Les bonheurs de Sophie(7)
Récit érotique écrit par Modianorouge [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 06-01-2018 dans la catégorie Dominants et dominés
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Les bonheurs de Sophie(7)
« Je t’attends demain à la même heure. Compris ?
- Oui, Monsieur. »
Elle mentait ! Il en était persuadé. Elle ne reviendra pas. C’était évident. Or, Phil ne voulait surtout pas la perdre. Alors, il se précipita à sa suite, la suivit discrètement sans se faire remarquer, sans perdre de vue la silhouette élancée. Le duffle coat informe gommait les formes mais elle ne portait ni culotte ni soutien-gorge et les pensées de Phil s’insinuaient, pénétraient directement par cette voie l’intimité de la beauté. Il voulait tout connaitre d’elle. Où habitait-elle ? Comment occupait-elle ses journées ? Comment garder une emprise sur elle ?
Sophie marchait vite, sans se retourner, sans prêter la moindre attention à l’environnement bruyant. Elle n’aurait pas pu être plus déboussolée. Un bouleversement au plus profond de son être. Un ébranlement de l’âme, un retournement absolu des valeurs. Désormais, plus rien ne sera comme avant. Un pan immense de son existence venait de s’écrouler et elle ne pouvait même pas fouiller dans les décombres. Ses certitudes avaient été balayées et, à la place, un continent infini et inquiétant s’érigeait devant elle. Ce n’était pas un mirage. Elle était exposée, démunie, sans protection – même pas une culotte pour faire illusion ; la moiteur incrustée entre ses cuisses, cette bourbe d’après la crue, l’empoissait au souvenir de la jouissance. Pouvait-elle feindre de l’ignorer ?
Bien sûr, elle fuirait cet homme. Mais elle n’était pas stupide. Elle échapperait au pervers, pas à l’évidence dont il était porteur. Il l’avait entraînée vers un territoire qu’elle avait trop aisément investi. Les sensations inconnues s’étaient révélées trop familières, les pulsions animales finalement si peu étrangères. Elle avait opposé une résistance dérisoire à l’intrusion, à croire qu’elle cédait à une force, avant tout, intérieure, inquiétante parce que terriblement désirable. L’humiliation, les gifles, les coups de cravache, jalons effarants d’une révolution inimaginable, participaient à l’inéluctable, justifiaient, sans être excusable, l’impensable et insondable possession. Une prise de pouvoir indéniable et aux conséquences radicales : la négation de toutes les vérités antérieures. Maman, les bonnes sœurs, le curé, tous partageaient le même discours et cette unanimité associait le sexe aux pires souffrances. Or la douleur avec le porc avait été tellement relative et surtout source de connaissance phénoménale ! Enormément de culpabilité et de honte durant la séance mais à la conclusion le corps qui exulte et qui maintenant est incroyablement soulagé, comme apaisé…
Portée par un souffle intérieur, une intensité dont elle devine la source, elle traverse la rue. A chaque pas, ses cuisses frottent contre sa chatte gluante. L’absence de culotte renforce la sensation de gêne obscène. Son pull frotte contre les tétons à vif. La douleur s’estompe. L’homme ne l’a donc pas flagellée violement. La peur a décuplé le ressenti. Le cinglant du cuir a enclenché le compte à rebours d’une lancinante graduation vers l’orgasme. Une morsure pour introduire la jouissance, la devancer et ensuite l’accompagner. La douleur et l’extase sont maintenant indissociables…Perdue dans ses pensées, elle ouvre la porte de l’appartement. Se débarrasse de son duffle coat, monte dans sa chambre. S’arrête un moment sur le seuil comme à l’orée d’une déception. Immuables, sur l’étagères, la bible et quelques romans édifiants ; implacables la croix au-dessus du lit et la vierge en plâtre sur la commode. Le couvre lit est gris, les rideaux ternes. La fadeur de ce décor l’assaille, elle le découvre comme pour la première fois alors qu’elle baigne dedans depuis sa plus tendre enfance. Il est frappé d’obsolescence. Il n’évoluera jamais. C’est elle qui a changé.
