Un métier pas comme les autres (1/2)

Récit érotique écrit par Philus [→ Accès à sa fiche auteur]
Auteur homme.
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Un métier pas comme les autres (1/2)
Un métier pas comme les autres
CHAPITRE 1
Un dimanche d’avril vers dix-sept heures au village frontalier du « Pas de L’Échelle » en Haute-Savoie, les dix-huit lampadaires du lotissement des Chamois s’allumèrent simultanément. La nuit tombe vite en montagne et la plupart des maisonnettes, toutes semblables à d’infimes détails près, étaient elles-mêmes éclairées de l’intérieur depuis un moment. Dans l’une d’elles, on apercevait à travers les rideaux de la fenêtre de cuisine, une silhouette masculine enlaçant une femme par-derrière, collée contre elle…
— Maria chérie, j’ai envie de toi. Tu sens ma zigounette dans tes fesses comme elle est dure ?
L’homme qui venait de parler allait sur ses trente-deux ans. Les cheveux bruns et courts, le visage anguleux, il dominait en hauteur son épouse qu’il tenait dans ses bras. Il prétextait de sa minceur naturelle pour se passer de sport, activité qu’il trouvait contraignante, fatigante et de plus parfaitement ennuyeuse. Sûr que pour le moment, tel qu’il présentait, cet homme avait beaucoup de charme sans s’adonner à cela.
Maria rejeta sa tête en arrière et tenta de regarder son mari en levant les yeux.
— Tu ferais mieux de la ranger, ta zigounette, mon Julien chéri. Tu sais que nous sommes dimanche soir et que c’est demain que nous connaîtrons notre emploi du temps pour la journée. Tu pourrais en avoir besoin comme moi de ma foufounette.
Maria Cutez était une femme agréable à contempler. Pas très grande, mais avec des rondeurs bien féminines, elle ne paraissait pas ses trente-cinq ans. Sa peau semblait laiteuse sous ses cheveux blond-blanc. Ses yeux bleu délavé accentuaient un peu plus la lumière resplendissante de son visage.
— Oui, je sais, répondit doucement Julien à l’oreille de son épouse sans desserrer son étreinte. On pourrait peut-être faire une exception…
Sa main descendit d’un cran et vint se poser entre les cuisses de la belle. Ses doigts commencèrent à caresser la chair tendre et secrète dissimulée sous le pantalon. Son érection, qui avait un peu fléchi, reprit aussitôt de la vigueur.
— Chéri, tu n’es pas sérieux… murmura Maria en fermant les yeux.
Julien connaissait bien le ton employé. C’était celui dont sa femme usait habituellement pour dire « oui » tout en donnant l’impression de dire « non ».
— Viens… supplia Julien.
Au prix d’une légère contorsion, Maria posa sa bouche contre l’oreille de Julien.
— Bon d’accord, mais juste un « tête à cul », chuchota-t-elle dans son vocabulaire d’adolescente.
Julien lâcha son épouse, lui saisit la main et l’emmena, presque en courant, dans la chambre. Il se déshabilla en un tournemain et lança ses affaires aux quatre coins de la pièce, tandis que Maria prit beaucoup plus de précautions. Allongé sur le dos, les jambes écartées, Julien exhibait avec fierté son pénis de bonne taille. D’un seul doigt sous le frein, il le décalotta, libérant le gland rouge et gonflé par plusieurs minutes d’érection ininterrompue. Maria s’agenouilla et s’approcha. Elle se saisit du membre de son époux et en tâta la rigidité et l’épaisseur.
— Dis donc, j’espère que c’est rien que pour moi un engin pareil.
— Il est tout à toi, répondit Julien en dirigeant la tête de Maria vers son sexe.
Enjambant le corps de son mari de façon à lui présenter ses nymphes devant les lèvres, elle engouffra la verge distendue et le pompa avec savoir-faire. Julien enlaça les fesses de Maria et embrassa la vulve totalement épilée de sa femme comme s’il lui roulait un patin. La chambre était silencieuse, seuls les bruits de succion de part et d’autre, entrecoupés de faibles gémissements, résonnaient. La tête de Maria allait et venait, amenant parfois le pénis de Julien au-delà de la luette. Cela lui donnait souvent la nausée, mais elle savait que son mari aimait beaucoup sentir son gland frotter sur les douces muqueuses de la gorge. Quant à elle, elle adorait visualiser sa bouche envahie par une bite épaisse dont les giclées chaudes du sperme déclenchaient en général son propre orgasme. À ce propos, Julien se mit à couiner vigoureusement en enfonçant encore plus sa langue raidie dans le vagin détrempé et baveux.
— Hummm ! Hummm ! HUUUUMMM !
Maria attendait, la verge contre son pharynx, et reçut une abondante éjaculation qu’elle ne put avaler qu’en retirant le pénis soudain ramolli de son époux. Julien s’activa alors un peu plus sur la vulve de sa femme et son clitoris, s’apprêtant à récolter à son tour le produit de son plaisir.
— Ouiiiii ! Ouiiii !... hurla-t-elle.
Maria jouit en serrant les jambes et en écrasant son visage sur le sexe mouillé de son mari. Ses contractions vaginales expulsaient la cyprine dans la bouche de Julien, même si une bonne partie s’échappait sur ses joues. Maria se laissa retomber de tout son poids, les deux époux récupérèrent cinq minutes, occupés à déposer de petits baisers sur leurs organes sexuels respectifs. Ils reprirent place pour s’enlacer et s’embrasser. Dès que les langues s’emmêlèrent, la verge de Julien se redressa et vint chatouiller le ventre de la jeune femme.
— On a dit un seul, mon amour.
— Dommage, répondit Julien apparemment déçu. Nous avions encore envie de toi.
— Nous ? s’étonna Maria.
— Ma zigounette et moi ! déclara le jeune homme en riant.
Son épouse lui donna une tape sur l’épaule.
— Allez plutôt me préparer un apéritif, ta zigounette et toi ! Celui que je viens de prendre n’avait pas trop de goût.
