Retour des sports d’hiver
Récit érotique écrit par PP06 [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 18-03-2020 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Retour des sports d’hiver
Après avoir lu une histoire d’adultère dont la fin m’a semblé trop belle, comme à mon habitude, j’ai eu envie d’en écrire une autre.
Dans le récit original, Denis le mari ne sait rien de l’infidélité de sa femme Manon... Et s’il l’apprenait, que se passerait-il ?
Après un court, très court résumé, j’ai imaginé comment le couple a évolué après cette infidélité.
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Lors des vacances scolaires de février, son mari ne pouvant prendre de congés, Manon est allée seule avec ses deux filles aux sports d’hiver, au Club Med.
Durant la semaine, elle tombe sous le charme de Jérémy son moniteur de ski qu’elle va rejoindre dans sa chambre tous les soirs, lorsque ses filles sont endormies.
Son mari, Denis, vient chercher sa famille le week end suivant.
Manon raconte.
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Mon mari va arriver. Jérémy est redescendu dans la vallée dans l’après-midi, juste après le cours, pour prendre son jour de repos auprès de sa fiancée, la vraie. Pas de violons ni de larmes quand le cours s’est terminé. On savait tous les deux à quoi s’en tenir : il est fiancé, j’ai un mari.
Il m’a juste demandé mon numéro de portable, m’a dit qu’il passerait par Paris à la fin de sa saison, qu’il m’appellerait. Je le lui ai donné, en pensant qu’il devait avoir un tas d’autres numéros dans son portable, des femmes mariées, de Paris et d’ailleurs, venues passer la semaine au ski avec leurs enfants, sans leur mari. En le lui donnant, je savais ce que je faisais, je changeais de camp, je passais dans celui des épouses infidèles. Ça n’était plus un accident de parcours, un coup de folie passager dû aux circonstances. Ça devenait quelque chose de conscient, accepté par avance.
Pourtant, j’étais heureuse, sincèrement heureuse, quand Denis est arrivé. Il était deux heures du matin. Il avait quitté Paris en fin d’après-midi, à peu près au même moment où Jérémy a quitté le club. L’un partait, l’autre arrivait. Denis venait nous chercher. Il était dans son rôle de mari, et moi dans mon rôle d’épouse en l’embrassant. Denis ne m’a pas fait l’amour. Tant mieux. Ça me donnait un jour de répit, un jour de transition.
Le lendemain matin, nous sommes partis vite. Je ne tenais pas à m’attarder sur les lieux du crime. Trop de regards curieux ou amusés sur Denis lors du petit déjeuner. Pas grave. Des hommes et des femmes que nous ne reverrons plus jamais, lui comme moi.
Il est tôt, dans la voiture les filles continuent leur nuit en s’endormant l’une contre l’autre. Denis conduit, je commence doucement à somnoler, mon esprit rejoint Jérémy et la folle semaine que je viens de vivre. Je ne me reconnais pas, comment ai-je pu tromper mon mari ? Heureusement, il n’en saura jamais rien.
C’était pourtant bien agréable, j’ai retrouvé mon âme d’adolescente.
J’aime mon mari, mais c’était plus fort avec Jérémy, l’attrait de la nouveauté. Les yeux fermés, je sens encore ses mains sur mon corps, ses lèvres sur les miennes, son passage dans mes fesses… je revis ses moments intenses comme dans un rêve, bien calée à côté de mon mari, dans la voiture qui me ramène à la réalité, chez moi.
« Bip, Bip » une sonnerie me tire de ma rêverie, un SMS vient d’arriver. Je fouille dans mon sac pour chercher mon téléphone…En découvrant l’expéditeur, je me fige, Jérémy, je n’ose aller plus loin, je range rapidement mon téléphone sans lire ce qu’il vient d’écrire, je verrais plus tard.
Mon geste n’a pas échappé à mon mari :« - Qui est ce ?
« - Rien, rien d’important.
« - Tu ne réponds pas ?
« - Je verrais tout à l’heure.
Ouf, il ne s’est pas aperçu de mon trouble, j’ai pourtant l’impression d’avoir rougi. Denis est concentré sur la route, plus de peur que de mal, mais quel con Jérémy, il aurait pu attendre demain que je sois seule, il doit bien se douter que nous sommes en voiture.
Notre échange a réveillé les filles, petite diversion :« - Ça va les enfants, bien dormis ?
« - On arrive bientôt ?
« - Il y a encore beaucoup de route, lisez un peu. On va bientôt faire une halte.
Le silence qui s’installe me permet de rejoindre à nouveau Jérémy, j’ai hâte de savoir ce qu’il a pu m’écrire. C’est tout de même gentil de penser à moi. S’il m’annonce qu’il vient à Paris, je le rejoindrai quelque part. Je ne me sens pas infidèle, mais de temps en temps, ça ne bouleversera pas ma vie, juste un petit plus.
Nouveau « Bip, Bip », je blêmi, ce doit être encore lui, sans réponse de ma part, il insiste. Je ne touche pas à mon téléphone.
Encore un « Bip, Bip, ». Non il n’arrêtera pas !
Denis, tout en étant attentif à la route, s’étonne de mon inertie, alors que d’habitude j’en fini jamais d’échanger des messages avec ma sœur.
« - Tu ne regardes pas qui t’écrit ? c’est peut-être urgent.
Zut, il me regarde, je ne suis pas à l’aise, quoi lui dire ? Il faut absolument trouver une bonne excuse. J’attrape mon téléphone de façon machinale, et essaie de prendre la tête de celle que les sms ont tirée du sommeil.
Pas le temps d’ouvrir le premier des 3 messages envoyés par Jérémy, une voix venant de derrière rompt le silence de la voiture :« - C’est ton amoureux ?
Sans penser à mal, ma cadette vient de se joindre à notre conversation.
Silence de plomb, je me fige. La voiture ralenti, Denis aussi accuse le coup, a-t-il bien entendu ? Je n’ose le regarder.
Ma fille attend une réponse :« - Dis maman ?
« - Tais-toi, tu dis des bêtises, tu déranges papa qui conduit.
« - Mais non, ma chérie, laisse-les donc un peu parler.
Je perçois de l’inquiétude dans la voix de Denis. La tête baissée, je regarde mes pieds, la main crispée sur mon téléphone. Denis serre les dents, je devine tout ce qui peut se passer dans sa tête.
Les enfants discutent entre elles, de façon innocente : « - Je te dis que maman a un amoureux,« - Pfff ! bien sûr, je le sais,« - Moi je sais comment il s'appelle, pas toi ...
« - Si je sais… c'est Jérémy, « - Oui, mais moi, je les ai vu se tenir pas la main,« - Ah !
« - Et se faire des bisous, « - Moi aussi, une grosse bise sur la joue,« - Mais non, tu es trop jeune pour comprendre… sur la bouche, comme tous les amoureux.
« - Ah bon !
« - …Je n’arrive pas à endiguer ce flot de paroles. Les filles se disputent un peu, l'une voulant toujours en savoir plus que l'autre.
Denis écoute, sans un mot, il a vite compris. Il est livide. Je le connais, sa colère est bien réelle. Je ne sais quoi dire, quoi faire.
Une aire d’autoroute est annoncée, Denis met son clignotant, aïe, il va falloir s’expliquer.
« - Les filles, arrêt pipi…« - …
Il me faut envoyer un message à Jérémy, pour qu’il arrête. Dans les toilettes je serais tranquille. D’un ton calme et déterminé, Denis réclame mon portable. Je ne veux, je ne peux le lui donner.
Les filles s’étonnent, leur père veut les laisser hors de la dispute qui ne va pas tarder à éclater :« - Maman ne veut pas me montrer les photos des vacances.
« - Oh ! Elle n’est pas gentille.
« - …
Tandis que je fonce aux toilettes avec les filles, Denis l’air renfrogné va de son côté. Une fois installée pour alléger ma vessie, je lis avec plaisir les petits mots doux de Jérémy. Je lui réponds rapidement, lui demandant d’arrêter de m’écrire. Le ton est un peu sec, je n’ai même pas l’idée de lui envoyer un bisou.
Je m’attarde un peu pour me laver les mains, reculant le moment où je vais me trouver face à face avec mon mari.
En sortant, Denis est avec les filles, ils regardent l’appareil photo que nous leur avons offert à Noël. Denis fait défiler les photos, commentées par notre cadette :
« - Là tu vois, c’est moi quand j’ai gagné mon étoile, « - Bravo ma fille.
« - Et derrière c’est Jérémy, l’amoureux de maman, hi hi hi !
Je n’ose m’approcher. Ma fille m’aperçoit, elle en rajoute :« - Maman, moi j’ai montré mes photos à Papa, je suis plus gentille que toi.
Je me sens défaillir, il a vu la photo de Jérémy.
Sans un mot Denis tend la main, cette fois je ne peux me défiler, je lui donne mon téléphone en tremblant. Il lit les derniers messages reçus, pas ceux de Jérémy qu’heureusement je viens d’effacer, mais comme une idiote j’ai oublié d’effacer ma réponse :« Arrête de m’écrire Jérémy, c’est fini, tout est fini. C’était bien, mais je suis mariée, laisse-moi tranquille maintenant ».
Le message est clair. Denis me regarde, la surprise et l’incompréhension se lisent sur son visage. Je baisse les yeux. Il n’a plus de doute, il comprend que je l’ai trompé, il sait qu’il est cocu. Sa mâchoire se crispe, j’ai peur de sa réaction. Je le sens blessé, son regard attristé me bouleverse, je ne voulais pas lui faire de mal, c’est raté.
Plus un mot dans la voiture pendant le reste du trajet. Que le babillement des enfants avant qu’elles ne s’endorment bercées par le ronronnement du moteur.
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Nous arrivons chez nous en fin de journée, les filles sont encore à moitié endormies. J’appréhende de me retrouver seule avec Denis.
Je m’occupe des filles pendant qu’il décharge la voiture.
Après un repas rapide, les filles vont se coucher. Demain repos, mais lundi, il y a école : l’école, le travail, la vie va reprendre comme avant, pas vraiment comme avant, Jérémy est passé par là et Denis le sait.
Denis a l’air abattu. Je suis dans mes petits souliers, il ne dit rien. Son calme me fait peur, j’aurais préféré qu’il crie, qu’il me traite de tous les noms. Je vois qu’il souffre, je me sens coupable du mal que je lui fais.
« - Tu me déçois. Je ne suis pas le premier, ni le dernier à être cocu, mais je n’aurais jamais cru ça de toi… Tu ne m’aimes donc plus ?
« - Pardonne-moi mon chéri, j’ai perdu la tête. Je t’aime.
« - …« - Dis quelque chose… engueule-moi.
« - Ça servirait à quoi ? Tu as trahi ma confiance… c’est tellement banal, une maman seule avec ses enfants, le moniteur de ski… un roman de gare.
« - ….
« - Que désires-tu ? Que je demande le divorce, pour te laisser à ton Jérémy.
« - Non, je ne l’aime pas, c’est toi que j’aime, et je suis certaine que tu m’aimes encore.
« - Si je ne t’aimais plus, je souffrirais moins.
« - …« - Toi, tu voudrais qu’on fasse comme s’il ne s’était rien passé.
Timidement :« - Oui.
« - Comme ça, tu pourras continuer à prendre tous les amants que tu veux, le pauvre cocu fera comme si de rien n’était ?
« - Non !
« - Comment te croire, si tu sautes sur le premier homme que tu rencontres, dès que j’ai le dos tourné.
« - …
Dans la salle de bain, tandis que je me douche, je devine le regard de Denis dans le miroir. Me trouve-t-il toujours aussi belle ? Imagine-t-il des mains sur mon corps, des mains qui me donnent du plaisir, … celles de Jérémy ? Celles que moi, j’imagine.