Elle ôte son pull. Observe devant la glace ses seins qu’elle a tant dénigré. Les globes ronds endoloris la défient. Ils s’autonomisent vis-à-vis du complexe d’être une femme. Ce complexe, transmis par maman, ne lui appartient plus. L’homme l’en a déshéritée. Les rainures rouges sur les mamelons insistent sur l’extrême sensibilité de ces extrémités auxquelles elle s’est rendue. La brûlure stagne à la surface de son épiderme comme un rappel de l’exigence intérieure qu’il a bien fallu satisfaire. Elle dégrafe sa jupe affronte le constat invraisemblable : elle a marché dans la rue sans culotte, le sexe imbibé de cyprines. Les traces prégnantes de jouissance collées à sa toison tardent à s’évaporer. Le clitoris vorace, les lèvres rassasiées, ressassent la même litanie : tu as joui. Tu as joui. Tu as joui. Sophie répète à son reflet ces mots, consciente de ne pas en saisir toute la portée ; elle a été emportée si loin de l’entendement. Si près de l’inconcevable. Son sexe la nargue de plus belle : tu t’es faite pipi dessus. Pipi dessus. Dessus et devant un homme… La honte intégrale pour des sensations inouïes. Confusion extrême d’un soulagement coupable : l’urine qui coule, la tiédeur doucereuse du liquide, un abandon illicite et pourtant sans réserve, un suave avilissement, une transgression qu’habituellement seuls les songes autorisent. A ne reproduire sous aucun prétexte. Elle ne retournera jamais chez cet odieux personnage, au mépris rédhibitoire. Elle n’est pas servile.
Sous la douche, elle se lave avec soin. Mais la saleté reste incrustée dans son esprit décidemment bien complaisant. Faute d’être chassée, cette crasse grisante et capiteuse prend tous ses aises.
Sophie sort de la douche, s’enroule dans un drap de bain et s’allonge, sur le dos, sur le lit. La culpabilité hante ses pensées, mais son corps, lui, n’a jamais été aussi détendu, apaisé. Elle s’endort… Se réveille en sursaut. Maman cogne à la porte de la chambre, entre sans être invitée. L’inquisitrice veut savoir :« Alors comment s’est déroulée ta confession ?
- Très bien maman.
- Tu vas te repentir ? Faire pénitence ?
- Oui maman.
- Pauvre pécheresse ! J’ai été trop laxiste avec toi, pas assez sévère. J’espère qu’il n’est pas trop tard.
- Non, non maman…- J’aurai dû punir impitoyablement tes mauvais penchants. Mais une mère a bien du mal à être inflexible avec sa fille, à ne pas se laisser attendrir. Tu comprends maintenant pourquoi j’ai fait appel à des docteurs de la foi qui ne font preuve d’aucune complaisance avec les faiblesses humaines ?
- Heu oui, certainement maman.
- Ils vont te soigner... Tu m’écoutes, Sophie ? Tu as l’air distraite.
- Oui, excuse-moi, je…- … Par la mortification et le châtiment tu seras purifiée. Quand retournes-tu voir ces bons pasteurs ?
- Je ne sais pas… Je…- J’exige que tu continues à te soigner ! Je vais prendre rendez-vous pour toi !
- Mais non maman, je m’en occupe. J’irai mercredi prochain.
- Je compte sur toi.
- Bien sûr. Excuse-moi, mais, tu peux me laisser maintenant ? J’ai des cours à réviser. » Sophie a menti à maman. Sans remord. Une chose est sûre, elle ne retournera jamais chez le porc.
Elle esquive l’exaspérante sangsue maternelle jusqu’au soir. Et elle compte bien abréger l’épreuve du dîner.
« Où va tu Sophie ?
- Me coucher, maman.
Tu as à peine mangé.
- Et bien c’est que je n’ai pas faim ! »Elle dissimule mal son hostilité. Elle ne s’était encore jamais rebellée contre sa mère.
« Je ne te permets pas de me parler sur ce ton !
- Et tu vas faire quoi ? »La mère lève la main :- Te mettre une bonne gifle ! »Sophie calme froide, elle-même surprise de son audace : « Tu n’as pas intérêt ! »Les deux femmes se défient. La mère baisse les yeux.
« Tu as le diable au corps !
- Je suis majeure. »C’est la première fois qu’elle tient tête à maman.
