Rira bien qui rira le dernier

- Par l'auteur HDS Briard -
Récit érotique écrit par Briard [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Récit libertin : Rira bien qui rira le dernier Histoire érotique Publiée sur HDS le 04-02-2022 dans la catégorie Entre-nous, hommes et femmes
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Rira bien qui rira le dernier
Souvenez-vous, comme tous les enfants vous y avez certainement joué. On écrit une phrase sur un papier qu’on passe à son voisin, il écrit sa phrase, le passe à son voisin, et ainsi de suite. Après, on lisait une histoire qui n’a ni queue ni tête, mais ça nous faisait rire.

Le principe est le même. Avec Lætitia et Patrick (PP06) nous avons retrouvé notre âme d’enfant… Mais, pour intéresser les lecteurs, nous avons essayé d’écrire une histoire agréable à lire, une intrigue cohérente. Y sommes-nous arrivés ?

J’espère que vous prendrez autant de plaisir à lire cette histoire que nous à l’écrire à 6 mains. Essayez donc de deviner « qui a écrit quoi ».

---oOo---
L’horloge du bureau affichait dix-neuf heures quarante-cinq. Il se faisait salement tard et, une fois encore, il ne serait pas rentré avant vingt heures, heure fatidique où son épouse revêtait son horripilant pyjama combinaison en polaire moelleux et inviolable. Des comme celui d’hier soir, elle en avait une bonne dizaine et en changeait tous les jours à la même heure.

Encore quelques bons de commande à signer et il rentrerait.

Jeune dirigeant d’entreprise, Erwan Kerderrien s’était lancé de bonne heure dans le business de la chaussure pour femme. Sans être fétichiste, il adorait imaginer, dessiner et concevoir un des accessoires favoris de la séduction féminine.

A vingt-cinq ans, au sortir de longues études de commerce, il avait investi tout l’héritage reçu à la mort de ses parents, disparus cette année-là dans un accident d’avion, dans plusieurs machines industrielles de fabrication de chaussures.
Il avait également acheté un bâtiment au rez-de-chaussée duquel se trouvait l’atelier de fabrication et à l’étage, toute l’administration de « Fashion Shoe » son bébé comme il se plaisait à l’appeler.

Grand et athlétique, un visage fin et gracieux encadré par une chevelure noir de jais à la séduisante mèche rebelle tombant sur le front, Erwan avait beaucoup de charme et la gent féminine de sa société avait pour lui une tendre affection.
Peu d’hommes travaillaient pour lui. Un contremaître bougon et irritable qui surveillait tout ce qui se passait à « l’étage du dessous » et deux vigiles qui effectuaient des rondes de surveillance la nuit.
Hormis ces trois-là, tout le staff était féminin.

Cela n’avait jamais inquiété Estelle, son épouse, qui, elle, travaillait dans un milieu masculin, celui de l’intérim.
Ils s’étaient rencontrés au bureau alors qu’elle était venue lui présenter, à sa demande, les candidatures de plusieurs ouvrières.
Elle avait un visage d’ange aux traits joliment dessinés, avec un nez fin, des yeux en amande, d’un vert de jade envoûtant et une longue chevelure dorée comme les blés.
Elle portait ce jour-là un tailleur gris perle, mais ce sont ses chaussures qui ont définitivement séduit Erwan. C’étaient d’admirables mocassins incarnadins, en cuir pleine fleur, surmontés d’un entrelacement de deux cercles symbolisant l’infini.

Il avait rendu les armes lorsqu’elle avait croisé les jambes avec une certaine majesté, en relevant une mèche d’un charmant signe de tête. Il lui avait fait visiter l’entreprise et des regards admiratifs les avaient suivis tout au long de leur promenade.
Il lui avait offert un rafraîchissement et invitée à déjeuner sitôt après. Il l’avait emmenée dans le bar-brasserie de son ami d’enfance et confident Richard Bertillon où il avait sa table et ses habitudes, « Chez Rick ». Ils se connaissaient depuis le primaire.

Erwan avait pris la défense d’un petit gars rondouillard et doté d’un vilain bec de lièvre quand plusieurs élèves de sa classe avaient voulu l’attacher au poteau en le déshabillant et le traitant de « gueule de cochon ». Il avait donné du poing et gagné le respect des petits morveux et la reconnaissance et l’estime du garçon mortifié.

Richard les reçus comme des princes et le déjeuner fut un repas d’amoureux tant ils se dévorèrent des yeux. Une semaine après ils sortaient ensemble et six mois après ils se marièrent. Richard fut, bien entendu, le témoin du marié.

Dix ans plus tard, c’est toujours chez lui qu’Erwan, allait déjeuner le midi et, assez souvent ces derniers temps, venait s’épancher sur ses chagrins et ses peines. Leur amitié était indéfectible et il ne lui cachait rien.

- Tu comprends, si j’arrive après vingt-heures, elle a mis son pyjama et c’est tintin pour les câlins.
- Tu lui en as parlé ?
- Bien entendu. Elle m’a dit que passé cette heure-là, elle n’était plus opérationnelle ; que l’amour ne lui inspirait plus aucune envie.
- Mais elle t’a dit qu’elle t’aimait ?
- Oui, elle m’aime, mais quand elle est crevée, elle n’a plus de libido. Je ne sais plus quoi faire.
- Fais des efforts pour rentrer plus tôt mon vieux. Que veux-tu que je te dise ?

Il devait remplacer la plus ancienne ouvrière et avait une nouvelle fois fait appel aux services de son épouse. Ils avaient eu des mots et, fâchée, elle lui avait envoyé une intérimaire sans, cette fois, l’accompagner.

C’est ainsi qu’il reçut, un beau matin, Aurélia Vernier, une jeune fille d’une vingtaine d’années, en période de probation suite à une peine de travail d’intérêt général pour un petit larcin.

Elle était d’une beauté à couper le souffle. Grande, mince, très brune avec des cheveux mi-longs coiffés à la garçonne. Un visage émacié tout en ovale avec un menton légèrement saillant, des pommettes hautes et de superbes yeux indigo qui attiraient irrésistiblement le regard.

Il décida de la former lui-même afin qu’elle acquiert au plus vite les connaissances nécessaires pour remplacer une des plus productives de ses employées. Elle s’avéra intelligente, comprenant très vite et surtout, sut s’attirer rapidement les sympathies de la horde d’ouvrières qui, telles un essaim d’abeilles, n’étaient pas prêtes à laisser n’importe quelle femelle pénétrer la ruche.

Quatre semaines plus tard, la formation d’Aurélia était en voie d’achèvement. Erwan la reçut un matin dans son bureau pour parler de son contrat. Leurs relations s’étaient considérablement améliorées et il lui avait proposé le tutoiement.

- Je vais réduire ta période d’essai. Je crois que tu as désormais acquis des bases suffisamment solides pour qu’on puisse te confier une machine et un taux de productivité à atteindre comme objectif mensuel. Te sens-tu prête pour cela ?
- Oui. Tu m’as bien formée, et je t’avoue que ta confiance me touche et sera une réelle source de motivation.
- A la bonne heure. Pour fêter ça, je t’invite à déjeuner ce midi.
- Avec plaisir.

Il l’emmena « Chez Rick », le restaurant de son ami. Il lut dans ses yeux toute l’attirance que pouvait exercer la jeune fille. Le repas terminé il la laissa rejoindre l’entreprise, et vint retrouver son pote au comptoir.

