Les aventures de Mangouste - Lundi linceuls à Venise 2/2
Récit érotique écrit par Laetitia sapho [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 19-12-2021 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Les aventures de Mangouste - Lundi linceuls à Venise 2/2
Chloé et Valentina étaient dans leurs pensées alors que l’avion d’Air France approchait de sa destination, Venise.
Une voix de femme avec un fort accent italien retentit depuis la rangée de sièges derrière les leurs :
- Mesdemoiselles, comment pouvez-vous être soucieuses alors que vous approchez de Venezia, la plus belle ville du monde ?
Les deux jeunes femmes sursautèrent. Elles se retournèrent vers la femme qui venait de parler…. Elle avait 45 ans environ, un peu boulotte, les cheveux noirs. Son visage un peu grave contrastait avec la bonhomie toute méridionale de sa voix et ses paroles. Chloé et Valentina échangèrent un bref regard. La femme avait voyagé avec elles depuis Paris. Elles l’avaient déjà repérée, tentant à chaque instant de lier conversation avec les autres passagers ou les hôtesses de l’air. Visiblement, c’était le genre de personne qui, mue par un esprit grégaire, cherche sans cesse la compagnie de ses semblables pour faire partager leurs vues sur les choses et le gens. Bref une casse-bonbons.
Sans même leur laisser le temps de répondre, la femme enchaîna :
- Je sais que vous êtes françaises. Je vous ai entendues parler avec l’hôtesse. C’est pour ça que je vous parle en français. J’ai longtemps vécu à Parigi.
Elle s’arrêta deux secondes de parler, pour aussitôt reprendre :
- Vous allez visiter Venezia ? La plus belle ville du monde ? Beaux monuments, beaux musées, beaux palais, pareils à des joyaux, bons hôtels ? Je peux vous conseiller l’hôtel Gran Canale …- Merci de votre amabilité, la coupa Chloé, mais nous avons déjà réservé- Dans un bon hôtel, j’espère !
- Le Saint Régis, répondit Chloé, espérant ainsi mettre fin à cette conversation.
Elle se trompait, son interlocutrice ne se décourageait pas aussi facilement :
- Le Saint Régis ? Excellent hôtel, service impeccable !
- Je connais parfaitement cet établissement.
Discrètement, Chloé glissa à l’oreille de Valentina :
- Bienvenue en Italie …- J’ai oublié de me présenter ! Carmen Capretta ! Tout le monde connait Carmen Capretta à Venezia. Je fais le commerce des verres de Murano …
Chloé et Valentina n’eurent pas le loisir de se présenter. Déjà, l’autre était un moulin à paroles, de plus la voix de l’hôtesse retentit dans les haut-parleurs :
- Nous vous prions de regagner vos sièges, d’attacher vos ceintures, d’éteindre vos appareils électroniques, nous commençons notre descente sur Venise.
Presque en même temps, l’avion se mit à descendre et tourna au-dessus de la ville. Sous le soleil de ce début d’après-midi, les toits scintillaient comme autant de joyaux entre lesquels on apercevait de longues coulées d’émeraude. Puis par-dessus la lagune, l’avion glissa vers l’aéroport de Venise-Marco Polo et alla se poser doucement sur la piste.
En récupérant leurs valises, elles virent Carmen Capretta devant les tapis roulants en grande conversation avec un petit groupe de touristes :
- Filons d’ici avant qu’elle ne nous repère …
Le lendemain matin, Chloé et Valentina étaient en train de prendre leur petit-déjeuner face au Grand Canal sur la terrasse de leur suite. Chloé consultait internet sur son portable :
- Sidonio Pecoraro, l’ami de ton père est dans l’annuaire de Venise, j’ai son adresse. On va aller chez lui pour récupérer ce fameux parchemin. On verra bien ce qu’il y a dedans.
- D’accord.
- D’après le plan, c’est dans le quartier portuaire, on va prendre le vaporetto.
Pour se rendre chez Sidonio Pecoraro, les deux filles ont débarqué près du petit chantier naval où sont fabriquées les gondoles de manière artisanale. Typique et haut en couleur. Elles s’arrêtèrent pour prendre quelques photos, puis elles continuèrent leur chemin et arrivèrent dans le quartier des docks :
- Sinistre le coin, dit Chloé.
- Pas rassurant surtout, ajouta Valentina.
- D’après le plan, ce n’est pas loin. Tiens, voilà, c’est cette rue.
Elles continuèrent sur une voie aux trottoirs à moitié défoncés où les herbes folles poussaient dans les interstices du macadam. La plupart des maisons et petits immeubles étaient condamnés. Certains étaient en cours de démolition, et d’autres déjà écroulés. L’horizon était bouché par les grues géantes des docks du port de marchandises, ou par les remparts de containers de marchandises, empilés les uns sur les autres. Au bout d’une centaine de mètres, ça s’arrangeait légèrement. Enfin, non, les bâtiments étaient toujours aussi lépreux et tristes, mais certains étaient habités. Au moins il y avait un peu de vie. Elles arrivèrent devant un bar.
- C’est là.
Apparemment pas d’autre entrée pour pénétrer dans l’immeuble :
- On va rentrer dans le bar, dit Chloé.
- C’est un bouge ! Lugubre et très certainement malfamé …- Oui, sûrement, mais j’ai vu pire.
En effet, à l’intérieur, c’était moche, sale, sombre et fréquenté par des dockers et des marins à l’air bien patibulaires :
- Le Signore Pecoraro per favore.
- Lui non è qui- Il rentre quand ?
- Je ne sais pas, une heure, deux ….
- Il habite là ?
- Si, ajouté le barman en montrant un escalier qui montait vers les étages.
- On va l’attendre, deux bières dans des verres propres, dit Chloé.
- On va peut-être attendre dehors, tenta Valentina.
- Mais non t’inquiète, on sera mieux là, assises.
- T’es sûre ?
- Mais oui …
Elles furent observées, dévisagées même, par tous les types présents dans le rade, lorsqu’elles se dirigèrent vers une table avec leurs verres à la main. Au bout de cinq minutes, un gros gars portant un débardeur pas très net, des tatouages fait par des amateurs (sûrement en prison) sur les biceps et les avant-bras, se leva et s’approcha d’elles :
- Alors les poupées ! Françaises, c’est ça ? On est en chasse ? On est chaudes ? On cherche du mâle ? Du bien monté ? Vous êtes bien tombées avec moi et mes copains !
- Un classique, le gros con et ses potes dans un bar louche sur les docks, glissa Chloé à Valentina.
- Alors beauté, je t’offre un verre ? A toi et à ta copine ?
- Oublie le verre, tu ne voudrais pas plutôt aller directement chez toi ?
- Euh … Ouais, carrément !
- Parfait, salut, vas-y et rentre bien. Pas la peine d’appeler en arrivant.
- Quoi ?
- Oh Valentina, je crois qu’on a affaire à un futé là, doublé d’un comique.
- Ouais Poupée, j’suis un marrant et pas que ! J’ai appelé ma bite « la vie ». Tu sais, pourquoi ?
- Nan …- Parce que la vie est dure ! Ahahahahah … Ça t’en bouche un coin poupée, tu veux toucher ?
- Oui, mais non, en fait, la vie est courte aussi ! Enfin pour certains …
Elle se tourna vers Valentina restée en arrière :
- Les hommes sont comme les girouettes, c’est la queue qui leur fait tourner la tête.
- Tu te crois drôle pétasse ?
- Je pars du principe que si je me fais rire toute seule, je suis drôle. Et là, je suis morte de rire, mais plutôt en t’imaginant te vider de ton sang à mes pieds.
- Espèce de salope, tu vas me sucer ! En plus, j’en ai une grosse.
- C’est pas la taille qui compte, c’est le goût. Et là … J’ai comme un doute. Non, vraiment, je ne vais pas me laisser tenter par cette offre, pas forcément alléchante.
- Connasse.
- Ecoute machin, je suis psychologiquement saturée là !
- Quoi ?
- Psychologiquement saturée ! C’est comme en avoir plein le cul, mais c’est beaucoup plus classe. Mais ça revient au même.
- Quoi ?
- Bon, je vais essayer d’être plus claire ! Mot de passe incorrect. Access denied, signé : ma petite culotte … Bon, ça n’imprime pas là ! C’est sisyphéen comme bataille je crois, il n’y a pas de fin …- Sissifé hein ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
- Oh, c’est en référence au personnage de la mythologie grecque, Sisyphe, condamné par Hadès à monter et remonter sans fin un rocher au sommet d’une montagne, avant que le dit rocher ne redescende. C’est dans l’Odyssée d’Homère.
- Quoi ?
- Non, rien, laisse tomber. Je voulais dire, c’est chiant comme situation.
- Ah ok.
- Oh putain, on n’est pas arrivés là …
Puis à Valentina :
- Ce primate est la preuve flagrante et incontournable que la réincarnation existe. On ne peut pas devenir aussi con en une seule vie.
- Salopes ! Vous allez prendre cher toi et ta copine. Avec mes potes, on va …- DEGAGE MAINTENANT ! Dit Mangouste en élevant la voix et en mettant le Sig Sauer, que le contact de Samuel lui avait livré la veille à l’hôtel, sous le nez du gugusse. Le bout du canon, dans la narine même. Tu fais ce que tu veux après ! La balle est dans ton camp. Normal le flingue est de mon côté. Alors toi et tes connards de potes, vous dégagez de là. Presto ! Bouge, bouge, bouge !!! Allez, allez, allez ! Ventre à terre.
Le gars et ses copains, ne se le firent pas dire deux fois. Le patron du bar interloqué les regardait la bouche grande ouverte.
Mangouste s’adressa à lui :
- Si tous les cons du monde pouvaient se donner la main, il suffirait d’électrocuter le premier. Bon trêve de plaisanterie, on cherche le signore Pecoraro. Sidonio Pecoraro, pour être précise. Ne joue pas au malin en nous sortant que tu ne le connais pas, ou qu’il n’est pas là, ou je ne sais quoi. Tout ça m’épuise, je suis un peu blasée là. Il habite ici. J’espère que tu vas être coopératif mon gros, et nous dire où il est. Sinon, je mets ton établissement à sac, à un point que même ton assureur fera faillite après ça.
- Au 1er étage, appartement de gauche sur le palier.
- Merci mon gros. Tu es un bon gars finalement, lui dit Mangouste en lui tapotant la joue. Nos verres là, c’était ta tournée. De toute façon, ta bière est infâme !
Elle dit à Valentina en montant les escaliers :
- Dieu inventa l’homme au 6ième jour, puis la femme, puis il y eut toute cette connerie autour du paradis originel, du fruit défendu et tout le tintouin, puis pour s’excuser auprès des femmes, il inventa aussitôt le chocolat et les vibromasseurs. Une tablette de chocolat, au moins, ça procure 19 centimètres de plaisir (contrairement à certains …).
Sidonio Pecoraro fut surpris de voir les deux jeunes femmes :
- La dernière fois que je t’ai vue Valentina, tu avais quatre ans … Tu as un peu changé, mais je reconnais tes jolies yeux et ton sourire.
- Mon père vous a écrit, mais à Paris, où il croyait que vous étiez encore. La lettre a-t-elle suivi ?
- Non, je n’ai rien reçu.
- Il m’a dit que vous aviez un parchemin qui l’intéressait. Un souvenir de famille.
- Ah ça ! Oui, je l’ai acheté dans une vente aux enchères en France, l’année dernière. Un cylindre en plomb, fermé et soudé avec un sceau aux armes de votre famille. Je ne l’ai pas ouvert. Il aurait fallu briser le sceau et attaquer la soudure. J’ai préféré prévenir ton père.
Après avoir quitté Sidonio et retraversé la salle de bar, où personne ne moufta, Chloé et Valentina regagnèrent l’hôtel Saint Régis pour ouvrir l’étui. A l’aide d’un coupe-papier Chloé découpa l’extrémité de la gaine de plomb. Elles en extirpèrent un vélin jauni, roulé. Le texte, assez ancien, s’il fallait en juger par l’encre passée, était rédigé en latin :
- Du latin, dit Valentina.
- Je lis le latin, laisse-moi regarder.