La mère ne le supporte pas. Elle explose, elle hurle :« FILE DANS TA CHAMBRE ! TU ES UN DEMON ! DISPARAIT DE MA VUE. JE NE VEUX PLUS TE VOIR… TU ES POSSEDEE… »… La voix hystérique accompagne Sophie alors qu’elle monte les escaliers… « JE VAIS TE FAIRE ENFERMER DANS UN COUVENT… TE PROTEGER CONTRE TOI-MEME, TE CLOITRER… »… la jeune fille se précipite dans sa chambre… « … LE DIABLE A PRIS POSSESSION DE MA FILLE… SEIGNEUR AIDE-MOI… AIDEZ-MOI… »… Et les imprécations transpercent les murs pendant encore de très longues minutes. Une éternité. Pour échapper à cette folie, Sophie enfouit sa tête sous l’oreiller… Elle veut fuir ce cauchemar. Se réfugier dans d’autres pensées. Le porc s’impose à son esprit. Ce qu’il lui a fait subir ! A causette lui, elle a traversé tellement d’émotions contradictoires. Elle le déteste c’est sûr, ne le reverra plus jamais… mais maintenant son corps est en paix, si détendu qu’elle s’endort facilement. Sommeil profond, réparateur. D’une traite jusqu’au matin.
A-t-elle jamais dormi aussi bien ? Elle ne s’est pas polluée pendant la nuit. Le drap est immaculé. Elle s’agenouille au pied du lit et prie. Elle remercie Dieu.
Est-elle guérie ? Non, simple réémission car le porc surgit brusquement dans ses pensées alors qu’elle se douche, que ses doigts couverts de savon glissent sur ses protubérances mammaires. Les stries laissées par la lanière de cuir sur ses mamelons la rendent-ils plus réceptive à l’inadmissible ? Pourquoi le monstre rode-t-il dans sa conscience pendant qu’elle offre sa vulve au jet d’eau chaude, qu’elle écarte délicatement ses grandes lèvres pour nettoyer son nid ? Le porc cherche à prendre le contrôle de son esprit avec un mot abjecte, avilissant : la branlée, la branlée, la branlée…
Hors de question de retourner chez ce pervers. De toute façon, elle avait cours. La matinée lui parut longue, laborieuse. Le professeur de droit commercial alignait des phrases vides, creuses, désincarnées. Elle eut le plus grand mal à rester concentrée. Le porc s’immisça traitreusement dans sa tête. A mesure que les heures s’écoulaient, il échauffait ses sens, allumait un foyer de moiteur entre ses cuisses.
Toute la matinée, assise. Ça transpire entre les cuisses, son sexe fermente dans la culotte, les lèvres du coquillage embrassent le coton et y impriment des exhalaisons liquoreuses et grasses plus que douteuses.
Ses horaires sont réguliers. Des cours tous les jours, sauf le mercredi. Et à midi trente, pendant la pause déjeuner, elle rentre immanquablement chez elle en empruntant toujours le même chemin. A 14 heures, elle retourne en cours jusqu’à 16 h 30.
Sur sa chaise, elle ne tient pas en place. Le monstre, de plus en plus omniprésent dans son sang, l’oblige à se frotter constamment les cuisses. Il alimente la chaleur insidieuse qui irradie depuis son clitoris ; associée toujours au même mot odieux, la sève mémorielle congestionne le bouton de jouissance : la branlée, la branlée, la branlée…
Fins des cours. Retour à la maison. Elle prend une douche glacée, puis se concentre sur la révision des examens. Sa volonté reprend le dessus.
Heureusement que maman travaille et n’est jamais à la maison avant 19 heures, car, le soir, la tension est palpable. Entre la mère et la fille, pas un mot échangé, ne circule que de l’incompréhension et du ressentiment. Quelque chose comme de la haine ?
