Récits érotiques de la mythologie (32) : Lady Godiva

- Par l'auteur HDS Olga T -
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Récit libertin : Récits érotiques de la mythologie (32) : Lady Godiva Histoire érotique Publiée sur HDS le 06-11-2024 dans la catégorie A dormir debout
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Récits érotiques de la mythologie (32) : Lady Godiva
Les « Femen », ce groupe de protestation féministe ukrainien, créé en 2008, ont réussi à attirer sur eux l’attention des médias en manifestant seins nus. Une autre femme manifesta de la même manière un millénaire avant elles : Lady Godiva.

Dans cette série de textes, « Récits érotiques de la mythologie », j’ai souhaité retenir, une conception très extensive de la mythologie, ne me limitant pas à la Grèce ancienne et à Rome, ni même à la mythologie de l’antiquité.

Ici, nous sommes entre la légende et l’histoire, avec le mythe de Lady Godiva, selon lequel la belle épouse de Léofric (968-1057), comte de Mercie et seigneur de Coventry, aurait traversé les rues de cette ville à cheval, entièrement nue, afin de convaincre son époux de diminuer les lourds impôts qu'il prélevait sur ses habitants. Bien que dépourvue de tout fondement historique, la chevauchée de Lady Godiva a inspiré de nombreux artistes.

L'histoire est-elle trop belle pour être vraie ? Certains doutent de son authenticité et affirment que cette impudique démonstration n'est que le fruit de l'imagination d'un chroniqueur anglais ayant vécu un siècle après les faits. L'événement a durablement frappé les imaginations, en particulier celle des artistes que l'image de lady Godiva n'a cessé de hanter.

Néanmoins, s'il est aujourd'hui impossible de déterminer si la légende de Godiva s'inspire d'un fait réel ou pas, force est de constater que ce mythe reste très populaire dans le monde anglo-saxon, étant mentionné dans de très nombreux ouvrages d'art : livres, peintures, films, musiques, etc.

***

UNE FORME TRES PARTICULIERE DE RAS LE BOL FISCAL !

Les habitants de Coventry se plaignaient des lourds impôts dont leur seigneur les accablait, pour financer l'embellissement de la ville et les festivités qu'il y donnait.

À plusieurs reprises, Dame Godiva, son épouse, se fit auprès du comte, son, mari, le relais du mécontentement de la population, mais le puissant féodal refusait obstinément de diminuer les taxes. Enfin, las de son insistance, il prétendit accéder à sa demande, à condition qu’elle traverse les rues de Coventry à cheval, entièrement nue. On pense généralement que les longs cheveux de Godiva sont un ajout ultérieur à la légende.

Faisant preuve d’une audace inouïe, Godiva le prit au mot, et traversa la ville, vêtue seulement de ses longs cheveux. Son mari tint parole et supprima les impôts.

Les habitants de la ville furent tous bouleversés, émus et fiers qu’une dame de cette classe ait pu aller jusqu’à de telles extrémités pour défendre leur cause.

On retrouve dans cette légende des thèmes coutumiers, comme ceux du seigneur intransigeant, de la promesse exigée et respectée ou encore des conditions de vie très difficiles. Ce qui est particulier dans cette histoire, en plein Moyen-âge, c’est le courage et l'indépendance d'une épouse anglo-saxonne de la classe aristocratique, qui n’avait pas froid aux yeux.

PLUSIEURS VERSIONS : TOM LE VOYEUR

La forme la plus ancienne de la légende raconte la traversée du marché de Coventry par Godiva, accompagnée par deux chevaliers, alors que le peuple était rassemblé. Cette version est narrée dans « Flores Historiarum » de Roger de Wendover, un chroniqueur anglais du XIIIe siècle, qui citait lui-même un autre auteur plus ancien. Dans cette version, l’humiliation et l’exhibition de Godiva sont publiques.

Une des variantes de la légende veut que les habitants de Coventry, pour montrer leur reconnaissance et leur respect envers leur Dame, se soient tous enfermés chez eux pendant son passage. Seul un curieux, nommé Tom, aurait osé enfreindre la consigne et aurait jeté un coup d'œil à la dérobée ; mais en guise de punition, il devint aveugle sur-le-champ. C'est de là que vient l'expression anglaise « Peeping Tom », ou « Tom le voyeur ».

