T'as vu ? Sans les mains (14 - fin)

- Par l'auteur HDS lelivredejeremie -
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Récit libertin : T'as vu ? Sans les mains (14 - fin) Histoire érotique Publiée sur HDS le 29-10-2023 dans la catégorie Entre-nous, les hommes
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T'as vu ? Sans les mains (14 - fin)
***** 27 *****

Mon fidèle un peu idiot, puis qq mises au point, cet après-midi

- C’est moi ou c’était très bizarre ? a dit Gian, quand on l’a rejoint dehors pour sa clope digestive, Nicolas et moi.
- Légèrement dérangeant, ai-je admis.
- Sauf que tout le monde rigole, là ! a grogné Gian. ‘’Je veux dire… Roooh, tu sais bien, je suis cool avec ça, mais ta mère vient de capter que tu kiffe les mecs et qu… Oh ! Sorry, Nico ! Que… tu kiffes un mec, et alors qu’elle m’a toujours fait un peu peur pour des petites conneries qu’on a faites, elle…’’
- Principalement des conneries que tu as faites, Gian, mais je dois t’accorder une solide inventivité, j’avoue…
- Parce que j’avais les cojones de les faire, moi !
- Oh ! Mais Jérémie a des cojones, je peux en témoigner, a murmuré Nicolas, avant de regarder le ciel.

Gianfranco a eu un moment de blanc.

- Ça va, bello ?
- Ouais… C’est juste que ça semble tellement plus simple pour vous, bizarrement. Je veux dire, tu ramènes Nicolas, et pif-paf-pouf, ta mère admet. Mais ça avait pris deux week-ends à la mienne pour accepter Aurélie !
- Elle avait peur de perdre son petit garçon innocent, je suppose.
- Tu rigoles, Jey ? A seize ans, elle m’avait coincé en train de sauter Mélanie Rombouts, j’ai pas pu finir, tu imagines. Puis à dix-sept, c’est le père Mélotte qui est venu se plaindre de ce que j’avais perverti sa fille.

J’ai jeté un regard à Nicolas et j’ai murmuré ‘’J’ai peut-être un dernier truc à raconter d’avant, là, je peux ? Ça te gêne pas ?’’

- Bah non, tu as eu une vie...
- Ben, euuuh… Gian, je te bats ! ai-je dit, tu vois Kyrill, qui est venu chez Manu et Rachel des années ? Ben, quand on avait quatorze ans...

Et même si c’étaient juste des petite pipes innocentes et maladroites, il ne devait pas trop connaître les détails…

- C’était lui, le… euh… petit truc avant les deux connards ? Et à quatorze ans ? Kyrill ? Woputain, mec ! Trop bien !
- Trop bien, Gian ?
- Non ! Je veux dire… bien pour toi, quoi. Il était assez mignon, toussa… Puis que Nicolas lui ressemble pas mal, tu vois… ‘fin, je veux pas dire que je te trouve cute, hein, Nico…
- Gian ! Arrête, steuplé, c’est bizarre…
- Un peu, oui, a murmuré Nicolas.
- Ah ouais, pas faux… Bon, jeee… vais retourner coller Aurélie, elle n’aime pas trop que je fume, puis je suis pas sûr que votre pote ait une trop bonne influence sur elle. Courage ! Allons affronter ces deux… trois dragons, et si je meurs, ramenez mon cadavre à ma mère.

J’ai attendu qu’il soit rentré pour glisser à Nicolas ‘’Il est parfois un peu théâtral, puis sans beaucoup de mesure, il m’a déjà trainé dans des situations limite gênantes. Hmmm… A ce sujet, tu sais, pour ce que tu as dit, qu’on a vécu avant, toussa… Il y a un truc pas trop… classieux que je devrais te dire’’.