Sophie expédie le dîner, se réfugie dans sa chambre. Incomprise, elle ne pardonne pas à sa mère. Hantée par son secret ignoble, impartageable, elle voudrait soulager sa conscience. Elle prie. Mais l’écoute-IL ? Pour la première fois, elle doute. Est-ce le châtiment qui commence ? Est-elle vraiment possédée ? Alors pourquoi, en même temps, cette sensation de jubilation dans son corps rasséréné ? Tellement comblé qu’il en reveut, recommence à réclamer. Quoi ? Le porc lui souffle la réponse : la branlée, la branlée, la branlée…
Les gestes du quotidien pour reprendre le contrôle de son être. Avant de se coucher, les ablutions. Nouvelle prière. A genoux. Humblement. "Mon Dieu, fortifiez ma foi". Elle enfile sa chemise de nuit sur son corps nu. Le contact du coton quand il glisse sur ses tétons encore un peu endoloris déclenche des frissons. Ils se tendent pour ce rien ! Sa vulve en profite pour soupirer au contact de l’air. La toison noire entretient la touffeur. Elle se couche, s’allonge sur le dos, les bras au-dessus des couvertures, les jambes serrées. La confusion règne dans son organisme. Elle est écartelée mais interdiction absolue d’écarter les cuisses, de se masturber, de céder à l’immonde péché, de se laisser emporter par le film ignoble qui défile en boucle dans sa tête, avec toujours le même dénouement orgasmique. Le porc, l’humiliation, la branlée, le porc, l’humiliation, la branlée… Elle chasse les images. "Mon Dieu, aidez-moi à résister". Elle espère le sommeil. S’impose l’immobilité la plus totale. Entre ses cuisses, un volcan au bord de l’éruption. La moindre secousse, le moindre mouvement licencieux, et ce serait l’explosion. Elle finit par s’endormir. Le matin, elle se réveille avec la chemise de nuit détrempée, collée à son derrière, plaquée à sa minette poisseuse. La fuite ignoble s’est abondamment répandue sur le drap. Elle observe avec dégoût l’auréole accusatrice. Comme si elle avait fait pipi au lit ! Elle n’est pas guérie.
Mais pas le temps de s’apitoyer sur son sort. Pour sa pénitence, pour se soigner, elle s’impose une douche glacée. Puis prière et ablutions. Etre la plus propre possible. Ne pas se contempler nue dans la glace ; aucune complaisance avec cette chair qui s’étale obscènement, qui déborde de vice. La recouvrir. Petite culotte propre. Jupe droite sage. Soutien-gorge blanc. Chemisier sobre. Pull. Bottines sans talons. Pas de maquillage. Pas de colifichet. Pas d’ostentation. Oui, propre, sage, virginale et modeste.
Elle file en cours.
- Oui, Monsieur. »
Elle mentait ! Il en était persuadé. Elle ne reviendra pas. C’était évident. Or, Phil ne voulait surtout pas la perdre. Alors, il se précipita à sa suite, la suivit discrètement sans se faire remarquer, sans perdre de vue la silhouette élancée. Le duffle coat informe gommait les formes mais elle ne portait ni culotte ni soutien-gorge et les pensées de Phil s’insinuaient, pénétraient directement par cette voie l’intimité de la beauté. Il voulait tout connaitre d’elle. Où habitait-elle ? Comment occupait-elle ses journées ? Comment garder une emprise sur elle ?
Sophie marchait vite, sans se retourner, sans prêter la moindre attention à l’environnement bruyant. Elle n’aurait pas pu être plus déboussolée. Un bouleversement au plus profond de son être. Un ébranlement de l’âme, un retournement absolu des valeurs. Désormais, plus rien ne sera comme avant. Un pan immense de son existence venait de s’écrouler et elle ne pouvait même pas fouiller dans les décombres. Ses certitudes avaient été balayées et, à la place, un continent infini et inquiétant s’érigeait devant elle. Ce n’était pas un mirage. Elle était exposée, démunie, sans protection – même pas une culotte pour faire illusion ; la moiteur incrustée entre ses cuisses, cette bourbe d’après la crue, l’empoissait au souvenir de la jouissance. Pouvait-elle feindre de l’ignorer ?
