire livrer un Sig Sauer et des munitions à mon hôtel à Venise demain après-midi ?
- Oui, ça je peux …
- Tu mets ça sur mon compte Sam !



- Alors ? demanda Valentina.
- On avance. Un dernier appel et ça devrait aller. Je mets le haut-parleur pour que tu puisses entendre.
- Allo Kofi ?
- Non, répondit une voix féminine.
- Ce n’est pas le numéro de Kofi Ndiaye ? (voir « L’ordre règne à Bujumbura »).
- Si, je vous le passe, je suis son infirmière.
- Son infirmière ! Ah oui, j’avais oublié le coup de l’infirmière.
- Pardon ?
- Non, rien, je vous remercie. Allo Kofi ? C’est Chloé !
- Chloé ? Quel bon vent t’amène ?
- Je cherche des renseignements.
- Des renseignements ? Tu es encore sur le sentier de la guerre ! Tu n’arrêtes pas pour une jeune retraitée ! Au fait, j’ai lu tes exploits dans la presse la dernière fois avec Mombassa.
- Oui, oh, tu sais je n’y suis pas pour grand-chose, ils en rajoutent beaucoup dans les médias.
- D’accord, tu cherches qui cette fois ?
- Miasme, tu connais ?
- Miasme ? Ben voyons ! Tu aimes t’attirer les foudres des puissants toi !
- A ce point-là ?
- Bon, je te fais un topo. Même si Miasme a perdu de son influence ces dernières décennies, ils ont toujours des amis puissants.

Miasme est apparue à la renaissance à Venise. C’était une sorte de confrérie occulte à buts conspirationniste. Elle a profité du morcellement du pouvoir en Italie à l’époque avec ses ville-états. Elle a longtemps cherché à déclencher des guerres entre Venise et ses rivales, Gênes et Pise notamment. Miasme s’est opposée à une dynastie de l’époque, les Borgia et leur célèbre légende noire, un peu usurpée, Lucrèce notamment, était une défenderesse des arts et des lettres.

Miasme a évolué au fil des siècles. Entre théories de conspiration, occupation de l’Italie par d’autres pays conquérants, Espagne, empire Austro-hongrois, troupes napoléoniennes. Miasme a œuvré au 19e siècle pour l’indépendance de l’Italie et l’unification du pays en soutenant le royaume de Sardaigne et en favorisant un contexte nationaliste. Ils comptaient asseoir leur autorité après l’occupation étrangère des siècles précédents qui ont suivi le déclin des villes-états, Venise en tête.

On dit qu’ils ont soutenu le fascisme et que Mussolini était un initié. Ça reste à vérifier.

Voilà en gros, l’histoire. Activités occultes, lien avec les différents pouvoirs en place, avec la finance. Dotés de moyens financiers et d’appuis politiques, un rayonnement à l’échelle de l’Europe pas seulement de l’Italie.

Ils ont été liés dans les années 70 aux attentats autant d’extrême gauche que d’extrême droite en Italie, les fameuses années de plomb. Des agitateurs, avec des liens avec la mafia, Cosa Nostra bien sûr, la Camorra aussi, et la ‘Ndrangheta, la mafia calabraise, à l’origine elles-mêmes des sociétés secrètes. Et la mafia romaine surtout, la Magliana.

Ils sont devenus des ennemis de l’état et de la démocratie ? L’usage de la violence ne leur fait pas peur ? Ils sont à l’origine de plusieurs assassinats à travers les époques.

Même s’ils ont perdu de leur influence aujourd’hui, ils ont longtemps fait office de décideurs politiques. Vu la faiblesse du pouvoir en Italie, ils ont longtemps été derrière le pouvoir visible, et siégé dans l’ombre comme un gouvernement invisible. De tout temps, ils ont infiltré les différents partis de tout bord en Italie. Actuellement, on dit que c’est une femme qui dirige Miasme depuis quelques années. Son identité est secrète par contre, on ne la connaît pas.

Voilà, tu sais à peu près tout. Pas des enfants de chœur, fait attention à toi Chloé.

- Oh, tu sais, j’ai botté le cul de l’organisation, ce n’est pas Miasme qui va m’impressionner plus que ça. Après, je me méfie toujours.


Après avoir raccroché, Chloé et Valentina débriefèrent rapidement sur ce qu’elle venait d’apprendre auprès de Samuel Cortot et de Kofi Ndiaye:

- Bon, on va à Venise, c’est là-bas que ça se passe ! Je réserve un hôtel et un vol de ce pas.
- Tu as raison Chloé, tout ça me fait un peu peur quand même.
- Ne t’inquiète pas ! Allô, le Saint Régis ?
- Le Saint Régis ? Carrément !
- Bah oui, j’aime bien cet hôtel. Le Danieli ou le Gritti Palace sont tellement surfaits ! Oui bonguorno, Chloé Maurecourt, je veux réserver une suite Grand Canal View pour demain.
- Désolé Signora, toutes les suites sont occupées.
- Hmmm, passez-moi Francesco…
- Je vous assure, l’hôtel est quasi complet, plus de suites, il ne reste que quelques chambres.
- Passez-moi Francesco, je vous dis … Allô Francesco ? Oui Chloé Maurecourt…
- Signorina Maurecourt, quel plaisir.
- On me dit qu’il n’y a plus de suite Grand Canal View de libre. Je comptais en réserver une à partir de demain pour au moins cinq jours, peut-être plus.
- On va s’arranger Signorina Maurecourt, je vous réserve une suite.
- Ah merci Francesco, je savais que je pouvais compter sur vous. Je descends toujours au Saint Régis quand je viens à Venise, je ne me voyais pas ailleurs …

Après avoir raccroché elle dit à Valentina :

- Voilà, c’est réglé, Venise au mois de mai, ça va être un plaisir, j’imagine déjà un petit-déjeuner continental à la terrasse de notre suite, avec la vue directe sur le Grand Canal et la Basilique di Santa Maria della Salute, juste en face de nos fenêtres. C’était hors de question qu’on se retrouve au Danieli avec les ploucs et les bourges! Et puis quoi encore !



A suivre.

Les avis des lecteurs

@Olga
Mort à Venise ? Tu ne crois pas si bien dire.
Par contre, ce n’est pas le titre.
Mais c’est bien une des références reprise dans le deuxième volet.

J’attends la suite avec impatience!

Histoire Erotique
Trop forte Mangouste !
Quelle chance elle a d'avoir une telle auteure...

Vite Laeti, la suite...

Passionnant!!!! Inconditionnelle de Mangouste et de Laetitia, j'ai adoré et j'en veux
encore.
Quel est le titre de la suite: "mort à Venise"?
Merci Laeti pour ce superbe cadeau! Bises

Petit cadeau avant Noël.
La suite et fin de cet épisode de Mangouste, dimanche.



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