- Waouh, c’est d’elle dont tu n’as pas arrêté de me parler ? C’est un vrai canon. Des yeux chauds comme la braise et un corps à damner un saint.
- Ne m’en parles pas. Ça va faire un mois que je passe mes journées à ses côtés pour la former.
- Et ben mon cochon ! Tu n’as pas dû t’ennuyer. Et à la maison, comment ça se passe avec Estelle ?
- On s’est encore engueulé hier soir et j’ai passé la nuit sur le canapé du salon. Je n’en peux plus, il faut que je trouve une solution sinon je vais finir par exploser.
- C’est sûr qu’avec une petite bombe à portée de fusil chaque jour, les soirées à l’hôtel du cul tourné, ça doit être dur à supporter.
- Ne m’en parle pas, j’en rêve la nuit de cette petite.
- Écoute, j’ai repensé à ta situation. Tu veux que je te dise comment évacuer le trop-plein ?
- Dis-moi.
- Voilà, tu trouves un mec assez séduisant pour séduire ta femme et, une fois qu’il a réussi à coucher avec, tu n’as plus de complexe à avoir et peux y aller franchement avec la Mistinguett.
- On voit que tu ne connais pas bien Estelle, ton mec, elle va le broyer et le jeter aux orties.
- Pas si sûr mon gars. J’ai un pote, c’est un vrai tombeur. Aucune femelle ne lui résiste. Tu fais un deal avec lui pour qu’il couche une seule fois avec elle et t’en apporte la preuve, et après, tu auras le champ libre.
- Jamais ça ne marchera.
- Laisse-moi te le présenter. Qu’est-ce que tu risques ? Si elle le rejette, tu n’auras plus qu’à trouver une autre idée. En revanche, si ça marche, tu me devras un bon gueuleton.
- Tout de même, je n’ai pas envie d’être cocu… mais qu’est-ce que j’ai à perdre maintenant ?

---oOo---
Estelle, mal à l’aise, a remonté le drap jusqu’à ses épaules, cachant sa poitrine dénudée.

Après avoir joui dans cette chambre d’hôtel, elle se sentait toujours mal. À chaque fois, elle se demandait ce qu’elle faisait là.
Oui, elle aimait son mari Erwan, mais elle le trompait. Elle avait honte, bien sûr, de ce qu’elle faisait, de son attitude.
Pourquoi ? Comment en était-elle arrivée là ? Dire que c’était de la faute d’Erwan, elle trouvait ça un peu facile. Sur le moment, ça la rassurait, ça la confortait. Ça l’aidait à assumer ses fautes. Erwan avait aussi ses torts bien sûr, mais elle n’était pas obligée de faire ça.
Elle l’aimait. Aucun doute là-dessus. Son mari l’aimait aussi, ça, elle en était sûre aussi.

Le problème d’Erwan, c’est qu’il était marié avant tout avec son usine. Il ne rentrait jamais avant 20 h 00 le soir. Le week-end, quand une idée le prenait, il retournait à son bureau et disparaissait de la journée. À force, ils ne partageaient quasiment plus rien ensemble.

Par mesure de rétorsion, pour le faire réagir, elle avait commencé à se refermer dans sa coquille avec lui, portant ces pyjamas ridicules, se couchant tôt, lui disant lorsqu’il voulait faire l’amour qu’elle était fatiguée, qu’à cette heure, elle n’avait plus envie. Elle essayait, maladroitement sûrement, de lui faire comprendre qu’elle souhaitait qu’il rentre plus tôt, qu’il soit plus attentionné, que leur vie redevienne ce qu’elle était juste après leur mariage.
Rien à faire, il rentrait toujours aussi tard, ne parlait que de son travail une fois qu’il était là.

Elle l’avait même soupçonné d’avoir une maîtresse pendant un temps. Elle l’avait surveillé, mais rien trouvé. Il passait son temps au bureau. Pas de maîtresse, une fois ses employés rentrés chez eux, il travaillait devant sa table à dessin ou à son bureau. Son amante, c’était son entreprise.

Estelle a mal vécu cette période, puis s’est résignée. Bien sûr, elle aurait pu provoquer une discussion avec Erwan. Elle ne l’avait pas fait, laissant les non-dits s’insinuer dans leurs rapports de couple, laissant également ces dérives se transformer en habitudes.
Leur couple n’allait pas bien. Les disputes pour des motifs futiles se produisaient de plus en plus souvent. Elle souhaitait seulement qu’Erwan en prenne aussi conscience et réagisse.

Et puis un jour, ne voyant rien venir, elle a cédé à celui qui lui faisait la cour depuis plusieurs semaines. Il allait devenir son amant. Un mélange de honte, de remords et de résignation l’habitait depuis.

Oui, elle trompait son mari depuis trois mois déjà. La première fois qu’elle avait retrouvé son amant dans cette chambre d’hôtel, avec Erwan, ça faisait plus de deux mois qu’ils n’avaient pas fait l’amour. Bien sûr, elle l’aimait, mais elle n’en était pas moins une femme, avec des besoins. Cet homme qui la poursuivait de ses assiduités depuis des mois, elle n’avait pas de sentiment pour lui. C’était juste un substitut.

---oOo---
Richard, son amant, se tourna vers elle. Richard, oui ! Son amant était le meilleur ami de son mari. Son ami d’enfance :
- Tu es bien prude, dit-il en passant sa main sous le drap et en la posant sur le ventre de la jeune femme.
- Tu sais bien que je suis pudique, je n’aime pas m’exposer.
- Entre nous, il n’y a pas de soucis, j’ai déjà tout vu, dit Richard en riant.

Estelle se tendit sous la caresse de Richard. Même si généralement, elle se lâchait pendant leurs étreintes, aussitôt après, la honte de ce qu’elle venait de faire la tenaillait. Souvent, elle se rhabillait rapidement pour partir, prétextant un rendez-vous urgent. Elle ne voulait pas de ces gestes de tendresse.

Richard reprit :
- Je suis passé voir ton mari.
- Ah, fit Estelle.
- Oui, à son usine. La jeune que tu lui as envoyée, apparemment donne satisfaction. Ils passent pas mal de temps ensemble.
- Comment ça ?
- Eh bien… Je crois que…- Que... quoi ? Dit Estelle d’un ton brusque.
- Mais tu es jalouse, on dirait !
- Non, en fait… Non… Mais…- Oui, j’ai comme l’impression qu’ils se sont bien rapprochés tous les deux. Et peut-être pas que professionnellement.
- Tu veux dire que…- Qu’il fait comme nous. Il va voir ailleurs.
- Mais…- Tu devrais penser à l’avenir Estelle.
- Comment ça ?
- J’ai bien peur que votre couple aille droit dans le mur, ma Chérie.
- …- Je ne sais pas si je dois t’en parler…- Quoi ?
- Il m’a dit un truc… Mais non, ce sont des bêtises. J’ai du mal interpréter, oublie ça…- Vas-y ! Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
- Mais non, ce n’est rien sûrement.
- Dis-moi, je suis quand même concernée au premier plan.
- Bon, si tu insistes. Attention, il ne me l’a pas dit franchement. Mais… Enfin, il a sous-entendu des choses.
- Mais vas-y, dis-moi !
- Bon voilà, lui, il pense à votre séparation.
- Quoi ?
- Il veut divorcer.
- Ce n’est pas possible !
- Aux suites du divorce aussi. Il n’a pas envie qu’il soit prononcé à ses torts, que ça lui coûte financièrement. Il sait qu’il est en faute. Il ignore pour nous deux et notre amour.
- Quoi ?
- Il a l’intention de payer un homme pour te séduire, d’avoir des photos exposant ta faute et d’obtenir le divorce à tes torts.
- Non, ce n’est pas possible ! Mais pourquoi ? Comment on en est arrivé là ?
- Il ne t’aime plus. Cette fille lui a retourné l’esprit. Mais c’est une opportunité pour toi, Estelle.
- Mais non, je…- Mais si, foutu pour foutu, essaye de tirer profit de ce divorce. Tu peux récupérer beaucoup. Tu seras à l’abri après. Nous deux, on attend quelques mois et on pourra vivre notre amour au grand jour. Une fois que tu seras divorcée, avec une pension correcte.
- Je vais lui en parler dès ce soir. On va mettre tout ça à plat.
- Non, laisse-moi en apprendre plus. Attendons qu’il se confie à moi. J’ai sa confiance.
- Mais non, ce n’est pas ce que je veux, je ne veux pas divorcer. Je veux que tout s’arrange. J’aime Erwan. Si je couche avec toi, c’est parce que je n’en pouvais plus de cette situation. J’ai toujours été claire avec toi à ce sujet. Je ne voulais pas que tu te fasses d’illusions. Claire et honnête.
- La situation a évolué ma chérie. Erwan, c’était déjà éloigné de toi, mais avec cette fille, c’est certain qu’il ne fera plus machine arrière.