Du lit, il me suit des yeux tandis que j’enfile une petite nuisette. Il éteint la lumière avant même que je ne me glisse dans les draps. Allongés l’un à côté de l’autre comme deux étrangers, il ne me touche pas, n’a-t-il plus envie de moi ? J’aimerais qu’il me caresse, qu’il me fasse oublier.
Il se tourne, se retourne… j’ai envie de lui dire combien je l’aime. A moi l’initiative, je m’approche de lui, sans le toucher j’ose dans un souffle :« - Mon chéri, fais-moi l’amour.
Je sens qu’il hésite… enfin sa main se pose sur moi, sur mon sein… petit à petit ses caresses se font plus précises… Avec encore plus de tendresse, plus de douceur, très attentionné, mon mari reprend possession de mon corps, je lui appartiens. Il me caresse. Je le caresse, je le couvre de baisers, « Je t’aime Denis » … « Viens, j’ai envie de toi » … Je l’embrasse amoureusement, nous ne faisons plus qu’un. Je retrouve les sensations que Jérémy n’a pas pu me faire oublier. Nous jouissons ensemble, à l’unisson.
Rapidement, il s’endort dans mes bras, la fatigue de la route, la tension, …
Mon amour je regrette, je regrette de te faire souffrir. On ne se méfie jamais assez des enfants. Je regrette tellement. Mais pas Jérémy, je ne regrette pas Jérémy, je ne regrette pas les mains de Jérémy, le sexe de Jeremy, les nuits avec Jérémy. J’en frémi encore rien que d’y penser. Denis, tu n’aurais jamais dû savoir.
J’ai quitté Jérémy, il y a à peine deux jours. Pourtant tout me semble déjà si loin, de l’histoire ancienne. Ma vie est ailleurs.
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Aujourd’hui, derniers jours de vacances, inconscientes du drame qui se joue, les filles vont chez leurs copines pour raconter leur séjour au ski, leur montrer leurs médailles.
Denis me presse de questions, il veut tout savoir. J’ai peur de parler, mais il sait, je lui dois la vérité. Vais-je en avoir le courage ?
Assis depuis un moment l’un en face de l’autre, en silence…C’est décidé, je lui raconte ma semaine : l’approche du moniteur pendant les cours, sa technique pour mettre en confiance celle qu’il a choisi, ses confidences, le soir où il m’a invité alors que je ne pensais pas à mal, la tentative de viol quand il m’a sauté dessus… et mon acceptation, les soirées dans sa chambre quand les filles étaient couchées, ma cavalcade dans les couloirs. Je ne veux rien lui cacher, même si j’essaie de minimiser ma responsabilité.
Denis m’a écouté, sans un mot, sans un geste. J’ai maintenant l’impression de subir un interrogatoire :« - Tu as joui avec lui ?
« - Ben oui, sinon je ne serais pas retournée le voir, j’étais envoutée, je ne pensais plus à rien.
« - Tu l’as sucé ?
« - Pourquoi veux-tu ces détails ? Tu te fais du mal pour rien … Oui je l’ai sucé.
« - Il a joui dans ta bouche ?
« - Oh non ! Il n’y a que toi, parce que je t’aime, mais avec lui non, oh non !
« - Il a éjaculé dans ta chatte, au fond de toi ?
« - …« - Au fait, vous vous êtes protégés ?
« - Bien sûr voyons, je ne suis pas folle… lui non plus d’ailleurs. Il avait tout prévu, même la première fois.
« - Comme tous les violeurs pour ne pas laisser de trace…. C’est lui ou c’est toi qui lui enfilais le préservatif ?
« - Toujours lui, je n’aurais pas su faire.
« - Et par derrière ?
« - Tu veux dire… Non, tu le sais, je n’aime pas, je n’allais pas lui laisser faire ce que j’ai toujours refusé.
Un petit mensonge ne nuit pas, autant ménager mon chéri.
« - Et combien ?
« - Je te l’ai dit juste trois soirées, pas plus.
« - Non, combien d’amants… avant.
« - Aucun. C’est la seule fois, il n’y en aura pas d’autres, je te le jure.
« - Tu le connais depuis quand ?
« - Je ne le connaissais pas.
« - Depuis que nous sommes mariés, c’est la première fois que tu pars seule en vacances avec les filles. Bien calculé, tu avais tout prévu pour prendre un amant. Je ne te suffis plus, tu y pensais depuis longtemps ?
« - Pas du tout, que vas-tu chercher. C’est le hasard… Je t’aime, je n’aurais jamais imaginé te tromper.
Suspicieux, Denis ne semble pas convaincu. :« - Donc, il a tenté de te violer ? C’est bien comme ça que ça a commencé ?
« - Oui, je te l’ai dit, c’était sa technique de drague, sinon il n’y aurait jamais rien eu, tu penses bien… tu me connais tout de même.
« - Evidemment, le lendemain, tu es allée porter plainte à la Gendarmerie.
« - …« - Non ? Tu as encore le temps de le faire.
« - Je ne peux pas, ce ne serait pas honnête.
« - Honnête ? C’est toi qui parles d’honnêteté ?
« - … Après j’étais consentante, il ne m’a pas forcée. Il m’a donné du plaisir.
« - Ce n’était que mécanique, un viol reste un viol. Si toutes les femmes réagissent comme toi, les violeurs ont encore de beaux jours devant eux.
« - …« - Alors ?
« - N’insiste pas, je ne peux pas.
Il rajoute d’un air accablé qui me déchire le cœur :« - Tu penses aujourd’hui plus à ton amant, que tu n’as pensé à moi la semaine dernière.
Malheureusement ce n’est pas faux. Mais quoi que je fasse, ce qui est fait est fait, impossible de faire machine arrière.
La journée se passe, lentement, trop lentement, nous nous occupons dans la maison, chacun de son côté. Je l’évite autant que possible, même si je veux le ménager, je n’ai plus la force de répondre à toutes ses questions.
Et soudain « Bip Bip », un message arrive sur mon téléphone, ce doit être ma sœur qui vient aux nouvelles. De suite méfiant, Denis lève la tête, il ne va pas recommencer…
Zut, encore Jérémy. Cette fois, j’arrive à garder mon calme. Il n’a pas compris, pire, il m’envoie sa photo en pied, nu, la bite bien raide. Un frisson me parcoure, il est vraiment pas mal, ça me fera un beau souvenir. Avec ce simple mot : « Ne me dit pas que tu as déjà oublié ? ».
Je n’ai rien oublié… sauf Denis qui s’est approché, et sans que j’aie le temps de faire le moindre geste, regarde l’écran par-dessus mon épaule.
Lui qui, tout compte fait, était resté relativement calme jusque-là, il pète les plombs, toute ma diplomatie depuis hier est réduite à zéro. Il crie, m’injurie, devient grossier. Il m’arrache le téléphone des mains, se permet de lire tous mes messages, c’est la première fois qu’il me fait une telle scène de jalousie… Comment puis-je l’en blâmer, alors qu’il a sous les yeux la photo de mon amant nu. Il a beau être gentil…n’en demandons pas trop.
Je culpabilise un peu, et Jérémy qui ne m’aide pas beaucoup.
Avec rage, je le vois écrire un SMS sur Mon tel :« - Que fais-tu ?
« - …Je lis ce qu’il vient d’envoyer « foutez la paix à ma femme ! ». Ouf, pas trop méchant, Jérémy va comprendre, aux moins je n’aurais pas à répondre.
« - On va nettoyer ton téléphone.
Sans rien me demander, Denis efface plusieurs messages dont beaucoup n’ont rien à voir avec Jérémy, il efface son numéro du répertoire, et s’attaque aux photos, Il y en a plusieurs où on voit Jérémy parmi les autres skieurs, aucune de nous deux, j’avais fait attention. Denis efface, efface, dès qu’il a le moindre doute. Chaque clic me fend le cœur, mais je n’ose l’interrompre.
« - Non pas celle-là, c’est celle des filles avec leurs médailles« - Dommage pour elles, mais c’est bien lui là derrière.
Et hop, finie la photo des filles.
« - Et demain, tu changes ton numéro.
Il fonce dans la chambre des filles. Quoi encore ? Il revient avec leur appareil photo« - Là aussi il y a du tri à faire.
Exit les photos où il croit voir Jérémy.
« - Elles ne vont pas être contentes.
« - C’est ta faute, tu n’as à t’en prendre qu’à TOI.
Il s’en va dans son bureau, me laissant abasourdie par ce nettoyage frénétique.
Le soir, au lit, je le retrouve plus calme, plus détendu. Il me caresse, plein de tendresse, m’embrasse, sa colère a disparu. Je suis heureuse, il m’aime encore. Nous faisons l’amour rapidement, je m’endors apaisée entre ses bras.
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Lundi matin, ouf, la semaine commence, je vais pouvoir quitter l’atmosphère lourde de la maison, ça nous changera l’esprit à tous les deux.
En rentrant le soir, je suis plus décontractée, mais Denis fait toujours la même tête. Il m’annonce :« - Tiens voilà ton nouveau numéro, je suis passé chez Orange, « - Mais plus personne ne va pouvoir me joindre,« - Débrouille-toi, lui au moins il ne pourra plus.
Je réalise que je ne saurais jamais si Jérémy désirera me recontacter lors d’un passage à Paris, comme il me l’a promis. Et moi, aurais-je alors eu envie de le revoir ? Mais c’est certainement mieux ainsi, l’histoire est finie, bien finie.
Tandis que je m’affaire à envoyer des SMS à tout mon répertoire pour leur communiquer mon nouveau numéro. J’entends Denis qui téléphone ?
« - Allo Sylvia… c’est Denis,
Quoi ? son ex… Au seul nom de Sylvia, je suis morte de jalousie. J’écoute ce qu’il a à lui dire.
« - Comment vas-tu ?
« - …« - Prendre de tes nouvelles« - …« - Oh, c’est triste. Si tu veux nous pourrions déjeuner ensemble… disons demain ?
« - …« - Ok d’accord, je passe te chercher.
Il raccroche. Je ne le quitte pas des yeux.
« - Tu vas revoir Sylvia ? Pourquoi ?
« - Pour rien ma chérie, juste pour parler du bon vieux temps.
« - …
Ce soir-là, il ne me prend pas dans ses bras quand nous nous couchons. J’ai peur…
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Ma journée n’a pas été de tout repos, surtout à midi, mon esprit a gambergé, impossible de me concentrer sur mes dossiers, se sont-ils vraiment vus ? A peine rentrée, je lui saute dessus pour savoir, enfin je lui saute au coup pour lui faire une grosse bise, en espérant qu’il va me dire, car je n’ose lui poser la moindre question.
Il comprend mon attente, et sarcastique, c’est lui qui parle le premier :« - Tiens, Sylvia t’envoie son bonjour.
« - …« - Toujours aussi belle, mais la pauvre, elle divorce.
« - …« - Son mari avait une maitresse, elle ne l’a pas supporté, elle est partie avec les enfants.
« - Le salaud.
« - Et oui, encore un traitre. Elle aura la garde des enfants. En général, les juges ne donnent pas la garde au conjoint qui a les tords.
J’accuse le coup. Ce n’est pas tout à fait exact, mais son message est clair. Timidement :« - Tu comptes la revoir ?
« - Oui bien sûr, elle va avoir besoin de soutien.
« - …
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Le traintrain quotidien reprend rapidement le dessus, boulot, ménage, l’école des filles…
Deux jours plus tard, j’annonce à Denis, que le lendemain, je reprends mes cours de gym, j’irais directement à la salle de sport après le bureau. Il n’est pas surpris, je fais de la gym depuis des années, ce qui me permet de garder mon corps de rêve.
