Retrouvailles sur Facebook - histoire érotique

C'est une histoire vécue, racontée ici pour témoigner que dans la vie, c'est vrai il y a le cul mais pas que, non ; il y a aussi les sentiments. Et que ça compte vraiment, ça, les sentiments.
Cinquante ans après, ces retrouvailles... un sacré bail


Séduite et abandonnée
Clo, Andernos, il y a longtemps puis sur le web, récemment

Deux fois
Deux fois coup sur coup à presque cinquante ans d'intervalle
C'est sûr que j'aurais du savoir, sûr que j'aurais du me méfier...
Tant je suis cruche
Enfin, plutôt, tant je suis, tant j'ai été, bêtement, simplement amoureuse

Là c'était couru d'avance, toutes les copines me l'avaient dit, crié, averti
L'était marié même pire retraité
Comment ai-je pu me laisser ainsi attraper comme une gamine ?
Encore une fois
Une fois encore

C'est vrai qu'à l'âge de mes quinze ans je l'avais été gamine et que c'est là que j'avais été attrapée
Première fois
J'en tremble encore de cette première fois
Je ne vous dis pas cette première fois

Mais là je n'étais plus née de la dernière pluie alors comment ça a pu se faire que j'aie replongé ? Et avec le même...
Profond, aussi tant profond
Replongé à fond avec sentiments puissants et rêves dans les bras de mon polochon et mouille entre mes cuisses
Grand mère, établie, moi aussi finie, pas cougar pour deux sous mais plutôt Radio-Nostalgie, Julien Clerc et autres poètes de transistor
Moi et ma vie, mes enfants, grandes, adultes, mon boulot peinard, dur quand même le boulot, mais une vie assumée, réussie ... avec même la médaille ... pensez !

Gamine, non, j'étais je fus alors une vraie jeune fille
Presque une femme
Enfin avec des pensées de femme dans un corps de gamine
Pas si gamine que ça, j'avais des seins de vraie de grande
Et des troubles à regarder les garçons
Certains étaient si beaux que mon ventre en palpitait rien qu'à les regarder, les garçons

Celui-là il était grand il était beau si beau
C'était mon premier beau garçon

Aujourd'hui je ne sais plus s'il est beau, encore beau ou vieux désespérément vieux
Décati
Je ne sais pas car il ne veut pas
Il doit être complètement fini, HS, hors d'usage, n'a pas voulu que je voie
Doit être vieux mon mec, plus présentable
Enfin, l'a pas voulu se montrer

L'était sexy mon mec
Du moins dans mon souvenir
Dans ces souvenirs qui ont hanté mes cinquante ans de vie sans lui
Sans lui en vrai mais près de lui dans ma tête dans mes pensées dans mon ventre

C'est sûr que c'est ma faute si j'ai replongé
Comme une addict à la clope ou à l'alcool
Facebook, je patrouille et je cherche
Là surprise, je trouve
Mon coeur a bondi de systoles en extra-systoles débridées
Il était là, encore vivant, survivant de ce monde perturbé

Je n'eusse pas été étonnée si FB m'avait répondu, votre amant du passé, chère Clo, a disparu
Accident de moto, de deltaplane, de VIH, de révolution colombienne sur fond de coke
L'était programmé pour ça l'amant de ma jeunesse, l'amoureux de mes quinze ans, l'était programmé à 200 à l'heure pour l'Aventure, l'aventure c'est l'aventure avec Lino Ventura, Saint-Exupéry et les autres aventuriers du siècle dernier

Mais pas du tout
Mon amant a répondu impromptu
En agitant son panache blanc, aque je suis là et ne t'ai pas oubliée
Il a dit, tu as été l'amour de mes seize ans et je ne t'ai jamais quittée
Il a dit aussi, j'ai fantasmé de toi toute ma vie durant
Faux-cul comme pas deux le mec
Et je l'ai cru il disait vrai
Moi oui, j'avais fantasmé toute ma vie durant
Moi je comprends, je l'ai vécu
Mon mari mes amants éphémères et lui toujours présent

Grand'mère j'ai couru folle du bonheur retrouvé
Six mois durant j'ai rêvé ses histoires proposées de livres d'écritures de romans de nouvelles
J'ai rêvé de ses contes partagés
Je lui ai apporté les plus enthousiasmants fantasmes de sa Clo éplorée

En cette fin de juin pluvieuse à Bordeaux, rayonnante à Montpellier
Je suis seule
Abandonnée
A crier ma solitude comme un Johnny oublié


La vie de ma vie
jpj, suite d'un matin du début de l'été, à Montpellier

Pourquoi a-t-elle écrit sur FB ? J'aurais du ignorer ! Mais je n'ai pas...
Comment lui dire ?
Toute une vie sans elle
Comment exprimer ce qui s'est passé cinquante années durant ?
A seize ans qu'est-on ?
Peut-on dire tant de temps plus tard tout a eu lieu ces jours-là ?
Est-ce réalité ou juste fantasme rêvé ?

La vie a passé
Les choses de la vie ont été
Les rencontres, les matins bleus, les enfants qui sont nés
Les enfants sont et écrivent la réalité vraie

Alors les rêves des seize ans éclos puis morts-nés
Ma Clo est oubliée

Cette nouvelle Clo advenue à Noël a-t-elle légitimité ?
Existe-t-elle réellement ?
Elle est blonde, ma mienne était brune
La mienne était jeune-fille, celle-ci est grand'mère

Tout ce temps passé, toute cette vie durant, toute cette existence dont on sent bien qu'elle n'aura pas de seconde chance
Alors tout cela est notre vie, notre réalité et il n'y a rien à y changer

Petit bonhomme
Je suis ainsi sans envergure, mes ailes d'albatros, à me trainer, raillé par l'équipage
Je pense à cette opportunité que je n'ai pas voulu prendre, saisir, attraper
Un peu comme volonté de ne rien casser, de garder la porte ouverte à mes rêves
Comme certitude qu'aussitôt j'eusse accepté l'idée, juste l'idée, tout se serait dissout, tout aurait disparu
C'est exactement ça, tendre la main pour saisir et voir disparaitre ce que l'on croyait à proximité

La vie de ma vie

Dépit a-t-elle dit, petit bonhomme
Et les deux et leurs soeurs encore se sont ligué, ont crié haro
Pour la chasser, ma Clo

Mais l'enfant était conçu, il était à naitre
Et rien ne peut maintenant changer cela

C'est moi qui le porte cet enfant, qui ai vocation, destin, à le faire éclore, à lui donner sens, à lui donner vie
Livre, histoire à lire par d'autres, roman, fantasmes écrits, mémoire
Enfin un truc à laisser derrière soi pour qu'ait existé vraiment un truc qui n'était au fond que rêvé, espéré, pensé les soirs de solitude, les nuits de vague à l'âme
Pendant tant de temps, toute une vie

Je vais m'appliquer à cela
Cela, la vie de ma vie

jpj, septembre 2013