Mister Hyde - 9

- Par l'auteur HDS LVolante -
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Auteur homme.
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Récit libertin : Mister Hyde - 9 Histoire érotique Publiée sur HDS le 04-02-2017 dans la catégorie Dominants et dominés
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Mister Hyde - 9
(désolé pour ceux qui ont du patienter en attente de cette suite mais le temps est une denrée rare qu'on utilise pas toujours comme on souhaiterait...)

9-

De blanche, la lumière vira au rouge. Cela modifia du tout au tout les perceptions de la femme : Ombres, perspectives, objets… devinrent inquiétants. Et, que dire du personnage central qui, armé d’une cravache, un martinet pendant à son côté, figurait un démon droit sorti des enfers. Frédérique trembla d’excitation et de crainte mêlées. Elle resta immobile cependant : le droit de se mouvoir lui étant refusé. L’homme fit quelques pas vers elle et dessina, de l’extrémité souple de sa badine, le haut du corps de sa patiente. Du coin des yeux, il la glissa le long des joues, du cou, des épaules, de la poitrine. Satisfait des tensions ainsi créées, il chercha dans sa poche le collier à mamelons et, d’un geste précis, emprisonna successivement les deux tétons de Frédérique. La femelle accusa la douleur d’un souffle ; son nombril se contracta, ses jambes vacillèrent. L’homme contempla son bien, sourit puis recula. Il alla se poser sur un fauteuil en bois à l’assise de paille qui, monté sur une estrade basse, figurait un trône.

- Approche ! dit-il.

Hésitante, elle fit un pas. Aussitôt, elle constata dans son entrecuisse, la sensation d’un massage que confirma le pas suivant et le suivant… Il la stoppa, d’un sursaut de l’index, à distance respectueuse. Il voulait ne rien rater du spectacle à venir.

- Caresse-toi !

Les mains de Frédérique quittèrent sa nuque, survolèrent sa poitrine pour se perdre hâtivement dans son bas ventre. Ses doigts rencontrèrent les petites billes de métal gravées qui ornaient la cordelette du string. Elle ne leur avait prêté aucune attention en enfilant le dessous, elles étaient si menues, négligeables. Elles s’avéraient démoniaques. Elle joua avec elles, tantôt tirant sur la ficelle pour qu’elles s’insinuent entre ses lèvres, tantôt les faisant rouler contre son clitoris, son périnée ou son anus. L’alliance de ses doigts et des sphères créa mille décharges qui irradièrent son corps faisant frémir la moindre parcelle de sa peau. Elle ondula, la chaînette tintinnabula entre ses seins ce qui provoqua de nouvelles décharges. Elle se sentit comme un flipper dans lequel une multitude de boules s’entrechoquaient pour son plus grand plaisir. La voix de son Maître lui parvint à travers un brouillard :

- Viens plus près !

Elle avança encore de deux tous petits pas, la main toujours posée entre ses cuisses. Elle sentit les billes remuer entre ses lèvres humides et ouvertes, puis ce fut la paume de son Maître sur sa joue. Elle cessa de se caresser, le tour de l’homme était venu. Du visage au sexe, la main vola dans un déplacement d’air. Deux doigts pincèrent le clitoris à travers la dentelle arachnéenne. Frédérique se cambra de ravissement.

- Que te manque-t-il ?

Il introduisit deux doigts dans son vagin.

- Vous… sans doute ! ahana-t-elle.
- Ce sera pour plus tard… Que te manque-t-il ?
- Vos ordres… Vos désirs…

La voix de Frédérique oscillait autant que son corps.

- Sais-tu ce qu’est une croix de Saint-André ?

Un poteau de torture ? Une croix en forme d’X où l’on vous attache pour être flagellé…

- Non ! souffla-t-elle.
- Menteuse !