Denis, sans lever les yeux de sa tablette, ne peut s’empêcher de faire une réflexion :« - D’accord, pas de problème, comme ça j’aurais quartier libre, « - Ben non, il faut garder les filles,« - Ne penses-tu pas qu’elles sont assez grandes pour se garder toutes seules ?
« - Non voyons, elles sont encore trop jeunes, elles n’aimeraient pas qu’on les abandonne.
« - Tu les as bien abandonnées toi, toutes les nuits, pour rejoindre ton amant.
Je sursaute :« - Jamais toute la nuit, je te l’ai dit, juste la soirée.
« - Ok juste la soirée. Tu crois qu’elles étaient plus en sécurité là-bas que chez nous ?
« - …« - Elles auraient pu avoir un accident, ou se réveiller et avoir peur de se retrouver toute seule. Tu n’as même pas pensé à elles.
« - Si j’y pensais, j’attendais qu’elles soient endormies, et après je rentrais en courant pour les retrouver.
« - Après oui… après.
« - …
Je m’y attendais, comme toutes les semaines, il est resté à la maison pour garder nos filles, tandis que j’allais à ma séance de gym. Il s’est toujours très bien occupé d’elles, même toutes petites. C’est un père modèle, un amour.
Le lendemain, les filles m’ont raconté leur soirée. Elles adorent rester seule avec leur père. Ils ont joué toute la soirée, pas besoin d’allumer la télé, petite dinette et au dodo après leur avoir raconté une histoire, son rituel depuis leur naissance. Un vrai papa poule.
Il a même eu le temps de préparer un petit repas pour nous deux. En voyant la table mise, je lui ai adressé mon plus beau sourire, il est merveilleux mon mari.
Une fois glissés sous les draps, nous avons fait l’amour, simplement, avec amour.
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La semaine touche à sa fin. En rentrant du travail, il m’annonce qu’il a décidé de prendre quelques jours de repos pour réfléchir.
« - Mais où veux-tu qu’on aille ?
« - Pas on, moi tout seul.
Je deviens pâle :« - Que comptes tu faire ?
« - …« - Tu pars avec cette Sylvia ?
« - …Pas de réponse, devant son air buté je n’insiste pas.
Vendredi après le travail, sa valise est prête. Au moment de passer la porte, je lui dis un trémolo dans la voix :« - Fais attention sur la route mon chéri.
Une bise rapide, le voilà parti.
Pendant trois jours, je suis rongée d’angoisse : où est-il ? Est-il seul ? Que fait-il ? Pourvu qu’il revienne… Je peux comprendre qu’il ait besoin de réfléchir, de faire le point. Je voudrais lui faire confiance, mais je tremble.
Il est très tard quand il rentre dimanche soir. En m’embrassant, il doit remarquer mes yeux rouges, cernés. En silence, je défais sa valise machinalement. Je ne peux m’empêcher de le questionner :« - Qu’as-tu fait ce week end, je commençais à m’inquiéter. Tu étais avec une femme ? Avec Sylvia ?
« - …« - Dis-moi, expliques moi au moins, moi je t’ai tout dis.
« - Je suis allé à la montagne, au club Med… Tout seul si tu veux savoir.
« - Quoi ? tu es retourné là-bas ? Pour quoi faire ?
Il me raconte :« - Je voulais voir, pour essayer de comprendre. J’ai occupé ta chambre, du moins celle où tu aurais dû dormir.
« - …« - J’ai tout vu, le quartier des employés, les couloirs… « - Et ?
« - Lui ? Je l’ai juste aperçu… Dis donc, tu l’as trouvé au jardin d’enfants ? C’est du détournement de mineur.
« - …« - Rassure-toi je ne lui ai pas parlé.
Ouf !
« - Mais pourquoi ? ça t’a servi à quoi ?
« - J’avais simplement besoin de voir, voir l’endroit où tu m’avais trompé. Cette petite virée n’a pas été inutile.
Il m’intrigue, je le laisse poursuivre :« - J’ai aussi rencontré un homme, dans un café où je noyais mon chagrin dans un verre de vin chaud. Nous avons discuté, je me suis un peu confié, de ma détresse, … de ta traitrise.
« - Quoi ? Tu lui as parlé de nous ? Tu t’es confié à un inconnu ?
« - Toi, tu as bien baisé avec un inconnu.
« - …« - C’était un journaliste du canard local, l’histoire a semblé l’intéresser. Très content des infos que je lui donnais sur les activités du club Med. Je lui ai tout raconté, en minimisant ta faute j’avais honte, mais en expliquant le piège du viol, sa technique pour draguer toutes les semaines une nouvelle femme.
Je me doute bien ne pas être la seule. Mais dis comme ça, j’ai l’impression de n’être plus qu’un simple numéro.
« - Tu lui as dit qui c’était ?
« - Bien sûr, son nom Jérémy L., le club Med, sa fiancée… tout… je n’allais pas me gêner.
« - Oh !
« - Il m’a dit qu’il allait se renseigner, voir s’il trouvait quelque chose.
« - …« - Nous nous sommes revus dans l’après-midi. Il m’apprend avoir des copains à la Gendarmerie comme tout bon journaliste. Ton amant fait déjà l’objet d’une plainte et de plusieurs mains courantes, pour agressions sexuelles.
Je blêmi :« - Ce n’est pas possible…« - Et oui ma chérie. Tu n’es pas sa seule conquête, mais il y a encore des femmes honnêtes qui ont le courage de se défendre. Toutes n’ont pas succombé à son charme.
Je ne dis rien.
« - J’ai aussi appris que ton chevalier servant est fiancé.
« - Je le sais.
« - Il doit se marier, les bancs sont publiés.
« - Et alors, il ne me l’a jamais caché.
« - Mais ça ne t’a pas dérangé pour coucher avec le futur marié ? As-tu pensé à elle ?
« - …« - Bravo ton prince charmant, dans la semaine il drague ses clientes naïves pendant qu’il organise son mariage le week end. Belle mentalité.
« - …
Denis poursuit :« - Je n’allais tout de même pas laisser ce salaud s’en sortir à si bon compte.
« - …« - Il a brisé notre couple.
« - Oh non, mon chéri ! Je t’aime tu le sais… Qu’as-tu fait ?
« - Je suis passé à la mairie… J’ai vu les bancs, le mariage est prévu l’été prochain, à la fin des vacances. J’ai aussi récupéré le nom et les coordonnées de la demoiselle.
« - Que veux-tu en faire ?
« - Je l’ai vu, elle est charmante.
« - Quoi ?
« - Elle est serveuse dans une brasserie, il m’a suffi d’aller y boire un verre, mon charme a agi… Nous avons un peu discuté.
Je suis anxieuse :« - Pour dire quoi ?
« - Je lui ai raconté la belle histoire de la femme mariée et du moniteur de ski.
« - …« - Il fallait bien qu’elle sache avec qui elle allait s’engager.
« - Et elle t’a cru ?
« - J’avais une preuve irréfutable.
« - …« - Tu te souviens de la photo que ce con t’a envoyée ? A poil, la bite en l’air. Je me la suis fait suivre avant de l’effacer. Sa fiancée la connaissait bien, c’est elle qui l’a prise. Elle a été très étonnée de savoir que je l’avais récupérée sur ton téléphone. Le petit message qui l’accompagnait a fini de la convaincre.
« - Oh ! tu n’as pas…« - Si …« - Tu n’avais pas le droit.
« - Lui non plus n’avait pas le droit. Et toi, tu avais quel droit ?
« - … « - Dis-moi, si tu avais appris que je baisais ailleurs, comme lui, toutes les semaines pendant nos fiançailles, m’aurais-tu épousé ?
« - …
Pauvre Jérémy… Enfin Denis a raison, tromper sa fiancée comme il le fait, c’est un salaud. Un salaud qui m’a plu, dont j’ai bien profité, mais j’évite d’en faire la remarque.
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Denis aussi a repris ses habitudes, le samedi il va faire du sport.
Un mois a passé. Rentrant de la salle de sport en fin d’après-midi, il me trouve avec mes amies, les 4 inséparables, les 3 mousquetaires ou les 4 doigts de la main, comme nous aimons nous appeler en riant.
Bises à toutes, il les connait depuis longtemps, elles étaient à notre mariage.
Il va prendre sa douche, tandis que nous continuons à papoter. Lorsqu’il revient, elles sont sur le point de partir. Petites bises sur le pas de la porte.
« - Bonne soirée, à la semaine prochaine, bisous bisous.
Je suis heureuse, j’ai retrouvé mes amies, avec elles c’est toujours cool et décontracté. De bonne humeur, je fais une grosse bise à Denis. La vie reprend son cours avec les petites joies de tous les jours.
Je débarrasse la table du salon, Denis me suit dans la cuisine :« - C’est quoi la semaine prochaine ?
« - Une petite sortie entre filles, tu sais comme on a l’habitude.
Ça arrive de temps à autre. Cette fois, il veut en savoir plus :« - Qu’avez-vous envisagé de faire ?
« - Tu sais bien, on fait les boutiques, un petit resto. On ne rentre pas très tard, après un dernier verre au pub … on s’éclate comme des folles.
Je le trouve soucieux, pas vraiment à l’aise :« - Ah, bon ! … Alors c’est au pub que vous allez chercher vos amants ?
Je sursaute :« - Qu’est-ce que tu racontes, tu es fou ! Nous sommes mariées toutes les quatre.
Je m’arrête, comprenant que mon argument va se retourner contre moi. Il ne me loupe pas :« - Comme si ça te dérangeait…« - …« - Et bien non, je ne veux pas être cocu une nouvelle fois, tu n’iras pas.
« - Quoi ? Tu ne me fais pas confiance ?
« - La confiance, c’est un mot que je ne connais plus.
« - Mais mon chéri, « - Trouve une excuse, tu ne sortiras pas seule sans moi.
« - Je ne serais pas seule, nous sommes quatre.
« - Si elles veulent se trouver un mec pour la soirée, tant pis pour leurs maris … Toi tu n’iras pas, j’ai déjà donné.
« - Mais…
Il n’a toujours pas digéré ma semaine de vacances, autant arrêter la discussion. Dans l’état où il est, j’ai perdu d’avance, il ne cèdera pas, et la soirée sera gâchée.
Dès le lendemain, je contacte mes amies pour annuler, sans entrer dans les détails. Tant pis pour la soirée, ce n’est que partie remise. Denis n’est pas loin, je le vois tendre l’oreille, est-il satisfait ? Fier de lui ?
Je prends alors conscience que depuis un mois, Denis est devenu suspicieux. Lui qui avait une confiance aveugle, j’ai l’impression qu’il m’espionne.
Il ne manque pas de me faire une réflexion pour le moindre retard, il lève la tête chaque fois que je téléphone, il m’accompagne faire les courses, il ouvre tout le courrier… Je n’ai pas mis de mot de passe sur mon nouveau téléphone, il le regarde de temps en temps, je n’ai rien à cacher, je n’ai plus rien à lui cacher, mais ça m’énerve.
J’en suis certaine maintenant, il est devenu jaloux, terriblement jaloux.
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Cela fait maintenant plus de trois mois, je pense bien à Jérémy de temps à autre quand je suis seule, mais c’est du passé, à peine un vague souvenir. Je suis certaine que Denis y pense plus que moi, mais il ne m’en parle plus. Il faut bien un jour tourner la page. Ce n’était qu’un incident de parcours, comme dans beaucoup de couples. J’espère qu’il l’a compris.