*-*
On pourrait légitimement se poser la question de savoir pourquoi il serait inopportun de baiser un dimanche soir, même lorsqu’on travaille le lundi matin. Mais Maria et Julien exercent un métier peu commun et interdit en France, celui d’assistant sexuel. Considéré comme de la prostitution en France, l’assistanat sexuel est autorisé en Suisse, Danemark, Pays-Bas, Allemagne et toléré en Belgique et É.-U. Maria et Julien œuvrent au sein d’une association, l’ASHAPH (Association pour le Soutien et l’Harmonie Affective des Personnes Handicapées), dont l’adresse se situe à Genève à une quinzaine de kilomètres de la frontière française. Tous les lundis, ils reçoivent leur emploi du temps et vont visiter chacun deux ou trois demandeurs maximum, jamais les mêmes, dans la mesure du possible, pour éviter un quelconque attachement. Maria et lui donnent du plaisir à leurs patients et parfois, leur propre plaisir en fait partie. Ils doivent donc, elle comme lui, se ménager pour cette journée-ci. Le travail administratif constitue le reste de la semaine, tandis que certains de leurs collègues vont soulager d’autres personnes à leur tour.
Maria et Julien se sont connus au sein de l’association où ils exerçaient déjà la profession. Cet état de fait ne créait absolument aucune discorde dans leur couple. Tout en ayant une activité sexuelle avec différents partenaires tous les lundis, personne ne trompait l’autre et personne ne se sentait trompé.
*-*
Julien et Maria, leur feuille de route à la main, se quittèrent à l’extérieur du bâtiment de l’ASHAPH sur un chaste petit baiser.
— À ce soir chéri, n’oublie pas que ce soir, c’est toi qui prends le pain, observa Maria.
— Oui, à ce soir et non, je n’oublierai pas.
Ils montèrent chacun dans une voiture de service, tout à fait banale par discrétion. Julien enregistra l’adresse de sa première patiente sur le GPS, Maria fit de même et ils partirent chacun dans deux directions différentes.
La première cliente de Julien, Sophie, habitait à Meyrin, commune limitrophe de Genève, dans un immeuble vétuste de la rue de la Prulay. Trois ans plus tôt, cette femme de trente-cinq ans, assez belle, avait été victime de l’éboulement de son chalet montagnard en raison de l’explosion accidentelle d’une bouteille de gaz. Les pierres et les poutres s’étaient entassées sur elle, lui immobilisant les quatre membres. Une solive lui avait bloqué la poitrine lui fracturant au passage quelques côtes. Elle s’était évanouie sous la douleur et les pompiers n’ont pu la dégager des décombres que tardivement. Amenée en urgence vitale à l’hôpital par les secours, les chirurgiens n’eurent d’autres choix pour la sauver que de lui amputer les bras à hauteur des épaules et les jambes juste au-dessus des genoux. Les côtes s’étaient ressoudées, non sans souffrance, mais son visage avait été miraculeusement épargné.
À trente-cinq ans, Sophie avait conservé ses besoins sexuels qu’elle assouvissait comme elle pouvait. Avant de faire appel à l’ASHAPH, elle avait rencontré un homme par l’intermédiaire d’une petite annonce rédigée par la femme auxiliaire de vie qui vient lui rendre visite tous les jours. Cette dernière l’avait pourtant mise en garde, mais elle n’en avait pas tenu compte. L’individu, plutôt rustre et puant l’alcool, l’avait pénétré brutalement sans préliminaires et avait joui en elle sans même lui procurer un orgasme. Il était reparti en embarquant la carte bancaire de sa victime et l’avait escroquée de cinq cents francs suisses au distributeur. Sophie, de honte, n’avait jamais porté plainte bien qu’elle se sentît volée et quasiment violée. Racontant son histoire à son auxiliaire de vie avec qui elle avait noué des liens étroits, celle-ci lui avait donné l’adresse de l’association. C’était payant et Sophie n’avait pas beaucoup d’argent. Elle ne choisit que les caresses, la pénétration lui était trop onéreuse, mais c’était sûr et elle ne risquerait pas une mésaventure comme celle qui lui était arrivée.
Julien sonna à la porte avec quelques minutes de retard. Une femme le fit entrer et, avant de quitter l’appartement elle-même, lui chuchota à l’oreille :
— Faites bien attention à elle.
— Ne vous inquiétez pas, répondit-il simplement.
Il avança dans un salon qui ressemblait plus à une chambre d’hôpital. Non pas que Sophie nécessitât des soins particuliers, mais son handicap exigeait tout de même quelques accessoires comme un lit médicalisé, une potence, un bassin pour les besoins corporels, etc. La jeune femme qu’il avait croisée à la porte d’entrée avait préparé et pomponné sa patiente juste recouverte d’un drap. Il s’assit sur un tabouret et régla à sa main la hauteur du matelas. Il caressa les cheveux de Sophie qui ferma les yeux.
— Bonjour, je m’appelle Julien.
— Bonjour, Julien, vous savez comment je m’appelle, répondit-elle en rouvrant les paupières.
— Bien sûr, Sophie.
Il s’ensuivit un dialogue serein entre les deux êtres. Ils parlèrent de tout, de n’importe quoi, surtout de n’importe quoi. Julien la fit rire, ce n’était pas si souvent. Elle lui raconta son terrible accident, mais avec un recul qu’elle ne pensait pas avoir un jour. C’était presque comme si cela concernait une autre femme. Julien l’écoutait attentivement en ponctuant le récit par quelques questions, puis ce dernier toucha à sa fin.
— Vous avez conservé la véritable force d’une femme, concéda Julien en guise de conclusion.
Il effleura du dos des doigts la gorge de Sophie en l’interrogeant des yeux. Le regard qu’il reçut en retour ressemblait à s’y méprendre à une autorisation, une invitation à aller plus loin. Elle lui offrait son corps, même s’il était incomplet. Il écarta le drap et découvrit une poitrine mature blanche aux mamelons sombres. Il les caressa puis, se levant de son tabouret, il les embrassa. Sophie ferma à nouveau les yeux. Dégageant le drap en totalité, Julien fit apparaître le pubis de sa patiente. Les poils avaient été soigneusement taillés, le triangle noir était parfait. La main gauche de Julien délaissa les seins de Sophie, parcourut son ventre jusqu’à la vulve mouillée qui s’entrouvrit. Lentement, il introduisit deux doigts dans le vagin et, de son pouce, pressa le petit bouton avec douceur. Une dizaine de minutes s’écoula.
