Retours de bâton…
Récit érotique écrit par Ethelrede [→ Accès à sa fiche auteur]
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Histoire érotique Publiée sur HDS le 04-08-2024 dans la catégorie Entre-nous, les femmes
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Retours de bâton…
Nadège est une femme atypique. On ne peut pas dire que c’est une belle femme, c’est certain. Pourtant, elle ne laisse personne indifférent. Elle n’est pas moche, attention ! Simplement, elle a beaucoup plus de charme que de beauté.
Elle travaille dans une grande multinationale. Si elle a eu des occasions de travailler dans des endroits improbables, comme le Yémen ou le désert Rub Al Khali de l’Arabie Saoudite, son travail se déroule désormais au siège, à la Défense, près de Paris.
C’est son regard, surtout, qui attitre tout de suite. Il est brillant, il est fluide, il est brûlant. Elle fait passer ses sentiments par la braise de son regard bien plus sûrement que par les mots les mieux choisis. Et pourtant, elle parle… Elle est très bavarde !
Sinon, c’est une blonde de taille moyenne, autour du mètre soixante-cinq, légère, à la taille fine et seins quasi-absents, si ce n’est la présence de très volumineux tétons, incroyablement érectiles. On peut ajouter qu’elle a de tout temps eu la réputation de n’être pas trop farouche… et d’attirer avec une certaine facilité les garçons dans son lit.
C’est ainsi que, quelques années plus tôt, elle était entrée assez tardivement, un soir, dans le bureau d’un de ses collègues :
- Ah ! Mais c’est que je commencerais à avoir une petite fringale, moi :
Le garçon avait ouvert un tiroir de son bureau et lui avait offert un palet breton, une de ses friandises de prédilection, qu’elle avait cependant boudé ;
- Ce n’est pas de ça que j’ai faim, en fait…
Elle était allée donner un tour au loquet de la porte et, revenue près du fauteuil avait sans façon aucune roulé un majestueux patin à son collègue. Puis descendant une de ses mains vers son pantalon elle avait entrepris de masser à travers la toile, l’objet de sa convoitise et de sa fringale.
Elle s’était enfin installée à genoux entre les cuisses, avait ouvert le vêtement, à la recherche du fruit défendu telle et, ayant extrait le palpitant pieu de chair, l’avait placé bien au chaud dans sa bouche. Elle avait laissé ses lèvres faire de langoureux allers et retours tout au long de cette hampe bien dure, tellement tentante, l’avait léchée avec délectation, jusqu’au moment où elle avait soudain serré l’anneau de ses lèvres pour recueillir dans la bouche, la récompense d’une jouissance bien méritée. Plusieurs longs jets bien chauds avaient envahi son gosier, glissé le long de son palais, autour de ses dents. Un ineffable sourire au visage, elle avait dégusté ce délicieux apéritif, l’avalant par petites gorgées épicuriennes.
Elle avait senti le membre perdre de sa fierté dans sa bouche tout en continuant à le flatter de sa langue, de ses lèvres, avec pour résultat que, bientôt, il avait retrouvé de sa fringance. Alors, relevant sa jupe et tirant d’une main sa culotte d’un côté, elle l’avait guidé en elle et s’était laissé glisser jusqu’à sa base. Le premier baiser avait alors commencé.
Cette petite gymnastique avait duré un bon moment : Nadège avait fait jouer ses muscles les plus intimes, offrant ainsi un second orgasme à son partenaire. Elle se dégagea, remit de l’ordre à sa tenue, un indéfinissable sourire aux lèvres :
- Tu viens ?
Aucune réponse n’était nécessaire. Elle lui avait pris la main, d’autorité, l’avait tracté jusqu’à sa voiture et emmené chez elle. Il n’avait, en somme, pas le choix. Sur place, elle avait repris les armes.
- Mon petit chéri, je crois que tu as joui deux fois, au bureau… Je suis désolée de t’avoir imposé cela… Je crois que j’en avais un peu envie ! Par contre, je n’ai pas eu le temps de jouir moi-même…
Elle mimait un visage placide, sans aucune attente, ses yeux brillants comme des étoiles filantes démentant cet apparent détachement. Elle attendait au contraire beaucoup… Vraiment beaucoup, énormément, sans doute. Christian ne pouvait pas le savoir.
Le jeune homme avait un secret amour pour elle, jamais il n’avait envisagé de le lui déclarer. Aujourd’hui, bien entendu, il se mit en devoir de lui donner le plaisir qu’elle était un peu en droit d’attendre. Il devrait seulement mettre les choses au point après…
Nadège écartait devant lui sa culotte le long de sa cuisse : il descendit aussitôt son visage dans cette fourche largement offerte. Il plongea sans attendre dans cette douceur qu’il honora de son mieux. Sans le savoir, il touchait-là L’un des plus violents fantasmes de la belle !
Ils s’étaient réveillés au petit matin, un peu étonnés d’entre dans le même lit. Avaient refait l’amour… Plusieurs fois... Christian avait gagné ce jour le statut de petit ami officiel de Nadège. Sans réellement vivre ensemble, ils passaient le plus clair de leur temps libre chez l’un ou chez l’autre.
Nadège n’en demeurait pas moins une prédatrice efficace ! Chaque fois que Christian partait au bout du monde pour une nouvelle mission, elle s’amusait encore à tester sa séduction… D’autres garçons tombaient encore parfois dans ses filets, parfois même plusieurs en même temps. Plus discrètement, c’est tout.
Et puis un jour, la grande décision était tombée, de tout en haut de la tour : une nouvelle réorganisation… Elle et Christian étaient présélectionnés pour devenir des cadres dirigeants d’un niveau très élevé dans la société. Le petit ʺhicʺ… c’est qu’une seule place était disponible pour les deux…
- Mon chéri, je veux ce poste à tout prix. Tu le sais bien, en tant qu’homme, tu ne peux que monter, c’est évident, pour toi, tu me dépasseras toujours. Moi, je n’aurai sans doute jamais une autre chance… Je le veux absolument, à tout prix…
Christian aimait très sincèrement Nadège. Il ne changea pas ce jour, mais découvrit tout de même une faille dans l’amour qu’elle lui portait. Il en conçut une réelle tristesse.
La vie était devenue très différente dans les entités dirigées par Nadège. Le sourire avait disparu. Ne parlons pas du rire. La jeune et sympathique Nadège, si drôle, toujours prête pour la gaudriole, était devenue, en quelques jours, une femme au regard glacial, dure comme le roc, méchante, sans aucune empathie. Elle ne laissait absolument rien passer, même auprès de ses anciens collègues avec lesquels se déroulaient de franches rigolades peu de temps auparavant.
- Nan, mais qu’est-ce que c’est ce bordel ? C’est comme ça que tu travailles, Romy ? Mais où as-tu appris à faire une merde pareille ?
- Que t’arrive-t-il, Nad ? Tu me connais, j’ai toujours travaillé ainsi… Et ça marche au top… Tu vas pas me faire chier pour des broutilles, tu sais parfaitement que le boulot sera fait et bien fait, quoi…
- Ah oui, tu le prends comme ça ? Alors, je crois que je vais devoir t’apprendre non seulement comment on doit travailler mais aussi comment on s’adresse à sa hiérarchie. Et, je pense qu’on en reparlera à ton entretien annuel, ça va te faire tout drôle…
Romy resta complètement incrédule, abasourdie. Cette Nadège qui était sa meilleure copine quelques semaines avant, devenue grand chef de cette importante entité, était devenue juste ʺimbouffableʺ, inhumaine… Elle regarda sa supérieure, puis sa montre…
- Flûte, j’ai un rendez-vous médical, il faut que je file.
Elle enregistra son travail, éteignit son ordinateur et s’en fut, sans un regard ni un au revoir à celle qui avait été, jadis, une amie. Une rage folle l’habitait. Jamais elle n’avait ressenti cela. Elle rentra chez elle et se prépara un bain bien chaud. C’était un moyen qu’elle aimait bien pour se détendre. En général, elle en profitait pour se donner un peu de plaisir, laissait ses doigts, voire quelques jouets, prendre possession de son corps pour une promenade sexuelle solitaire qui la laissait après totalement détendue, heureuse. Là, rien ne put se faire tant sa colère était intense.
Elle sortit du bain, sans s’essuyer, gagna sa chambre, nue et mouillée, alluma son ordinateur et se connecta, sur son compte Linkedin. Elle rechercha quelques-uns de ces chasseurs de têtes qui, si souvent, laissaient sur sa page des offres qui l’agaçaient… Elle posta immédiatement son CV accompagné de messages les plus positifs possibles vu son état mental, laissant sa colère guider sa navigation… En général, les employeurs étaient à l’affût de telles réactions… Elle s’attendait donc à se voir convoquer rapidement pour une mise au point par son gestionnaire de carrière.
Cela ne rata pas : dès le lundi suivant, elle fut conviée chez son RH. Explication, cris, colère… tout y passa…
- Cette fille est cinglée, Patrick, elle est folle à lier. Vous avez vu ce qu’elle a fait de Sylvie ?
- Sylvie … Celle qui est en dépression ?
- Dépression… mon œil Elle est partie en burnout. Voilà une fille en or massif, qui était heureuse, avec un compagnon amoureux dingue d’elle, quatre mois de grossesse, le bonheur de sa vie… Elle a fait une fausse couche, elle a plongé dans le malheur et quitté Pierre, juste pour ne pas lui imposer l’épave qu’elle est devenue, tout ça à cause de cette nana qui est devenue un tyran sans aucune considération pour l’être humain. Avant longtemps, elle aura du sang sur les mains, alors, c’est fini pour moi, je me casse avant d’en crever.
Le RH se leva et vient mettre sa main sur l’épaule de Romy, avec tact, mesure, et même une certaine affection :
- Non, Romy, je te le demande avec toute mon amitié : ne pars pas. Si quelqu’un doit partir, ce n’est pas toi. Je vais m’occuper de cette affaire. Crois-moi, Nadège ne va pas harceler les gens plus longtemps. Et je vais voir ce qu’on peut faire pour Sylvie… J’ignorais cette histoire. Attends un peu avant de prendre une décision aussi lourde.
- Nadège, tu as vraiment poussé trop loin…
- Que veux-tu dire, mon chéri ?
- Romy a posé sa démission. Le RH a demandé pourquoi, elle lui a tout dit. Comment tu as démoli Sylvie. Je l’ignorais…
- Je n’ai rien démoli du tout. Elle ne respectait pas mes consignes…
- Nadège : tu es malade. Complètement folle. Tu vas devoir faire face à tes responsabilités, toute seule. Moi, je m’en vais.
- Quoi, tu t’en vas ? Que veux-tu dire, Christian ?
- C’est fini, toi et moi, Nadège. Je vais essayer de sauver ce qui est sauvable dans notre couple : moi.
Nadège s’était ainsi retrouvée lâchée de tous côtés, ne sachant pas encore à quelle sauce elle allait être mangée…
Au dernier étage de la tour habitait le PDG, le big boss, celui que tous redoutaient, une sorte d’ogre sanguinaire aux colères homériques. Nadège y avait été souvent reçue : elle avait la chance de ne pas déplaire au patron ! C’est sans doute pour cela qu’il la reçut avec une relative amabilité.
- Assieds-toi, Nadège… Et puis non, reste debout, ce sera plus vite fait. Voilà : tu es virée. Faute grave. Harcèlement. Nous avons bloqué plusieurs démissions cette semaine, nous avons retrouvé le dossier d’une femme que tu as détruite. Complètement bousillée, Nadège. Une femme innocente qui ne se remettra sans doute jamais d’avoir travaillé sous tes ordres. Donc, c’est fini N. I. Ni . Il n’y a pas de place dans notre groupe pour une femme n’ayant pas l’intelligence requise pour diriger des êtres humains. J’ai donné les instructions. Tu peux partir, j’ai fini.
Il se mit à lire un document, sur son bureau, sans plus s’occuper de sa présence. Nadège venait de sortir de sa vie ! Il n’avait même pas élevé la voix, rien, juste ce ʺtu es virée…ʺ. Livide, Nadège redescendit à son bureau, regroupa quelques affaires et reprit le couloir vers les ascenseurs. Personne, absolument personne ne lui adressa la parole. Elle entra dans le bureau de Pierre, prit une profonde inspiration :
- Pierre… Je… je suis désolée…
Le jeune homme se retourna la toisa avec un profond mépris, puis se remit à son travail.