Une autre version fait du comte Léofric lui-même un voyeur. Le comte aurait épié sa femme par la fenêtre pour se convaincre qu'elle tenait effectivement sa promesse. Volonté d’humilier son épouse contestataire, voyeurisme ou candaulisme refoulé ?

DE LA LÉGENDE AU PERSONNAGE HISTORIQUE

Godiva a bel et bien existé, comme le démontrent plusieurs documents anciens. Elle était veuve quand Léofric l'épousa en 1040. Elle a aidé à la fondation d'un monastère à Stow, Lincolnshire. En 1043, elle persuade son mari de construire un monastère bénédictin à Coventry. Elle est commémorée comme bienfaitrice dans d'autres monastères. Son nom est mentionné parmi ceux des quelques Anglo-Saxons qui conservèrent des terres après la conquête normande de 1066.

Au XIIIe siècle, Édouard Ier, roi d’Angleterre de 1274 à 1307, voulut savoir exactement ce qu'il en était de cette légende. L'étude des annales de Coventry a bien confirmé qu'à partir de 1057, l'impôt n'a effectivement plus été perçu, mais on n'a trouvé aucune preuve que ce fût dû à l'événement devenu légendaire.

LE CORTÈGE DE GODIVA

Le cortège de Godiva, commémoration du tour légendaire, institué en 1678 comme élément de la foire de Coventry, continue encore aujourd'hui. Les participants s'habillent en costumes du XIe siècle. Le défilé commence à partir des ruines de l'ancienne cathédrale et emprunte l'itinéraire suivi autrefois par la courageuse lady, passant bien sûr près de son monument. On y joue des musiques d'époque et divers concours sont organisés, dont le plus populaire est celui de la meilleure lady Godiva. On ne va pas jusqu’à reproduire à l’identique le parcours de Godiva. Seules des femmes y participent mais elles sont vêtues de costumes du XIe siècle. La seule condition, absolue, est d'avoir des cheveux longs et dorés.

DERRIÈRE LE MYTHE

Godiva incarne la sensualité et l’innocence, mais aussi l’émancipation, l’indépendance, le courage, de ces grandes dames du Moyen-âge, aux temps de l’amour courtois, celles qu’ont chanté trouvères et troubadours et qu’a si bien incarné la reine Aliénor d’Aquitaine (lire à ce sujet « Histoires des libertines (10) : « Aliénor d’Aquitaine, une femme libre au temps des cathédrales, texte paru le 12 janvier 2018).

Ce mythe est instructif de la façon dont, en plein Moyen-âge, au moins pour les dames de haut rang, étaient perçues les femmes et leur façon de paraitre. Les gentes dames ne cachaient guère leurs atours, sans aller bien entendu aussi loin que Godiva, qui le fit pour une bonne cause. L’église n’aura de cesse de mettre bon ordre à tout cela !
Au-delà, que retenir de ce mythe ? Il évoque beaucoup de choses.

Il y a d’abord le personnage du mari, le comte Léofric, qui est tout autant despote, pour ne pas dire odieux et cruel, avec ses sujets que dans son foyer. Je relève aussi la perversité de Léofric, qui n’hésite pas à humilier et à exhiber sa jolie épouse.

Faut-il aller jusqu’à faire du comte de Mercie un candauliste refoulé ? On peut observer qu’il se comporte comme le roi Candaule, heureux et fier d’exhiber Nyssia, son épouse, au regard de Gygès (voir « Récits érotiques de la mythologie (1) : Candaule et le candaulisme », mis en ligne le 11 ocobre 2017)). Léofric va plus loin que Candaule, qui n’avait exhibé Nyssia qu’au seul capitaine des gardes. Léofric, lui, l’exposait potentiellement au regard de tous les habitants de Coventry. C’est en ce sens que je vois Léofric comme un héritier du roi de Phrygie, même si leurs destins furent bien différents !