Bien sûr, elle fuirait cet homme. Mais elle n’était pas stupide. Elle échapperait au pervers, pas à l’évidence dont il était porteur. Il l’avait entraînée vers un territoire qu’elle avait trop aisément investi. Les sensations inconnues s’étaient révélées trop familières, les pulsions animales finalement si peu étrangères. Elle avait opposé une résistance dérisoire à l’intrusion, à croire qu’elle cédait à une force, avant tout, intérieure, inquiétante parce que terriblement désirable. L’humiliation, les gifles, les coups de cravache, jalons effarants d’une révolution inimaginable, participaient à l’inéluctable, justifiaient, sans être excusable, l’impensable et insondable possession. Une prise de pouvoir indéniable et aux conséquences radicales : la négation de toutes les vérités antérieures. Maman, les bonnes sœurs, le curé, tous partageaient le même discours et cette unanimité associait le sexe aux pires souffrances. Or la douleur avec le porc avait été tellement relative et surtout source de connaissance phénoménale ! Enormément de culpabilité et de honte durant la séance mais à la conclusion le corps qui exulte et qui maintenant est incroyablement soulagé, comme apaisé…
Portée par un souffle intérieur, une intensité dont elle devine la source, elle traverse la rue. A chaque pas, ses cuisses frottent contre sa chatte gluante. L’absence de culotte renforce la sensation de gêne obscène. Son pull frotte contre les tétons à vif. La douleur s’estompe. L’homme ne l’a donc pas flagellée violement. La peur a décuplé le ressenti. Le cinglant du cuir a enclenché le compte à rebours d’une lancinante graduation vers l’orgasme. Une morsure pour introduire la jouissance, la devancer et ensuite l’accompagner. La douleur et l’extase sont maintenant indissociables…Perdue dans ses pensées, elle ouvre la porte de l’appartement. Se débarrasse de son duffle coat, monte dans sa chambre. S’arrête un moment sur le seuil comme à l’orée d’une déception. Immuables, sur l’étagères, la bible et quelques romans édifiants ; implacables la croix au-dessus du lit et la vierge en plâtre sur la commode. Le couvre lit est gris, les rideaux ternes. La fadeur de ce décor l’assaille, elle le découvre comme pour la première fois alors qu’elle baigne dedans depuis sa plus tendre enfance. Il est frappé d’obsolescence. Il n’évoluera jamais. C’est elle qui a changé.
Elle ôte son pull. Observe devant la glace ses seins qu’elle a tant dénigré. Les globes ronds endoloris la défient. Ils s’autonomisent vis-à-vis du complexe d’être une femme. Ce complexe, transmis par maman, ne lui appartient plus. L’homme l’en a déshéritée. Les rainures rouges sur les mamelons insistent sur l’extrême sensibilité de ces extrémités auxquelles elle s’est rendue. La brûlure stagne à la surface de son épiderme comme un rappel de l’exigence intérieure qu’il a bien fallu satisfaire. Elle dégrafe sa jupe affronte le constat invraisemblable : elle a marché dans la rue sans culotte, le sexe imbibé de cyprines. Les traces prégnantes de jouissance collées à sa toison tardent à s’évaporer. Le clitoris vorace, les lèvres rassasiées, ressassent la même litanie : tu as joui. Tu as joui. Tu as joui. Sophie répète à son reflet ces mots, consciente de ne pas en saisir toute la portée ; elle a été emportée si loin de l’entendement. Si près de l’inconcevable. Son sexe la nargue de plus belle : tu t’es faite pipi dessus. Pipi dessus. Dessus et devant un homme… La honte intégrale pour des sensations inouïes. Confusion extrême d’un soulagement coupable : l’urine qui coule, la tiédeur doucereuse du liquide, un abandon illicite et pourtant sans réserve, un suave avilissement, une transgression qu’habituellement seuls les songes autorisent. A ne reproduire sous aucun prétexte. Elle ne retournera jamais chez cet odieux personnage, au mépris rédhibitoire. Elle n’est pas servile.
Sous la douche, elle se lave avec soin. Mais la saleté reste incrustée dans son esprit décidemment bien complaisant. Faute d’être chassée, cette crasse grisante et capiteuse prend tous ses aises.
Sophie sort de la douche, s’enroule dans un drap de bain et s’allonge, sur le dos, sur le lit. La culpabilité hante ses pensées, mais son corps, lui, n’a jamais été aussi détendu, apaisé. Elle s’endort… Se réveille en sursaut. Maman cogne à la porte de la chambre, entre sans être invitée. L’inquisitrice veut savoir :« Alors comment s’est déroulée ta confession ?
- Très bien maman.
- Tu vas te repentir ? Faire pénitence ?
- Oui maman.
- Pauvre pécheresse ! J’ai été trop laxiste avec toi, pas assez sévère. J’espère qu’il n’est pas trop tard.
