T'as vu ? Sans les mains (7) - histoire érotique

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Leonardo (puis cette pauvre tache de Marc), il y a un mois

- Les gars, j’ai pensé à un truc trooop génial !
- Misèèère, ai-je grogné.

Marc cale ‘trop’ dans une phrase sur deux, il doit se dire que ça fait djeun’ mais ça ne compense pas le bide et sa calvitie, qu’il ne tente de toute manière même plus de cacher. Et là, je sais que ses idées soi-disant géniales sont juste des trucs qu’il a pompés à gauche ou à droite, puis surtout, chaque fois encore plus ridicules, sinon parfois plus humiliants, que ce qu’il a proposé avant…

- C’est quoi ? a demandé Leo, vraiment très enthousiaste.
- Ejaculation spontanée, la trop bonne baise, le pass’ est tellement excité qu’il se touche même pas et il s’en fout plein le torse !
- Mais… ça ne m’est jamais arrivé.

Regard vexé de Leo sur moi.

Je me suis tourné vers Marc et j’ai ajouté précipitamment ‘’Non, mais je veux dire, il me donne chaque fois un plaisir atomique, hein ! Puis des sensations incroyables que j’avais juste jamais… Quand Leo me fait l’am… euh…me baise, ok… je jouis plus qu’avec… ‘fin bref, je jouis beaucoup, quoi… juste pas spontanément, mais beaucoup, oui’’. En reprenant mon souffle, j’espérais ne pas en avoir fait trop, mais…

Sourire de Leo sur moi.

- Si, ça existe, a dit Marc. C’est un truc que j’avais d’abord lu sur doctissimo… C’est un… euh… site d’information sur la sexualité… très sérieux, hein ! Puis j’ai gratté des vidéos et j’en ai trouvé. Bon, apparemment, ça marche mieux avec un actif ttbm mais on peut essayer.

Regard noir de Leo sur Marc.

- Dis, il y avait des cours de SVT à ton époque ? ai-je demandé. ‘’C’est pas du tout le même process qu’une éjac’, c’est juste une stimulation prostatique, là, ça provoque seulement un écoulement de pré-sperme, au mieux. Enfin, déjà ça le fait chez moi, puis avec un mec plutôt très doué’’, ai-je ajouté, en regardant Leo, pour me gagner son retour d’affection.
- Tu dois toujours te branler, quoi ?
- Euh… oui, évidemment, ai-je répondu, en me demandant depuis combien de temps il n’avait plus fait l’amour… enfin, je veux dire, baisé, dans son langage.

Même s’il était dix heures du matin, Marc s’est servi un whisky ‘pour l’inspiration’, Leo m’a proposé un soixante-neuf en attendant, ‘pour l’aspiration’, a-t-il ajouté… L’influence de l’humour foireux de notre réalisateur-producteur… C’est plus un clown, lui, c’est tout le cirque !

- J’ai une idée ! a dit Marc en tapant son tumbler vide sur la table basse.
- Hmmm… J’ai déjà dit ‘Oh non’ tout à l’heure, laisse-moi trouver une autre formule, j’ai grogné.
- Celle-ci est aussi bonne ! Leo te… prépare, pour pouvoir te repénétrer easy, il se retire, ou même pas en fait… sauf que si, pour te remettre en forme, loulou. Toi, Jey, tu te branles à fond, et juste avant de jouir, tu préviens, tu vires ta main, il bourre hard et provoque ton éjac’, si ça le fait pas on recommence, et je bidouille le raccord image au montage de la vidéo.
- Euh…
- Tu kiffes Leo, c’est trop évident, puis ce qu’il te fait, voir son corps, le sentir en toi, le plaisir qui monte graduellement…
- Hm-hmmm…
- Ben voilà, ça devrait le faire.