— Ouiiii… émit Sophie dans un souffle.
Les doigts trempés quittèrent la nymphe et vinrent tournicoter autour du clitoris. Sophie attendait ce moment depuis tellement longtemps qu’elle ne se retint plus.
— T’arrête pas ! T’arrête pas ! usant involontairement du tutoiement. OUIIIIIII !...
Le tronc et la mâchoire de Sophie se contractèrent sous l’effet de l’orgasme. Elle poussait des cris gutturaux et Julien admirait le visage presque déformé par le spasme voluptueux qu’il lui procurait. Ce simple spectacle confortait Julien dans sa volonté d’exercer au sein de l’association dont il faisait partie.
Julien fit la toilette intime de sa patiente et releva le drap sur elle.
— Isabelle ne revient que pour midi. Je peux vous demander une dernière chose, même si ce n’est pas prévu ?
— Bien sûr si je peux…
— J’aime qu’un homme me caresse le visage avec son sexe. Promis, ça n’ira pas plus loin.
Julien baissa le matelas au maximum, défit pantalon et slip, embrassa le front de Sophie et, l’enjambant, la caressa pendant cinq minutes de ses organes sexuels. Il eut une érection inattendue et Sophie déposa un baiser sur les testicules pendants.
Il ne reverrait pas Sophie, il le savait et c’était aussi bien. Cette femme était si attachante…
*-*
Malgré le GPS, Maria tourna en rond un moment avant de parvenir à son but. Coincée dans une pointe du pays par la frontière française, en plein milieu de la forêt et à cent mètres de la route des Étoles, se dissimulait une ancienne ferme. La cheminée centrale libérait une fumée épaisse et grise. Maria gara la voiture et sortit du véhicule. Une agréable odeur de bois brûlé envahissait l’atmosphère. Elle grimpa les quelques marches qui menaient à un balcon ceinturant la maison sur trois côtés. Elle frappa à la porte, personne ne répondit. Elle tambourina à nouveau avec plus de force.
— Entrez ! Entrez ! C’est ouvert ! indiqua de l’intérieur une voix masculine.
Maria accéda à une entrée glaciale pavée de tomettes qui avaient perdu leur couleur brique depuis longtemps. Se frayant un chemin parmi un certain nombre d’objets hétéroclites et poussiéreux, elle ouvrit une solide porte de bois recouverte d’un sac en toile de jute et pénétra dans une vaste pièce où la cheminée ronflait.
— Fermez la porte surtout ! C’est à l’étage.
Maria s’exécuta et s’engagea dans un escalier étroit. Elle parvint dans une belle chambre au plafond pentu lambrissé de lattes de pin. Un parfum de résine s’infiltra dans ses narines. Sylvain était allongé sur le dos sous une couette épaisse dans un grand lit haut sur pieds. Celui de ses grands-parents, sans doute. Un radiateur électrique à roulettes diffusait une chaleur complémentaire bienvenue.
— Bonjour Sylvain. Vous permettez que je vous appelle Sylvain ? demanda-t-elle en posant ses affaires sur un fauteuil en rotin.
— Bien sûr et je vous appelle… ?
— Maria.
— Alors, bonjour Maria.
Elle sourit et s’assit sur le sommier qui grinça. À travers la couette, elle posa une main sur une jambe de son patient. Il ne sentait rien, mais fut ému par ce début de contact.
— Vous savez, commença-t-il, j’ignore si vous me touchez le pied, le tibia, le genou ou la cuisse. Je ne sens plus rien.
— Je sais, j’ai votre dossier.
Maria ôta sa main et s’empara de celle, inerte également, de Sylvain.
— Pareil pour la main. Dans mon dossier, il est marqué comment ça m’est arrivé ? demanda-t-il.
— Non. Nous nous bornons à constater les signes cliniques pour être au plus près de l’attente de nos patients.
Sylvain tourna la tête et regarda le plafond.
— J’ai quarante-cinq ans et ma passion a toujours été le parachutisme.
— J’ai vu en bas toutes les coupes que vous avez remportées et les photos.
Sylvain sourit. C’était la première fois qu’elle venait et elle avait remarqué cela… Il poursuivit.
— Il y a cinq ans, j’ai effectué un saut de quatre mille mètres. Il n’y avait aucune difficulté particulière, j’ai réalisé des sauts semblables des centaines de fois. Après la chute libre, j’ai ouvert le parachute et me suis dirigé tranquillement vers le plateau des Faucons en haut de la falaise des Espars. Le vent se leva, j’avais du mal à conserver une altitude adéquate avec mon point d’atterrissage. J’arrivai alors près de mon but, mais trop bas. Je décidai donc d’effectuer un demi-tour pour me poser plus bas dans la plaine quand une rafale me plaqua durement contre la falaise. Ma voile se plia et je chutai d’une hauteur de quarante mètres, à peine ralenti par les aspérités et les arbres. Je perdis connaissance et me retrouvai à l’hôpital, emmené par les pompiers que mes amis, qui m’attendaient sur le plateau, avaient appelés. Quand j’eus repris suffisamment connaissance, un médecin vint me voir avec une radio, une seule. Il me la montra en contre-jour avec la fenêtre et me désigna un point précis. Pas besoin d’être médecin pour reconnaître une colonne vertébrale ni pour voir qu’elle était fracturée à deux endroits. Sans aucune précaution de langage, il me signifia clairement que j’étais devenu tétraplégique. Il me fit la liste de tout ce qui fonctionnait encore et m’invita à réfléchir à l’organisation de ma vie future. La fonction sexuelle se trouve parmi les choses qui marchent encore chez moi. Il est certain que j’aurais bien échangé celle-ci contre mes quatre membres, mais il en est autrement et je ne peux même pas me satisfaire seul. Les auxiliaires de vie me disent qu’elles ne sont pas là pour m’aider dans ce domaine. J’ai bien essayé en fantasmant pour avoir une érection pendant ma toilette, mais rien n’y a fait. Elle a fait comme si elle ne remarquait rien. Voilà pourquoi vous êtes ici.