Chloé parcourut des yeux le parchemin :
- Bon, en gros, ça dit qu’au début du XVIIIe siècle, quand le comte Alessandro Di Tomaso … Comte ?
- Oui, je suis la descendante d’une des plus riches familles vénitiennes.
- Madame la Comtesse, fit Chloé en faisant une courbette.
- Tu es bête, je ne suis pas Comtesse. Au fil des décennies, la fortune de ma famille fut dilapidée. Nos titres perdus. Mon arrière-grand-père a émigré aux Etats-Unis !
- Bon, je continue. Le comte Alessandro, donc mourut et ses trois fils se sont entre-tués pour s’approprier le trésor des Di Tomaso. Le survivant Fabio, fut toute sa vie assailli par les remords. Peu avant sa mort, il décida que le trésor des Di Tomaso était maudit et le dissimula dans une cachette connue de lui seul. Le lieu secret est consigné dans son testament. Voilà en gros ce que ça dit. Voilà ce que cherche Miasme, le trésor des Di Tomaso.
- Mais c’est une légende ! Mon père me l’a déjà racontée ! Le trésor des Di Tomaso n’existe pas. Sinon, ça ferait longtemps qu’il aurait été exhumé. Mon père voulait sûrement ce parchemin pour son intérêt historique et familial, rien de plus.
- Oui, bon, en tout cas, ces cons de Miasme ont cru à la légende eux. C’est pour ça qu’ils sont à tes trousses. Ils y ont vu la possibilité de remonter leur trésorerie au plus bas avec ce fameux magot, qui n’existe pas.
- Comment leur faire comprendre ça ? il faut qu’ils arrêtent, qu’ils laissent ma famille tranquille.
- Je crois que ce n’est pas possible. Je pense sincèrement qu’ils sont très cons et qu’ils vont continuer à chercher ce trésor, donc nous chercher nous.
On tapa à la porte de la chambre :
- Qui est là ?
- Mangouste, ouvre la porte
Chloé glissa à l’oreille de Valentina « C’est Lakapuch, je reconnais sa voix, à coup sûr Kahoué est là aussi. Vas te planquer derrière le lit, je m’en occupe » :
- Qu’est-ce que vous voulez ?
- On veut juste discuter.
- Vous êtes combien ?
- On est deux.
- Ben discutez entre vous alors !
- Ouvre on te dit.
- Bon vous me saoulez là, mon temps de gentillesse et de patience va expirer, merci d’aller vous faire foutre.
- Ouvre Mangouste !
Mangouste ouvrit la porte et pointa son Sig Sauer sur le torse de Lakapuch. Kahoué se trouvait juste derrière :
- Voilà, j’ai ouvert !
- Elle est armée, viens John, on dégage de là, dit Cédric Kahoué en faisant demi-tour. On l’aura plus tard !
Impossible de faire usage de son arme, là au beau milieu du Saint Régis, où elle avait ses habitudes et était connue sous son vrai nom. Les deux gugusses s’engouffrèrent dans l’ascenseur, dont les portes se refermèrent. Elle prit les escaliers qu’elle descendit quatre à quatre.
Mangouste déboucha dans la rue devant l’hôtel.
Elle vit de loin Kahoué sur ses petites jambes partir en courant dans une ruelle. Aucune trace de Lakapuch, avec ses grandes jambes, il devait avoir prit de l’avance. Kahoué tourna à gauche et emprunta un des multiples ponts vénitiens qui enjambaient les canaux. C’est là que que Mangouste le rattrapa et le coinça contre la rambarde :
- Salut Kahoué. Alors, on se débine quand on me voit ? Ne t’inquiète pas Kahoué, ça va mal se passer.
- T’es qu’une salope Mangouste, une sale euh … une sale salope !
- Il y a un proverbe africain qui dit « traverse la rivière avant d’insulter le crocodile ». Tu n’as pas traversé la rivière, enfin le canal à Venise. Tu n’auras malheureusement pas le temps de méditer ce dicton qui pourtant est loin d’être idiot. Je vais te tuer, là, tout de suite.
- Non Mangouste ne me fait pas mal.
- Chut, je n’aime pas les gens qui parlent pendant que je les interromps. Donc tu fermes ta gueule pour le moment, tu parleras quand je te le dirai mon gros, pas avant. Alors, qui est la cheffe de Miasme ? Tu peux parler maintenant, top, c’est à toi …- Je ne sais pas Mangouste, je te le jure …- Allons, allons, allons … Ne me prends pas pour une conne.
- Non, je te jure, elle a toujours un masque, je ne sais rien, je suis juste un exécutant. Rien de plus ! Un pion, rien qu’un pion.
- Bon, tu ne me sers à rien, si tu ne sais rien Kahoué.
Elle le poussa par-dessus la rambarde. Cédric Kahoué chuta dans le canal quelques mètres plus bas :
- Aide-moi Mangouste, je ne sais pas nager … Il n’y a rien pour m’accrocher, aide moi ! hurla-t-il en essayant de trouver une prise sur le mur longeant le canal.
- Tu ne sais pas nager ? Demanda Chloé en se penchant sur la rambarde. Nooooon ? C’est trop con ça. Tu vas mourir alors ! Noyé ! C’est horrible. Voir Venise et mourir !
- S’il te plaît Mangouste ! Gloub, gloub …- Mort à Venise de Visconti, super film ! Tu l’as vu ?
- Aide-moi Mangouste, par pitié …- Je te conseille de le voir. Mais, suis-je bête, tu ne vas pas pouvoir, puisque tu vas mourir ici, noyé, d’ici trente secondes. Allez bye, bye gros, salut les enfers de ma part. Tu diras à Lucifer, que je ne vais pas venir tout de suite. J’ai un empêchement. Quelques trucs à finir avant.
- Gloub, gloub, gloub …
Chloé s’est éloignée en chantant :
Volare, oh-ohCantare, oh-oh-oh-ohNel blu dipinto di bluFelice di stare lassu
(A la demande d’un fidèle lecteur (que je salue), je précise que Mangouste, qui a pourtant de multiples talents, chante comme une casserole, contrairement à l’auteure, qui a un joli filet de voix).
Son refrain à peine terminé elle enchaina sur un autre :
Lasciatemi cantareCon la chitarra in manoLasciatemi cantareUna canzone piano pianoLasciatemi cantarePerché ne sono fieroSono un italianoUn italiano vero
Elle acheva son récital par :
Laisse les gondoles à VeniseLe printemps sur la TamiseOn n'ouvre pas les valisesOn est si bienLaisse au loin les PyramidesLe soleil de la FlorideMets-nous un peu de musique et prends ma mainOn est si bienLaissons Capri aux touristesLes lunes de miel aux artistesMets-nous un peu de musique et prends ma main
Chloé et Valentina étaient attablées à la terrasse du Caffè Florian, dont les tables et les chaises débordaient sur la place Saint Marc. Le célèbre et luxueux Caffè Florian, l’incontournable caffè Florian. Un monument, passage obligé si on visite Venise. Vous le trouverez sous les arcades qui bordent la célèbre place. Impossible de le rater, la devanture, le charme discret et délicat de l’intérieur et de ses six salons, tous arrangés par les plus grands décorateurs, les fresques peintes, une jolie collection d’œuvres d’art contemporain. C’est ça le caffè Florian. Plus qu’un café ou même une institution, c’est une œuvre d’art.
Les deux jeunes femmes dégustaient le cocktail maison, en écoutant l’orchestre de chambre qui jouait des cantates devant le caffè :
- La flûte traversière fait quelques fausses notes, dit Chloé. C’est quasi imperceptible … Mais quand on a l’oreille, c’est indéniable … Tssss …
Elles regardaient l’agitation de la place, envahie par ses nuées de pigeons et ses troupeaux de touristes (ou l’inverse). En tout cas, ils colonisaient et se partageaient l’espace. Sans cette foule bigarrée, on aurait pu se croire dans un tableau de Canaletto. Avec, on est bien dans le Venise d’aujourd’hui.
Tour du Campanile, basilique et Palais des Doges se disputaient la place de choix dans le panorama. Les yeux passent de l’un à l’autre sans arrêt. C’est l’apanage des sites d’exception partout dans le monde, et la place Saint Marc en est un. Les merveilles s’arrachent la prédominance les unes aux autres. Certes, mais la place Saint Marc, serait-elle la même sans la tour du Campanile par exemple ? Avec seulement le Palais des Doges ? Pas sûr du tout.
Valentina se raidit d’un seul coup :
- Regarde là-bas, c’est Lakapuch !
John Lakapuch et ses plus de deux mètres dépassait de la foule des touristes. Il représentait une tâche grise et sombre au milieu des parapluies de toutes les couleurs qu’arboraient les guides touristiques et qu’ils pointaient vers le ciel pour rameuter leurs groupes de touristes. Une tâche dans un océan mouvant de couleurs. On ne pouvait pas le manquer:
- Viens on le suit, dit Chloé en se levant. On se dépêche avant de le perdre dans cette foule.
Elles se levèrent, et après avoir jeté un billet sur la table pour les consommations, elles cherchèrent du regard Lakapuch sur la place :
- Avec ce monde, j’espère qu l’on ne l’a pas perdu.
- Là-bas au fond, c’est lui !
Elles virent Lakapuch s’engouffrer dans une venelle.
Elles se mirent à courir, bousculant un groupe de touristes asiatiques qui se photographiait. Arrivées devant la venelle, elles aperçurent Lakapuch, qui marchait rapidement sur ses grandes jambes. Elles durent courir pour garder la distance. La ruelle forait un coude sur la gauche et longeait un canal secondaire. Elles virent Lakapuch se plier en deux pour monter sur une gondole, qui quitta le quai. Elles montèrent à leur tour dans une autre gondole qui attendait là :
- Gondolier, suivez cette gondole, dit Mangouste. Discrètement !
Les deux gondoles à quelques encablures l’une de l’autre, retournèrent sur le Grand Canal, puis prirent un autre canal secondaire au bout d’un moment.
La gondole de Lakapuch s’est arrêtée près d’un bâtiment en partie délabré :
- C’est quoi cet endroit demanda Mangouste au gondolier.
- C’est le Palazzio San Bernardo, mais il n’y a personne là-dedans, c’est fermé, ça menace de s’écrouler.
D’un seul coup, la gondole de Lakapuch se mit en travers du canal, comme pour barrer l’accès. Une autre gondole, transportant quatre hommes les percuta par l’arrière.
Le choc à peine passé, un des hommes sauta sur la gondole des jeunes femmes. Il sortit un couteau à cran d’arrêt. Le gondolier apeuré sauta dans le canal et abandonna son embarcation en laissant Chloé et Valentina à leur destin. Depuis sa propre gondole, Lakapuch observait la scène et donnait des ordres à ses sbires :
- Chopez-les, mais vivantes !
- Reste assise à l’arrière, tasse-toi bien au fond, dit Chloé à Valentina.
Elle sauta à pied joint sur l’embarcation, ce qui eut pour effet de faire perdre l’équilibre à l’homme au cran d’arrêt qui se retrouva dans le canal. Chloé se saisit de la rame du gondolier et assomma le type qui coula aussitôt.
Avant que les trois autres restés sur leur gondole ne réagissent, elle sauta parmi eux. Elle balaya le premier avec sa rame, gifla le deuxième toujours avec sa rame (ça fait mal !). Le dernier fouilla sous son pull et tenta d’extirper un revolver. Mal lui en prit, un coup de rame à la carotide l’a envoyé aussi au bouillon. D’autres coups de rame sur le crane de ceux des trois qui tentait de s’extirper de l’eau eurent raison de leur dernières velléités :
- Lakapuch s’en va, dit Valentina. Elles le virent accoster et sauter sur le quai, puis courir au coin de la rue et disparaitre :
Chloé se mit à ramer pour aborder le quai à son tour. Elle sauta sur la terre ferme, juste le temps de voir Lakapuch pénétrer dans une étroite ruelle adjacente qui longeait le Palazzio San Bernardo. Enfin ce qu’il en restait. Les murs s’effritaient. Elles le suivaient à distance. Il fit mine de se retourner. Chloé et Valentina se plaquèrent dans l’embrasure d’une porte, pour se cacher.