Estelle se rhabilla en pleurant et en reniflant. Ce que venait de lui dire Richard la bouleversait. Comment Erwan avait-il pu en arriver là. Il la trompait. D’accord, elle était mal placée pour lui reprocher quoi que ce soit. De là à vouloir la spolier en lui envoyant un homme pour la séduire. Quelle horreur ! Elle hésitait entre provoquer la discussion, quitte à générer un clash ou attendre, comme le suggérait Richard.

Richard, quant à lui, était assez content. Les choses se présentaient plutôt bien. S’il avançait ses pions convenablement, sans brûler d’étapes ça fonctionnerait. Bien sûr, il avait honte d’agir ainsi avec Erwan. Erwan l’avait toujours soutenu. Protégé même. Le trahir ne lui plaisait pas. Mais c’était plus fort que lui. Plus fort que tout. Il avait complètement craqué pour Estelle dès leur première rencontre. Ça s’était renforcé au fil du temps. Il avait tenté de passer à autre chose. Rien à faire. Avec le temps, le gamin rondouillard, souffre-douleur, était devenu, grâce à la pratique intensive du sport, un athlète sûr de lui. Sûr de sa force. L’attitude d’Estelle, il la comprenait. Elle aurait besoin de temps pour assimiler tout ça. Il était certain de la gagner à lui. Elle finirait par l’aimer. Erwan ? Il allait devenir un dégât collatéral. Richard le regrettait, mais c’était ainsi. Et puis peut-être qu’avec Aurélia, il allait rebondir. Peut-être même que s’il jouait le coup finement, ils pourraient rester amis.

---oOo---
Quel con ce Richard ! Vouloir présenter un mec à sa femme. Que manigance-t-il ?

Après ce déjeuner avec Aurélia, Erwan affiche un air contrarié en sortant du restaurant de son ami. Son ami ? Un grand mot pour ce salaud qui baise sa femme.

Le mois dernier, en apprenant l’infidélité d’Estelle, son premier réflexe a été d’aller lui casser la gueule. Une règle, ne jamais réagir à chaud, mieux vaut prendre du recul. Il a aussi pensé à un bel accident, quelques jours à l’hôpital pour le faire réfléchir, ou mettre le feu à son restaurant… Envisager une vengeance l’a soulagé. Maintenant, il peut voir les choses plus calmement.

Il n’a rien dit quand il a su qu’il était cocu. Il se connaît, il n’aurait jamais su trouver les mots justes, peur que ça ne dégénère en drame. S’il en avait parlé à Estelle, ne risquait-elle pas de vouloir le quitter pour partir avec lui ?
Il l’aime. Pourra-t-il longtemps fermer les yeux, tout accepter pour ne pas la perdre ?

Il se sent un peu fautif. Il a été négligent, il l’a délaissée. Trop de travail, elle le lui fait sentir tous les soirs, elle connaît pourtant les contraintes de l’entreprise. D’accord parfois il abuse. C’est tout ce qu’elle a trouvé pour se refuser à lui. Excuse bidon, tout juste bonne pour se justifier à ses propres yeux, sinon elle ne pourrait plus se regarder dans la glace.

Ecœuré, il rentre de plus en plus tard. Ce n’est pas ça qui va arranger les choses. Difficile de lutter, il est certain qu’elle ne m’aime plus. Elle est amoureuse d’un autre, et cet autre c’est son meilleur ami, doublement cocu.

Elle aussi rentre tard certains soirs, ce n’est pas une raison pour qu’il aille se consoler dans les bras d’une autre. Pourtant les occasions ne manquent pas à l’usine, beaucoup auraient bien voulu. Mais Erwan est comme Estelle, impossible de faire l’amour sans amour.

Aujourd’hui, changement de tactique, Erwan a décidé de reconquérir sa femme en douceur. Première étape, détourner l’attention de Richard vers une autre proie. Même si Estelle doit en souffrir.

Ce midi, déjeuner chez son amant, il a présenté Aurélia à Richard. Son œil brillait en la regardant, un espoir, il les lui faut toutes. Difficile de rester calme, Erwan a dû faire bonne figure quand il lui a parlé de ses problèmes de couple… C’est quoi cette histoire de mec pour séduire Estelle, où veut-il en venir ? Cet après-midi, Erwan se demande ce que Richard a bien pu raconter à sa femme ?

Depuis plusieurs jours, il rentre plus tôt, range les affaires qui traînent, mais il regarde aussi ses mails en cachette, au cas où, ah ce boulot ! Aujourd’hui, il lui a acheté des fleurs, pour rien, comme au début de leur mariage. Elle lui sourit attendrie, se laisse la prendre dans les bras :
- Je t’aime.

Elle le regarde étonnée :
- … Moi aussi je t’aime.

A cette heure, elle n’a pas encore revêtu son armure, c’est bon signe. Elle l’embrasse d’un baiser furtif, et va mettre les fleurs dans un vase.

- Viens.

Il l’entraîne dans leur chambre, étrangement elle se laisse faire sans un mot.

La prenant amoureusement dans les bras, il l’embrasse en lui caressant le dos. Répondant à ses baisers, elle se colle fougueusement contre lui. Perdant l’équilibre, ils tombent enlacés sur leur lit.

Tandis qu’il ouvre lentement son chemisier guettant ses seins qui vont jaillir, elle s’attaque à sa chemise avec frénésie, dans sa précipitation elle arrache deux boutons. Elle pose ses lèvres sur sa poitrine, sa langue joue avec ses tétons. Il n’a pas le temps de la déshabiller, d’un geste elle envoie sa jupe sur le tapis, sa culotte la rejoint. Nue, appuyée sur un coude, elle s’attaque en tremblant à la ceinture de son pantalon. Tout en le branlant, elle écrase ses seins contre lui et l’embrasse d’un baiser fougueux.

Il a du mal à la reconnaître, elle d’habitude si réservée. Se sent-elle tellement coupable ?

Roulant sur le lit, Erwan se retrouve sur le dos. Estelle le regarde, satisfaite du résultat. A califourchon sur ses cuisses, elle se soulève, se positionne et retombe d’un coup sur son sexe bien dressé.
Appuyant ses mains sur ses épaules, ses hanches ondulent en de longs va-et-vient. Tandis qu’il malaxe ses seins qui pointent sous ses yeux, devinant le plaisir qui monte en elle. Tout à coup Estelle se raidit, elle serre ses cuisses autour des siennes, se cambre, et dans un orgasme silencieux, s’écroule sur son mari, haletante.
Il se répand en elle, les laissant tous les deux hors d’haleine.

Après quelques instants à reprendre leur souffle, elle se glisse à ses côtés. Ses yeux fixent le plafond, le regard vague. A quoi pense-t-elle ? A Richard ?

Il se fait tard, repas rapide dans la cuisine, elle est étrangement silencieuse. Une fois couchés, Erwan la sent distante, songeuse :
« Qu’est-ce que je fais avec Richard, c’est ridicule. Il est parfait mon mari quand il veut… S’il faisait un petit effort… N’est-ce pas trop tard maintenant. Ces fleurs, un aveu qui confirme ce que m’a dit Richard. Aurélia est sa maîtresse, aucun doute. Je suis mal placée pour le lui reprocher, mais il faut que j’arrive à le détacher de cette fille… Désire-t-il vraiment divorcer en me tendant un piège, pour me voler. J’ai du mal à le croire … Non, Erwan ne ferait jamais ça... Pourtant ? … Parfois les hommes sont tellement lâches... Richard était si sûr de lui… Il faut que je lui parle. J’en aurais le cœur net. Tant pis pour les conséquences. »
Le lendemain au réveil, Estelle n’est pas à côté de lui, elle s’affaire dans la cuisine. Elle prépare le café, l’air soucieux, préoccupée :
- Bonjour ma chérie, bien dormi ?