- Avant, oui, et… Je ne vais pas te faire les passoires de Socrate, juste demander… ça me concerne ?
- Non, pas… directement.
- Ça a causé du tort à quelqu’un ?
- Du tort… ? Non, vraiment pas, ai-je répondu, en pensant brièvement que Leo aurait ajouté un truc du genre ‘à part deux-trois ruptures de frein, plutôt le contraire’ mais l’humour foireux n’était pas trop de circonstance.
- Alors, ce n’est probablement pas si important. Puis tu sais, les erreurs de jugement, moi-même… Faute de pouvoir oublier, j’essaie de ne pas trop y penser, et peut-être que tu devrais, toi aussi…
- Ah ! Ben oui… donc… tabula rasa ? Page blanche, quoi ?
- Tabula rasa ! a-t-il confirmé, avec un sourire confiant, dont je me suis immédiatement juré que je ferais toujours tout pour ne jamais l’effacer.

(***)

Gian étant resté chez ses parents, m’épargnant l’inconfort de partager la mini banquette arrière de la Corsa pourrave de Lucrezia, Nicolas s’est assis à côté d’elle, et j’ai assez vite zappé leur babillage.

Nicolas avait retrouvé sa bonne humeur ! Des bribes de conversation que je captais, si je ne voyais que les yeux de Lucrezia dans le rétroviseur, je soupçonnais que le souvenir de l’expédition nocturne devait encore mettre des étoiles dans ceux de mon petit mec, et j’en étais simplement heureux.

Arrivés à l’autoroute, mon phone a fait ‘glouips’ : maman.

< J’ai été tentée de contacter le pompeux maître De Spiegeleir et ta snob de grand-mère pour ajouter une couche à la ‘honte familiale’ :lol: Je plaisante évidemment, je suis terriblement fière d’être ta mère ;) Je t’aime :love: >

‘Glouips’

< Ce n’est pas par bonté d’âme que je ne l’ai pas fait, je vais continuer à cultiver mon mépris souverain envers eux dans mon coin :p >

‘Glouips’

< C’est décidément très amusant, ces ‘emojis’ ( ? ) Remercie Lucrezia de m’avoir montré comment les utiliser >

J’ai enfin pu terminer ma réponse, entamée après réception de son premier message.

< Je suis terriblement fier d’être ton fils, je t’aime :love: >

Quinze minutes plus tard, ‘glouips’

< Mais je mourais d’envie de le dire à quelqu’un, alors j’ai fait ton ‘coming-up’ auprès de Rachel (à qui d’autre dans ce village de ploucs ?) juste pour découvrir qu’elle savait depuis des années que tu jouais au docteur avec Kyrill dans leur cave ! Manu n’avait jamais rien remarqué, lui ! Les hommes… >

< Tu voyais ce que je voulais bien montrer, maman, ne te reproche rien. Et le terme exact, c’est ‘coming out’… Au cas où tu aurais l’intention de reproduire la prestation >

‘Glouips’

< A qui donc ? Mais OK, je le note… Puis que tu as des choses à me raconter la prochaine fois, vu que Nicolas n’est donc pas ton premier petit-ami… J’espère qu’il ne lit pas ces messages par-dessus ton épaule. Il est adorable. >

< Trop tard, il pleure, là. Non, je rigole, tqt >

- Tu textotes déjà avec un autre mec ? a demandé Lucrezia.
- Nan, c’est ma mère, elle vous embrasse…

Quel week-end… L’approbation de maman, la solide fidélité de Gian, l’accolade plus soutenue que d’hab’ d’Aurélie, le soutien exceptionnellement diplomate de Lucrezia… les sentiments enfin clairement exprimés de Nicolas… Bon, perso, éternel attentiste, j’ai plus subi qu’agi, mais le tour que prend mon existence me plait assez.