La vie continue avec ses hauts et ses bas, nos étreintes le soir ne sont plus tout à fait ce qu’elles étaient. Il me satisfait toujours, mais c’était mieux… avant.
Laissons le temps faire son œuvre.
Malgré tout, dans la vie de tous les jours, on pourrait croire qu’il ne s’était effectivement rien passé. Pour notre entourage, nos amis, notre famille, tout va parfaitement entre nous. Aucune ombre au tableau.
Ma sœur n’habite pas très loin, elle a deux jumeaux du même âge que nos filles, ils s’entendent comme frères et sœurs. Nous nous voyons souvent, repas dominical, une fois chez l’une une fois chez l’autre. Coup de chance, nos maris s’entendent aussi très bien, passionnés de sport tous les deux.
Un dimanche de mai, nous allons donc déjeuner chez eux. L’ambiance est toujours au beau fixe, les enfants jouent entre eux, se chamaillent, nos maris parlent foot, nous parlons enfants comme toutes les mères de famille.
A la fin du repas, la conversation dérive vers les vacances, « où allez-vous cette année ? » N’ayant pas un an d’ancienneté, Denis ne pourra pas en prendre avant le mois de septembre, ma sœur a une idée :« - Nous prenons 15 jours en juillet dans notre maison de la Grande Motte. Manon, tu pourrais venir avec nous avec les enfants.
Les filles ne sont pas loin, elles ont entendu, elles arrivent avec un grand cri de joie :« - Ouai, super !
J’accepte sans hésitation, c’est gentil de sa part. Les filles sont si contentes :- D’accord, je vous rejoindrais.
Et me tourant vers Denis :« - Tu peux nous y conduire mon chéri ? Si ça ne te fait pas trop de route. Tu pourrais rester le week end avec nous.
Sans attendre sa réponse, je continue avec ma sœur. Le projet prend corps, les dates sont fixées, nous en sommes déjà aux détails.
Je vois Denis s’agiter sur sa chaise, il ne sourit plus, il a l’air songeur, je pense enfin à lui demander son avis :« - C’est d’accord, on fait comme ça, n’est-ce pas mon chéri ?
« - NON.
Tout le monde sursaute. Il a parlé fort, d’une voix qui ne supporte pas la contradiction. Le silence s’installe, je le regarde effrayée, j’ai de suite compris ce qu’il a en tête. Il se rend compte d’avoir parlé trop fort, trop sec, il précise un ton plus bas :« - Non ma chérie, les filles peuvent y aller, mais pas toi.
Je ne réponds pas, je ne veux pas le brusquer, nous en reparlerons ce soir, je suis certaine de pouvoir le faire changer d’avis. Mais, c’est ma sœur et son mari qui réagissent :« - Pourquoi ? Manon a bien le droit de prendre quelques jours de vacances.
« - Non c’est comme ça, il n’y a pas à discuter, Manon restera avec moi à Paris.
J’essaie d’arrêter la discussion, car je devine de la jalousie dans la voix de Denis, et dans son regard la colère qui revient.
Me tourant vers ma sœur, pour ne pas envenimer la situation :« - Si ça ne te fait pas trop de travail, emmenez les filles avec vous… Moi je resterais avec Denis.
Ma sœur, en bonne féministe, ne veut pas capituler :« - Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu ne vas pas te laisser faire, ce n’est qu’un caprice. Pourquoi te priver de vacances ?
Mon beau-frère s’en mêle, ça ne va pas plaire à Denis. D’un ton ironique :« - Tu fais ta crise de jalousie, tu ne vas tout de même pas l’enfermer ?
Sentant que ça risque de déraper, j’essaie de reprendre le contrôle :« - Laissez, je resterai avec mon petit mari, sans les filles ça nous fera des vacances.
Ma sœur ne baisse pas les bras :« - C’est une question de principe, défends-toi.
Et se tournant vers Denis :« - Allez, n’en parlons plus. Manon viendra avec nous, un peu de repos lui fera du bien.
« - NON, j’ai dit NON.
Le ton ferme fait silence. Mon beau-frère ne comprend pas, il surenchérie :« - Eh oh, le macho ! Ta femme est une femme libre, à elle de décider.
Aïe, ce qu’il ne fallait pas dire. Non, Denis n’est pas macho, bien au contraire. Il serre les poings, je le connais, il va éclater. Calmement, en détachant bien tous les mots, le regard fixé sur ma sœur et son mari, Denis lâche :« - Oui c’est une femme libre, trop libre. Je ne veux pas qu’après le moniteur de ski, elle se tape un maître-nageur. Une fois suffit.
Une vraie bombe ! Je ne sais plus où me mettre. Le silence est pesant. Un ange passe rouge de honte. Mon silence prouve ma culpabilité. Ils ont compris, mais n’osent y croire.
Ma sœur pose affectueusement sa main sur mon bras :« - Manon, tu...
« - Ah non ! Tu ne vas pas me faire la morale.
Mon beau-frère ne dit rien, il réalise.
Denis gêné, se lève :« - Il est temps pour nous de partir.
Les filles ne sont pas contentes de devoir quitter leur jeu avec leurs cousins, et pourquoi partir si tôt. Honteuse, je fais presser le mouvement.
En partant, mon beau-frère tape amicalement sur l’épaule de Denis, très condescendant, solidarité des mâles, je l’aurais battu.
De retour chez nous, les filles vont jouer dans leur chambre.
Je suis furieuse, comment Denis a-t-il pu…Il a l’air désolé de s’être laissé emporter.
« - Ils n’avaient pas à insister comme ils l’ont fait, tu passais pour la victime d’un infâme macho. J’estime au contraire avoir l’esprit assez large. Trop même.
« - …« - Je suis d’accord pour que les filles ne ratent pas de vacances à cause de TOI. Mais il est hors de question que tu les accompagnes.
« - …« - Je n’ai plus confiance.
Je ne réplique pas, je suis triste, mais surtout je me rends compte que Denis est devenu un jaloux maladif.
Demain, je rappellerais ma sœur, Il va falloir répondre à ses questions, il est hors de question que je lui fasse des confidences, je vais devoir préparer une petite histoire pour me justifier.
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Dimanche, c’est la fête des mères, je prépare un petit diner et dresse une jolie table. Les filles ont réalisé de beaux dessins à l’école, ouf ! pas de collier de pattes, j’en ai déjà toute une collection.
Denis, va-t-il y penser ?
C’est un amour, avec un immense bouquet de fleurs qui ravit les filles, il dépose dans mon assiette deux billets pour Venise. L’allusion est claire, nous y avons passé notre voyage de noce. Il a poussé le détail jusqu’à réserver le même hôtel, dans une petite rue proche de la place Saint Marc.
Nous nous embrassons sous le regard attendri de nos filles.
L’été passe. Les filles sont allées chez ma sœur en avion accompagné, elles sont revenues enchantées de leurs vacances.
Un peu avant la rentrée des classes, nous les confions à mes parents, pour nous envoler vers la sérénissime.
Le dépaysement aidant, nous revivons notre lune de miel.
Un soir je veux lui faire un cadeau, je me retourne lui offrant mes fesses. Il hésite. Délicatement, avec la peur de me faire mal, il efface le passage de Jérémy. Denis, mon mari, je suis toute à toi, rien qu’à toi.
La rentrée de septembre coïncide avec notre renaissance.
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Quelques jours plus tard, au courrier du matin, le facteur dépose un journal dans notre boite aux lettres. Denis l’étale sur la table et tourne les pages, un immense sourire illumine son visage. Cela m’intrigue, inquiète je me penche sur son épaule pour regarder.
Sur la première page un mot manuscrit « regardez en page 2 et en page 6 … merci pour les informations ».
Denis affiche un air satisfait qui ne me plait pas, mais alors pas du tout.
En page 2 : le tire « Emois au Club Med, un moniteur de ski accusé de viol »Stupéfaite, je retiens ma respiration, et poursuis ma lecture : « Suite à la plainte de plusieurs clientes du célèbre club de vacances, monsieur Jérémy L. a été mis en examen pour viol, après 30 heures de garde à vue… aveux succincts… la preuve des faits sera difficile à établir… le Club a immédiatement réagi en mettant à pied ce salarié indélicat, déclinant toute responsabilité… les jurés seront-il cléments ? … le nombre de victimes est actuellement inconnu, certaines femmes ayant préférées ne pas porter plainte de peur du scandale … Le procès n’est pas prévu avant un an… Son avocat a demandé sa mise en liberté provisoire… Il risque jusqu’à 20 ans d’incarcération… ». Suit tout un paragraphe sur la technique employée par le moniteur de ski pour piéger ses proies.
Je comprends que c’est Denis qui lui a fourni ces informations.
Je suis effondrée. Cette lecture prouve que toutes les femmes ne se sont pas laissées faire. Alors, pourquoi moi ? Suis-je plus salope que les autres ? Denis ne me laisse pas le temps de digérer l’information :« - Regarde aussi page 6.
C’est la page des annonces officielles, les décès, les mariages, les naissances. Dans la section mariage, un avis est entouré au feutre : « mademoiselle Julie T. annonce sa rupture avec monsieur Jérémy L. … Les bancs publiés ont été annulés ».
Denis exulte, il devient ironique :« - Pauvre Jérémy ! La bite en berne… la petite n’est pas si bête, elle a compris.
Son sourire de satisfaction m’irrite, je quitte le salon me réfugier dans la cuisine.
En y réfléchissant, je ne peux donner tort à Denis. Jérémy n’a que ce qu’il mérite, tromper sa fiancée ! La pauvre qui ne se doutait de rien, cocue avant de se marier.
Ce n’est pas par ce qu’il a une belle gueule, des cuisses d’acier et qu’il sait se servir de sa bite comme un dieu, qu’il avait le droit de me sauter dessus, d’essayer de me violer. D’accord, il aurait été dommage de passer à côté, et même si je ne regrette pas ces soirées de baise, à cause de lui, je suis dans la merde depuis plus de six mois.
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Epilogue
Je ne me sens pas femme infidèle, pourtant … j’en garde un souvenir toujours intact.
Denis m’a-t-il pardonné ? Il ne m’en parle plus, mais je sais qu’il n’a pas oublié. Je le surprends parfois dans ses pensées, l’air triste …
Au lit, tout est redevenu agréable, tendre et harmonieux. Il m’aime comme avant. Nous nous connaissons parfaitement. Je sais où je vais avec lui, il sait ce qui me plait… Je n’ai aucune intention d’avoir d’autres aventures, et encore moins de prendre un amant. Je suis redevenue fidèle, j’aime mon mari.
Sans se le dire, nous avons décidé de tourner cette page qui a failli faire voler notre couple en éclats.
Petit à petit, Denis a recommencé à me faire confiance, mais je ne crois pas qu’il me laissera repartir un jour en vacances sans lui.
Avec Denis, nous avons repris notre quotidien que j’aime. Ce quotidien dont j’ai voulu m’échapper juste le temps d’un rêve.
Dans le récit original, Denis le mari ne sait rien de l’infidélité de sa femme Manon... Et s’il l’apprenait, que se passerait-il ?
Après un court, très court résumé, j’ai imaginé comment le couple a évolué après cette infidélité.
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Lors des vacances scolaires de février, son mari ne pouvant prendre de congés, Manon est allée seule avec ses deux filles aux sports d’hiver, au Club Med.
Durant la semaine, elle tombe sous le charme de Jérémy son moniteur de ski qu’elle va rejoindre dans sa chambre tous les soirs, lorsque ses filles sont endormies.
Son mari, Denis, vient chercher sa famille le week end suivant.
Manon raconte.