Elles le virent ouvrir une grille qui tenait plus du grand soupirail le long du mur du palazzio. Après avoir vérifié que personne ne le suivait, Lakapuch se cassa en douze pour se glisser dans l’étroite ouverture :
- J’y vais, dit Chloé, je le suis. Retourne à l’hôtel Valentina, ça peut être dangereux là-dedans.
- Je n’ai pas très envie de t’abandonner, et encore moins d’entrer là-dedans. Je retourne à l’hôtel, reviens vite. Fais attention …
Le reste du bâtiment était condamné. Des planches et des parpaings en condamnaient les issues, portes et fenêtres. Il était manifestement inoccupé depuis de longues années apparemment. La façade était lézardée et les murs tombaient en décrépitude.
Chloé attendit un instant, avant d’entrer à son tour par le soupirail. Derrière la grille, en contre-bas, un escalier en colimaçon descendait dans la pénombre. En bas, un mince boyau s’enfonçait sous le bâtiment. Chloé marchait dans vingt centimètres d’eau. Elle tomba sur un autre escalier, cette fois montant. Elle l’emprunta. En haut, elle se figea dans le noir, elle venait d’entendre un léger bruit devant elle. Lakapuch ? Puis ce fut le trou noir, elle s’écroula inconsciente. On venait de lui donner un coup derrière la tête.
Chloé s’est réveillée, avec un mal de crâne et les mains attachées dans le dos.
- Elle émerge cheffe, fit la voix de Lakapuch.
- Je vois ça ! Fit une voix féminine en italien.
Reprenant ses esprits doucement, Chloé essaya de voir à quoi ressemblait cette fameuse « Cheffe », surement la grande patronne de Miasme. Elle restait dans l’ombre, Chloé ne voyait même pas sa silhouette :
- Alors, tu vas tout nous dire maintenant Mangouste, fit Lakapuch.
- Tout ! Sur le trésor des Di Tomaso, et où est ta copine Valentina, ajouta la femme- Le trésor des Di Tomaso ? Ahahahaha …- Pourquoi tu ris, parle !
- Je ne dirais rien. Que dalle. Allez mourir ! Sales cons !
Lakapuch donna une violente gifle à Chloé :
- Et le respect, espèce de connasse !
- Doucement, ne l’abime pas trop, il faut qu’elle parle avant.
- Cette salope a tué mon ami Kahoué !
Chloé ne put s’empêcher de chanter :
L'ami KahouéMe fait la têteQu'a Kahoué ?
- Ta gueule salope dit Lakapuch le visage déformé par la haine.
- Gloub, gloub furent les dernière paroles de l’ami Kahoué …
Il gifla à nouveau Chloé :
- Toi connard, je vais te massacrer et dans pas longtemps, lui dit Chloé.
- C’est ça espèce de pute, en attendant, t’es notre prisonnière.
- Parle, où est le trésor, que dit le parchemin ?
- Le parchemin ? Mais rien du tout … On ne l’a pas le parchemin.
- On sait que vous l’avez, parle. Bon, je dois partir, j’ai à faire. Enferme là, on reprendra l’interrogatoire plus tard. Et qu’elle ne s’échappe pas, elle est maligne.
Même si les yeux de Chloé s’étaient habitués à l’obscurité, elle n’avait rien pu voir du visage ni même de la silhouette de la femme. Pourtant, cette voix lui disait quelque chose. Mais quoi ? Impossible de se souvenir. Pourtant, elle était sûre de l’avoir déjà entendu avant. A la télé ou à la radio ? Rien ne lui venait.
Lakapuch l’attrapa sans ménagement l’emmena et le jeta dans une espèce de cellule :
- La cheffe ne veut pas qu’on t’abime. Mais on y viendra ! J’espère que tu vas continuer à fermer ta grande gueule et qu’elle me demandera de te torturer Mangouste. Oui Continue à la fermer, je saurai être patient. Ce n’est pas l’envie qui me manque de te torturer là, tout de suite. Mais ça viendra salope. Elle me donnera l’autorisation, c’est sûr. Bientôt.
Il ferma la porte. Cloé l’entendit partir en marmonnant des paroles incompréhensibles. Elle ne perçut qu’une bribe du laïus de Lakapuch : « Torturer cette salope » :
- Ce type a un sérieux problème psychologique. Bon, je suis un peu dans la merde quand même. Il va falloir que je me sorte de là !
D’abord, elle devait se détacher. Ensuite, on verra bien. Ses mains étaient toujours liées dans son dos. La corde était serrée. Elle eut beau tirer, les liens ne se desserraient pas.
Elle fit le tour de sa geôle. Ses yeux s’habituèrent progressivement à l’obscurité. Au milieu, il y avait un pilier en brique. Elle eut une idée. Les briques formant l’arrête du pilier étaient abimées par le temps et légèrement effritées par endroit. Ça pouvait rappeler un bord inégal en dents de scie. Peut-être qu’en frottant la corde sur cette arête, finirait-elle par céder … Il allait falloir du temps. Après du temps, elle en avait.
Il lui fallut une trentaine de minutes pour user la corde. Elle était courbatue et ressentait quelques douleurs dans l’épaule à force de faire des mouvements de va et viens sur le pilier. La corde céda enfin.
Elle se massa les poignets pour faire revenir la circulation sanguine.
Explorer sa geôle, même dans l’obscurité, fut plus aisé les mains libres, qu’attachées dans le dos. A priori la cellule ne faisait que quelques mètres carrés. Hormis le poteau central, rien à l’intérieur. Pas de mobilier, rien qu’elle ne puisse utiliser pour s’évader. L’épaisse porte en bois était trop solide pour être forcée.
Alors qu’elle explorait à tâtons le fond, Chloé sentit un léger souffle d’air plus frais sur ses mollets. Elle se baissa et en tâtonnant le mur, elle trouva une grille.
Cette grille était verrouillée bien sûr, ça aurait été trop facile. Par contre, en la palpant, il était manifeste qu’elle était rouillée et en mauvais état.
Elle tira dessus, essaya de tordre les barreaux, sans résultat. Elle se mit à donner des coups de pieds sur le milieu, espérant être plus efficace. Ça lui permit surtout de passer ses nerfs. Au six ou septième coup de pied, Chloé sentit la grille bouger légèrement. En palpa les barreaux, rien, ils n’avaient pas bougé. Par contre, il y avait un peu de jeu dans les charnières. La pierre semblait s’effriter autour et les dites charnières se plier légèrement. Elle insista donc et donna quelques coups de plus. Un dernier coup de talon fit céder l’ensemble. La charnière supérieure céda, suivie de celle d’en bas.
Chloé poussa fort sur la grille. La serrure céda à son tour. La grille chuta et un plouf retentit. Derrière, apparemment, c’était un boyau semblable à celui par lequel elle était entrée dans le palazzio derrière Lakapuch. Vu le temps mit par la grille pour tomber dans l’eau, ce n’était pas très haut, deux, trois mètres au maximum. La seule inconnue était la profondeur de l’eau. Au pire, elle pourrait nager.
Elle se laissa glisser dans le trou béant et atterrit sur le sol. Il n’y avait pas trop de profondeur. Elle avait de l’eau jusqu’à mi- mollets.
Ayant perdu ses repères, elle hésita entre prendre à gauche ou à droite. LE hasard allait guider ses pas, se dit-elle.
Elle évoluait dans le souterrain sombre depuis deux minutes lorsqu’elle arriva à une intersection. Sur la gauche, un autre boyau partait. Après quelques marches montantes, il n’y avait plus d’eau par là. On montait peut-être vers la surface par ce chemin !
C’est à ce moment qu’elle entendit le floc floc provoqué par un homme qui marchait dans l’eau du boyau qu’elle venait de quitter. Elle redescendit les marches pour voir la lueur d’une torche électrique qui avançait dans sa direction. L’homme était seul apparemment.
Chloé se plaqua contre le mur au niveau de l’intersection.
Lorsque l’homme arriva à sa hauteur, bien qu’éblouie par l’intensité de la lampe-torche, elle fut certaine qu’il s’agissait de Lakapuch, vu la taille.
Elle laissa passer Lakapuch donc, un coup porté au niveau des cervicales eut raison de lui, il s’écroula au sol.
Après s’être saisie de la torche, elle éclaira le corps inerte du grand type.
- Qu’est-ce qu’il est moche, se dit-elle en le tirant par les pieds pour le hisser sur les quelques marches et l’amener dans le boyau sec.
Chloé se mit à califourchon sur lui et lui mit des grandes claques pour le ranimer :
- Debout face à face t’est trop grand pour moi. Allongé par terre moi par-dessus, t’es à ma portée. Et puis j’aime bien être par-dessus ! Lui dit-elle en lui mettant la lampe-torche dans les yeux.
- Tu as tué mon ami !
- Kahoué ? Il était nul, pas une grosse perte ! Pas le plus méchant de votre duo. Dans d’autres circonstances, ça aurait même pu être un gentil ! Enfin un gentil con. Non, le méchant, c’est toi.
- Sale gouine !
- Ben pourquoi tu dis ça ? Bon au moins c’est original, ça change du sempiternel « salope ». Mais l’homophobie, ce n’est pas beau tu sais ! C’est même vilain. Tu n’es pas très woke toi. Remarque t’as bien raison, les wokiste c’est des cons. Gouine ? A quoi tu vois ça d’ailleurs. Ça ne se porte pas sur le visage ce genre de choses, enfin, ça dépend pour qui tu me diras … Enfin, moi, je ne le porte pas sur mon visage. Traite-moi de butch pendant que tu y es ! Sinon t’imagines un GPS pour les cons, pour déterminer l’orientation sexuelle ? « Descendez de 40 cm après les nichons, contournez le nombril et vous atteindrez la foufoune. Si ce n’est pas une foufoune, mais une quéquette, faites demi-tour et revenez. Le truc indispensable ! Je ne sais même pas comment on faisait avant ! Bon, je parle, je parle … On ne va pas y aller par quatre chemins, tu ne sais rien, c’est ce que tu vas me dire. Tu ne vas pas parler, blablabla … Donc, je vais te tuer direct, sans perdre mon temps. De la pure méchanceté gratuite en fait. C’est terrible d’être comme ça. Pourtant, je fais des efforts pour m’améliorer hein ! J’aimerai de temps en temps ressentir un peu de miséricorde pour les salauds. Je n’y arrive pas.
- Tu crois que tu me fais peur Mangouste ?
- Te faire peur ? Mais non, quel drôle d’idée ! Tu vois, quand j’ai envie de tuer un salaud dans ton genre, j’entends deux voix dans ma tête. Une qui me dit « vas-y, fais toi plaisir » et l’autre qui me dit « tu l’as entendue ? Lâche-toi, vas-y, tue le ». C’est mon côté, non pas bipolaire, juste polaire.
- Vas-y salope, tue moi, fais toi plaisir.
- Oh là là ! Quel caractère, fit Mangouste. Tu me rappelles quelqu’un !
- Qui ?
- Un autre con dans ton genre. Cobra Snake (voir Banco à Bangkok). Un mec buté, comme toi. Je ne l’ai pas tué, il a avalé une capsule de cyanure avant. La fierté mal placée ! Voilà où ça mène … Nulle part. Tu n’as pas de capsule de cyanure toi ? Ne m’enlève pas ce petit plaisir de te faire la peau ! Cobra, il avait une copine vraiment choucarde, Copperhair, une rouquine incendiaire, je ne te dis pas. Elle voulait le venger, au début. Finalement, sa meuf, c’est devenue une bonne amie et mon amante. A chaque fois qu’on se voit, je ne te dis pas comment c’est chaud bouillant ! Tu n’as pas de copine rouquine toi ? Je kiffe les rouquines … Non, apparemment, tu n’as pas de copine. Dommage !
- Tu n’es qu’une dépravée Mangouste ! Tu brûleras en enfer. Qu’on en finisse, tue-moi, les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures Mangouste.
- La plaisanterie la plus courte, c’est ta bite sûrement. Bon, on en finit, j’en ai marre là.