Il retira sa main et Frédérique se sentit vide, abandonnée. Mais il se leva et la guida jusqu’au meuble. Il pilota ensuite ses pieds sur les tenons qui dépassaient des extrémités inférieures. Il les bloqua en appui entre le stiletto et la cambrure des semelles. Enfin, il cerna chevilles et poignets de bracelets de cuir souple doublés de laine afin qu’elle ne se blessât pas.

La croix n’était pas droite mais légèrement inclinée ce qui assurait à la prisonnière une stabilité plus importante. Malgré l’inconfort de sa position et les probables désagréments qui l’attendait, Frédérique se sentit en sécurité. Elle sourit, cette pensée était tellement contradictoire.

Ce bien-être fut de courte durée. La languette de la cravache fouetta ses fesses à grande vitesse. De désagréable, cela évolua en cruauté. L’échauffement provoqué par le cuir était insupportable. La torture, heureusement, cessa au premier cri. Elle fut remplacée par un tissu mouillé qui rafraîchit la peau la rendant apte à supporter la suite.

Mais Frédéric s’en voulait. Il venait, en quelques minutes de se priver de la partie charnue du corps de sa soumise. Quel imbécile ! Il aurait dû connaître la sensibilité du derme à cet endroit, or il l’avait presque brûlé à force de claquements. De dépit, il jeta la cravache et détacha la belle.

Il l’entraîna vers un autre instrument, une sorte de tréteau sur lequel il la fit pencher. Le torse de la demoiselle reposait sur un rembourrage de mousse gainée de cuir, ses bras balaient, ses jambes étaient, par la force des choses, largement écartées. Il tira sa tête en arrière et dénoua le chignon pour en faire une queue de cheval, qu’il lia de façon assez lâche à un engin qu’elle ne vit pas mais qu’elle perçut fort bien quand il introduisit dans son rectum.

- Laisse aller ta tête vers l’avant, lui dit-il.

Elle s’exécuta et discerna la tension de la corde avant de sentir l’objet s’enfoncer en elle plus profondément. Elle ramena son visage en arrière et devina qu’il reprenait sa place initiale. Contrairement à toute attente, elle adora l’idée de s’enculer elle-même rien qu’en hochant la tête mais elle ne comprit le but recherché par son Maître qu’en voyant surgir sous ses yeux, le vit bandé.

- Suce !

Il n’avait pas fini de prononcer les deux syllabes de son ordre qu’elle avait déjà englouti le membre et entamé des va et vient accélérés. Elle avait conscience qu’il réalisait virtuellement, en lui offrant d’être possédée par deux… trous, en même temps, l’un de ses fantasmes les plus puissants. Que sa jouissance fût fulgurante ne la surprit pas.

Il ne fut pas plus étonné qu’elle. Longtemps il avait réfléchi au moyen de donner à Frédérique un avant-goût du plaisir dont elle osait rêver. Il l’avait trouvé par hasard en feuilletant un catalogue sur le web. Il y cherchait tout autre chose mais c’était ce « crochet » qu’il avait découvert. A partir de là, il ne lui fallut pas penser beaucoup pour déceler l’usage qu’il en ferait. Il était enchanté du résultat. Avec un bémol cependant. Il était persuadé, malgré l’aveu qu’elle lui en avait fait, que le fantasme de sa femelle ne s’arrêtait pas là. Vouloir être prise par deux hommes à la fois, même si sa morale le réprouvait, c’était encore du domaine de l’acceptable, elle pouvait donc l’admettre et le confesser. Cependant, ce qu’il avait décelé à travers les hésitations, les silences et les non-dits de Frédérique, était une réalité toute autre : le véritable rêve qu’elle mûrissait, c’était un quartet dont elle serait l’unique élément féminin. Or, bien que l’idée fût en germe dans son esprit, elle refusait de l’accepter ; pis, elle la combattait, la niait. Mais n’en était pas moins excitée.