Estelle sursaute, avec un sourire crispé, elle lui fait une bise rapide :
- Il faut que je te parle.

Aïe ! Erwan a peur qu’elle lui annonce qu’elle veut le quitter.

Elle évite son regard… Elle hésite. Le nez dans son bol, elle bafouille :
- Alors ?... La… la petite nouvelle, elle … elle s’en tire bien ?
- Aurélia ? Oui, c’est une bonne recrue. Elle a fait quelques conneries de jeunesse, qui n’en a pas fait… Elle mérite une seconde chance.
- Ben voyons.
- Hier, à midi, je l’ai emmenée déjeuner chez Richard. Elle lui a tapé dans l’œil.
- Ah ! Pas à toi ? me demande-t-elle le regard en coin.
- Si, c’est une belle femme.
- Ah ! Ah ! Tu avoues.
- Serais-tu jalouse ? Déjà qu’on n’a pas une minute à nous, occupés comme nous le sommes, je n’aurais même pas le temps.
- Et Richard, il a du temps ?
- Quand une femme lui plaît, il a toujours le temps. Quand il voit une paire de seins ou un petit cul, il ne peut pas résister. C’est un Don Juan sans scrupule. Pas étonnant qu’il soit célibataire, il change tous les 6 mois. Il en a rendu malheureuse plus d’une. Pauvres gourdes qui se font avoir par son baratin.
- …- En plus, il aime piquer la femme des autres. Il y a 2 ans, il a eu un problème avec un mari irascible.
- Qu’est-il arrivé ?
- Le mec ne l’a pas raté, un œil au beurre noir, ça ce n’est rien, mais le contrôle fiscal, il a eu du mal à s’en remettre.
- Quoi ? Mais c’est dégueulasse,- Je ne trouve pas, il a eu raison. Ce n’est pas dégueulasse de séduire une femme mariée, la femme d’un ami ? Il l’avait bien cherché. Espérons que ça lui serve de leçon. Enfin Aurélia saura se défendre, et puis c’est son problème.
- Tu… Tu aurais fait ça toi ? lui dit Estelle la voix tremblante.
- Fais quoi ?
- Ben ce truc pour se venger.
- Sans hésiter, lui répond Erwan en lui faisant une bise.

Erwan donne un coup d’œil à sa montre :
- Tu as autre chose à me dire, ma chérie ? lui dit-il de façon innocente.
- Noon ! … Non, pourquoi ?
- Il est tard, il faut que j’y aille.

Il part rapidement dans leur chambre pour se préparer. En revenant, elle n’a pas bougé, perdue dans ses pensées.

- Tu veux que je te dépose en passant.

Elle lui fait non de la tête.

---oOo---
Resté seul, Erwan se mit à gamberger fiévreusement :
« Hier soir, Estelle m’a paru sincère, j’ai vraiment le sentiment qu’elle a éprouvé du plaisir dans mes bras. Après je l’ai trouvé songeuse. Qu’avait-elle à me dire ce matin ? Elle m’a parlé d’Aurélia, mais j’ai bien vu qu’elle voulait dire autre chose.

Bon sang, mais pourquoi ? Oui, pourquoi me tromper ? Pourquoi me tromper avec Richard ?

Cela fait si longtemps que nous n’avons pas eu une vraie conversation sur nous deux, sur notre couple. Comment chacun se sent avec l’autre. Quels sont les manques, les reproches, les attentes ? Comment voyons-nous notre mariage et quel avenir voulons-nous pour lui ?

Je voulais tant que l’on fasse un enfant, mais aujourd’hui, est-ce que je le veux toujours ? »
Il prit ses clés, sortit, referma la maison et monta dans sa voiture. Tout en conduisant, il continuait à penser à sa situation :
« Il paraît qu’on n’a que les amis que l’on mérite. Eh bien, si c’est vrai, je ne dois pas être quelqu’un d’enviable. Ce salaud de Richard, il ne perd rien pour attendre. Je l’aurai, je ne sais pas encore comment, mais je l’aurai.

Estelle, comment la détacher de lui sans trop la faire souffrir. Je ne peux pas oublier. Non, il n’y a pas de risque. Mais, je veux ma revanche sur ce salopard. »
Il s’arrêta pour prendre son journal, la tête en ébullition. Il ne vit pas venir vers lui Aurélia :
- Erwan ? Bonjour. Heu, … Erwan ?

Il remarqua enfin sa présence.

- Bonjour, tu vas bien ?

Ils se firent deux bises.

- Ça t’ennuierait de m’amener ?
- Pas du tout, viens.

Ils montèrent en voiture et il reprit le chemin de l’entreprise.

- Je ne t’ai pas rencontré par hasard ce matin. En fait, j’avais quelque chose à te demander.
- Je t’écoute.
- Voilà. J’ai un souci avec mon chauffe-eau à l’appartement, et je n’ai personne à qui m’adresser. Est-ce que ça t’embêterait de venir jeter un coup d’œil après le boulot ce soir ?
- Pas du tout. Tu me rejoins quand tu finis et je te ramène chez toi.
- Merci. Des patrons comme toi, j’en souhaite à tout le monde… En fait, je ne te souhaite à personne pour être honnête. Je préfère te garder pour moi.

Arrivé à l’entreprise, il fut accueilli par une cohorte d’ouvrières excitées qui entourèrent son véhicule :
- Aurélia, va à l’atelier, je m’occupe de ces folles furieuses.

Il descendit tranquillement et fit face à la demi-douzaine de furies. L’une d’entre elles, particulièrement agressive semblait mener le cortège :
- Écoutez, je ne sais pas ce qu’il se passe, mais soyez gentilles, laissez-moi arriver et je vous recevrai toutes dans mon bureau.

Il monta à l’étage suivi par la procession et prit le temps de s’installer :
- Alors, qui veut bien m’expliquer ? Toi, Francine, tu es la plus ancienne et j’ai toujours eu confiance en toi. Explique-moi ce qu’il se passe.
- On n’en peut plus Erwan, c’est pas plus compliqué que ça !
- Je ne comprends pas, les cadences n’ont pas augmenté. Vous me disiez à la réunion syndicale que j’étais un patron humain et que je savais comprendre mes salariées. Qu’est-ce qui a changé ?
- Les cadences n’ont rien à voir dans notre colère. Nous sommes en colère parce que, depuis quelque temps, nous subissons, à tour de rôle, des vols dans le vestiaire.
- Des vols ? Comment est-ce possible ?
- On n’en sait rien, mais on soupçonne fortement le contremaître. Il nous a dans le nez et on ne l’a jamais trouvé franc du collier.
- Allons Francine, on n’accuse pas quelqu’un sans preuve.
- Il faut que ça cesse rapidement sinon tu vas avoir une émeute à l’atelier.
- Erwan se leva et tous les murmures se turent.
- Mesdames, je comprends votre rage. Il y a quelqu’un de malintentionné parmi nous. Je ne sais pas encore de qui il s’agit, mais je vous promets d’enquêter et de le trouver.

Il appela sa secrétaire.

- Mesdames, vous allez, une par une, dicter à Adeline la liste de tout ce qui vous a été volé. Je m’engage à vous dédommager si je ne trouve pas le ou la coupable. Mais, de grâce, une fois que c’est fait, retournez à votre poste de travail, j’ai besoin de vous à l’atelier.

Une fois la liste dressée, la secrétaire la laissa sur son bureau. Il s’assit et la parcourut lentement. Il y avait de tout, des sacs à main, des bijoux, de l’argent. Le larcin devait représenter un bon mois de salaire d’une ouvrière.

Il était un peu désemparé et s’interrogea sur la méthode qu’il allait devoir mettre en œuvre pour trouver l’auteur de ces vols. La journée fut longue et, parcourant le rez-de-chaussée, il lut sur les visages de ses employées, des regards pleins d’espoir. Il se jura de ne pas les décevoir.

