Récits érotiques de la mythologie (31) : Calypso
Récit érotique écrit par Olga T [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur femme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 20-05-2024 dans la catégorie A dormir debout
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Récits érotiques de la mythologie (31) : Calypso
"Cet homme seul, désirant le retour et sa femme,
La nymphe divine, Calypso, le retient, divine entre les déesses,
Dans ses cavernes creuses, brûlant d’en faire son époux."
Homère, Odyssée, 1, 14.
***
Les œuvres d’Homère, en particulier « l’Odyssée », sont une source précieuse pour cette rubrique.
Dans cette série « récits érotiques de la mythologie », j’ai déjà évoqué les personnages « homériques » suivants :
• (2) « Hélène de Troie, l’adultère » (17 novembre 2017)
• (5) « Clytemnestre, adultère et meurtrière » (14 mars 2018)
• (6) « Cassandre, la victime » (1er juin 2018)
• (14) : « Circé et le mythe de la femme fatale » (9 septembre 2019).
• (15 « Electre et Myrrha » (15 octobre 2019)
• (16) « Les sirènes et le pouvoir de la séduction » (9novembre 2019)
Dans la mythologie grecque, Calypso est une nymphe de la mer, ayant, par amour, retenu auprès d'elle Ulysse, pendant sept des dix années de son voyage retour de Troie à Ithaque. Calypso est un personnage emblématique de l’Odyssée d’Homère : elle retarda considérablement le retour du héros dans sa patrie, Ithaque. Sa personne et son statut paradoxal ont inspiré de nombreuses réflexions et représentations : elle est une nymphe puissante car divine, mais incapable de gagner le cœur de l’homme qu’elle aime.
***
LA JOLIE NYMPHE
Calypso « aux belles boucles » passe pour être une jolie nymphe, fille d'Atlas, selon Homère et le pseudo-Apollodore. Hésiode la range quant à lui parmi les Océanides. Apollodore place également une Calypso dans sa liste des Néréides. Au sujet des Néréides, je renvoie à la publication faite le 2 octobre 2023 : « (29) : les Grâces et les Néréides. »
Le poète du « Catalogue des femmes » lui prête des amours mystérieuses mais prolifiques avec Hermès, dont elle aurait eu le peuple entier des Céphalléniens ! Le « Catalogue », dont on attribue l’écriture au poète Hésiode, au cours du VIIème siècle avant notre ère, retraçait la généalogie d'héroïnes mythologiques célèbres et de leurs descendants, mêlant dieux et mortels. Il constitue une source importante pour l'étude des mythes grecs archaïques.
Selon certaines traditions, elle aurait eu deux fils d’Ulysse, à savoir Nausinoos et Nausithoos.
La présentation de Calypso dans l’Odyssée est assez ambivalente. Le texte insiste sur sa divinité : elle est une « nymphe auguste », « divine parmi les déesses ». On souligne sa beauté, notamment sa beauté capillaire : elle est la « nymphe aux belles boucles » ou « bien coiffée ».
Mais c’est aussi un personnage décrit comme rusé, parfois perfide. Quand elle annonce sa décision de le laisser partir à Ulysse, celui-ci commence d’ailleurs par se méfier, faisant preuve de sa fameuse intelligence rusée, la mêtis. Calypso est aussi présentée comme dangereuse et terrible. Sa puissance se manifeste quand elle fait souffler les brises au départ d’Ulysse.
Cette puissance est sûrement ce qui lui permet de retenir Ulysse si longtemps sur son île. À plusieurs reprises, le texte homérique souligne que le héros ne reste que par nécessité, parce qu’elle le garde. Cette nécessité est liée à l’envie impérieuse qu’a la nymphe d’en faire son époux. Malgré lui, Ulysse la rejoint donc chaque nuit dans ses cavernes car quand les deux volontés s’affrontent, c’est la nymphe qui l’emporte.
***
UNE ILE MYSTERIEUSE
La nymphe Calypso est considérée comme la reine de l'île mythique d'Ogygie, où elle vit entourée d'autres nymphes. Les Anciens plaçaient cette ile perdue au large de Ceuta et des colonnes d’Hercule (Gibraltar) ou l’associaient soit à Ogilos, entre le Péloponnèse et la Crète, soit aux îles dans les parages de Crotone et du cap Lacinion. Homère appelle Ogygie « l’île aux deux rives » ou encore le « nombril des mers ».
Sur cette île, Calypso loge dans de grandes cavernes creuses, qu’Homère appelle aussi parfois « palais ». Ces cavernes sont ceintes d’un magnifique jardin. Notre regard y accède en même temps que celui d’Hermès au chant 5 de l’Odyssée : on nous décrit un bois d’aunes, de peupliers, de cyprès, où habitent des oiseaux de terre et de mer, puis des vignes luxuriantes, garnies de grappes et quatre sources qui s’écoulent à travers des prairies où verdoient persil et violettes.
