Nina et les autres (1) - Nina peint
Récit érotique écrit par Kamalstory_ [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 21-05-2024 dans la catégorie En solitaire
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Nina et les autres (1) - Nina peint
Il fait vachement beau quand même pour un mois de novembre vous ne trouvez pas ? En tout cas moi je kiffe. On va te dire ouais mais le changement climatique, les abeilles meurent, les américains grossissent, la terre part en cacahuètes. Ben ouais c'est vrai mais bon y'a le côté positif aussi. Déjà il fait 22 degrés et ça me permet de continuer à porter mes petites jupes et mes chemisiers au lieu de m'ensevelir sous des pulls informes et des manteaux lourds comme le péché. Et puis les abeilles, les abeilles, ben on est en novembre comme je le disais et j'en vois qui butinent encore des fleurs. Des fleurs, des abeilles, cet automne a comme un goût de printemps alors on va pas se priver hein, on se posera les questions plus tard, pour le moment c'est fac, sorties avec les copines, verres en terrasse et œillades avec quelques garçons mignons.
Ah, moi c'est Nina au fait. Mouah, mouah, deux bises ? Non ? Chez nous c'est trois. Allez mouah, une de plus. Vous allez bien ? Moi ça va au top, troisième année de fac d'éco, 700 abonnés sur tiktok pour mes tutos couture, une belle-mère avec qui je m'entends bien, deux chatons qui égayent l'appartement de leurs cabrioles, pas de mec mais un crush qui me lance de temps en temps des sourires charmants, un travail à temps partiel comme vendeuse de sapes dans une grande enseigne, mes cours de violon une heure par semaine, un petit frère qui découvre Fortnite avec trois ans de retard et qui danse comme un débile, une meilleure amie qui rompt puis se remet avec, puis rompt, puis se remet avec, puis rompt encore et encore et qui trouve en moi une épaule confortable, une passion pour les séries sombres et les enquêtes criminelles, les sorties karaoké du vendredi soir, un père qui est présent quand il peut plutôt que quand il veut mais bon j'ai plus 9 ans, quelques concerts, les copines, les couloirs de l'université, la peinture bien trop rarement,... Mon emploi du temps est très chargé mais bon on jongle avec tout et pour l'instant ça tient en place. Et puis comme je le disais on est en novembre mais c'est le printemps donc le moral est au beau fixe.
Allez, il est temps de rentrer à la maison, mon père va encore finir tard et je vais aider Béatrice avec les devoirs du petit. Il est un peu con mais je l'aime bien ce gosse. Je me lève et glisse un salut général aux trois copines avec qui je discutais jusque-là, chauffées par le soleil de fin de journée qui vient inonder la terrasse.
- Attends tu pars déjà ? me demande Nawel en levant les yeux de son verre.
- Ben oui y'a Enzo qui est rentré du collège et Béa finit tard ce soir donc elle pourra pas le gérer et s'occuper du reste.
- Putain c'est con, Thomas et Nassim vont arriver dans pas longtemps là et tu sais que Nassim il aurait bien voulu que tu sois là hein...
Je rigole à l'évocation du garçon, je l'aime bien Nassim, et lui aussi apparemment vu comme il bégaie quand il me parle et l'intensité avec laquelle il me regarde quand il pense que je ne le vois pas. Il y a des filles qui préfèrent les mauvais garçons sombres et nerveux mais c'est pas mon cas. Nassim il est timide, joyeux et gentil et c'est ce qui me plaît chez lui. Bon même si j'aimerais bien que, des fois, timide il le soit moins parce que là ça fait bien deux mois qu'il me tourne autour sans oser passer à l'action. C'est pas pour me vanter mais en deux mois j'ai recalé pas mal de mecs parce qu'ils m'intéressaient pas donc ça va je pense que se suis plus que potable hein, mais comme par hasard le seul mec qui me donne envie de m'investir un peu c'est un handicapé de la drague. Du coup je reste célibataire, ça va faire 10 mois maintenant que j'ai pas de copain.
- Hahaha, s'esclaffe Cynthia, le petit Nassim il va regretter que tu sois plus là ma belle, surtout qu'il aurait pu en profiter pour mater tes jolies jambes.
Je ris à mon tour et tout en me levant je fais un ou deux tours sur moi-même pour faire voler ma jupe, révélant un peu plus mes cuisses que ce qu'elle ne le faisait à présent. D'ailleurs ça ne manque pas de faire se relever quelques têtes alentour pour un zieutage appréciateur de fines jambes blanches.
- Tu diras à Nassim que je pouvais pas rester et tu lui diras que s'il veut me voir il a mon 06 OK? Allez vraiment là je dois filer sinon Enzo va foutre le feu à la maison en voulant réchauffer un truc. Il est gentil mon frère mais il est un peu con hein.
Ceci dit je m'empresse de ramasser mon sac de cours et mon sac à main avant de me diriger rapidement vers mon arrêt de bus habituel. Chemin faisant je ne peux m'empêcher de remarquer les quelques coups d'œil rapides à mon endroit. Autant quand les mecs sont lourds et viennent me saouler avec des phrases d'accroche toutes bidon, ou sont vulgaires ou même tactiles je ne supporte pas, autant quand ça se limite à des regards je ne peux m'empêcher de me sentir flattée. Je prends ça comme un hommage muet qui m'est rendu, je l'avoue, j'aime bien rendre ce regard par un sourire entendu.
Mon appli m'indique que mon bus passera dans cinq minutes. Ça va je n'ai pas trop à attendre. Je me plonge dans les méandres des story insta et je me déconnecte immédiatement de la réalité. Je ne vois pas le temps passer jusqu'à l'arrivée de mon bus. Ce n'est qu'au moment d'y monter, en levant les yeux que je croise le regard de ce gars assis sur le banc en face. Il est accompagné de sa copine qui a l'air en grande conversation téléphonique et ne prête pas attention à son homme. Son attention à lui par contre est clairement dirigée sur moi. Je dirais même sur ma jupe courte et mes jambes longues et dénudées. Je croise son regard au moment où je gravis les quelques marches du bus, il ne me quitte pas des yeux, semble me dévorer. Maintiens toi un peu mec ta copine est à côté. Je m'assieds à la première place vide que je trouve, toujours obnubilée par ce jeu de regard hypnotisant avec mon bel inconnu. le véhicule démarre enfin, le banc sur lequel il est assis sera bientôt l'ombre d'un souvenir. Je ne peux pas le laisser partir comme ça.
Au moment où ma fenêtre se trouve en face de lui, alors que le bus roule encore lentement, je glisse mon doigt entre mes dents et le mords tout en souriant avec les yeux fixés sur mon admirateur. Il en est totalement décontenancé, je l'achève alors avec un petit coucou du bout des doigts tandis que le bus s'éloigne. Il est tellement surpris que, le visage abruti par un sourire lunaire, il me renvoie mon signe de la main sous les yeux de sa copine qui a fini par remarquer le petit manège de son chéri. Le bus tourne à gauche, la dernière image que j'ai du couple est celle de la fille en train de crier sur le garçon, il va probablement se faire démonter pendant un bon moment le pauvre. Après il l'a un peu cherché quand même non, il n'aurait pas dû me mater devant sa meuf.
Au fond de moi bien sûr que je me sens un peu coupable, mais je ne l'ai forcé à rien, c'est un grand garçon et il a voulu jouer. En plus cette culpabilité un peu piquante, cette sensation de m'être comportée en ce que je qualifierais de "gentille petite garce allumeuse", c'est une chose qui me plaît. Non pas que ça m'excite particulièrement sur le plan sexuel, il m'en faut tout de même un peu plus, mais ça m'amuse. Ça m'amuse même énormément de jouer la fille frivole de cette façon. Et puis quoi? Les femmes ont le droit d'user de leurs charmes, de faire tourner les têtes, de flirter avec les limites. Ça fait partie de notre arsenal, les hommes sont moins subtils. On ne le fais pas toutes, on ne le fais pas tout le temps, mais on sait le faire.
Le bus continue sa route en direction du terminus, le chemin va être encore long car j'habite à peine trois arrêts avant celui-ci. Je me remets donc à swiper sans fin sur le chemin du néant mémoriel, les vidéos se suivent, se superposent, s'enchevêtrent, certaines sérieuses, d'autres légères, se mêlent dans un conglomérat informe dont rien ne restera. Mais en même temps c'est pas ce que je demande, je veux pas réfléchir je veux juste me divertir le temps des 45 minutes du trajet. Je ne sors de ma torpeur que pour répondre d'une voix distraite au bonjour que me lance quelqu'un que j'identifie rapidement comme le voisin du dessus avant de me replonger dans mon abîme d'oubli. Le soleil commence à décliner et le ciel se pare de nuances sombres et orangées que je ne devine que par leur reflet sporadique sur l'écran de mon téléphone.
Au moment d'un énième arrêt la même voix m'interpelle à nouveau :
- Il faut descendre là non?
Je relève la tête vers mon voisin qui s'apprête à sortir du bus et qui a bien vu que tout occupée que j'étais je ne me suis pas rendue compte que nous étions arrivés chez nous. Je le remercie rapidement et tout en me levant je remarque ses yeux qui coulent de mon visage à mes jambes et s'allument d'une lueur sur laquelle je ne peux me méprendre. Eh ben on dirait que mon accoutrement du jour fait le bonheur de beaucoup de monde mine de rien. Je ne relève pas, ramasse à nouveau mes sacs et me dirige vivement vers la porte qui commence déjà à se refermer. Un petit saut et je me rétablis sans problème sur le sol. Mon voisin a déjà commencé sa marche vers notre immeuble. Je ne le connais que de vue, un quarantenaire quelconque à mes yeux. Auparavant je les voyais souvent sortir et se promener dans le quartier avec sa femme, je les croisais en allant faire des courses, je les entendais aussi parfois se disputer à travers les minces cloisons qui séparent nos appartements.
Depuis environ un an, il me semble, son épouse a disparu de l'équation. Divorce, séparation à l'amiable, je n'en sais rien mais en tout cas il vit seul désormais. Quelques fois je l'ai bien vu retourner chez lui en charmante compagnie, mais aucune n'a eu l'air de revenir très régulièrement. Il faut dire aussi que je ne fais pas trop attention à lui. Il est quelconque, plutôt grand, les cheveux encore très blonds même si quelques traces d'âge s'y devinent par des reflets argentés, et il a le physique d'un ancien sportif qui en s'arrêtant n'a pas pu s'empêcher de prendre du poids. Attention j'aime les hommes d'âge mûr, même si je n'ai jamais eu l'occasion de faire quoi ce soit avec l'un d'eux, mais lui n'entre clairement pas dans le cadre de ceux qui peuvent me plaire. Il n'est pas moche mais il n'est pas particulièrement attirant non plus.
Le froid de novembre, qui était inexistant tant que le soleil dardait ses rayons sur ma peau, se met à se faire ressentir un peu plus maintenant que le soir est en train de tomber. D'autant que la jupe courte et le petit haut que je porte ne sont absolument pas stratégiques pour contrer le manque de chaleur. Je me mets donc à accélérer l'allure et ne tarde pas à doubler mon voisin qui marche d'un pas bien plus modéré. Je ne cours pas mais presque et je sais qu'en faisant ça ma petite jupette se met à sautiller et voler au rythme de mes jambes qui se croisent et de mon petit cul bombé qui suit le mouvement. De toute façon je ne suis plus à ça prêt aujourd'hui. Par contre on dirait bien que derrière moi les pas ont eux aussi changé de rythme. Ce voisin qui avançait si tranquillement a, dirait-on, décidé de se caler à la vitesse de ma marche depuis que je l'ai doublé. Le tapement rythmé de ses pas et des miens résonnent de concert sur la route qui nous mène chez nous. Je suis certaine que si je me retournais à cet instant je pourrais observer ses yeux braqués sur le balancement machinal de mes hanches, et après tout quel mal y-a t'il à ça?