Elle attrapa Lakapuch par les oreilles et provoqua une vive torsion qui lui fit craquer les cervicales :
- Joli craquement ! Clair, net, sans bavure. Ça répond à une de ces questions existentielles que je me suis toujours posée. Le coup du lapin, ça doit être terrible pour une girafe. Une belle mort sinon, rapide, indolore. Je me ramollis moi. Ce type méritait peut-être de souffrir un peu. Enfin bon, il ne faut pas trop en faire. Il faut savoir raison garder. Et puis, j’ai encore du boulot moi …
Elle continua dans le mince boyau, cette fois en pouvant s’éclairer, et en chantonnant :
La mer quand vient le temps des vacancesC'est le temps de la danse entre tes bras toutes les nuitsEt si j'ai le cœur tout retournéLà je t'embrasserai jusqu'à la fin de l'étéC'est l'amour à la plage (ah-ouh, cha cha cha)Et mes yeux dans tes yeux (ah-ouh, ah-ouh)Baisers et coquillages (ah-ouh, cha cha cha)Entre toi et l'eau bleue (ah-ouh, ah-ouh)Yeah, ouh, ouh, yeahOuh, ouh, yeahOuh, ouh, yeahOuh, ouhEt si j'ai le cœur tout retournéLà je t'embrasserai jusqu'à la fin de l'été.
Enfin, au bout d’une cinquantaine de mètres, après un coude de la galerie, elle sentit un courant d’air frais. Elle arriva bientôt auprès de l’escalier en colimaçon et de la grille par où elle était entrée quelques heures plus tôt à la suite de Lakapuch.
- La chance, j’ai avancé au hasard et j’ai retrouvé mon chemin tout de suite. Je n’aurais pas trop trainé longtemps dans cet endroit miteux. Parfait !
Arrivée au Saint Régis, Valentina lui sauta au cou :
- Chloé, je me suis fait un sang d’encre en t’attendant. J’ai eu peur que tu aies eu des problèmes, qu’ils ne t’aient fait du mal, voire pire…- Quel problème veux-tu qu’il m’arrive ! Bon, j’ai été prisonnière un moment, mais je me suis évadée. Et j’ai eu Lakapuch. Lui ne nous importunera plus.
- Ils t’ont frappée, dit Valentina en caressant le visage de Chloé.
- Oui, je me suis pris quelques gifles, mais ce n’est pas bien grave, dit Chloé en se regardant dans un miroir. Ça ne devrait pas marquer.
- Les salauds, attends, je vais te soigner…- Ah ça, je veux bien ! Et après, je te propose une douche crapuleuse, toi et moi. Ton corps collé contre le mien, là, me donne des idées plus que coquines. Et puis après mon séjour dans les souterrains, je suis un peu crado.
Les deux jeunes femmes étaient allongées sur le lit se remettant de leur douche polissonne, suivi d’un l’after sur le lit king-size, qui fut chaud bouillant. Chloé caressait les fesses de Valentina couchée sur le ventre :
- Ah, au fait, j’ai rencontré la cheffe de Miasme aussi, elle était dans l’ombre, portait un masque, mais j’avais la nette impression de connaître sa voix. Ça ne me revenait pas, mais là, sur le chemin du retour, j’ai eu l’illumination. Je sais qui c’est ! Je vais lui régler son compte aussi à cette salope.
- C’est qui alors ?
- Tu te souviens de cette femme qui nous a tenu la jambe dans l’avion ?
- Oui ! C’est elle ?
- Tout juste, elle a voyagé avec nous. Elle nous a tiré les vers du nez pour savoir dans quel hôtel on descendait. Son erreur, nous donner son nom, Carmen euh …- Carmen Capretta, dit Valentina.
- Voilà Capretta. On va trouver son adresse, t’inquiète pas. Je passe un appel … Allô CHARADE ? Tu peux me trouver l’adresse d’une certaine Carmen Capretta à Venise ? Oui, je suis à Venise ! Oui Valentina m’accompagne … Oui, je sais, je te suis redevable. Je passe te voir quand je rentre à Paris, promis. Mais non, Valentina, je ne fais que l’aider …Il n’y a rien de sérieux ! Mais non, ce n’est pas ce que je voulais dire. Il n’y a rien du tout ! Tu penses bien ! ! Tu as l’adresse ? Super… Elle habite en dehors de Venise à Sotto Marina. Elle a une villa au bord de la lagune de Lusenzo. Attends, je note tout ça … Merci Manon … Oui, je te le promets … Oui, bisous ! Oui partout ! Oui partout-partout … Non, c’est toi qui raccroches ! Non, c’est toi … Bon, je raccroche … Voilà !
Puis à l’attention de Valentina :
- Sacrée CHARADE, elle a l’air dure comme ça avec son look, mais une vraie romantique. Un peu jalouse aussi …
Comme à son habitude, Chloé repéra l’endroit sur Google Street View. Elle pouvait accéder à la résidence de Carmen Capretta par la voie maritime. Cela sera sûrement plus rapide que par la route. Elle loua auprès de l’hôtel un hors-bord. A priori, d’après Street View, devant la villa, il y avait une sorte de hangar à bateaux. Elle pourrait arriver discrètement par là.
Après avoir quitté la lagune de Venise, puis longé la côte, Chloé arriva en vue de Sotto Marina. Après avoir cherché un petit moment, elle repéra vite la villa et le hangar à bateau qui était ouvert.
Elle aborda l’endroit, moteur au ralenti, et arrêta son embarcation près de buissons qui jouxtaient le hangar. Elle sauta sur la rive et s’approcha doucement du bâtiment. A l’intérieur, un hors-bord était accosté. Un homme chargeait des valises à bord :
- Apparemment, elle se fait la malle, la salope. Trop tard Mangouste a été plus rapide que toi. Mangouste est toujours plus rapide que les cobras.
Elle régla son compte au type en deux temps, trois mouvements. Elle le balança inconscient dans la lagune. Il avait peu de chances de remonter à la surface ;
Des bruits de pas claquèrent sur le bois de l’embarcadère. Carmen arrivait, un vanity case à la main :
- Guido, tu as chargé mes bagages, je dois partir au plus vite, je dois rameuter mes hommes de main, pour neutraliser Mangouste, après je quitte le pays … Elle s’est échappée, tous des incapables ! Lakapuch est mort … Mangouste ne …- Les pétasses ont elle une âme ? La coupa Chloé en sortant de sa cachette.
La silhouette de Carmen s’immobilisa dans l’embrasure de la porte masquant la lumière de l’extérieur :
- S’il te plaît, tu peux bouger du soleil ? Déjà, tu me fais de l’ombre, mais surtout, je n’aime pas l’odeur de plastique brûlé de tes faux seins qui chauffent.
- Mangouste ! Comment tu m’as retrouvée ?
- J’ai tapé pouffiasse sur mon GPS et devine ! Il m’a amené direct chez toi.
Mangouste sortit son arme et tira une balle dans le genou droit de Carmen. Elle se tordit de douleur en s’écroulant au sol.
Mangouste s’accroupit devant elle et lui dit :
- C’est un Sig Sauer, mon pistolet automatique préféré. Je déteste les revolvers. Tu as une arme préférée toi ?
- Je neee aiieeeeee …- Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? Je ne comprends rien … Mon Sig Sauer perso, c’est une œuvre d’art. Je l’ai fait personnaliser ! Une belle crosse en nacre, une couleur acier brossé, quelques petits diamants incrustés de ci de là. Des petits hein ! Ça reste un flingue quand même ! Quand je prends l’avion, je ne peux évidemment pas l’amener, mais j’essaye toujours de trouver un autre Sig Sauer sur place.
- Pourquoi me tuer ? On pourrait…- On pourrait quoi ? Non, on ne peut pas ! Pourquoi te tuer ? On me pose souvent cette question ! Les méchants n’ont jamais l’impression de l’être ! C’est dingue ça quand même. Pourquoi te tuer ? Euh … Comme ça …En fait non, tu l’as bien cherché. Fallait pas embêter ma copine Valentina. Toute cette merde pour rien, en plus. Le parchemin, c’est du pipeau, le trésor des Di Tomaso n’existe pas. En plus chez Miasme, vous êtes des glands. Mourir pour des clopinettes, avoue que c’est idiot !
- Pourquoi tu me détestes ?
- Je ne te déteste pas vraiment en fait, mais si tu brûlais et que j’avais de l’eau, eh bien, je crois que je la boirais, lui dit Mangouste en craquant une allumette après l’avoir, aspergée de l’essence d’un bidon qui traînait là. Arrivederci ma poule.
Epilogue
Après avoir tué la méchante, Mangouste a fouillé sa villa et consulté les documents qui s’y trouvaient.
Elle apprit que les chefs de Miasme devaient se réunir le soir même dans le Palazzio San Bernardo, dans la salle du conseil. Elle décida de mettre un coup arrêt définitif à Miasme. Elle est retournée au Palazzio et posa des explosifs sous les fondations de la maison dans les souterrains où elle a suivi Lakapuch le matin même. Elle avait au préalable acheté les explosifs auprès des contacts fournit par Samuel. Elle resta en observation, camouflée à quelques mètres du palazzio dans son hors-bord. Plusieurs personnes, hommes et femmes, tous masqués, entrèrent pas l’accès dérobée, dans la ruelle, accompagnés de gorilles et d’homme de main.
Une demi-heure après la dernière entrée, elle fit exploser ses charges avec sa télécommande. Le palazzio trembla, se fissura, un nuage de poussière s’éleva jusqu’au-dessus le dernier étage du bâtiment. L’l’immeuble vacilla et s’écroula dans le grand canal :
- Oups, j’ai dû me gourer dans les doses … On se croirait dans un Bond ! L’immeuble qui s’écroule dans la lagune ! Au moins, on est débarrassés de ces cons. Toute la bande en une seule fois.
En revenant dans la suite du Saint Régis, Valentina lui sauta au cou :
- Chloé, j’étais morte d’inquiétude, où étais tu ?
- Je me suis occupée de Miasme. Miasme est en miette, en poussière même. Ils ne viendront plus t’importuner, toi et ta famille.
- Oh merci …- Bon, quelques jours en amoureuses à Venise, ça te dis ? Maintenant qu’on n’a plus cette tripotée de connards sur le dos, on va pouvoir en profiter tranquillement ! Au programme, je te propose, tourisme, culture, gastronomie, plaisirs divers et surtout sexe débridé.
Epilogue de l’épilogue
Après avoir laissé la voiture de location sur le parking de l’aéroport, Chloé et Valentina se dirigèrent vers l’aérogare pour l’enregistrement et l’embarquement vers Paris. Chloé était dans ses pensées. Elle allait encore profiter de Valentina avant qu’elle ne reparte aux Etats- Unis. Peut-être que ça coïnciderait avec le retour d’Alix. Et puis il y avait CHARADE.
Une voix nasillarde se fit entendre derrière elles, alors qu’elles tiraient leurs valises :
- Eh les gars ! Là ! C’est cette salope de Mangouste !
- Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ?
- La grosse salope de Mangouste. C’est sa faute si Nick, Mick, Serge, Aldo, Bill, Pedro, Marco, Josh et Barry se sont retrouvés à l’hôpital et après en taule, l’année dernière.
- La salope !
- Ouais, on va la déglinguer cette salope.
- Ouais !
- Ouais les gars !
- Alors Mangouste, espèce de salope, retourne toi !
Chloé eut un soupir :
- C’est pas vrai …. Ça n’en finira donc jamais … Un éternel recommencement.
En se retournant vers la petite bande :
- N’avoir que deux mains et tant de baffes à distribuer …
Remerciements :
Quand j’écris mes histoires, j’aime décrire les endroits où je situe l’intrigue. Faire vrai, en quelque sorte. Autant je connais Hanoï, le Mexique ou Bangkok, où se situaient les précédentes aventures de Mangouste. Autant, je connais Florence, où se passe Road-Trip par exemple, autant, je ne connais pas Venise.
J’ai, comme à mon habitude, exploré la ville grâce à Street View, pour me repérer. Mais, ça ne fait pas tout. Pour cette histoire, je me suis appuyée sur les connaissances de mon conseiller personnel qui m’a refilé pas mal de petits trucs qui m’ont permis de rendre ce récit plus « vrai ». Merci Patrick !