***
SEPT ANS CHEZ CALYPSO
Ulysse rencontre Calypso alors que son périple est déjà bien initié : il a déjà surmonté de nombreux obstacles, survécu aux Sirènes, à Circé, au cyclope Polyphème. Mais après l’épisode des bœufs du Soleil, son embarcation subit une terrible tempête, déchainée par Poséidon, la seconde depuis son départ de Troie. Le navire d’Ulysse dériva jusqu’à Charybde, dans le détroit de Messine, où tout l'équipage fut englouti. Seul Ulysse survécut, accroché à un arbre. Il put enfin s'agripper à une épave, dériva neuf jours, pour atteindre finalement l'île d'Ogygie, où il fut recueilli par Calypso.
Très rapidement elle tomba amoureuse du héros et lui demanda de rester auprès d'elle. Elle lui offrit même l'immortalité et l'éternelle jeunesse, s'il consentait à demeurer près d'elle, dans sa grotte enchantée, décorée de vignes, entourée de bois de peupliers et de cyprès. Mais rien n'y fit : l'amour d'Ithaque et de Pénélope demeurait toujours le plus fort dans le cœur d'Ulysse, qui passait ses journées sur le rivage à contempler la mer, les yeux mouillés de larmes.
Elle réussit à le retenir sur son île pendant sept ans. Ulysse aura donc été retenu par Calypso deux fois plus longtemps que par l'ensemble des autres obstacles placés sur sa route par Poséidon.
***
LE MALHEUR DE CALYPSO
Zeus écoute ce que lui dit sa fille Athéna et envoie Hermès, son fils, le messager des dieux, donner à Calypso l'ordre de relâcher Ulysse. La puissance et la divinité de Calypso ne lui permettent tout de même pas de s’opposer aux volontés de Zeus, le père des dieux.
Auprès d’Hermès, elle tente pourtant de défendre son avenir avec Ulysse. Se comparant aux autres déesses amoureuses, à Aurore qui a aimé Orion, à Déméter qui a aimé Iason, elle dénonce l’injustice des dieux à leur égard. Quand une déesse aime, on s’empresse de lui enlever l’objet de son amour ! Calypso évoque aussi tout ce qu’elle a fait pour Ulysse : elle l’a accueilli, nourri, lui a promis de vivre éternellement jeune à ses côtés. Ce serait juste qu’elle puisse le garder auprès d’elle !
Mais Hermès lui rappelle que le courroux de Zeus est terrible ; elle n’a alors pas d’autre choix que de laisser partir Ulysse. Malgré sa douleur et un enfant qui venait de naître, Calypso obéit. Elle vint avertir le héros qu'il pouvait partir et qu'elle l'aiderait à construire un radeau. Toujours aussi soupçonneux, Ulysse ne voulut pas la croire et il lui demanda de jurer par un serment solennel qu'elle ne cherchait pas son malheur et sa perte sur les flots amers.
Alors Calypso jura sur le Styx, le plus sacré des serments, qu'elle aiderait le héros à construire un radeau, elle lui fournirait du vin du pain et de l'eau nécessaires à sa traversée. Une dernière fois, elle lui proposa de rester sur son île au lieu de courir vers de nouveaux dangers et, une nouvelle fois, il souhaita revoir son épouse et sa patrie. En quatre jours, le radeau fut prêt ; le cinquième jour la divine Calypso, après l'avoir baigné et habillé de vêtements parfumés le renvoya de l'île et elle lui donna un vent doux et propice.
Calypso ne put se consoler du départ d'Ulysse. Sa grotte ne résonnait plus de son chant ; les nymphes qui la servaient n'osaient lui parler. Calypso mourut de chagrin quelques temps plus tard, inédit pour une déesse censée être immortelle !
***
LE MYTHE DE CALYPSO : LA BEAUTE NE SIGNIFIE PAS LE BONHEUR
La puissance de Calypso est limitée par les mystères du cœur humain. L’amour d’Ulysse, malgré tous ses efforts, reste entièrement dévoué à la sage Pénélope, son seul amour. Même si le héros admet que sa mortelle épouse serait à côté de la nymphe sans grandeur, ni beauté, c’est pourtant bien vers elle qu’il désire à tout prix rentrer. La force de ce désir apparaît dans la tristesse et le désespoir qu’il montre chez Calypso. Il y verse de chaudes larmes, tout en désirant à tout prix rentrer auprès de son épouse.
