Luce, bourgeoise adultérine malgré elle (1)
Récit érotique écrit par Reveevasion [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 07-03-2018 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Luce, bourgeoise adultérine malgré elle (1)
Une auscultation bien particulière
Luce Saint-Sauveur avait fait un mariage réussi…
Enfin, une réussite très "conventionnelle" dans cette ville moyenne de préfecture provinciale. Fille unique d'un très riche orfèvre juif, elle avait été la marchandise d'un contrat permettant à sa famille de s'ouvrir les portes de la bourgeoisie locale et à sa belle famille d'écarter les dangers de la faillite financière. Elle accéda ainsi à la position envieuse d'épouse d'Henri, probable successeur de son père, premier magistrat d'une ville aux valeurs et moeurs d'un archaïsme que l'on qualifierait de "désuet" aujourd'hui, mais qui se fondait dans le classicisme du paysage de la hiérarchie sociale de l'époque.
Ce tableau déjà peu reluisant des conditions du mariage de Luce apparaissait quasiment nauséabond si l'on sait que cela s'est passé en 1942 et que Luce, avant d'épouser Henri, se prénommait Rachel. Après un premier refus des Baumann, la famille Saint-Sauveur, forte de solides relations dans les milieux collaborationnistes, avait utilisé ce chantage : la dénonciation ou le mariage. Rachel fut donc baptisée et, devenue Luce, se maria avec Henri Saint-Sauveur. Cela provoqua un véritable séisme dans la malheureuse famille juive : la mère ne survécut pas à son chagrin et le père se referma définitivement dans un mutisme incurable.
Luce fut donc contrainte d'assumer la qualité de première dame de cette société qui avait, entre autres, une particularité bien établie dans le domaine de la séparation des sexes : aux hommes le beau rôle que leur conférait le prestige de leur statut ; aux femmes les responsabilités familiales et les activités subalternes. Aisance financière réelle ou apparente ; professions dites nobles et train de vie aussi clinquant que superficiel ; tels étaient les critères qui comptaient dans ce microcosme tenant le haut du pavé. Les maris étaient tous sortis d'un même moule : professions le plus souvent libérales ; intérêt lointain pour l'éducation de leurs enfants si l'on exceptait l'aîné masculin ; activités sportives ou ludiques dites nobles entre chasse, bridge, golf ou équitation ; adhésion aux clubs services et partis politiques réactionnaires. Ce comportement de surface s'accompagnait d'une vie sexuelle ne s'épanouissant qu'hors du cadre familial. Si la plupart recourait aux services des prostituées, leur réseau de relations libertines s'appuyait sur leur situation avantageuse dans le cadre professionnel, que ce soit parmi les employées ou la clientèle féminine. Tout ceci à l'ombre du partage masculin d'une discrétion entendue et protégée par la cécité ou la résignation plus ou moins volontaire de leurs épouses qui étaient elles seules les dépositaires du devoir sacré de fidélité..
Ces dernières entraient également dans un moule préétabli mais nettement moins avantageux. La petite douzaine de bourgeoises de cette ville se contentait donc d'assurer le confort de la maisonnée en se consacrant à l'éducation des enfants, à la surveillance d'un personnel domestique indispensable et aux activités de charité. Passée la trentaine, elles dépérissaient dans une résignation morale doublée d'une empâtement physique aussi bien chronique que collectif.
Luce Saint-Sauveur avait néanmoins échappé à cette image référentielle. Première et gravissime incartade aux règles imposées, elle n'avait pu avoir d'enfants sans que l'on puisse déterminer si la cause en était due aux effets du traumatisme créé par les conditions de son mariage sur son métabolisme ou à l'impuissance d'un mari plus habile en libertinage que précautionneux dans l'application du devoir conjugal. Lassé de cette obligation sans résultat fécond, Henri avait fini par ne plus honorer son épouse d'autant plus que sa fonction de député puis de sénateur lui servait d'alibi pour vivre les deux tiers de l'année à Paris. Luce accomplissait pourtant parfaitement son devoir de maîtresse de maison avec courtoisie, élégance et générosité sans jamais déroger aux exigences de son rang. Il est vrai qu'elle disposait pour cela d'un atout unique au sein de la haute mais petite société provinciale. A quarante ans, elle avait conservé un physique de rêve : son mètre soixante était magnifiquement fondu dans une enveloppe de quarante cinq kilos harmonieusement répartis, inversant ainsi les proportions de ses compagnes sociétales. Elle avait des rondeurs délicates et harmonieuses avec une petite poitrine ronde ponctuée de tétons à l'insolence altière sinon arrogante tandis que son divin pétrousquin arborait une symétrie d'école de beaux-arts avec deux demi-lunes à l'élasticité suffisante pour se soustraire à un nécessaire déhanchement abusif accrocheur de regards masculins. Ses attaches, en harmonie avec sa silhouette, présentaient une fragilité trompeuse que démentait aussitôt la fermeté imprimée sur son visage. Celui-ci était d'un ovale parfait encadré d'une chevelure d'un blond vénitien à l'aspect sauvage de crinière qui n'aurait jamais subi les âffres de quelques bigoudis ou autres artifices que ce soient. Les mèches libres et astucieusement rebelles trahissaient une volonté déterminée mais retenue à moins que ce ne fût une imagination captive ou refoulée. La pâleur du visage était discrètement voilée d'un fond de teint aux nuances fauves interdisant tout égarement de maquillage enluminé tandis que sa bouche étroite mais aux lèvres ourlées formait un arc de Cupidon accentué à l'étage supérieur tandis que l'inférieur s'ornait d'un gonflement pulpeux qu'atténuaient des commissures tendant vers le bas sans l'indiquer franchement. En harmonie avec la délicatesse perfide de sa bouche, les sourcils semblaient s'excuser avec la discrétion de leur dessin évitant de faire ombrage à un maquillage riche d'accents métalliques aux penchants cendrés très légèrement azurés qui faisaient de ses paupières, armées de longs cils, un argument supplémentaire au charme de son regard vert aux reflets mordorés. Un peintre se serait damné pour reproduire l'instant fatal du clignement de ses paupières. On n'apercevait de ses oreilles dissimulées dans les flammes de sa coiffure que des boucles goutte d'eau perle en argent massif, représentant le seul accessoire aguichant qu'elle se soit permis.
Son mari, après des études calamiteuses, avait pu profiter de la mort providentielle de son père survenue prématurément en 1943 en succédant sans difficultés à son mandat de maire. Ce parcours était tout à fait conforme aux normes acceptées par cette intelligentsia de province. Pourtant, une certaine dérive affairiste avait contribué largement à la réussite politique et financière de Saint-Sauveur. Cela avait engendré des jalousies préjudiciables et avait fait de ce notable une exception mal acceptée par l'aristocratie locale qui, en voyant le maire, devenu député puis sénateur, négliger leurs préoccupations et prérogatives, avaient réduit leurs relations dîtes amicales à une courtoisie de surface aussi mielleuse que fielleuse. Son épouse, à sa façon, dérogeait aussi des canons en vigueur de ce trou préfectoral. La réussite aux origines "douteuses" de son mari avait accentué la haine du regard des autres qui, de méprisant pour celle qui était considérée comme une parvenue issue d'une communauté religieuse tout juste tolérée, aurait usurpé la place de première dame de la ville.