Comme pour me contrarier, mon portable a émis la tonalité d’appel messenger. J’ai hésité un instant à répondre, mais c’était peut-être un signe de cette saloperie de destin auquel je commençais à croire, et qui sait, l’occasion de faire encore un peu plus de vide dans ma vie. Sauf qu’au final, je n’ai pas vraiment de rancune envers lui…

- Dobry den, Yeremiâtchi ! C’est ton prénom en tchèque, joli, non ?
- Alors c’est fait, tu es à Prague, ai-je murmuré, après avoir baissé le son à quarante pourcents.
- Ouaip, nouvelle vie, nouvelle ville, a dit Leo avant de tourner sur lui-même pour m’offrir un panoramique depuis ce que j’ai supposé être le château, et de finir sur un grand blond assez beau à l’air un peu concon ‘’Ça, c’est Adamek, un trou du cul, dans tous les sens du terme, si tu vois, hahaha. Dis bonjour, trouduc’’
- Boujourrr trrruduc, a ânonné le mec.
- C’est tout ce que tu en auras, il ne pète pas un mot de français, puis à part moi, il se méfie des Belges, a dit Leo en revenant sur l’écran ‘’Un de nos compatriotes lui a écrasé son poing dans la gueule, rapport à un autre qu’il a dragouillé, j’ai pas trop compris, je m’en fous un peu, puis sa gueule, en fait… Je le vois surtout de dos, hein ! Hahaha’’
- Arrête, steuplééé… ai-je chuchoté.
- Oh ! Désolé, Jey, t’es pas seul ? Hey ! C’est un mec ? Ton mec ?
- T’inquiète, j’ai baissé le son, ai-je soufflé. ‘’Puis… Oui, je pense… J’aimerais… Je crois que j’aimerais vraiment, oui.’’
- Tu te souviens de ce que je t’ai dit ? Sois heureux ! Oooh, là, j’ai envie… Je peux lui dire un truc ?

En cinq secondes, plein d’idées m’ont pété en tête, que Leo allait parler de notre business embarrassant, et que Nicolas était peut-être encore trop fragile pour ça, mais aussi que tôt ou tard, je lui devrais la vérité, puis encore que Lucrezia me planterait sur la prochaine aire d’autoroute…

Mais aussi que j’en avais assez de mentir. J’ai dit ‘Si tu veux, mais me fais pas un coup de pute, hein ! Attends un instant’’, je me suis avancé et j’ai porté mon phone à l’oreille de Nicolas pour entendre Leo hurler ‘TU AS DE LA CHANCE, MEC !’’

Je l’ai repris et j’ai murmuré ‘’Tu le penses, vraiment ?’’

- Je le sais, Jérémie, vraiment. Allez, bises, et qui sait… ? a-t-il dit, avant de raccrocher.

Plus qu’un détail à régler…

Messenger… Accueil… Groupes… LordBug-ChatNoir-Prod… Quitter le groupe !

- C’était qui, ça ? a finalement grogné Lucrezia.
- Pour ce que ça vaut… et tu penses ce que tu veux… c’était mon ex. Définitivement, mais sans rancune entre nous ! Merci de…
- Et moi, je pense qu’il avait raison au sujet de Jérémie, Lu ! a asséné Nicolas, étonnamment assuré, pour mettre fin à la conversation.

‘Waaah ! Il brise ses chaînes’ me suis-je dit. Leur lien ne sera jamais complètement coupé, naturellement, il y aura toujours cette complicité à la hiérarchie compliquée… et peut-être désormais alternée entre eux, mais vu la nature de notre amitié, à Gian et à moi, je pourrais vivre avec l’idée de la leur.

Etrangement apaisé, j’ai regardé défiler le paysage vallonné, puis les sorties d’autoroute…

- Je te droppe à la résidence universitaire, ou… ?
- Non ! a coupé Nicolas ‘’Chez… moi… ‘fin, tu veux bien, Jérémie ?’’
- Décidez-vous, les mickeys, la sortie pour le campus est à cent mètres
- Chez Nicolas… s’il te plait.
- Pourquoi ça m’étonne pas, aussi ? elle a grogné. ‘’Trente-six heures de sevrage, vos hormones doivent bouillonner’’
- Techniquement, c’est juste dix-huit heures, en fait… a murmuré Nicolas.
- Nooon ! Vous avez… ?