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Mon mari va arriver. Jérémy est redescendu dans la vallée dans l’après-midi, juste après le cours, pour prendre son jour de repos auprès de sa fiancée, la vraie. Pas de violons ni de larmes quand le cours s’est terminé. On savait tous les deux à quoi s’en tenir : il est fiancé, j’ai un mari.
Il m’a juste demandé mon numéro de portable, m’a dit qu’il passerait par Paris à la fin de sa saison, qu’il m’appellerait. Je le lui ai donné, en pensant qu’il devait avoir un tas d’autres numéros dans son portable, des femmes mariées, de Paris et d’ailleurs, venues passer la semaine au ski avec leurs enfants, sans leur mari. En le lui donnant, je savais ce que je faisais, je changeais de camp, je passais dans celui des épouses infidèles. Ça n’était plus un accident de parcours, un coup de folie passager dû aux circonstances. Ça devenait quelque chose de conscient, accepté par avance.
Pourtant, j’étais heureuse, sincèrement heureuse, quand Denis est arrivé. Il était deux heures du matin. Il avait quitté Paris en fin d’après-midi, à peu près au même moment où Jérémy a quitté le club. L’un partait, l’autre arrivait. Denis venait nous chercher. Il était dans son rôle de mari, et moi dans mon rôle d’épouse en l’embrassant. Denis ne m’a pas fait l’amour. Tant mieux. Ça me donnait un jour de répit, un jour de transition.
Le lendemain matin, nous sommes partis vite. Je ne tenais pas à m’attarder sur les lieux du crime. Trop de regards curieux ou amusés sur Denis lors du petit déjeuner. Pas grave. Des hommes et des femmes que nous ne reverrons plus jamais, lui comme moi.
Il est tôt, dans la voiture les filles continuent leur nuit en s’endormant l’une contre l’autre. Denis conduit, je commence doucement à somnoler, mon esprit rejoint Jérémy et la folle semaine que je viens de vivre. Je ne me reconnais pas, comment ai-je pu tromper mon mari ? Heureusement, il n’en saura jamais rien.
C’était pourtant bien agréable, j’ai retrouvé mon âme d’adolescente.
J’aime mon mari, mais c’était plus fort avec Jérémy, l’attrait de la nouveauté. Les yeux fermés, je sens encore ses mains sur mon corps, ses lèvres sur les miennes, son passage dans mes fesses… je revis ses moments intenses comme dans un rêve, bien calée à côté de mon mari, dans la voiture qui me ramène à la réalité, chez moi.
« Bip, Bip » une sonnerie me tire de ma rêverie, un SMS vient d’arriver. Je fouille dans mon sac pour chercher mon téléphone…En découvrant l’expéditeur, je me fige, Jérémy, je n’ose aller plus loin, je range rapidement mon téléphone sans lire ce qu’il vient d’écrire, je verrais plus tard.
Mon geste n’a pas échappé à mon mari :« - Qui est ce ?
« - Rien, rien d’important.
« - Tu ne réponds pas ?
« - Je verrais tout à l’heure.
Ouf, il ne s’est pas aperçu de mon trouble, j’ai pourtant l’impression d’avoir rougi. Denis est concentré sur la route, plus de peur que de mal, mais quel con Jérémy, il aurait pu attendre demain que je sois seule, il doit bien se douter que nous sommes en voiture.
Notre échange a réveillé les filles, petite diversion :« - Ça va les enfants, bien dormis ?
« - On arrive bientôt ?
« - Il y a encore beaucoup de route, lisez un peu. On va bientôt faire une halte.
Le silence qui s’installe me permet de rejoindre à nouveau Jérémy, j’ai hâte de savoir ce qu’il a pu m’écrire. C’est tout de même gentil de penser à moi. S’il m’annonce qu’il vient à Paris, je le rejoindrai quelque part. Je ne me sens pas infidèle, mais de temps en temps, ça ne bouleversera pas ma vie, juste un petit plus.
Nouveau « Bip, Bip », je blêmi, ce doit être encore lui, sans réponse de ma part, il insiste. Je ne touche pas à mon téléphone.
Encore un « Bip, Bip, ». Non il n’arrêtera pas !
Denis, tout en étant attentif à la route, s’étonne de mon inertie, alors que d’habitude j’en fini jamais d’échanger des messages avec ma sœur.
« - Tu ne regardes pas qui t’écrit ? c’est peut-être urgent.
Zut, il me regarde, je ne suis pas à l’aise, quoi lui dire ? Il faut absolument trouver une bonne excuse. J’attrape mon téléphone de façon machinale, et essaie de prendre la tête de celle que les sms ont tirée du sommeil.
Pas le temps d’ouvrir le premier des 3 messages envoyés par Jérémy, une voix venant de derrière rompt le silence de la voiture :« - C’est ton amoureux ?
Sans penser à mal, ma cadette vient de se joindre à notre conversation.
Silence de plomb, je me fige. La voiture ralenti, Denis aussi accuse le coup, a-t-il bien entendu ? Je n’ose le regarder.
Ma fille attend une réponse :« - Dis maman ?
« - Tais-toi, tu dis des bêtises, tu déranges papa qui conduit.
« - Mais non, ma chérie, laisse-les donc un peu parler.
Je perçois de l’inquiétude dans la voix de Denis. La tête baissée, je regarde mes pieds, la main crispée sur mon téléphone. Denis serre les dents, je devine tout ce qui peut se passer dans sa tête.
Les enfants discutent entre elles, de façon innocente : « - Je te dis que maman a un amoureux,« - Pfff ! bien sûr, je le sais,« - Moi je sais comment il s'appelle, pas toi ...
« - Si je sais… c'est Jérémy, « - Oui, mais moi, je les ai vu se tenir pas la main,« - Ah !
« - Et se faire des bisous, « - Moi aussi, une grosse bise sur la joue,« - Mais non, tu es trop jeune pour comprendre… sur la bouche, comme tous les amoureux.
« - Ah bon !
« - …Je n’arrive pas à endiguer ce flot de paroles. Les filles se disputent un peu, l'une voulant toujours en savoir plus que l'autre.
Denis écoute, sans un mot, il a vite compris. Il est livide. Je le connais, sa colère est bien réelle. Je ne sais quoi dire, quoi faire.
Une aire d’autoroute est annoncée, Denis met son clignotant, aïe, il va falloir s’expliquer.
« - Les filles, arrêt pipi…« - …
Il me faut envoyer un message à Jérémy, pour qu’il arrête. Dans les toilettes je serais tranquille. D’un ton calme et déterminé, Denis réclame mon portable. Je ne veux, je ne peux le lui donner.
Les filles s’étonnent, leur père veut les laisser hors de la dispute qui ne va pas tarder à éclater :« - Maman ne veut pas me montrer les photos des vacances.
« - Oh ! Elle n’est pas gentille.
« - …
Tandis que je fonce aux toilettes avec les filles, Denis l’air renfrogné va de son côté. Une fois installée pour alléger ma vessie, je lis avec plaisir les petits mots doux de Jérémy. Je lui réponds rapidement, lui demandant d’arrêter de m’écrire. Le ton est un peu sec, je n’ai même pas l’idée de lui envoyer un bisou.
Je m’attarde un peu pour me laver les mains, reculant le moment où je vais me trouver face à face avec mon mari.
En sortant, Denis est avec les filles, ils regardent l’appareil photo que nous leur avons offert à Noël. Denis fait défiler les photos, commentées par notre cadette :
« - Là tu vois, c’est moi quand j’ai gagné mon étoile, « - Bravo ma fille.
« - Et derrière c’est Jérémy, l’amoureux de maman, hi hi hi !
Je n’ose m’approcher. Ma fille m’aperçoit, elle en rajoute :« - Maman, moi j’ai montré mes photos à Papa, je suis plus gentille que toi.
Je me sens défaillir, il a vu la photo de Jérémy.
Sans un mot Denis tend la main, cette fois je ne peux me défiler, je lui donne mon téléphone en tremblant. Il lit les derniers messages reçus, pas ceux de Jérémy qu’heureusement je viens d’effacer, mais comme une idiote j’ai oublié d’effacer ma réponse :« Arrête de m’écrire Jérémy, c’est fini, tout est fini. C’était bien, mais je suis mariée, laisse-moi tranquille maintenant ».
Le message est clair. Denis me regarde, la surprise et l’incompréhension se lisent sur son visage. Je baisse les yeux. Il n’a plus de doute, il comprend que je l’ai trompé, il sait qu’il est cocu. Sa mâchoire se crispe, j’ai peur de sa réaction. Je le sens blessé, son regard attristé me bouleverse, je ne voulais pas lui faire de mal, c’est raté.
Plus un mot dans la voiture pendant le reste du trajet. Que le babillement des enfants avant qu’elles ne s’endorment bercées par le ronronnement du moteur.
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Nous arrivons chez nous en fin de journée, les filles sont encore à moitié endormies. J’appréhende de me retrouver seule avec Denis.
Je m’occupe des filles pendant qu’il décharge la voiture.
Après un repas rapide, les filles vont se coucher. Demain repos, mais lundi, il y a école : l’école, le travail, la vie va reprendre comme avant, pas vraiment comme avant, Jérémy est passé par là et Denis le sait.
Denis a l’air abattu. Je suis dans mes petits souliers, il ne dit rien. Son calme me fait peur, j’aurais préféré qu’il crie, qu’il me traite de tous les noms. Je vois qu’il souffre, je me sens coupable du mal que je lui fais.
« - Tu me déçois. Je ne suis pas le premier, ni le dernier à être cocu, mais je n’aurais jamais cru ça de toi… Tu ne m’aimes donc plus ?
« - Pardonne-moi mon chéri, j’ai perdu la tête. Je t’aime.
« - …« - Dis quelque chose… engueule-moi.
« - Ça servirait à quoi ? Tu as trahi ma confiance… c’est tellement banal, une maman seule avec ses enfants, le moniteur de ski… un roman de gare.
« - ….
« - Que désires-tu ? Que je demande le divorce, pour te laisser à ton Jérémy.
« - Non, je ne l’aime pas, c’est toi que j’aime, et je suis certaine que tu m’aimes encore.
« - Si je ne t’aimais plus, je souffrirais moins.
« - …« - Toi, tu voudrais qu’on fasse comme s’il ne s’était rien passé.
Timidement :« - Oui.
« - Comme ça, tu pourras continuer à prendre tous les amants que tu veux, le pauvre cocu fera comme si de rien n’était ?
« - Non !
« - Comment te croire, si tu sautes sur le premier homme que tu rencontres, dès que j’ai le dos tourné.
« - …
Dans la salle de bain, tandis que je me douche, je devine le regard de Denis dans le miroir. Me trouve-t-il toujours aussi belle ? Imagine-t-il des mains sur mon corps, des mains qui me donnent du plaisir, … celles de Jérémy ? Celles que moi, j’imagine.
Du lit, il me suit des yeux tandis que j’enfile une petite nuisette. Il éteint la lumière avant même que je ne me glisse dans les draps. Allongés l’un à côté de l’autre comme deux étrangers, il ne me touche pas, n’a-t-il plus envie de moi ? J’aimerais qu’il me caresse, qu’il me fasse oublier.
Il se tourne, se retourne… j’ai envie de lui dire combien je l’aime. A moi l’initiative, je m’approche de lui, sans le toucher j’ose dans un souffle :« - Mon chéri, fais-moi l’amour.
Je sens qu’il hésite… enfin sa main se pose sur moi, sur mon sein… petit à petit ses caresses se font plus précises… Avec encore plus de tendresse, plus de douceur, très attentionné, mon mari reprend possession de mon corps, je lui appartiens. Il me caresse. Je le caresse, je le couvre de baisers, « Je t’aime Denis » … « Viens, j’ai envie de toi » … Je l’embrasse amoureusement, nous ne faisons plus qu’un. Je retrouve les sensations que Jérémy n’a pas pu me faire oublier. Nous jouissons ensemble, à l’unisson.