Vers dix-huit heures, Aurélia frappa à la porte de son bureau :
- Oui ?
- C’est moi. Tu te souviens, tu m’as promis de venir voir mon chauffe-eau.
- Ah oui, c’est vrai. J’ai eu une journée difficile, mais je vais me libérer et venir voir ça. Attends-moi en bas, j’arrive.
- Dès la sortie de l’entreprise, le trafic fut assez dense et la voiture rencontra plusieurs embouteillages.
- Qu’est-ce qu’il se passe à l’atelier ? J’ai l’impression que tout le monde se méfie de tout le monde.
- Mais, tu n’es pas au courant ?
- Au courant de quoi ?
- Mais des vols ?
- Ben non ! Tu sais, je suis nouvelle et il n’y a pas grand monde qui me parle.
- Il y a eu plusieurs vols dans les vestiaires.
- Tu sais qui c’est ?
- Pas vraiment. Les filles soupçonnent quelqu’un, mais je n’ai pas encore de preuve. Elles ont de fortes présomptions, mais pas réellement de quoi accuser la personne. J’avoue que ça ne sera pas facile de trouver le coupable.
- Si tu veux, je peux t’aider et observer ce qu’il se passe en bas.
- C’est une excellente idée, mais sois discrète, ne te fais pas prendre. Les filles m’en voudraient d’avoir mis un espion au sein de l’atelier.
- Ne t’en fais pas, je serai très prudente.

Ils finirent par arriver à l’appartement de la jeune femme. Il découvrit les lieux et s’aperçut qu’ils étaient décorés avec soin. Il se demanda comment, avec un salaire finalement encore maigre, elle avait pu acheter aussi rapidement tout l’ameublement.
Elle le guida jusqu’à un placard dans lequel se trouvait le chauffe-eau.

- Où est ton disjoncteur ?
- Dans la chambre. Ces imbéciles l’ont mis dans un des deux placards. Je t’ouvre la porte.

Il commença par inspecter l’appareil.

- Je te laisse regarder ça, je vais me doucher. Après une bonne journée, j’ai besoin de me rafraîchir.

Il la regarda un demi-sourire aux lèvres.

- Fais comme si tu étais chez toi.

Il se rendit vite compte que le chauffe-eau était en bon état de marche. Il alla dans la chambre, ouvrit le placard et inspecta le disjoncteur. Il entendit l’eau de la douche couler et Aurélia chantonner. Il repéra immédiatement que la position du disjoncteur était sur « économique ». Cela signifiait que la quantité d’eau chaude était positionnée sur le volume minimum. Il le replaça sur « normal » et referma la porte.

Par curiosité, il ouvrit le second placard et resta bouche bée devant son contenu. Un à un, il repéra la quasi-totalité des articles de la liste établie par sa secrétaire. L’eau de la douche s’arrêta et, quelques secondes plus tard, Aurélia entra dans la chambre uniquement vêtue d’une serviette drapée autour de son corps. Elle regarda malicieusement Erwan et, lentement, défit sa serviette qui tomba au sol :
- Oups !

Elle s’approcha de lui et, toujours lentement, s’agenouilla. Elle saisit sa boucle de ceinture et la défit tout en le regardant dans les yeux. Elle ouvrit sa braguette et lui caressa le pénis à travers son slip.

- Humm, tu bandes déjà.

Elle écarta l’élastique du sous-vêtement et mit la main à l’intérieur.

- Woua, tout ça pour moi…
Il lui saisit les mains et la força à se redresser.

- Regarde derrière moi.

Elle marqua un temps d’arrêt devant son placard ouvert et le regard furieux de son patron.

- Erwan, laisse-moi t’expliquer…- M’expliquer quoi, que tu es une voleuse ?
- Non, ce n’est pas ce que tu crois.
- Tu ne sais pas ce que je crois. Explique-moi ce que les choses volées aux vestiaires font dans ton placard.
- J’ai cette maladie de voler des petits riens. C’est bénin, mais je ne peux pas m’en empêcher.

Elle fit un pas vers lui :
- Je vais les rendre, ne t’en fais pas.

Il lui fit barrage en se plaçant entre elle et le placard.

- Tu ne vas rien rendre du tout. Je vais appeler la police et tu vas te retrouver à la case départ, mais, à mon avis, pour un bon moment.

La jeune femme recula, le regarda un instant, puis ses larmes se mirent à couler :
- Non, ne fais pas ça. J’y ai été obligée…- Obligée, et par qui ?
- Par Richard.
- Richard ? Qu’est-ce qu’il vient faire là-dedans ? Attention, ne me raconte pas d’histoire, je le saurai et serai impitoyable.
- Il me tient. Il a plusieurs moyens de pression sur moi. Il me menace, il me fait chanter.
- Il te fait chanter ? Comment ça ?
- C’est un salaud, crois-moi. Tu connais mon passé. Il a les moyens de me faire aller en prison …. Et puis …- Et puis quoi ?
- Je ne peux pas t’en dire plus. Mais sache qu’il m’a aussi demandé de coucher avec lui. Ou je le faisais, ou il me dénonçait à la police. J’étais dans l’impasse, j’ai cédé.
- C’est dégueulasse, je suis d’accord. Mais qu’est-ce que le vol vient faire là-dedans ?
- J’y viens. Je croyais qu’après ça il me ficherait la paix. J’t’en fou, il est revenu à la charge et j’ai dû céder plusieurs fois. Ensuite, il m’a parlé de son plan pour te prendre ta femme et pour racheter ton entreprise.
- Quoi, me racheter mon entreprise ? Mais avec quoi ?
- Le lendemain où tu me l’as présenté lors de notre déjeuner chez lui, il est venu me voir pour me menacer et me faire chanter. Je devais mettre le souk parmi tes salariés et saboter deux ou trois machines pour casser ta production et te faire louper plusieurs commandes importantes. Après ça, il aurait tout raconté à ta femme qui aurait certainement demandé le divorce à tes torts, ce qui signifiait que la moitié de l’entreprise étant à elle, pour la garder tu aurais été obligé de lui racheter ses parts et il est persuadé que tu n’aurais pas eu les fonds pour le faire et que, entraîné à la ruine, il t’aurait proposé de te la racheter.
- Qu’est-ce qui me prouve que tu dis la vérité, que tu n’es pas une mytho ?
- Je n’ai plus rien à perdre. Tu m’as prise la main dans le sac, je sais que si je te mens, je suis foutue et pour de bon.

Erwan prit en photo les objets volés et également de quoi prouver que cela se situait dans cette pièce. Aurélia reniflait sans arrêt, et tremblait un peu, mais pas seulement de froid.

- Va t’habiller et rejoints-moi dans le salon.

Il s’assit sur le canapé et se demanda comment agir. L’attitude de Richard le dépassait complètement. Non content d’avoir séduit Estelle, il faisait chanter Aurélia. S’il l’avait forcée à faire ce qu’elle avait fait, elle n’était pas complètement responsable. Pas complètement, mais en partie quand même.

Lorsque Aurélia, habillée, revint au salon les larmes aux yeux, il lui dit :
- Je n’ai pas pris ma décision. Je dois encore réfléchir à tout ça. Pour le moment, tu restes ici. Je ne veux pas te voir à l’usine. Je te tiens au courant.

Il se leva et quitta l’appartement en laissant la jeune fille en plan et en larmes au milieu de la pièce. En sortant Erwan appela Estelle :
- Bien la fille que tu m’as envoyée ! Une sacrée garce !
- Aurélia ? Qu’est-ce qui se passe ?

Erwan résuma rapidement la situation à sa femme, en omettant toutefois de parler du rôle de Richard.