Maria sourit et lui caressa la joue puis, comme à un enfant, elle lui réajusta la mèche de cheveux qui lui tombait sur le front. La conversation dériva sur divers sujets. Sylvain était enchanté. Pendant une heure, il eut une discussion normale avec une personne normale. Il n’était plus question de son état de santé ni de rien d’autre qui le concernât dans sa vie de tous les jours. Ils rirent souvent tous les deux puis, tout naturellement, Maria glissa son bras sous la couette. Elle se rapprocha de lui et devina le torse amaigri à travers le pyjama. Fermant les yeux, elle laissa aller sa main dans le pantalon et caressa le sexe de son patient qui banda instantanément. Maria enserra le membre viril raide comme un bambou. Elle émit un petit sifflement entre ses dents.
— Vous avez eu besoin de fantasmes ? s’enquit-elle.
— Oh ! Non, vos caresses ont suffi, déclara-t-il fièrement.
Lâchant la bite de Sylvain, Maria roula la couette au pied du lit dévoilant son corps entier. Elle ne sembla pas remarquer les jambes décharnées quand elle ôta le pantalon. Seul le pénis, raide comme un piquet, eut droit à son attention. Elle sortit deux petits étuis aluminisés de sa poche.
— Fraise ou chocolat ? questionna-t-elle.
Sylvain sourit.
— Choisissez, c’est plus pour vous que pour moi.
— Oui, vous avez raison. Voyons, fraise, ce n’est pas encore la saison et comme Pâques vient seulement de passer, il reste des chocolats ! plaisanta-t-elle.
Elle s’allongea, saisit la verge érigée, tira le prépuce, enfila la capote « chocolat » et happa le gland habillé de ses lèvres brûlantes.
— Oh ! Ouiiii… émit bruyamment Sylvain dans un souffle.
Une fraction de seconde, Maria ne put s’empêcher de faire la comparaison avec le pénis de son époux. Julien était déjà bien doté, mais le phallus de Sylvain, s’il ne lui semblait pas plus long, lui paraissait un peu plus épais. Elle en avait « plein la bouche » au sens littéral du terme. Elle tira un rideau mental sur son couple et entama avec expertise une succion du gland à l’aide de ses lèvres et de sa langue. Quelquefois, elle amenait la bite jusqu’au fond de sa gorge, attendait la nausée puis recommençait sa tétée. Sylvain n’avait pas connu ça depuis longtemps, il soufflait, geignait, ahanait… Enfin, après une dizaine de minutes, il cria :
— Je vais jouir, Maria ! Je vais jouir !
Maria accentua ses va-et-vient.
— Je jouis ! Je JouiiiIIISSS !!!
Maria sentit Sylvain se contracter et dans sa main, pulser les jets de sa jouissance. Lorsque les éjaculations cessèrent, Maria laissa retomber le pénis ramolli encore enveloppé de sa capote toute froissée. Elle ôta le préservatif et s’assura de la présence de sperme dans le réservoir. Elle le noua pour éviter les fuites et le lâcha dans une petite poubelle proche du lit. Elle mouilla une éponge de toilette et lava soigneusement les attributs virils de Sylvain.
— Maria, c’était merveilleux, lui avoua-t-il. Je voudrais tant que vous reveniez.
— Vous savez que ce n’est pas possible, Sylvain. Mais j’ai des collègues qui font aussi bien que moi, sinon mieux.
Maria se leva et recouvrit Sylvain de la couette. Elle prit ses affaires et déposa un petit baiser sur ses lèvres.
— Quand on me fera la toilette, je penserai à vous dorénavant. Elle ne pourra pas ignorer mon érection cette fois, elle sera trop belle ! s’exclama-t-il.
— Je prends ça comme un compliment et je vous souhaite également qu’elle la remarque assez pour en avoir envie.
*-*
De Meyrin où il se trouvait, il était plus facile pour se rendre à Versoix de passer par la France via Ferney-Voltaire. Exit l’immeuble vétuste de Sophie, le GPS lui signifia son arrivée devant l’entrée d’un parc, au bord du lac Léman. Julien sortit du véhicule, sonna à l’interphone et après s’être fait reconnaître, remonta en voiture. Les grilles s’ouvrirent comme par magie. Il roula une centaine de mètres au milieu des arbres pour parvenir à une maison blanche assez cossue. Une femme proche de la cinquantaine aux yeux bleus et cheveux grisonnants, sobrement vêtue, l’accueillit la main tendue.
— Bonjour, Monsieur, je suis si contente que vous ayez pu venir aujourd’hui. Désolée, je m’y suis prise un peu tard.
Julien la salua, légèrement circonspect.
— Bonjour Madame. Rassurez-vous, mon emploi du temps n’a pas été bouleversé, mais mon dossier parle d’une jeune femme sourde et muette…
— Oui, il s’agit de ma fille Sonia. Appelez-moi Céline s’il vous plait. Venez, Monsieur ?...
— Julien, appelez-moi Julien.
Julien et la propriétaire des lieux pénétrèrent dans la maison jusqu’à un confortable salon richement décoré. Céline l’invita à s’asseoir sur un canapé près d’une table basse. Elle s’installa elle-même dans un fauteuil, s’empara d’une théière et emplit les deux tasses qui se trouvaient là.
— Russian Earl Grey, précisa-t-elle.
Puis elle proposa une assiette de petits gâteaux secs que Julien déclina.
— Il faut que je vous dise tout, fit Céline en reposant l’assiette à laquelle elle n’avait pas touché non plus.
— D’après mon dossier, il s’agit d’un rapport sexuel complet, précisa Julien. Ce n’est pas ça ?
— Si, si, parfaitement. Seulement ma fille est sourde et muette et vous ne pourrez pas communiquer avec elle. Je vais vous raconter son histoire, car je souhaite que vous « accomplissiez » votre tâche avec prudence.
Céline avait accompagné le mot « accomplissiez » de guillemets visuels.