Je ne dis pas que ce n'est pas inquiétant pour une fille de se faire suivre dans la rue par un homme qui louche sur son corps avec des pensées bien dégoulinantes en tête. Ce genre de situation m'est suffisamment souvent arrivé, ainsi qu'à la majorité de mes copines, pour qu'on ne se sente pas en sécurité dans certaines rues quand on est seules. Mais là c'est pas pareil, je veux dire ce gars-là je le connais, je sais bien qu'il ne va rien tenter, qu'il ne va pas tenter de me toucher ou me traiter de tous les noms. Ce gars-là il dit bonjour à mon père et ma belle-mère, je voyais jouer ses enfants devant l'immeuble avant qu'ils ne partent vivre leur vie ailleurs, il prépare des cookies pour la fête des voisins, bref il ne me fait courir aucun risque. Alors s'il prend 5 minutes de bon temps en laissant ses yeux accompagner mes formes jusqu'à l'entrée ce n'est pas bien grave.
Tout en marchant je ne peux me sortir de la tête l'idée qu'il est en train de me mater, et je ne peux non plus m'empêcher d'en sourire. Vous connaissez cette sensation qui vous fait vous remarquer quand quelqu'un vous regarde même si vous ne le voyez pas? Ce sixième sens qui nous prévient qu'une personne est un peu plus concentré sur nous qu'il ne devrait? Eh ben là je le ressens, je sens que mes mouvements forment tout l'horizon de sa vision depuis une bonne minute et que c'est parti pour durer jusqu'au hall. Comment être imperméable à cela. Je pourrais me retourner et le prendre sur le fait mais pourquoi? Cela ne ferait que nous mettre mal à l'aise tous les deux. Et puis comme je le disais je suis joueuse, c'est dans ma nature. Bien entendu je n'ai aucune envie de pousser la provocation trop loin ou de rentrer dans un jeu de séduction avec lui... mais accentuer le balancement de mes fesses c'est pas bien grave. Et puis c'est totalement involontaire non? Pourquoi est-ce qu'il irait croire que j'en fais exprès. De toute façon il fait froid donc j'accélère un peu le pas et j'en profite pour laisser le mouvement de mes hanches devenir plus ample.
Je ne suis pas la seule à me presser on dirait, mon suiveur en fait autant. Je ne peux donc plus avoir aucun doute sur son occupation, il est bien fixé sur mon cul ce salaud. Hihi et moi je ne ralentis pas mon jeu bien au contraire, je roule et je tangue l'objet de toute son attention pour lui en donner pour son argent. On dit bien que c'est important les relations de bon voisinage non? Ben voilà alors, là je travaille pour un quotidien serein. Ce serait mentir de dire que je ne suis pas excitée à faire ça. Attention je ne parle pas d'excitation sexuelle mais plutôt de celle qu'on peut ressentir quand on sait qu'on a l'ascendant sur quelqu'un, que ce soit dans un jeu, dans une conversation ou dans la vie de tous les jours. C'est exactement ce genre d'exaltation que je ressens en ce moment. Un sentiment de puissance et de maîtrise. C'est moi qui donne et c'est lui qui prend, c'est moi qui décide où et quand je commence et m'arrête. Je ne peux pas m'empêcher de sourire toute seule à ces idées. Ma jupette s'agite de part en part et je me doute bien qu'elle révèle plus du haut de mes cuisses qu'elle n'est censée le faire. Bon n'exagérons pas non plus, ma culotte demeure bien à l'abri de ses yeux et je ne compte pas qu'il puisse la voir, il y a des limites quand même.
Le ciel commence à sérieusement se couvrir et le vent souffle quelques rafales lorsque j'arrive en vue de chez moi. Entre ma démarche chaloupée et les bourrasques intempestives je ne doute pas que le voisin doit être ravi du spectacle. Quant à moi, bien que je jubile toujours intérieurement de mon petit jeu, je commence à me cailler les miches sévère, il était temps que j'arrive. Je fais face à la porte et sors mon pass pour l'ouvrir; je m'engouffre dans le hall dont la douce tiédeur m'enveloppe rapidement. C'est alors seulement que je me figure à quel point j'avais froid jusqu'à présent. Je tiens la porte à mon suiveur, qui me remercie, puis me dirige vers l'escalier. L'ascenseur je ne le prends quasiment jamais en dehors des moments où je suis particulièrement chargée. C'est pas grand chose mais ces trois étages montés et descendus plusieurs fois par jour contribuent à raffermir mes jambes et, comme vous l'avez compris j'imagine, je suis particulièrement fière d'elles.
Comme il le fait habituellement mon voisin va se diriger vers l'ascenseur pour monter au quatrième. Mon petit jeu va donc s'arrêter là, c'était plaisant mais il faut bien que ça s'arrête. Alors que j'ouvre la porte de la cage d'escalier je constate avec surprise, et non sans une secrète satisfaction finalement, qu'il a décidé cette fois-ci de ne pas entrer dans la machine mais de faire confiance à ses pieds pour gravir les étages qui le séparent de son domicile. Je n'ai aucun doute sur la motivation qui l'a poussé à faire ce choix, il veut continuer à profiter du spectacle de mes gambettes dénudées et ce dans un angle encore plus révélateur. On dit qu'un homme galant laisse toujours passer une femme en premier sauf dans un escalier car ce serait inconvenant d'avoir les fesses féminines juste au niveau du visage en montant. Un homme galant n'en profiterait pas pour se rincer l'œil. Il se trouve que mon cher voisin n'a donc rien de galant lorsqu'il commence à monter les marches à ma suite. Bien au contraire je suis persuadée qu'il en profite pour bien se rincer l'œil le coquin.
C'est vrai que tel qu'il est placé il ne doit rien manquer du balai de mes cuisses qui se frôlent à chaque marche. Il doit même avoir une vision bien plus révélatrice de mon intimité que ce qu'il pouvait glaner en marchant juste derrière moi dans la rue. Je ne pense pas qu'il puisse voir ma culotte, j'espère en tout cas que ce n'est pas le cas, mais c'est sûr que la fourche de mes jambes lui est désormais bien moins inconnue. Je monte énergiquement les escaliers, mais sans non plus trop accélérer et je l'entends qui me suit. Son souffle court est accéléré par l'escalade qu'il s'impose. On dirait la respiration saccadé d'un prédateur qui pourchasse sa proie. Je me sens pistée, suivie, vulnérable, d'autant plus vulnérable même que nous sommes dans un lieu clôt rendu légèrement angoissant par la proximité et la sensation de vertige liée aux marches en colimaçon. La tête me tourne un peu d'ailleurs, de la sueur commence à perler sur mon front et le long de mon épine dorsale.
J'ai chaud, je presse le pas, ma respiration se fait vive. Il monte toujours derrière moi. Pas un mot mais le bruit de son souffle et la sensation impalpable de son regard sur moi, sur ma peau. Il ne se montre pas menaçant, il ne s'est jamais montré menaçant, mais je ne peux m'empêcher de penser avec quelle facilité il pourrait stopper mon élan dans l'instant. J'ai chaud, le premier palier est derrière moi. Il n'aurait qu'à lancer sa main pour m'agripper, me retenir puis me pousser contre le mur, mon dos heurtant alors douloureusement la rambarde. Ensuite rien de plus simple que de me museler d'une main ou de m'étrangler pour garantir mon silence. J'ai tellement chaud, j'arrive au second palier. L'excitation que je ressens désormais n'est plus celle du jeu mais bel et bien celle de mes fantasmes libérés. Une fois réduite à sa merci, plaquée et rendue muette, il n'aurait plus grand chose à faire pour jouir de mon corps sans défense. Ma jupette qui a fait tourner tant de têtes aujourd'hui ne représenterait qu'une bien piètre barrière à ses mains inquisitrices qui prendraient rapidement possession de mon entrejambe en arrachant la culotte, dernier obstacle, qui la recouvre.
Je suis bientôt au troisième étage, mon étage, mon appartement, la sécurité, la banalité. J'ai tellement chaud, je monte les marches avec une volonté vacillante, mes jambes sont en coton et je sens une moiteur épaisse et ardente sourdre de mon vagin. La culotte arrachée rien ne pourrait l'empêcher d'abuser de moi. Rien ni personne. Il pourrait me violenter là, dans le réduit familier et impersonnel de cette cage d'escalier, me posséder à sa guise, me pénétrer avec ardeur et impulsivité tandis que chacun de ses assauts me déchirerait de l'intérieur. Que pourrais-je faire alors? Rien. Et il me prendrait avec la brutalité de l'urgence, pressé d'en finir pour ne pas se faire prendre et rentrer chez lui discrètement. Alors il éjaculerait en moi rapidement, se répandant dans mon sexe dont je ne pourrais moi non plus, bien qu'innocente victime, retenir la jouissance.
J'arrive à mon palier, enfin. J'ouvre la porte qui donne sur mon couloir sans me retourner et me dirige vers le coude derrière lequel se trouve la porte de l'appartement familial.
- Bonne soirée.
La voix est posée, quelque peu rendue sifflante par la montée des marches mais aucunement menaçante. La voix neutralement bienveillante d'un voisin souhaitant bonne nuit à sa voisine. Je lui réponds peut-être sur le même ton, ou peut-être que je ne dis rien en retour. Ma main se pose sur la poignée, la pousse vers le bas et la porte s'ouvre. Je la referme aussitôt et m'y adosse quelques secondes, les yeux fermés. L'espace d'une montée d'escalier je me suis retrouvée comme en état second, à la fois captivée et effrayée par mes évocations. Alors que je respire profondément pour me calmer la douce voix de mon demi-frère fuse hors du salon, accompagné de bruits de tirs indiquant qu'il est connecté à Fortnite, pour me rappeler subtilement sa présence.
- NINAAAAA ? C'EST TOI ? MAMAN ELLE A DIT QU'ELLE RENTRERA PAS CE SOIR, ELLE VA REJOINDRE PAPA POUR MANGER DEHORS. ELLE A DIT QUI FAUT QUE TU ME FASSES A MANGER.
Ah l'adolescence et sa délicatesse, quel plaisir. Je m'empresse de lui répondre sur le même ton.
- CA MARCHE TETE DE RAT. JE METS UNE PIZZA AU FOUR ET JE VAIS DANS MA CHAMBRE. TU DEVRAIS PAS FAIRE TES DEVOIRS TOI ?
Pas de réponse de sa part, bah c'est pas à moi de lui rappeler quoi faire, quand ses parents rentreront ce soir il devra assumer s'il n'a pas fait ses devoirs auparavant. Je me déchausse et prend la direction de la cuisine. Four allumé, congélateur, pizza sortie de son emballage, thermostat 7, enfournement, y'a plus qu'à attendre. Je me dirige d'un alors vers ma chambre, en referme la porte et me remémore les quelques marches gravies il n'y a pas cinq minutes. Bizarrement j'en suis encore marquée alors que concrètement il ne s'est rien passé. Et pourtant je ressens l'envie pressante, impérieuse, d'extérioriser cette pression qui ne demande qu'à sortir. Un toile blanche repose sur mon chevalet tout près de la fenêtre, je l'y avais laissée il y a quelques jours suite à une panne d'inspiration. J'adore peindre mais parfois rien ne vient, dans ces cas-là je ne force pas, je passe à autre chose. En ce moment par contre je sens que mes doigts bouillonnent de créativité et ne demandent qu'à l'exprimer.