- J’ai appris pour Sylvie… Je voudrais tant faire quelque chose pour réparer mes erreurs ?
- Tes erreurs ? Tu appelles ça des erreurs ? Tu as démoli la femme de ma vie, méthodiquement, à fond, sans lui laisser la moindre chance. Nous avons perdu l’enfant que nous attendions, elle ma quitté, et toi, tu parles d’erreurs ? Tu es une grande malade, une personne profondément mauvaise, Nadège. Alors si tu veux du bien aux gens, ne les approche plus, jamais. Tu détruis tout ce que tu touches. Et sors de ma vie efface tous tes contacts, ne me parle plus jamais.
Nadège sortit du bureau. Les yeux pleins de larmes. En passant devant le bureau de Romy, elle la vit, y entra.
- Romy, je…
- Non, ça suffit. Je pars, je démissionne, fous-moi la paix.
- Ce n’est pas la peine… Je suis virée.
- Ah !!! enfin une bonne nouvelle dans cette foutue boîte ! Je ne croyais pas que tu pourrais encore arriver à me faire plaisir un jour… Merci, Nadège, ça c’est sympa.
- Romy, je voudrais faire quelque chose pour Sylvie… je sais que j’ai merdé…
- Ah, tu voudrais l’aider, et apaiser en passant le petit bout de culpabilité qui peut-être s’est insinué en toi ? Oui, il y a une chose que tu peux faire : vas t’installer aux Kerguelen… Et n’en reviens jamais.
Nadège laissa les clefs de sa voiture de fonction sur son bureau, prit encore quelques affaires personnelles intimes et descendit vers les transports en commun. Dans le métro, elle fouilla ses contacts et retrouva une fiche relative à Sylvie. Par chance, elle avait noté une adresse. Peut-être était-elle encore la bonne ?
Elle se rendit à cette adresse le lendemain. Sylvie n’y était plus depuis plusieurs années ! Mais la personne ayant repris son logement se souvenait d’avoir fait suivre du courrier. Elle lui donna cette autre adresse. Là, le lendemain après-midi, c’est Sylvie en personne qui lui ouvrit la porte. Nadège eut bien du mal à la reconnaître. Au lieu de la belle jeune femme joviale qu’elle avait connue, c’est une sorte de fantôme grisâtre qui lui faisait face. Elle avait perdu une quinzaine de kilos, alors qu’elle était déjà mince avant… Ses cheveux étaient ternes, ses yeux vides, son teint pâle et sans vie. Elle s’effaça pour laisser Nadège entrer.
Les mots… Trouver les mots… En existait-il qui puissent traduire ce que ressentait Nadège ? Ce qu’avait vécu Sylvie ? Des mots qui soient compris des deux femmes, avec le même sens…
- Sylvie, je ne sais pas si j’ai la moindre chance de parvenir à te convaincre de la sincérité de ma démarche… Je suis habitée par une honte abjecte de ce que je t’ai fait. Je ne pourrai sans doute jamais réparer tout le mal que je t’ai infligé mais je veux que tu saches que je vais faire tout ce qui est à ma portée pour t’aider à revenir à la vie, dussé-je y consacrer le reste de mon existence, jusqu’à mon dernier souffle. J’ai été virée de la boîte, j’ai perdu mon compagnon : je suis totalement libre… Je veux me consacrer tout entière à toi, tenter de te rendre ce sourire que je t’ai fait perdre.
Sylvie regarda Nadège avec une sorte de pitié dans les yeux, sincèrement désolée d’entendre ces choses.
- Ils t’ont virée ? Mais c’est injuste ! Comment vas-tu faire ?
Nadège n’en revenait pas. Cette femme se faisait du souci pour elle qui avait été tellement ignoble envers elle. Quelle leçon d’humilité. Les larmes montèrent à ses yeux. Elle détourna son regard. Dans un coin du salon se trouvait un berceau, plein de jouets. Un peu plus loin, un cadre avec une photo d’elle avec Pierre, le jour de leurs fiançailles. Là Nadège sentit monter des larmes.
Sylvie semblait perdue, engloutie dans un abîme sans fond de pensées où aucune émotion ne pouvait l’atteindre, se lire sur son visage impassible. Elle se dérida, une sorte de rictus ressemblant vaguement à un sourire apparut sur ses lèvres tandis qu’une petite flamme s’allumait dans ses yeux.
- Que vas-tu devenir, loin de ton travail, des gens que tu fréquentais chaque jour ? J’ai de la peine pour toi…
- Arrête, Sylvie, arrête d’avoir cette compassion pour moi qui n’en ai eu aucune pour toi quand je t’ai fait tant de mal… Je ne le mérite pas, je suis méprisable. Toi, tu es digne de toute la compassion du monde, pas moi.
Nadège resta ainsi de longues minutes sans bouger, puis, lorsqu’elle se sentit suffisamment rassérénée, se releva, s’agenouilla devant Sylvie et lui prit les deux mains dans les siennes avant de dire, la regardant droit dans les yeux :
- Sylvie, je sais que tu ne pourras pas accéder à ma requête, mais je te demande pardon pour tout le mal que je t’ai fait, du fond de mon cœur, de mon âme. Je te supplie de me croire. Si tu savais ce que j’ai honte … Je n’aurai pas assez de ma vie pour te le dire : Pardon, pardon, pardon….
Toute superbe avait quitté cette femme fière, dominatrice, méprisante, quelques jours plus tôt encore. Les yeux rougis, elle se repentait avec de tels accents de sincérité que Sylvie en était émue, elle qui, depuis deux ans, avait banni toute émotion de sa vie. Pour la première fois depuis sa rupture avec Pierre, Sylvie ressentit l’émotion du plaisir la gagner. Elle se leva, devant Nadège, lui passa un doigt sur les joues, essuyant une larme qui avait débordé, malgré les efforts qu’elle faisait pour garder le contrôle.
- C’est parfois utile de pleurer, Nadège… Certains disent que ça fait pleurer le Bon Dieu, d’autres affirment qu’elles emportent avec elles la raison de leur venue.
En cette fin de journée, Sylvie n’était plus la même femme. Elle était tout étonnée de voir Nadège pleurer, elle qui n’y était pas parvenue depuis près de deux années. Dans sa tête, une idée prenait forme, un plan, une nouvelle vie, avec de l’espoir, des envies, elle qui pensait ne plus jamais en connaître la saveur.
- Nad, il m’arrive une chose que je n’ai pas ressentie depuis bien longtemps…
- Tu te sens bien ? Tu veux que je t’emmène chez le médecin ?
- Non. J’ai faim…
Tour du propriétaire dans la cuisine : il reste une cuiller à soupe de riz au fond d’une boite. Le frigo est dans un état de sortie d’usine. Les placards sont d’une totale vacuité. Impressionnant…
- Sylvie, il t’arrive de manger, parfois ?
- Pas trop, en fait. L’envie a quitté mon corps et mon esprit, tu sais…
Nadège regarde l’heure. Vingt heures passées… elle phosphore à deux cents à l’heure.
- J’ai vu un dépanneur marocain en bas, on va aller chercher de quoi manger, tu veux ?
- Chez Moha ? C’est un amour… mais…
- Mais quoi ? Vous êtes fâchés ?
- Oh non ! c’est que… Je n’ai pas d’argent… Je vis des subventions qui me sont accordées, RSA et autres… Je n’ai pas les moyens d’aller chez lui…
- Alors, si c’est ça, je m’en fous ! Moi, j’étais payée de façon indécente jusqu’à hier. Viens, on va chercher de quoi te faire plaisir.
Les deux femmes sont allées chez Moha, ont acheté quelques fruits, des courgettes, salade, fromage, un peu de poulet et même une bouteille de vin ! Sel poivre, quelques épices pour égayer la cuisine, et hop-là. Un peu de plaisir commence à apparaitre dans la pupille de Sylvie : Nadège veut cultiver cet embryon. De retour à l’appartement, Nadège s’est mise en cuisine et a improvisé quelques recettes à la fortune du pot.
Sylvie a toujours le teint aussi terne et le cheveu triste, mais son regard a changé. De la lumière semble bien commencer à y revenir. Quant à ses lèvres, elles s’ornent parfois d’un sourire assez joli. Le plus incroyable changement, pour elle, depuis le départ de Pierre, c’est sans aucun doute celui-ci : la cuisine a servi… et on y a préparé un mets qu’elle a eu du plaisir à manger. C’est clairement une situation qu’elle ne pensait plus jamais revivre !
Et si le verre de vin lui a un peu tourné la tête, elle se sent assez proche d’un genre de bonheur…
- Merci Nad, c’était super. Je suis contente que tu sois venue.
- Je suis heureuse aussi. Il faut que je file… Je repasse demain, tu veux ?
- Tu ne voudrais pas rester encore un peu ? Ce que nous venons de vivre, là, ressemble presque à un moment de bonheur. Je voudrais le faire durer…
Nadège a posé ses affaires, regardant autour d’elle. Ce n’est pas très grand, ici. Bon, elle pourra toujours dormir sur le canapé, si besoin. Elle se décide :
- D’accord, mais pas longtemps...
- Chouette ! Tu es gentille… finalement.
Et pan, sur le bec ! se dit Nadège… Ce ʺfinalementʺ, après un temps d’arrêt bien mesuré… C’était fatal.
- J’ai toujours été gentille, en fait…
- Oui, avant… Et puis il y a eu après. Et maintenant, tu redeviens gentille. C’est ça que je veux dire.
- Sylvie, j’espère qu’un jour, nous serons de nouveau amies, si tu parviens à me pardonner…
- N’en parle pas, Nad, ne réveille pas les morts.
Sylvie a pris Nadège dans ses bras, l’a serrée très fort. Se dégageant, elle l’a regardée, avec une lueur amicale dans les yeux, lui a fait un petit baiser sur la joue. Les deux mains de Nadège dans les siennes elle a murmuré :
- On est amies ?
Nadège ne répond pas. Une émotion trop forte serre sa gorge. Sylvie caresse sa joue, y pose un baiser :
- Pour moi, oui. Viens.
La chambre de Sylvie est d’une neutralité désespérante, impersonnelle… Le lieu est dépourvu de toute décoration. Seule touche un peu personnalisée, sur le lit trône un gros nounours en peluche… Neuf.
- Si tu veux, tu pourras dormir ici, comme au bon vieux temps, quand on faisait la fête chez toi, tu te souviens ? On terminait souvent nos nuits un peu en vrac, au hasard dans les chambres, à deux ou trois sur chaque lit !
Pâle sourire, Nadège fait un petit oui de la tête. Sylvie lui sort un grand T-shirt taille XXXL, avec écrit King Kong au niveau des seins.
- Tiens, ça te fera une chemise de nuit !
Nadège a ôté ses vêtements, et, en culotte, s’apprête à le passer autour de sa tête.
- Dis-donc… Je ne me souvenais pas que tu étais aussi mignonne !
- Arrête ! J’ai pas de nichons, c’est pas comme toi… Toi, oui, tu es sacrément jolie…
- Tu as peut-être de petits seins, mais tes tétons, c’est quelque chose… Ils son fabuleux !
Sylvie tend la main, effleure ce mamelon qui le nargue. Le téton se cabre aussitôt tandis que Nadège a un petit mouvement de recul.
- Houah ! Ils sont sensibles, dis-donc… Les miens ne le sont pas autant…
Elle touche le second qui prend la même posture, aussi soudainement. Un délicieux picotement averti Sylvie qu’elle entre en zone rouge, son corps commence lui aussi à réagir. Elle va devoir assumer, si elle continue ce petit jeu…
Sylvie se penche et fait un petit baiser sur chaque téton, les laissant humides après son passage. Nadège n’ose pas bouger, elle demeure interdite, écarlate. Elle ose, finalement quelques mots :
- Qu’est-ce qui t’arrive, Sylvie ? Tu n’as jamais été… heuh, de ce bord… et tu sais bien que moi non plus.