— Le père de Sonia nous a quittées il y a vingt ans. Il n’a pas supporté l’idée d’avoir une fille handicapée et nous n’avons plus jamais entendu parler de lui. En grandissant, il a bien fallu que je dise la vérité à notre fille. Depuis son plus jeune âge, nous communiquons par la langue des signes. Elle n’est pas vraiment muette, mais elle n’a jamais pu apprendre à parler du fait de sa surdité totale. Pour elle, les hommes sont tous des « salopards », passez-moi l’expression, et la venue de la puberté était pour elle une situation pleine de contradictions, car elle se sentait malgré tout attirée par les garçons de son âge.
Elle a flirté avec un des élèves de sa classe peu après ses dix-huit ans (c’est un établissement spécifique). Je n’ai jamais trop su ce qui s’était passé entre eux, toujours est-il qu’après elle a commencé à se masturber. Je ne la surveille pas particulièrement, mais même si elle se cache, elle ne m’entend bien sûr pas venir. Il y a un an environ, je l’ai surprise en train de se caresser en prenant son bain. Quand elle m’a vue, elle m’a demandé d’approcher de la baignoire. Elle se saisit de ma main lorsque je fus à sa portée, la plongea dans l’eau contre son sexe et la remua en fermant les yeux. J’avais bien évidemment compris ce qu’elle me réclamait et je l’ai fait. Oui, Julien, pensez de moi ce que vous voulez, mais j’ai masturbé ma fille et même plusieurs fois, la dernière remontant à une semaine. J’en arrivai à me dégoûter moi-même alors que je ne tirai aucun plaisir personnel de cet acte. J’ai beaucoup réfléchi depuis et une intervention de votre association m’a semblé la seule solution. J’ai donc téléphoné en urgence pour demander le passage d’un des membres.
Cette fois, Céline croqua un biscuit et but une gorgée de thé.
— J’ai bien compris la situation, fit Julien. Seulement, puisque je ne peux pas communiquer avec votre fille, je vais être obligé de vous demander ce qui m’est permis et ce qui ne l’est pas. Pardonnez la crudité de mes propos, mais vous avez demandé un rapport sexuel complet. Or un rapport sexuel complet ne se borne pas à la pénétration d’un sexe dans un autre. Il ne faut pas oublier tous les préliminaires et activités sexuelles annexes, permettant de décupler le plaisir qu’un homme et une femme peuvent ressentir au moment du coït en lui-même.
— Je vous remercie de votre franc-parler, cela va me faciliter la tâche. En deux mots, vous pouvez embrasser ma fille et pratiquer le cunnilingus, mais pas la sodomie ni d’anilingus, ce sera peut-être pour plus tard. Sonia pourra, si elle le veut, vous prodiguer une fellation. La pénétration devra être complète et suivie d’une éjaculation de votre part. Bien entendu, vous utiliserez tous les préservatifs nécessaires.
— J’ai bien noté, Céline. Je vous remercie de la confiance que vous me témoignez.
Céline sourit tristement.
— Ma fille vous attend, c’est à l’étage au fond du couloir à gauche.
Julien se leva et inclina légèrement le buste vers la maîtresse de maison. Céline se resservit du thé et ne regarda pas Julien qui s’éloignait.
Il accéda à un large escalier en chêne vitrifié sur lequel il s’engagea. Les marches craquèrent un peu et le conduisirent à un palier. À gauche, une porte barrait le passage. Il obliqua à droite et parvint au fond du couloir. Il voulut frapper à la porte avant de se ressaisir, concevant l’inutilité de son geste. Il tourna la poignée et s’avança doucement. La chambre était vaste, sobre, et dans des tons gris qui ne seyaient pas trop avec une jeune femme de l’âge de Sonia. Deux larges fenêtres masquées par des voilages blancs lumineux éclairaient la pièce. Au centre du mur opposé à l’entrée, un grand lit moderne au matelas épais. Sonia était assise dessus, les jambes serrées et les deux mains entremêlées qui s’agitaient sur ses genoux. Elle était manifestement stressée et Julien remarqua le regard inquiet qu’elle lui lançait. C’était une jolie fille aux cheveux châtains. Elle ressemblait beaucoup à sa mère sauf pour la couleur de ses yeux marron. Il voulut la rassurer, mais ignorant la langue des signes, il ne put que s’asseoir à côté d’elle et poser sa main sur celles de la jeune femme. Les doigts nerveux s’immobilisèrent et Sonia soupira comme si elle était soudain soulagée. Tournant la tête, elle fixa Julien dans les yeux, guettant un sentiment qu’elle seule pouvait distinguer. La parole lui étant exclue, la vue et le toucher demeuraient les uniques moyens de communication dont elle disposait avec un « valide ». Le jeune homme soutenait le regard, mais hésitait à aller plus loin.