- Je suis atterrée, dit Estelle. Tu comptes la licencier bien sûr ? Porter plainte ?
- Eh bien oui ! Je pense que oui. La licencier oui ! Porter plainte, j’hésite entre « peut-être » et « sûrement ». Elle s’engage à restituer ce qu’elle a volé. Je ne sais pas. D’un autre côté, je dois aussi calmer les ouvrières victimes des vols.
- Laisse-moi gérer ça. Après tout, c’est mon agence d’intérim qui te l'a envoyée. Je la convoque cet après-midi.

---oOo---
Le plan d’Erwan se mettait en place. Estelle allait sûrement tout apprendre sur Richard, mais ça ne viendrait pas de lui, mais d’une tierce personne.

Estelle fit face à Aurélia dans son bureau :
- Vous m’expliquez ?
- Quoi ?
- Je sais tout. Erwan m’a tout dit, le vol, le recel.
- Je suis désolée, croyez-moi. J’ai honte de ce que j’ai fait. Licenciez-moi, mais pas pitié ne me dénoncez pas, ne portez pas plainte. Pour moi, c’est la prison assurée.
- Ça, il fallait y penser avant.
- Non, pas ça. Je… je… n’ai pas eu le choix.
- Ce n’est pas mon problème. On a toujours le choix de rester honnête. Vous avez mis en péril l’entreprise de mon mari. Vous avez trahi sa confiance. Et la mienne.
- Oh et puis, j’en ai marre… Je vais tout vous dire. Depuis le début, au point où j’en suis de toute façon…- Je vous écoute.
- Je vais vous raconter ma triste vie. A 17 ans, mes parents m’ont mise à la porte. Le jour où j’ai fait mon coming-out. Quand je leur ai dit que j’aimais les filles, ils ne l’ont pas accepté. J’ai été élevée dans une famille où la religion est très importante. Leur charité religieuse, si grande, ils n’ont pas été capables de m’en donner un peu. Ils m’ont juste condamnée, moi, leur propre fille. Du jour au lendemain, je me suis retrouvée à la rue, sans rien. J’ai dormi dans des foyers, dans des parcs l’été, dans des cartons l’hiver, dans des hôtels dégueulasses quand j’avais un peu d’argent, c’est-à-dire pas souvent. Oui, j’ai volé, mais pour manger. En plus dans ce monde-là, une jeune fille à la rue, une gamine même, vous pouvez imaginer que c’est une proie rêvée pour toutes sortes d’individus de la pire espèce, dealers, maquereaux, voleurs et j’en passe.

Aurélia s'arrêta de parler, des larmes coulaient sur ses joues. Elle les essuya du revers de sa manche et reprit :
- J’ai échappé à l’alcool, à la drogue et à la prostitution aussi. Mais j’ai été violée… deux fois… Que deux fois, devrais-je dire. Plusieurs autres fois, j’ai réussi à y échapper.

Elle s’interrompit à nouveau, cette fois des sanglots la secouaient. Estelle, à son tour, eut les larmes qui coulèrent :
- C’est la loi de la rue. C’est comme ça. Plusieurs fois aussi, on m’a volé le peu d’affaires que j’avais. C’est quoi cette société paraît-il évoluée, qui laisse des gamines dans la rue ? J’ai été attrapée dans des magasins où j’avais volé de la nourriture. Une fois, deux fois, trois fois. J’ai été sermonnée par la police. Au début, ils ont été plutôt compréhensifs. Puis à force, je me suis retrouvée devant un procureur. J’étais une récidiviste. L’avocat qui a été désigné pour me représenter a assuré le service minimum. Le proc, quant à lui, a eu pitié de moi. Il m’a infligé uniquement des travaux d’intérêt général, avec obligation d’un suivi social par un agent de probation, dans le but de me réinsérer. C’est lui qui m’a dirigé vers votre agence. Et vous vers votre mari. Je me sens bien là-bas. Pour la première fois depuis longtemps, je suis à nouveau quelqu’un, plus seulement une ombre dans la rue, qu’on croise sans la regarder ou qu’on ignore quand elle fait la manche. On me respecte. Je suis à nouveau un être humain. J’ai un petit appart. Oh pas un palace, mais après ce que j’ai connu ces dernières années, c’est le Pérou. Vous pouvez l’imaginer !
- Oui, dit Estelle d’un ton convaincu.
- Et puis votre mari m’a appris un métier. J’ai arrêté le lycée à 17 ans. Je voyais enfin le bout du tunnel.
- Pourquoi as-tu fait ça alors ?

Estelle venait de passer au tutoiement sans s’en rendre compte.

- J’y viens. Les choses allaient de mieux en mieux pour moi. J’ai juste commencé à vouloir satisfaire certains besoins que j’avais mis de côté pendant ces années. Dans la rue, je ne faisais que satisfaire mes besoins vitaux, manger, dormir à l’abri, assurer ma sécurité physique. Le seul petit plaisir que je pouvais m'accorder, c'est la lecture, quand j'arrivais à voler un livre dans une librairie. Vous voyez ce que je veux dire ?
- Dis-moi…- J’éprouvais le besoin d’avoir une vie sentimentale, ou tout au moins sexuelle. Pour une fille comme moi, dans un premier temps, il n’y a que les sites de rencontres. Je me suis inscrite. Je suis rapidement entrée en contact avec une fille de la région. Elle m’a proposé que l’on se voie pour un resto un soir. Manque de chance, c’était le resto de votre ami Richard.
- Richard ? Qu’est-ce qu’il vient faire là ?
- Il m’a reconnu. Votre mari m’a emmené déjeuner là-bas le jour où je suis arrivée dans l’entreprise, il m’avait présenté rapidement. Je ne l’ai vu que quelques instants, mais j’ai tout de suite capté le genre de regard qu’il me jetait. De l’envie. Mes années de rue m’ont appris à reconnaître ça. Ce soir-là, il a dû me repérer à une de ses tables. Moi, je ne l’ai pas vu, et puis je m’en fichais un peu, je l’avais juste rencontré quelques secondes la première fois. En sortant, avec la fille, nous nous sommes embrassées sur le parking, avant que je la suive chez elle. Il nous a prises en photo.
- Et alors ?
- Il avait un premier moyen de pression sur moi. En plus, il connaissait mon passé. C’est sûrement votre mari qui lui a parlé de mes déboires avec la justice. Deux jours après le dîner, il est venu chez moi le soir. Je lui ai ouvert, surprise de sa visite. Il m’a montré les photos qu’il avait prises sur le parking. Je lui ai dit que je m’en foutais, il m’a dit qu’il allait casser ma réputation. Puis, il m’a dit d’aller voir sous le matelas de mon lit. Il y avait des bijoux et une somme d’argent. Plusieurs billets de 50 et 100 euros. Je ne sais pas combien. Il m’a montré d’autres photos, des bijoux et de l’argent sous mon matelas. Dessus, on voyait bien que c’était ma chambre, aucun doute là-dessus. Il m’a dit qu’il avait porté plainte pour un cambriolage chez lui la veille. Qu’allait penser la police, s’il leur montrait les photos de ce qui lui avait été volé, chez moi ?
- Ce n’est pas possible. Richard est incapable de…- Il m’a dit que si je ne faisais pas ce qu’il voulait, il portait plainte. Cette fois, j’allais me retrouver en prison. Il avait des relations dans l’administration pénitentiaire, les gardiennes allaient me mener la vie dure. Les autres prisonnières sauraient que je n’étais qu’une sale gouine. C’est les mots qu’il a utilisés. J’allais servir de jouet sexuel pour elle. Après quelques semaines, je serais complètement cassée…- …- Soit, je faisais ce qu’il voulait, soit je finissais en taule. Il m’a dit ce qu’il attendait de moi.