Ça devrait…

Sauf que je suis un romantique, moi ! Il me faut du sentiment pour être in the mood for love… Et la mise en scène abusée, franchement…

Marc pouvait bien filmer, pour moi, il n’existait plus, je ne voyais que Leo, son corps parfait, le mien qui semblait quand même lui faire de l’effet… Lui allongé sur le dos, offert à mon désir, je l’ai fait grandir avec ma bouche puis, à grands renforts de lube, mais avec une fausse grimace d’inconfort qui selon lui renforce ‘‘en mode subliminal, tu vois, Jey’’ l’impression que je suis serré, et surtout que Leo est épais… - je me suis lentement empalé sur lui, et j’ai entamé les montées et descentes sur son mât, jusqu’à sentir les prémisses du plaisir…

Je me suis allongé à mon tour sur le dos, et me suis touché énergiquement, en me demandant ce que Marc, qui continuait à filmer, ferait des ‘chutes’ qu’il couperait, puis à l’approche de l’éjac, j’ai soufflé ‘‘viens’’, j’ai retiré ma main, Leo est revenu en moi, mais la violence de ces mouvements… Son enthousiasme devenait localement douloureux, je n’ai pas pu m’empêcher de froncer les sourcils… Après une seconde masturbation énergique, et en focalisant sur la beauté de son corps qui s’agitait au-dessus du mien… j’ai tout de même fini par jouir ‘spontanément’ à grandes saccades sur mon ventre.

- Eeenfin, a grogné Marc, avant d’ajouter ‘’Mais bon, c’est dans la boîte ! Putain, les mecs, c’est trop beau ! Longtemps que j’ai plus été excité comme ça, moi.’’

Ni Leo ni moi n’avons proposé de l’aider à faire baisser la pression.

(…)

- J’aurais pas cru, mais ça l’a plutôt fait, a dit Leo à mi-voix, apparemment très satisfait, en sortant de l’appartement de Marc ‘’Ta putain d’éjac’, c’est jamais aussi fort quand on baise ensemble, et j…
- On ne… baise pas !
- Nan, ok, quand on fait l’amour, quand on couche ensemble, si tu veux, mais crois-moi, c’est le truc que j’observe, ça fait du bien à mon égo.
- Ouais, ‘fin… C’est les circonstances, la… les branlettes, puis aussi… tu y es allé très fort, quand même, c’était limite agressif, je ne t’ai pas trop reconnu, tu avais un regard fou, c’était pas du tout comme… nous, c’était… plus toi, quoi.
- Bah, tu t’es pas plaint, je crois. En tout cas, perso, un peu plus d’agressivité, je crois que je commence vraiment à kiffer ! Enfin, plutôt… je crois que je commence à avoir besoin de ça…
- Je préfère plus lent et doux, quand on n’est qu’à deux…
- Ecoute, Jérémie, je… C’est peut-être le moment de te dire… Voilà, j’ai bien capté que tu fais juste ça pour le fric, et que c’est temporaire, et que ce sera jamais ton truc, mais moi, ben… j’aime assez me voir dans les vidéos, et je t’avoue que je les regarde assez souvent… J’ai réfléchi et pour les dix ou quinze ans à venir… Je veux dire, toi, dans deux ans, tu as ton master en… euh… j’ai toujours pas trop compris en quoi, mais moi, j’ai rien du genre, donc bonjour les jobs de merde, alors… être payé pour ce que je fais apparemment pas trop mal, et que j’aime plus que tout…

Je me suis arrêté au milieu de l’escalier et me suis tourné vers lui.

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Leonardo, il y a un mois (suite)

- Tu veux dire quoi, là ?
- Ecoute, on va pas se raconter d’histoires, après ton master, tu rentreras dans une grosse boîte, avec le salaire qui suivra, puis dans ton job de rêve, tu voyageras partout, et moi, je servirai des chopes à des pochtrons ou je garnirai des sandwiches jusqu’à ma mort… Tu vas pas te traîner un loser !
- T’es pas un loser ! Tu vas… retrouver un job, un vrai, je… je le sais, ça !
- Tu ne le pense pas vraiment toi-même…
- Mais… mais si !

Il a secoué la tête, l’air... je ne sais pas… désabusé ?