Rapidement, il s’endort dans mes bras, la fatigue de la route, la tension, …
Mon amour je regrette, je regrette de te faire souffrir. On ne se méfie jamais assez des enfants. Je regrette tellement. Mais pas Jérémy, je ne regrette pas Jérémy, je ne regrette pas les mains de Jérémy, le sexe de Jeremy, les nuits avec Jérémy. J’en frémi encore rien que d’y penser. Denis, tu n’aurais jamais dû savoir.
J’ai quitté Jérémy, il y a à peine deux jours. Pourtant tout me semble déjà si loin, de l’histoire ancienne. Ma vie est ailleurs.
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Aujourd’hui, derniers jours de vacances, inconscientes du drame qui se joue, les filles vont chez leurs copines pour raconter leur séjour au ski, leur montrer leurs médailles.
Denis me presse de questions, il veut tout savoir. J’ai peur de parler, mais il sait, je lui dois la vérité. Vais-je en avoir le courage ?
Assis depuis un moment l’un en face de l’autre, en silence…C’est décidé, je lui raconte ma semaine : l’approche du moniteur pendant les cours, sa technique pour mettre en confiance celle qu’il a choisi, ses confidences, le soir où il m’a invité alors que je ne pensais pas à mal, la tentative de viol quand il m’a sauté dessus… et mon acceptation, les soirées dans sa chambre quand les filles étaient couchées, ma cavalcade dans les couloirs. Je ne veux rien lui cacher, même si j’essaie de minimiser ma responsabilité.
Denis m’a écouté, sans un mot, sans un geste. J’ai maintenant l’impression de subir un interrogatoire :« - Tu as joui avec lui ?
« - Ben oui, sinon je ne serais pas retournée le voir, j’étais envoutée, je ne pensais plus à rien.
« - Tu l’as sucé ?
« - Pourquoi veux-tu ces détails ? Tu te fais du mal pour rien … Oui je l’ai sucé.
« - Il a joui dans ta bouche ?
« - Oh non ! Il n’y a que toi, parce que je t’aime, mais avec lui non, oh non !
« - Il a éjaculé dans ta chatte, au fond de toi ?
« - …« - Au fait, vous vous êtes protégés ?
« - Bien sûr voyons, je ne suis pas folle… lui non plus d’ailleurs. Il avait tout prévu, même la première fois.
« - Comme tous les violeurs pour ne pas laisser de trace…. C’est lui ou c’est toi qui lui enfilais le préservatif ?
« - Toujours lui, je n’aurais pas su faire.
« - Et par derrière ?
« - Tu veux dire… Non, tu le sais, je n’aime pas, je n’allais pas lui laisser faire ce que j’ai toujours refusé.
Un petit mensonge ne nuit pas, autant ménager mon chéri.
« - Et combien ?
« - Je te l’ai dit juste trois soirées, pas plus.
« - Non, combien d’amants… avant.
« - Aucun. C’est la seule fois, il n’y en aura pas d’autres, je te le jure.
« - Tu le connais depuis quand ?
« - Je ne le connaissais pas.
« - Depuis que nous sommes mariés, c’est la première fois que tu pars seule en vacances avec les filles. Bien calculé, tu avais tout prévu pour prendre un amant. Je ne te suffis plus, tu y pensais depuis longtemps ?
« - Pas du tout, que vas-tu chercher. C’est le hasard… Je t’aime, je n’aurais jamais imaginé te tromper.
Suspicieux, Denis ne semble pas convaincu. :« - Donc, il a tenté de te violer ? C’est bien comme ça que ça a commencé ?
« - Oui, je te l’ai dit, c’était sa technique de drague, sinon il n’y aurait jamais rien eu, tu penses bien… tu me connais tout de même.
« - Evidemment, le lendemain, tu es allée porter plainte à la Gendarmerie.
« - …« - Non ? Tu as encore le temps de le faire.
« - Je ne peux pas, ce ne serait pas honnête.
« - Honnête ? C’est toi qui parles d’honnêteté ?
« - … Après j’étais consentante, il ne m’a pas forcée. Il m’a donné du plaisir.
« - Ce n’était que mécanique, un viol reste un viol. Si toutes les femmes réagissent comme toi, les violeurs ont encore de beaux jours devant eux.
« - …« - Alors ?
« - N’insiste pas, je ne peux pas.
Il rajoute d’un air accablé qui me déchire le cœur :« - Tu penses aujourd’hui plus à ton amant, que tu n’as pensé à moi la semaine dernière.
Malheureusement ce n’est pas faux. Mais quoi que je fasse, ce qui est fait est fait, impossible de faire machine arrière.
La journée se passe, lentement, trop lentement, nous nous occupons dans la maison, chacun de son côté. Je l’évite autant que possible, même si je veux le ménager, je n’ai plus la force de répondre à toutes ses questions.
Et soudain « Bip Bip », un message arrive sur mon téléphone, ce doit être ma sœur qui vient aux nouvelles. De suite méfiant, Denis lève la tête, il ne va pas recommencer…
Zut, encore Jérémy. Cette fois, j’arrive à garder mon calme. Il n’a pas compris, pire, il m’envoie sa photo en pied, nu, la bite bien raide. Un frisson me parcoure, il est vraiment pas mal, ça me fera un beau souvenir. Avec ce simple mot : « Ne me dit pas que tu as déjà oublié ? ».
Je n’ai rien oublié… sauf Denis qui s’est approché, et sans que j’aie le temps de faire le moindre geste, regarde l’écran par-dessus mon épaule.
Lui qui, tout compte fait, était resté relativement calme jusque-là, il pète les plombs, toute ma diplomatie depuis hier est réduite à zéro. Il crie, m’injurie, devient grossier. Il m’arrache le téléphone des mains, se permet de lire tous mes messages, c’est la première fois qu’il me fait une telle scène de jalousie… Comment puis-je l’en blâmer, alors qu’il a sous les yeux la photo de mon amant nu. Il a beau être gentil…n’en demandons pas trop.
Je culpabilise un peu, et Jérémy qui ne m’aide pas beaucoup.
Avec rage, je le vois écrire un SMS sur Mon tel :« - Que fais-tu ?
« - …Je lis ce qu’il vient d’envoyer « foutez la paix à ma femme ! ». Ouf, pas trop méchant, Jérémy va comprendre, aux moins je n’aurais pas à répondre.
« - On va nettoyer ton téléphone.
Sans rien me demander, Denis efface plusieurs messages dont beaucoup n’ont rien à voir avec Jérémy, il efface son numéro du répertoire, et s’attaque aux photos, Il y en a plusieurs où on voit Jérémy parmi les autres skieurs, aucune de nous deux, j’avais fait attention. Denis efface, efface, dès qu’il a le moindre doute. Chaque clic me fend le cœur, mais je n’ose l’interrompre.
« - Non pas celle-là, c’est celle des filles avec leurs médailles« - Dommage pour elles, mais c’est bien lui là derrière.
Et hop, finie la photo des filles.
« - Et demain, tu changes ton numéro.
Il fonce dans la chambre des filles. Quoi encore ? Il revient avec leur appareil photo« - Là aussi il y a du tri à faire.
Exit les photos où il croit voir Jérémy.
« - Elles ne vont pas être contentes.
« - C’est ta faute, tu n’as à t’en prendre qu’à TOI.
Il s’en va dans son bureau, me laissant abasourdie par ce nettoyage frénétique.
Le soir, au lit, je le retrouve plus calme, plus détendu. Il me caresse, plein de tendresse, m’embrasse, sa colère a disparu. Je suis heureuse, il m’aime encore. Nous faisons l’amour rapidement, je m’endors apaisée entre ses bras.
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Lundi matin, ouf, la semaine commence, je vais pouvoir quitter l’atmosphère lourde de la maison, ça nous changera l’esprit à tous les deux.
En rentrant le soir, je suis plus décontractée, mais Denis fait toujours la même tête. Il m’annonce :« - Tiens voilà ton nouveau numéro, je suis passé chez Orange, « - Mais plus personne ne va pouvoir me joindre,« - Débrouille-toi, lui au moins il ne pourra plus.
Je réalise que je ne saurais jamais si Jérémy désirera me recontacter lors d’un passage à Paris, comme il me l’a promis. Et moi, aurais-je alors eu envie de le revoir ? Mais c’est certainement mieux ainsi, l’histoire est finie, bien finie.
Tandis que je m’affaire à envoyer des SMS à tout mon répertoire pour leur communiquer mon nouveau numéro. J’entends Denis qui téléphone ?
« - Allo Sylvia… c’est Denis,
Quoi ? son ex… Au seul nom de Sylvia, je suis morte de jalousie. J’écoute ce qu’il a à lui dire.
« - Comment vas-tu ?
« - …« - Prendre de tes nouvelles« - …« - Oh, c’est triste. Si tu veux nous pourrions déjeuner ensemble… disons demain ?
« - …« - Ok d’accord, je passe te chercher.
Il raccroche. Je ne le quitte pas des yeux.
« - Tu vas revoir Sylvia ? Pourquoi ?
« - Pour rien ma chérie, juste pour parler du bon vieux temps.
« - …
Ce soir-là, il ne me prend pas dans ses bras quand nous nous couchons. J’ai peur…
---- o O o ----
Ma journée n’a pas été de tout repos, surtout à midi, mon esprit a gambergé, impossible de me concentrer sur mes dossiers, se sont-ils vraiment vus ? A peine rentrée, je lui saute dessus pour savoir, enfin je lui saute au coup pour lui faire une grosse bise, en espérant qu’il va me dire, car je n’ose lui poser la moindre question.
Il comprend mon attente, et sarcastique, c’est lui qui parle le premier :« - Tiens, Sylvia t’envoie son bonjour.
« - …« - Toujours aussi belle, mais la pauvre, elle divorce.
« - …« - Son mari avait une maitresse, elle ne l’a pas supporté, elle est partie avec les enfants.
« - Le salaud.
« - Et oui, encore un traitre. Elle aura la garde des enfants. En général, les juges ne donnent pas la garde au conjoint qui a les tords.
J’accuse le coup. Ce n’est pas tout à fait exact, mais son message est clair. Timidement :« - Tu comptes la revoir ?
« - Oui bien sûr, elle va avoir besoin de soutien.
« - …
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Le traintrain quotidien reprend rapidement le dessus, boulot, ménage, l’école des filles…
Deux jours plus tard, j’annonce à Denis, que le lendemain, je reprends mes cours de gym, j’irais directement à la salle de sport après le bureau. Il n’est pas surpris, je fais de la gym depuis des années, ce qui me permet de garder mon corps de rêve.
Denis, sans lever les yeux de sa tablette, ne peut s’empêcher de faire une réflexion :« - D’accord, pas de problème, comme ça j’aurais quartier libre, « - Ben non, il faut garder les filles,« - Ne penses-tu pas qu’elles sont assez grandes pour se garder toutes seules ?
« - Non voyons, elles sont encore trop jeunes, elles n’aimeraient pas qu’on les abandonne.
« - Tu les as bien abandonnées toi, toutes les nuits, pour rejoindre ton amant.
Je sursaute :« - Jamais toute la nuit, je te l’ai dit, juste la soirée.
« - Ok juste la soirée. Tu crois qu’elles étaient plus en sécurité là-bas que chez nous ?
« - …« - Elles auraient pu avoir un accident, ou se réveiller et avoir peur de se retrouver toute seule. Tu n’as même pas pensé à elles.
« - Si j’y pensais, j’attendais qu’elles soient endormies, et après je rentrais en courant pour les retrouver.