***** 28 *****

Nicolas, maintenant

Quand on s’est posés dans sa chambre d’étudiant, Nicolas a murmuré ‘’Tu sais… ce qu’il m’a dit au téléphone…’’

- Je ne veux rien te cacher, Nicolas, puis c’est vraiment fini, et il est à huit cents bornes, et…
- Et je le crois, puis pour que ton ex pense ça de toi… Et aussi ce que Gianfranco m’a dit, et Aurélie… Par contre, j’imagine que moi, j’ai perdu tout mon crédit à cause de ma réaction. Ta maman, tu vois…

Je lui ai fait lire l’échange de textos, il a froncé les sourcils, a souri, puis a fait de grands yeux ‘’Adorable ?’’

- Ma mère est une peu… brute de fonderie, et là c’est son idée d’un compliment, mais dis-toi juste que tu as fait bonne impression.
- Tu sais, je ne m’attendais vraiment pas à tout ce qui s’est passé ce week-end, c’était un peu l’ascenseur émotionnel pour moi… Limite les montagnes russes. Mais, juste merci, il a soufflé ‘’Déjà de m’avoir montré les messages, puis… pour tout le reste… C’est… Tu es…’’ Il m’a fixé quelques instants et a ajouté ‘’J’ai quelque chose pour toi aussi’’

Il a déverrouillé son smartphone, a activé messenger, puis une conversation ‘Maman’, deux messages datés d’aujourd’hui, il y a quarante minutes, pendant le trajet ‘’Tiens, tu peux lire’’.

< Kikoo, vous allez bien ? Moi, ça va, même très bien ! Grâce à Lucrezia, j’ai rencontré un garçon extraordinaire, et surtout qu’elle approuve ! Il est terriblement sympa, puis vraiment gentil ! Je pense qu’il a toutes les ‘qualités minimums’ dont tu m’avais fait la liste, et même plus ! Il me fait oublier qui-tu-sais. Après deux ans à passer de la fac à mon kot comme un zombie, il me fait découvrir d’autres choses, d’autres endroits. Puis surtout, ce que j’avais un peu oublié, il me rend confiance en moi ! Dans ses yeux, je me sens chaque jour plus fort ! Tu sais, ce que tu m’as dit, que je ne souriais plus, eh bien, Lucrezia dit que j’ai recommencé, et j’aime ça ! Aussi, je sais, on se connait juste depuis deux semaines, mais je n’ai jamais été aussi sûr de moi. Lu devra se partager entre ses parents et sa sœur pour les fêtes, mais s’il est d’accord, et vous aussi, j’aimerais vous présenter Jérémie à Noël. Bisous à papa, Amélie, Sarah et Justin >

< Oh ! Aussi, si je ne suis pas rentré ce week-end, c’est parce qu’il a organisé rien que pour moi une rando nocturne pour observer des renards, une mère et ses petits, et tu sais bien, moi… Et qui pense à ça ? Il me donne tant, et il se contente de vraiment peu en retour :love: >

Pour le coup, c’est moi qui étais terriblement ému.

- Je suis… Tu es sûr que tu parles de moi, là ?
- Je te l’ai dit, tu es bien plus. Ça, c’est ce que je peux décemment raconter à ma mère, j’esquive juste les trucs plus… intimes, comme tu le fais avec la tienne. Genre ce Kyrill au sujet duquel elle n’a jamais rien soupçonné, puis tes… nooombreux ex…
- Tu sais, si mes ex m’avaient chacun donné un euro, je pourrais juste me payer un McFlurry Oreo. Mais je me dis qu’on pourrait… ne plus jamais en parler, ok ? Oh ! Tu as un message, c’est peut-être ta maman, ai-je suggéré en lui rendant son phone.
- Non, c’est Lucrezia… Ouais, c’est même du Lucrezia pur jus… Si vous êtes toujours habillés et à la verticale, dis à ton mec merci-pas-merci pour le w-e pourri, j’ai pris froid dans son bled de meeerde et j’ai rencontré le mec de ma vie qui ne le sera jamais, je vais essayer d’oublier Manu le garde forestier avec un superbe abruti qui est son inverse absolu ! Je vous déteste mais bonne bourre quand même ! Tu me raconteras, comme d’hab.
- Ah !
- Je raconte rien, hein ! Elle a tout essayé, pourtant… Le chantage, les chatouilles, le silence…
- M’étonnerait qu’elle puisse garder le silence très longtemps, si ?
- Pas faux… Puis son cerveau fonctionne comme un super-ordinateur de la NSA, elle retient absolument tout, donc je filtre vraiment les informations, tu sais.
- Tu devrais tout de même lui donner un os à ronger, de temps en temps… Un truc assez gros mais sans l’être trop, qui ferait chauffer son logiciel de traitement des données, ça pourrait être amusant d’imaginer entendre ses processeurs qui crépitent.
- Oh ouiiiii ! a-t-il dit avec ce sourire malicieux, dont la pensée qu’il l’ait effacé trop longtemps m’attristait, mais qu’il semblait retrouver de plus en plus régulièrement. ‘’Mais quoi ?’’
- Tu la connais mieux que moi, et ce dont elle pourrait t’imaginer capable…