- Ah, ça ! C’est sûr, tu as toujours été une femme à mecs, multi-mecs, même C’en était presque dérangeant, parfois, certains soirs de bamboula. Mais, là, je ne sais pas ce qui m’arrive… Je te trouve belle… Je ne me suis jamais aperçue de l’effet que cela me fait maintenant, de te voir comme ça… J’ai eu envie de voir ce que ça fait…
- Et ton verdict ? Tu aimes ?
- Plutôt, oui. C’est très doux. C’est très agréable, comme contact. Et surtout… Je trouve très excitant de faire une chose que mon éducation très morale m’a toujours interdit de faire !
- Sylvie, j’ai dit que j’étais prête à tout pour toi… Je ne souhaite pas vraiment ce que tu fais, mais pour toi, je le supporterai…
- Merci Nad… Je te trouve très gentille, et très belle, quoi que tu en penses.
Sylvie continue à caresser les seins de Nadège. Les tétons en sont devenus énormes chauds et durs, les aréoles rétrécies, granuleuses, d’une sensibilité exacerbée. Elle y passe sa langue avec sensualité et même gourmandise. Elle s’en étonne elle-même, se surprend du plaisir qu’elle y trouve. Mais, bon, cela fait partie de son projet. Elle remonte doucement vers le cou : la jeune femme frémit. Elle dépose des tas de petits baisers papillon ici et là, lèche le lobe d’une oreille au passage, le mordille… Nadège a un sursaut : c’est sans doute sa zone érogène la plus efficace, la plus sensible. La tension érotique de cet attouchement est tellement forte, brutale, qu’elle ne peut retenir un gémissement. La jeune femme résiste de toutes ses forces à l’attraction développée par Sylvie, mais le pourra-t-elle encore longtemps ?
- Sylvie… je t’en prie… Non…
Sourde à ce timide refus, Sylvie persévère : elle rend même sa torture encore plus cruelle en mordillant la peau sur tout son cheminement, y laissant une trace humide, une petite fraîcheur qui engendre à sa suite de savoureux frissons. Elle arrive sur sa joue, oblique vers ses lèvres ; y pose son premier baiser, lèvres à lèvres, souffle à souffle.
Nadège a un sursaut, un mouvement de recul. Elle va pour tout arrêter, commence à se retourner puis se ravise, se rend, s’offre. Elle a donné sa parole… elle se doit de la respecter. Un glacial ouragan traverse son âme, tandis qu’elle tente de se raisonner, d’accepter la caresse de la langue qui, maintenant, s’insinue entre ses dents serrées. Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Que m’arrive-t-il ?
Nouveau gémissement : Nadège est sous l’emprise de ce baiser qui dure et devient de plus en plus présent tant dans sa bouche que dans son esprit. Elle l’a supporté, elle commence à y participer, de plus en plus activement, sans en avoir aucunement pris la décision. Une main sur ses seins continue ses caresses et elle les trouve de plus en plus douces. Une autre main est venue sur son ventre dessiner des ronds trouvant leur centre sur le petit diamant ornant son nombril. Quelque part, au fond d’elle, Nadège sent les prémices d’un désir auquel elle se refuse encore. C’est avec douleur qu’elle parvient, à grand peine, à retenir les ondulations que son bassin tente de lui imposer. Tout sauf céder…
Nadège résiste, encore et encore, même si, elle l’a bien compris, c’est peine perdue. Un peu plus bas, derrière la dérisoire barrière de soie violette de sa culotte de fine dentelle, elle sent sourdre ce désir qui ne va plus la quitter tant qu’il n’aura pas été assouvi. Son subtil effluve en émane, intense, omniprésent, pénétrant chaque centimètre carré de peau présente, chaque narine. Elle sait que Sylvie sait : elle n’a aucune chance de s’en sortir, la guerre est finie, elle l’a perdue. Mais en bon soldat, elle prend la courageuse décision de défendre ses positions jusqu’à son dernier souffle.
Sylvie s’est agenouillée, elle a placé ses lèvres sur le petit diamant de son ombilic. Elle y darde sa langue tout en couvrant cette chair de ses baisers. Là encore, elle laisse sa moiteur y provoquer frissons et hoquets avant de poursuivre sa route vers le grand Sud. La dentelle améthyste vibre sous son souffle, ses lèvres, La jeune femme est elle-même sous l’influence de cette indomptable fragrance du désir émanant avec force de la fleur encore cachée. Ses narines palpitent, ses lèvres frémissent, sa main tremble d’une émotion dont elle n’a plus aucun souvenir. Les baisers pleuvent sur la fine dentelle…
- Oh, Sylvie, non… je t’en prie… Non…
A-t-on déjà vu un château de sable arrêter un tsunami ? Alors, ce petit ʺnonʺ… était-il sincère, même ? De son index gauche, Sylvie à délicatement repoussé l’étoffe violette jusqu’au pli de l’aine pour laisser maintenant ses lèvres s’enivrer de la douceur de la blonde toison ornant le joli mont de vénus ainsi dégagé. Son ivresse est à son comble, elle sait Nadège à l’extrême limite de la rupture ; dans un instant, elle sera sienne, elle pourra la posséder totalement, jouir d’elle pleinement... Lui donner du plaisir et en prendre, à l’infini.
Les baisers sont descendus au niveau du profond sillon, sous la douce toison. Oh, Nadège tente bien de serrer ses cuisses, oui, c’est sûr, mais elles sont agitées de tels tremblements… Bientôt, c’est même spontanément qu’elles s’écartent tandis que la jeune femme pousse un sanglot tout en attirant la tête de Sylvie, la pressant fortement contre son intimité, l’appelant à lui donner le coup de grâce. Voilà, la digue a cédé, Nadège ne fait pas que s’offrir, elle se rend sans condition, dépose les armes. C’est d’elle-même qu’elle se laisse tomber sur le lit de Sylvie, sur le dos, attendant le bon vouloir de son implacable bourreau.
Sylvie, pour bien marquer sa victoire, cesse le combat un instant, remonte jusqu’au visage de Nadège. Elle le caresse, le regarde, l’embrasse avec fougue et douceur en même temps.
- Nad ! Tu es si belle… J’ai tellement envie de toi. Tu sais, cela fait presque trois ans que je n’ai eu personne à aimer, que je n’ai pas fait l’amour avec qui que ce soit, même moi. Je suis folle de bonheur que ce soit toi qui sois venue m’offrir ce retour à la vie. Je vais t’aimer comme on ne t’a jamais aimée, tu sais, comme dans la chanson de Sardou… Je vais te rendre folle de plaisir.
Sylvie a repris sa douce torture là où elle l’avait arrêtée. Descendant le long de la cuisse gauche, elle l’a couverte de chauds baisers, soulevant la jambe, passant dans le creux du genou, longeant le galbe du mollet, remontant sur la cheville, le cou de pied.
- Mon Dieu, que tu as de jolis pieds, Nad ! Je n’avais jamais remarqué, tu sais, ils sont si fins, si élégants, sensuels… Je les adore, vraiment.
Elle l’embrasse, en lèche le tranchant, les orteils aux ongles vernis de la couleur-même de la jolie culotte de soie. Elle suce voluptueusement les orteils, les faisant sensuellement entrer et sortir de sa bouche, laissant un petit filet de salive couler sur le dessus du pied, juste pour pouvoir aussitôt le lécher goulûment.
Elle change pour le pied droit qui reçoit le même traitement et entreprend le retour aux sources, remontant la jambe sur ce chemin de baisers torrides. Arrivée à la confluence des deux magnifiques cuisses galbées, là où l’effluve ravageur redevient le plus puissant, l’attirant vers ce point de non-retour que Nadège appelle de ses vœux autant qu’elle-même, elle retrouve la culotte restée un peu écartée. Elle enfouit son nez dans ce sillon accueillant.
Elle soulève les deux cuisses et les passe sur ses épaules, les deux pieds posés sur son dos, retenant un rugissement de bonheur : elle vient d’assouvir un très vieux fantasme remontant à son adolescence, lorsqu’elle s’imaginait faire ses premières gammes sexuelles avec ses copines de collège. L’une d’elle lui plaisait tant qu’elle avait rêvé cette situation, cette position, des années durant, sans jamais en réaliser la moindre part. Elle était donc en ce moment précis, en train de vivre sa toute première aventure homosexuelle, provoquant en elle une excitation comme jamais elle n’en avait ressenti.
Elle veut pleinement jouir de cet instant, ne pas en perdre la moindre miette… Se soulevant sur ses coudes, elle regarde le merveilleux tableau qui s’offre à elle : le petit champ de blés mûrs sur le pubis gonflé à la pointe duquel s’ouvre le sillon humide de désir, le joli papillon posé dessus, qui laisse mollement frémir ses ailes … la petite perle rose, encore timidement cachée sous son fin capuchon, le tout enveloppé dans cette fragrance invitant à toutes les débauches, toutes les idées les plus folles… Et elle les a bien en tête, ces idées.
Tout en bas, un petit anneau de chair mauve palpite doucement aussi, luisant de ce même désir qui sourd un peu plus haut et s’écoule avec générosité. L’appétit saisit Sylvie aux lèvres, et comme il vient en mangeant, selon le dicton, le festin promet d’être digne d’un roi, d’une reine en l’occurrence.
Sylvie tend sa langue, frôle les lèvres, un aller, un retour, d’autres encore. Tout s’agite sous elle, les pieds dans son dos crient l’impatience de Nadège qui n’en peut mais. Sylvie a perdu le souvenir des plaisirs solitaires, elle ne sait plus bien à quoi ressemble le goût de ce miel d’amour qui tant l’enivre. Elle a bien connu son goût propre du temps où elle jouait avec son sexe mais n’en a pas gardé le souvenir. Elle y plonge sa langue avec gourmandise et, longuement, le savoure, le déguste, s’en repait. Elle y retourne, avec, elle le sait, un peu d’égoïsme… Mais après tout, Nadège a bien dit qu’elle était prête à tout pour faire revenir le sourire sur son visage… Ce plaisir va y contribuer !
Elle plonge et replonge, parcourt le sillon, agace les lèvres, grandes et petites qui frémissent sous sa caresse. Elle tente, d’un doigt, de solliciter le chaud conduit, tout au fond de cette douce grotte des plaisirs, y est reçue avec une joie clairement exprimée par les gémissements de son amante. Elle ajoute vite un second doigt, puis un troisième. Lorsque lui vient l’idée de proposer le quatrième doigt, ce petit maladroit ne se joint pas tout à fait assez vite à ses frères et c’est contre le petit œillet mauve qu’il vient s’appuyer, entrant aussitôt dans l’antre étroit. Nadège explose à cet ultime contact, se laissant traverser par un ouragan orgasmique comme jamais de toute sa vie elle n’en a vécu.
Sylvie continue à lécher les pétales de la fleur tout en suçant la perle d’amour du clitoris, ses doigts restant immobiles quelques instants. Dès qu’elle les remet en mouvement, un second orgasme fait trembler Nadège qui se soulève comme une arche appuyée sur ses épaules et ses pieds, toujours placés sur les reins de Sylvie qui peut ainsi sentir toutes les vagues de son plaisir.
Elle retire ses doigts, cesse les caresses de sa bouche, reposant sa joue sur la toison au repos. Elle laisse passer la fin de la tempête jusqu’au moment où Nadège l’attire de ses mains, la fait remonter jusqu’à son visage et lui offre ses lèvres avec passion.
- Sylvie… Sylvie… Tu es folle ! Et je le suis aussi, c’est sûr. Jamais de ma vie je n’avais connu un bonheur aussi fou, aussi intense. Ahh… Ma belle, ce que c’est bon de faire l’amour avec toi… Je n’aurais jamais cru vivre une telle chose avec une fille. Je me croyais totalement hétéro, un pan tout entier de mes certitudes vient de s’effondrer. Je suis dans le doute… Mais j’aime ça !