La belle Calypso aime Ulysse. Ses pouvoirs lui permettent de le retenir sur son ile et d’obtenir son étreinte, mais pas son cœur. Ulysse cède à Calypso. Il la baise, mais ne l’aime pas. Son cœur est pris et son amour pour Pénélope reste toujours aussi fort, malgré une si longue séparation. De même, celle-ci lui reste fidèle, résistant aux tentatives des prétendants qu’Ulysse éliminera.
Mythe ou plutôt paradoxe de Calypso, qui fait qu’une si belle femme ne peut avoir ce qu’elle désire. L’attrait physique est une chose, les sentiments en sont une autre.
Dans ce récit mythologique, je comprends Calypso, moi qui ne supporte pas que celui ou celle que je veux ne réponde pas à mon désir. Et, en même temps, romantique invétérée, j’envie Pénélope, qui ne quitta jamais le cœur d’Ulysse. Toute femme n’est-elle pas en même temps Calypso et Pénélope ?
Beaucoup de leçons de vie peuvent être tirées de l’œuvre d’Homère !
***
LA POSTERITE DE CALYPSO
Le personnage de Calypso a fasciné beaucoup de peintres et d’auteurs. Elle a donc une postérité très importante, apparaissant aussi bien dans les « Aventures de Télémaque », de Fénelon, au XVIIe siècle, que dans le pastiche du même titre d’Aragon, que dans le Télémaque travesti de Marivaux, ou encore dans Neuf nuits en compagnie de Calypso de l’écrivain tunisien Tahar Guiga.
C’est aussi un personnage des romans récents de Rick Riordan, qui a notamment écrit le cycle des Percy Jackson. Elle a aussi donné son nom à un poème symphonique d’Adrien Rougier et à un personnage de sorcière dans « Pirates des Caraïbes ». Calypso sait trouver une place dans des modes de narration et des époques très divers.
Dans la peinture, on peut citer le tableau Ulysse et Calypso de Jan Brueghel l’Ancien, datant de 1616, ou encore le Ulysse et Calypso de Arnold Böcklin, qui représente en 1883 Ulysse pleurant sur le cap tandis que la nymphe l’attend dans ses cavernes.
***
PRINCIPALES SOURCES
Outre l’article Wikipédia, j’ai relevé les liens suivants :
• https://mythologica.fr/grec/calypso.htm
• https://odysseum.eduscol.education.fr/calypso-nymphe-puissante-et-mysterieuse
• https://www.mythologie-grecque.fr/divinitesgrecques/calypso
La nymphe divine, Calypso, le retient, divine entre les déesses,
Dans ses cavernes creuses, brûlant d’en faire son époux."
Homère, Odyssée, 1, 14.
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Les œuvres d’Homère, en particulier « l’Odyssée », sont une source précieuse pour cette rubrique.
Dans cette série « récits érotiques de la mythologie », j’ai déjà évoqué les personnages « homériques » suivants :
• (2) « Hélène de Troie, l’adultère » (17 novembre 2017)
• (5) « Clytemnestre, adultère et meurtrière » (14 mars 2018)
• (6) « Cassandre, la victime » (1er juin 2018)
• (14) : « Circé et le mythe de la femme fatale » (9 septembre 2019).
• (15 « Electre et Myrrha » (15 octobre 2019)
• (16) « Les sirènes et le pouvoir de la séduction » (9novembre 2019)
Dans la mythologie grecque, Calypso est une nymphe de la mer, ayant, par amour, retenu auprès d'elle Ulysse, pendant sept des dix années de son voyage retour de Troie à Ithaque. Calypso est un personnage emblématique de l’Odyssée d’Homère : elle retarda considérablement le retour du héros dans sa patrie, Ithaque. Sa personne et son statut paradoxal ont inspiré de nombreuses réflexions et représentations : elle est une nymphe puissante car divine, mais incapable de gagner le cœur de l’homme qu’elle aime.
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LA JOLIE NYMPHE
Calypso « aux belles boucles » passe pour être une jolie nymphe, fille d'Atlas, selon Homère et le pseudo-Apollodore. Hésiode la range quant à lui parmi les Océanides. Apollodore place également une Calypso dans sa liste des Néréides. Au sujet des Néréides, je renvoie à la publication faite le 2 octobre 2023 : « (29) : les Grâces et les Néréides. »
Le poète du « Catalogue des femmes » lui prête des amours mystérieuses mais prolifiques avec Hermès, dont elle aurait eu le peuple entier des Céphalléniens ! Le « Catalogue », dont on attribue l’écriture au poète Hésiode, au cours du VIIème siècle avant notre ère, retraçait la généalogie d'héroïnes mythologiques célèbres et de leurs descendants, mêlant dieux et mortels. Il constitue une source importante pour l'étude des mythes grecs archaïques.