Seule Hortense de Joncour pouvait être considérée comme son amie. Cette femme avait quelques points communs avec Luce. Elle n'avait été épousée que par un coureur de dot à la noblesse douteuse qui avait mis une bonne douzaine d'année à obtenir ses diplômes de gynécologie, spécialité très peu répandue à l'époque. Elle se retrouvait aussi sans enfant après le décès précoce de son fils. Se réfugiant dans une boulimie sucrière dévastatrice elle était devenue obèse très vite. Elle avait trouvé en Luce la seule femme en qui elle put avoir pitié. Les deux épouses sans progéniture et délaissées par leur maris partageaient petits fours et thé lors d'après-midi invariablement sans saveurs. De son côté Luce, en cette année 1960, traversait une très mauvaise passe, elle se sentait flétrir comme une fleur fanée, tout son corps se desséchant au point de ne pouvoir laisser couler la moindre larme. Elle avait perdu l'appétit, ne montait plus à cheval, vaquait à ses obligations sans aucun enthousiasme… C'est ainsi qu'elle osa se confier à son amie Hortense cet après-midi-là sans se douter de l'importance des conséquences que cette conversation allait entraîner.
- Ma pauvre chérie, tu as vu la petite mine que tu traines avec toi depuis quelques temps ?
Hortense adorait les situations qui lui permettaient d'appeler ainsi son amie et faisaient d'elle une victime désignée par le mauvais sort. Et Luce avoua les symptômes qui l'accablaient depuis quelques mois.
- Il ne faudrait pas que déjà tu subisses les outrages de la ménopause, ajouta-telle, avec son goût morbide de l'exagération.
- Crois-tu que ce puisse être le cas à mon âge ? Je n'ai que quarante ans quand même.
- As-tu déjà consulté un gynécologue ? questionna Hortense sur le ton de celle qui est sûre d'une réponse négative.
- Mais pour quoi faire ? répondit Luce en se doutant avec crainte du terrain où allait l'emmener nécessairement son amie.
Pour toute réponse celle-ci saisit le téléphone et appela son mari dont le cabinet était au rez-de-chaussée :
"Régis quand peux tu prendre madame Saint-Sauveur en consultation ?
Les quelques secondes de silence qui suivirent plongèrent Luce dans une inquiétude proche de la panique. Hortense reposa le combiné avec un sourire triomphant pour lui signifier que son mari venait d'en terminer avec sa dernière patiente et qu'il la prenait de suite avant d'aller à son bridge. Son amie devint toute pâle en protestant que ce n'était pas la peine ; qu'elle n'était pas préparée pour cela ; qu'elle préférait réfléchir ; qu'elle n'allait pas déranger Régis pour si peu ; que c'était impossible aujourd'hui parce que… mais d'un geste péremptoire madame de Joncour effaça ses excuses :
- Allons ma pauvre chérie sois de notre époque, une visite de gynécologue n'est pas une exécution. Allez descends vite le voir ! et elle poussa quasiment son amie vers l'escalier. Pendant la descente de l'escalier, Luce eut la sensation qu'il s'agissait plutôt d'un ascenseur pour l'échafaud où la voix étranglée de la trompette de Miles Davis aurait été remplacée par le seul rythme incertain de ses talons. Au début des années soixante le recours au gynécologue n'était pas encore banalisé et la plupart des femmes étaient terrorisées par la peur de livrer leur intimité aux mains et au regard d'un praticien. De plus si ce médecin était le mari d'une amie qui ne se privait jamais de rendre hommage à leur beauté par des regards passablement appuyés comme c'était le cas avec madame Saint-Sauveur. Cela rendait la perspective d'une telle auscultation insupportable. L'arrivée devant la double porte capitonnée de cuir du cabinet fut une torture pour Luce. Les raisons de fuir se multipliaient : n'avait-elle pas mis des dessous qui risquaient de passer pour une provocation ? Ne s'étant pas changée avant de partir, certaines effluves féminines douteuses n'allaient-t-elles pas se répandre dans le local d'examen ? Connaissant Régis de Joncour pour sa jovialité grossière et son indiscrétion tapageuse, ne lâcherait-il pas des anecdotes dégoutantes sur son intimité à ses comparses masculins ? Se forçant à refuser d'imaginer qu'il puisse profiter de la situation nécessairement troublante, le spectre de cette éventualité la faisait néanmoins tressaillir.
C'est au moment où elle était sur le point de passer devant la porte pour s'enfuir que celle-ci s'ouvrit sur le sourire triomphant du docteur de Joncour.
-C'est ici Luce ! dit-il avec une moue qu'elle sentit moqueuse et qui la pétrifia.
- Oh! vous savez Régis c'est Hortense qui a insisté je ne voulais pas vous déranger pour si peu...
- Allons ! Allons ! Ne soyez pas gênée, c'est un plaisir pour moi de vous rendre service, entrez donc.
Ne sachant si cette formule était de convenance ou si elle faisait allusion à son probable déshabillage à venir, Luce s'avança sur le parquet ciré où ses talons reprirent un rythme mieux assuré mais tout aussi peu discret, diffusant une petite musique dont les paroles résonnaient uniquement dans la tête du docteur en lui disant : "regarde comme mes mollets sont si finement gainés de soie fumée avec cette couture qui remonte là où tu n'as pu accéder qu'en rêve."
- Asseyez-vous, chère Luce, fit-il en lui indiquant le fauteuil de cuir face à son bureau. Les talons quittèrent le plancher indiscret pour le tapis moelleux où s'étouffèrent les claquements qui furent bientôt relayés par le froissement de la jupe du tailleur gris perle et le crissement électrique des bas sous l'effet du croisement des cuisses. Par bonheur la jupe était suffisamment longue mais cela eut des répercussions différentes chez nos personnages : tandis que Luce en ressentit un premier soulagement, l'unique depuis l'insistance affirmée d'Hortense, la satisfaction de Régis était de nature tout à fait libidineuse en lui faisant savourer chaque instant de découverte progressive de la belle patiente inaccessible.
Il vint se poser devant elle appuyant son postérieur sur le bord du bureau Louis XIV de façon à imposer d'emblée sa présence physique et l'obligeant à lever son visage timoré. C'est à cet instant seulement qu'elle osa le regarder vraiment. Ses yeux bleu de mâle brun aux cheveux frisés accentuèrent son malaise. Elle remarqua qu'il portait un pantalon de toile dont elle ne retint pas la couleur sous une blouse blanche immaculée qui lui fit détourner le visage quand elle s'aperçut que deux boutons s'ouvraient sur la toison noire de son torse. Elle ne put réprimer un réflexe qui lui fit instantanément porter sa main sur l'échancrure de la veste de son tailleur, pas plus que de se retenir d'imaginer qu'un homme aussi séduisant que Régis puisse se satisfaire de sa grasse et ennuyeuse épouse. Pensée qu'elle chassa très vite de son esprit quand la voix suave mais ferme du médecin la fit revenir à la réalité.
- Détendez-vous, chère Luce, et exposez-moi vos petits soucis féminins, dit-il en se voulant rassurant et protecteur.
- C'est que vous voyez, Régis, il ne m'est pas facile de vous répondre, non pas que les mots me manquent pour décrire ce que vous appelez de "petits soucis", en omettant d'ajouter volontairement par pudeur le dernier qualificatif énoncé par le docteur, mais c'est, comment dirais-je assez délicat, compte tenu des circonstances quand même particulières. Elle marqua ce "quand même" d'un ton plus péremptoire et exprima ces derniers mots en osant relever ses paupières comme pour lui reprocher une forme de légèreté dans son assurance professionnelle.
- Mais, madame Saint-Sauveur, il n'y a rien de circonstanciel et de particulier à consulter un médecin.
- Quand même Régis, ajouta-t-elle, votre spécialité est, avouez-le, très … particulière et elle se mordit la lèvre inférieure en ressentant les limites de ce mot pour qualifier ce qu'il devait traduire lui-même avec perspicacité par troublante.
Le large sourire du docteur ne fit qu'accentuer son angoisse, malgré les paroles qui suivirent :
- Je ne suis plus Régis de Joncour, ni le mari de votre amie, pas plus que l'homme qui vous apprécie, madame Saint-Sauveur. Je suis un médecin ordinaire et vous une simple patiente. Alors faites moi confiance et parlez moi de vos problèmes sans retenue.