Je m'assieds sur mon tabouret, écrase quelques fonds de tubes de peinture dans la palette et me mets à créer. Mes pinceaux s'animent sans direction préalable, ce qui est contraire à mon habitude où tous mes traits sont réfléchis pensés. Au contraire en l'instant je peins comme écrivaient les surréalistes, de manière automatique. Je laisse mes sensations décider du rendu. Les poils des pinceaux étalent leurs traits rouges, noirs, jaunes sur le tissu tendu. Mes mains volent devant le tableau en devenir. Je me soucie peu des coulures des imperfections, des tâches et des éclaboussures, ou plutôt je les accepte comme des marques de ma psyché actuelle. Devant mes yeux, hors de ma volonté propre, se dessine de manière stylisée, anarchique, irrationnelle, l'image d'un escalier sombre montant et descendant à l'infini et dans cet escalier des mains des corps à profusion, une promiscuité entre ce corps féminin teinté de vert et de jaune, tout en fuite et en mouvement, et ces parties de corps masculins déconstruits, éparpillés. Ces yeux qui observent, se montrent indiscrets, intrusifs, ces mains qui cherchent à happer, qui palpent, qui effleurent, qui empoignent, qui s'insinuent, ces langues qui goûtent, ces sourires entendus malsains, décidés, pervers, sûrs d'eux, ces sexes bandés qui pourchassent, collent, gouttent et suintent. Il n'y a qu'un corps sur le tableau, c'est celui du féminin, qui gravit infiniment ces marches, fuyant des résidus masculins comme explosés à travers l'espace. Elle fuit, je fuis, mais dans le même temps elle tente, elle se veut légère, séductrice. Et sur son chemin d'autres membres l'attendent, elle les redoute, elle les accueille, elle les désire. Les coulures carmin se glissent de la toile pour former de petites flaques sur le bois du chevalet. Le mouvement partout, l'envie et la luxure, les traits se font suintants.
- NINAAAAA, CA CRAAAME LA TU FAIS QUOI ?
Je sors de ma transe et observe sans réellement l'assimiler l'œuvre que j'ai entamée. Le temps a volé au-dessus de ma tête sans que je ne m'en rende compte, accaparée que j'étais par le moment d'extase artistique que je vivais. Je n'ai jamais peint quelque chose s'approchant de ce que j'ai sous les yeux. C'est brutal, violent, éclaté, sensuel, c'est...
- NINAAAAAAAAA !
C'est pas vrai il peut pas lever ses grosses fesses de son fauteuil et aller éteindre lui-même le four cet attardé social? Mais en humant l'air je me rends compte qu'il est effectivement temps que je m'occupe de sortir la pizza, ça commence à sentir le grillé. Je me précipite dans la cuisine, me munis de maniques et dépose notre repas sur un grand plateau plat. Effectivement il était temps que j'intervienne, le dessous est entièrement noirci. Je me munis alors d'une râpe (petit tips cuisine pour quand vous cramez quelque chose) et je la frotte contre les parties brûlées pour rattraper les dégâts. Quand au fromage sur le haut, eh bien ce sera croustillant hein.
- VIENS MANGER, LE CLOWN ! C'EST PRET.
Enzo ne se le fait pas dire deux fois et apparaît presque immédiatement dans la cuisine, la seule chose qu'il aime plus que ses parties c'est la bouffe, pour ça il peut tout abandonner en moins de 30 secondes comme Robert de Niro dans ce film que mon père adore. Il se rue sur la table, non sans m'avoir remercié de lui avoir préparé à manger (je vous ai dit que je l'aime bien malgré tout ce petit con ?) et je ne tarde pas à l'accompagner. Nous partageons un repas somme toute joyeux bien que je ne cesse de repenser à la peinture que j'ai entamée. Je ne peux m'empêcher de vouloir y retourner, la compléter, je me demande si je pourrais retrouver ce sentiment d'abandon qui m'a submergée et m'a permis de la commencer.
Une fois nos parts avalées j'envoie manu militari Enzo faire ses devoirs, je suis quand même la grande sœur ne l'oublions pas, avec interdiction de venir me déranger. Il est habitué à ce que lorsque je peins je veuille rester seule et donc n'y voit pas d'objection, il négocie juste de reprendre la console après avoir fini ce qu'il a à faire, chose que je lui accorde bien volontiers. Je suis sa grande sœur, pas sa mère quand même.
Je le laisse débarrasser les quelques couverts et me rue dans ma chambre à nouveau. Je ferme la porte et tourne la clé pour m'isoler totalement. Aussitôt mes yeux sont aimantés par le tableau en chantier faiblement éclairé par les rayons du soleil couchant que filtre le carreau de la fenêtre. Je n'arrive pas à m'en détacher. Je m'assieds face à lui et me plonge dans sa contemplation. Je suis habituellement très peu sujette à l'autosatisfaction, et il ne s'agit ici pas de cela d'ailleurs, mais je ne peux m'empêcher d'y revenir encore et encore. D'y lire des sensations, des mouvements, que je ne me rappelle pas avoir créés. C'est comme s'ils étaient apparus par génération spontanée. Je reste coite, fixant cette présence féminine suave assaillie de toute part dans ces escaliers sans fin. Cette présence à la fois fuyante et accueillante, qui craint autant qu'elle attend. Et ces mains, ces langues, ces doigts, ces yeux, ces lèvres, ces sexes. Il faudra que je prenne bien garde à ce que ni mon père ni Béatrice, ni mon frère le pauvre, ne tombent dessus car j'aurai bien du mal à en expliquer le sens et le contenu.
Tout en m'y plongeant à loisir je me remémore la circonstance qui m'a inspiré cette débauche de passion, mon banal voisin qui me suivait dans l'escalier, ses yeux que je devinais sur mes fesses et mes jambes, le bruit de ses pas résonnant dans la cage, son souffle rendu court par la montée des marches autant, peut-être, que par la montée de désir que sa vision de moi lui provoquait. Oui son souffle surtout, c'est ce qui me reste en tête, ce qui m'obsède à présent. Je l'imagine comme un prédateur embusqué ayant sauté sur la trace de sa proie et ne comptant pas la lâcher. La suivant, ne lui laissant pas de répit avant de se jeter dessus voracement et de la dévorer au sens propre comme au sens figuré. Je ne fais pas vraiment la distinction entre les deux tant ils sont parents dans mon esprit. L'animal qui s'empare de sa proie et s'y plonge goulument et l'homme, redevenu sauvage, qui se saisit de la femme, de moi, et la possède avec la même ferveur, la même hargne. Je sens cette frénésie qui m'avait saisie plus tôt remonter en moi, cette envie, ce besoin de peindre, de m'exprimer, de laisser filtrer mon ressenti à travers le ballet de mes mains et de la peinture sur la toile.
Je saisis un de mes pinceaux et, obnubilée par ce souffle et cette animalité je me remets à peindre. Je suis prise d'une passion quasi physique, je sens monter en moi une brûlante envie d'objectifier mes ressentis, mes peurs et mes désirs. Cette passion je la retranscris sur le tissu, je la rend aérienne et chaude comme le souffle, menaçante et inéluctable comme le chasseur acculant sa proie. Les traits se font plus rageurs, les couleurs plus sombres, les envolées plus profondes. La chaleur ne s'empare pas uniquement de mon cerveau en ébullition et de mes mains, elle commence aussi à se faire sentir dans mon corps. Moi qui suis si statique d'habitude je me lève, tourne, me rassois, je plie et déplie mes jambes, je vis ma création comme jamais auparavant. Cette chaleur ne me laisse pas de répit, et plus je peins, plus j'exhale ce fatras qui me compose plus je me sens en harmonie avec lui. Ce que je peins est sujet de mon désir mais mon désir est aiguillé par la peinture. Cette femme marchant sur le fil, proie convoitée et déesse vénérée à la fois, c'est moi. Cette envie qui nait pour elle c'est celle que je ressentais chez mon voisin. Ces mains qui la pourchassent je les imagine aisément se poser sur moi, me happer sans possibilité de fuite.
La chaleur de ma peinture gagne également mon corps, tout en œuvrant je ne peux m'empêcher d'ouvrir et fermer les cuisses au rythme des coups de pinceau. C'est moi sur ce tableau, moi qui suis désirée par cet homme, par l'Homme non en tant qu'entité mais en tant qu'attributs. Ces mains tendues palpent mes chairs, ces sexes turgescents s'enflent pour moi comme j'aime à imaginer que l'a été celui de mon voisin lorsqu'il me suivait, ses langues moites goûtent ma peau et la parsèment de trainées de bave, ces yeux s'insinuent sous ma robe, sous mes dessous. J'ai chaud, terriblement, je me débarrasse de mon chemisier non et me retrouve uniquement vêtue de ma jupette et ma culotte, c'est mieux mais la fièvre demeure. Ce regard, ces regards ces regards posés sur moi, sur elles, se font tellement inquisiteurs qu'il ne se contentent pas de deviner ses formes, de les épier, non ils s'immiscent également dans son esprit, ils devinent ce qu'elle pense, ce que je ressens. Plus que le deviner ils le voient même, n'est-ce pas là la fonction des yeux ? Ils en voient la concupiscence dans son plus simple appareil, ils comprennent que la femme qu'ils pourchassent a pour seul désir d'être attrapée et possédée.
Des gouttes de peinture vient étoiler mon buste pâle d'une myriade de couleur, me tapissant de rouge, de vert, de noir, de bleu dans un feu d'artifice organique. Je ressens chaque éclaboussure humide comme une légère décharge délicieuse et surprenante. Je suis à demie-nue face à l'embrasure de la fenêtre, peignant avec entrain. Un vis-à-vis peut-il me surprendre en regardant par ses carreaux ? Lorgner sur cette jeune nymphe accaparée par son art ? Voir mon corps se consteller des couleurs qui emplissent ma toile ? Je ne sais pas, c'est possible mais je n'y pense pas, je suis comme possédée par ma peinture. Je sens mon bas-ventre pulser à chaque coup de pinceau. Dès lors que les poils de l'outil se posent sur la toile c'est comme s'ils se matérialisaient sur mon intimité. Je suis tellement liée à ce que je peins que je me ressens comme la créatrice et le sujet. A peine ai-je formé les doigts d'une main sur l'œuvre que je les sens se poser sur moi, me caresser les reins, se promener sur mes fesses, les pétrir. Je commence à transpirer, des gouttes coulent le long de ma nuque et sur ma poitrine, se mêlant aux traces de peinture pour former des sillons pâles qui me zèbrent peu à peu de haut en bas. Le souffle me rattrape aussi et se lie au mien, je respire de manière haletante, ahanant à chaque trait dont je marque la toile. Je ne bouge plus uniquement pour les besoins de la peinture, je bouge au rythme des sensations que me procurent ces membres fictifs.