Selon certaines traditions, elle aurait eu deux fils d’Ulysse, à savoir Nausinoos et Nausithoos.
La présentation de Calypso dans l’Odyssée est assez ambivalente. Le texte insiste sur sa divinité : elle est une « nymphe auguste », « divine parmi les déesses ». On souligne sa beauté, notamment sa beauté capillaire : elle est la « nymphe aux belles boucles » ou « bien coiffée ».
Mais c’est aussi un personnage décrit comme rusé, parfois perfide. Quand elle annonce sa décision de le laisser partir à Ulysse, celui-ci commence d’ailleurs par se méfier, faisant preuve de sa fameuse intelligence rusée, la mêtis. Calypso est aussi présentée comme dangereuse et terrible. Sa puissance se manifeste quand elle fait souffler les brises au départ d’Ulysse.
Cette puissance est sûrement ce qui lui permet de retenir Ulysse si longtemps sur son île. À plusieurs reprises, le texte homérique souligne que le héros ne reste que par nécessité, parce qu’elle le garde. Cette nécessité est liée à l’envie impérieuse qu’a la nymphe d’en faire son époux. Malgré lui, Ulysse la rejoint donc chaque nuit dans ses cavernes car quand les deux volontés s’affrontent, c’est la nymphe qui l’emporte.
***
UNE ILE MYSTERIEUSE
La nymphe Calypso est considérée comme la reine de l'île mythique d'Ogygie, où elle vit entourée d'autres nymphes. Les Anciens plaçaient cette ile perdue au large de Ceuta et des colonnes d’Hercule (Gibraltar) ou l’associaient soit à Ogilos, entre le Péloponnèse et la Crète, soit aux îles dans les parages de Crotone et du cap Lacinion. Homère appelle Ogygie « l’île aux deux rives » ou encore le « nombril des mers ».
Sur cette île, Calypso loge dans de grandes cavernes creuses, qu’Homère appelle aussi parfois « palais ». Ces cavernes sont ceintes d’un magnifique jardin. Notre regard y accède en même temps que celui d’Hermès au chant 5 de l’Odyssée : on nous décrit un bois d’aunes, de peupliers, de cyprès, où habitent des oiseaux de terre et de mer, puis des vignes luxuriantes, garnies de grappes et quatre sources qui s’écoulent à travers des prairies où verdoient persil et violettes.
***
SEPT ANS CHEZ CALYPSO
Ulysse rencontre Calypso alors que son périple est déjà bien initié : il a déjà surmonté de nombreux obstacles, survécu aux Sirènes, à Circé, au cyclope Polyphème. Mais après l’épisode des bœufs du Soleil, son embarcation subit une terrible tempête, déchainée par Poséidon, la seconde depuis son départ de Troie. Le navire d’Ulysse dériva jusqu’à Charybde, dans le détroit de Messine, où tout l'équipage fut englouti. Seul Ulysse survécut, accroché à un arbre. Il put enfin s'agripper à une épave, dériva neuf jours, pour atteindre finalement l'île d'Ogygie, où il fut recueilli par Calypso.
Très rapidement elle tomba amoureuse du héros et lui demanda de rester auprès d'elle. Elle lui offrit même l'immortalité et l'éternelle jeunesse, s'il consentait à demeurer près d'elle, dans sa grotte enchantée, décorée de vignes, entourée de bois de peupliers et de cyprès. Mais rien n'y fit : l'amour d'Ithaque et de Pénélope demeurait toujours le plus fort dans le cœur d'Ulysse, qui passait ses journées sur le rivage à contempler la mer, les yeux mouillés de larmes.
Elle réussit à le retenir sur son île pendant sept ans. Ulysse aura donc été retenu par Calypso deux fois plus longtemps que par l'ensemble des autres obstacles placés sur sa route par Poséidon.
***
LE MALHEUR DE CALYPSO
Zeus écoute ce que lui dit sa fille Athéna et envoie Hermès, son fils, le messager des dieux, donner à Calypso l'ordre de relâcher Ulysse. La puissance et la divinité de Calypso ne lui permettent tout de même pas de s’opposer aux volontés de Zeus, le père des dieux.
Auprès d’Hermès, elle tente pourtant de défendre son avenir avec Ulysse. Se comparant aux autres déesses amoureuses, à Aurore qui a aimé Orion, à Déméter qui a aimé Iason, elle dénonce l’injustice des dieux à leur égard. Quand une déesse aime, on s’empresse de lui enlever l’objet de son amour ! Calypso évoque aussi tout ce qu’elle a fait pour Ulysse : elle l’a accueilli, nourri, lui a promis de vivre éternellement jeune à ses côtés. Ce serait juste qu’elle puisse le garder auprès d’elle !