En entendant ces paroles, elle fut parcourue par l'image de l'apiculteur qui enfume la ruche pour mieux soustraire le miel aux abeilles. Elle y jouait le rôle de la reine des abeilles livrée à un apiculteur vêtu de blanc avec pour masque de camouflage un sourire se voulant ensorceleur pour mieux la déposséder de ses défenses.
- Eh bien voila ! Depuis quelques mois, peut-être même quelques années, je me sens, non pas dépérir, mais progressivement me dessécher, se décida-telle à avouer. C'est comme si j'étais une plante dans le désert dont les racines ne trouveraient plus d'eau. Je viens de l'évoquer avec Hortense et elle m'a fait peur en me disant que ce pouvait être dû à une ménopause précoce.
- Mais si je me souviens bien, vous n'avez que quarante ans puisque vous aviez 22 ans en 1942 quand Henri vous a épousé. Cette issue me paraît bien improbable.
- Et puis, osa Luce pour appuyer l'avis du médecin, j'ai toujours mes périodes.
- Bon ! Je vais vous ausculter car je ne voudrais pas passer à côté d'une erreur médicale. Veuillez quitter votre tailleur, votre corsage et votre culotte, avant de vous installer sur le fauteuil d'examen. Et il se dirigea vers celui-ci qui impressionna Luce avec la froideur que dégageaient les coussins de cuir et surtout celle des arceaux de métal qui lui parurent de véritables outils de torture.
Pendant qu'il réglait le fauteuil en tournant le dos à madame Saint-Sauveur, il observait son déshabillage en utilisant un petit miroir habilement dissimulé. Hésitante et choquée par l'absence du moindre paravent, elle défit précautionneusement les boutons argent de sa veste de tailleur dont les pans s'ouvrir sur un corsage de soie jaune qui épousait sans les contraindre les deux seins haut perchés. Ceux-ci tendirent le tissu soyeux mais opaque du chemisier quand elle se cambra pour actionner le zip de la jupe, placé au creux de ses reins. Régis était fasciné par le jeu diaboliquement excitant d'innocence de son giron, ostensiblement prisonnier d'un carcan de dentelle dont il attendait l'envol avec la patience d'un chien d'arrêt prêt à lever un perdreau. Le gigotement de ses hanches eut raison de la tenue de la jupe qui tomba sur ses chevilles comme un rideau s'ouvre sur une scène de théâtre. Régis aurait aimé pouvoir applaudir devant un tel spectacle. Il n'eut qu'un quart de seconde le loisir d'apprécier les cuisses de sa patiente, fines mais suffisamment charpentées pour mettre sous pression les parures plus obscures de ses bas tendus par les jarretelles. Elle s'accroupit aussitôt pour ramasser et plier soigneusement la jupe et la déposer sur le fauteuil. Elle se releva pour déboutonner son corsage déjà largement décolleté d'un large V bordé d'un col se terminant en pointes étalées vers les globes de sa poitrine. Elle n'eut que trois boutons à défaire pour découvrir les bonnets d'une guêpière sans bretelles protégeant ses globes comme deux coquillages l'auraient fait pour un met à l'élasticité prometteuse. Se débarrassant de la soie jaune qui coula sur ses fines épaules totalement dénudées, elle apparut aux yeux du docteur telle une nymphe emprisonnée dans sa chrysalide de satin noir aux rayures dorées qui rendait son corps encore plus sculptural et harmonieux.
Jusque là, Luce avait exécuté son effeuillage avec des gestes mécaniques à la précision glaciale même si le docteur les avait trouvés d'autant plus troublants. Elle avait réussi à chasser de son esprit l'étrangeté de la situation en ne retenant que le contenu nécessaire de ses gestes. Son visage s'était refermé sur lui-même en chassant la présence de Régis. Cette maîtrise feinte mais réussie croyait-elle n'avait fait que porter à son paroxysme la satisfaction du gynécologue qui faisait de lui le seul homme à découvrir le corps et les dessous de la première dame de la ville. Arriva l'instant fatidique où madame Saint-Sauveur allait devoir quitter sa culotte. Le docteur, protégé par l'excuse d'avoir à choisir une serviette pour l'étendre sur le cuir du fauteuil d'examen, fixa le miroir où apparaissait le petit ventre plat protégé par le bas de la guêpière qui se terminait par deux pointes prolongées de jarretelles qui tiraient vers le haut l'ourlet sombre des bas en imprimant la chair des cuisses d'un léger renflement. La sérénité apparente du visage de la femme se mua en une crispation paralysante qui n'échappa point à l'oeil graveleux du docteur. Comme si ils étaient dirigés par les fils d'un marionnettiste, ses doigts tremblants saisir le bord de sa petite culotte de part et d'autre de ses hanches et, fermant les yeux, elle les laissa tirer sur le satin noir qui glissa d'abord sur les jarretelles puis se retroussa dans le mouvement incertain en découvrant une toison touffue à la blondeur ambrée dont le triangle fit symétrie avec la culotte retournée comme s'il se réfléchissait dans une eau sombre. Le fond de la petite culotte se détacha de la fourche des cuisses pour glisser entre elles. Aussitôt elle leva ses jambes l'une après l'autre pour se débarrasser de sa culotte qu'elle roula en boule comme pour effacer le pouvoir troublant du triangle de tissu.
Régis choisit cet instant pour se retourner et installer la serviette où allait se poser le mignon popotin de la belle qu'il avait maintenant sous les yeux avec ses deux petites pommes parfaitement arrondies barrées par les jarretelles arrière fixées à la guêpière qui, sur cette face, était d'un noir uni fendu par la fermeture.
En voyant la serviette blanche sur le fauteuil, Luce comprit qu'elle devait venir s'assoir, ce qu'elle fit en croisant immédiatement ses cuisses pour cacher sa pilosité intime, sans réaliser l'absurdité d'une telle précaution dans l'attente d'un examen gynécologique. Cela amusa beaucoup le médecin qui lui sourit ironiquement en lui indiquant les étriers pour qu'elle y pose ses pieds. Luce hésita un instant et c'est en vivant le supplice qu'elle décroisa ses cuisses et les écarta pour aller s'écarteler devant le médecin en posant ses pieds dans les étriers.
Régis se délectait du spectacle en évitant d'appuyer son regard sur la touffe généreuse et tentatrice et comprenant que ce genre d'examen était inédit pour elle, il entreprit de lui expliquer ce qu'il allait faire et pourquoi dans un langage médical aussi précis que vulgarisé.
- Je vais d'abord procéder à un toucher vaginal avec un ou deux doigts pour déterminer la taille de votre vagin afin de choisir le spéculum adéquat pour vous ausculter le plus profond possible jusqu'à votre col de l'utérus où je pratiquerai un frottis qui me permettra de faire un prélèvement qui sera analysé en laboratoire et ce sera tout. Vous voyez ce n'est pas bien méchant, dit-il de la façon la plus professionnelle possible.
- Ecarquillant les yeux, Luce s'efforça de sourire pour masquer sa terreur. En fait, elle n'avait retenu qu'une chose, c'est qu'un docteur allait introduire ses doigts en elle et ce docteur était un homme qu'elle connaissait et dont elle avait toujours redouter le regard.
Il s'assit sur un tabouret le visage à hauteur de son ventre et, en enfilant un gant en caoutchouc, il fixa ce triangle de poils dorés où la fentine de la dame était discrètement cachée. Il approcha son index et son majeur de la toison et Luce marqua un mouvement de retrait qu'il arrêta en la grondant gentiment. Celle-ci respira plus fort pour supporter l'effleurement de ses lèvres par les doigts caoutchoutés. Elle réalisa que la présence de cet accessoire la rassurait quelque peu : ses chairs intimes échappaient au contact de la peau de l'homme. Il appuya doucement pour ouvrir la corolle et glissa ses doigts dans le vagin.