- Non, non maman…- J’aurai dû punir impitoyablement tes mauvais penchants. Mais une mère a bien du mal à être inflexible avec sa fille, à ne pas se laisser attendrir. Tu comprends maintenant pourquoi j’ai fait appel à des docteurs de la foi qui ne font preuve d’aucune complaisance avec les faiblesses humaines ?
- Heu oui, certainement maman.
- Ils vont te soigner... Tu m’écoutes, Sophie ? Tu as l’air distraite.
- Oui, excuse-moi, je…- … Par la mortification et le châtiment tu seras purifiée. Quand retournes-tu voir ces bons pasteurs ?
- Je ne sais pas… Je…- J’exige que tu continues à te soigner ! Je vais prendre rendez-vous pour toi !
- Mais non maman, je m’en occupe. J’irai mercredi prochain.
- Je compte sur toi.
- Bien sûr. Excuse-moi, mais, tu peux me laisser maintenant ? J’ai des cours à réviser. » Sophie a menti à maman. Sans remord. Une chose est sûre, elle ne retournera jamais chez le porc.
Elle esquive l’exaspérante sangsue maternelle jusqu’au soir. Et elle compte bien abréger l’épreuve du dîner.
« Où va tu Sophie ?
- Me coucher, maman.
Tu as à peine mangé.
- Et bien c’est que je n’ai pas faim ! »Elle dissimule mal son hostilité. Elle ne s’était encore jamais rebellée contre sa mère.
« Je ne te permets pas de me parler sur ce ton !
- Et tu vas faire quoi ? »La mère lève la main :- Te mettre une bonne gifle ! »Sophie calme froide, elle-même surprise de son audace : « Tu n’as pas intérêt ! »Les deux femmes se défient. La mère baisse les yeux.
« Tu as le diable au corps !
- Je suis majeure. »C’est la première fois qu’elle tient tête à maman.
La mère ne le supporte pas. Elle explose, elle hurle :« FILE DANS TA CHAMBRE ! TU ES UN DEMON ! DISPARAIT DE MA VUE. JE NE VEUX PLUS TE VOIR… TU ES POSSEDEE… »… La voix hystérique accompagne Sophie alors qu’elle monte les escaliers… « JE VAIS TE FAIRE ENFERMER DANS UN COUVENT… TE PROTEGER CONTRE TOI-MEME, TE CLOITRER… »… la jeune fille se précipite dans sa chambre… « … LE DIABLE A PRIS POSSESSION DE MA FILLE… SEIGNEUR AIDE-MOI… AIDEZ-MOI… »… Et les imprécations transpercent les murs pendant encore de très longues minutes. Une éternité. Pour échapper à cette folie, Sophie enfouit sa tête sous l’oreiller… Elle veut fuir ce cauchemar. Se réfugier dans d’autres pensées. Le porc s’impose à son esprit. Ce qu’il lui a fait subir ! A causette lui, elle a traversé tellement d’émotions contradictoires. Elle le déteste c’est sûr, ne le reverra plus jamais… mais maintenant son corps est en paix, si détendu qu’elle s’endort facilement. Sommeil profond, réparateur. D’une traite jusqu’au matin.
A-t-elle jamais dormi aussi bien ? Elle ne s’est pas polluée pendant la nuit. Le drap est immaculé. Elle s’agenouille au pied du lit et prie. Elle remercie Dieu.
Est-elle guérie ? Non, simple réémission car le porc surgit brusquement dans ses pensées alors qu’elle se douche, que ses doigts couverts de savon glissent sur ses protubérances mammaires. Les stries laissées par la lanière de cuir sur ses mamelons la rendent-ils plus réceptive à l’inadmissible ? Pourquoi le monstre rode-t-il dans sa conscience pendant qu’elle offre sa vulve au jet d’eau chaude, qu’elle écarte délicatement ses grandes lèvres pour nettoyer son nid ? Le porc cherche à prendre le contrôle de son esprit avec un mot abjecte, avilissant : la branlée, la branlée, la branlée…
Hors de question de retourner chez ce pervers. De toute façon, elle avait cours. La matinée lui parut longue, laborieuse. Le professeur de droit commercial alignait des phrases vides, creuses, désincarnées. Elle eut le plus grand mal à rester concentrée. Le porc s’immisça traitreusement dans sa tête. A mesure que les heures s’écoulaient, il échauffait ses sens, allumait un foyer de moiteur entre ses cuisses.