Mais Hermès lui rappelle que le courroux de Zeus est terrible ; elle n’a alors pas d’autre choix que de laisser partir Ulysse. Malgré sa douleur et un enfant qui venait de naître, Calypso obéit. Elle vint avertir le héros qu'il pouvait partir et qu'elle l'aiderait à construire un radeau. Toujours aussi soupçonneux, Ulysse ne voulut pas la croire et il lui demanda de jurer par un serment solennel qu'elle ne cherchait pas son malheur et sa perte sur les flots amers.
Alors Calypso jura sur le Styx, le plus sacré des serments, qu'elle aiderait le héros à construire un radeau, elle lui fournirait du vin du pain et de l'eau nécessaires à sa traversée. Une dernière fois, elle lui proposa de rester sur son île au lieu de courir vers de nouveaux dangers et, une nouvelle fois, il souhaita revoir son épouse et sa patrie. En quatre jours, le radeau fut prêt ; le cinquième jour la divine Calypso, après l'avoir baigné et habillé de vêtements parfumés le renvoya de l'île et elle lui donna un vent doux et propice.
Calypso ne put se consoler du départ d'Ulysse. Sa grotte ne résonnait plus de son chant ; les nymphes qui la servaient n'osaient lui parler. Calypso mourut de chagrin quelques temps plus tard, inédit pour une déesse censée être immortelle !
***
LE MYTHE DE CALYPSO : LA BEAUTE NE SIGNIFIE PAS LE BONHEUR
La puissance de Calypso est limitée par les mystères du cœur humain. L’amour d’Ulysse, malgré tous ses efforts, reste entièrement dévoué à la sage Pénélope, son seul amour. Même si le héros admet que sa mortelle épouse serait à côté de la nymphe sans grandeur, ni beauté, c’est pourtant bien vers elle qu’il désire à tout prix rentrer. La force de ce désir apparaît dans la tristesse et le désespoir qu’il montre chez Calypso. Il y verse de chaudes larmes, tout en désirant à tout prix rentrer auprès de son épouse.
La belle Calypso aime Ulysse. Ses pouvoirs lui permettent de le retenir sur son ile et d’obtenir son étreinte, mais pas son cœur. Ulysse cède à Calypso. Il la baise, mais ne l’aime pas. Son cœur est pris et son amour pour Pénélope reste toujours aussi fort, malgré une si longue séparation. De même, celle-ci lui reste fidèle, résistant aux tentatives des prétendants qu’Ulysse éliminera.
Mythe ou plutôt paradoxe de Calypso, qui fait qu’une si belle femme ne peut avoir ce qu’elle désire. L’attrait physique est une chose, les sentiments en sont une autre.
Dans ce récit mythologique, je comprends Calypso, moi qui ne supporte pas que celui ou celle que je veux ne réponde pas à mon désir. Et, en même temps, romantique invétérée, j’envie Pénélope, qui ne quitta jamais le cœur d’Ulysse. Toute femme n’est-elle pas en même temps Calypso et Pénélope ?
Beaucoup de leçons de vie peuvent être tirées de l’œuvre d’Homère !
***
LA POSTERITE DE CALYPSO
Le personnage de Calypso a fasciné beaucoup de peintres et d’auteurs. Elle a donc une postérité très importante, apparaissant aussi bien dans les « Aventures de Télémaque », de Fénelon, au XVIIe siècle, que dans le pastiche du même titre d’Aragon, que dans le Télémaque travesti de Marivaux, ou encore dans Neuf nuits en compagnie de Calypso de l’écrivain tunisien Tahar Guiga.
C’est aussi un personnage des romans récents de Rick Riordan, qui a notamment écrit le cycle des Percy Jackson. Elle a aussi donné son nom à un poème symphonique d’Adrien Rougier et à un personnage de sorcière dans « Pirates des Caraïbes ». Calypso sait trouver une place dans des modes de narration et des époques très divers.
Dans la peinture, on peut citer le tableau Ulysse et Calypso de Jan Brueghel l’Ancien, datant de 1616, ou encore le Ulysse et Calypso de Arnold Böcklin, qui représente en 1883 Ulysse pleurant sur le cap tandis que la nymphe l’attend dans ses cavernes.
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PRINCIPALES SOURCES
Outre l’article Wikipédia, j’ai relevé les liens suivants :
• https://mythologica.fr/grec/calypso.htm
• https://odysseum.eduscol.education.fr/calypso-nymphe-puissante-et-mysterieuse
• https://www.mythologie-grecque.fr/divinitesgrecques/calypso
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26 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Merci chère Micky. Passion et fidélité sont ici antinomiques en effet.