Sonia devina son embarras et elle prit les devants. Vêtue d’une simple robe, elle la remonta vers ses fesses et dirigea sa main sur ses cuisses blanches et douces. Il se sentit rassuré sur l’objet de sa mission et caressa les jambes de sa partenaire avant de l’allonger sur le drap. Sonia ferma les yeux, Julien s’enhardit à lui ôter sa robe. Elle ne portait qu’un tanga en guise de sous-vêtements et des mules d’intérieur comme souliers. Se mettant à genoux devant le lit, entre les jambes ouvertes de Sonia, il tira sur la ceinture de la culotte et la fit glisser lentement jusqu’aux chevilles. Il l’appuya sous ses narines, elle sentait bon la jeune femme et sans la rechercher vraiment, il eut une violente érection. Il déposa tout un chapelet de baisers des pieds aux aines et plongea le nez dans la touffe brune et frisottée. Le parfum de son sexe possédait la même note juvénile que celui qu’il venait de humer. La vulve était encore serrée, mais la fente brillait, reflétant la lumière du jour. D’un coup de langue, Julien goûta la cyprine. C’était bien celle d’une jeune femme à peine sortie de l’adolescence. Il glissa un doigt dans le vagin, elle émit un petit grognement et le lubrifiant abonda. Elle se releva soudain et se repositionna au milieu du lit. Ses mains indiquèrent à son amant de se défaire de ses habits et de venir la rejoindre. Julien s’exécuta et enfila un préservatif. Il s’approcha d’elle en progressant à genoux, la laissa se saisir de son membre raide et en téter le gland. Julien apprécia quelques minutes puis se retourna en position de soixante-neuf. Sonia comprit tout de suite et les deux partenaires se pompèrent mutuellement avec des bruits de succion appuyés, ponctués de gémissements et de râles. Sonia avait l’habitude de la masturbation et la caresse linguale qu’on lui prodiguait déclencha rapidement son orgasme qu’elle accueillit par un fort grognement et en lacérant les fesses du jeune homme de ses ongles. Julien cria aussi, mais pas encore de jouissance, les griffes étaient pointues…
L’orage passé pour Sonia, il se retira de sa bouche, changea de préservatif et s’allongea au-dessus d’elle dans la position du missionnaire. Il la regarda dans les yeux, quémandant un accord qu’elle lui donna en clignant une seule fois des paupières. Le vagin lubrifié, même vierge, n’opposa aucune résistance au pénis tendu comme un arc. Les deux amants d’une heure gémirent en même temps au moment de la pénétration puis Julien embrassa sa partenaire qui desserra les lèvres instantanément. Tout le long des va-et-vient, les langues se mêlèrent puis après de longues minutes Sonia écarta la tête de Julien pour pousser de petits soupirs de plus en plus fort. Julien sentit les ongles acérés dans ses omoplates et se prépara à un nouveau labourage. Il n’en eut cure. Accélérant le mouvement de ses hanches, il s’abandonna lui-même à l’orgasme qu’il retenait quand Sonia grogna en lui déchirant la peau du dos. Le spasme simultané ne subsista qu’une quinzaine de secondes, mais il sembla à chacun durer une éternité. Julien laissa retomber tout le poids de son corps sur la jeune femme qui souriait de bonheur tout en lui caressant l’arrière du crâne. Le temps allongeait ses secondes en minutes et ses minutes en heures. Contre son gré, il sortit son sexe mou du vagin et attrapa la capote qui pendouillait au bout de son gland, le petit réservoir plein de sa semence. Il la noua et se leva pour la jeter. Sonia reprit la place assise qu’elle avait lorsque Julien est arrivé, mais nue cette fois. Elle observait Julien tendrement, il en fut bouleversé. Nu également, il serra la tête de la jeune femme contre son ventre, déposa un baiser sur ses lèvres et se rhabilla. En sortant de la pièce, il aperçut, ému, Sonia se sécher les yeux à l’aide d’un mouchoir brodé.
Julien rejoignit Céline qui était restée au salon. Elle lisait un magazine « people » qu’elle reposa en le voyant venir.
— Je peux vous assurer que tout s’est bien passé selon vos souhaits. Vous devriez maintenant voir votre fille d’ici une heure ou deux. Son premier rapport sexuel l’a, je pense, satisfaite, mais a déclenché une grande émotion qu’elle doit partager. Vous seule en êtes capable.
— Je n’y manquerai pas. Je vous remercie beaucoup, Julien. Je sais que je ne vous reverrai pas, mais vous resterez dans nos mémoires à toutes les deux.
Julien sortit récupérer son véhicule. S’installant au volant, il essuya une larme qui perlait. C’était certainement le vent frais d’avril…
*-*
CHAPITRE 1
Un dimanche d’avril vers dix-sept heures au village frontalier du « Pas de L’Échelle » en Haute-Savoie, les dix-huit lampadaires du lotissement des Chamois s’allumèrent simultanément. La nuit tombe vite en montagne et la plupart des maisonnettes, toutes semblables à d’infimes détails près, étaient elles-mêmes éclairées de l’intérieur depuis un moment. Dans l’une d’elles, on apercevait à travers les rideaux de la fenêtre de cuisine, une silhouette masculine enlaçant une femme par-derrière, collée contre elle…
— Maria chérie, j’ai envie de toi. Tu sens ma zigounette dans tes fesses comme elle est dure ?
L’homme qui venait de parler allait sur ses trente-deux ans. Les cheveux bruns et courts, le visage anguleux, il dominait en hauteur son épouse qu’il tenait dans ses bras. Il prétextait de sa minceur naturelle pour se passer de sport, activité qu’il trouvait contraignante, fatigante et de plus parfaitement ennuyeuse. Sûr que pour le moment, tel qu’il présentait, cet homme avait beaucoup de charme sans s’adonner à cela.
Maria rejeta sa tête en arrière et tenta de regarder son mari en levant les yeux.
— Tu ferais mieux de la ranger, ta zigounette, mon Julien chéri. Tu sais que nous sommes dimanche soir et que c’est demain que nous connaîtrons notre emploi du temps pour la journée. Tu pourrais en avoir besoin comme moi de ma foufounette.
Maria Cutez était une femme agréable à contempler. Pas très grande, mais avec des rondeurs bien féminines, elle ne paraissait pas ses trente-cinq ans. Sa peau semblait laiteuse sous ses cheveux blond-blanc. Ses yeux bleu délavé accentuaient un peu plus la lumière resplendissante de son visage.
— Oui, je sais, répondit doucement Julien à l’oreille de son épouse sans desserrer son étreinte. On pourrait peut-être faire une exception…
Sa main descendit d’un cran et vint se poser entre les cuisses de la belle. Ses doigts commencèrent à caresser la chair tendre et secrète dissimulée sous le pantalon. Son érection, qui avait un peu fléchi, reprit aussitôt de la vigueur.
— Chéri, tu n’es pas sérieux… murmura Maria en fermant les yeux.
Julien connaissait bien le ton employé. C’était celui dont sa femme usait habituellement pour dire « oui » tout en donnant l’impression de dire « non ».
— Viens… supplia Julien.
Au prix d’une légère contorsion, Maria posa sa bouche contre l’oreille de Julien.
— Bon d’accord, mais juste un « tête à cul », chuchota-t-elle dans son vocabulaire d’adolescente.
Julien lâcha son épouse, lui saisit la main et l’emmena, presque en courant, dans la chambre. Il se déshabilla en un tournemain et lança ses affaires aux quatre coins de la pièce, tandis que Maria prit beaucoup plus de précautions. Allongé sur le dos, les jambes écartées, Julien exhibait avec fierté son pénis de bonne taille. D’un seul doigt sous le frein, il le décalotta, libérant le gland rouge et gonflé par plusieurs minutes d’érection ininterrompue. Maria s’agenouilla et s’approcha. Elle se saisit du membre de son époux et en tâta la rigidité et l’épaisseur.