Mon désir monte et s'amplifie, j'accompagne désormais tous mes traits de mouvements de bassins sur le tabouret pour apaiser mon sexe qui se rappelle à moi. Je me frotte à la planche, les jambes légèrement écartées de chaque côté pour me permettre une plus grande ampleur de mouvements. La rigidité du bois contre lequel se frotte mon sexe, sous le couvert de la culotte, me procure des envie d'encore. Je peux sentir mon sous vêtement s'humidifier, coincé qu'il est entre le clito et l'enclume. J'observe mon corps dans le miroir attenant à ma penderie. De peintre je suis devenue œuvre moi-même. Je me trouve belle mon visage embué de sueur, les cheveux collant sur mon front, mes petits seins gaillardement dressés contre la gravité, mes tétons érigés par l'excitation, mon ventre palpitant au rythme de ma respiration, et partout sur ma peau, sur ma poitrine, sur mes bras, sur mes cuisses, des pixels colorés qui me font ressembler à une de ces fées pailletées et dévêtues qui hantent l'imaginaire populaire. Toute cette peinture sur moi, ces trainées colorées coulant, se croisant et se mélangeant accentuent la confusion entre moi et le sujet du tableau. Je ne sais plus si je suis peintre ou œuvre alors je me mélange les pinceaux, c'est le cas de le dire.
Au lieu de les diriger vers la toile c'est vers moi-même que je tourne à présent mes pinceaux, c'est sur ma peau qu'ils viennent circonvoluer et étaler leur peinture. Je frémis sous mes propres caresses, traçant sur mon corps les courbes de mon plaisir. Je guide les poils du pinceau sur mon ventre, je les fais tourner lentement, savourant la sensation de la crème colorée qui s'y étale et peu à peu commence à y durcir. Régulièrement je change de couleur et mon corps se fait chatoyance, j'adapte mes caresses à la peinture que je me passe sur l'épiderme. Les traits jaunes sont légers, ils m'effleurent, dardent mes tétons mes hanches et me font frissonner par leurs frêles attouchements. Ils sont comme des petites brises venant aiguiller mon désir avant de disparaître soudainement pour reparaître ailleurs, toujours aussi volages. Le noir s'enfonce en moi et s'insinue le long de mes courbes, il m'étreint à travers de long traits courant tout autour de mon corps. Je ressens le pinceau comme maître en son terrain comme invasif et sûr de lui. Le noir me ceinture et m'enserre en ses rais comme une corde. Je le laisse s'épanouir sur moi. J'imagine à nouveau les mains du tableau, les mains du voisin, qui me contraignent, qui m'empêchent de bouger, de m'enfuir. Ses mains qui creusent sur ma chair le tracé de ces doigts forts et inquisiteurs, qui me palpent de tout côtés, contre lesquelles je ne peux opposer une résistance que de principe. Les traits, les mains, je leur suis soumise car finalement ils m'ont attrapée, le prédateur a bondi sur sa proie et la tiens en son pouvoir.
C'est alors que je passe à la peinture rouge. Rouge comme le sang. Rouge comme le désir. Rouge comme la passion. Rouge comme la pulsion. Rouge comme la jouissance. Rouge comme le plaisir. Du bout d'un pinceau dru et rêche et dont je frappe mon corps de cette peinture rouge qui m'éclabousse. Il ne s'agit plus ici de traits mais belle est bien de coups que je me porte sur les partis les plus sensibles de mon anatomie. Je trésaille sous la force de mes pulsions. Ce pinceau, ces mains qui s'abattent sur moi sont celles de mon voisin si banal, si excité par notre promiscuité dans l'ascenseur. Je sens, je sais qu'il aurait eu cette rage, cette hargne. Le pinceau s'écrase contre ma culotte, me faisant à chaque fois décoller un peu plus, me poussant plus avant dans ce tourbillon coloré de plaisir et d'imagination. Mes seins, mon ventre, mes cuisses, tous se parent d'éclats carmin. Ma peau en est recouverte comme par les marques de ces mains me heurtant. Je ressens les couleurs m'envahir, me faire disparaitre dans un déluge de sensations inédites. Je dois me mordre les lèvres pour réfréner mes gémissements. Je ne suis plus que réaction épidermiques et incontrôlées. Les coups de pinceau alternent entre la toile et mon corps et les deux supports me font réagir avec tout autant d'intensité.
Mon téléphone vibre, un message de Nawel s'affiche, ils partent finir la soirée en club avec les garçons, peu importe à présent je ne serai pas avec eux, je ne suis plus nulle part. Je ne suis que cette silhouette sur le tableau qui est finalement possédée et s'abandonne à un plaisir trouble et inédit.
Je suis le peintre, la toile, l'objet et le sujet du désir, jamais encore je n'ai connu ce genre d'extase totale. Ma culotte trempée suinte sur le bois du tabouret et le macule de mon liquide translucide. C'est alors que je m'empare d'un pinceau encore vierge de toute couleur, je fais glisser ma culotte sur mes cuisses colorées et je viens déposer les poils contre mon sexe pour en récolter l'ondée. La garniture souple s'écrase délicatement contre mes lèvres et, comme je l'agite pour bien l'imbiber de ma cyprine, déclenche en moi des flashs de plaisir doux et enivrant. Je me sers de mon propre corps, de mes propres fluides, comme matériel pour mon œuvre. Les poils du pinceau me caressent avec la légèreté et la souplesse d'une plume, je me cambre sous cette sensation nouvelle, tellement jouissive. Je suis dans un état d'extase qui ne me laisse aucun répit, ce pinceau si léger c'est le souffle de mon voisin sur mon intimité, les pressions de sa langue sur mes lèvres et mon clitoris. C'est si bon, je me sens comme transportée par des vagues de plaisir consécutives. Mon corps me réclame la jouissance, la libération dans une explosion de sensations. Je continue à caresser mon sexe du bout de ce pinceau, je veux qu'il soit gorgé de mon plaisir pour la suite. Mes caresses se sont de plus en plus pressantes, impérieuses. Ma respiration en saccades est ponctuée gémissements que je ne peux retenir, heureusement qu'Enzo porte son casque de l'autre côté de l'appartement. Je me sens décoller, partir dans une apothéose orgasmique mon pinceau s'agite frénétiquement sur mon bouton de plaisir. Mon clitoris n'a jamais été si sensible et les légers effleurements rapides des poils du pinceau sur ses terminaisons nerveuses sont une douce torture que je m'inflige avec un zèle suspect. Je m'imagine les doigts agiles de mon voisin qui s'activent en moi tandis que le plaisir me soulève et m'emporte.
Je me tends, me tords, je me mords les lèvres pour contenir mon plaisir mais tout ce qui n'est pas exprimé par la voix l'est par mon corps. Mes jambes se rétractent sous le tabouret et je plie mes doigts de pied quasi-douloureusement. Une onde de plaisir part de mon clitoris pour gagner tous mes nerfs, mes muscles réagissent au diapason et après toute cette tension se relâchent dans une exaltation intense. Au pic du plaisir je retire le pinceau de mon entrejambe et le darde sur le tableau, traçant des sillons invisibles de ma jouissance à travers les couleurs mêlées. Je brise des lignes encore humides, je barbouille des éléments auparavant distincts, je mélange à cette fresque de mon fantasme le produit de mon plaisir. C'est ma cyprine qui parachève l'œuvre qui m'a amenée dans cet état, juste retour des choses en définitive. Ce tableau c'est moi, un aperçu de qui je suis, de mes désirs profonds et la matérialisation de mes envies troubles. Organiquement, orgasmiquement, j'y suis liée, il est cause et objet de ma jouissance.
Je reste prostrée sur le tabouret durant plusieurs minutes, les yeux plongés dans la contemplation de mon produit et le corps en rémission suite à ce délice voluptueux inédit. Peu à peu je sors de la sorte de transe dans laquelle la peinture m'a plongée et je reprends mes esprits ainsi que mon souffle. Je suis souillée des pieds à la tête de peinture, de sueur et de cyprine. Ma culotte traine en boule à mes pieds, elle aussi gorgée des mêmes liquides. Je me rends alors compte de la situation, de la fenêtre donnant sur l'extérieur de ma chambre et je me précipite, nue, pour éteindre la lumière et ainsi masquer, pas trop tard j'espère, aux éventuels voyeurs ma situation actuelle. Je tends l'oreille et entend les échanges animés de mon frère avec son équipe de tirs au flan(c), tout va bien de ce côté-là. Ma chambre est dans un état lamentable. Il y a de la peinture sur le tabouret, sur le sol et même quelques gouttes sur le drap derrière mon espace de travail. Quant à moi n'en parlons pas, je me mire mi-amusée mi-ahurie dans le reflet de la glace. Mon corps est recouvert de pleins et de déliés, de tâches rouges, de nœuds noirs et de légères touches de jaune disséminées au hasard de mes plaisirs. Je me fais l'effet d'une femme préhistorique arborant ses peintures rituelles et je ne peux m'empêcher de sourire en pensant qu'en effet la bestialité quasi mystique de ma masturbation renvoie bien à ce genre d'époque perdue dans les limbes de la mémoire humaine.
Discrètement je me faufile vers la douche afin de nettoyer mon corps de ses miasmes autant que de ses teintes. L'eau chaude fait couler avec elle des arc-en-ciel sur mon corps et la baignoire à mes pieds finit par avaler ce trop-plein de couleur. Je laisse la torpeur de la douche brûlante me délasser quelques temps puis retourne dans ma chambre fraîche et pimpante. Je m'emploie à nettoyer le sol et le tabouret avant que la peinture ne sèche et je change mes draps, sans oublier de mettre ma peinture à l'abri des regards indiscrets. Mon attention s'arrête alors sur la culotte roulée en boule qui traîne sur le sol. Elle est salie de ma sueur et imbibée de couleurs, surtout de rouge. Je la rammasse et la porte à mes narines avant de la respirer avec avidité. La mélange de l'odeur de la peinture et des effluves de ma propre mouille me piquent le nez et provoquent un léger sentiment de tournis. Je ne peux m'empêcher de penser que c'est à cause de ce voisin anonyme, et bien innocent du résultat final, que mon sous-vêtement se retrouve dans cet état. Plus j'y réfléchis et plus je me demande quelle serait sa réaction devant cette preuve de la jouissance à laquelle il m'a conduite. La partie la plus perverse de mon être ne peut s'empêcher de l'imaginer le nez plongé dans le tissu et la main s'agitant gaillardement sur son engin bien raide. Je prends alors ma décision, sans réelle raison logique, juste par envie de pousser le jeu et de faire quelque chose d'excitant.
Me voici donc à nouveau dans la cage d'escalier, fraîchement revêtue d'un t-shirt et d'une autre jupe sans toutefois être repassée par la case culotte, montant vers le deuxième étage dans la pénombre uniquement éclairée par la lumière de mon téléphone. Je ne tiens pas à être vue me promenant dans l'immeuble avec ma culotte souillée à la main. Par chance entre le troisième et le quatrième, surtout à cette heure-ci, si les gens veulent monter ou descendre il y a plus de chances qu'ils prennent l'ascenseur que l'escalier, et de toute façon le trajet est bien court. Arrivée au palier du quatrième, toujours sans allumer la lumière, je traverse le couloir et tourne derrière le coude qui abrite la porte de mon voisin de tout à l'heure. Par chance il est tout au fond et aucune porte ne lui fait face, de sorte qu'il est le seul à potentiellement se rendre dans cette partie isolée de l'étage. En me rapprochant de la porte je m'imagine quelques secondes quelle serait ma réaction s'il ouvrait la porte à ce moment et me trouvait là, dans le noir, ma culotte humide et son odeur sans ambiguïté à la main. Je frissonne à la fois de peur et de plaisir, mais les bruits de télévision me garantissent bien vite qu'il est probablement installé confortablement dans son canapé à regarder je ne sais quel film ou série. Je me dépêche alors d'accrocher ma culotte à la poignée de sa porte avant de redescendre les escaliers quatre à quatre et de me réfugier dans ma chambre.