Merci, Julie, Luc, Roland, Didier, pour tes ces commentaires qui font chauds au coeur. Je vous rassure, j'ai bien l'intention de continuer et de n'attacher aucune importance aux inquisiteurs et aux malfaisants.
Vu ses origines, Olga ne pouvait pas passer à côté de Calypso, figure mythologique dont elle restitue la personnalité avec bonheur. On lira aussi la dualité entre passion et fidélité...
Je suis comme Julie. je ne viens sur HDS que pour lire les textes d'Olga, la suivant depuis très longtemps
Luc
Luc
@Dyonisia,
Olga a raison vous avez bien bien développé la portée du paradoxe de ce mythe en nous livrant cette excellente réflexion sur l’amour et le désir…
@Olga,
Partageant évidemment la vision de Briard sur tes écrits, dont je suis, comme Julie, un fan inconditionnel, j’ajouterai pour ma part que des écrits de qualité méritent des commentaires de qualité. Et je pense que tu peux compter sur nous tes fidèles lecteurs pour cela.
Je finirai en te disant, fais fi de ces inquisiteurs dont parle Rolland, que j'appelle moi des malfaisants, et continue à nous émerveiller avec tes magnifiques et enrichissants écrits.
Didier
Olga a raison vous avez bien bien développé la portée du paradoxe de ce mythe en nous livrant cette excellente réflexion sur l’amour et le désir…
@Olga,
Partageant évidemment la vision de Briard sur tes écrits, dont je suis, comme Julie, un fan inconditionnel, j’ajouterai pour ma part que des écrits de qualité méritent des commentaires de qualité. Et je pense que tu peux compter sur nous tes fidèles lecteurs pour cela.
Je finirai en te disant, fais fi de ces inquisiteurs dont parle Rolland, que j'appelle moi des malfaisants, et continue à nous émerveiller avec tes magnifiques et enrichissants écrits.
Didier
Je suis d'accord avec Briard. Peu importe le nombre de lecteurs, il faut penser à ceux qui aiment tes textes, Olga. Pour ma part, je ne viens sur HDS que pour eux!
Julie
Julie
Il y a hélas ici aussi et je dirais ici surtout, de terribles inquisiteurs, Olga.
Mais revenons à Calypso. Ce texte m'a rappelé un voyage à Malte où j'avais eu la chance, guidé par un maltais de mes amis, pas Corto Maltese bien sûr, de me rendre à la grotte dont les légendes maltaises font celle de Calypso où Ulysse resta des années, sur l'île de Gozo, que j'aime beaucoup. Je dois dire que si j'ai déjà vu des grottes plus vastes et confortables, celle-ci est fort bien située, à flan de falaise, avec juste en bas une superbe plage de sable fin, rareté dans ces contrées et devant cette méditerranée si bleue ce jour-là. Pour y accéder, sur le plateau juste au dessus, nous avons dû marcher sur un champ de câpriers en fleurs, des milliers de petites fleurs bleues magnifiques.
Et sur le mythe, tu as raison de dire qu'il s'agit de l'un des rares récits homériques où l'homme parvient à triompher sinon des dieux, du moins d'une demi-déesse, ce qui n'est pas rien. La leçon est que l'homme, quand il veut bien faire preuve de courage, peut ne pas subir son destin.
Leçon qui aujourd'hui, me semble-t-il, a été oubliée.
Merci Olga de ces exemples mythiques et/ou historiques capables de nous aider à réfléchir à notre propre condition.
Roland
Mais revenons à Calypso. Ce texte m'a rappelé un voyage à Malte où j'avais eu la chance, guidé par un maltais de mes amis, pas Corto Maltese bien sûr, de me rendre à la grotte dont les légendes maltaises font celle de Calypso où Ulysse resta des années, sur l'île de Gozo, que j'aime beaucoup. Je dois dire que si j'ai déjà vu des grottes plus vastes et confortables, celle-ci est fort bien située, à flan de falaise, avec juste en bas une superbe plage de sable fin, rareté dans ces contrées et devant cette méditerranée si bleue ce jour-là. Pour y accéder, sur le plateau juste au dessus, nous avons dû marcher sur un champ de câpriers en fleurs, des milliers de petites fleurs bleues magnifiques.
Et sur le mythe, tu as raison de dire qu'il s'agit de l'un des rares récits homériques où l'homme parvient à triompher sinon des dieux, du moins d'une demi-déesse, ce qui n'est pas rien. La leçon est que l'homme, quand il veut bien faire preuve de courage, peut ne pas subir son destin.