— Dis donc, j’espère que c’est rien que pour moi un engin pareil.
— Il est tout à toi, répondit Julien en dirigeant la tête de Maria vers son sexe.
Enjambant le corps de son mari de façon à lui présenter ses nymphes devant les lèvres, elle engouffra la verge distendue et le pompa avec savoir-faire. Julien enlaça les fesses de Maria et embrassa la vulve totalement épilée de sa femme comme s’il lui roulait un patin. La chambre était silencieuse, seuls les bruits de succion de part et d’autre, entrecoupés de faibles gémissements, résonnaient. La tête de Maria allait et venait, amenant parfois le pénis de Julien au-delà de la luette. Cela lui donnait souvent la nausée, mais elle savait que son mari aimait beaucoup sentir son gland frotter sur les douces muqueuses de la gorge. Quant à elle, elle adorait visualiser sa bouche envahie par une bite épaisse dont les giclées chaudes du sperme déclenchaient en général son propre orgasme. À ce propos, Julien se mit à couiner vigoureusement en enfonçant encore plus sa langue raidie dans le vagin détrempé et baveux.
— Hummm ! Hummm ! HUUUUMMM !
Maria attendait, la verge contre son pharynx, et reçut une abondante éjaculation qu’elle ne put avaler qu’en retirant le pénis soudain ramolli de son époux. Julien s’activa alors un peu plus sur la vulve de sa femme et son clitoris, s’apprêtant à récolter à son tour le produit de son plaisir.
— Ouiiiii ! Ouiiii !... hurla-t-elle.
Maria jouit en serrant les jambes et en écrasant son visage sur le sexe mouillé de son mari. Ses contractions vaginales expulsaient la cyprine dans la bouche de Julien, même si une bonne partie s’échappait sur ses joues. Maria se laissa retomber de tout son poids, les deux époux récupérèrent cinq minutes, occupés à déposer de petits baisers sur leurs organes sexuels respectifs. Ils reprirent place pour s’enlacer et s’embrasser. Dès que les langues s’emmêlèrent, la verge de Julien se redressa et vint chatouiller le ventre de la jeune femme.
— On a dit un seul, mon amour.
— Dommage, répondit Julien apparemment déçu. Nous avions encore envie de toi.
— Nous ? s’étonna Maria.
— Ma zigounette et moi ! déclara le jeune homme en riant.
Son épouse lui donna une tape sur l’épaule.
— Allez plutôt me préparer un apéritif, ta zigounette et toi ! Celui que je viens de prendre n’avait pas trop de goût.
*-*
On pourrait légitimement se poser la question de savoir pourquoi il serait inopportun de baiser un dimanche soir, même lorsqu’on travaille le lundi matin. Mais Maria et Julien exercent un métier peu commun et interdit en France, celui d’assistant sexuel. Considéré comme de la prostitution en France, l’assistanat sexuel est autorisé en Suisse, Danemark, Pays-Bas, Allemagne et toléré en Belgique et É.-U. Maria et Julien œuvrent au sein d’une association, l’ASHAPH (Association pour le Soutien et l’Harmonie Affective des Personnes Handicapées), dont l’adresse se situe à Genève à une quinzaine de kilomètres de la frontière française. Tous les lundis, ils reçoivent leur emploi du temps et vont visiter chacun deux ou trois demandeurs maximum, jamais les mêmes, dans la mesure du possible, pour éviter un quelconque attachement. Maria et lui donnent du plaisir à leurs patients et parfois, leur propre plaisir en fait partie. Ils doivent donc, elle comme lui, se ménager pour cette journée-ci. Le travail administratif constitue le reste de la semaine, tandis que certains de leurs collègues vont soulager d’autres personnes à leur tour.
Maria et Julien se sont connus au sein de l’association où ils exerçaient déjà la profession. Cet état de fait ne créait absolument aucune discorde dans leur couple. Tout en ayant une activité sexuelle avec différents partenaires tous les lundis, personne ne trompait l’autre et personne ne se sentait trompé.
*-*
Julien et Maria, leur feuille de route à la main, se quittèrent à l’extérieur du bâtiment de l’ASHAPH sur un chaste petit baiser.
— À ce soir chéri, n’oublie pas que ce soir, c’est toi qui prends le pain, observa Maria.
— Oui, à ce soir et non, je n’oublierai pas.
Ils montèrent chacun dans une voiture de service, tout à fait banale par discrétion. Julien enregistra l’adresse de sa première patiente sur le GPS, Maria fit de même et ils partirent chacun dans deux directions différentes.
La première cliente de Julien, Sophie, habitait à Meyrin, commune limitrophe de Genève, dans un immeuble vétuste de la rue de la Prulay. Trois ans plus tôt, cette femme de trente-cinq ans, assez belle, avait été victime de l’éboulement de son chalet montagnard en raison de l’explosion accidentelle d’une bouteille de gaz. Les pierres et les poutres s’étaient entassées sur elle, lui immobilisant les quatre membres. Une solive lui avait bloqué la poitrine lui fracturant au passage quelques côtes. Elle s’était évanouie sous la douleur et les pompiers n’ont pu la dégager des décombres que tardivement. Amenée en urgence vitale à l’hôpital par les secours, les chirurgiens n’eurent d’autres choix pour la sauver que de lui amputer les bras à hauteur des épaules et les jambes juste au-dessus des genoux. Les côtes s’étaient ressoudées, non sans souffrance, mais son visage avait été miraculeusement épargné.
À trente-cinq ans, Sophie avait conservé ses besoins sexuels qu’elle assouvissait comme elle pouvait. Avant de faire appel à l’ASHAPH, elle avait rencontré un homme par l’intermédiaire d’une petite annonce rédigée par la femme auxiliaire de vie qui vient lui rendre visite tous les jours. Cette dernière l’avait pourtant mise en garde, mais elle n’en avait pas tenu compte. L’individu, plutôt rustre et puant l’alcool, l’avait pénétré brutalement sans préliminaires et avait joui en elle sans même lui procurer un orgasme. Il était reparti en embarquant la carte bancaire de sa victime et l’avait escroquée de cinq cents francs suisses au distributeur. Sophie, de honte, n’avait jamais porté plainte bien qu’elle se sentît volée et quasiment violée. Racontant son histoire à son auxiliaire de vie avec qui elle avait noué des liens étroits, celle-ci lui avait donné l’adresse de l’association. C’était payant et Sophie n’avait pas beaucoup d’argent. Elle ne choisit que les caresses, la pénétration lui était trop onéreuse, mais c’était sûr et elle ne risquerait pas une mésaventure comme celle qui lui était arrivée.