Leurs lèvres se soudent une nouvelle fois. Les mains de Nadège entrent en action et explorent le corps de cette amante qui vient de la révéler à elle-même. Elle lui ôte ce vilain haut qui la dépare, dégrafe son soutien-gorge, laissant sa jolie poitrine prendre ses aises… Quelle douceur ! Quels reliefs agréables… Elle fait glisser la jupe grise et terne, pas très longue, c’est sûr, mais qui, tout de même, cachait les jolies jambes de son amante. Certes, elle n’est pas trop en chair, d’une maigreur exagérée, mais c’est tellement sensuel, excitant, de caresser des seins, des cuisses, un pubis femelle, un sexe de fille autre que le sien… Bientôt, elle abandonne les lèvres de son amie pour marquer d’autres territoires du sceau de sa propriété. Sa main se fait conquérante, elle ne laisse pas le moindre centimètre carré de sa peau inexploré.
- C’est fou ce que tu es belle, Sylvie. J’avais le souvenir d’une jolie femme lorsque nous nous sommes vues peu vêtues, autrefois, mais jamais je n’avais ressenti cette attirance qui aujourd’hui me brûle le ventre et l’âme… Oh, oui ! Je vais faire tout ce que j’ai à ma portée pour te donner du bonheur, beaucoup de bonheur, et je veux le faire jusqu’à mon dernier souffle.
Et c’est ce souffle qu’elle laisse glisser, brûlant, sur la peau de son amie. Elle fait apparaître sur elle, la chair de poule du plus profond des désirs. Sylvie voudrait donner d’elle l’image forte d’une femme qu’on ne fait pas décoller comme le premier avion venu, qui domine la situation… Elle garde un visage serein, certes, mais quand Nadège caresse délicatement le haut de ses cuisses, elle sent bien la culotte de coton totalement détrempée, dégoulinante ! Elle se penche vers ses lèvres pour un nouveau baiser amoureux. La main sur la tache du vêtement :
- Me désires-tu, ma belle ? Me veux-tu ici aussi ?
- Oui…. Oh, oui, prends-moi, là, tout de suite…
Alors, Nadège ôte l’inutile vêtement et s’applique, de la langue, des lèvres, des dents, de son nez, son menton, ses doigts. Elle entreprend une savante danse qu’elle invente au gré des mouvements, des soupirs, des gémissements de son amante. Chaque fois qu’elle la sent sur le point de parvenir à son plaisir, elle cesse, caresse les cuisses, tout près de là, les lèche pour maintenir le plus haut niveau d’excitation, proche de l’orgasme… mais proche seulement. Elle monte à son visage qu’elle couvre de baisers en lui disant des mots tendres, lit sa frustration dans son regard avide. L’écoute la supplier…
- Nad, tu es trop cruelle ! Tu m’empêches de jouir, ça fait au moins dix fois… Je t’en prie, par pitié… laisse-moi venir, libère-moi, fais-moi jouir…
Alors, enfin, elle se remet en place entre les jolies cuisses offertes, plaque sa bouche grande ouverte sur le sexe de son amante, le dissimulant en totalité. Elle laisse aller sa langue, ses dents, ses lèvres, dans une succion caressante d’une intensité folle, mettant son clitoris dans tous ses états, ses nymphes en émoi et son antre tout entier palpitant, tout en déglutissant avec un indicible bonheur la jouissance de sa belle.
Nadège reste ainsi de longues minutes, immobile, la bouche collée à ce sexe aimé. Elle ne bouge plus. Elle réalise que, pour la première fois de sa vie, elle vient de faire jouir une femme, elle, autre femme… Qu’elle a adoré ça, qu’elle rêve de recommencer, de se donner totalement à cette amante si touchante, si frêle, si fragile. Ce n’est que quand Sylvie fait un petit geste saccadé -un frisson- qu’elle remet sa langue en mouvement, aspire de nouveau les nymphes dans sa bouche, avec une grande douceur, cette fois. Elle laisse le désir revenir en elle, s’applique à ce baiser vaginal, le veut explicite, qu’il lui dise ses sentiments pour elle, ses envies, lui raconte sa foi en elle.
Les jambes de Sylvie enserrent sa tête, ses pieds massent son dos avec une douce sensualité, ses mains caressent ses tempes, ses cheveux… Elle sent l’ardeur revenir dans ce corps qu’elle apprend à connaître, à chérir, à conquérir. Sa main droite monte prendre un de ses seins pour en pétrir doucement le téton entre ses doigts, le sentant grossir, se raidir de plaisir, tandis que l’autre se coule entre les cuisses et pénètre, doigts en avant, vers le saint du saint. Son pouce entre dans sa grotte d’amour, lui arrachant un cri, l’anticipation d’un nouveau plaisir. Deux autres doigts viennent caresser son entrée la plus secrète.
Sylvie se cambre pour faciliter cette visite, s’ouvre à elle dans une délicieuse suffocation. Nadège fait ainsi coulisser ses doigts, quelques secondes seulement, avant qu’un nouveau déferlement de jouissance envahisse son amante, qu’elle déguste, lape avec volupté.
Les deux amantes se sont enlacées, sans dire un mot, ont encore échangé des millions de petits baisers très tendres, laissant le sommeil les gagner, petit à petit. C’est ainsi qu’elles se réveillent au petit matin.
Nadège est étonnée de ne pas se retrouver chez elle, dans son lit. Sylvie l’est tout autant de voir quelqu’un dans le sien… Femme et femme. Elles se voient, là, enlacées. La mémoire revient, celle du corps, des corps apaisés. Sylvie serre contre elle Nadège, qui ronronne en lui donnant de petits baisers dans le cou :
- Sylvie…
- Oui Nad… Je crois que je sais ce que tu vas dire.
- Je sais que tu le sais ! Je t’aime… Je ne pensais jamais dire ça à une fille… Je suis mordue, Sylvie, je n’arrive pas à réaliser. Je t’aime, quoi, c'est fou !
Sylvie lui caresse doucement les cheveux, silencieuse.
Trois semaines passent ainsi dans une permanente tension amoureuse, érotique, sexuelle : Nadège ne cesse d’être aux petits soins pour sa belle. Elle cuisine, fait le ménage, réorganise, décore… Déjà, Sylvie reprend un peu de poids, ses formes retrouvent la sensualité d’autrefois, son visage a retrouvé des couleurs et sa mobilité, son expressivité… Elle l’a tractée, péniblement au début, hors de chez elle pour faire des emplettes. L’a même emmenée dans un magasin de lingerie.
- Il te faut des jolies choses à mettre sur toi, des vêtements sexy, des dessous excitants !
- Si c’est pour que tu me les ôtes, autant rester nue, non ?
- Mais non, ma chérie : tu dois me donner envie, irrésistiblement envie, envie de te les arracher, si besoin ! Et puis, dis-moi ce que tu aimerais que je porte pour te faire plaisir, pour t’exciter…
- Bah… pour m’exciter, le mieux c’est quand tu ne portes rien ! Et pour me faire plaisir… j’aime assez écarter ta culotte pour m’occuper de ton petit minou. J’adore cette culotte de soie violette que tu portais, le premier jour…
Nadège a donc pris pour elle quelques culottes et strings de la même couleur violette qu’aime tant Sylvie. Elle lui a offert plusieurs petits ensembles coquins culottes, soutien-gorge à balconnets, porte-jarretelles et bas. Elle a acheté deux nuisettes jumelles, deux autres différentes, une noire et une violette. Elle a pris pour Sylvie quelques vêtements, dont une minijupe en cuir rouge vermillon, petite merveille d’érotisme, très habillée ! Elle est ravie de ces corsages de fin coton ajouré de petites broderies que Nadège lui a offerts.
Elles ont mangé au restaurant et sont rentrées chez elles. Cela fait trois semaines que Nadège n’est plus allée à son propre appartement, qu’elle songe sérieusement à quitter, à part une fois pour y prendre une valise avec ses vêtements préférés. Elle se sent bien, là chez Sylvie, se dit qu’elle est arrivée là trois semaines plus tôt en disant qu’elle souhaitait consacrer sa vie à restaurer son bonheur : elle a le sentiment que c’est bien parti pour se réaliser…
Pourtant, à peine entrée, Sylvie la regarde avec un air étrange, un visage impassible sur lequel on ne lit aucune émotion… Comme avant… Un froid glacial envahit Nadège. Que se passe-t-il ?
- Nad… J’ai deux choses à te dire. L’une est une plutôt bonne nouvelle, je pense, l’autre en est une vraiment pas très chouette. On va dire mauvaise.
- Va pour la mauvaise… de toute façon, je suis prête à tout…
Nadège s’attend à un orage, une douche glacée… Si elle avait seulement pu imaginer à quel point…
- D’accord. Voilà : quand tu es arrivée, le mois dernier, sans crier gare, et que je t’ai reconnue, j’ai été horrifiée. Je me disais "que vient-elle faire ici ? Finir le boulot ?" Alors, je l’avoue, j’ai été prise par la plus féroce haine que j’aie jamais ressentie en moi. J’ai cherché dans ma tête comment je pourrais exercer sur toi une implacable vengeance. Te faire souffrir comme tu m’as fait souffrir… J’étais devenue une boule de haine, machiavélique, je ne me reconnaissais plus.
Devant elle, Nadège est devenue blanche, ses lèvres tremblent, ses yeux s’embuent. Insensible à sa détresse, Sylvie continue.
- J’ai finalement décidé que le meilleur moyen serait de te séduire, de te rendre amoureuse dingue de moi, ce à quoi je suis parvenue bien plus facilement que je l’avais anticipé ! Mon idée était de faire de toi ma chose, mon objet de sexe, avant de te casser comme du petit bois, te détruire comme tu m’avais détruite il y a quelques années…
Nadège, qui a commencé à pleurer silencieusement, se reprend, sèche ses larmes ; elle redresse la tête, regarde fièrement Sylvie, la parcourt de ses yeux toujours amoureux, mais emplis de désespoir.
- Je le mérite bien, Sylvie, je ne l’ai pas volé. Et tu l’as dit : je suis ta chose. Tu as le droit de faire ce que tu veux de moi. J’y étais prête en venant te voir. Je ne pensais pas du tout -loin de moi une telle idée- que je pouvais tomber sous ton charme. Mais vas-y : déteste-moi, haïs-moi, passe sur moi ta colère, tes frustrations. Je t’ai un jour détruite, tu as le droit de m’anéantir. Je me soumettrai à ta vengeance, quelle qu’elle soit. Je te dois ça…
Nadège s’est assise, a baissé ses yeux à nouveau rougis par les larmes devant le beau rêve qu’elle avait formé en elle et qui maintenant s’écroulait… Un sourire revient sur le visage de Sylvie :
- Nad, tu n’as pas envie de savoir la bonne nouvelle ?
- Fais de moi ce que tu veux, je m’en fiche, je le mériterai quoi que tu fasses…
- Oh oui ! Tu le mérites ! As-tu noté que tout ce que je t’ai dit était au passé ? Tu n’as pas fait attention ?
- Nan…
- Regarde-moi… J’ai toutefois négligé un paramètre, dans mon projet de vengeance… Un paramètre qui a tout fait capoter !
Nadège regarde Sylvie, une mince lueur d’espoir dans les yeux. Son teint est resté livide mais elle attend, haletante…
- Forte de mon inébranlable hétérosexualité, je voulais te séduire physiquement, sans réellement m’impliquer… je n’ai pas pensé une seule seconde qu’en te séduisant, je pouvais tomber dans mon propre jeu, me laisser séduire par toi, tomber amoureuse à mon tour. Et c’est ce qui s’est produit.
Regards affolés de Nadège. Un peu de couleur revient à ses joues mais elle peine à admettre, à croire ce qu’elle entend.
- Oui, Nad, je l’ai dit : je t’aime ! Et tu mérites parfaitement mon amour, pas ma vengeance. Partie pour te faire du mal, je suis tombée amoureuse dingue de toi, dès notre premier soir. J’ai mis trois semaines à l’accepter : je suis devenue lesbienne, Nad. Je l’ai sans doute toujours été sans le savoir, ou en le refusant… Maintenant, je l’accepte, je le revendique et c’est toi que je veux ! Je t’ai tout pardonné, absolument tout. J’ai seulement voulu que tu saches par quel cheminement mon cœur était arrivé jusqu’au tien. Et pardon si je t’ai fait souffrir. Je ne le ferai plus jamais, je te le promets.