Leçon qui aujourd'hui, me semble-t-il, a été oubliée.
Merci Olga de ces exemples mythiques et/ou historiques capables de nous aider à réfléchir à notre propre condition.
Roland
Merci Briard. J'essaie de poursuivre cet effort que tu soulignes: offrir des textes de qualité aux lecteurs et lectrices de HDS. Sur le site, il y a hélas beaucoup de textes mal écrits, pleins de fautes d'orthographe et de grammaire et, quelquefois limites au regard de la Charte du site.
Je reste fidèle à HDS car y publier est moins contraignant que sur d'autres sites où règnent de véritables inquisiteurs. Je ne donne pas de nom mais tu sais de quoi je parle.
Évidemment, ici j'ai une audience limitée, mais un public fidèle, qui lit et commente mes textes.
Je reste fidèle à HDS car y publier est moins contraignant que sur d'autres sites où règnent de véritables inquisiteurs. Je ne donne pas de nom mais tu sais de quoi je parle.
Évidemment, ici j'ai une audience limitée, mais un public fidèle, qui lit et commente mes textes.
J'ai déjà à plusieurs reprises évoqué la qualité du contenu et la richesse historique de tes récits, Olga. Je vais aujourd'hui évoquer la forme. Je constate une évolution avec la présentation des textes, ils sont plus aérés, ce qui facilite la lecture, les paragraphes sont bien détachés les uns des autres et chacun a son titre. Enfin, il y a un véritable travail grammatical avec, notamment ici, des alliances de temps intéressantes (le présent et le passé simple entre autres). Mon seul regret, mais tu n'y es pour rien hélas, c'est qu'il soit au milieu d'un fatras de textes plus affligeants les uns que les autres sur un site qui s'est considérablement dégradé. Alors, c'est selon, soit tes écrits relève le niveau, soit tu es l'exception qui confirme la règle que, décidément, HDS est tombé bien bas. J'espère que mon "coup de coeur-coup de gueule" ne te découragera pas et que tu continueras à nous offrir tes merveilleux récits. Briard
@ Dyonisia, tu as parfaitement présenté la portée du mythe de Calypso, j'allais dire de son paradoxe.
Laeti a raison de souligner l’ambiguïté d'être dieu ou déesse (de statut mineur, toutefois) dans la Mythologie. Mais il faut que le destin du Héros s'accomplisse, la sage Athéna y veille, d'ailleurs, quitte à devoir le rappeler à son Zeus de père.
Calypso ne peut gagner le cœur d'Ulysse et se résigne : l'amante possessive a perdu, certes, mais avec quelle sublime élégance ! Ulysse lui en est-il reconnaissant ? A peine, il ne songe qu'à retrouver sa chère Pénélope (pour peu de temps, du reste, avant de repartir, sa rame sur l'épaule). On peut y voir une ode à l'amour conjugal.
Mais peut-être l'aède voulait-il instiller le doute dans l'esprit de ses auditeurs : l'amour de Calypso à l'égard d'Ulysse n'est-il pas plus grand que celui de Pénélope ? Après tout, la mortelle ne fait preuve que d'une, admirable, fidélité d'épouse, alors que la nymphe, dans la sincérité de sa passion, va jusqu'à l'abandon de son immortalité.
Calypso ne peut gagner le cœur d'Ulysse et se résigne : l'amante possessive a perdu, certes, mais avec quelle sublime élégance ! Ulysse lui en est-il reconnaissant ? A peine, il ne songe qu'à retrouver sa chère Pénélope (pour peu de temps, du reste, avant de repartir, sa rame sur l'épaule). On peut y voir une ode à l'amour conjugal.
Mais peut-être l'aède voulait-il instiller le doute dans l'esprit de ses auditeurs : l'amour de Calypso à l'égard d'Ulysse n'est-il pas plus grand que celui de Pénélope ? Après tout, la mortelle ne fait preuve que d'une, admirable, fidélité d'épouse, alors que la nymphe, dans la sincérité de sa passion, va jusqu'à l'abandon de son immortalité.
Merci Laeti!
Nymphe donc divine, incapable de gagner le coeur dd l’humain qu’elle désire.
Toute l’ambiguïté du statut divin dans la mythologie grecque en une phrase.
Récit passionnant…
Laeti
Toute l’ambiguïté du statut divin dans la mythologie grecque en une phrase.
Récit passionnant…
Laeti
Merci Ber77!
J’aime découvrir la mythologie à travers ces textes toujours bien documentés.