- Effectivement Luce vous êtes très étroite et je vais devoir utiliser mon plus petit spéculum, celui que je réserve habituellement aux très jeunes femmes. Et en riant il ajouta : nous sommes loin déjà du risque de ménopause.
Meurtrie par ce qui était pour elle une humiliation, elle serra les dents quand les doigts s'approprièrent son orifice intime puis elle le vit se lever, chercher un instrument de métal qui lui parut barbare et en frissonna à l'idée que cette chose put entrer en elle.
- Je vais devoir vous enduire le vagin de lubrifiant pour rendre la pénétration plus douce, d'autant plus que vous pensez souffrir d'un certain dessèchement qui est sans doute très présent à cet endroit . Ce canaille de Régis omit volontairement de lui dire que d'habitude on devait en enduire le spéculum et non pas le vagin.
- Faites le nécessaire murmura Luce qui, effarée, ne retenait que les mots de pénétration et de lubrifiant.
Régis enfonça ses doigts plus fermement en elle et Luce accueillit cette intrusion avec un cri de douleur en tendant la main pour arrêter le poignet du médecin. Il la repoussa sans rien dire et elle dut accepter les attouchements malicieux de Régis sur les parois de son vagin dont les réactions des muqueuses contredisaient les retenues affichées par la patiente. La viscosité du lubrifiant que les doigts en fouillant son vagin étalaient sur les chairs se mêlait à celle des sécrétions bien involontaires mais révélatrices d'un trouble féminin annoncé. .
- Calmez vous madame Saint-Sauveur, tout se passe bien et il ajouta et même très bien en pensant aux hommes qui aimeraient découvrir chez une femme de quarante ans un réceptacle aussi étroit pour leurs assauts.
Lorsque le métal du spéculum remplaça les doigts, elle poussa un cri de frayeur :
- Ah ! Que c'est froid, c'est…. c'est… horrible ! Régis.
- Allons! Allons! ne faites pas l'enfant, et il lui empoigna fermement les mains qui se précipitaient pour arrêter la progression de l'instrument, agrippez-vous au fauteuil.
Elle sentit le spéculum s'ouvrir dans son vagin et cette présence incongrue la portait au supplice. Le docteur muni d'une lampe frontale se pencha entre ses cuisses pendant un temps qui lui parut interminable. En se relevant avec un murmure de satisfaction, il lui assura que tout allait bien et il la débarrassa de l'intrusion du spéculum.
- Voilà c'est fini, presque fini.
Afin de prolonger ces instants délicieux pour lui, il prétexta un dernier toucher digital pour passer une solution antiseptique.
Presque soulagée, elle acquiesça d'un battement de paupière.
Cette fois il se permit en plongeant son majeur dénudé dans son vagin une audace qu'il n'aurait jamais envisagée auparavant.
- Mais Régis vous n'avez pas mis de gants ? osa-t-elle affolée.
- La solution ne tient pas sur le caoutchouc, s'excusa-t-il effrontément. Et encouragé par sa naiveté, il appuya son pouce sur le bouton de Luce qui se durcit instantanément.
Elle échappa un petit gémissement non maîtrisé. Il la regarda qui basculait son visage en arrière en fermant les yeux. Ses doigts se crispèrent sur la serviette mais elle ne protesta pas, en se concentrant plutôt sur cette petite flamme qu'elle sentait naissante au plus profond de ses chairs et qu'elle aurait voulu chasser alors qu'elle n'arrivait pas à la contenir. Il prit son temps pour simuler le geste médical et sentit le flot de cyprine inonder le vagin, alors que Luce se cambrait comme un arc, le corps tétanisé. Il préféra arrêter son investigation digitale et se releva pour s'approcher de sa patiente. Elle était cramoisie et peinait à respirer.
- Vous n'avez rien d'anormal au niveau gynécologique madame Saint-Sauveur.
Elle avala une bouffée d'air et ne put que sourire timidement en haussant les épaules comme pour s'excuser de son impuissance à pouvoir se maîtriser.
- Par contre, je crois savoir d'où viennent vos problèmes actuels, et devant son interrogation silencieuse il rajouta en posant un doigt sur son front : c'est dans cette jolie tête que tout ne fonctionne pas très bien.
- Mais Régis je ne comprends pas où vous voulez en venir. Je vous assure que vous vous trompez.
- Si je peux me permettre madame Saint-Sauveur, s'il y a bien un organe qui ne ment pas c'est le vagin et le votre est loin d'être une plante souffrant de sécheresse dans le désert comme vous m'avez si joliment dit tout à l'heure. Et il ajouta sur un ton plus confidentiel : soyons sérieux Luce et parlons-nous vrai, il y a combien de temps que vous n'avez eu de pratique sexuelle ?
- Oh ! Régis mais, mais, je ne vous permets pas.
- Régis ne peut se le permettre mais le docteur si. Répondez à ma question.
- Cela fait dix ans qu'Henri ne m'honore plus ; avoua-t-elle avec toute l'élégance qu'elle puisse mettre dans sa réponse en dépit de l'embarras extrême dans le lequel cette question l'avait plongée.
- Alors si vous ne voulez pas vous dessécher, comme vous dîtes, il faut compenser cela.
- Mais il n'est pas question que je trompe mon mari.
- Qui vous dit de le tromper ? Il y a des pratiques solitaires qui permettent de solutionner une partie du problème et les sécrétions de cyprine dont vous venez d'enduire mes doigts sont aussi bien salutaires pour votre moral que pour votre hygiène médicale.
Luce le regarda stupéfaite et de grosses larmes coulèrent sur ses joues. Les propos du docteur la plaçait inexorablement en face de sa bien réelle misère sexuelle.
Il y eut un moment de flottement pendant lequel Régis fut certes ému par cette réaction mais sa perversité reprit vite le dessus.
- Faites moi confiance madame Saint-Sauveur, et il insista : le voulez-vous?
En reniflant comme une petite fille, Luce acquiesça d'un timide mouvement de tête en baissant ses paupières avec un stigmate de douleur qui lui parcourut le visage.
Jubilant et triomphant de fourberie, il prit sa main tremblante et la dirigea vers son pubis. Recouvrant chacun de ses doigts avec les siens, il lui fit entamer une douce caresse de sa toison. Patiemment il attendit en l'incitant à prolonger son geste. Elle respirait fort, sa poitrine soulevant les bonnets de la guêpière. La chaleur insidieuse qui l'avait envahie par surprise malgré elle tout à l'heure, s'installait entre ses cuisses avec une adhésion reconnaissante. Alors il appuya sa pression sur les doigts de la dame qui entrèrent en contact avec sa chatte qui coulait, totalement ressourcée. Tout se précipita : sa main accéléra le rythme ; son pouce trouva le clitoris qui se dressait de reconnaissance ; ses doigts fouillèrent du plus loin qu'ils purent et Luce éclata en un orgasme qui la vida sur le fauteuil d'examen. Abattue par le plaisir tant refoulé, elle fermait les yeux, oubliant ses petits seins aux tétons orgueilleux qui s'étaient échappés de la guêpière. Penchée sur elle, Régis caressait ses cheveux, respectant l'émotion d'un tel moment. Il se pencha pour poser un baiser sur sa bouche. Elle ne protesta pas mais ne put le consommer car les pas d'Hortense dans l'escalier rompirent le charme de cet instant aussi inattendu que rare.
Luce, paniquée et coupable, se releva d'un coup et eut juste le temps d'enfiler son corsage, sa jupe et ses escarpins quand l'épouse entra dans le cabinet.
Tandis que Régis se répandait avec un flegme incroyable sur l'absence de danger pour la santé de la patiente et que madame Saint-Sauveur essayait de cacher maladroitement sa confusion avant de s'éclipser comme une gourgandine prise au piège, Hortense eut un petit sourire amer en observant la boucle d'oreille échappée sur le fauteuil et la culotte de satin noir roulée en boule sur le tapis…
à suivre...