- Nous, c’est… Tu sais, j’ai connu des mecs, peut-être trop, déjà…
- Ben oui, je comprends, j’ai capté direct que tu avais de… l’expérience, quoi… Puis heureusement vu que moi… ! ai-je ajouté pour lui rendre un peu confiance en lui.
- Tu dis ça comme si c’était si bien… Non, attends ! Je veux dire… nous, enfin toi, c’était… je sais pas… nouveau, l’impression un moment d’être presque aussi… clean que toi. Sauf que çà… ici… Je me dis que ça a un peu gâché tout, ça nous a changés. On a juste ce truc à deux, et je n’oublierai jamais, la première fois… Sauf que non, plutôt le matin après, et on aurait dit que…
- Que je n’avais jamais connu ça, et c’est vrai !
- Puis tu m’as fait l’amour, et c’était… innocent, puis tendre… attentif à tout… limite consciencieux, aussi… mais vraiment bien, et ça l’est toujours, hein ! Mais bon … On n’a que ça ! On n’a rien en commun, tu me sors tes références culturelles que je capte une fois sur dix, tu ne kiffes pas trop mes potes, ton meilleur, comme tu dis, ne m’aime clairement pas, puis bon… ta mère ne sait même pas que j’existe… On a quoi, là ? Sois réaliste.
- Tu veux dire quoi, en clair ?
- Juste que tu n’aimes pas ce qu’on fait ici, mais moi, je kiffe plutôt, l’exhib’, le sexe un peu plus hard… Là, je tiens un truc où je ne suis pas trop nul, alors… Je me dis que j’ai peut-être des opportunités… Merde pour Marc, je lui dois rien. J’ai… Ben, j’ai contacté CorbinFisher et BelAmiOnLine avec les url de nos vidéos, j’ai déjà eu une réponse, mais sinon il y a plein de boîtes pro, alors si je dois aller à L.A… ou même juste à Prague… Bon, rien ne dit que… Mais je m’en voudrais toujours de ne pas avoir essayé. Après, on peut continuer, le temps que…

Qu’avais-je cru, aussi ? Que le deuxième garçon que j’avais connu serait le mec de ma life ? Combien de temps m’aurait-il fallu pour finalement m’avouer que la surface d’intersection de nos deux mondes était ridiculement petite ?

Tous les indices me sont soudain apparus clairement, les deux longues heures à l’entendre soupirer pendant la projection de Matthias et Maxime, son plaisir à allumer des garçons avant que nous rentrions chez lui et fassions l’amour sans que je sache vraiment à qui il pensait, son manque de retenue de plus en plus fréquent lorsqu’il envahissait mon corps un peu trop brusquement, à repousser les limites de ma résistance, la brusquerie qu’il demandait quand je le faisais, l’absence de plus en plus régulière de réaction quand l’un de ses potes exprimait trop explicitement l’idée d’un plan à trois… Puis, comme il venait de l’admettre, les conditions de nos épanouissements sexuels respectifs étaient différentes, exclusivité et tendresse pour moi, rapports plus hardcore pour lui… quant à sa fidélité, même à plus ou moins long terme, vu ce qu’il sous-entendait…

Alors, continuer ? Je n’admettais, avec de plus en plus de mal, l’objectif de Marc que parce que je croyais encore qu’il y avait plus, après, ailleurs…

- Ce serait vraiment juste… baiser, là, non ?
- …
- Alors, c’est… ?
- Tu te souviens, tu m’avais demandé d’être honnête, et bon, je ne suis pas toujours un mec bien, et surtout je sais que je ne le serai jamais tout à fait, jamais autant que tu le voudrais et que tu le mérites, mais ça… je le suis, tu dois me croire.
- Mais oui…
- C’est juste que le trip petit couple rangé, finalement, ben… c’est pas vraiment pour moi, et j’ai sincèrement essayé, je te promets, mais un jour, je péterai un câble et je te décevrai… Encore plus que maintenant, je veux dire.
- …
- Pour une fois, je tiens à faire les choses bien, alors… Comme au Gaypard, le soir où tu avais benné Tom… J’aime autant que ça vienne de toi, répète les mots, s’il te plait.
- C’était ridiculement théâtral, ça… puis pas du tout le même contexte, ai-je murmuré, une boule dans la gorge ‘’mais… je te rends ta liberté’’. Pour ne pas paraître trop pathétique, j’ai ajouté avec un demi-sourire ‘’Je te souhaite de devenir célèbre, renvoie Kevin Warhol à ses branlettes solitaires’’.
- Et moi, je te souhaite d’être heureux, Jérémie.
- On peut… Je vais pas te coller, t’inquiète, mais on pourrait… ?
- Une dernière fois… ?
- Doucement…