Lorsque les derniers spasmes de la jouissance s’éteignirent en elle et qu’elle mît moins d’ardeur à le sucer, Frédéric rangea sa queue dans son pantalon. Elle avait eu du plaisir, c’était tout ce qui comptait pour lui. Il délivra la chevelure, extirpa sans à-coup le crochet et libéra la jeune femme de son emprise. Doucement, il la prit dans ses bras et la porta jusqu’à son lit.

***

Il avait soif et faim aussi était-il descendu jusqu’à la cuisine. Il la retrouva à genoux sur le sol, juste devant la cheminée.

- Tu devrais être au lit !
- Votre plaisir…
- Mon plaisir est que tu dormes.
- Comment pourrais-je…
- Faut-il que je te punisse ?

Frédérique baissa les yeux mais ne bougea pas.

- S’il faut en passer par là pour…
- Il faut en passer par là pour que tu apprennes à obéir sans discuter. Il faut en passer par là pour que tu cesses de croire que c’est toi qui mènes le bal. Ta punition, ce soir, c’est d’aller au lit. Sans moi. Contrairement à ce que j’avais projeté.
Bonne nuit.

Sur ces paroles, il éteignit la lumière et se vautra sur le canapé. Quelques bruits plus tard, Frédérique se drapait dans les couvertures.

***

Le songe de Frédéric avait un parfum de réalité, inégalé. Les lèvres, la langue, les mains de Frédérique s’appropriaient son sexe et le suçaient, le caressaient, comme jamais il ne l’avait imaginé. Il rêvait avec tant d’acuité que même la chevelure de sa femme crissait sous ses doigts. Il allait jouir, c’était inéluctable. Il allait jouir et elle, le boirait…

***

Frédéric ouvrit les yeux. La première chose qu’il vit fut ma chevelure blonde de sa femme. Il n’en crut pas ses yeux. Toute la nuit il avait rêvé d’elle. Rêvé ! Le fait qu’elle fût à ses côtés relevait de l’impossible : elle lui avait obéi et était sagement couchée dans son lit, à dix mètres de lui. Dix mètres ! Une distance infranchissable. Pourtant il touchait ses cheveux, respirait son parfum… Mais non ! Elle était loin et il dormait, il rêvait ! La réalité qu’il croyait vivre était un rêve, rien qu’un rêve. Il se leva. Seule la perspective changea. Frédérique n’avait pas bougé. Affalée sur le sol, elle dormait. Le bras, là, où, quelques secondes auparavant, étaient ses jambes, son corps. Et bien qu’il surveillât, à l’affût du moindre mouvement, rien ne bougea. Elle dormait, sereine, heureuse. Il en fut ébaubi : il était possédé d’un démon bienfaisant qui lui criait : « Tu vois… Elle t’aime !!! » Mais lui n’y croyait pas, il ne pouvait y croire. Car elle n’aimait de lui que l’image qu’il donnait, celle de Mr Hyde !

Frédéric volta. Il était temps pour lui de quitter cet enfer, de retourner chez lui. Elle était amoureuse du personnage dont il avait l’image alors qu’il l’aimait, Elle, dans toute sa splendeur. Il voulut fuir. Cela aurait été si simple : l’ingestion d’un café, un tour de clé dans la serrure, la voiture ronronnant son départ… Un quart de seconde aurait suffi.

Mais il resta.

Trop de choses le retenaient. Le véritable prisonnier, c’était lui.

Il descendit à la cuisine, ingéra un… quinze cafés, attendit, espéra, imagina, surprit, conjectura, présagea, échafauda, mille et un événements sans qu’aucun devint réalité. Ils étaient si timides, l’un et l’autre, que chacun d’eux offrait à sa moitié, ce qu’ils croyaient qu’elle espérait.

Par amour, chacun d’eux mentait. Il en prit conscience mais sut aussitôt que jamais il ne le lui dirait.

Sombre Crétin !

***

Souriante, elle s’agenouilla face à lui. Etait-elle fière ? Peut-être pas mais heureuse… Sans conteste. Elle lui avait volé son plaisir, avait passé la nuit à ses côtés sans qu’il pût lui disputer ce droit. Alors, oui, elle était heureuse.