Luce Saint-Sauveur avait fait un mariage réussi…
Enfin, une réussite très "conventionnelle" dans cette ville moyenne de préfecture provinciale. Fille unique d'un très riche orfèvre juif, elle avait été la marchandise d'un contrat permettant à sa famille de s'ouvrir les portes de la bourgeoisie locale et à sa belle famille d'écarter les dangers de la faillite financière. Elle accéda ainsi à la position envieuse d'épouse d'Henri, probable successeur de son père, premier magistrat d'une ville aux valeurs et moeurs d'un archaïsme que l'on qualifierait de "désuet" aujourd'hui, mais qui se fondait dans le classicisme du paysage de la hiérarchie sociale de l'époque.
Ce tableau déjà peu reluisant des conditions du mariage de Luce apparaissait quasiment nauséabond si l'on sait que cela s'est passé en 1942 et que Luce, avant d'épouser Henri, se prénommait Rachel. Après un premier refus des Baumann, la famille Saint-Sauveur, forte de solides relations dans les milieux collaborationnistes, avait utilisé ce chantage : la dénonciation ou le mariage. Rachel fut donc baptisée et, devenue Luce, se maria avec Henri Saint-Sauveur. Cela provoqua un véritable séisme dans la malheureuse famille juive : la mère ne survécut pas à son chagrin et le père se referma définitivement dans un mutisme incurable.
Luce fut donc contrainte d'assumer la qualité de première dame de cette société qui avait, entre autres, une particularité bien établie dans le domaine de la séparation des sexes : aux hommes le beau rôle que leur conférait le prestige de leur statut ; aux femmes les responsabilités familiales et les activités subalternes. Aisance financière réelle ou apparente ; professions dites nobles et train de vie aussi clinquant que superficiel ; tels étaient les critères qui comptaient dans ce microcosme tenant le haut du pavé. Les maris étaient tous sortis d'un même moule : professions le plus souvent libérales ; intérêt lointain pour l'éducation de leurs enfants si l'on exceptait l'aîné masculin ; activités sportives ou ludiques dites nobles entre chasse, bridge, golf ou équitation ; adhésion aux clubs services et partis politiques réactionnaires. Ce comportement de surface s'accompagnait d'une vie sexuelle ne s'épanouissant qu'hors du cadre familial. Si la plupart recourait aux services des prostituées, leur réseau de relations libertines s'appuyait sur leur situation avantageuse dans le cadre professionnel, que ce soit parmi les employées ou la clientèle féminine. Tout ceci à l'ombre du partage masculin d'une discrétion entendue et protégée par la cécité ou la résignation plus ou moins volontaire de leurs épouses qui étaient elles seules les dépositaires du devoir sacré de fidélité..
Ces dernières entraient également dans un moule préétabli mais nettement moins avantageux. La petite douzaine de bourgeoises de cette ville se contentait donc d'assurer le confort de la maisonnée en se consacrant à l'éducation des enfants, à la surveillance d'un personnel domestique indispensable et aux activités de charité. Passée la trentaine, elles dépérissaient dans une résignation morale doublée d'une empâtement physique aussi bien chronique que collectif.
Luce Saint-Sauveur avait néanmoins échappé à cette image référentielle. Première et gravissime incartade aux règles imposées, elle n'avait pu avoir d'enfants sans que l'on puisse déterminer si la cause en était due aux effets du traumatisme créé par les conditions de son mariage sur son métabolisme ou à l'impuissance d'un mari plus habile en libertinage que précautionneux dans l'application du devoir conjugal. Lassé de cette obligation sans résultat fécond, Henri avait fini par ne plus honorer son épouse d'autant plus que sa fonction de député puis de sénateur lui servait d'alibi pour vivre les deux tiers de l'année à Paris. Luce accomplissait pourtant parfaitement son devoir de maîtresse de maison avec courtoisie, élégance et générosité sans jamais déroger aux exigences de son rang. Il est vrai qu'elle disposait pour cela d'un atout unique au sein de la haute mais petite société provinciale. A quarante ans, elle avait conservé un physique de rêve : son mètre soixante était magnifiquement fondu dans une enveloppe de quarante cinq kilos harmonieusement répartis, inversant ainsi les proportions de ses compagnes sociétales. Elle avait des rondeurs délicates et harmonieuses avec une petite poitrine ronde ponctuée de tétons à l'insolence altière sinon arrogante tandis que son divin pétrousquin arborait une symétrie d'école de beaux-arts avec deux demi-lunes à l'élasticité suffisante pour se soustraire à un nécessaire déhanchement abusif accrocheur de regards masculins. Ses attaches, en harmonie avec sa silhouette, présentaient une fragilité trompeuse que démentait aussitôt la fermeté imprimée sur son visage. Celui-ci était d'un ovale parfait encadré d'une chevelure d'un blond vénitien à l'aspect sauvage de crinière qui n'aurait jamais subi les âffres de quelques bigoudis ou autres artifices que ce soient. Les mèches libres et astucieusement rebelles trahissaient une volonté déterminée mais retenue à moins que ce ne fût une imagination captive ou refoulée. La pâleur du visage était discrètement voilée d'un fond de teint aux nuances fauves interdisant tout égarement de maquillage enluminé tandis que sa bouche étroite mais aux lèvres ourlées formait un arc de Cupidon accentué à l'étage supérieur tandis que l'inférieur s'ornait d'un gonflement pulpeux qu'atténuaient des commissures tendant vers le bas sans l'indiquer franchement. En harmonie avec la délicatesse perfide de sa bouche, les sourcils semblaient s'excuser avec la discrétion de leur dessin évitant de faire ombrage à un maquillage riche d'accents métalliques aux penchants cendrés très légèrement azurés qui faisaient de ses paupières, armées de longs cils, un argument supplémentaire au charme de son regard vert aux reflets mordorés. Un peintre se serait damné pour reproduire l'instant fatal du clignement de ses paupières. On n'apercevait de ses oreilles dissimulées dans les flammes de sa coiffure que des boucles goutte d'eau perle en argent massif, représentant le seul accessoire aguichant qu'elle se soit permis.
Son mari, après des études calamiteuses, avait pu profiter de la mort providentielle de son père survenue prématurément en 1943 en succédant sans difficultés à son mandat de maire. Ce parcours était tout à fait conforme aux normes acceptées par cette intelligentsia de province. Pourtant, une certaine dérive affairiste avait contribué largement à la réussite politique et financière de Saint-Sauveur. Cela avait engendré des jalousies préjudiciables et avait fait de ce notable une exception mal acceptée par l'aristocratie locale qui, en voyant le maire, devenu député puis sénateur, négliger leurs préoccupations et prérogatives, avaient réduit leurs relations dîtes amicales à une courtoisie de surface aussi mielleuse que fielleuse. Son épouse, à sa façon, dérogeait aussi des canons en vigueur de ce trou préfectoral. La réussite aux origines "douteuses" de son mari avait accentué la haine du regard des autres qui, de méprisant pour celle qui était considérée comme une parvenue issue d'une communauté religieuse tout juste tolérée, aurait usurpé la place de première dame de la ville.
Seule Hortense de Joncour pouvait être considérée comme son amie. Cette femme avait quelques points communs avec Luce. Elle n'avait été épousée que par un coureur de dot à la noblesse douteuse qui avait mis une bonne douzaine d'année à obtenir ses diplômes de gynécologie, spécialité très peu répandue à l'époque. Elle se retrouvait aussi sans enfant après le décès précoce de son fils. Se réfugiant dans une boulimie sucrière dévastatrice elle était devenue obèse très vite. Elle avait trouvé en Luce la seule femme en qui elle put avoir pitié. Les deux épouses sans progéniture et délaissées par leur maris partageaient petits fours et thé lors d'après-midi invariablement sans saveurs. De son côté Luce, en cette année 1960, traversait une très mauvaise passe, elle se sentait flétrir comme une fleur fanée, tout son corps se desséchant au point de ne pouvoir laisser couler la moindre larme. Elle avait perdu l'appétit, ne montait plus à cheval, vaquait à ses obligations sans aucun enthousiasme… C'est ainsi qu'elle osa se confier à son amie Hortense cet après-midi-là sans se douter de l'importance des conséquences que cette conversation allait entraîner.