Une voix de femme avec un fort accent italien retentit depuis la rangée de sièges derrière les leurs :
- Mesdemoiselles, comment pouvez-vous être soucieuses alors que vous approchez de Venezia, la plus belle ville du monde ?
Les deux jeunes femmes sursautèrent. Elles se retournèrent vers la femme qui venait de parler…. Elle avait 45 ans environ, un peu boulotte, les cheveux noirs. Son visage un peu grave contrastait avec la bonhomie toute méridionale de sa voix et ses paroles. Chloé et Valentina échangèrent un bref regard. La femme avait voyagé avec elles depuis Paris. Elles l’avaient déjà repérée, tentant à chaque instant de lier conversation avec les autres passagers ou les hôtesses de l’air. Visiblement, c’était le genre de personne qui, mue par un esprit grégaire, cherche sans cesse la compagnie de ses semblables pour faire partager leurs vues sur les choses et le gens. Bref une casse-bonbons.
Sans même leur laisser le temps de répondre, la femme enchaîna :
- Je sais que vous êtes françaises. Je vous ai entendues parler avec l’hôtesse. C’est pour ça que je vous parle en français. J’ai longtemps vécu à Parigi.
Elle s’arrêta deux secondes de parler, pour aussitôt reprendre :
- Vous allez visiter Venezia ? La plus belle ville du monde ? Beaux monuments, beaux musées, beaux palais, pareils à des joyaux, bons hôtels ? Je peux vous conseiller l’hôtel Gran Canale …- Merci de votre amabilité, la coupa Chloé, mais nous avons déjà réservé- Dans un bon hôtel, j’espère !
- Le Saint Régis, répondit Chloé, espérant ainsi mettre fin à cette conversation.
Elle se trompait, son interlocutrice ne se décourageait pas aussi facilement :
- Le Saint Régis ? Excellent hôtel, service impeccable !
- Je connais parfaitement cet établissement.
Discrètement, Chloé glissa à l’oreille de Valentina :
- Bienvenue en Italie …- J’ai oublié de me présenter ! Carmen Capretta ! Tout le monde connait Carmen Capretta à Venezia. Je fais le commerce des verres de Murano …
Chloé et Valentina n’eurent pas le loisir de se présenter. Déjà, l’autre était un moulin à paroles, de plus la voix de l’hôtesse retentit dans les haut-parleurs :
- Nous vous prions de regagner vos sièges, d’attacher vos ceintures, d’éteindre vos appareils électroniques, nous commençons notre descente sur Venise.
Presque en même temps, l’avion se mit à descendre et tourna au-dessus de la ville. Sous le soleil de ce début d’après-midi, les toits scintillaient comme autant de joyaux entre lesquels on apercevait de longues coulées d’émeraude. Puis par-dessus la lagune, l’avion glissa vers l’aéroport de Venise-Marco Polo et alla se poser doucement sur la piste.
En récupérant leurs valises, elles virent Carmen Capretta devant les tapis roulants en grande conversation avec un petit groupe de touristes :
- Filons d’ici avant qu’elle ne nous repère …
Le lendemain matin, Chloé et Valentina étaient en train de prendre leur petit-déjeuner face au Grand Canal sur la terrasse de leur suite. Chloé consultait internet sur son portable :
- Sidonio Pecoraro, l’ami de ton père est dans l’annuaire de Venise, j’ai son adresse. On va aller chez lui pour récupérer ce fameux parchemin. On verra bien ce qu’il y a dedans.
- D’accord.
- D’après le plan, c’est dans le quartier portuaire, on va prendre le vaporetto.
Pour se rendre chez Sidonio Pecoraro, les deux filles ont débarqué près du petit chantier naval où sont fabriquées les gondoles de manière artisanale. Typique et haut en couleur. Elles s’arrêtèrent pour prendre quelques photos, puis elles continuèrent leur chemin et arrivèrent dans le quartier des docks :
- Sinistre le coin, dit Chloé.
- Pas rassurant surtout, ajouta Valentina.
- D’après le plan, ce n’est pas loin. Tiens, voilà, c’est cette rue.
Elles continuèrent sur une voie aux trottoirs à moitié défoncés où les herbes folles poussaient dans les interstices du macadam. La plupart des maisons et petits immeubles étaient condamnés. Certains étaient en cours de démolition, et d’autres déjà écroulés. L’horizon était bouché par les grues géantes des docks du port de marchandises, ou par les remparts de containers de marchandises, empilés les uns sur les autres. Au bout d’une centaine de mètres, ça s’arrangeait légèrement. Enfin, non, les bâtiments étaient toujours aussi lépreux et tristes, mais certains étaient habités. Au moins il y avait un peu de vie. Elles arrivèrent devant un bar.
- C’est là.
Apparemment pas d’autre entrée pour pénétrer dans l’immeuble :
- On va rentrer dans le bar, dit Chloé.
- C’est un bouge ! Lugubre et très certainement malfamé …- Oui, sûrement, mais j’ai vu pire.
En effet, à l’intérieur, c’était moche, sale, sombre et fréquenté par des dockers et des marins à l’air bien patibulaires :
- Le Signore Pecoraro per favore.
- Lui non è qui- Il rentre quand ?
- Je ne sais pas, une heure, deux ….
- Il habite là ?
- Si, ajouté le barman en montrant un escalier qui montait vers les étages.
- On va l’attendre, deux bières dans des verres propres, dit Chloé.
- On va peut-être attendre dehors, tenta Valentina.
- Mais non t’inquiète, on sera mieux là, assises.
- T’es sûre ?
- Mais oui …
Elles furent observées, dévisagées même, par tous les types présents dans le rade, lorsqu’elles se dirigèrent vers une table avec leurs verres à la main. Au bout de cinq minutes, un gros gars portant un débardeur pas très net, des tatouages fait par des amateurs (sûrement en prison) sur les biceps et les avant-bras, se leva et s’approcha d’elles :
- Alors les poupées ! Françaises, c’est ça ? On est en chasse ? On est chaudes ? On cherche du mâle ? Du bien monté ? Vous êtes bien tombées avec moi et mes copains !
- Un classique, le gros con et ses potes dans un bar louche sur les docks, glissa Chloé à Valentina.
- Alors beauté, je t’offre un verre ? A toi et à ta copine ?
- Oublie le verre, tu ne voudrais pas plutôt aller directement chez toi ?
- Euh … Ouais, carrément !
- Parfait, salut, vas-y et rentre bien. Pas la peine d’appeler en arrivant.
- Quoi ?
- Oh Valentina, je crois qu’on a affaire à un futé là, doublé d’un comique.
- Ouais Poupée, j’suis un marrant et pas que ! J’ai appelé ma bite « la vie ». Tu sais, pourquoi ?
- Nan …- Parce que la vie est dure ! Ahahahahah … Ça t’en bouche un coin poupée, tu veux toucher ?
- Oui, mais non, en fait, la vie est courte aussi ! Enfin pour certains …
Elle se tourna vers Valentina restée en arrière :
- Les hommes sont comme les girouettes, c’est la queue qui leur fait tourner la tête.
- Tu te crois drôle pétasse ?
- Je pars du principe que si je me fais rire toute seule, je suis drôle. Et là, je suis morte de rire, mais plutôt en t’imaginant te vider de ton sang à mes pieds.
- Espèce de salope, tu vas me sucer ! En plus, j’en ai une grosse.
- C’est pas la taille qui compte, c’est le goût. Et là … J’ai comme un doute. Non, vraiment, je ne vais pas me laisser tenter par cette offre, pas forcément alléchante.
- Connasse.
- Ecoute machin, je suis psychologiquement saturée là !
- Quoi ?
- Psychologiquement saturée ! C’est comme en avoir plein le cul, mais c’est beaucoup plus classe. Mais ça revient au même.
- Quoi ?
- Bon, je vais essayer d’être plus claire ! Mot de passe incorrect. Access denied, signé : ma petite culotte … Bon, ça n’imprime pas là ! C’est sisyphéen comme bataille je crois, il n’y a pas de fin …- Sissifé hein ? Qu’est-ce que ça veut dire ?
- Oh, c’est en référence au personnage de la mythologie grecque, Sisyphe, condamné par Hadès à monter et remonter sans fin un rocher au sommet d’une montagne, avant que le dit rocher ne redescende. C’est dans l’Odyssée d’Homère.
- Quoi ?
- Non, rien, laisse tomber. Je voulais dire, c’est chiant comme situation.
- Ah ok.
- Oh putain, on n’est pas arrivés là …
Puis à Valentina :
- Ce primate est la preuve flagrante et incontournable que la réincarnation existe. On ne peut pas devenir aussi con en une seule vie.
- Salopes ! Vous allez prendre cher toi et ta copine. Avec mes potes, on va …- DEGAGE MAINTENANT ! Dit Mangouste en élevant la voix et en mettant le Sig Sauer, que le contact de Samuel lui avait livré la veille à l’hôtel, sous le nez du gugusse. Le bout du canon, dans la narine même. Tu fais ce que tu veux après ! La balle est dans ton camp. Normal le flingue est de mon côté. Alors toi et tes connards de potes, vous dégagez de là. Presto ! Bouge, bouge, bouge !!! Allez, allez, allez ! Ventre à terre.
Le gars et ses copains, ne se le firent pas dire deux fois. Le patron du bar interloqué les regardait la bouche grande ouverte.
Mangouste s’adressa à lui :
- Si tous les cons du monde pouvaient se donner la main, il suffirait d’électrocuter le premier. Bon trêve de plaisanterie, on cherche le signore Pecoraro. Sidonio Pecoraro, pour être précise. Ne joue pas au malin en nous sortant que tu ne le connais pas, ou qu’il n’est pas là, ou je ne sais quoi. Tout ça m’épuise, je suis un peu blasée là. Il habite ici. J’espère que tu vas être coopératif mon gros, et nous dire où il est. Sinon, je mets ton établissement à sac, à un point que même ton assureur fera faillite après ça.
- Au 1er étage, appartement de gauche sur le palier.
- Merci mon gros. Tu es un bon gars finalement, lui dit Mangouste en lui tapotant la joue. Nos verres là, c’était ta tournée. De toute façon, ta bière est infâme !
Elle dit à Valentina en montant les escaliers :
- Dieu inventa l’homme au 6ième jour, puis la femme, puis il y eut toute cette connerie autour du paradis originel, du fruit défendu et tout le tintouin, puis pour s’excuser auprès des femmes, il inventa aussitôt le chocolat et les vibromasseurs. Une tablette de chocolat, au moins, ça procure 19 centimètres de plaisir (contrairement à certains …).
Sidonio Pecoraro fut surpris de voir les deux jeunes femmes :
- La dernière fois que je t’ai vue Valentina, tu avais quatre ans … Tu as un peu changé, mais je reconnais tes jolies yeux et ton sourire.
- Mon père vous a écrit, mais à Paris, où il croyait que vous étiez encore. La lettre a-t-elle suivi ?
- Non, je n’ai rien reçu.
- Il m’a dit que vous aviez un parchemin qui l’intéressait. Un souvenir de famille.
- Ah ça ! Oui, je l’ai acheté dans une vente aux enchères en France, l’année dernière. Un cylindre en plomb, fermé et soudé avec un sceau aux armes de votre famille. Je ne l’ai pas ouvert. Il aurait fallu briser le sceau et attaquer la soudure. J’ai préféré prévenir ton père.
Après avoir quitté Sidonio et retraversé la salle de bar, où personne ne moufta, Chloé et Valentina regagnèrent l’hôtel Saint Régis pour ouvrir l’étui. A l’aide d’un coupe-papier Chloé découpa l’extrémité de la gaine de plomb. Elles en extirpèrent un vélin jauni, roulé. Le texte, assez ancien, s’il fallait en juger par l’encre passée, était rédigé en latin :
- Du latin, dit Valentina.
- Je lis le latin, laisse-moi regarder.
Chloé parcourut des yeux le parchemin :
- Bon, en gros, ça dit qu’au début du XVIIIe siècle, quand le comte Alessandro Di Tomaso … Comte ?