Il lui fit les gros yeux. Bien sûr. Mais l’escroquerie dont il était victime, il ne pouvait la démontrer. Elle l’avait fait rêver. Rien de plus. Et elle venait d’en effacer les traces. La punir serait pure mauvaise foi de sa part. Ils le savaient, tous deux. Elle l’avait rendu impuissant. Incapable de réagir sous peine de se montrer inique. Elle n’en était pas fière… mais presque.

Pourtant, il la dupa. Parce qu’elle l’avait mésestimé. Elle persistait à voir Jeckill en lui alors que Hyde l’habitait.

Il la gifla. Sans méchanceté, sans violence. Avec juste ce qu’il faut de mépris pour qu’elle se sente humiliée.

- Punition… Punition… chantonna-t-il. Te voilà sauvée par le gong.

Franck pleurait. Elle ne perdait rien pour attendre.

***

Les heures passèrent dans le plus grand calme. Puis le soir arriva.

Le premier coup incendia ses chairs. Elle hurla, derechef, lorsque vînt le second. Il la prit. Il la força : le terme est plus près de la vérité. Il éjacula, sans plaisir. Elle le reçut, sans plaisir.

Zéro partout. Ils se vengeaient.

Il partit tôt le lendemain.

***

Frédéric tenait son scenario pour le week-end à venir. Il avait également une idée très précise du casting et convaincre l’impétrant au principal second rôle serait, sans doute, un jeu d’enfant. Il savait le décor et les contraintes au bon déroulement de la pièce. Il en connaissait les dialogues même si ceux-ci pouvaient être sujets à improvisation. Ne lui manquait qu’une chose, pourtant primordiale entre toutes : la mise en scène. Il ne manquait pourtant pas d’options à choisir. Mais qui dit choix trop généreux dit aussi embarras. Il pouvait, allant d’un extrême à un autre, en faire un drame, une comédie, de la science-fiction ou un jeu d’épouvante. En tant que maître de l’échiquier, rien ne le limitait. Mais, comme de juste, il se perdait dans l’infini. Il se sentait comme un parachutiste qui se serait jeté de l’avion avec pour cible un point précis mais qui, ballotté par mille bourrasques divergentes, aurait atterri en plein cœur des écuries d’Augias avec à la main une pelle à poussière et une balayette.

Lundi, mardi, furent des jours sombres. Ce ne fut que le mercredi qu’il comprît qu’il faisait fausse route. Faire partir sa réflexion de l’action à mettre en scène était idiot car, ceux qui agiraient et mèneraient à bien les actions, c’étaient les personnages. Il consacra donc toute son attention aux deux rôles qui lui permettrait de réaliser son projet : la danseuse étoile et le premier violon.

Lorsqu’arriva le vendredi, il était fin prêt, le rideau pouvait se lever.

***

Août touchait à sa fin et les premiers frimas d’un automne précoce se faisaient sentir. Pluie et vent furent au programme de ce dernier week-end des vacances scolaires. Frédéric débarqua du train avec plus d’une heure de retard ce qui laissa amplement le temps à Frédérique, qui l’attendait sagement, de prendre froid. Elle l’accueillit un mouchoir à la main. Il joua le garde-malade durant deux jours et trois nuits.

Durant la semaine qui suivit, Frédéric s’enquit chaque soir de la santé de la jeune femme ainsi que de celle de Franck dont la promiscuité avec sa mère malade l’inquiétait un tantinet. Il fut rassuré de savoir que Frédérique avait finalement confié le bambin à sa grand-mère afin qu’il soit hors de danger. Lorsque la jeune femme eut recouvré sa pleine santé, il l’invita à monter à Paris.

Il passa les minutes qui suivirent son appel à se demander les raisons qui l’avait poussé à agir ainsi puis, sans doute à la faveur d’un éclair de génie, il dégaina à nouveau son téléphone. Il avait deux rendez-vous à prendre.