Les deux amantes se sont enlacées, sont restées longtemps à s’embrasser, se donner des caresses toutes tendres. Sylvie, timidement, d’une petite voix, a finalement rompu le silence :
- Quel nom voudrais-tu que nous portions après notre mariage, Nad, le tien ou le mien ?
FIN
Elle travaille dans une grande multinationale. Si elle a eu des occasions de travailler dans des endroits improbables, comme le Yémen ou le désert Rub Al Khali de l’Arabie Saoudite, son travail se déroule désormais au siège, à la Défense, près de Paris.
C’est son regard, surtout, qui attitre tout de suite. Il est brillant, il est fluide, il est brûlant. Elle fait passer ses sentiments par la braise de son regard bien plus sûrement que par les mots les mieux choisis. Et pourtant, elle parle… Elle est très bavarde !
Sinon, c’est une blonde de taille moyenne, autour du mètre soixante-cinq, légère, à la taille fine et seins quasi-absents, si ce n’est la présence de très volumineux tétons, incroyablement érectiles. On peut ajouter qu’elle a de tout temps eu la réputation de n’être pas trop farouche… et d’attirer avec une certaine facilité les garçons dans son lit.
C’est ainsi que, quelques années plus tôt, elle était entrée assez tardivement, un soir, dans le bureau d’un de ses collègues :
- Ah ! Mais c’est que je commencerais à avoir une petite fringale, moi :
Le garçon avait ouvert un tiroir de son bureau et lui avait offert un palet breton, une de ses friandises de prédilection, qu’elle avait cependant boudé ;
- Ce n’est pas de ça que j’ai faim, en fait…
Elle était allée donner un tour au loquet de la porte et, revenue près du fauteuil avait sans façon aucune roulé un majestueux patin à son collègue. Puis descendant une de ses mains vers son pantalon elle avait entrepris de masser à travers la toile, l’objet de sa convoitise et de sa fringale.
Elle s’était enfin installée à genoux entre les cuisses, avait ouvert le vêtement, à la recherche du fruit défendu telle et, ayant extrait le palpitant pieu de chair, l’avait placé bien au chaud dans sa bouche. Elle avait laissé ses lèvres faire de langoureux allers et retours tout au long de cette hampe bien dure, tellement tentante, l’avait léchée avec délectation, jusqu’au moment où elle avait soudain serré l’anneau de ses lèvres pour recueillir dans la bouche, la récompense d’une jouissance bien méritée. Plusieurs longs jets bien chauds avaient envahi son gosier, glissé le long de son palais, autour de ses dents. Un ineffable sourire au visage, elle avait dégusté ce délicieux apéritif, l’avalant par petites gorgées épicuriennes.
Elle avait senti le membre perdre de sa fierté dans sa bouche tout en continuant à le flatter de sa langue, de ses lèvres, avec pour résultat que, bientôt, il avait retrouvé de sa fringance. Alors, relevant sa jupe et tirant d’une main sa culotte d’un côté, elle l’avait guidé en elle et s’était laissé glisser jusqu’à sa base. Le premier baiser avait alors commencé.
Cette petite gymnastique avait duré un bon moment : Nadège avait fait jouer ses muscles les plus intimes, offrant ainsi un second orgasme à son partenaire. Elle se dégagea, remit de l’ordre à sa tenue, un indéfinissable sourire aux lèvres :
- Tu viens ?
Aucune réponse n’était nécessaire. Elle lui avait pris la main, d’autorité, l’avait tracté jusqu’à sa voiture et emmené chez elle. Il n’avait, en somme, pas le choix. Sur place, elle avait repris les armes.
- Mon petit chéri, je crois que tu as joui deux fois, au bureau… Je suis désolée de t’avoir imposé cela… Je crois que j’en avais un peu envie ! Par contre, je n’ai pas eu le temps de jouir moi-même…
Elle mimait un visage placide, sans aucune attente, ses yeux brillants comme des étoiles filantes démentant cet apparent détachement. Elle attendait au contraire beaucoup… Vraiment beaucoup, énormément, sans doute. Christian ne pouvait pas le savoir.
Le jeune homme avait un secret amour pour elle, jamais il n’avait envisagé de le lui déclarer. Aujourd’hui, bien entendu, il se mit en devoir de lui donner le plaisir qu’elle était un peu en droit d’attendre. Il devrait seulement mettre les choses au point après…
Nadège écartait devant lui sa culotte le long de sa cuisse : il descendit aussitôt son visage dans cette fourche largement offerte. Il plongea sans attendre dans cette douceur qu’il honora de son mieux. Sans le savoir, il touchait-là L’un des plus violents fantasmes de la belle !
Ils s’étaient réveillés au petit matin, un peu étonnés d’entre dans le même lit. Avaient refait l’amour… Plusieurs fois... Christian avait gagné ce jour le statut de petit ami officiel de Nadège. Sans réellement vivre ensemble, ils passaient le plus clair de leur temps libre chez l’un ou chez l’autre.
Nadège n’en demeurait pas moins une prédatrice efficace ! Chaque fois que Christian partait au bout du monde pour une nouvelle mission, elle s’amusait encore à tester sa séduction… D’autres garçons tombaient encore parfois dans ses filets, parfois même plusieurs en même temps. Plus discrètement, c’est tout.
Et puis un jour, la grande décision était tombée, de tout en haut de la tour : une nouvelle réorganisation… Elle et Christian étaient présélectionnés pour devenir des cadres dirigeants d’un niveau très élevé dans la société. Le petit ʺhicʺ… c’est qu’une seule place était disponible pour les deux…
- Mon chéri, je veux ce poste à tout prix. Tu le sais bien, en tant qu’homme, tu ne peux que monter, c’est évident, pour toi, tu me dépasseras toujours. Moi, je n’aurai sans doute jamais une autre chance… Je le veux absolument, à tout prix…
Christian aimait très sincèrement Nadège. Il ne changea pas ce jour, mais découvrit tout de même une faille dans l’amour qu’elle lui portait. Il en conçut une réelle tristesse.
La vie était devenue très différente dans les entités dirigées par Nadège. Le sourire avait disparu. Ne parlons pas du rire. La jeune et sympathique Nadège, si drôle, toujours prête pour la gaudriole, était devenue, en quelques jours, une femme au regard glacial, dure comme le roc, méchante, sans aucune empathie. Elle ne laissait absolument rien passer, même auprès de ses anciens collègues avec lesquels se déroulaient de franches rigolades peu de temps auparavant.
- Nan, mais qu’est-ce que c’est ce bordel ? C’est comme ça que tu travailles, Romy ? Mais où as-tu appris à faire une merde pareille ?
- Que t’arrive-t-il, Nad ? Tu me connais, j’ai toujours travaillé ainsi… Et ça marche au top… Tu vas pas me faire chier pour des broutilles, tu sais parfaitement que le boulot sera fait et bien fait, quoi…
- Ah oui, tu le prends comme ça ? Alors, je crois que je vais devoir t’apprendre non seulement comment on doit travailler mais aussi comment on s’adresse à sa hiérarchie. Et, je pense qu’on en reparlera à ton entretien annuel, ça va te faire tout drôle…
Romy resta complètement incrédule, abasourdie. Cette Nadège qui était sa meilleure copine quelques semaines avant, devenue grand chef de cette importante entité, était devenue juste ʺimbouffableʺ, inhumaine… Elle regarda sa supérieure, puis sa montre…
- Flûte, j’ai un rendez-vous médical, il faut que je file.
Elle enregistra son travail, éteignit son ordinateur et s’en fut, sans un regard ni un au revoir à celle qui avait été, jadis, une amie. Une rage folle l’habitait. Jamais elle n’avait ressenti cela. Elle rentra chez elle et se prépara un bain bien chaud. C’était un moyen qu’elle aimait bien pour se détendre. En général, elle en profitait pour se donner un peu de plaisir, laissait ses doigts, voire quelques jouets, prendre possession de son corps pour une promenade sexuelle solitaire qui la laissait après totalement détendue, heureuse. Là, rien ne put se faire tant sa colère était intense.
Elle sortit du bain, sans s’essuyer, gagna sa chambre, nue et mouillée, alluma son ordinateur et se connecta, sur son compte Linkedin. Elle rechercha quelques-uns de ces chasseurs de têtes qui, si souvent, laissaient sur sa page des offres qui l’agaçaient… Elle posta immédiatement son CV accompagné de messages les plus positifs possibles vu son état mental, laissant sa colère guider sa navigation… En général, les employeurs étaient à l’affût de telles réactions… Elle s’attendait donc à se voir convoquer rapidement pour une mise au point par son gestionnaire de carrière.
Cela ne rata pas : dès le lundi suivant, elle fut conviée chez son RH. Explication, cris, colère… tout y passa…
- Cette fille est cinglée, Patrick, elle est folle à lier. Vous avez vu ce qu’elle a fait de Sylvie ?
- Sylvie … Celle qui est en dépression ?
- Dépression… mon œil Elle est partie en burnout. Voilà une fille en or massif, qui était heureuse, avec un compagnon amoureux dingue d’elle, quatre mois de grossesse, le bonheur de sa vie… Elle a fait une fausse couche, elle a plongé dans le malheur et quitté Pierre, juste pour ne pas lui imposer l’épave qu’elle est devenue, tout ça à cause de cette nana qui est devenue un tyran sans aucune considération pour l’être humain. Avant longtemps, elle aura du sang sur les mains, alors, c’est fini pour moi, je me casse avant d’en crever.
Le RH se leva et vient mettre sa main sur l’épaule de Romy, avec tact, mesure, et même une certaine affection :
- Non, Romy, je te le demande avec toute mon amitié : ne pars pas. Si quelqu’un doit partir, ce n’est pas toi. Je vais m’occuper de cette affaire. Crois-moi, Nadège ne va pas harceler les gens plus longtemps. Et je vais voir ce qu’on peut faire pour Sylvie… J’ignorais cette histoire. Attends un peu avant de prendre une décision aussi lourde.
- Nadège, tu as vraiment poussé trop loin…
- Que veux-tu dire, mon chéri ?
- Romy a posé sa démission. Le RH a demandé pourquoi, elle lui a tout dit. Comment tu as démoli Sylvie. Je l’ignorais…
- Je n’ai rien démoli du tout. Elle ne respectait pas mes consignes…
- Nadège : tu es malade. Complètement folle. Tu vas devoir faire face à tes responsabilités, toute seule. Moi, je m’en vais.
- Quoi, tu t’en vas ? Que veux-tu dire, Christian ?
- C’est fini, toi et moi, Nadège. Je vais essayer de sauver ce qui est sauvable dans notre couple : moi.
Nadège s’était ainsi retrouvée lâchée de tous côtés, ne sachant pas encore à quelle sauce elle allait être mangée…
Au dernier étage de la tour habitait le PDG, le big boss, celui que tous redoutaient, une sorte d’ogre sanguinaire aux colères homériques. Nadège y avait été souvent reçue : elle avait la chance de ne pas déplaire au patron ! C’est sans doute pour cela qu’il la reçut avec une relative amabilité.
- Assieds-toi, Nadège… Et puis non, reste debout, ce sera plus vite fait. Voilà : tu es virée. Faute grave. Harcèlement. Nous avons bloqué plusieurs démissions cette semaine, nous avons retrouvé le dossier d’une femme que tu as détruite. Complètement bousillée, Nadège. Une femme innocente qui ne se remettra sans doute jamais d’avoir travaillé sous tes ordres. Donc, c’est fini N. I. Ni . Il n’y a pas de place dans notre groupe pour une femme n’ayant pas l’intelligence requise pour diriger des êtres humains. J’ai donné les instructions. Tu peux partir, j’ai fini.
Il se mit à lire un document, sur son bureau, sans plus s’occuper de sa présence. Nadège venait de sortir de sa vie ! Il n’avait même pas élevé la voix, rien, juste ce ʺtu es virée…ʺ. Livide, Nadège redescendit à son bureau, regroupa quelques affaires et reprit le couloir vers les ascenseurs. Personne, absolument personne ne lui adressa la parole. Elle entra dans le bureau de Pierre, prit une profonde inspiration :
- Pierre… Je… je suis désolée…
Le jeune homme se retourna la toisa avec un profond mépris, puis se remit à son travail.