Merci Olga
Ber77
Merci Olga
Ber77
@ Steph, exact, mais, comme tu le dis, rien à voir avec la nymphe de l'Odyssée :-)
Exact: le calypso, également appelé kaiso, est un genre musical étroitement associé au carnaval, ayant émergé à Trinité-et-Tobago et qui s’est répandu dans le reste des Antilles et au Venezuela. Mais rien à voir avec la nymphe :-)
Steph et Jp
Steph et Jp
Merci à Maurice, au lecteur anonyme et à Dyonisia.
@ Maurice, c'est aussi une danse. Je laisse le soin aux lecteurs de nous en dire davantage.
@ Dyonisia, merci, ma chère muse! Reste à savoir si Calypso fur sage ou se laissa guidée par la passion.
@ Maurice, c'est aussi une danse. Je laisse le soin aux lecteurs de nous en dire davantage.
@ Dyonisia, merci, ma chère muse! Reste à savoir si Calypso fur sage ou se laissa guidée par la passion.
Amour, passion, contradiction des désirs, rêve et raison, constance et résignation, tout ce qui anime l'humain, pulsions ou sentiments, se trouve illustré dans la Mythologie de la Grèce Antique. Olga nous en présente un nouvel exemple qu'elle propose à notre réflexion, dans le cadre de cette série de Récits érotiques qui est en fait une typologie raisonnée des archétypes qui nous gouvernent.
Eh oui, même une Aphrodite invétérée peut se faire passeuse de leçons de sagesse, et c'est pour ces deux vertus que je l'aime. :)
Eh oui, même une Aphrodite invétérée peut se faire passeuse de leçons de sagesse, et c'est pour ces deux vertus que je l'aime. :)
Merci Olga
Calypso, ça rappelle aussi des chansons!
Maurice
Maurice
@ Didier, @ Luc, je vois que vous tirez l'un et l'autre, une leçon assez proche du mythe de Calypso. Merci pour vos commentaires qui me confirment que ce personnage méritait cette publication et cette réflexion, au-delà du récit d'Homère.
Calypso reste malgré tout un symbole d’amour inconditionnel et d’abnégation. Elle sacrifie son bonheur pour celui de l’homme qu’elle aime. Elle est fascinante tant par sa beauté, que sa voix de miel, tant par sa force de caractère que son sens du sacrifice.
Luc
Luc
Olga,
Avec cette belle chronique mythologique, tu me permets de redécouvrir, en bien, Calypso.
Ayant lu l’Odyssée il y a fort longtemps maintenant, je la haïssais, comme Circée d’ailleurs, tant il est vrai que toutes deux empêchèrent, un temps, Ulysse de rejoindre son épouse, son amour, Pénélope…
N’ayant surement pas le recul nécessaire à l’époque, ton écrit d’aujourd’hui me permet ainsi d’avoir une autre, une nouvelle vision de Calypso, celle de cette nymphe, cette femme amoureuse, qui se laissa mourir par chagrin d’amour.
De ton texte, je retiens surtout le paradoxe du mythe de Calypso, bien résumé par cette phrase « L’attrait physique est une chose, les sentiments en sont une autre. », car il ouvre une véritable réflexion sur le désir de chacun, sur l’amour et sur le sexe…
Une fois encore merci pour cet excellent écrit, si instructif, qui me donne envie de me replonger dans les magnifiques épopées d’Homère.
Didier
Avec cette belle chronique mythologique, tu me permets de redécouvrir, en bien, Calypso.
Ayant lu l’Odyssée il y a fort longtemps maintenant, je la haïssais, comme Circée d’ailleurs, tant il est vrai que toutes deux empêchèrent, un temps, Ulysse de rejoindre son épouse, son amour, Pénélope…
N’ayant surement pas le recul nécessaire à l’époque, ton écrit d’aujourd’hui me permet ainsi d’avoir une autre, une nouvelle vision de Calypso, celle de cette nymphe, cette femme amoureuse, qui se laissa mourir par chagrin d’amour.
De ton texte, je retiens surtout le paradoxe du mythe de Calypso, bien résumé par cette phrase « L’attrait physique est une chose, les sentiments en sont une autre. », car il ouvre une véritable réflexion sur le désir de chacun, sur l’amour et sur le sexe…
Une fois encore merci pour cet excellent écrit, si instructif, qui me donne envie de me replonger dans les magnifiques épopées d’Homère.
Didier
Merci Julie!
J'aime particulièrement tes textes inspirés par la mythologie, en particulier l'Odyssée qui est en effet une source inépuisable.
Au sujet de Calypso, tu as raison de dire que la beauté et la séduction n'est pas tout. A la belle Calypso, Ulysse préférait sa chère Pénélope!
Julie
Au sujet de Calypso, tu as raison de dire que la beauté et la séduction n'est pas tout. A la belle Calypso, Ulysse préférait sa chère Pénélope!
Julie