- Ma pauvre chérie, tu as vu la petite mine que tu traines avec toi depuis quelques temps ?
Hortense adorait les situations qui lui permettaient d'appeler ainsi son amie et faisaient d'elle une victime désignée par le mauvais sort. Et Luce avoua les symptômes qui l'accablaient depuis quelques mois.
- Il ne faudrait pas que déjà tu subisses les outrages de la ménopause, ajouta-telle, avec son goût morbide de l'exagération.
- Crois-tu que ce puisse être le cas à mon âge ? Je n'ai que quarante ans quand même.
- As-tu déjà consulté un gynécologue ? questionna Hortense sur le ton de celle qui est sûre d'une réponse négative.
- Mais pour quoi faire ? répondit Luce en se doutant avec crainte du terrain où allait l'emmener nécessairement son amie.
Pour toute réponse celle-ci saisit le téléphone et appela son mari dont le cabinet était au rez-de-chaussée :
"Régis quand peux tu prendre madame Saint-Sauveur en consultation ?
Les quelques secondes de silence qui suivirent plongèrent Luce dans une inquiétude proche de la panique. Hortense reposa le combiné avec un sourire triomphant pour lui signifier que son mari venait d'en terminer avec sa dernière patiente et qu'il la prenait de suite avant d'aller à son bridge. Son amie devint toute pâle en protestant que ce n'était pas la peine ; qu'elle n'était pas préparée pour cela ; qu'elle préférait réfléchir ; qu'elle n'allait pas déranger Régis pour si peu ; que c'était impossible aujourd'hui parce que… mais d'un geste péremptoire madame de Joncour effaça ses excuses :
- Allons ma pauvre chérie sois de notre époque, une visite de gynécologue n'est pas une exécution. Allez descends vite le voir ! et elle poussa quasiment son amie vers l'escalier. Pendant la descente de l'escalier, Luce eut la sensation qu'il s'agissait plutôt d'un ascenseur pour l'échafaud où la voix étranglée de la trompette de Miles Davis aurait été remplacée par le seul rythme incertain de ses talons. Au début des années soixante le recours au gynécologue n'était pas encore banalisé et la plupart des femmes étaient terrorisées par la peur de livrer leur intimité aux mains et au regard d'un praticien. De plus si ce médecin était le mari d'une amie qui ne se privait jamais de rendre hommage à leur beauté par des regards passablement appuyés comme c'était le cas avec madame Saint-Sauveur. Cela rendait la perspective d'une telle auscultation insupportable. L'arrivée devant la double porte capitonnée de cuir du cabinet fut une torture pour Luce. Les raisons de fuir se multipliaient : n'avait-elle pas mis des dessous qui risquaient de passer pour une provocation ? Ne s'étant pas changée avant de partir, certaines effluves féminines douteuses n'allaient-t-elles pas se répandre dans le local d'examen ? Connaissant Régis de Joncour pour sa jovialité grossière et son indiscrétion tapageuse, ne lâcherait-il pas des anecdotes dégoutantes sur son intimité à ses comparses masculins ? Se forçant à refuser d'imaginer qu'il puisse profiter de la situation nécessairement troublante, le spectre de cette éventualité la faisait néanmoins tressaillir.
C'est au moment où elle était sur le point de passer devant la porte pour s'enfuir que celle-ci s'ouvrit sur le sourire triomphant du docteur de Joncour.
-C'est ici Luce ! dit-il avec une moue qu'elle sentit moqueuse et qui la pétrifia.
- Oh! vous savez Régis c'est Hortense qui a insisté je ne voulais pas vous déranger pour si peu...
- Allons ! Allons ! Ne soyez pas gênée, c'est un plaisir pour moi de vous rendre service, entrez donc.
Ne sachant si cette formule était de convenance ou si elle faisait allusion à son probable déshabillage à venir, Luce s'avança sur le parquet ciré où ses talons reprirent un rythme mieux assuré mais tout aussi peu discret, diffusant une petite musique dont les paroles résonnaient uniquement dans la tête du docteur en lui disant : "regarde comme mes mollets sont si finement gainés de soie fumée avec cette couture qui remonte là où tu n'as pu accéder qu'en rêve."
- Asseyez-vous, chère Luce, fit-il en lui indiquant le fauteuil de cuir face à son bureau. Les talons quittèrent le plancher indiscret pour le tapis moelleux où s'étouffèrent les claquements qui furent bientôt relayés par le froissement de la jupe du tailleur gris perle et le crissement électrique des bas sous l'effet du croisement des cuisses. Par bonheur la jupe était suffisamment longue mais cela eut des répercussions différentes chez nos personnages : tandis que Luce en ressentit un premier soulagement, l'unique depuis l'insistance affirmée d'Hortense, la satisfaction de Régis était de nature tout à fait libidineuse en lui faisant savourer chaque instant de découverte progressive de la belle patiente inaccessible.
Il vint se poser devant elle appuyant son postérieur sur le bord du bureau Louis XIV de façon à imposer d'emblée sa présence physique et l'obligeant à lever son visage timoré. C'est à cet instant seulement qu'elle osa le regarder vraiment. Ses yeux bleu de mâle brun aux cheveux frisés accentuèrent son malaise. Elle remarqua qu'il portait un pantalon de toile dont elle ne retint pas la couleur sous une blouse blanche immaculée qui lui fit détourner le visage quand elle s'aperçut que deux boutons s'ouvraient sur la toison noire de son torse. Elle ne put réprimer un réflexe qui lui fit instantanément porter sa main sur l'échancrure de la veste de son tailleur, pas plus que de se retenir d'imaginer qu'un homme aussi séduisant que Régis puisse se satisfaire de sa grasse et ennuyeuse épouse. Pensée qu'elle chassa très vite de son esprit quand la voix suave mais ferme du médecin la fit revenir à la réalité.
- Détendez-vous, chère Luce, et exposez-moi vos petits soucis féminins, dit-il en se voulant rassurant et protecteur.
- C'est que vous voyez, Régis, il ne m'est pas facile de vous répondre, non pas que les mots me manquent pour décrire ce que vous appelez de "petits soucis", en omettant d'ajouter volontairement par pudeur le dernier qualificatif énoncé par le docteur, mais c'est, comment dirais-je assez délicat, compte tenu des circonstances quand même particulières. Elle marqua ce "quand même" d'un ton plus péremptoire et exprima ces derniers mots en osant relever ses paupières comme pour lui reprocher une forme de légèreté dans son assurance professionnelle.
- Mais, madame Saint-Sauveur, il n'y a rien de circonstanciel et de particulier à consulter un médecin.
- Quand même Régis, ajouta-t-elle, votre spécialité est, avouez-le, très … particulière et elle se mordit la lèvre inférieure en ressentant les limites de ce mot pour qualifier ce qu'il devait traduire lui-même avec perspicacité par troublante.
Le large sourire du docteur ne fit qu'accentuer son angoisse, malgré les paroles qui suivirent :
- Je ne suis plus Régis de Joncour, ni le mari de votre amie, pas plus que l'homme qui vous apprécie, madame Saint-Sauveur. Je suis un médecin ordinaire et vous une simple patiente. Alors faites moi confiance et parlez moi de vos problèmes sans retenue.
En entendant ces paroles, elle fut parcourue par l'image de l'apiculteur qui enfume la ruche pour mieux soustraire le miel aux abeilles. Elle y jouait le rôle de la reine des abeilles livrée à un apiculteur vêtu de blanc avec pour masque de camouflage un sourire se voulant ensorceleur pour mieux la déposséder de ses défenses.