- J’ai appris pour Sylvie… Je voudrais tant faire quelque chose pour réparer mes erreurs ?
- Tes erreurs ? Tu appelles ça des erreurs ? Tu as démoli la femme de ma vie, méthodiquement, à fond, sans lui laisser la moindre chance. Nous avons perdu l’enfant que nous attendions, elle ma quitté, et toi, tu parles d’erreurs ? Tu es une grande malade, une personne profondément mauvaise, Nadège. Alors si tu veux du bien aux gens, ne les approche plus, jamais. Tu détruis tout ce que tu touches. Et sors de ma vie efface tous tes contacts, ne me parle plus jamais.
Nadège sortit du bureau. Les yeux pleins de larmes. En passant devant le bureau de Romy, elle la vit, y entra.
- Romy, je…
- Non, ça suffit. Je pars, je démissionne, fous-moi la paix.
- Ce n’est pas la peine… Je suis virée.
- Ah !!! enfin une bonne nouvelle dans cette foutue boîte ! Je ne croyais pas que tu pourrais encore arriver à me faire plaisir un jour… Merci, Nadège, ça c’est sympa.
- Romy, je voudrais faire quelque chose pour Sylvie… je sais que j’ai merdé…
- Ah, tu voudrais l’aider, et apaiser en passant le petit bout de culpabilité qui peut-être s’est insinué en toi ? Oui, il y a une chose que tu peux faire : vas t’installer aux Kerguelen… Et n’en reviens jamais.
Nadège laissa les clefs de sa voiture de fonction sur son bureau, prit encore quelques affaires personnelles intimes et descendit vers les transports en commun. Dans le métro, elle fouilla ses contacts et retrouva une fiche relative à Sylvie. Par chance, elle avait noté une adresse. Peut-être était-elle encore la bonne ?
Elle se rendit à cette adresse le lendemain. Sylvie n’y était plus depuis plusieurs années ! Mais la personne ayant repris son logement se souvenait d’avoir fait suivre du courrier. Elle lui donna cette autre adresse. Là, le lendemain après-midi, c’est Sylvie en personne qui lui ouvrit la porte. Nadège eut bien du mal à la reconnaître. Au lieu de la belle jeune femme joviale qu’elle avait connue, c’est une sorte de fantôme grisâtre qui lui faisait face. Elle avait perdu une quinzaine de kilos, alors qu’elle était déjà mince avant… Ses cheveux étaient ternes, ses yeux vides, son teint pâle et sans vie. Elle s’effaça pour laisser Nadège entrer.
Les mots… Trouver les mots… En existait-il qui puissent traduire ce que ressentait Nadège ? Ce qu’avait vécu Sylvie ? Des mots qui soient compris des deux femmes, avec le même sens…
- Sylvie, je ne sais pas si j’ai la moindre chance de parvenir à te convaincre de la sincérité de ma démarche… Je suis habitée par une honte abjecte de ce que je t’ai fait. Je ne pourrai sans doute jamais réparer tout le mal que je t’ai infligé mais je veux que tu saches que je vais faire tout ce qui est à ma portée pour t’aider à revenir à la vie, dussé-je y consacrer le reste de mon existence, jusqu’à mon dernier souffle. J’ai été virée de la boîte, j’ai perdu mon compagnon : je suis totalement libre… Je veux me consacrer tout entière à toi, tenter de te rendre ce sourire que je t’ai fait perdre.
Sylvie regarda Nadège avec une sorte de pitié dans les yeux, sincèrement désolée d’entendre ces choses.
- Ils t’ont virée ? Mais c’est injuste ! Comment vas-tu faire ?
Nadège n’en revenait pas. Cette femme se faisait du souci pour elle qui avait été tellement ignoble envers elle. Quelle leçon d’humilité. Les larmes montèrent à ses yeux. Elle détourna son regard. Dans un coin du salon se trouvait un berceau, plein de jouets. Un peu plus loin, un cadre avec une photo d’elle avec Pierre, le jour de leurs fiançailles. Là Nadège sentit monter des larmes.
Sylvie semblait perdue, engloutie dans un abîme sans fond de pensées où aucune émotion ne pouvait l’atteindre, se lire sur son visage impassible. Elle se dérida, une sorte de rictus ressemblant vaguement à un sourire apparut sur ses lèvres tandis qu’une petite flamme s’allumait dans ses yeux.
- Que vas-tu devenir, loin de ton travail, des gens que tu fréquentais chaque jour ? J’ai de la peine pour toi…
- Arrête, Sylvie, arrête d’avoir cette compassion pour moi qui n’en ai eu aucune pour toi quand je t’ai fait tant de mal… Je ne le mérite pas, je suis méprisable. Toi, tu es digne de toute la compassion du monde, pas moi.
Nadège resta ainsi de longues minutes sans bouger, puis, lorsqu’elle se sentit suffisamment rassérénée, se releva, s’agenouilla devant Sylvie et lui prit les deux mains dans les siennes avant de dire, la regardant droit dans les yeux :
- Sylvie, je sais que tu ne pourras pas accéder à ma requête, mais je te demande pardon pour tout le mal que je t’ai fait, du fond de mon cœur, de mon âme. Je te supplie de me croire. Si tu savais ce que j’ai honte … Je n’aurai pas assez de ma vie pour te le dire : Pardon, pardon, pardon….
Toute superbe avait quitté cette femme fière, dominatrice, méprisante, quelques jours plus tôt encore. Les yeux rougis, elle se repentait avec de tels accents de sincérité que Sylvie en était émue, elle qui, depuis deux ans, avait banni toute émotion de sa vie. Pour la première fois depuis sa rupture avec Pierre, Sylvie ressentit l’émotion du plaisir la gagner. Elle se leva, devant Nadège, lui passa un doigt sur les joues, essuyant une larme qui avait débordé, malgré les efforts qu’elle faisait pour garder le contrôle.
- C’est parfois utile de pleurer, Nadège… Certains disent que ça fait pleurer le Bon Dieu, d’autres affirment qu’elles emportent avec elles la raison de leur venue.
En cette fin de journée, Sylvie n’était plus la même femme. Elle était tout étonnée de voir Nadège pleurer, elle qui n’y était pas parvenue depuis près de deux années. Dans sa tête, une idée prenait forme, un plan, une nouvelle vie, avec de l’espoir, des envies, elle qui pensait ne plus jamais en connaître la saveur.
- Nad, il m’arrive une chose que je n’ai pas ressentie depuis bien longtemps…
- Tu te sens bien ? Tu veux que je t’emmène chez le médecin ?
- Non. J’ai faim…
Tour du propriétaire dans la cuisine : il reste une cuiller à soupe de riz au fond d’une boite. Le frigo est dans un état de sortie d’usine. Les placards sont d’une totale vacuité. Impressionnant…
- Sylvie, il t’arrive de manger, parfois ?
- Pas trop, en fait. L’envie a quitté mon corps et mon esprit, tu sais…
Nadège regarde l’heure. Vingt heures passées… elle phosphore à deux cents à l’heure.
- J’ai vu un dépanneur marocain en bas, on va aller chercher de quoi manger, tu veux ?
- Chez Moha ? C’est un amour… mais…
- Mais quoi ? Vous êtes fâchés ?
- Oh non ! c’est que… Je n’ai pas d’argent… Je vis des subventions qui me sont accordées, RSA et autres… Je n’ai pas les moyens d’aller chez lui…
- Alors, si c’est ça, je m’en fous ! Moi, j’étais payée de façon indécente jusqu’à hier. Viens, on va chercher de quoi te faire plaisir.
Les deux femmes sont allées chez Moha, ont acheté quelques fruits, des courgettes, salade, fromage, un peu de poulet et même une bouteille de vin ! Sel poivre, quelques épices pour égayer la cuisine, et hop-là. Un peu de plaisir commence à apparaitre dans la pupille de Sylvie : Nadège veut cultiver cet embryon. De retour à l’appartement, Nadège s’est mise en cuisine et a improvisé quelques recettes à la fortune du pot.
Sylvie a toujours le teint aussi terne et le cheveu triste, mais son regard a changé. De la lumière semble bien commencer à y revenir. Quant à ses lèvres, elles s’ornent parfois d’un sourire assez joli. Le plus incroyable changement, pour elle, depuis le départ de Pierre, c’est sans aucun doute celui-ci : la cuisine a servi… et on y a préparé un mets qu’elle a eu du plaisir à manger. C’est clairement une situation qu’elle ne pensait plus jamais revivre !
Et si le verre de vin lui a un peu tourné la tête, elle se sent assez proche d’un genre de bonheur…
- Merci Nad, c’était super. Je suis contente que tu sois venue.
- Je suis heureuse aussi. Il faut que je file… Je repasse demain, tu veux ?
- Tu ne voudrais pas rester encore un peu ? Ce que nous venons de vivre, là, ressemble presque à un moment de bonheur. Je voudrais le faire durer…
Nadège a posé ses affaires, regardant autour d’elle. Ce n’est pas très grand, ici. Bon, elle pourra toujours dormir sur le canapé, si besoin. Elle se décide :
- D’accord, mais pas longtemps...
- Chouette ! Tu es gentille… finalement.
Et pan, sur le bec ! se dit Nadège… Ce ʺfinalementʺ, après un temps d’arrêt bien mesuré… C’était fatal.
- J’ai toujours été gentille, en fait…
- Oui, avant… Et puis il y a eu après. Et maintenant, tu redeviens gentille. C’est ça que je veux dire.
- Sylvie, j’espère qu’un jour, nous serons de nouveau amies, si tu parviens à me pardonner…
- N’en parle pas, Nad, ne réveille pas les morts.
Sylvie a pris Nadège dans ses bras, l’a serrée très fort. Se dégageant, elle l’a regardée, avec une lueur amicale dans les yeux, lui a fait un petit baiser sur la joue. Les deux mains de Nadège dans les siennes elle a murmuré :
- On est amies ?
Nadège ne répond pas. Une émotion trop forte serre sa gorge. Sylvie caresse sa joue, y pose un baiser :
- Pour moi, oui. Viens.
La chambre de Sylvie est d’une neutralité désespérante, impersonnelle… Le lieu est dépourvu de toute décoration. Seule touche un peu personnalisée, sur le lit trône un gros nounours en peluche… Neuf.
- Si tu veux, tu pourras dormir ici, comme au bon vieux temps, quand on faisait la fête chez toi, tu te souviens ? On terminait souvent nos nuits un peu en vrac, au hasard dans les chambres, à deux ou trois sur chaque lit !
Pâle sourire, Nadège fait un petit oui de la tête. Sylvie lui sort un grand T-shirt taille XXXL, avec écrit King Kong au niveau des seins.
- Tiens, ça te fera une chemise de nuit !
Nadège a ôté ses vêtements, et, en culotte, s’apprête à le passer autour de sa tête.
- Dis-donc… Je ne me souvenais pas que tu étais aussi mignonne !
- Arrête ! J’ai pas de nichons, c’est pas comme toi… Toi, oui, tu es sacrément jolie…
- Tu as peut-être de petits seins, mais tes tétons, c’est quelque chose… Ils son fabuleux !
Sylvie tend la main, effleure ce mamelon qui le nargue. Le téton se cabre aussitôt tandis que Nadège a un petit mouvement de recul.
- Houah ! Ils sont sensibles, dis-donc… Les miens ne le sont pas autant…
Elle touche le second qui prend la même posture, aussi soudainement. Un délicieux picotement averti Sylvie qu’elle entre en zone rouge, son corps commence lui aussi à réagir. Elle va devoir assumer, si elle continue ce petit jeu…
Sylvie se penche et fait un petit baiser sur chaque téton, les laissant humides après son passage. Nadège n’ose pas bouger, elle demeure interdite, écarlate. Elle ose, finalement quelques mots :
- Qu’est-ce qui t’arrive, Sylvie ? Tu n’as jamais été… heuh, de ce bord… et tu sais bien que moi non plus.
- Ah, ça ! C’est sûr, tu as toujours été une femme à mecs, multi-mecs, même C’en était presque dérangeant, parfois, certains soirs de bamboula. Mais, là, je ne sais pas ce qui m’arrive… Je te trouve belle… Je ne me suis jamais aperçue de l’effet que cela me fait maintenant, de te voir comme ça… J’ai eu envie de voir ce que ça fait…
- Et ton verdict ? Tu aimes ?