Toute la matinée, assise. Ça transpire entre les cuisses, son sexe fermente dans la culotte, les lèvres du coquillage embrassent le coton et y impriment des exhalaisons liquoreuses et grasses plus que douteuses.
Ses horaires sont réguliers. Des cours tous les jours, sauf le mercredi. Et à midi trente, pendant la pause déjeuner, elle rentre immanquablement chez elle en empruntant toujours le même chemin. A 14 heures, elle retourne en cours jusqu’à 16 h 30.
Sur sa chaise, elle ne tient pas en place. Le monstre, de plus en plus omniprésent dans son sang, l’oblige à se frotter constamment les cuisses. Il alimente la chaleur insidieuse qui irradie depuis son clitoris ; associée toujours au même mot odieux, la sève mémorielle congestionne le bouton de jouissance : la branlée, la branlée, la branlée…
Fins des cours. Retour à la maison. Elle prend une douche glacée, puis se concentre sur la révision des examens. Sa volonté reprend le dessus.
Heureusement que maman travaille et n’est jamais à la maison avant 19 heures, car, le soir, la tension est palpable. Entre la mère et la fille, pas un mot échangé, ne circule que de l’incompréhension et du ressentiment. Quelque chose comme de la haine ?
Sophie expédie le dîner, se réfugie dans sa chambre. Incomprise, elle ne pardonne pas à sa mère. Hantée par son secret ignoble, impartageable, elle voudrait soulager sa conscience. Elle prie. Mais l’écoute-IL ? Pour la première fois, elle doute. Est-ce le châtiment qui commence ? Est-elle vraiment possédée ? Alors pourquoi, en même temps, cette sensation de jubilation dans son corps rasséréné ? Tellement comblé qu’il en reveut, recommence à réclamer. Quoi ? Le porc lui souffle la réponse : la branlée, la branlée, la branlée…
Les gestes du quotidien pour reprendre le contrôle de son être. Avant de se coucher, les ablutions. Nouvelle prière. A genoux. Humblement. "Mon Dieu, fortifiez ma foi". Elle enfile sa chemise de nuit sur son corps nu. Le contact du coton quand il glisse sur ses tétons encore un peu endoloris déclenche des frissons. Ils se tendent pour ce rien ! Sa vulve en profite pour soupirer au contact de l’air. La toison noire entretient la touffeur. Elle se couche, s’allonge sur le dos, les bras au-dessus des couvertures, les jambes serrées. La confusion règne dans son organisme. Elle est écartelée mais interdiction absolue d’écarter les cuisses, de se masturber, de céder à l’immonde péché, de se laisser emporter par le film ignoble qui défile en boucle dans sa tête, avec toujours le même dénouement orgasmique. Le porc, l’humiliation, la branlée, le porc, l’humiliation, la branlée… Elle chasse les images. "Mon Dieu, aidez-moi à résister". Elle espère le sommeil. S’impose l’immobilité la plus totale. Entre ses cuisses, un volcan au bord de l’éruption. La moindre secousse, le moindre mouvement licencieux, et ce serait l’explosion. Elle finit par s’endormir. Le matin, elle se réveille avec la chemise de nuit détrempée, collée à son derrière, plaquée à sa minette poisseuse. La fuite ignoble s’est abondamment répandue sur le drap. Elle observe avec dégoût l’auréole accusatrice. Comme si elle avait fait pipi au lit ! Elle n’est pas guérie.
Mais pas le temps de s’apitoyer sur son sort. Pour sa pénitence, pour se soigner, elle s’impose une douche glacée. Puis prière et ablutions. Etre la plus propre possible. Ne pas se contempler nue dans la glace ; aucune complaisance avec cette chair qui s’étale obscènement, qui déborde de vice. La recouvrir. Petite culotte propre. Jupe droite sage. Soutien-gorge blanc. Chemisier sobre. Pull. Bottines sans talons. Pas de maquillage. Pas de colifichet. Pas d’ostentation. Oui, propre, sage, virginale et modeste.
Elle file en cours.
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