« - Après oui… après.
« - …
Je m’y attendais, comme toutes les semaines, il est resté à la maison pour garder nos filles, tandis que j’allais à ma séance de gym. Il s’est toujours très bien occupé d’elles, même toutes petites. C’est un père modèle, un amour.
Le lendemain, les filles m’ont raconté leur soirée. Elles adorent rester seule avec leur père. Ils ont joué toute la soirée, pas besoin d’allumer la télé, petite dinette et au dodo après leur avoir raconté une histoire, son rituel depuis leur naissance. Un vrai papa poule.
Il a même eu le temps de préparer un petit repas pour nous deux. En voyant la table mise, je lui ai adressé mon plus beau sourire, il est merveilleux mon mari.
Une fois glissés sous les draps, nous avons fait l’amour, simplement, avec amour.
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La semaine touche à sa fin. En rentrant du travail, il m’annonce qu’il a décidé de prendre quelques jours de repos pour réfléchir.
« - Mais où veux-tu qu’on aille ?
« - Pas on, moi tout seul.
Je deviens pâle :« - Que comptes tu faire ?
« - …« - Tu pars avec cette Sylvia ?
« - …Pas de réponse, devant son air buté je n’insiste pas.
Vendredi après le travail, sa valise est prête. Au moment de passer la porte, je lui dis un trémolo dans la voix :« - Fais attention sur la route mon chéri.
Une bise rapide, le voilà parti.
Pendant trois jours, je suis rongée d’angoisse : où est-il ? Est-il seul ? Que fait-il ? Pourvu qu’il revienne… Je peux comprendre qu’il ait besoin de réfléchir, de faire le point. Je voudrais lui faire confiance, mais je tremble.
Il est très tard quand il rentre dimanche soir. En m’embrassant, il doit remarquer mes yeux rouges, cernés. En silence, je défais sa valise machinalement. Je ne peux m’empêcher de le questionner :« - Qu’as-tu fait ce week end, je commençais à m’inquiéter. Tu étais avec une femme ? Avec Sylvia ?
« - …« - Dis-moi, expliques moi au moins, moi je t’ai tout dis.
« - Je suis allé à la montagne, au club Med… Tout seul si tu veux savoir.
« - Quoi ? tu es retourné là-bas ? Pour quoi faire ?
Il me raconte :« - Je voulais voir, pour essayer de comprendre. J’ai occupé ta chambre, du moins celle où tu aurais dû dormir.
« - …« - J’ai tout vu, le quartier des employés, les couloirs… « - Et ?
« - Lui ? Je l’ai juste aperçu… Dis donc, tu l’as trouvé au jardin d’enfants ? C’est du détournement de mineur.
« - …« - Rassure-toi je ne lui ai pas parlé.
Ouf !
« - Mais pourquoi ? ça t’a servi à quoi ?
« - J’avais simplement besoin de voir, voir l’endroit où tu m’avais trompé. Cette petite virée n’a pas été inutile.
Il m’intrigue, je le laisse poursuivre :« - J’ai aussi rencontré un homme, dans un café où je noyais mon chagrin dans un verre de vin chaud. Nous avons discuté, je me suis un peu confié, de ma détresse, … de ta traitrise.
« - Quoi ? Tu lui as parlé de nous ? Tu t’es confié à un inconnu ?
« - Toi, tu as bien baisé avec un inconnu.
« - …« - C’était un journaliste du canard local, l’histoire a semblé l’intéresser. Très content des infos que je lui donnais sur les activités du club Med. Je lui ai tout raconté, en minimisant ta faute j’avais honte, mais en expliquant le piège du viol, sa technique pour draguer toutes les semaines une nouvelle femme.
Je me doute bien ne pas être la seule. Mais dis comme ça, j’ai l’impression de n’être plus qu’un simple numéro.
« - Tu lui as dit qui c’était ?
« - Bien sûr, son nom Jérémy L., le club Med, sa fiancée… tout… je n’allais pas me gêner.
« - Oh !
« - Il m’a dit qu’il allait se renseigner, voir s’il trouvait quelque chose.
« - …« - Nous nous sommes revus dans l’après-midi. Il m’apprend avoir des copains à la Gendarmerie comme tout bon journaliste. Ton amant fait déjà l’objet d’une plainte et de plusieurs mains courantes, pour agressions sexuelles.
Je blêmi :« - Ce n’est pas possible…« - Et oui ma chérie. Tu n’es pas sa seule conquête, mais il y a encore des femmes honnêtes qui ont le courage de se défendre. Toutes n’ont pas succombé à son charme.
Je ne dis rien.
« - J’ai aussi appris que ton chevalier servant est fiancé.
« - Je le sais.
« - Il doit se marier, les bancs sont publiés.
« - Et alors, il ne me l’a jamais caché.
« - Mais ça ne t’a pas dérangé pour coucher avec le futur marié ? As-tu pensé à elle ?
« - …« - Bravo ton prince charmant, dans la semaine il drague ses clientes naïves pendant qu’il organise son mariage le week end. Belle mentalité.
« - …
Denis poursuit :« - Je n’allais tout de même pas laisser ce salaud s’en sortir à si bon compte.
« - …« - Il a brisé notre couple.
« - Oh non, mon chéri ! Je t’aime tu le sais… Qu’as-tu fait ?
« - Je suis passé à la mairie… J’ai vu les bancs, le mariage est prévu l’été prochain, à la fin des vacances. J’ai aussi récupéré le nom et les coordonnées de la demoiselle.
« - Que veux-tu en faire ?
« - Je l’ai vu, elle est charmante.
« - Quoi ?
« - Elle est serveuse dans une brasserie, il m’a suffi d’aller y boire un verre, mon charme a agi… Nous avons un peu discuté.
Je suis anxieuse :« - Pour dire quoi ?
« - Je lui ai raconté la belle histoire de la femme mariée et du moniteur de ski.
« - …« - Il fallait bien qu’elle sache avec qui elle allait s’engager.
« - Et elle t’a cru ?
« - J’avais une preuve irréfutable.
« - …« - Tu te souviens de la photo que ce con t’a envoyée ? A poil, la bite en l’air. Je me la suis fait suivre avant de l’effacer. Sa fiancée la connaissait bien, c’est elle qui l’a prise. Elle a été très étonnée de savoir que je l’avais récupérée sur ton téléphone. Le petit message qui l’accompagnait a fini de la convaincre.
« - Oh ! tu n’as pas…« - Si …« - Tu n’avais pas le droit.
« - Lui non plus n’avait pas le droit. Et toi, tu avais quel droit ?
« - … « - Dis-moi, si tu avais appris que je baisais ailleurs, comme lui, toutes les semaines pendant nos fiançailles, m’aurais-tu épousé ?
« - …
Pauvre Jérémy… Enfin Denis a raison, tromper sa fiancée comme il le fait, c’est un salaud. Un salaud qui m’a plu, dont j’ai bien profité, mais j’évite d’en faire la remarque.
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Denis aussi a repris ses habitudes, le samedi il va faire du sport.
Un mois a passé. Rentrant de la salle de sport en fin d’après-midi, il me trouve avec mes amies, les 4 inséparables, les 3 mousquetaires ou les 4 doigts de la main, comme nous aimons nous appeler en riant.
Bises à toutes, il les connait depuis longtemps, elles étaient à notre mariage.
Il va prendre sa douche, tandis que nous continuons à papoter. Lorsqu’il revient, elles sont sur le point de partir. Petites bises sur le pas de la porte.
« - Bonne soirée, à la semaine prochaine, bisous bisous.
Je suis heureuse, j’ai retrouvé mes amies, avec elles c’est toujours cool et décontracté. De bonne humeur, je fais une grosse bise à Denis. La vie reprend son cours avec les petites joies de tous les jours.
Je débarrasse la table du salon, Denis me suit dans la cuisine :« - C’est quoi la semaine prochaine ?
« - Une petite sortie entre filles, tu sais comme on a l’habitude.
Ça arrive de temps à autre. Cette fois, il veut en savoir plus :« - Qu’avez-vous envisagé de faire ?
« - Tu sais bien, on fait les boutiques, un petit resto. On ne rentre pas très tard, après un dernier verre au pub … on s’éclate comme des folles.
Je le trouve soucieux, pas vraiment à l’aise :« - Ah, bon ! … Alors c’est au pub que vous allez chercher vos amants ?
Je sursaute :« - Qu’est-ce que tu racontes, tu es fou ! Nous sommes mariées toutes les quatre.
Je m’arrête, comprenant que mon argument va se retourner contre moi. Il ne me loupe pas :« - Comme si ça te dérangeait…« - …« - Et bien non, je ne veux pas être cocu une nouvelle fois, tu n’iras pas.
« - Quoi ? Tu ne me fais pas confiance ?
« - La confiance, c’est un mot que je ne connais plus.
« - Mais mon chéri, « - Trouve une excuse, tu ne sortiras pas seule sans moi.
« - Je ne serais pas seule, nous sommes quatre.
« - Si elles veulent se trouver un mec pour la soirée, tant pis pour leurs maris … Toi tu n’iras pas, j’ai déjà donné.
« - Mais…
Il n’a toujours pas digéré ma semaine de vacances, autant arrêter la discussion. Dans l’état où il est, j’ai perdu d’avance, il ne cèdera pas, et la soirée sera gâchée.
Dès le lendemain, je contacte mes amies pour annuler, sans entrer dans les détails. Tant pis pour la soirée, ce n’est que partie remise. Denis n’est pas loin, je le vois tendre l’oreille, est-il satisfait ? Fier de lui ?
Je prends alors conscience que depuis un mois, Denis est devenu suspicieux. Lui qui avait une confiance aveugle, j’ai l’impression qu’il m’espionne.
Il ne manque pas de me faire une réflexion pour le moindre retard, il lève la tête chaque fois que je téléphone, il m’accompagne faire les courses, il ouvre tout le courrier… Je n’ai pas mis de mot de passe sur mon nouveau téléphone, il le regarde de temps en temps, je n’ai rien à cacher, je n’ai plus rien à lui cacher, mais ça m’énerve.
J’en suis certaine maintenant, il est devenu jaloux, terriblement jaloux.
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Cela fait maintenant plus de trois mois, je pense bien à Jérémy de temps à autre quand je suis seule, mais c’est du passé, à peine un vague souvenir. Je suis certaine que Denis y pense plus que moi, mais il ne m’en parle plus. Il faut bien un jour tourner la page. Ce n’était qu’un incident de parcours, comme dans beaucoup de couples. J’espère qu’il l’a compris.
La vie continue avec ses hauts et ses bas, nos étreintes le soir ne sont plus tout à fait ce qu’elles étaient. Il me satisfait toujours, mais c’était mieux… avant.
Laissons le temps faire son œuvre.
Malgré tout, dans la vie de tous les jours, on pourrait croire qu’il ne s’était effectivement rien passé. Pour notre entourage, nos amis, notre famille, tout va parfaitement entre nous. Aucune ombre au tableau.
Ma sœur n’habite pas très loin, elle a deux jumeaux du même âge que nos filles, ils s’entendent comme frères et sœurs. Nous nous voyons souvent, repas dominical, une fois chez l’une une fois chez l’autre. Coup de chance, nos maris s’entendent aussi très bien, passionnés de sport tous les deux.
Un dimanche de mai, nous allons donc déjeuner chez eux. L’ambiance est toujours au beau fixe, les enfants jouent entre eux, se chamaillent, nos maris parlent foot, nous parlons enfants comme toutes les mères de famille.