- Plutôt, oui. C’est très doux. C’est très agréable, comme contact. Et surtout… Je trouve très excitant de faire une chose que mon éducation très morale m’a toujours interdit de faire !
- Sylvie, j’ai dit que j’étais prête à tout pour toi… Je ne souhaite pas vraiment ce que tu fais, mais pour toi, je le supporterai…
- Merci Nad… Je te trouve très gentille, et très belle, quoi que tu en penses.
Sylvie continue à caresser les seins de Nadège. Les tétons en sont devenus énormes chauds et durs, les aréoles rétrécies, granuleuses, d’une sensibilité exacerbée. Elle y passe sa langue avec sensualité et même gourmandise. Elle s’en étonne elle-même, se surprend du plaisir qu’elle y trouve. Mais, bon, cela fait partie de son projet. Elle remonte doucement vers le cou : la jeune femme frémit. Elle dépose des tas de petits baisers papillon ici et là, lèche le lobe d’une oreille au passage, le mordille… Nadège a un sursaut : c’est sans doute sa zone érogène la plus efficace, la plus sensible. La tension érotique de cet attouchement est tellement forte, brutale, qu’elle ne peut retenir un gémissement. La jeune femme résiste de toutes ses forces à l’attraction développée par Sylvie, mais le pourra-t-elle encore longtemps ?
- Sylvie… je t’en prie… Non…
Sourde à ce timide refus, Sylvie persévère : elle rend même sa torture encore plus cruelle en mordillant la peau sur tout son cheminement, y laissant une trace humide, une petite fraîcheur qui engendre à sa suite de savoureux frissons. Elle arrive sur sa joue, oblique vers ses lèvres ; y pose son premier baiser, lèvres à lèvres, souffle à souffle.
Nadège a un sursaut, un mouvement de recul. Elle va pour tout arrêter, commence à se retourner puis se ravise, se rend, s’offre. Elle a donné sa parole… elle se doit de la respecter. Un glacial ouragan traverse son âme, tandis qu’elle tente de se raisonner, d’accepter la caresse de la langue qui, maintenant, s’insinue entre ses dents serrées. Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Que m’arrive-t-il ?
Nouveau gémissement : Nadège est sous l’emprise de ce baiser qui dure et devient de plus en plus présent tant dans sa bouche que dans son esprit. Elle l’a supporté, elle commence à y participer, de plus en plus activement, sans en avoir aucunement pris la décision. Une main sur ses seins continue ses caresses et elle les trouve de plus en plus douces. Une autre main est venue sur son ventre dessiner des ronds trouvant leur centre sur le petit diamant ornant son nombril. Quelque part, au fond d’elle, Nadège sent les prémices d’un désir auquel elle se refuse encore. C’est avec douleur qu’elle parvient, à grand peine, à retenir les ondulations que son bassin tente de lui imposer. Tout sauf céder…
Nadège résiste, encore et encore, même si, elle l’a bien compris, c’est peine perdue. Un peu plus bas, derrière la dérisoire barrière de soie violette de sa culotte de fine dentelle, elle sent sourdre ce désir qui ne va plus la quitter tant qu’il n’aura pas été assouvi. Son subtil effluve en émane, intense, omniprésent, pénétrant chaque centimètre carré de peau présente, chaque narine. Elle sait que Sylvie sait : elle n’a aucune chance de s’en sortir, la guerre est finie, elle l’a perdue. Mais en bon soldat, elle prend la courageuse décision de défendre ses positions jusqu’à son dernier souffle.
Sylvie s’est agenouillée, elle a placé ses lèvres sur le petit diamant de son ombilic. Elle y darde sa langue tout en couvrant cette chair de ses baisers. Là encore, elle laisse sa moiteur y provoquer frissons et hoquets avant de poursuivre sa route vers le grand Sud. La dentelle améthyste vibre sous son souffle, ses lèvres, La jeune femme est elle-même sous l’influence de cette indomptable fragrance du désir émanant avec force de la fleur encore cachée. Ses narines palpitent, ses lèvres frémissent, sa main tremble d’une émotion dont elle n’a plus aucun souvenir. Les baisers pleuvent sur la fine dentelle…
- Oh, Sylvie, non… je t’en prie… Non…
A-t-on déjà vu un château de sable arrêter un tsunami ? Alors, ce petit ʺnonʺ… était-il sincère, même ? De son index gauche, Sylvie à délicatement repoussé l’étoffe violette jusqu’au pli de l’aine pour laisser maintenant ses lèvres s’enivrer de la douceur de la blonde toison ornant le joli mont de vénus ainsi dégagé. Son ivresse est à son comble, elle sait Nadège à l’extrême limite de la rupture ; dans un instant, elle sera sienne, elle pourra la posséder totalement, jouir d’elle pleinement... Lui donner du plaisir et en prendre, à l’infini.
Les baisers sont descendus au niveau du profond sillon, sous la douce toison. Oh, Nadège tente bien de serrer ses cuisses, oui, c’est sûr, mais elles sont agitées de tels tremblements… Bientôt, c’est même spontanément qu’elles s’écartent tandis que la jeune femme pousse un sanglot tout en attirant la tête de Sylvie, la pressant fortement contre son intimité, l’appelant à lui donner le coup de grâce. Voilà, la digue a cédé, Nadège ne fait pas que s’offrir, elle se rend sans condition, dépose les armes. C’est d’elle-même qu’elle se laisse tomber sur le lit de Sylvie, sur le dos, attendant le bon vouloir de son implacable bourreau.
Sylvie, pour bien marquer sa victoire, cesse le combat un instant, remonte jusqu’au visage de Nadège. Elle le caresse, le regarde, l’embrasse avec fougue et douceur en même temps.
- Nad ! Tu es si belle… J’ai tellement envie de toi. Tu sais, cela fait presque trois ans que je n’ai eu personne à aimer, que je n’ai pas fait l’amour avec qui que ce soit, même moi. Je suis folle de bonheur que ce soit toi qui sois venue m’offrir ce retour à la vie. Je vais t’aimer comme on ne t’a jamais aimée, tu sais, comme dans la chanson de Sardou… Je vais te rendre folle de plaisir.
Sylvie a repris sa douce torture là où elle l’avait arrêtée. Descendant le long de la cuisse gauche, elle l’a couverte de chauds baisers, soulevant la jambe, passant dans le creux du genou, longeant le galbe du mollet, remontant sur la cheville, le cou de pied.
- Mon Dieu, que tu as de jolis pieds, Nad ! Je n’avais jamais remarqué, tu sais, ils sont si fins, si élégants, sensuels… Je les adore, vraiment.
Elle l’embrasse, en lèche le tranchant, les orteils aux ongles vernis de la couleur-même de la jolie culotte de soie. Elle suce voluptueusement les orteils, les faisant sensuellement entrer et sortir de sa bouche, laissant un petit filet de salive couler sur le dessus du pied, juste pour pouvoir aussitôt le lécher goulûment.
Elle change pour le pied droit qui reçoit le même traitement et entreprend le retour aux sources, remontant la jambe sur ce chemin de baisers torrides. Arrivée à la confluence des deux magnifiques cuisses galbées, là où l’effluve ravageur redevient le plus puissant, l’attirant vers ce point de non-retour que Nadège appelle de ses vœux autant qu’elle-même, elle retrouve la culotte restée un peu écartée. Elle enfouit son nez dans ce sillon accueillant.
Elle soulève les deux cuisses et les passe sur ses épaules, les deux pieds posés sur son dos, retenant un rugissement de bonheur : elle vient d’assouvir un très vieux fantasme remontant à son adolescence, lorsqu’elle s’imaginait faire ses premières gammes sexuelles avec ses copines de collège. L’une d’elle lui plaisait tant qu’elle avait rêvé cette situation, cette position, des années durant, sans jamais en réaliser la moindre part. Elle était donc en ce moment précis, en train de vivre sa toute première aventure homosexuelle, provoquant en elle une excitation comme jamais elle n’en avait ressenti.
Elle veut pleinement jouir de cet instant, ne pas en perdre la moindre miette… Se soulevant sur ses coudes, elle regarde le merveilleux tableau qui s’offre à elle : le petit champ de blés mûrs sur le pubis gonflé à la pointe duquel s’ouvre le sillon humide de désir, le joli papillon posé dessus, qui laisse mollement frémir ses ailes … la petite perle rose, encore timidement cachée sous son fin capuchon, le tout enveloppé dans cette fragrance invitant à toutes les débauches, toutes les idées les plus folles… Et elle les a bien en tête, ces idées.
Tout en bas, un petit anneau de chair mauve palpite doucement aussi, luisant de ce même désir qui sourd un peu plus haut et s’écoule avec générosité. L’appétit saisit Sylvie aux lèvres, et comme il vient en mangeant, selon le dicton, le festin promet d’être digne d’un roi, d’une reine en l’occurrence.
Sylvie tend sa langue, frôle les lèvres, un aller, un retour, d’autres encore. Tout s’agite sous elle, les pieds dans son dos crient l’impatience de Nadège qui n’en peut mais. Sylvie a perdu le souvenir des plaisirs solitaires, elle ne sait plus bien à quoi ressemble le goût de ce miel d’amour qui tant l’enivre. Elle a bien connu son goût propre du temps où elle jouait avec son sexe mais n’en a pas gardé le souvenir. Elle y plonge sa langue avec gourmandise et, longuement, le savoure, le déguste, s’en repait. Elle y retourne, avec, elle le sait, un peu d’égoïsme… Mais après tout, Nadège a bien dit qu’elle était prête à tout pour faire revenir le sourire sur son visage… Ce plaisir va y contribuer !
Elle plonge et replonge, parcourt le sillon, agace les lèvres, grandes et petites qui frémissent sous sa caresse. Elle tente, d’un doigt, de solliciter le chaud conduit, tout au fond de cette douce grotte des plaisirs, y est reçue avec une joie clairement exprimée par les gémissements de son amante. Elle ajoute vite un second doigt, puis un troisième. Lorsque lui vient l’idée de proposer le quatrième doigt, ce petit maladroit ne se joint pas tout à fait assez vite à ses frères et c’est contre le petit œillet mauve qu’il vient s’appuyer, entrant aussitôt dans l’antre étroit. Nadège explose à cet ultime contact, se laissant traverser par un ouragan orgasmique comme jamais de toute sa vie elle n’en a vécu.
Sylvie continue à lécher les pétales de la fleur tout en suçant la perle d’amour du clitoris, ses doigts restant immobiles quelques instants. Dès qu’elle les remet en mouvement, un second orgasme fait trembler Nadège qui se soulève comme une arche appuyée sur ses épaules et ses pieds, toujours placés sur les reins de Sylvie qui peut ainsi sentir toutes les vagues de son plaisir.
Elle retire ses doigts, cesse les caresses de sa bouche, reposant sa joue sur la toison au repos. Elle laisse passer la fin de la tempête jusqu’au moment où Nadège l’attire de ses mains, la fait remonter jusqu’à son visage et lui offre ses lèvres avec passion.
- Sylvie… Sylvie… Tu es folle ! Et je le suis aussi, c’est sûr. Jamais de ma vie je n’avais connu un bonheur aussi fou, aussi intense. Ahh… Ma belle, ce que c’est bon de faire l’amour avec toi… Je n’aurais jamais cru vivre une telle chose avec une fille. Je me croyais totalement hétéro, un pan tout entier de mes certitudes vient de s’effondrer. Je suis dans le doute… Mais j’aime ça !
Leurs lèvres se soudent une nouvelle fois. Les mains de Nadège entrent en action et explorent le corps de cette amante qui vient de la révéler à elle-même. Elle lui ôte ce vilain haut qui la dépare, dégrafe son soutien-gorge, laissant sa jolie poitrine prendre ses aises… Quelle douceur ! Quels reliefs agréables… Elle fait glisser la jupe grise et terne, pas très longue, c’est sûr, mais qui, tout de même, cachait les jolies jambes de son amante. Certes, elle n’est pas trop en chair, d’une maigreur exagérée, mais c’est tellement sensuel, excitant, de caresser des seins, des cuisses, un pubis femelle, un sexe de fille autre que le sien… Bientôt, elle abandonne les lèvres de son amie pour marquer d’autres territoires du sceau de sa propriété. Sa main se fait conquérante, elle ne laisse pas le moindre centimètre carré de sa peau inexploré.