Il a réfléchi un instant, puis...

- Il y a bien un truc récurrent… Déjà, si t’as pas remarqué, elle est vraiment très désinhibée, j’en sais plus que je n’aurais jamais voulu savoir sur l’orgasme féminin et l’anatomie du clitoris, puis je soupçonne que son fantasme ultime est de faire l’amour sous endoscopie… pour voir…
- J’aurais jamais pensé à ça, ai-je soufflé avec des yeux ronds.
- Puis je pense qu’elle en a même à ma place…
- Genre quoi ?
- Ben, le… process de… du plaisir masculin, quoi. Bon, je te rassure, elle ne m’a jamais demandé de… tu vois, mais avec d’autres, je me dis qu’elle ne s’est peut-être pas gênée.
- Ah ! Oui, euh, je vais pas lui jeter la pierre, je m’étais juré de ne plus parler de Kyrill ni de personne, mais c’est quand même avec lui que j’ai découvert… Il n’y a pas que la pénétration, et ça peut… être… étrangement… beau, non ?
- Vrai. Alors tu vois, la première fois où on s’est parlés, en cours, ‘fin surtout elle, on avait glissé jusque derrière toi, et la vidéo que tu regardais…

Oh nooon ! Pas ça, non… Je devrai peut-être bien lui en parler un jour, mais plus tard, beaucoup plus tard ! Après mon petit délire philosophico-nul sur le hasard, j’avais remercié en silence Leo et Marc d’avoir, au terme d’un effet papillon improbable, provoqué notre rencontre. J’avais d’abord conclu que je le lui avouerais dans un avenir pas trop lointain, mais c’était avant qu’il propose de repartir à zéro, et que je décide d’essayer d’oublier, je finirais bien par me persuader que ce n’était jamais arrivé… Mais bon, là, dans l’immédiat, évacuer le sujet !

- Pas sûr de pouvoir aider Lucrezia dans son étude scientifique, tu sais, je ne me souviens plus des tags de recherche, c’était juste un truc comme ça, puis quand je mate du porn… je veux dire quand je matais… c’était en navigation privée, il n’y a pas de trace dans mon historique. Puis t’façon, je ne pense pas que ce soit possible, la stimulation prostatique et l’éjac’, c’est deux trucs différents. Après… quitte à… inventer un truc franchement kinky, je vois difficilement mieux. Tu crois que tu arriverais à lui raconter que tu t’en mets jusque dans les narines même quand je te bloque les mains, en gardant ton sérieux ?
- Je devrais m’entraîner avec toi, je vois personne d’autre… A répéter mon texte, je veux dire, pas… Tu as dit ‘quand je matais’ ? Plus maintenant ?
- Bah, je pourrais te dire un truc genre que j’ai mieux en vrai avec toi, mais non, plutôt… Arf ! c’est un grand mot, ne rigole pas, plutôt du… respect, voilà. Mes rares… et courtes… deux… relations, je l’ai fait. Et j’ai pas eu de crises d’angoisse ou de larmes comme les drogués en sevrage-bloc… Et là, j’ai envie de battre le record d’abstinence de porn, surtout que c’est quand même jamais trop réaliste, hein ! ai-je dit précipitamment, pour dévier la conversation. ‘’Après, ça devrait être facile, je n’en ai jamais trop regardé, tu sais’’ ai-je ajouté, en me promettant désormais d’autant éviter les vidéos sur le net, que le cinéma pathétique de certains gays IRL.
- Ni moi, il a murmuré ‘’C’est tellement pas ce que j’ai toujours voulu… puis rêvé… jusque maintenant. Puis je te soutiendrai, et si tu faiblis, j’essayerai de… détourner ton attention, disons’’