Les parents ne sont pas encore rentrés et je suis épuisée par ma séance d'un nouveau genre, j'avertis Enzo de ne pas me déranger et que je vais dormir, je ne sais pas s'il m'entend ou s'il s'en fout mais en tout cas je n'obtiens aucune réponse. Allongée dans mon lit je regarde quelques minutes les lives insta de Nawel et Cynthia, elles ont l'air de bien s'amuser ces deux-là, la soirée à l'air tentante mais je suis trop épuisée pour les rejoindre. Ma vision ne tarde pas à se brouiller et je finis par me laisser submerger par la lourdeur du sommeil.
Ah, moi c'est Nina au fait. Mouah, mouah, deux bises ? Non ? Chez nous c'est trois. Allez mouah, une de plus. Vous allez bien ? Moi ça va au top, troisième année de fac d'éco, 700 abonnés sur tiktok pour mes tutos couture, une belle-mère avec qui je m'entends bien, deux chatons qui égayent l'appartement de leurs cabrioles, pas de mec mais un crush qui me lance de temps en temps des sourires charmants, un travail à temps partiel comme vendeuse de sapes dans une grande enseigne, mes cours de violon une heure par semaine, un petit frère qui découvre Fortnite avec trois ans de retard et qui danse comme un débile, une meilleure amie qui rompt puis se remet avec, puis rompt, puis se remet avec, puis rompt encore et encore et qui trouve en moi une épaule confortable, une passion pour les séries sombres et les enquêtes criminelles, les sorties karaoké du vendredi soir, un père qui est présent quand il peut plutôt que quand il veut mais bon j'ai plus 9 ans, quelques concerts, les copines, les couloirs de l'université, la peinture bien trop rarement,... Mon emploi du temps est très chargé mais bon on jongle avec tout et pour l'instant ça tient en place. Et puis comme je le disais on est en novembre mais c'est le printemps donc le moral est au beau fixe.
Allez, il est temps de rentrer à la maison, mon père va encore finir tard et je vais aider Béatrice avec les devoirs du petit. Il est un peu con mais je l'aime bien ce gosse. Je me lève et glisse un salut général aux trois copines avec qui je discutais jusque-là, chauffées par le soleil de fin de journée qui vient inonder la terrasse.
- Attends tu pars déjà ? me demande Nawel en levant les yeux de son verre.
- Ben oui y'a Enzo qui est rentré du collège et Béa finit tard ce soir donc elle pourra pas le gérer et s'occuper du reste.
- Putain c'est con, Thomas et Nassim vont arriver dans pas longtemps là et tu sais que Nassim il aurait bien voulu que tu sois là hein...
Je rigole à l'évocation du garçon, je l'aime bien Nassim, et lui aussi apparemment vu comme il bégaie quand il me parle et l'intensité avec laquelle il me regarde quand il pense que je ne le vois pas. Il y a des filles qui préfèrent les mauvais garçons sombres et nerveux mais c'est pas mon cas. Nassim il est timide, joyeux et gentil et c'est ce qui me plaît chez lui. Bon même si j'aimerais bien que, des fois, timide il le soit moins parce que là ça fait bien deux mois qu'il me tourne autour sans oser passer à l'action. C'est pas pour me vanter mais en deux mois j'ai recalé pas mal de mecs parce qu'ils m'intéressaient pas donc ça va je pense que se suis plus que potable hein, mais comme par hasard le seul mec qui me donne envie de m'investir un peu c'est un handicapé de la drague. Du coup je reste célibataire, ça va faire 10 mois maintenant que j'ai pas de copain.
- Hahaha, s'esclaffe Cynthia, le petit Nassim il va regretter que tu sois plus là ma belle, surtout qu'il aurait pu en profiter pour mater tes jolies jambes.
Je ris à mon tour et tout en me levant je fais un ou deux tours sur moi-même pour faire voler ma jupe, révélant un peu plus mes cuisses que ce qu'elle ne le faisait à présent. D'ailleurs ça ne manque pas de faire se relever quelques têtes alentour pour un zieutage appréciateur de fines jambes blanches.
- Tu diras à Nassim que je pouvais pas rester et tu lui diras que s'il veut me voir il a mon 06 OK? Allez vraiment là je dois filer sinon Enzo va foutre le feu à la maison en voulant réchauffer un truc. Il est gentil mon frère mais il est un peu con hein.
Ceci dit je m'empresse de ramasser mon sac de cours et mon sac à main avant de me diriger rapidement vers mon arrêt de bus habituel. Chemin faisant je ne peux m'empêcher de remarquer les quelques coups d'œil rapides à mon endroit. Autant quand les mecs sont lourds et viennent me saouler avec des phrases d'accroche toutes bidon, ou sont vulgaires ou même tactiles je ne supporte pas, autant quand ça se limite à des regards je ne peux m'empêcher de me sentir flattée. Je prends ça comme un hommage muet qui m'est rendu, je l'avoue, j'aime bien rendre ce regard par un sourire entendu.
Mon appli m'indique que mon bus passera dans cinq minutes. Ça va je n'ai pas trop à attendre. Je me plonge dans les méandres des story insta et je me déconnecte immédiatement de la réalité. Je ne vois pas le temps passer jusqu'à l'arrivée de mon bus. Ce n'est qu'au moment d'y monter, en levant les yeux que je croise le regard de ce gars assis sur le banc en face. Il est accompagné de sa copine qui a l'air en grande conversation téléphonique et ne prête pas attention à son homme. Son attention à lui par contre est clairement dirigée sur moi. Je dirais même sur ma jupe courte et mes jambes longues et dénudées. Je croise son regard au moment où je gravis les quelques marches du bus, il ne me quitte pas des yeux, semble me dévorer. Maintiens toi un peu mec ta copine est à côté. Je m'assieds à la première place vide que je trouve, toujours obnubilée par ce jeu de regard hypnotisant avec mon bel inconnu. le véhicule démarre enfin, le banc sur lequel il est assis sera bientôt l'ombre d'un souvenir. Je ne peux pas le laisser partir comme ça.
Au moment où ma fenêtre se trouve en face de lui, alors que le bus roule encore lentement, je glisse mon doigt entre mes dents et le mords tout en souriant avec les yeux fixés sur mon admirateur. Il en est totalement décontenancé, je l'achève alors avec un petit coucou du bout des doigts tandis que le bus s'éloigne. Il est tellement surpris que, le visage abruti par un sourire lunaire, il me renvoie mon signe de la main sous les yeux de sa copine qui a fini par remarquer le petit manège de son chéri. Le bus tourne à gauche, la dernière image que j'ai du couple est celle de la fille en train de crier sur le garçon, il va probablement se faire démonter pendant un bon moment le pauvre. Après il l'a un peu cherché quand même non, il n'aurait pas dû me mater devant sa meuf.
Au fond de moi bien sûr que je me sens un peu coupable, mais je ne l'ai forcé à rien, c'est un grand garçon et il a voulu jouer. En plus cette culpabilité un peu piquante, cette sensation de m'être comportée en ce que je qualifierais de "gentille petite garce allumeuse", c'est une chose qui me plaît. Non pas que ça m'excite particulièrement sur le plan sexuel, il m'en faut tout de même un peu plus, mais ça m'amuse. Ça m'amuse même énormément de jouer la fille frivole de cette façon. Et puis quoi? Les femmes ont le droit d'user de leurs charmes, de faire tourner les têtes, de flirter avec les limites. Ça fait partie de notre arsenal, les hommes sont moins subtils. On ne le fais pas toutes, on ne le fais pas tout le temps, mais on sait le faire.
Le bus continue sa route en direction du terminus, le chemin va être encore long car j'habite à peine trois arrêts avant celui-ci. Je me remets donc à swiper sans fin sur le chemin du néant mémoriel, les vidéos se suivent, se superposent, s'enchevêtrent, certaines sérieuses, d'autres légères, se mêlent dans un conglomérat informe dont rien ne restera. Mais en même temps c'est pas ce que je demande, je veux pas réfléchir je veux juste me divertir le temps des 45 minutes du trajet. Je ne sors de ma torpeur que pour répondre d'une voix distraite au bonjour que me lance quelqu'un que j'identifie rapidement comme le voisin du dessus avant de me replonger dans mon abîme d'oubli. Le soleil commence à décliner et le ciel se pare de nuances sombres et orangées que je ne devine que par leur reflet sporadique sur l'écran de mon téléphone.
Au moment d'un énième arrêt la même voix m'interpelle à nouveau :
- Il faut descendre là non?
Je relève la tête vers mon voisin qui s'apprête à sortir du bus et qui a bien vu que tout occupée que j'étais je ne me suis pas rendue compte que nous étions arrivés chez nous. Je le remercie rapidement et tout en me levant je remarque ses yeux qui coulent de mon visage à mes jambes et s'allument d'une lueur sur laquelle je ne peux me méprendre. Eh ben on dirait que mon accoutrement du jour fait le bonheur de beaucoup de monde mine de rien. Je ne relève pas, ramasse à nouveau mes sacs et me dirige vivement vers la porte qui commence déjà à se refermer. Un petit saut et je me rétablis sans problème sur le sol. Mon voisin a déjà commencé sa marche vers notre immeuble. Je ne le connais que de vue, un quarantenaire quelconque à mes yeux. Auparavant je les voyais souvent sortir et se promener dans le quartier avec sa femme, je les croisais en allant faire des courses, je les entendais aussi parfois se disputer à travers les minces cloisons qui séparent nos appartements.
Depuis environ un an, il me semble, son épouse a disparu de l'équation. Divorce, séparation à l'amiable, je n'en sais rien mais en tout cas il vit seul désormais. Quelques fois je l'ai bien vu retourner chez lui en charmante compagnie, mais aucune n'a eu l'air de revenir très régulièrement. Il faut dire aussi que je ne fais pas trop attention à lui. Il est quelconque, plutôt grand, les cheveux encore très blonds même si quelques traces d'âge s'y devinent par des reflets argentés, et il a le physique d'un ancien sportif qui en s'arrêtant n'a pas pu s'empêcher de prendre du poids. Attention j'aime les hommes d'âge mûr, même si je n'ai jamais eu l'occasion de faire quoi ce soit avec l'un d'eux, mais lui n'entre clairement pas dans le cadre de ceux qui peuvent me plaire. Il n'est pas moche mais il n'est pas particulièrement attirant non plus.
Le froid de novembre, qui était inexistant tant que le soleil dardait ses rayons sur ma peau, se met à se faire ressentir un peu plus maintenant que le soir est en train de tomber. D'autant que la jupe courte et le petit haut que je porte ne sont absolument pas stratégiques pour contrer le manque de chaleur. Je me mets donc à accélérer l'allure et ne tarde pas à doubler mon voisin qui marche d'un pas bien plus modéré. Je ne cours pas mais presque et je sais qu'en faisant ça ma petite jupette se met à sautiller et voler au rythme de mes jambes qui se croisent et de mon petit cul bombé qui suit le mouvement. De toute façon je ne suis plus à ça prêt aujourd'hui. Par contre on dirait bien que derrière moi les pas ont eux aussi changé de rythme. Ce voisin qui avançait si tranquillement a, dirait-on, décidé de se caler à la vitesse de ma marche depuis que je l'ai doublé. Le tapement rythmé de ses pas et des miens résonnent de concert sur la route qui nous mène chez nous. Je suis certaine que si je me retournais à cet instant je pourrais observer ses yeux braqués sur le balancement machinal de mes hanches, et après tout quel mal y-a t'il à ça?