- Eh bien voila ! Depuis quelques mois, peut-être même quelques années, je me sens, non pas dépérir, mais progressivement me dessécher, se décida-telle à avouer. C'est comme si j'étais une plante dans le désert dont les racines ne trouveraient plus d'eau. Je viens de l'évoquer avec Hortense et elle m'a fait peur en me disant que ce pouvait être dû à une ménopause précoce.
- Mais si je me souviens bien, vous n'avez que quarante ans puisque vous aviez 22 ans en 1942 quand Henri vous a épousé. Cette issue me paraît bien improbable.
- Et puis, osa Luce pour appuyer l'avis du médecin, j'ai toujours mes périodes.
- Bon ! Je vais vous ausculter car je ne voudrais pas passer à côté d'une erreur médicale. Veuillez quitter votre tailleur, votre corsage et votre culotte, avant de vous installer sur le fauteuil d'examen. Et il se dirigea vers celui-ci qui impressionna Luce avec la froideur que dégageaient les coussins de cuir et surtout celle des arceaux de métal qui lui parurent de véritables outils de torture.
Pendant qu'il réglait le fauteuil en tournant le dos à madame Saint-Sauveur, il observait son déshabillage en utilisant un petit miroir habilement dissimulé. Hésitante et choquée par l'absence du moindre paravent, elle défit précautionneusement les boutons argent de sa veste de tailleur dont les pans s'ouvrir sur un corsage de soie jaune qui épousait sans les contraindre les deux seins haut perchés. Ceux-ci tendirent le tissu soyeux mais opaque du chemisier quand elle se cambra pour actionner le zip de la jupe, placé au creux de ses reins. Régis était fasciné par le jeu diaboliquement excitant d'innocence de son giron, ostensiblement prisonnier d'un carcan de dentelle dont il attendait l'envol avec la patience d'un chien d'arrêt prêt à lever un perdreau. Le gigotement de ses hanches eut raison de la tenue de la jupe qui tomba sur ses chevilles comme un rideau s'ouvre sur une scène de théâtre. Régis aurait aimé pouvoir applaudir devant un tel spectacle. Il n'eut qu'un quart de seconde le loisir d'apprécier les cuisses de sa patiente, fines mais suffisamment charpentées pour mettre sous pression les parures plus obscures de ses bas tendus par les jarretelles. Elle s'accroupit aussitôt pour ramasser et plier soigneusement la jupe et la déposer sur le fauteuil. Elle se releva pour déboutonner son corsage déjà largement décolleté d'un large V bordé d'un col se terminant en pointes étalées vers les globes de sa poitrine. Elle n'eut que trois boutons à défaire pour découvrir les bonnets d'une guêpière sans bretelles protégeant ses globes comme deux coquillages l'auraient fait pour un met à l'élasticité prometteuse. Se débarrassant de la soie jaune qui coula sur ses fines épaules totalement dénudées, elle apparut aux yeux du docteur telle une nymphe emprisonnée dans sa chrysalide de satin noir aux rayures dorées qui rendait son corps encore plus sculptural et harmonieux.
Jusque là, Luce avait exécuté son effeuillage avec des gestes mécaniques à la précision glaciale même si le docteur les avait trouvés d'autant plus troublants. Elle avait réussi à chasser de son esprit l'étrangeté de la situation en ne retenant que le contenu nécessaire de ses gestes. Son visage s'était refermé sur lui-même en chassant la présence de Régis. Cette maîtrise feinte mais réussie croyait-elle n'avait fait que porter à son paroxysme la satisfaction du gynécologue qui faisait de lui le seul homme à découvrir le corps et les dessous de la première dame de la ville. Arriva l'instant fatidique où madame Saint-Sauveur allait devoir quitter sa culotte. Le docteur, protégé par l'excuse d'avoir à choisir une serviette pour l'étendre sur le cuir du fauteuil d'examen, fixa le miroir où apparaissait le petit ventre plat protégé par le bas de la guêpière qui se terminait par deux pointes prolongées de jarretelles qui tiraient vers le haut l'ourlet sombre des bas en imprimant la chair des cuisses d'un léger renflement. La sérénité apparente du visage de la femme se mua en une crispation paralysante qui n'échappa point à l'oeil graveleux du docteur. Comme si ils étaient dirigés par les fils d'un marionnettiste, ses doigts tremblants saisir le bord de sa petite culotte de part et d'autre de ses hanches et, fermant les yeux, elle les laissa tirer sur le satin noir qui glissa d'abord sur les jarretelles puis se retroussa dans le mouvement incertain en découvrant une toison touffue à la blondeur ambrée dont le triangle fit symétrie avec la culotte retournée comme s'il se réfléchissait dans une eau sombre. Le fond de la petite culotte se détacha de la fourche des cuisses pour glisser entre elles. Aussitôt elle leva ses jambes l'une après l'autre pour se débarrasser de sa culotte qu'elle roula en boule comme pour effacer le pouvoir troublant du triangle de tissu.
Régis choisit cet instant pour se retourner et installer la serviette où allait se poser le mignon popotin de la belle qu'il avait maintenant sous les yeux avec ses deux petites pommes parfaitement arrondies barrées par les jarretelles arrière fixées à la guêpière qui, sur cette face, était d'un noir uni fendu par la fermeture.
En voyant la serviette blanche sur le fauteuil, Luce comprit qu'elle devait venir s'assoir, ce qu'elle fit en croisant immédiatement ses cuisses pour cacher sa pilosité intime, sans réaliser l'absurdité d'une telle précaution dans l'attente d'un examen gynécologique. Cela amusa beaucoup le médecin qui lui sourit ironiquement en lui indiquant les étriers pour qu'elle y pose ses pieds. Luce hésita un instant et c'est en vivant le supplice qu'elle décroisa ses cuisses et les écarta pour aller s'écarteler devant le médecin en posant ses pieds dans les étriers.
Régis se délectait du spectacle en évitant d'appuyer son regard sur la touffe généreuse et tentatrice et comprenant que ce genre d'examen était inédit pour elle, il entreprit de lui expliquer ce qu'il allait faire et pourquoi dans un langage médical aussi précis que vulgarisé.
- Je vais d'abord procéder à un toucher vaginal avec un ou deux doigts pour déterminer la taille de votre vagin afin de choisir le spéculum adéquat pour vous ausculter le plus profond possible jusqu'à votre col de l'utérus où je pratiquerai un frottis qui me permettra de faire un prélèvement qui sera analysé en laboratoire et ce sera tout. Vous voyez ce n'est pas bien méchant, dit-il de la façon la plus professionnelle possible.
- Ecarquillant les yeux, Luce s'efforça de sourire pour masquer sa terreur. En fait, elle n'avait retenu qu'une chose, c'est qu'un docteur allait introduire ses doigts en elle et ce docteur était un homme qu'elle connaissait et dont elle avait toujours redouter le regard.
Il s'assit sur un tabouret le visage à hauteur de son ventre et, en enfilant un gant en caoutchouc, il fixa ce triangle de poils dorés où la fentine de la dame était discrètement cachée. Il approcha son index et son majeur de la toison et Luce marqua un mouvement de retrait qu'il arrêta en la grondant gentiment. Celle-ci respira plus fort pour supporter l'effleurement de ses lèvres par les doigts caoutchoutés. Elle réalisa que la présence de cet accessoire la rassurait quelque peu : ses chairs intimes échappaient au contact de la peau de l'homme. Il appuya doucement pour ouvrir la corolle et glissa ses doigts dans le vagin.
- Effectivement Luce vous êtes très étroite et je vais devoir utiliser mon plus petit spéculum, celui que je réserve habituellement aux très jeunes femmes. Et en riant il ajouta : nous sommes loin déjà du risque de ménopause.