- Oui, je suis la descendante d’une des plus riches familles vénitiennes.
- Madame la Comtesse, fit Chloé en faisant une courbette.
- Tu es bête, je ne suis pas Comtesse. Au fil des décennies, la fortune de ma famille fut dilapidée. Nos titres perdus. Mon arrière-grand-père a émigré aux Etats-Unis !
- Bon, je continue. Le comte Alessandro, donc mourut et ses trois fils se sont entre-tués pour s’approprier le trésor des Di Tomaso. Le survivant Fabio, fut toute sa vie assailli par les remords. Peu avant sa mort, il décida que le trésor des Di Tomaso était maudit et le dissimula dans une cachette connue de lui seul. Le lieu secret est consigné dans son testament. Voilà en gros ce que ça dit. Voilà ce que cherche Miasme, le trésor des Di Tomaso.
- Mais c’est une légende ! Mon père me l’a déjà racontée ! Le trésor des Di Tomaso n’existe pas. Sinon, ça ferait longtemps qu’il aurait été exhumé. Mon père voulait sûrement ce parchemin pour son intérêt historique et familial, rien de plus.
- Oui, bon, en tout cas, ces cons de Miasme ont cru à la légende eux. C’est pour ça qu’ils sont à tes trousses. Ils y ont vu la possibilité de remonter leur trésorerie au plus bas avec ce fameux magot, qui n’existe pas.
- Comment leur faire comprendre ça ? il faut qu’ils arrêtent, qu’ils laissent ma famille tranquille.
- Je crois que ce n’est pas possible. Je pense sincèrement qu’ils sont très cons et qu’ils vont continuer à chercher ce trésor, donc nous chercher nous.
On tapa à la porte de la chambre :
- Qui est là ?
- Mangouste, ouvre la porte
Chloé glissa à l’oreille de Valentina « C’est Lakapuch, je reconnais sa voix, à coup sûr Kahoué est là aussi. Vas te planquer derrière le lit, je m’en occupe » :
- Qu’est-ce que vous voulez ?
- On veut juste discuter.
- Vous êtes combien ?
- On est deux.
- Ben discutez entre vous alors !
- Ouvre on te dit.
- Bon vous me saoulez là, mon temps de gentillesse et de patience va expirer, merci d’aller vous faire foutre.
- Ouvre Mangouste !
Mangouste ouvrit la porte et pointa son Sig Sauer sur le torse de Lakapuch. Kahoué se trouvait juste derrière :
- Voilà, j’ai ouvert !
- Elle est armée, viens John, on dégage de là, dit Cédric Kahoué en faisant demi-tour. On l’aura plus tard !
Impossible de faire usage de son arme, là au beau milieu du Saint Régis, où elle avait ses habitudes et était connue sous son vrai nom. Les deux gugusses s’engouffrèrent dans l’ascenseur, dont les portes se refermèrent. Elle prit les escaliers qu’elle descendit quatre à quatre.
Mangouste déboucha dans la rue devant l’hôtel.
Elle vit de loin Kahoué sur ses petites jambes partir en courant dans une ruelle. Aucune trace de Lakapuch, avec ses grandes jambes, il devait avoir prit de l’avance. Kahoué tourna à gauche et emprunta un des multiples ponts vénitiens qui enjambaient les canaux. C’est là que que Mangouste le rattrapa et le coinça contre la rambarde :
- Salut Kahoué. Alors, on se débine quand on me voit ? Ne t’inquiète pas Kahoué, ça va mal se passer.
- T’es qu’une salope Mangouste, une sale euh … une sale salope !
- Il y a un proverbe africain qui dit « traverse la rivière avant d’insulter le crocodile ». Tu n’as pas traversé la rivière, enfin le canal à Venise. Tu n’auras malheureusement pas le temps de méditer ce dicton qui pourtant est loin d’être idiot. Je vais te tuer, là, tout de suite.
- Non Mangouste ne me fait pas mal.
- Chut, je n’aime pas les gens qui parlent pendant que je les interromps. Donc tu fermes ta gueule pour le moment, tu parleras quand je te le dirai mon gros, pas avant. Alors, qui est la cheffe de Miasme ? Tu peux parler maintenant, top, c’est à toi …- Je ne sais pas Mangouste, je te le jure …- Allons, allons, allons … Ne me prends pas pour une conne.
- Non, je te jure, elle a toujours un masque, je ne sais rien, je suis juste un exécutant. Rien de plus ! Un pion, rien qu’un pion.
- Bon, tu ne me sers à rien, si tu ne sais rien Kahoué.
Elle le poussa par-dessus la rambarde. Cédric Kahoué chuta dans le canal quelques mètres plus bas :
- Aide-moi Mangouste, je ne sais pas nager … Il n’y a rien pour m’accrocher, aide moi ! hurla-t-il en essayant de trouver une prise sur le mur longeant le canal.
- Tu ne sais pas nager ? Demanda Chloé en se penchant sur la rambarde. Nooooon ? C’est trop con ça. Tu vas mourir alors ! Noyé ! C’est horrible. Voir Venise et mourir !
- S’il te plaît Mangouste ! Gloub, gloub …- Mort à Venise de Visconti, super film ! Tu l’as vu ?
- Aide-moi Mangouste, par pitié …- Je te conseille de le voir. Mais, suis-je bête, tu ne vas pas pouvoir, puisque tu vas mourir ici, noyé, d’ici trente secondes. Allez bye, bye gros, salut les enfers de ma part. Tu diras à Lucifer, que je ne vais pas venir tout de suite. J’ai un empêchement. Quelques trucs à finir avant.
- Gloub, gloub, gloub …
Chloé s’est éloignée en chantant :
Volare, oh-ohCantare, oh-oh-oh-ohNel blu dipinto di bluFelice di stare lassu
(A la demande d’un fidèle lecteur (que je salue), je précise que Mangouste, qui a pourtant de multiples talents, chante comme une casserole, contrairement à l’auteure, qui a un joli filet de voix).
Son refrain à peine terminé elle enchaina sur un autre :
Lasciatemi cantareCon la chitarra in manoLasciatemi cantareUna canzone piano pianoLasciatemi cantarePerché ne sono fieroSono un italianoUn italiano vero
Elle acheva son récital par :
Laisse les gondoles à VeniseLe printemps sur la TamiseOn n'ouvre pas les valisesOn est si bienLaisse au loin les PyramidesLe soleil de la FlorideMets-nous un peu de musique et prends ma mainOn est si bienLaissons Capri aux touristesLes lunes de miel aux artistesMets-nous un peu de musique et prends ma main
Chloé et Valentina étaient attablées à la terrasse du Caffè Florian, dont les tables et les chaises débordaient sur la place Saint Marc. Le célèbre et luxueux Caffè Florian, l’incontournable caffè Florian. Un monument, passage obligé si on visite Venise. Vous le trouverez sous les arcades qui bordent la célèbre place. Impossible de le rater, la devanture, le charme discret et délicat de l’intérieur et de ses six salons, tous arrangés par les plus grands décorateurs, les fresques peintes, une jolie collection d’œuvres d’art contemporain. C’est ça le caffè Florian. Plus qu’un café ou même une institution, c’est une œuvre d’art.
Les deux jeunes femmes dégustaient le cocktail maison, en écoutant l’orchestre de chambre qui jouait des cantates devant le caffè :
- La flûte traversière fait quelques fausses notes, dit Chloé. C’est quasi imperceptible … Mais quand on a l’oreille, c’est indéniable … Tssss …
Elles regardaient l’agitation de la place, envahie par ses nuées de pigeons et ses troupeaux de touristes (ou l’inverse). En tout cas, ils colonisaient et se partageaient l’espace. Sans cette foule bigarrée, on aurait pu se croire dans un tableau de Canaletto. Avec, on est bien dans le Venise d’aujourd’hui.
Tour du Campanile, basilique et Palais des Doges se disputaient la place de choix dans le panorama. Les yeux passent de l’un à l’autre sans arrêt. C’est l’apanage des sites d’exception partout dans le monde, et la place Saint Marc en est un. Les merveilles s’arrachent la prédominance les unes aux autres. Certes, mais la place Saint Marc, serait-elle la même sans la tour du Campanile par exemple ? Avec seulement le Palais des Doges ? Pas sûr du tout.
Valentina se raidit d’un seul coup :
- Regarde là-bas, c’est Lakapuch !
John Lakapuch et ses plus de deux mètres dépassait de la foule des touristes. Il représentait une tâche grise et sombre au milieu des parapluies de toutes les couleurs qu’arboraient les guides touristiques et qu’ils pointaient vers le ciel pour rameuter leurs groupes de touristes. Une tâche dans un océan mouvant de couleurs. On ne pouvait pas le manquer:
- Viens on le suit, dit Chloé en se levant. On se dépêche avant de le perdre dans cette foule.
Elles se levèrent, et après avoir jeté un billet sur la table pour les consommations, elles cherchèrent du regard Lakapuch sur la place :
- Avec ce monde, j’espère qu l’on ne l’a pas perdu.
- Là-bas au fond, c’est lui !
Elles virent Lakapuch s’engouffrer dans une venelle.
Elles se mirent à courir, bousculant un groupe de touristes asiatiques qui se photographiait. Arrivées devant la venelle, elles aperçurent Lakapuch, qui marchait rapidement sur ses grandes jambes. Elles durent courir pour garder la distance. La ruelle forait un coude sur la gauche et longeait un canal secondaire. Elles virent Lakapuch se plier en deux pour monter sur une gondole, qui quitta le quai. Elles montèrent à leur tour dans une autre gondole qui attendait là :
- Gondolier, suivez cette gondole, dit Mangouste. Discrètement !
Les deux gondoles à quelques encablures l’une de l’autre, retournèrent sur le Grand Canal, puis prirent un autre canal secondaire au bout d’un moment.
La gondole de Lakapuch s’est arrêtée près d’un bâtiment en partie délabré :
- C’est quoi cet endroit demanda Mangouste au gondolier.
- C’est le Palazzio San Bernardo, mais il n’y a personne là-dedans, c’est fermé, ça menace de s’écrouler.
D’un seul coup, la gondole de Lakapuch se mit en travers du canal, comme pour barrer l’accès. Une autre gondole, transportant quatre hommes les percuta par l’arrière.
Le choc à peine passé, un des hommes sauta sur la gondole des jeunes femmes. Il sortit un couteau à cran d’arrêt. Le gondolier apeuré sauta dans le canal et abandonna son embarcation en laissant Chloé et Valentina à leur destin. Depuis sa propre gondole, Lakapuch observait la scène et donnait des ordres à ses sbires :
- Chopez-les, mais vivantes !
- Reste assise à l’arrière, tasse-toi bien au fond, dit Chloé à Valentina.
Elle sauta à pied joint sur l’embarcation, ce qui eut pour effet de faire perdre l’équilibre à l’homme au cran d’arrêt qui se retrouva dans le canal. Chloé se saisit de la rame du gondolier et assomma le type qui coula aussitôt.
Avant que les trois autres restés sur leur gondole ne réagissent, elle sauta parmi eux. Elle balaya le premier avec sa rame, gifla le deuxième toujours avec sa rame (ça fait mal !). Le dernier fouilla sous son pull et tenta d’extirper un revolver. Mal lui en prit, un coup de rame à la carotide l’a envoyé aussi au bouillon. D’autres coups de rame sur le crane de ceux des trois qui tentait de s’extirper de l’eau eurent raison de leur dernières velléités :
- Lakapuch s’en va, dit Valentina. Elles le virent accoster et sauter sur le quai, puis courir au coin de la rue et disparaitre :
Chloé se mit à ramer pour aborder le quai à son tour. Elle sauta sur la terre ferme, juste le temps de voir Lakapuch pénétrer dans une étroite ruelle adjacente qui longeait le Palazzio San Bernardo. Enfin ce qu’il en restait. Les murs s’effritaient. Elles le suivaient à distance. Il fit mine de se retourner. Chloé et Valentina se plaquèrent dans l’embrasure d’une porte, pour se cacher.