***

Frédérique s’engouffra dans la voiture moins d’un quart d’heure après le coup de fil. Quelques imprudences et de nombreux excès de vitesse plus tard, elle arriva à Paris. Le temps de trouver une place de stationnement et de se maquiller légèrement, elle sonna à la porte de Frédéric deux heures et demi après avoir raccroché son téléphone. Naturellement, elle était en avance sur l’horaire qu’il avait calculé mais elle avait, pour cela, une raison majeure : c’était la première fois qu’elle se rendait chez lui. Pas la première fois depuis leur séparation, la vraie première fois. A l’époque où ils s’étaient installés ensemble, il avait choisi d’abandonner son appartement et il s’était occupé seul de le débarrasser. Jamais il ne l’avait invité chez lui et jamais il n’avait amené chez elle le moindre bibelot, la moindre photo. Comme si sa vie n’avait débuté qu’avec elle. Aujourd’hui, elle était curieuse de voir enfin la façon dont il vivait sans elle. Elle souhaitait découvrir les vestiges d’un passé qu’elle ignorait, l’atmosphère intérieur qui lui convenait, bref, la patte personnelle de Frédéric dans l’aménagement de son cadre de vie. Et là, devant cette porte encore close, elle était intimidée à l’idée de ces révélations.

Sa déception fut à la mesure de ses attentes. Tout comme à l’époque de leur rencontre, Frédéric s’était glissé dans le nid d’un autre, tel un coucou. Rien – hormis peut-être le livre qui trônait, retourné et ouvert, sur l’accoudoir d’un des fauteuils – ne reflétait la personnalité de Frédéric. Ni les tableaux, d’un bucolisme vieillot, qui se répondaient d’un mur à l’autre, ni les biscuits de porcelaine qui encombraient les étagères, ni même la bibliothèque où les tranches de cuir des ouvrages irradiaient leur savoir, ne ressemblaient un tant soit peu à l’homme qu’elle connaissait. Amère, elle lui fit face. Il ne lui laissa pas le temps de l’interroger. Il lui désigna un fauteuil et la pressa de s’asseoir. D’un seul geste, il l’avait réduite au silence.

***

Sans s’occuper d’elle plus que cela, il commanda une voiture pour le quart d’heure suivant puis, ayant raccroché, il enjoignit à Frédérique de se défaire de ses sous-vêtements si toutefois elle en portait. En rougissant, la jeune femme s’exécuta, abandonnant son string sur le bras du fauteuil. Ensuite, elle attendit debout son bon vouloir. Elle s’était bien trompée sur le sens de l’invitation : il avait convoqué sa soumise, pas autre chose. Elle, s’était fourvoyée parce qu’il avait mis les formes à son exigence. Encore une fois elle avait oublié le précepte : « Etre toujours sur le qui-vive ».

***

Faisant fi de l’ascenseur, ils descendirent par l’escalier. Le taxi attendait déjà. La voiture les mena dans une petite rue du 10éme arrondissement et s’arrêta devant l’échoppe d’un tatoueur. Si Frédérique en fut surprise, elle ne le montra pas.

Dans la boutique, ils furent accueillis par une punkette brune dont les nombreux piercings reflétaient la lumière crue des néons. Elle les conduisit à travers un long couloir vers une petite salle principalement occupée par un siège d’examen où elle les abandonna sur la promesse de l’arrivée prochaine du « Professeur ». Abasourdie et comme anesthésiée, Frédérique ne broncha pas et quand arriva le bonhomme, c’est à peine si elle fut capable de le saluer. Frédéric et l’homme, pour leurs parts semblaient se retrouver comme de vieux amis et, après quelques effusions le « Professeur » prit la direction des opérations.

- Allons jeune dame, installez-vous. Et montrez-moi ces jolies lèvres que nous allons infibuler.