Je ne dis pas que ce n'est pas inquiétant pour une fille de se faire suivre dans la rue par un homme qui louche sur son corps avec des pensées bien dégoulinantes en tête. Ce genre de situation m'est suffisamment souvent arrivé, ainsi qu'à la majorité de mes copines, pour qu'on ne se sente pas en sécurité dans certaines rues quand on est seules. Mais là c'est pas pareil, je veux dire ce gars-là je le connais, je sais bien qu'il ne va rien tenter, qu'il ne va pas tenter de me toucher ou me traiter de tous les noms. Ce gars-là il dit bonjour à mon père et ma belle-mère, je voyais jouer ses enfants devant l'immeuble avant qu'ils ne partent vivre leur vie ailleurs, il prépare des cookies pour la fête des voisins, bref il ne me fait courir aucun risque. Alors s'il prend 5 minutes de bon temps en laissant ses yeux accompagner mes formes jusqu'à l'entrée ce n'est pas bien grave.
Tout en marchant je ne peux me sortir de la tête l'idée qu'il est en train de me mater, et je ne peux non plus m'empêcher d'en sourire. Vous connaissez cette sensation qui vous fait vous remarquer quand quelqu'un vous regarde même si vous ne le voyez pas? Ce sixième sens qui nous prévient qu'une personne est un peu plus concentré sur nous qu'il ne devrait? Eh ben là je le ressens, je sens que mes mouvements forment tout l'horizon de sa vision depuis une bonne minute et que c'est parti pour durer jusqu'au hall. Comment être imperméable à cela. Je pourrais me retourner et le prendre sur le fait mais pourquoi? Cela ne ferait que nous mettre mal à l'aise tous les deux. Et puis comme je le disais je suis joueuse, c'est dans ma nature. Bien entendu je n'ai aucune envie de pousser la provocation trop loin ou de rentrer dans un jeu de séduction avec lui... mais accentuer le balancement de mes fesses c'est pas bien grave. Et puis c'est totalement involontaire non? Pourquoi est-ce qu'il irait croire que j'en fais exprès. De toute façon il fait froid donc j'accélère un peu le pas et j'en profite pour laisser le mouvement de mes hanches devenir plus ample.
Je ne suis pas la seule à me presser on dirait, mon suiveur en fait autant. Je ne peux donc plus avoir aucun doute sur son occupation, il est bien fixé sur mon cul ce salaud. Hihi et moi je ne ralentis pas mon jeu bien au contraire, je roule et je tangue l'objet de toute son attention pour lui en donner pour son argent. On dit bien que c'est important les relations de bon voisinage non? Ben voilà alors, là je travaille pour un quotidien serein. Ce serait mentir de dire que je ne suis pas excitée à faire ça. Attention je ne parle pas d'excitation sexuelle mais plutôt de celle qu'on peut ressentir quand on sait qu'on a l'ascendant sur quelqu'un, que ce soit dans un jeu, dans une conversation ou dans la vie de tous les jours. C'est exactement ce genre d'exaltation que je ressens en ce moment. Un sentiment de puissance et de maîtrise. C'est moi qui donne et c'est lui qui prend, c'est moi qui décide où et quand je commence et m'arrête. Je ne peux pas m'empêcher de sourire toute seule à ces idées. Ma jupette s'agite de part en part et je me doute bien qu'elle révèle plus du haut de mes cuisses qu'elle n'est censée le faire. Bon n'exagérons pas non plus, ma culotte demeure bien à l'abri de ses yeux et je ne compte pas qu'il puisse la voir, il y a des limites quand même.
Le ciel commence à sérieusement se couvrir et le vent souffle quelques rafales lorsque j'arrive en vue de chez moi. Entre ma démarche chaloupée et les bourrasques intempestives je ne doute pas que le voisin doit être ravi du spectacle. Quant à moi, bien que je jubile toujours intérieurement de mon petit jeu, je commence à me cailler les miches sévère, il était temps que j'arrive. Je fais face à la porte et sors mon pass pour l'ouvrir; je m'engouffre dans le hall dont la douce tiédeur m'enveloppe rapidement. C'est alors seulement que je me figure à quel point j'avais froid jusqu'à présent. Je tiens la porte à mon suiveur, qui me remercie, puis me dirige vers l'escalier. L'ascenseur je ne le prends quasiment jamais en dehors des moments où je suis particulièrement chargée. C'est pas grand chose mais ces trois étages montés et descendus plusieurs fois par jour contribuent à raffermir mes jambes et, comme vous l'avez compris j'imagine, je suis particulièrement fière d'elles.
Comme il le fait habituellement mon voisin va se diriger vers l'ascenseur pour monter au quatrième. Mon petit jeu va donc s'arrêter là, c'était plaisant mais il faut bien que ça s'arrête. Alors que j'ouvre la porte de la cage d'escalier je constate avec surprise, et non sans une secrète satisfaction finalement, qu'il a décidé cette fois-ci de ne pas entrer dans la machine mais de faire confiance à ses pieds pour gravir les étages qui le séparent de son domicile. Je n'ai aucun doute sur la motivation qui l'a poussé à faire ce choix, il veut continuer à profiter du spectacle de mes gambettes dénudées et ce dans un angle encore plus révélateur. On dit qu'un homme galant laisse toujours passer une femme en premier sauf dans un escalier car ce serait inconvenant d'avoir les fesses féminines juste au niveau du visage en montant. Un homme galant n'en profiterait pas pour se rincer l'œil. Il se trouve que mon cher voisin n'a donc rien de galant lorsqu'il commence à monter les marches à ma suite. Bien au contraire je suis persuadée qu'il en profite pour bien se rincer l'œil le coquin.
C'est vrai que tel qu'il est placé il ne doit rien manquer du balai de mes cuisses qui se frôlent à chaque marche. Il doit même avoir une vision bien plus révélatrice de mon intimité que ce qu'il pouvait glaner en marchant juste derrière moi dans la rue. Je ne pense pas qu'il puisse voir ma culotte, j'espère en tout cas que ce n'est pas le cas, mais c'est sûr que la fourche de mes jambes lui est désormais bien moins inconnue. Je monte énergiquement les escaliers, mais sans non plus trop accélérer et je l'entends qui me suit. Son souffle court est accéléré par l'escalade qu'il s'impose. On dirait la respiration saccadé d'un prédateur qui pourchasse sa proie. Je me sens pistée, suivie, vulnérable, d'autant plus vulnérable même que nous sommes dans un lieu clôt rendu légèrement angoissant par la proximité et la sensation de vertige liée aux marches en colimaçon. La tête me tourne un peu d'ailleurs, de la sueur commence à perler sur mon front et le long de mon épine dorsale.
J'ai chaud, je presse le pas, ma respiration se fait vive. Il monte toujours derrière moi. Pas un mot mais le bruit de son souffle et la sensation impalpable de son regard sur moi, sur ma peau. Il ne se montre pas menaçant, il ne s'est jamais montré menaçant, mais je ne peux m'empêcher de penser avec quelle facilité il pourrait stopper mon élan dans l'instant. J'ai chaud, le premier palier est derrière moi. Il n'aurait qu'à lancer sa main pour m'agripper, me retenir puis me pousser contre le mur, mon dos heurtant alors douloureusement la rambarde. Ensuite rien de plus simple que de me museler d'une main ou de m'étrangler pour garantir mon silence. J'ai tellement chaud, j'arrive au second palier. L'excitation que je ressens désormais n'est plus celle du jeu mais bel et bien celle de mes fantasmes libérés. Une fois réduite à sa merci, plaquée et rendue muette, il n'aurait plus grand chose à faire pour jouir de mon corps sans défense. Ma jupette qui a fait tourner tant de têtes aujourd'hui ne représenterait qu'une bien piètre barrière à ses mains inquisitrices qui prendraient rapidement possession de mon entrejambe en arrachant la culotte, dernier obstacle, qui la recouvre.
Je suis bientôt au troisième étage, mon étage, mon appartement, la sécurité, la banalité. J'ai tellement chaud, je monte les marches avec une volonté vacillante, mes jambes sont en coton et je sens une moiteur épaisse et ardente sourdre de mon vagin. La culotte arrachée rien ne pourrait l'empêcher d'abuser de moi. Rien ni personne. Il pourrait me violenter là, dans le réduit familier et impersonnel de cette cage d'escalier, me posséder à sa guise, me pénétrer avec ardeur et impulsivité tandis que chacun de ses assauts me déchirerait de l'intérieur. Que pourrais-je faire alors? Rien. Et il me prendrait avec la brutalité de l'urgence, pressé d'en finir pour ne pas se faire prendre et rentrer chez lui discrètement. Alors il éjaculerait en moi rapidement, se répandant dans mon sexe dont je ne pourrais moi non plus, bien qu'innocente victime, retenir la jouissance.
J'arrive à mon palier, enfin. J'ouvre la porte qui donne sur mon couloir sans me retourner et me dirige vers le coude derrière lequel se trouve la porte de l'appartement familial.
- Bonne soirée.
La voix est posée, quelque peu rendue sifflante par la montée des marches mais aucunement menaçante. La voix neutralement bienveillante d'un voisin souhaitant bonne nuit à sa voisine. Je lui réponds peut-être sur le même ton, ou peut-être que je ne dis rien en retour. Ma main se pose sur la poignée, la pousse vers le bas et la porte s'ouvre. Je la referme aussitôt et m'y adosse quelques secondes, les yeux fermés. L'espace d'une montée d'escalier je me suis retrouvée comme en état second, à la fois captivée et effrayée par mes évocations. Alors que je respire profondément pour me calmer la douce voix de mon demi-frère fuse hors du salon, accompagné de bruits de tirs indiquant qu'il est connecté à Fortnite, pour me rappeler subtilement sa présence.
- NINAAAAA ? C'EST TOI ? MAMAN ELLE A DIT QU'ELLE RENTRERA PAS CE SOIR, ELLE VA REJOINDRE PAPA POUR MANGER DEHORS. ELLE A DIT QUI FAUT QUE TU ME FASSES A MANGER.
Ah l'adolescence et sa délicatesse, quel plaisir. Je m'empresse de lui répondre sur le même ton.
- CA MARCHE TETE DE RAT. JE METS UNE PIZZA AU FOUR ET JE VAIS DANS MA CHAMBRE. TU DEVRAIS PAS FAIRE TES DEVOIRS TOI ?
Pas de réponse de sa part, bah c'est pas à moi de lui rappeler quoi faire, quand ses parents rentreront ce soir il devra assumer s'il n'a pas fait ses devoirs auparavant. Je me déchausse et prend la direction de la cuisine. Four allumé, congélateur, pizza sortie de son emballage, thermostat 7, enfournement, y'a plus qu'à attendre. Je me dirige d'un alors vers ma chambre, en referme la porte et me remémore les quelques marches gravies il n'y a pas cinq minutes. Bizarrement j'en suis encore marquée alors que concrètement il ne s'est rien passé. Et pourtant je ressens l'envie pressante, impérieuse, d'extérioriser cette pression qui ne demande qu'à sortir. Un toile blanche repose sur mon chevalet tout près de la fenêtre, je l'y avais laissée il y a quelques jours suite à une panne d'inspiration. J'adore peindre mais parfois rien ne vient, dans ces cas-là je ne force pas, je passe à autre chose. En ce moment par contre je sens que mes doigts bouillonnent de créativité et ne demandent qu'à l'exprimer.