Elles le virent ouvrir une grille qui tenait plus du grand soupirail le long du mur du palazzio. Après avoir vérifié que personne ne le suivait, Lakapuch se cassa en douze pour se glisser dans l’étroite ouverture :
- J’y vais, dit Chloé, je le suis. Retourne à l’hôtel Valentina, ça peut être dangereux là-dedans.
- Je n’ai pas très envie de t’abandonner, et encore moins d’entrer là-dedans. Je retourne à l’hôtel, reviens vite. Fais attention …
Le reste du bâtiment était condamné. Des planches et des parpaings en condamnaient les issues, portes et fenêtres. Il était manifestement inoccupé depuis de longues années apparemment. La façade était lézardée et les murs tombaient en décrépitude.
Chloé attendit un instant, avant d’entrer à son tour par le soupirail. Derrière la grille, en contre-bas, un escalier en colimaçon descendait dans la pénombre. En bas, un mince boyau s’enfonçait sous le bâtiment. Chloé marchait dans vingt centimètres d’eau. Elle tomba sur un autre escalier, cette fois montant. Elle l’emprunta. En haut, elle se figea dans le noir, elle venait d’entendre un léger bruit devant elle. Lakapuch ? Puis ce fut le trou noir, elle s’écroula inconsciente. On venait de lui donner un coup derrière la tête.
Chloé s’est réveillée, avec un mal de crâne et les mains attachées dans le dos.
- Elle émerge cheffe, fit la voix de Lakapuch.
- Je vois ça ! Fit une voix féminine en italien.
Reprenant ses esprits doucement, Chloé essaya de voir à quoi ressemblait cette fameuse « Cheffe », surement la grande patronne de Miasme. Elle restait dans l’ombre, Chloé ne voyait même pas sa silhouette :
- Alors, tu vas tout nous dire maintenant Mangouste, fit Lakapuch.
- Tout ! Sur le trésor des Di Tomaso, et où est ta copine Valentina, ajouta la femme- Le trésor des Di Tomaso ? Ahahahaha …- Pourquoi tu ris, parle !
- Je ne dirais rien. Que dalle. Allez mourir ! Sales cons !
Lakapuch donna une violente gifle à Chloé :
- Et le respect, espèce de connasse !
- Doucement, ne l’abime pas trop, il faut qu’elle parle avant.
- Cette salope a tué mon ami Kahoué !
Chloé ne put s’empêcher de chanter :
L'ami KahouéMe fait la têteQu'a Kahoué ?
- Ta gueule salope dit Lakapuch le visage déformé par la haine.
- Gloub, gloub furent les dernière paroles de l’ami Kahoué …
Il gifla à nouveau Chloé :
- Toi connard, je vais te massacrer et dans pas longtemps, lui dit Chloé.
- C’est ça espèce de pute, en attendant, t’es notre prisonnière.
- Parle, où est le trésor, que dit le parchemin ?
- Le parchemin ? Mais rien du tout … On ne l’a pas le parchemin.
- On sait que vous l’avez, parle. Bon, je dois partir, j’ai à faire. Enferme là, on reprendra l’interrogatoire plus tard. Et qu’elle ne s’échappe pas, elle est maligne.
Même si les yeux de Chloé s’étaient habitués à l’obscurité, elle n’avait rien pu voir du visage ni même de la silhouette de la femme. Pourtant, cette voix lui disait quelque chose. Mais quoi ? Impossible de se souvenir. Pourtant, elle était sûre de l’avoir déjà entendu avant. A la télé ou à la radio ? Rien ne lui venait.
Lakapuch l’attrapa sans ménagement l’emmena et le jeta dans une espèce de cellule :
- La cheffe ne veut pas qu’on t’abime. Mais on y viendra ! J’espère que tu vas continuer à fermer ta grande gueule et qu’elle me demandera de te torturer Mangouste. Oui Continue à la fermer, je saurai être patient. Ce n’est pas l’envie qui me manque de te torturer là, tout de suite. Mais ça viendra salope. Elle me donnera l’autorisation, c’est sûr. Bientôt.
Il ferma la porte. Cloé l’entendit partir en marmonnant des paroles incompréhensibles. Elle ne perçut qu’une bribe du laïus de Lakapuch : « Torturer cette salope » :
- Ce type a un sérieux problème psychologique. Bon, je suis un peu dans la merde quand même. Il va falloir que je me sorte de là !
D’abord, elle devait se détacher. Ensuite, on verra bien. Ses mains étaient toujours liées dans son dos. La corde était serrée. Elle eut beau tirer, les liens ne se desserraient pas.
Elle fit le tour de sa geôle. Ses yeux s’habituèrent progressivement à l’obscurité. Au milieu, il y avait un pilier en brique. Elle eut une idée. Les briques formant l’arrête du pilier étaient abimées par le temps et légèrement effritées par endroit. Ça pouvait rappeler un bord inégal en dents de scie. Peut-être qu’en frottant la corde sur cette arête, finirait-elle par céder … Il allait falloir du temps. Après du temps, elle en avait.
Il lui fallut une trentaine de minutes pour user la corde. Elle était courbatue et ressentait quelques douleurs dans l’épaule à force de faire des mouvements de va et viens sur le pilier. La corde céda enfin.
Elle se massa les poignets pour faire revenir la circulation sanguine.
Explorer sa geôle, même dans l’obscurité, fut plus aisé les mains libres, qu’attachées dans le dos. A priori la cellule ne faisait que quelques mètres carrés. Hormis le poteau central, rien à l’intérieur. Pas de mobilier, rien qu’elle ne puisse utiliser pour s’évader. L’épaisse porte en bois était trop solide pour être forcée.
Alors qu’elle explorait à tâtons le fond, Chloé sentit un léger souffle d’air plus frais sur ses mollets. Elle se baissa et en tâtonnant le mur, elle trouva une grille.
Cette grille était verrouillée bien sûr, ça aurait été trop facile. Par contre, en la palpant, il était manifeste qu’elle était rouillée et en mauvais état.
Elle tira dessus, essaya de tordre les barreaux, sans résultat. Elle se mit à donner des coups de pieds sur le milieu, espérant être plus efficace. Ça lui permit surtout de passer ses nerfs. Au six ou septième coup de pied, Chloé sentit la grille bouger légèrement. En palpa les barreaux, rien, ils n’avaient pas bougé. Par contre, il y avait un peu de jeu dans les charnières. La pierre semblait s’effriter autour et les dites charnières se plier légèrement. Elle insista donc et donna quelques coups de plus. Un dernier coup de talon fit céder l’ensemble. La charnière supérieure céda, suivie de celle d’en bas.
Chloé poussa fort sur la grille. La serrure céda à son tour. La grille chuta et un plouf retentit. Derrière, apparemment, c’était un boyau semblable à celui par lequel elle était entrée dans le palazzio derrière Lakapuch. Vu le temps mit par la grille pour tomber dans l’eau, ce n’était pas très haut, deux, trois mètres au maximum. La seule inconnue était la profondeur de l’eau. Au pire, elle pourrait nager.
Elle se laissa glisser dans le trou béant et atterrit sur le sol. Il n’y avait pas trop de profondeur. Elle avait de l’eau jusqu’à mi- mollets.
Ayant perdu ses repères, elle hésita entre prendre à gauche ou à droite. LE hasard allait guider ses pas, se dit-elle.
Elle évoluait dans le souterrain sombre depuis deux minutes lorsqu’elle arriva à une intersection. Sur la gauche, un autre boyau partait. Après quelques marches montantes, il n’y avait plus d’eau par là. On montait peut-être vers la surface par ce chemin !
C’est à ce moment qu’elle entendit le floc floc provoqué par un homme qui marchait dans l’eau du boyau qu’elle venait de quitter. Elle redescendit les marches pour voir la lueur d’une torche électrique qui avançait dans sa direction. L’homme était seul apparemment.
Chloé se plaqua contre le mur au niveau de l’intersection.
Lorsque l’homme arriva à sa hauteur, bien qu’éblouie par l’intensité de la lampe-torche, elle fut certaine qu’il s’agissait de Lakapuch, vu la taille.
Elle laissa passer Lakapuch donc, un coup porté au niveau des cervicales eut raison de lui, il s’écroula au sol.
Après s’être saisie de la torche, elle éclaira le corps inerte du grand type.
- Qu’est-ce qu’il est moche, se dit-elle en le tirant par les pieds pour le hisser sur les quelques marches et l’amener dans le boyau sec.
Chloé se mit à califourchon sur lui et lui mit des grandes claques pour le ranimer :
- Debout face à face t’est trop grand pour moi. Allongé par terre moi par-dessus, t’es à ma portée. Et puis j’aime bien être par-dessus ! Lui dit-elle en lui mettant la lampe-torche dans les yeux.
- Tu as tué mon ami !
- Kahoué ? Il était nul, pas une grosse perte ! Pas le plus méchant de votre duo. Dans d’autres circonstances, ça aurait même pu être un gentil ! Enfin un gentil con. Non, le méchant, c’est toi.
- Sale gouine !
- Ben pourquoi tu dis ça ? Bon au moins c’est original, ça change du sempiternel « salope ». Mais l’homophobie, ce n’est pas beau tu sais ! C’est même vilain. Tu n’es pas très woke toi. Remarque t’as bien raison, les wokiste c’est des cons. Gouine ? A quoi tu vois ça d’ailleurs. Ça ne se porte pas sur le visage ce genre de choses, enfin, ça dépend pour qui tu me diras … Enfin, moi, je ne le porte pas sur mon visage. Traite-moi de butch pendant que tu y es ! Sinon t’imagines un GPS pour les cons, pour déterminer l’orientation sexuelle ? « Descendez de 40 cm après les nichons, contournez le nombril et vous atteindrez la foufoune. Si ce n’est pas une foufoune, mais une quéquette, faites demi-tour et revenez. Le truc indispensable ! Je ne sais même pas comment on faisait avant ! Bon, je parle, je parle … On ne va pas y aller par quatre chemins, tu ne sais rien, c’est ce que tu vas me dire. Tu ne vas pas parler, blablabla … Donc, je vais te tuer direct, sans perdre mon temps. De la pure méchanceté gratuite en fait. C’est terrible d’être comme ça. Pourtant, je fais des efforts pour m’améliorer hein ! J’aimerai de temps en temps ressentir un peu de miséricorde pour les salauds. Je n’y arrive pas.
- Tu crois que tu me fais peur Mangouste ?
- Te faire peur ? Mais non, quel drôle d’idée ! Tu vois, quand j’ai envie de tuer un salaud dans ton genre, j’entends deux voix dans ma tête. Une qui me dit « vas-y, fais toi plaisir » et l’autre qui me dit « tu l’as entendue ? Lâche-toi, vas-y, tue le ». C’est mon côté, non pas bipolaire, juste polaire.
- Vas-y salope, tue moi, fais toi plaisir.
- Oh là là ! Quel caractère, fit Mangouste. Tu me rappelles quelqu’un !
- Qui ?
- Un autre con dans ton genre. Cobra Snake (voir Banco à Bangkok). Un mec buté, comme toi. Je ne l’ai pas tué, il a avalé une capsule de cyanure avant. La fierté mal placée ! Voilà où ça mène … Nulle part. Tu n’as pas de capsule de cyanure toi ? Ne m’enlève pas ce petit plaisir de te faire la peau ! Cobra, il avait une copine vraiment choucarde, Copperhair, une rouquine incendiaire, je ne te dis pas. Elle voulait le venger, au début. Finalement, sa meuf, c’est devenue une bonne amie et mon amante. A chaque fois qu’on se voit, je ne te dis pas comment c’est chaud bouillant ! Tu n’as pas de copine rouquine toi ? Je kiffe les rouquines … Non, apparemment, tu n’as pas de copine. Dommage !
- Tu n’es qu’une dépravée Mangouste ! Tu brûleras en enfer. Qu’on en finisse, tue-moi, les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures Mangouste.
- La plaisanterie la plus courte, c’est ta bite sûrement. Bon, on en finit, j’en ai marre là.