Son smartphone a vibré dans sa main.

- Oh ! C’est maman, cette fois… Il a souri puis m’a lu le texto ‘’Mon bébé renard, surtout…’’ Oui bon, te moque pas, steuplé… ‘’surtout protège-toi, et je ne parle pas que de latex, mais de ton cœur et tes sentiments. S’il est ce que tu dis, et s’il t’aime assez, ton copain sera le bienvenu à Noël. Bisous de Justin et des filles, papa et moi t’aimons très fort’’
- Je m’arrangerai toujours pour… être ce que tu as dit, puis que tu ne doutes jamais de ce que je t’aime, que je t’… âme, que je te hume, j’ai murmuré en plongeant le nez dans son cou pour capter l’odeur de sa peau.
- Que tu quoi ? il a dit en riant doucement.
- C’est dans Annie Hall, c’est le film préféré de ma mère, quand j’étais petit et qu’on le regardait, elle me le répétait chaque fois, en respirant mes cheveux. Tu sens bon, Nicolas…
- J’aime assez comme la conversation a glissé d’une vidéo nulle à un film romantique, c’est un peu une métaphore de ma vie pour le moment, et c’est grâce à toi… Euuuh…

Il a fixé quelques secondes les boutons de mon jeans, puis a relevé la tête, et m’a demandé avec un sourire faussement allumeur si l’odeur de sa peau était aphrodisiaque.

- Il y a l’odeur, la vue, puis le contact, même avec des vêtements, alors ce soir, avec plus d’épiderme à disposition des sens…
- On est presque le soir, là. Et ça a été une longue journée bien remplie, si on avançait la suite du programme ? Une suggestion ?
- J’aimerais que lentement, longuement, tu me...

Il est intelligent, mon petit mec, il a compris à demi-mots.

On s’est déshabillés en miroir, en multipliant les baisers sur chaque surface de peau découverte. Après un long câlin, il s’est doucement introduit en moi, je me suis accroché à son corps, je l’ai tiré… retenu, la sensation diffuse est apparue et est lentement montée en intensité jusqu’à ce stade, juste avant l’éjac’, de douce hébétude, où les sens sont comme légèrement engourdis et où… Mais cette fois, je ne me suis pas touché, nous aurions d’autres moments, jusqu’à celui où, un jour, il m’offrirait spontanément ce que son abuseur s’était approprié sans trop de considération.

Mon raisonnement était peut-être un peu spécieux niveau psychologie mais j’ai imaginé un instant que mon abstention du plaisir ultime le transférerait à Nicolas, pas très logique tout ça… Bah, quelle qu’ait été ma justification, je pensais simplement à consacrer mon temps, mon énergie, puis ma patience à aider un petit bonhomme fendillé à se reconstruire… Par essais et erreurs, peut-être, mais qu’avais-je d’autre, à part ma volonté de bien faire…

J’ai posé mon regard sur son visage et dans ses yeux, qui se sont lentement voilés avant de partir dans le vide, derrière ses paupières délicates qui papillonnaient presque insensiblement, et j’ai laissé glisser le bout de mes doigts sur son corps jusqu’à ce que, avec un long soupir, il exulte dans le mien. Nicolas, simplement, mais tellement beau.

L’un de nous deux a dit ‘’Je t’aime tant’’, je suis incapable de dire si c’était moi, ou bien lui, ou si je l’avais seulement pensé très fort, mais c’était sincère.

FIN

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