Je m'assieds sur mon tabouret, écrase quelques fonds de tubes de peinture dans la palette et me mets à créer. Mes pinceaux s'animent sans direction préalable, ce qui est contraire à mon habitude où tous mes traits sont réfléchis pensés. Au contraire en l'instant je peins comme écrivaient les surréalistes, de manière automatique. Je laisse mes sensations décider du rendu. Les poils des pinceaux étalent leurs traits rouges, noirs, jaunes sur le tissu tendu. Mes mains volent devant le tableau en devenir. Je me soucie peu des coulures des imperfections, des tâches et des éclaboussures, ou plutôt je les accepte comme des marques de ma psyché actuelle. Devant mes yeux, hors de ma volonté propre, se dessine de manière stylisée, anarchique, irrationnelle, l'image d'un escalier sombre montant et descendant à l'infini et dans cet escalier des mains des corps à profusion, une promiscuité entre ce corps féminin teinté de vert et de jaune, tout en fuite et en mouvement, et ces parties de corps masculins déconstruits, éparpillés. Ces yeux qui observent, se montrent indiscrets, intrusifs, ces mains qui cherchent à happer, qui palpent, qui effleurent, qui empoignent, qui s'insinuent, ces langues qui goûtent, ces sourires entendus malsains, décidés, pervers, sûrs d'eux, ces sexes bandés qui pourchassent, collent, gouttent et suintent. Il n'y a qu'un corps sur le tableau, c'est celui du féminin, qui gravit infiniment ces marches, fuyant des résidus masculins comme explosés à travers l'espace. Elle fuit, je fuis, mais dans le même temps elle tente, elle se veut légère, séductrice. Et sur son chemin d'autres membres l'attendent, elle les redoute, elle les accueille, elle les désire. Les coulures carmin se glissent de la toile pour former de petites flaques sur le bois du chevalet. Le mouvement partout, l'envie et la luxure, les traits se font suintants.
- NINAAAAA, CA CRAAAME LA TU FAIS QUOI ?
Je sors de ma transe et observe sans réellement l'assimiler l'œuvre que j'ai entamée. Le temps a volé au-dessus de ma tête sans que je ne m'en rende compte, accaparée que j'étais par le moment d'extase artistique que je vivais. Je n'ai jamais peint quelque chose s'approchant de ce que j'ai sous les yeux. C'est brutal, violent, éclaté, sensuel, c'est...
- NINAAAAAAAAA !
C'est pas vrai il peut pas lever ses grosses fesses de son fauteuil et aller éteindre lui-même le four cet attardé social? Mais en humant l'air je me rends compte qu'il est effectivement temps que je m'occupe de sortir la pizza, ça commence à sentir le grillé. Je me précipite dans la cuisine, me munis de maniques et dépose notre repas sur un grand plateau plat. Effectivement il était temps que j'intervienne, le dessous est entièrement noirci. Je me munis alors d'une râpe (petit tips cuisine pour quand vous cramez quelque chose) et je la frotte contre les parties brûlées pour rattraper les dégâts. Quand au fromage sur le haut, eh bien ce sera croustillant hein.
- VIENS MANGER, LE CLOWN ! C'EST PRET.
Enzo ne se le fait pas dire deux fois et apparaît presque immédiatement dans la cuisine, la seule chose qu'il aime plus que ses parties c'est la bouffe, pour ça il peut tout abandonner en moins de 30 secondes comme Robert de Niro dans ce film que mon père adore. Il se rue sur la table, non sans m'avoir remercié de lui avoir préparé à manger (je vous ai dit que je l'aime bien malgré tout ce petit con ?) et je ne tarde pas à l'accompagner. Nous partageons un repas somme toute joyeux bien que je ne cesse de repenser à la peinture que j'ai entamée. Je ne peux m'empêcher de vouloir y retourner, la compléter, je me demande si je pourrais retrouver ce sentiment d'abandon qui m'a submergée et m'a permis de la commencer.
Une fois nos parts avalées j'envoie manu militari Enzo faire ses devoirs, je suis quand même la grande sœur ne l'oublions pas, avec interdiction de venir me déranger. Il est habitué à ce que lorsque je peins je veuille rester seule et donc n'y voit pas d'objection, il négocie juste de reprendre la console après avoir fini ce qu'il a à faire, chose que je lui accorde bien volontiers. Je suis sa grande sœur, pas sa mère quand même.
Je le laisse débarrasser les quelques couverts et me rue dans ma chambre à nouveau. Je ferme la porte et tourne la clé pour m'isoler totalement. Aussitôt mes yeux sont aimantés par le tableau en chantier faiblement éclairé par les rayons du soleil couchant que filtre le carreau de la fenêtre. Je n'arrive pas à m'en détacher. Je m'assieds face à lui et me plonge dans sa contemplation. Je suis habituellement très peu sujette à l'autosatisfaction, et il ne s'agit ici pas de cela d'ailleurs, mais je ne peux m'empêcher d'y revenir encore et encore. D'y lire des sensations, des mouvements, que je ne me rappelle pas avoir créés. C'est comme s'ils étaient apparus par génération spontanée. Je reste coite, fixant cette présence féminine suave assaillie de toute part dans ces escaliers sans fin. Cette présence à la fois fuyante et accueillante, qui craint autant qu'elle attend. Et ces mains, ces langues, ces doigts, ces yeux, ces lèvres, ces sexes. Il faudra que je prenne bien garde à ce que ni mon père ni Béatrice, ni mon frère le pauvre, ne tombent dessus car j'aurai bien du mal à en expliquer le sens et le contenu.
Tout en m'y plongeant à loisir je me remémore la circonstance qui m'a inspiré cette débauche de passion, mon banal voisin qui me suivait dans l'escalier, ses yeux que je devinais sur mes fesses et mes jambes, le bruit de ses pas résonnant dans la cage, son souffle rendu court par la montée des marches autant, peut-être, que par la montée de désir que sa vision de moi lui provoquait. Oui son souffle surtout, c'est ce qui me reste en tête, ce qui m'obsède à présent. Je l'imagine comme un prédateur embusqué ayant sauté sur la trace de sa proie et ne comptant pas la lâcher. La suivant, ne lui laissant pas de répit avant de se jeter dessus voracement et de la dévorer au sens propre comme au sens figuré. Je ne fais pas vraiment la distinction entre les deux tant ils sont parents dans mon esprit. L'animal qui s'empare de sa proie et s'y plonge goulument et l'homme, redevenu sauvage, qui se saisit de la femme, de moi, et la possède avec la même ferveur, la même hargne. Je sens cette frénésie qui m'avait saisie plus tôt remonter en moi, cette envie, ce besoin de peindre, de m'exprimer, de laisser filtrer mon ressenti à travers le ballet de mes mains et de la peinture sur la toile.
Je saisis un de mes pinceaux et, obnubilée par ce souffle et cette animalité je me remets à peindre. Je suis prise d'une passion quasi physique, je sens monter en moi une brûlante envie d'objectifier mes ressentis, mes peurs et mes désirs. Cette passion je la retranscris sur le tissu, je la rend aérienne et chaude comme le souffle, menaçante et inéluctable comme le chasseur acculant sa proie. Les traits se font plus rageurs, les couleurs plus sombres, les envolées plus profondes. La chaleur ne s'empare pas uniquement de mon cerveau en ébullition et de mes mains, elle commence aussi à se faire sentir dans mon corps. Moi qui suis si statique d'habitude je me lève, tourne, me rassois, je plie et déplie mes jambes, je vis ma création comme jamais auparavant. Cette chaleur ne me laisse pas de répit, et plus je peins, plus j'exhale ce fatras qui me compose plus je me sens en harmonie avec lui. Ce que je peins est sujet de mon désir mais mon désir est aiguillé par la peinture. Cette femme marchant sur le fil, proie convoitée et déesse vénérée à la fois, c'est moi. Cette envie qui nait pour elle c'est celle que je ressentais chez mon voisin. Ces mains qui la pourchassent je les imagine aisément se poser sur moi, me happer sans possibilité de fuite.
La chaleur de ma peinture gagne également mon corps, tout en œuvrant je ne peux m'empêcher d'ouvrir et fermer les cuisses au rythme des coups de pinceau. C'est moi sur ce tableau, moi qui suis désirée par cet homme, par l'Homme non en tant qu'entité mais en tant qu'attributs. Ces mains tendues palpent mes chairs, ces sexes turgescents s'enflent pour moi comme j'aime à imaginer que l'a été celui de mon voisin lorsqu'il me suivait, ses langues moites goûtent ma peau et la parsèment de trainées de bave, ces yeux s'insinuent sous ma robe, sous mes dessous. J'ai chaud, terriblement, je me débarrasse de mon chemisier non et me retrouve uniquement vêtue de ma jupette et ma culotte, c'est mieux mais la fièvre demeure. Ce regard, ces regards ces regards posés sur moi, sur elles, se font tellement inquisiteurs qu'il ne se contentent pas de deviner ses formes, de les épier, non ils s'immiscent également dans son esprit, ils devinent ce qu'elle pense, ce que je ressens. Plus que le deviner ils le voient même, n'est-ce pas là la fonction des yeux ? Ils en voient la concupiscence dans son plus simple appareil, ils comprennent que la femme qu'ils pourchassent a pour seul désir d'être attrapée et possédée.
Des gouttes de peinture vient étoiler mon buste pâle d'une myriade de couleur, me tapissant de rouge, de vert, de noir, de bleu dans un feu d'artifice organique. Je ressens chaque éclaboussure humide comme une légère décharge délicieuse et surprenante. Je suis à demie-nue face à l'embrasure de la fenêtre, peignant avec entrain. Un vis-à-vis peut-il me surprendre en regardant par ses carreaux ? Lorgner sur cette jeune nymphe accaparée par son art ? Voir mon corps se consteller des couleurs qui emplissent ma toile ? Je ne sais pas, c'est possible mais je n'y pense pas, je suis comme possédée par ma peinture. Je sens mon bas-ventre pulser à chaque coup de pinceau. Dès lors que les poils de l'outil se posent sur la toile c'est comme s'ils se matérialisaient sur mon intimité. Je suis tellement liée à ce que je peins que je me ressens comme la créatrice et le sujet. A peine ai-je formé les doigts d'une main sur l'œuvre que je les sens se poser sur moi, me caresser les reins, se promener sur mes fesses, les pétrir. Je commence à transpirer, des gouttes coulent le long de ma nuque et sur ma poitrine, se mêlant aux traces de peinture pour former des sillons pâles qui me zèbrent peu à peu de haut en bas. Le souffle me rattrape aussi et se lie au mien, je respire de manière haletante, ahanant à chaque trait dont je marque la toile. Je ne bouge plus uniquement pour les besoins de la peinture, je bouge au rythme des sensations que me procurent ces membres fictifs.
Mon désir monte et s'amplifie, j'accompagne désormais tous mes traits de mouvements de bassins sur le tabouret pour apaiser mon sexe qui se rappelle à moi. Je me frotte à la planche, les jambes légèrement écartées de chaque côté pour me permettre une plus grande ampleur de mouvements. La rigidité du bois contre lequel se frotte mon sexe, sous le couvert de la culotte, me procure des envie d'encore. Je peux sentir mon sous vêtement s'humidifier, coincé qu'il est entre le clito et l'enclume. J'observe mon corps dans le miroir attenant à ma penderie. De peintre je suis devenue œuvre moi-même. Je me trouve belle mon visage embué de sueur, les cheveux collant sur mon front, mes petits seins gaillardement dressés contre la gravité, mes tétons érigés par l'excitation, mon ventre palpitant au rythme de ma respiration, et partout sur ma peau, sur ma poitrine, sur mes bras, sur mes cuisses, des pixels colorés qui me font ressembler à une de ces fées pailletées et dévêtues qui hantent l'imaginaire populaire. Toute cette peinture sur moi, ces trainées colorées coulant, se croisant et se mélangeant accentuent la confusion entre moi et le sujet du tableau. Je ne sais plus si je suis peintre ou œuvre alors je me mélange les pinceaux, c'est le cas de le dire.