Elle attrapa Lakapuch par les oreilles et provoqua une vive torsion qui lui fit craquer les cervicales :
- Joli craquement ! Clair, net, sans bavure. Ça répond à une de ces questions existentielles que je me suis toujours posée. Le coup du lapin, ça doit être terrible pour une girafe. Une belle mort sinon, rapide, indolore. Je me ramollis moi. Ce type méritait peut-être de souffrir un peu. Enfin bon, il ne faut pas trop en faire. Il faut savoir raison garder. Et puis, j’ai encore du boulot moi …
Elle continua dans le mince boyau, cette fois en pouvant s’éclairer, et en chantonnant :
La mer quand vient le temps des vacancesC'est le temps de la danse entre tes bras toutes les nuitsEt si j'ai le cœur tout retournéLà je t'embrasserai jusqu'à la fin de l'étéC'est l'amour à la plage (ah-ouh, cha cha cha)Et mes yeux dans tes yeux (ah-ouh, ah-ouh)Baisers et coquillages (ah-ouh, cha cha cha)Entre toi et l'eau bleue (ah-ouh, ah-ouh)Yeah, ouh, ouh, yeahOuh, ouh, yeahOuh, ouh, yeahOuh, ouhEt si j'ai le cœur tout retournéLà je t'embrasserai jusqu'à la fin de l'été.
Enfin, au bout d’une cinquantaine de mètres, après un coude de la galerie, elle sentit un courant d’air frais. Elle arriva bientôt auprès de l’escalier en colimaçon et de la grille par où elle était entrée quelques heures plus tôt à la suite de Lakapuch.
- La chance, j’ai avancé au hasard et j’ai retrouvé mon chemin tout de suite. Je n’aurais pas trop trainé longtemps dans cet endroit miteux. Parfait !
Arrivée au Saint Régis, Valentina lui sauta au cou :
- Chloé, je me suis fait un sang d’encre en t’attendant. J’ai eu peur que tu aies eu des problèmes, qu’ils ne t’aient fait du mal, voire pire…- Quel problème veux-tu qu’il m’arrive ! Bon, j’ai été prisonnière un moment, mais je me suis évadée. Et j’ai eu Lakapuch. Lui ne nous importunera plus.
- Ils t’ont frappée, dit Valentina en caressant le visage de Chloé.
- Oui, je me suis pris quelques gifles, mais ce n’est pas bien grave, dit Chloé en se regardant dans un miroir. Ça ne devrait pas marquer.
- Les salauds, attends, je vais te soigner…- Ah ça, je veux bien ! Et après, je te propose une douche crapuleuse, toi et moi. Ton corps collé contre le mien, là, me donne des idées plus que coquines. Et puis après mon séjour dans les souterrains, je suis un peu crado.
Les deux jeunes femmes étaient allongées sur le lit se remettant de leur douche polissonne, suivi d’un l’after sur le lit king-size, qui fut chaud bouillant. Chloé caressait les fesses de Valentina couchée sur le ventre :
- Ah, au fait, j’ai rencontré la cheffe de Miasme aussi, elle était dans l’ombre, portait un masque, mais j’avais la nette impression de connaître sa voix. Ça ne me revenait pas, mais là, sur le chemin du retour, j’ai eu l’illumination. Je sais qui c’est ! Je vais lui régler son compte aussi à cette salope.
- C’est qui alors ?
- Tu te souviens de cette femme qui nous a tenu la jambe dans l’avion ?
- Oui ! C’est elle ?
- Tout juste, elle a voyagé avec nous. Elle nous a tiré les vers du nez pour savoir dans quel hôtel on descendait. Son erreur, nous donner son nom, Carmen euh …- Carmen Capretta, dit Valentina.
- Voilà Capretta. On va trouver son adresse, t’inquiète pas. Je passe un appel … Allô CHARADE ? Tu peux me trouver l’adresse d’une certaine Carmen Capretta à Venise ? Oui, je suis à Venise ! Oui Valentina m’accompagne … Oui, je sais, je te suis redevable. Je passe te voir quand je rentre à Paris, promis. Mais non, Valentina, je ne fais que l’aider …Il n’y a rien de sérieux ! Mais non, ce n’est pas ce que je voulais dire. Il n’y a rien du tout ! Tu penses bien ! ! Tu as l’adresse ? Super… Elle habite en dehors de Venise à Sotto Marina. Elle a une villa au bord de la lagune de Lusenzo. Attends, je note tout ça … Merci Manon … Oui, je te le promets … Oui, bisous ! Oui partout ! Oui partout-partout … Non, c’est toi qui raccroches ! Non, c’est toi … Bon, je raccroche … Voilà !
Puis à l’attention de Valentina :
- Sacrée CHARADE, elle a l’air dure comme ça avec son look, mais une vraie romantique. Un peu jalouse aussi …
Comme à son habitude, Chloé repéra l’endroit sur Google Street View. Elle pouvait accéder à la résidence de Carmen Capretta par la voie maritime. Cela sera sûrement plus rapide que par la route. Elle loua auprès de l’hôtel un hors-bord. A priori, d’après Street View, devant la villa, il y avait une sorte de hangar à bateaux. Elle pourrait arriver discrètement par là.
Après avoir quitté la lagune de Venise, puis longé la côte, Chloé arriva en vue de Sotto Marina. Après avoir cherché un petit moment, elle repéra vite la villa et le hangar à bateau qui était ouvert.
Elle aborda l’endroit, moteur au ralenti, et arrêta son embarcation près de buissons qui jouxtaient le hangar. Elle sauta sur la rive et s’approcha doucement du bâtiment. A l’intérieur, un hors-bord était accosté. Un homme chargeait des valises à bord :
- Apparemment, elle se fait la malle, la salope. Trop tard Mangouste a été plus rapide que toi. Mangouste est toujours plus rapide que les cobras.
Elle régla son compte au type en deux temps, trois mouvements. Elle le balança inconscient dans la lagune. Il avait peu de chances de remonter à la surface ;
Des bruits de pas claquèrent sur le bois de l’embarcadère. Carmen arrivait, un vanity case à la main :
- Guido, tu as chargé mes bagages, je dois partir au plus vite, je dois rameuter mes hommes de main, pour neutraliser Mangouste, après je quitte le pays … Elle s’est échappée, tous des incapables ! Lakapuch est mort … Mangouste ne …- Les pétasses ont elle une âme ? La coupa Chloé en sortant de sa cachette.
La silhouette de Carmen s’immobilisa dans l’embrasure de la porte masquant la lumière de l’extérieur :
- S’il te plaît, tu peux bouger du soleil ? Déjà, tu me fais de l’ombre, mais surtout, je n’aime pas l’odeur de plastique brûlé de tes faux seins qui chauffent.
- Mangouste ! Comment tu m’as retrouvée ?
- J’ai tapé pouffiasse sur mon GPS et devine ! Il m’a amené direct chez toi.
Mangouste sortit son arme et tira une balle dans le genou droit de Carmen. Elle se tordit de douleur en s’écroulant au sol.
Mangouste s’accroupit devant elle et lui dit :
- C’est un Sig Sauer, mon pistolet automatique préféré. Je déteste les revolvers. Tu as une arme préférée toi ?
- Je neee aiieeeeee …- Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ? Je ne comprends rien … Mon Sig Sauer perso, c’est une œuvre d’art. Je l’ai fait personnaliser ! Une belle crosse en nacre, une couleur acier brossé, quelques petits diamants incrustés de ci de là. Des petits hein ! Ça reste un flingue quand même ! Quand je prends l’avion, je ne peux évidemment pas l’amener, mais j’essaye toujours de trouver un autre Sig Sauer sur place.
- Pourquoi me tuer ? On pourrait…- On pourrait quoi ? Non, on ne peut pas ! Pourquoi te tuer ? On me pose souvent cette question ! Les méchants n’ont jamais l’impression de l’être ! C’est dingue ça quand même. Pourquoi te tuer ? Euh … Comme ça …En fait non, tu l’as bien cherché. Fallait pas embêter ma copine Valentina. Toute cette merde pour rien, en plus. Le parchemin, c’est du pipeau, le trésor des Di Tomaso n’existe pas. En plus chez Miasme, vous êtes des glands. Mourir pour des clopinettes, avoue que c’est idiot !
- Pourquoi tu me détestes ?
- Je ne te déteste pas vraiment en fait, mais si tu brûlais et que j’avais de l’eau, eh bien, je crois que je la boirais, lui dit Mangouste en craquant une allumette après l’avoir, aspergée de l’essence d’un bidon qui traînait là. Arrivederci ma poule.
Epilogue
Après avoir tué la méchante, Mangouste a fouillé sa villa et consulté les documents qui s’y trouvaient.
Elle apprit que les chefs de Miasme devaient se réunir le soir même dans le Palazzio San Bernardo, dans la salle du conseil. Elle décida de mettre un coup arrêt définitif à Miasme. Elle est retournée au Palazzio et posa des explosifs sous les fondations de la maison dans les souterrains où elle a suivi Lakapuch le matin même. Elle avait au préalable acheté les explosifs auprès des contacts fournit par Samuel. Elle resta en observation, camouflée à quelques mètres du palazzio dans son hors-bord. Plusieurs personnes, hommes et femmes, tous masqués, entrèrent pas l’accès dérobée, dans la ruelle, accompagnés de gorilles et d’homme de main.
Une demi-heure après la dernière entrée, elle fit exploser ses charges avec sa télécommande. Le palazzio trembla, se fissura, un nuage de poussière s’éleva jusqu’au-dessus le dernier étage du bâtiment. L’l’immeuble vacilla et s’écroula dans le grand canal :
- Oups, j’ai dû me gourer dans les doses … On se croirait dans un Bond ! L’immeuble qui s’écroule dans la lagune ! Au moins, on est débarrassés de ces cons. Toute la bande en une seule fois.
En revenant dans la suite du Saint Régis, Valentina lui sauta au cou :
- Chloé, j’étais morte d’inquiétude, où étais tu ?
- Je me suis occupée de Miasme. Miasme est en miette, en poussière même. Ils ne viendront plus t’importuner, toi et ta famille.
- Oh merci …- Bon, quelques jours en amoureuses à Venise, ça te dis ? Maintenant qu’on n’a plus cette tripotée de connards sur le dos, on va pouvoir en profiter tranquillement ! Au programme, je te propose, tourisme, culture, gastronomie, plaisirs divers et surtout sexe débridé.
Epilogue de l’épilogue
Après avoir laissé la voiture de location sur le parking de l’aéroport, Chloé et Valentina se dirigèrent vers l’aérogare pour l’enregistrement et l’embarquement vers Paris. Chloé était dans ses pensées. Elle allait encore profiter de Valentina avant qu’elle ne reparte aux Etats- Unis. Peut-être que ça coïnciderait avec le retour d’Alix. Et puis il y avait CHARADE.
Une voix nasillarde se fit entendre derrière elles, alors qu’elles tiraient leurs valises :
- Eh les gars ! Là ! C’est cette salope de Mangouste !
- Quoi ? Qu’est-ce que tu dis ?
- La grosse salope de Mangouste. C’est sa faute si Nick, Mick, Serge, Aldo, Bill, Pedro, Marco, Josh et Barry se sont retrouvés à l’hôpital et après en taule, l’année dernière.
- La salope !
- Ouais, on va la déglinguer cette salope.
- Ouais !
- Ouais les gars !
- Alors Mangouste, espèce de salope, retourne toi !
Chloé eut un soupir :
- C’est pas vrai …. Ça n’en finira donc jamais … Un éternel recommencement.
En se retournant vers la petite bande :
- N’avoir que deux mains et tant de baffes à distribuer …
Remerciements :
Quand j’écris mes histoires, j’aime décrire les endroits où je situe l’intrigue. Faire vrai, en quelque sorte. Autant je connais Hanoï, le Mexique ou Bangkok, où se situaient les précédentes aventures de Mangouste. Autant, je connais Florence, où se passe Road-Trip par exemple, autant, je ne connais pas Venise.
J’ai, comme à mon habitude, exploré la ville grâce à Street View, pour me repérer. Mais, ça ne fait pas tout. Pour cette histoire, je me suis appuyée sur les connaissances de mon conseiller personnel qui m’a refilé pas mal de petits trucs qui m’ont permis de rendre ce récit plus « vrai ». Merci Patrick !
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