A la fin du repas, la conversation dérive vers les vacances, « où allez-vous cette année ? » N’ayant pas un an d’ancienneté, Denis ne pourra pas en prendre avant le mois de septembre, ma sœur a une idée :« - Nous prenons 15 jours en juillet dans notre maison de la Grande Motte. Manon, tu pourrais venir avec nous avec les enfants.
Les filles ne sont pas loin, elles ont entendu, elles arrivent avec un grand cri de joie :« - Ouai, super !
J’accepte sans hésitation, c’est gentil de sa part. Les filles sont si contentes :- D’accord, je vous rejoindrais.
Et me tourant vers Denis :« - Tu peux nous y conduire mon chéri ? Si ça ne te fait pas trop de route. Tu pourrais rester le week end avec nous.
Sans attendre sa réponse, je continue avec ma sœur. Le projet prend corps, les dates sont fixées, nous en sommes déjà aux détails.
Je vois Denis s’agiter sur sa chaise, il ne sourit plus, il a l’air songeur, je pense enfin à lui demander son avis :« - C’est d’accord, on fait comme ça, n’est-ce pas mon chéri ?
« - NON.
Tout le monde sursaute. Il a parlé fort, d’une voix qui ne supporte pas la contradiction. Le silence s’installe, je le regarde effrayée, j’ai de suite compris ce qu’il a en tête. Il se rend compte d’avoir parlé trop fort, trop sec, il précise un ton plus bas :« - Non ma chérie, les filles peuvent y aller, mais pas toi.
Je ne réponds pas, je ne veux pas le brusquer, nous en reparlerons ce soir, je suis certaine de pouvoir le faire changer d’avis. Mais, c’est ma sœur et son mari qui réagissent :« - Pourquoi ? Manon a bien le droit de prendre quelques jours de vacances.
« - Non c’est comme ça, il n’y a pas à discuter, Manon restera avec moi à Paris.
J’essaie d’arrêter la discussion, car je devine de la jalousie dans la voix de Denis, et dans son regard la colère qui revient.
Me tourant vers ma sœur, pour ne pas envenimer la situation :« - Si ça ne te fait pas trop de travail, emmenez les filles avec vous… Moi je resterais avec Denis.
Ma sœur, en bonne féministe, ne veut pas capituler :« - Qu’est-ce que ça veut dire ? Tu ne vas pas te laisser faire, ce n’est qu’un caprice. Pourquoi te priver de vacances ?
Mon beau-frère s’en mêle, ça ne va pas plaire à Denis. D’un ton ironique :« - Tu fais ta crise de jalousie, tu ne vas tout de même pas l’enfermer ?
Sentant que ça risque de déraper, j’essaie de reprendre le contrôle :« - Laissez, je resterai avec mon petit mari, sans les filles ça nous fera des vacances.
Ma sœur ne baisse pas les bras :« - C’est une question de principe, défends-toi.
Et se tournant vers Denis :« - Allez, n’en parlons plus. Manon viendra avec nous, un peu de repos lui fera du bien.
« - NON, j’ai dit NON.
Le ton ferme fait silence. Mon beau-frère ne comprend pas, il surenchérie :« - Eh oh, le macho ! Ta femme est une femme libre, à elle de décider.
Aïe, ce qu’il ne fallait pas dire. Non, Denis n’est pas macho, bien au contraire. Il serre les poings, je le connais, il va éclater. Calmement, en détachant bien tous les mots, le regard fixé sur ma sœur et son mari, Denis lâche :« - Oui c’est une femme libre, trop libre. Je ne veux pas qu’après le moniteur de ski, elle se tape un maître-nageur. Une fois suffit.
Une vraie bombe ! Je ne sais plus où me mettre. Le silence est pesant. Un ange passe rouge de honte. Mon silence prouve ma culpabilité. Ils ont compris, mais n’osent y croire.
Ma sœur pose affectueusement sa main sur mon bras :« - Manon, tu...
« - Ah non ! Tu ne vas pas me faire la morale.
Mon beau-frère ne dit rien, il réalise.
Denis gêné, se lève :« - Il est temps pour nous de partir.
Les filles ne sont pas contentes de devoir quitter leur jeu avec leurs cousins, et pourquoi partir si tôt. Honteuse, je fais presser le mouvement.
En partant, mon beau-frère tape amicalement sur l’épaule de Denis, très condescendant, solidarité des mâles, je l’aurais battu.
De retour chez nous, les filles vont jouer dans leur chambre.
Je suis furieuse, comment Denis a-t-il pu…Il a l’air désolé de s’être laissé emporter.
« - Ils n’avaient pas à insister comme ils l’ont fait, tu passais pour la victime d’un infâme macho. J’estime au contraire avoir l’esprit assez large. Trop même.
« - …« - Je suis d’accord pour que les filles ne ratent pas de vacances à cause de TOI. Mais il est hors de question que tu les accompagnes.
« - …« - Je n’ai plus confiance.
Je ne réplique pas, je suis triste, mais surtout je me rends compte que Denis est devenu un jaloux maladif.
Demain, je rappellerais ma sœur, Il va falloir répondre à ses questions, il est hors de question que je lui fasse des confidences, je vais devoir préparer une petite histoire pour me justifier.
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Dimanche, c’est la fête des mères, je prépare un petit diner et dresse une jolie table. Les filles ont réalisé de beaux dessins à l’école, ouf ! pas de collier de pattes, j’en ai déjà toute une collection.
Denis, va-t-il y penser ?
C’est un amour, avec un immense bouquet de fleurs qui ravit les filles, il dépose dans mon assiette deux billets pour Venise. L’allusion est claire, nous y avons passé notre voyage de noce. Il a poussé le détail jusqu’à réserver le même hôtel, dans une petite rue proche de la place Saint Marc.
Nous nous embrassons sous le regard attendri de nos filles.
L’été passe. Les filles sont allées chez ma sœur en avion accompagné, elles sont revenues enchantées de leurs vacances.
Un peu avant la rentrée des classes, nous les confions à mes parents, pour nous envoler vers la sérénissime.
Le dépaysement aidant, nous revivons notre lune de miel.
Un soir je veux lui faire un cadeau, je me retourne lui offrant mes fesses. Il hésite. Délicatement, avec la peur de me faire mal, il efface le passage de Jérémy. Denis, mon mari, je suis toute à toi, rien qu’à toi.
La rentrée de septembre coïncide avec notre renaissance.
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Quelques jours plus tard, au courrier du matin, le facteur dépose un journal dans notre boite aux lettres. Denis l’étale sur la table et tourne les pages, un immense sourire illumine son visage. Cela m’intrigue, inquiète je me penche sur son épaule pour regarder.
Sur la première page un mot manuscrit « regardez en page 2 et en page 6 … merci pour les informations ».
Denis affiche un air satisfait qui ne me plait pas, mais alors pas du tout.
En page 2 : le tire « Emois au Club Med, un moniteur de ski accusé de viol »Stupéfaite, je retiens ma respiration, et poursuis ma lecture : « Suite à la plainte de plusieurs clientes du célèbre club de vacances, monsieur Jérémy L. a été mis en examen pour viol, après 30 heures de garde à vue… aveux succincts… la preuve des faits sera difficile à établir… le Club a immédiatement réagi en mettant à pied ce salarié indélicat, déclinant toute responsabilité… les jurés seront-il cléments ? … le nombre de victimes est actuellement inconnu, certaines femmes ayant préférées ne pas porter plainte de peur du scandale … Le procès n’est pas prévu avant un an… Son avocat a demandé sa mise en liberté provisoire… Il risque jusqu’à 20 ans d’incarcération… ». Suit tout un paragraphe sur la technique employée par le moniteur de ski pour piéger ses proies.
Je comprends que c’est Denis qui lui a fourni ces informations.
Je suis effondrée. Cette lecture prouve que toutes les femmes ne se sont pas laissées faire. Alors, pourquoi moi ? Suis-je plus salope que les autres ? Denis ne me laisse pas le temps de digérer l’information :« - Regarde aussi page 6.
C’est la page des annonces officielles, les décès, les mariages, les naissances. Dans la section mariage, un avis est entouré au feutre : « mademoiselle Julie T. annonce sa rupture avec monsieur Jérémy L. … Les bancs publiés ont été annulés ».
Denis exulte, il devient ironique :« - Pauvre Jérémy ! La bite en berne… la petite n’est pas si bête, elle a compris.
Son sourire de satisfaction m’irrite, je quitte le salon me réfugier dans la cuisine.
En y réfléchissant, je ne peux donner tort à Denis. Jérémy n’a que ce qu’il mérite, tromper sa fiancée ! La pauvre qui ne se doutait de rien, cocue avant de se marier.
Ce n’est pas par ce qu’il a une belle gueule, des cuisses d’acier et qu’il sait se servir de sa bite comme un dieu, qu’il avait le droit de me sauter dessus, d’essayer de me violer. D’accord, il aurait été dommage de passer à côté, et même si je ne regrette pas ces soirées de baise, à cause de lui, je suis dans la merde depuis plus de six mois.
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Epilogue
Je ne me sens pas femme infidèle, pourtant … j’en garde un souvenir toujours intact.
Denis m’a-t-il pardonné ? Il ne m’en parle plus, mais je sais qu’il n’a pas oublié. Je le surprends parfois dans ses pensées, l’air triste …
Au lit, tout est redevenu agréable, tendre et harmonieux. Il m’aime comme avant. Nous nous connaissons parfaitement. Je sais où je vais avec lui, il sait ce qui me plait… Je n’ai aucune intention d’avoir d’autres aventures, et encore moins de prendre un amant. Je suis redevenue fidèle, j’aime mon mari.
Sans se le dire, nous avons décidé de tourner cette page qui a failli faire voler notre couple en éclats.
Petit à petit, Denis a recommencé à me faire confiance, mais je ne crois pas qu’il me laissera repartir un jour en vacances sans lui.
Avec Denis, nous avons repris notre quotidien que j’aime. Ce quotidien dont j’ai voulu m’échapper juste le temps d’un rêve.
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2 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Bonjour à vous tous les lectrices et lecteurs.une confidence si je peut me permettre……..d’abord à PATRICK bravo pour vos récits menés avec une précision au top .j’ai lu :juste une nuit ,symposium l’effet papillon et tant d’autre récits de PATRICK .avec du recul et surtout de la compréhension toutes ces histoires narrées de façon à nous emmener vers le pardon ou alors le divorce…..PATRICK c’est génial de pardonner lorsque que l’on aimes,bien évidement une discussion s’impose ,nous n’avons qu’une vie et l’erreur reste humaine .une femme un homme commet une erreur suite à une envie ou une attirance qui ne s’explique pas,dialoguer expliquer et surtout après une analyse intelligente la personne qui a fauter mais et je le croit cette même personne aime encore plus fort son conjoint, cela peut vous paraître étrange mais c’est très souvent le cas ………TOTAL CONFIANCE ET DIALOGUER L’AMOUR RESTE UN SENTIMENT CÉRÉBRAL,LE PLAISIR SEXUEL RESTE CORPOREL AVECDES ATTIRANCES SOUVENT DIFFICILE À EXPLIQUER………..LE PARDON EST LA PLUS BELLE PREUVE D’AMOUR…..DÉNIS de CALVI ……..je m’aperçois que je n’ai pas pris le temps de la réflexion………
Comment dire que son époux est l'amour de sa vie & le trahir sans remords, ne pas se sentir infidèle!! & prévoir (espérer?) de recommencer dans un avenir proche... Pour ce récit, la trahison dure tous les soirs de la semaine & elle abandonne ses filles... Curieuse mère de famille! Histoire prenante, héroïne bien campée dans son rôle de traitre. Je me pose cette question : pourquoi se marier? pour en arriver là! Le mari est trop bon...Et encore un superbe récit, merci PP06.
arnojan
arnojan