Y-a-t-il aussi, chez la belle Godiva, une part d’exhibitionnisme ? Il faut toutefois rappeler que le défi ne vient pas d’elle, mais de son mari. Ce que l’on peut dire toutefois, c’est qu’elle a accepté et qu’elle n’avait pas froid aux yeux. Mais elle fit avec une incontestable classe, loin des provocations médiatiques.

Il y a également, dans ce mythe, le thème du voyeur, à travers le personnage de « Peeping Tom ». Mais la morale reste sauve, puisque Tom fut puni sévèrement de son audace.
Faut-il enfin faire de Godiva une féministe et d’une certaine façon l’ancêtre des Femen ? Elle fut sans doute la première à se servir de son corps pour défendre une cause et, sans porter le moindre jugement sur les méthodes souvent provocatrices du groupe ultra-féministe créé en Ukraine en 2008, Godiva est d’abord un symbole de dignité, de courage et de pureté.
On retiendra enfin le respect et l’affection des habitants de Coventry pour leur comtesse, puisqu’à l’exception de Tom, tous choisirent de se cloitrer chez eux, refusant de profiter de l’occasion de se « rincer l’œil » et de contribuer à l’humiliation publique de Godiva.
Personnage historique, devenue un mythe féminin, un symbole de courage et de défense des opprimés, la belle Lady Godiva de la légende méritait bien cet hommage !

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PRINCIPALES SOURCES

Outre l’article Wikipédia, j’ai relevé les liens suivants :

• https://mythologica.fr/medieval/godiva.htm
• https://legendica.com/histoires-europeennes/angleterre/lady-godiva
• https://www.contrepoints.org/2012/12/26/109278-lady-godiva-la-femen-dhier-avait-plus-de-classe
• https://www.le-petit-billet.com/lady-godiva/
• https://www.superprof.fr/ressources/arts-appliques/arts-appliques-tous-niveaux/femme-historique-art.html
• https://www.ouest-france.fr/normandie/lady-godiva-femen-du-xie-siecle-2010282
• La légende de dame Godiva (histoire-fr.com)
• Who was Lady Godiva? | HISTORY

Les avis des lecteurs

Je reconnais en John62 un fin gourmand. :) Les coffrets de cette marque sont d'ailleurs illustrées du tableau qui fit la réputation de la Dame.
Plus sérieusement, légende ou réalité - probablement un peu des deux ensemble - cette histoire que nous rappelle fort pertinemment Olga, me parait traduire, sous une forme acceptable pour la société médiévale, la latitude de choix que le droit coutumier germanique, et partant saxon, reconnaissait aux femmes, tout au moins celles de la noblesse, et dont l'héritage perdura en s'affaiblissant au cours du Moyen-Âge.
Comme le souligne aussi Olga, l’Église, "apostolique et romaine", s'employa à y mettre fin. Une constante des fondements monothéistes, semble-t-il, que d'affirmer la prééminence des hommes...

Histoire Erotique
Olga,
Le sujet de cette chronique est à mon avis un excellent choix, car cette histoire mythique est, me semble-t-il, bien connue de tous, et ce même s’il est vrai que pour ma part le nom de Lady Godiva ne me parlait pas sur l’instant. Le fait cependant d’évoquer d’entrée les Femen, m’a permis immédiatement de faire le rapprochement avec la légendaire chevauchée de cette "amazone" dénudée…
C'est une belle présentation que tu nous fait là aussi bien sur le plan mythique qu'historique.
Saches, qu’en parlant de candaulisme, d’exhibitionnisme, de voyeurisme, et de féminisme, je trouve fortes intéressantes tes différentes approches dans ton analyse.
Pour ma part, si je devais en choisir une, j’opterais pour le féminisme même si je trouve le terme prématuré pour l’époque, et inadapté au contexte. Je retiendrai cependant le courage, l’audace et surtout la détermination de cette Lady qui a su, en ce début de moyen-âge dans cette société patriarcale et machiste, relever un sacré défi et braver quelques peu les interdits afin de défendre ses idées et surtout aider les habitants de sa ville…
C’est encore un magnifique écrit, bravo.
Didier

Merci pour tes recherches
Pour moi jusqu'à présent Godiva n'était qu'une marque de chocolat...
En fait c'est aussi une naturiste !



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