Aurélia dit tout à Estelle au sujet des vols dans les vestiaires, du sabotage de certaines machines, mais aussi du fait qu’il l'oblige à coucher avec lui. Son troisième viol pour elle. Et aussi que Richard lui ait demandé de séduire Erwan et de coucher avec lui :
- Il a même installé une caméra chez moi. Je n’avais qu’à la déclencher et à lui donner le CD de nos ébats.
- Mais pourquoi ?
- Il voulait, non seulement que l’entreprise de votre mari fasse faillite, pour lui racheter une bouchée de pain, mais aussi que vous divorciez.
- C’est horrible, quel salopard !
- Qu’est-ce que vous allez faire ? Je suis prête à disparaître de votre vie, quitte à retourner dans la rue. Mais ne me dénoncez pas à la police, je ne veux pas aller en prison.
- Tu n’iras pas. Tu es une victime, autant que mon mari et moi. Plus sûrement, même bien plus. Je vais gérer ça avec Erwan. Je suis même bouleversée Aurélia. Je vais tenter de le persuader de te garder dans son entreprise. J’espère qu’il va accepter.
- Oh merci Madame !
- Tu peux m’appeler Estelle. Par contre, retourne chez toi et fait la morte. Surtout si Richard vient te voir, ne lui ouvre pas ta porte. Ne réponds pas au téléphone. Laisse-moi jusqu’à demain.

Aussitôt son entretien terminé, Estelle se rend à l’entreprise d’Erwan. Il n’est pas là, sa secrétaire lui explique qu’il a eu une urgence mais qu’il ne va pas tarder. Elle lui prépare un café en attendant.

L’urgence d’Erwan, c’est Richard, il veut au plus vite avoir une discussion avec lui. Il déboule en trombe dans son restaurant, et devant les quelques clients encore attablés, il interpelle son ami :
- Salaud. Tu n’es qu’un salaud. Comment as-tu pu faire une chose pareille.
- Calme toi Erwan, je vais t’expliquer. Ne soit pas jaloux. Elle n’attendait que ça, toutes les femmes n’attendent que ça. Il ne faut pas lui en vouloir.
- Salaud, faire ça à une pauvre jeune fille sans défense.

Richard pousse un soupir de soulagement, il croyait qu’Erwan avait découvert sa liaison avec sa femme.

- Oh cette petite pute !
- Ménage ton vocabulaire. Elle m’a tout raconté. Tu n’es qu’un infâme salaud. Je ne sais ce qui me retient de te foutre mon poing dans la figure.
- Ce n’est qu’une traînée et qu’une voleuse, qui n’a que ce qu’elle mérite. Tu es un faible, Erwan, ta pitié m’a toujours donné envie de vomir.
- Toi, tu me dégoûtes. Tu vas avoir le temps de méditer tout ça, je vais de ce pas à la Gendarmerie, tu passeras des années à l’ombre.
- Qui t’écoutera ? Tu n’as aucune preuve. Seulement la parole de cette sale gouine, sa parole contre la mienne ! Rappelle-toi, elle est en probation, il y a récidive. Qui va croire la police à ton avis ?
- Tu ne t’en sortiras pas si facilement, je te le promets.

Voulant enfoncer Erwan, Richard joue le tout pour le tout :
- Pauvre idiot, tu ne sais pas tout. Si je te disais qu’elle n’a pas agi seule…
Il n’a pas le temps de finir sa phrase, interrompu par le crissement des pneus d’une voiture qui vient de s’arrêter bruyamment devant le restaurant. Deux hommes en sorte, à l’allure pas très recommandable. A leur vue, Richard pousse un cri et fonce dans la cuisine, laissant Erwan et les clients médusés.

- Alors, il est où ? Hurlent les deux hommes en faisant irruption dans la salle.
- Qui cherchez-vous messieurs ? demande Erwan en essayant de garder son calme.
- Cet enfoiré de bistroquet. Il nous doit un paquet de fric, il ne va pas s’en tirer aussi facilement. Si tu le vois dis le lui bien…
Renversant quelques tables, ils partent aussi vite qu’ils étaient entrés.

Encore sous le choc comme tous les clients, Erwan attend un moment, va dans la cuisine, constate qu’elle est vide. Richard a disparu. Il savait qu’il avait de mauvaises fréquentations, mais de là à s’imaginer. Dans quel guêpier s’est-il encore fourré.

Par acquit de conscience, il passe rapidement chez lui, personne. Regardant sa montre, il repense à Estelle qui doit l’attendre depuis longtemps.

---oOo---
Effectivement, Estelle attend Erwan dans son bureau pour lui faire part des confidences d’Aurélia et de la fourberie de Richard. Son téléphone sonne.

- Allô ma chérie !

Elle sursaute en reconnaissant la voix mielleuse de Richard.

- Qu’est-ce que tu veux ?
- Viens me rejoindre, j’ai besoin de toi.
- C’est quoi cette histoire ?
- Je n’ai pas beaucoup de temps, je dois partir loin d’ici. Viens avec moi, laisse tomber ton salaud de mari, il n’en vaut pas la peine.
- Te fatigues pas, Aurélia m’a parlé.
- Tu écoutes cette petite garce ? Je pars à l’aéroport, rejoints moi, direction l’île Maurice, j’ai des amis qui nous accueillerons. Viens mon amour.
- Que se passe-t-il ? Je ne peux pas partir comme ça, dit Estelle faisant semblant d’entrer dans son jeu pour en savoir plus.
- Je t’expliquerai. J’ai deux billets d’avion, prends juste un sac, nous achèterons tout sur place, une nouvelle vie s’ouvre pour nous. De toute façon, Erwan veut te ruiner et te laisser tomber, belle vengeance non ?
- Tu es fou.
- Je t’attends, viens vi… Mais, qui êtes-vous ? … Non ! Laissez-moi !...
Un cri.
Bip ! Bip ! Bip ! La communication est coupée.

Estelle est perplexe, que s’est-il passé ? Pourquoi avoir coupé ? Qu’est-ce qui pousse Richard à vouloir partir si vite ? On a vraiment l’impression qu’il fuit, mais quoi ? Elle a hâte qu’Erwan la rejoigne, il pourra peut-être lui expliquer.

Erwan arrive enfin, essoufflé d’avoir couru pour la rejoindre, encore sous le choc de ce qu’il vient de vivre au restaurant. Il a hâte de tout raconter à sa femme.

Estelle, remuée par l’appel de Richard, se précipite vers lui :
- Te voilà, où étais-tu passé ? Je t’attendais, j’ai tellement de choses à te dire.
- Moi aussi. Si tu savais.
- Richard vient de me téléphoner, je n’ai rien compris à ce qu’il voulait.
- Alors, tu as pu voir Aurélia ? Tu me diras ensuite pour Richard.

Elle lui raconta l’histoire d’Aurélia, n’omettant aucun détail de sa triste vie.

- Elle m’a dit pour le chantage. Je ne connaissais pas toute l’histoire. Elle ne m’a rien dit de son passé, certainement par pudeur. Evidemment, vu sous cet angle…- Tu étais au courant du rôle de Richard dans tout ça ?
- Oui.
- Pourquoi ne m’en avoir rien dit ?
- Je voulais tout vérifier avant. Ce sont de très graves accusations, pour moi Aurélia n’était juste qu’une petite voleuse qui essayait de s’en sortir sans trop de dégâts.
- Tu aurais pu me le dire avant notre entretien.
- Je sais… Mais m’aurais-tu cru ? Quel salaud, j’étais son ami. J’ai tout fait pour lui. Je l’ai aidé à ouvrir son putain de restaurant. J’aurais dû lui casser la gueule.
- Non. On ne résout rien par la violence.
- Il a voulu nous faire divorcer, prendre ma boite.
- Attends… J’ai autre chose à te dire.
- Ah oui, le coup de fil de Richard. Qu’est-ce qu’il te voulait ?

Erwan pensait qu’Estelle allait lui avouer sa liaison avec Richard. Non, il ne fallait pas. Il se connaissait, il n’arriverait pas à se contrôler, il ne voulait pas la perdre avec des paroles malheureuses, blessantes, pas maintenant.