La réaction de Frédérique fut immédiate : elle prit à pleine main la poignée de la porte. En aucun cas elle n’acceptait que ses lèvres soient suturées, la fuite était sa meilleure chance.

- Reste là !

La voix de Frédéric claqua. Elle stoppa net.

- Installe-toi et obéis au Professeur. Il va juste percer tes lèvres et y glisser des anneaux d’or. Tu n’auras pas plus mal que quand on a percé tes oreilles. Tu m’appartiens ! Cette propriété doit être constatée matériellement pour que tu ne l’oublies jamais.

L’opération ne prit que quelques minutes et releva plus de l’inconfort que de la douleur, du moins sur le plan physique. Il en allait tout autrement du moral de la jeune femme qui n’arrivait pas à supporter d’avoir agi contre son gré.

Les choses auraient pu en rester là mais Frédéric exigea d’elle un nouvel effort :

- Maintenant, remercie la Professeur…

Elle tourna vers son maître un regard implorant mais rien n’y fit. Le professeur avait déjà sorti son sexe flapi, elle devait le sucer. Pas le choix. Elle s’agenouilla entre les jambes de l’homme et prit en bouche sa bite molle. Elle l’aspira, la caressa de la langue et des lèvres jusqu’à ce qu’elle prenne un semblant de consistance. Enfin, elle entama une série de va et vient sans conviction mais qui durent plaire à l’homme. Celui-ci éjacula rapidement. Elle avala le sperme qui n’avait, selon elle, qu’un vague goût d’antiseptique. Comme si l’homme se nettoyait régulièrement le sexe à l’aide d’une solution hydro-alcoolique. Rien de bien terrible en somme, si ce n’était sa volonté bafouée.

De retour à l’appartement elle ne dit qu’un seul mot : « Jaune ! »

Frédéric lui désigna une chambre. Elle en ferma la porte à clé.

***

C’est la faim qui fit quitter son refuge à Frédérique le lendemain. Elle n’avait rien avalé depuis son petit déjeuner de la veille et son estomac criait famine. Bien qu’elle tentât d’être discrète, sa sortie n’échappa pas à son maître qui l’accueillit d’un « Bonjour Femelle » retentissant. « C’est toujours pareil, se dit-elle. Il m’insulte et moi je mouille. J’ai envie qu’il me baise comme une chienne. Putain ! Qu’est-ce qui ne va pas en moi ? » Mais déjà l’homme était sur elle. D’un bras ferme, il l’enlaçait tandis que sa main libre prenait possession de son entrecuisse.

Elle se laissa aller contre son torse. Elle ne portait sur elle qu’une chemise à lui. Une chemise sale, qui sentait encore sa sueur. Et elle savait qu’elle était désirable dans cette tenue. Avait-elle fait exprès de se vêtir ainsi ? Non. Oui ! c’était une sorte de fait exprès inconscient, instinctif, qu’elle assumait pleinement en s’abandonnant aux caresses de son homme.

Lui, ne la fit pas languir. Il la pénétra. Il la prit debout, cambrant le corps de la jeune femme selon son gré comme un sculpteur modèle la glaise, laissant ses doigts libres de parcourir et modifier les formes pleines ou déliées. Il fut tendre, n’imposa ses désirs que par la douceur et l’onctuosité de ses mains, de ses lèvres, de son sexe. Il la posséda en silence, réveillant le parfum vanille de leur amour passé. Certes, il était toujours son Maître puisqu’il était entré en elle sans lui demander son avis et qu’il ciselait l’acte selon son bon vouloir mais il agissait en propriétaire attentif, prévenant : il la cajolait et ce changement d’attitude chamboula Frédérique. Elle jouit. Lentement, longuement, avec la sérénité d’une rivière qui coule tranquillement dans la plaine. Sans soubresaut ni cri. Elle jouit pour elle-même en emplissant son corps et son esprit de cet instant, comme on admire une œuvre d’art dont on sait, en la regardant, qu’elle est notre refuge à la noirceur du monde.

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