Meurtrie par ce qui était pour elle une humiliation, elle serra les dents quand les doigts s'approprièrent son orifice intime puis elle le vit se lever, chercher un instrument de métal qui lui parut barbare et en frissonna à l'idée que cette chose put entrer en elle.
- Je vais devoir vous enduire le vagin de lubrifiant pour rendre la pénétration plus douce, d'autant plus que vous pensez souffrir d'un certain dessèchement qui est sans doute très présent à cet endroit . Ce canaille de Régis omit volontairement de lui dire que d'habitude on devait en enduire le spéculum et non pas le vagin.
- Faites le nécessaire murmura Luce qui, effarée, ne retenait que les mots de pénétration et de lubrifiant.
Régis enfonça ses doigts plus fermement en elle et Luce accueillit cette intrusion avec un cri de douleur en tendant la main pour arrêter le poignet du médecin. Il la repoussa sans rien dire et elle dut accepter les attouchements malicieux de Régis sur les parois de son vagin dont les réactions des muqueuses contredisaient les retenues affichées par la patiente. La viscosité du lubrifiant que les doigts en fouillant son vagin étalaient sur les chairs se mêlait à celle des sécrétions bien involontaires mais révélatrices d'un trouble féminin annoncé. .
- Calmez vous madame Saint-Sauveur, tout se passe bien et il ajouta et même très bien en pensant aux hommes qui aimeraient découvrir chez une femme de quarante ans un réceptacle aussi étroit pour leurs assauts.
Lorsque le métal du spéculum remplaça les doigts, elle poussa un cri de frayeur :
- Ah ! Que c'est froid, c'est…. c'est… horrible ! Régis.
- Allons! Allons! ne faites pas l'enfant, et il lui empoigna fermement les mains qui se précipitaient pour arrêter la progression de l'instrument, agrippez-vous au fauteuil.
Elle sentit le spéculum s'ouvrir dans son vagin et cette présence incongrue la portait au supplice. Le docteur muni d'une lampe frontale se pencha entre ses cuisses pendant un temps qui lui parut interminable. En se relevant avec un murmure de satisfaction, il lui assura que tout allait bien et il la débarrassa de l'intrusion du spéculum.
- Voilà c'est fini, presque fini.
Afin de prolonger ces instants délicieux pour lui, il prétexta un dernier toucher digital pour passer une solution antiseptique.
Presque soulagée, elle acquiesça d'un battement de paupière.
Cette fois il se permit en plongeant son majeur dénudé dans son vagin une audace qu'il n'aurait jamais envisagée auparavant.
- Mais Régis vous n'avez pas mis de gants ? osa-t-elle affolée.
- La solution ne tient pas sur le caoutchouc, s'excusa-t-il effrontément. Et encouragé par sa naiveté, il appuya son pouce sur le bouton de Luce qui se durcit instantanément.
Elle échappa un petit gémissement non maîtrisé. Il la regarda qui basculait son visage en arrière en fermant les yeux. Ses doigts se crispèrent sur la serviette mais elle ne protesta pas, en se concentrant plutôt sur cette petite flamme qu'elle sentait naissante au plus profond de ses chairs et qu'elle aurait voulu chasser alors qu'elle n'arrivait pas à la contenir. Il prit son temps pour simuler le geste médical et sentit le flot de cyprine inonder le vagin, alors que Luce se cambrait comme un arc, le corps tétanisé. Il préféra arrêter son investigation digitale et se releva pour s'approcher de sa patiente. Elle était cramoisie et peinait à respirer.
- Vous n'avez rien d'anormal au niveau gynécologique madame Saint-Sauveur.
Elle avala une bouffée d'air et ne put que sourire timidement en haussant les épaules comme pour s'excuser de son impuissance à pouvoir se maîtriser.
- Par contre, je crois savoir d'où viennent vos problèmes actuels, et devant son interrogation silencieuse il rajouta en posant un doigt sur son front : c'est dans cette jolie tête que tout ne fonctionne pas très bien.
- Mais Régis je ne comprends pas où vous voulez en venir. Je vous assure que vous vous trompez.
- Si je peux me permettre madame Saint-Sauveur, s'il y a bien un organe qui ne ment pas c'est le vagin et le votre est loin d'être une plante souffrant de sécheresse dans le désert comme vous m'avez si joliment dit tout à l'heure. Et il ajouta sur un ton plus confidentiel : soyons sérieux Luce et parlons-nous vrai, il y a combien de temps que vous n'avez eu de pratique sexuelle ?
- Oh ! Régis mais, mais, je ne vous permets pas.
- Régis ne peut se le permettre mais le docteur si. Répondez à ma question.
- Cela fait dix ans qu'Henri ne m'honore plus ; avoua-t-elle avec toute l'élégance qu'elle puisse mettre dans sa réponse en dépit de l'embarras extrême dans le lequel cette question l'avait plongée.
- Alors si vous ne voulez pas vous dessécher, comme vous dîtes, il faut compenser cela.
- Mais il n'est pas question que je trompe mon mari.
- Qui vous dit de le tromper ? Il y a des pratiques solitaires qui permettent de solutionner une partie du problème et les sécrétions de cyprine dont vous venez d'enduire mes doigts sont aussi bien salutaires pour votre moral que pour votre hygiène médicale.
Luce le regarda stupéfaite et de grosses larmes coulèrent sur ses joues. Les propos du docteur la plaçait inexorablement en face de sa bien réelle misère sexuelle.
Il y eut un moment de flottement pendant lequel Régis fut certes ému par cette réaction mais sa perversité reprit vite le dessus.
- Faites moi confiance madame Saint-Sauveur, et il insista : le voulez-vous?
En reniflant comme une petite fille, Luce acquiesça d'un timide mouvement de tête en baissant ses paupières avec un stigmate de douleur qui lui parcourut le visage.
Jubilant et triomphant de fourberie, il prit sa main tremblante et la dirigea vers son pubis. Recouvrant chacun de ses doigts avec les siens, il lui fit entamer une douce caresse de sa toison. Patiemment il attendit en l'incitant à prolonger son geste. Elle respirait fort, sa poitrine soulevant les bonnets de la guêpière. La chaleur insidieuse qui l'avait envahie par surprise malgré elle tout à l'heure, s'installait entre ses cuisses avec une adhésion reconnaissante. Alors il appuya sa pression sur les doigts de la dame qui entrèrent en contact avec sa chatte qui coulait, totalement ressourcée. Tout se précipita : sa main accéléra le rythme ; son pouce trouva le clitoris qui se dressait de reconnaissance ; ses doigts fouillèrent du plus loin qu'ils purent et Luce éclata en un orgasme qui la vida sur le fauteuil d'examen. Abattue par le plaisir tant refoulé, elle fermait les yeux, oubliant ses petits seins aux tétons orgueilleux qui s'étaient échappés de la guêpière. Penchée sur elle, Régis caressait ses cheveux, respectant l'émotion d'un tel moment. Il se pencha pour poser un baiser sur sa bouche. Elle ne protesta pas mais ne put le consommer car les pas d'Hortense dans l'escalier rompirent le charme de cet instant aussi inattendu que rare.
Luce, paniquée et coupable, se releva d'un coup et eut juste le temps d'enfiler son corsage, sa jupe et ses escarpins quand l'épouse entra dans le cabinet.
Tandis que Régis se répandait avec un flegme incroyable sur l'absence de danger pour la santé de la patiente et que madame Saint-Sauveur essayait de cacher maladroitement sa confusion avant de s'éclipser comme une gourgandine prise au piège, Hortense eut un petit sourire amer en observant la boucle d'oreille échappée sur le fauteuil et la culotte de satin noir roulée en boule sur le tapis…
à suivre...
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2 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Un texte original, très féminin, ce qui est trop rare sur ce site. Bravo.
Très, très longtemps que rêveevasion n'avait pas publiée sur notre site préféré