Au lieu de les diriger vers la toile c'est vers moi-même que je tourne à présent mes pinceaux, c'est sur ma peau qu'ils viennent circonvoluer et étaler leur peinture. Je frémis sous mes propres caresses, traçant sur mon corps les courbes de mon plaisir. Je guide les poils du pinceau sur mon ventre, je les fais tourner lentement, savourant la sensation de la crème colorée qui s'y étale et peu à peu commence à y durcir. Régulièrement je change de couleur et mon corps se fait chatoyance, j'adapte mes caresses à la peinture que je me passe sur l'épiderme. Les traits jaunes sont légers, ils m'effleurent, dardent mes tétons mes hanches et me font frissonner par leurs frêles attouchements. Ils sont comme des petites brises venant aiguiller mon désir avant de disparaître soudainement pour reparaître ailleurs, toujours aussi volages. Le noir s'enfonce en moi et s'insinue le long de mes courbes, il m'étreint à travers de long traits courant tout autour de mon corps. Je ressens le pinceau comme maître en son terrain comme invasif et sûr de lui. Le noir me ceinture et m'enserre en ses rais comme une corde. Je le laisse s'épanouir sur moi. J'imagine à nouveau les mains du tableau, les mains du voisin, qui me contraignent, qui m'empêchent de bouger, de m'enfuir. Ses mains qui creusent sur ma chair le tracé de ces doigts forts et inquisiteurs, qui me palpent de tout côtés, contre lesquelles je ne peux opposer une résistance que de principe. Les traits, les mains, je leur suis soumise car finalement ils m'ont attrapée, le prédateur a bondi sur sa proie et la tiens en son pouvoir.
C'est alors que je passe à la peinture rouge. Rouge comme le sang. Rouge comme le désir. Rouge comme la passion. Rouge comme la pulsion. Rouge comme la jouissance. Rouge comme le plaisir. Du bout d'un pinceau dru et rêche et dont je frappe mon corps de cette peinture rouge qui m'éclabousse. Il ne s'agit plus ici de traits mais belle est bien de coups que je me porte sur les partis les plus sensibles de mon anatomie. Je trésaille sous la force de mes pulsions. Ce pinceau, ces mains qui s'abattent sur moi sont celles de mon voisin si banal, si excité par notre promiscuité dans l'ascenseur. Je sens, je sais qu'il aurait eu cette rage, cette hargne. Le pinceau s'écrase contre ma culotte, me faisant à chaque fois décoller un peu plus, me poussant plus avant dans ce tourbillon coloré de plaisir et d'imagination. Mes seins, mon ventre, mes cuisses, tous se parent d'éclats carmin. Ma peau en est recouverte comme par les marques de ces mains me heurtant. Je ressens les couleurs m'envahir, me faire disparaitre dans un déluge de sensations inédites. Je dois me mordre les lèvres pour réfréner mes gémissements. Je ne suis plus que réaction épidermiques et incontrôlées. Les coups de pinceau alternent entre la toile et mon corps et les deux supports me font réagir avec tout autant d'intensité.
Mon téléphone vibre, un message de Nawel s'affiche, ils partent finir la soirée en club avec les garçons, peu importe à présent je ne serai pas avec eux, je ne suis plus nulle part. Je ne suis que cette silhouette sur le tableau qui est finalement possédée et s'abandonne à un plaisir trouble et inédit.
Je suis le peintre, la toile, l'objet et le sujet du désir, jamais encore je n'ai connu ce genre d'extase totale. Ma culotte trempée suinte sur le bois du tabouret et le macule de mon liquide translucide. C'est alors que je m'empare d'un pinceau encore vierge de toute couleur, je fais glisser ma culotte sur mes cuisses colorées et je viens déposer les poils contre mon sexe pour en récolter l'ondée. La garniture souple s'écrase délicatement contre mes lèvres et, comme je l'agite pour bien l'imbiber de ma cyprine, déclenche en moi des flashs de plaisir doux et enivrant. Je me sers de mon propre corps, de mes propres fluides, comme matériel pour mon œuvre. Les poils du pinceau me caressent avec la légèreté et la souplesse d'une plume, je me cambre sous cette sensation nouvelle, tellement jouissive. Je suis dans un état d'extase qui ne me laisse aucun répit, ce pinceau si léger c'est le souffle de mon voisin sur mon intimité, les pressions de sa langue sur mes lèvres et mon clitoris. C'est si bon, je me sens comme transportée par des vagues de plaisir consécutives. Mon corps me réclame la jouissance, la libération dans une explosion de sensations. Je continue à caresser mon sexe du bout de ce pinceau, je veux qu'il soit gorgé de mon plaisir pour la suite. Mes caresses se sont de plus en plus pressantes, impérieuses. Ma respiration en saccades est ponctuée gémissements que je ne peux retenir, heureusement qu'Enzo porte son casque de l'autre côté de l'appartement. Je me sens décoller, partir dans une apothéose orgasmique mon pinceau s'agite frénétiquement sur mon bouton de plaisir. Mon clitoris n'a jamais été si sensible et les légers effleurements rapides des poils du pinceau sur ses terminaisons nerveuses sont une douce torture que je m'inflige avec un zèle suspect. Je m'imagine les doigts agiles de mon voisin qui s'activent en moi tandis que le plaisir me soulève et m'emporte.
Je me tends, me tords, je me mords les lèvres pour contenir mon plaisir mais tout ce qui n'est pas exprimé par la voix l'est par mon corps. Mes jambes se rétractent sous le tabouret et je plie mes doigts de pied quasi-douloureusement. Une onde de plaisir part de mon clitoris pour gagner tous mes nerfs, mes muscles réagissent au diapason et après toute cette tension se relâchent dans une exaltation intense. Au pic du plaisir je retire le pinceau de mon entrejambe et le darde sur le tableau, traçant des sillons invisibles de ma jouissance à travers les couleurs mêlées. Je brise des lignes encore humides, je barbouille des éléments auparavant distincts, je mélange à cette fresque de mon fantasme le produit de mon plaisir. C'est ma cyprine qui parachève l'œuvre qui m'a amenée dans cet état, juste retour des choses en définitive. Ce tableau c'est moi, un aperçu de qui je suis, de mes désirs profonds et la matérialisation de mes envies troubles. Organiquement, orgasmiquement, j'y suis liée, il est cause et objet de ma jouissance.
Je reste prostrée sur le tabouret durant plusieurs minutes, les yeux plongés dans la contemplation de mon produit et le corps en rémission suite à ce délice voluptueux inédit. Peu à peu je sors de la sorte de transe dans laquelle la peinture m'a plongée et je reprends mes esprits ainsi que mon souffle. Je suis souillée des pieds à la tête de peinture, de sueur et de cyprine. Ma culotte traine en boule à mes pieds, elle aussi gorgée des mêmes liquides. Je me rends alors compte de la situation, de la fenêtre donnant sur l'extérieur de ma chambre et je me précipite, nue, pour éteindre la lumière et ainsi masquer, pas trop tard j'espère, aux éventuels voyeurs ma situation actuelle. Je tends l'oreille et entend les échanges animés de mon frère avec son équipe de tirs au flan(c), tout va bien de ce côté-là. Ma chambre est dans un état lamentable. Il y a de la peinture sur le tabouret, sur le sol et même quelques gouttes sur le drap derrière mon espace de travail. Quant à moi n'en parlons pas, je me mire mi-amusée mi-ahurie dans le reflet de la glace. Mon corps est recouvert de pleins et de déliés, de tâches rouges, de nœuds noirs et de légères touches de jaune disséminées au hasard de mes plaisirs. Je me fais l'effet d'une femme préhistorique arborant ses peintures rituelles et je ne peux m'empêcher de sourire en pensant qu'en effet la bestialité quasi mystique de ma masturbation renvoie bien à ce genre d'époque perdue dans les limbes de la mémoire humaine.
Discrètement je me faufile vers la douche afin de nettoyer mon corps de ses miasmes autant que de ses teintes. L'eau chaude fait couler avec elle des arc-en-ciel sur mon corps et la baignoire à mes pieds finit par avaler ce trop-plein de couleur. Je laisse la torpeur de la douche brûlante me délasser quelques temps puis retourne dans ma chambre fraîche et pimpante. Je m'emploie à nettoyer le sol et le tabouret avant que la peinture ne sèche et je change mes draps, sans oublier de mettre ma peinture à l'abri des regards indiscrets. Mon attention s'arrête alors sur la culotte roulée en boule qui traîne sur le sol. Elle est salie de ma sueur et imbibée de couleurs, surtout de rouge. Je la rammasse et la porte à mes narines avant de la respirer avec avidité. La mélange de l'odeur de la peinture et des effluves de ma propre mouille me piquent le nez et provoquent un léger sentiment de tournis. Je ne peux m'empêcher de penser que c'est à cause de ce voisin anonyme, et bien innocent du résultat final, que mon sous-vêtement se retrouve dans cet état. Plus j'y réfléchis et plus je me demande quelle serait sa réaction devant cette preuve de la jouissance à laquelle il m'a conduite. La partie la plus perverse de mon être ne peut s'empêcher de l'imaginer le nez plongé dans le tissu et la main s'agitant gaillardement sur son engin bien raide. Je prends alors ma décision, sans réelle raison logique, juste par envie de pousser le jeu et de faire quelque chose d'excitant.
Me voici donc à nouveau dans la cage d'escalier, fraîchement revêtue d'un t-shirt et d'une autre jupe sans toutefois être repassée par la case culotte, montant vers le deuxième étage dans la pénombre uniquement éclairée par la lumière de mon téléphone. Je ne tiens pas à être vue me promenant dans l'immeuble avec ma culotte souillée à la main. Par chance entre le troisième et le quatrième, surtout à cette heure-ci, si les gens veulent monter ou descendre il y a plus de chances qu'ils prennent l'ascenseur que l'escalier, et de toute façon le trajet est bien court. Arrivée au palier du quatrième, toujours sans allumer la lumière, je traverse le couloir et tourne derrière le coude qui abrite la porte de mon voisin de tout à l'heure. Par chance il est tout au fond et aucune porte ne lui fait face, de sorte qu'il est le seul à potentiellement se rendre dans cette partie isolée de l'étage. En me rapprochant de la porte je m'imagine quelques secondes quelle serait ma réaction s'il ouvrait la porte à ce moment et me trouvait là, dans le noir, ma culotte humide et son odeur sans ambiguïté à la main. Je frissonne à la fois de peur et de plaisir, mais les bruits de télévision me garantissent bien vite qu'il est probablement installé confortablement dans son canapé à regarder je ne sais quel film ou série. Je me dépêche alors d'accrocher ma culotte à la poignée de sa porte avant de redescendre les escaliers quatre à quatre et de me réfugier dans ma chambre.
Les parents ne sont pas encore rentrés et je suis épuisée par ma séance d'un nouveau genre, j'avertis Enzo de ne pas me déranger et que je vais dormir, je ne sais pas s'il m'entend ou s'il s'en fout mais en tout cas je n'obtiens aucune réponse. Allongée dans mon lit je regarde quelques minutes les lives insta de Nawel et Cynthia, elles ont l'air de bien s'amuser ces deux-là, la soirée à l'air tentante mais je suis trop épuisée pour les rejoindre. Ma vision ne tarde pas à se brouiller et je finis par me laisser submerger par la lourdeur du sommeil.
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