- J’ai deux choses à te dire, en fait.
- Je t’écoute, ajouta Erwan, un peu mal à l’aise.
- Tu n’es pas sans t’être rendu compte que notre couple n’allait pas trop bien ces derniers temps…- Oui, je m’en suis rendu compte. Tu te refuses à moi tous les soirs depuis plusieurs semaines, avec une excuse bidon. Évidemment, nous aurions dû en parler depuis longtemps, mais…- Tu n’étais jamais là, ça me minait. Au lieu de communiquer, de mettre les choses à plat, je me suis…- Oui ? Quoi ?
- J’en suis désolée, mais j’ai douté de toi.
- Comment ça ?
- Tu étais tellement distant, absent, j’ai cru que tu avais une liaison. Avec Aurélia…- Quoi ? Mais c’est n’importe quoi. Tu aurais…- Laisse-moi terminer, ce n’est pas tout…- Je t’écoute, c’était quoi ce coup de fil de Richard ? lui dit-il inquiet par ce qu’il a peur d’entendre- Eh bien voilà. C’est compliqué… Je ne sais pas comment te le dire… Embrasse-moi.

C’est décidé, elle va tout lui avouer. Avec ce mensonge, elle ne pourrait plus vivre avec lui … Blottie dans ses bras, elle l’embrasse avec passion, de peur que ce ne soit leur dernier baiser.

Erwan ne veut pas la lâcher, de peur de la perdre. Il se souvient de leur première fois, dans ce bureau, ils étaient jeunes. C’est là aussi qu’il l’a demandée en mariage. Son baiser est de plus en plus fougueux.

Reprenant ses esprits, Estelle se détache un peu de lui, baisse la tête, Une ombre passe dans ses yeux. Elle se cramponne au dossier du fauteuil, sa respiration s’accélère. Elle hésite, comment lui parler du coup de fil de Richard sans lui dire toute la vérité. Bien sûr, elle n’a jamais envisagé rejoindre Richard à l’aéroport, mais Erwan va savoir qu’elle l’a trompé, il va peut-être vouloir la quitter. Elle en a déjà trop dit, marquant une pause, elle se lance :
- J’ai honte de moi, tu ne peux pas savoir à quel point. Je t’aime, mais il faut que je te dise…
Erwan lui sourit tendrement. Pour l’empêcher de parler, il pose délicatement un doigt sur ses lèvres :
- Chut, Ma chérie ! Chut ! Nous avons fait des erreurs tous les deux. Laissons le passé où il est. Je t’aime.

Estelle comprend qu’Erwan sait. Depuis quand ? Pourquoi n’a-t-il rien dit ? Elle blêmit, un vent de panique la traverse. Leurs regards se croisent, son sourire ne l’a pas quitté, il n’a pas l’air en colère. Elle est troublée, lui a-t-il pardonné ? Elle ne peut retenir ses larmes. Se jetant au cou de son mari, Estelle murmure :
- Merci mon chéri… Pardon. Si tu savais comme je m’en veux. Je t’aime.

Elle s’abandonne alors dans ses bras, de longs sanglots la secouent. Sans dire un seul mot, Erwan la serre contre lui, dépose des baisers dans son cou, ses mains s’égarent.
Dans sa tête qui bourdonne, Estelle lui crie son amour :
« Embrasse-moi mon chéri, embrasse-moi… Gardes moi dans tes bras … Pardon, pardon …Ne me repousse pas … Je t’aime, je n’aime que toi… Serre moi fort à m’étouffer, j’aimerais mourir maintenant avec toi plutôt que de te perdre.… Caresse-moi, oui comme ça… j’aime tes mains, tes lèvres… Tout ce que tu veux… J’ai envie de toi … toi aussi tu as envie, je te sens contre moi…. Continue… ne t’arrête pas … personne ne viendra nous déranger… »
Ne pas la brusquer, elle doit penser à Richard, Erwan a peur qu’elle ne compare. Dans sa précipitation, maladroitement, il arrache le chemisier d’Estelle plus qu’il ne l’ouvre, un sein s’échappe du soutien-gorge qui l’emprisonne. S’accrochant à son cou, Estelle rejette sa tête en arrière, sa respiration s’accélère, elle a envie de son mari, de retrouver sa chaleur et sa tendresse. Pour effacer le passage de Richard, Estelle ne veut pas seulement faire l’amour avec Erwan, elle veut être baisée, violemment, sauvagement par lui. S’appuyant sur le bord du bureau, elle fixe Erwan dans les yeux, enlève sa culotte, écarte les jambes et l’attire vers elle.

« Oui, sur le bureau, comme dans mon souvenir… Humm ! … comme la première fois que je suis venue ici. J’étais jeune, amoureuse… Mon cœur va éclater, il ne bat que pour toi…oui… oui… je suis amoureuse… de toi mon chéri… de ta bouche, de tes mains, de ton sexe qui me pénètre… oui, comme ça… aime moi… mon amour, je… je jo… ouiii ! ».

En sueur, Erwan regarde Estelle à moitié assise sur son bureau, la jupe relevée sur ses cuisses. Les cheveux ébouriffés, elle se lève, lisse sa jupe et referme son chemisier sur sa poitrine qui déborde. Sans penser à réajuster son pantalon, Erwan sort un mouchoir de sa poche et essuie les dernières larmes qui coulent sur les joues de sa femme.

Dans ses yeux passe une lueur qu’Estelle connaît bien. Brusquement il la prend par les épaules, la retourne et la plaque sur son bureau. Il relève sa jupe et la pénètre d’un seul coup. De stupeur, Estelle pousse un cri strident. S’agrippant au bord du bureau, elle renverse des dossiers et le pot de stylos qui tombent par terre.

La tenant par les hanches, Erwan s’active par de longs va-et-vient, elle ouvre la bouche comme si elle manquait d’air. Ne pouvant tenir plus longtemps, il se répand en elle en de longs jets puissants, déclenchant un second orgasme qui laisse Estelle pantelante.

Reprenant son souffle, Erwan se baisse pour ramasser les dossiers et les stylos, au passage il dépose délicatement une bise sur les fesses d’Estelle. Elle frémit au contact froid de ses lèvres, se redresse, leurs yeux se croisent, ils éclatent de rire ensemble, comme la première fois, au même endroit, étonnés du plaisir qu’ils croyaient avoir oublié, qu’ils croyaient avoir perdu.

Prenant Estelle par le bras, complice, Erwan lui susurre à l’oreille :
- On rentre vite à la maison, une bonne douche nous fera du bien.

---oOo---
EPILOGUE
Laissant leur corps parler à leur place, Erwan et Estelle se sont retrouvés. Ils auraient aimé partir pour une nouvelle lune de miel après l’épreuve qu’ils venaient de vivre, mais l’entreprise n’attend pas.

Erwan a apaisé les ouvrières en leur racontant un bobard grand comme une maison. Retrouvant leurs affaires volées, elles n’entrèrent pas dans les détails et reprirent le travail pour un patron tellement à leur écoute.

Il faut se rendre à l’évidence, Richard a disparu. Le restaurant est fermé, il a dû y repasser dans la soirée. Depuis plus aucune nouvelle.

Aurélia a été embauchée définitivement dans l’usine. Elle a présenté son amie à Erwan et Estelle, contente d’être enfin acceptée telle qu’elle est. Presque une famille.

Tous les soirs, Estelle attend son mari qui fait un effort pour ne pas rentrer trop tard. Au moment de l’apéritif, il l’emmène dans leur chambre, pour un petit câlin avant de passer à table.

Deux mois plus tard, dans le journal local, un entrefilet annonce la découverte du corps d’un homme ayant séjourné longtemps dans la Seine. Aucun élément n’a permis de l’identifier, ses empreintes ayant été effacées à l’acide. La police pense à un règlement de comptes. Malgré le visage boursouflé dû à sa présence dans l’eau, Erwan reconnaît son ami. Il cache le journal, Estelle est trop sensible. Mais, il ne peut s’empêcher de sourire.

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Histoire Libertine
Elle l’a pris pour 1 con sur les bords. Elle s’en tire à bon compte.



Texte coquin : Rira bien qui rira le dernier
Histoire sexe : Une rose rouge
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