- C’est fou ce que tu es belle, Sylvie. J’avais le souvenir d’une jolie femme lorsque nous nous sommes vues peu vêtues, autrefois, mais jamais je n’avais ressenti cette attirance qui aujourd’hui me brûle le ventre et l’âme… Oh, oui ! Je vais faire tout ce que j’ai à ma portée pour te donner du bonheur, beaucoup de bonheur, et je veux le faire jusqu’à mon dernier souffle.
Et c’est ce souffle qu’elle laisse glisser, brûlant, sur la peau de son amie. Elle fait apparaître sur elle, la chair de poule du plus profond des désirs. Sylvie voudrait donner d’elle l’image forte d’une femme qu’on ne fait pas décoller comme le premier avion venu, qui domine la situation… Elle garde un visage serein, certes, mais quand Nadège caresse délicatement le haut de ses cuisses, elle sent bien la culotte de coton totalement détrempée, dégoulinante ! Elle se penche vers ses lèvres pour un nouveau baiser amoureux. La main sur la tache du vêtement :
- Me désires-tu, ma belle ? Me veux-tu ici aussi ?
- Oui…. Oh, oui, prends-moi, là, tout de suite…
Alors, Nadège ôte l’inutile vêtement et s’applique, de la langue, des lèvres, des dents, de son nez, son menton, ses doigts. Elle entreprend une savante danse qu’elle invente au gré des mouvements, des soupirs, des gémissements de son amante. Chaque fois qu’elle la sent sur le point de parvenir à son plaisir, elle cesse, caresse les cuisses, tout près de là, les lèche pour maintenir le plus haut niveau d’excitation, proche de l’orgasme… mais proche seulement. Elle monte à son visage qu’elle couvre de baisers en lui disant des mots tendres, lit sa frustration dans son regard avide. L’écoute la supplier…
- Nad, tu es trop cruelle ! Tu m’empêches de jouir, ça fait au moins dix fois… Je t’en prie, par pitié… laisse-moi venir, libère-moi, fais-moi jouir…
Alors, enfin, elle se remet en place entre les jolies cuisses offertes, plaque sa bouche grande ouverte sur le sexe de son amante, le dissimulant en totalité. Elle laisse aller sa langue, ses dents, ses lèvres, dans une succion caressante d’une intensité folle, mettant son clitoris dans tous ses états, ses nymphes en émoi et son antre tout entier palpitant, tout en déglutissant avec un indicible bonheur la jouissance de sa belle.
Nadège reste ainsi de longues minutes, immobile, la bouche collée à ce sexe aimé. Elle ne bouge plus. Elle réalise que, pour la première fois de sa vie, elle vient de faire jouir une femme, elle, autre femme… Qu’elle a adoré ça, qu’elle rêve de recommencer, de se donner totalement à cette amante si touchante, si frêle, si fragile. Ce n’est que quand Sylvie fait un petit geste saccadé -un frisson- qu’elle remet sa langue en mouvement, aspire de nouveau les nymphes dans sa bouche, avec une grande douceur, cette fois. Elle laisse le désir revenir en elle, s’applique à ce baiser vaginal, le veut explicite, qu’il lui dise ses sentiments pour elle, ses envies, lui raconte sa foi en elle.
Les jambes de Sylvie enserrent sa tête, ses pieds massent son dos avec une douce sensualité, ses mains caressent ses tempes, ses cheveux… Elle sent l’ardeur revenir dans ce corps qu’elle apprend à connaître, à chérir, à conquérir. Sa main droite monte prendre un de ses seins pour en pétrir doucement le téton entre ses doigts, le sentant grossir, se raidir de plaisir, tandis que l’autre se coule entre les cuisses et pénètre, doigts en avant, vers le saint du saint. Son pouce entre dans sa grotte d’amour, lui arrachant un cri, l’anticipation d’un nouveau plaisir. Deux autres doigts viennent caresser son entrée la plus secrète.
Sylvie se cambre pour faciliter cette visite, s’ouvre à elle dans une délicieuse suffocation. Nadège fait ainsi coulisser ses doigts, quelques secondes seulement, avant qu’un nouveau déferlement de jouissance envahisse son amante, qu’elle déguste, lape avec volupté.
Les deux amantes se sont enlacées, sans dire un mot, ont encore échangé des millions de petits baisers très tendres, laissant le sommeil les gagner, petit à petit. C’est ainsi qu’elles se réveillent au petit matin.
Nadège est étonnée de ne pas se retrouver chez elle, dans son lit. Sylvie l’est tout autant de voir quelqu’un dans le sien… Femme et femme. Elles se voient, là, enlacées. La mémoire revient, celle du corps, des corps apaisés. Sylvie serre contre elle Nadège, qui ronronne en lui donnant de petits baisers dans le cou :
- Sylvie…
- Oui Nad… Je crois que je sais ce que tu vas dire.
- Je sais que tu le sais ! Je t’aime… Je ne pensais jamais dire ça à une fille… Je suis mordue, Sylvie, je n’arrive pas à réaliser. Je t’aime, quoi, c'est fou !
Sylvie lui caresse doucement les cheveux, silencieuse.
Trois semaines passent ainsi dans une permanente tension amoureuse, érotique, sexuelle : Nadège ne cesse d’être aux petits soins pour sa belle. Elle cuisine, fait le ménage, réorganise, décore… Déjà, Sylvie reprend un peu de poids, ses formes retrouvent la sensualité d’autrefois, son visage a retrouvé des couleurs et sa mobilité, son expressivité… Elle l’a tractée, péniblement au début, hors de chez elle pour faire des emplettes. L’a même emmenée dans un magasin de lingerie.
- Il te faut des jolies choses à mettre sur toi, des vêtements sexy, des dessous excitants !
- Si c’est pour que tu me les ôtes, autant rester nue, non ?
- Mais non, ma chérie : tu dois me donner envie, irrésistiblement envie, envie de te les arracher, si besoin ! Et puis, dis-moi ce que tu aimerais que je porte pour te faire plaisir, pour t’exciter…
- Bah… pour m’exciter, le mieux c’est quand tu ne portes rien ! Et pour me faire plaisir… j’aime assez écarter ta culotte pour m’occuper de ton petit minou. J’adore cette culotte de soie violette que tu portais, le premier jour…
Nadège a donc pris pour elle quelques culottes et strings de la même couleur violette qu’aime tant Sylvie. Elle lui a offert plusieurs petits ensembles coquins culottes, soutien-gorge à balconnets, porte-jarretelles et bas. Elle a acheté deux nuisettes jumelles, deux autres différentes, une noire et une violette. Elle a pris pour Sylvie quelques vêtements, dont une minijupe en cuir rouge vermillon, petite merveille d’érotisme, très habillée ! Elle est ravie de ces corsages de fin coton ajouré de petites broderies que Nadège lui a offerts.
Elles ont mangé au restaurant et sont rentrées chez elles. Cela fait trois semaines que Nadège n’est plus allée à son propre appartement, qu’elle songe sérieusement à quitter, à part une fois pour y prendre une valise avec ses vêtements préférés. Elle se sent bien, là chez Sylvie, se dit qu’elle est arrivée là trois semaines plus tôt en disant qu’elle souhaitait consacrer sa vie à restaurer son bonheur : elle a le sentiment que c’est bien parti pour se réaliser…
Pourtant, à peine entrée, Sylvie la regarde avec un air étrange, un visage impassible sur lequel on ne lit aucune émotion… Comme avant… Un froid glacial envahit Nadège. Que se passe-t-il ?
- Nad… J’ai deux choses à te dire. L’une est une plutôt bonne nouvelle, je pense, l’autre en est une vraiment pas très chouette. On va dire mauvaise.
- Va pour la mauvaise… de toute façon, je suis prête à tout…
Nadège s’attend à un orage, une douche glacée… Si elle avait seulement pu imaginer à quel point…
- D’accord. Voilà : quand tu es arrivée, le mois dernier, sans crier gare, et que je t’ai reconnue, j’ai été horrifiée. Je me disais "que vient-elle faire ici ? Finir le boulot ?" Alors, je l’avoue, j’ai été prise par la plus féroce haine que j’aie jamais ressentie en moi. J’ai cherché dans ma tête comment je pourrais exercer sur toi une implacable vengeance. Te faire souffrir comme tu m’as fait souffrir… J’étais devenue une boule de haine, machiavélique, je ne me reconnaissais plus.
Devant elle, Nadège est devenue blanche, ses lèvres tremblent, ses yeux s’embuent. Insensible à sa détresse, Sylvie continue.
- J’ai finalement décidé que le meilleur moyen serait de te séduire, de te rendre amoureuse dingue de moi, ce à quoi je suis parvenue bien plus facilement que je l’avais anticipé ! Mon idée était de faire de toi ma chose, mon objet de sexe, avant de te casser comme du petit bois, te détruire comme tu m’avais détruite il y a quelques années…
Nadège, qui a commencé à pleurer silencieusement, se reprend, sèche ses larmes ; elle redresse la tête, regarde fièrement Sylvie, la parcourt de ses yeux toujours amoureux, mais emplis de désespoir.
- Je le mérite bien, Sylvie, je ne l’ai pas volé. Et tu l’as dit : je suis ta chose. Tu as le droit de faire ce que tu veux de moi. J’y étais prête en venant te voir. Je ne pensais pas du tout -loin de moi une telle idée- que je pouvais tomber sous ton charme. Mais vas-y : déteste-moi, haïs-moi, passe sur moi ta colère, tes frustrations. Je t’ai un jour détruite, tu as le droit de m’anéantir. Je me soumettrai à ta vengeance, quelle qu’elle soit. Je te dois ça…
Nadège s’est assise, a baissé ses yeux à nouveau rougis par les larmes devant le beau rêve qu’elle avait formé en elle et qui maintenant s’écroulait… Un sourire revient sur le visage de Sylvie :
- Nad, tu n’as pas envie de savoir la bonne nouvelle ?
- Fais de moi ce que tu veux, je m’en fiche, je le mériterai quoi que tu fasses…
- Oh oui ! Tu le mérites ! As-tu noté que tout ce que je t’ai dit était au passé ? Tu n’as pas fait attention ?
- Nan…
- Regarde-moi… J’ai toutefois négligé un paramètre, dans mon projet de vengeance… Un paramètre qui a tout fait capoter !
Nadège regarde Sylvie, une mince lueur d’espoir dans les yeux. Son teint est resté livide mais elle attend, haletante…
- Forte de mon inébranlable hétérosexualité, je voulais te séduire physiquement, sans réellement m’impliquer… je n’ai pas pensé une seule seconde qu’en te séduisant, je pouvais tomber dans mon propre jeu, me laisser séduire par toi, tomber amoureuse à mon tour. Et c’est ce qui s’est produit.
Regards affolés de Nadège. Un peu de couleur revient à ses joues mais elle peine à admettre, à croire ce qu’elle entend.
- Oui, Nad, je l’ai dit : je t’aime ! Et tu mérites parfaitement mon amour, pas ma vengeance. Partie pour te faire du mal, je suis tombée amoureuse dingue de toi, dès notre premier soir. J’ai mis trois semaines à l’accepter : je suis devenue lesbienne, Nad. Je l’ai sans doute toujours été sans le savoir, ou en le refusant… Maintenant, je l’accepte, je le revendique et c’est toi que je veux ! Je t’ai tout pardonné, absolument tout. J’ai seulement voulu que tu saches par quel cheminement mon cœur était arrivé jusqu’au tien. Et pardon si je t’ai fait souffrir. Je ne le ferai plus jamais, je te le promets.
Les deux amantes se sont enlacées, sont restées longtemps à s’embrasser, se donner des caresses toutes tendres. Sylvie, timidement, d’une petite voix, a finalement rompu le silence :
- Quel nom voudrais-tu que nous portions après notre mariage, Nad, le tien ou le mien ?
FIN
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