Cette fois sans gêne, que j’avais dépassée, je me suis déshabillé devant Leo, après avoir retiré un à un ses vêtements, et avoir couvert chaque partie dénudée de son corps de bisous légers, je l’ai tiré sur moi et j’ai murmuré ‘’Je suis toujours… dilaté, tu peux… mais pas comme tout à l’heure, comme… la première fois…’’

Contrairement à notre premier échange, pas de réflexes incontrôlés, cette fois, aucune maladresse de sa part ou de la mienne, en douceur et avec tendresse, Leo m’a fait l’amour, lentement, longuement, profondément, jusqu’à l’imminence de son plaisir… Il a murmuré ‘’Fais-toi plaiz’, Jérémie, je vais… Tu veux que je me retire ?’’ Je lui ai pris les joues et j’ai répondu que mon plaisir ne devait pas être physique, ce serait juste de voir le sien, lorsqu’il viendrait en moi…

Il n’y avait plus rien à dire, prolonger les adieux m’aurait encore plus plombé le moral. Après un baiser relativement sobre, j’ai descendu les trois étages, avec un léger sentiment de nostalgie, mais aussi le début du souvenir d’une belle parenthèse.

Trois jours plus tard, la gérante à mon job d’étudiant m’envoyait un texto pour dire qu’elle avait viré son incapable de neveu, et que si je voulais repasser à quarante heures par mois…

Deux jours après, Marc a viré un acompte gonflé sur les revenus de la vidéo, basé sur son estimation du nombre de vues, qui explosait déjà celui de la précédente, faisant passer mon solde bancaire au-dessus des 3400€… La rétribution d’une marque indélébile sur ma conscience, et d’un déshonneur que le strict minimum de personnes devrait jamais savoir, juste ceux à qui je devrais ma franchise absolue.

Le soir-même, il nous a contactés sur messenger <<Jeudi prochain, anarchie et provocation ! On surfe sur le covid19, on filme en extérieur, dans le bois de *** >>

Le site de drague gay le plus sordide de la ville…

<< … malgré le confinement, sûr qu’il y aura du monde, ça nous fera des figurants gratos… >>

Ben tiens, tu m’étonnes, déjà que les pauvres taches qui y zonent n’ont pas grand-chose à faire de l’hépatite ou du HIV, c’est pas la ‘grippe de Trump’ qui va les retenir.

<< … Jey, tu auras tjs un masque, mais juste différent, un FFP2 cette fois, puis j’ai prévu une scène de viol, trop cool ! Tu peux trouver un chien à promener ? Pour la crédibilité, tu vois ? >>

La… crédibilité ?

O…kaaay … S’il y en a un qui est loin dans le bois, là, c’est lui…

J’en étais encore à chercher une réponse négative définitive, mais qui me garderait encore quelques virements, Leo m’a précédé.

<< C’était cool, on s’est rendu service mutuellement, mais on arrête, Marc. Après, je suis généralement gentil, mais on compte bien que tu continues à répartir correctement la rétribution financière de Porn.Hub à LordbugChatNoirProductions, et ça vaut pour Jérémie, sinon le mode exception serait activé, juste pour être clair, OK ? >>

Il continuait visiblement à… faire les choses bien.

<< Dommage, mais soit ! Puis ne vous inquiétez pas, vous aurez même un décompte détaillé en excel, Marco Polo est un homme honnête >>

J’ai pensé furtivement que le personnage historique ne semblait finalement pas l’avoir totalement été, mais bon, bénéfice du doute…