Julien sonna à la porte avec quelques minutes de retard. Une femme le fit entrer et, avant de quitter l’appartement elle-même, lui chuchota à l’oreille :
— Faites bien attention à elle.
— Ne vous inquiétez pas, répondit-il simplement.
Il avança dans un salon qui ressemblait plus à une chambre d’hôpital. Non pas que Sophie nécessitât des soins particuliers, mais son handicap exigeait tout de même quelques accessoires comme un lit médicalisé, une potence, un bassin pour les besoins corporels, etc. La jeune femme qu’il avait croisée à la porte d’entrée avait préparé et pomponné sa patiente juste recouverte d’un drap. Il s’assit sur un tabouret et régla à sa main la hauteur du matelas. Il caressa les cheveux de Sophie qui ferma les yeux.
— Bonjour, je m’appelle Julien.
— Bonjour, Julien, vous savez comment je m’appelle, répondit-elle en rouvrant les paupières.
— Bien sûr, Sophie.
Il s’ensuivit un dialogue serein entre les deux êtres. Ils parlèrent de tout, de n’importe quoi, surtout de n’importe quoi. Julien la fit rire, ce n’était pas si souvent. Elle lui raconta son terrible accident, mais avec un recul qu’elle ne pensait pas avoir un jour. C’était presque comme si cela concernait une autre femme. Julien l’écoutait attentivement en ponctuant le récit par quelques questions, puis ce dernier toucha à sa fin.
— Vous avez conservé la véritable force d’une femme, concéda Julien en guise de conclusion.
Il effleura du dos des doigts la gorge de Sophie en l’interrogeant des yeux. Le regard qu’il reçut en retour ressemblait à s’y méprendre à une autorisation, une invitation à aller plus loin. Elle lui offrait son corps, même s’il était incomplet. Il écarta le drap et découvrit une poitrine mature blanche aux mamelons sombres. Il les caressa puis, se levant de son tabouret, il les embrassa. Sophie ferma à nouveau les yeux. Dégageant le drap en totalité, Julien fit apparaître le pubis de sa patiente. Les poils avaient été soigneusement taillés, le triangle noir était parfait. La main gauche de Julien délaissa les seins de Sophie, parcourut son ventre jusqu’à la vulve mouillée qui s’entrouvrit. Lentement, il introduisit deux doigts dans le vagin et, de son pouce, pressa le petit bouton avec douceur. Une dizaine de minutes s’écoula.
— Ouiiii… émit Sophie dans un souffle.
Les doigts trempés quittèrent la nymphe et vinrent tournicoter autour du clitoris. Sophie attendait ce moment depuis tellement longtemps qu’elle ne se retint plus.
— T’arrête pas ! T’arrête pas ! usant involontairement du tutoiement. OUIIIIIII !...
Le tronc et la mâchoire de Sophie se contractèrent sous l’effet de l’orgasme. Elle poussait des cris gutturaux et Julien admirait le visage presque déformé par le spasme voluptueux qu’il lui procurait. Ce simple spectacle confortait Julien dans sa volonté d’exercer au sein de l’association dont il faisait partie.
Julien fit la toilette intime de sa patiente et releva le drap sur elle.
— Isabelle ne revient que pour midi. Je peux vous demander une dernière chose, même si ce n’est pas prévu ?
— Bien sûr si je peux…
— J’aime qu’un homme me caresse le visage avec son sexe. Promis, ça n’ira pas plus loin.
Julien baissa le matelas au maximum, défit pantalon et slip, embrassa le front de Sophie et, l’enjambant, la caressa pendant cinq minutes de ses organes sexuels. Il eut une érection inattendue et Sophie déposa un baiser sur les testicules pendants.
Il ne reverrait pas Sophie, il le savait et c’était aussi bien. Cette femme était si attachante…
*-*
Malgré le GPS, Maria tourna en rond un moment avant de parvenir à son but. Coincée dans une pointe du pays par la frontière française, en plein milieu de la forêt et à cent mètres de la route des Étoles, se dissimulait une ancienne ferme. La cheminée centrale libérait une fumée épaisse et grise. Maria gara la voiture et sortit du véhicule. Une agréable odeur de bois brûlé envahissait l’atmosphère. Elle grimpa les quelques marches qui menaient à un balcon ceinturant la maison sur trois côtés. Elle frappa à la porte, personne ne répondit. Elle tambourina à nouveau avec plus de force.
— Entrez ! Entrez ! C’est ouvert ! indiqua de l’intérieur une voix masculine.
Maria accéda à une entrée glaciale pavée de tomettes qui avaient perdu leur couleur brique depuis longtemps. Se frayant un chemin parmi un certain nombre d’objets hétéroclites et poussiéreux, elle ouvrit une solide porte de bois recouverte d’un sac en toile de jute et pénétra dans une vaste pièce où la cheminée ronflait.
— Fermez la porte surtout ! C’est à l’étage.
Maria s’exécuta et s’engagea dans un escalier étroit. Elle parvint dans une belle chambre au plafond pentu lambrissé de lattes de pin. Un parfum de résine s’infiltra dans ses narines. Sylvain était allongé sur le dos sous une couette épaisse dans un grand lit haut sur pieds. Celui de ses grands-parents, sans doute. Un radiateur électrique à roulettes diffusait une chaleur complémentaire bienvenue.
— Bonjour Sylvain. Vous permettez que je vous appelle Sylvain ? demanda-t-elle en posant ses affaires sur un fauteuil en rotin.
— Bien sûr et je vous appelle… ?
— Maria.
— Alors, bonjour Maria.
Elle sourit et s’assit sur le sommier qui grinça. À travers la couette, elle posa une main sur une jambe de son patient. Il ne sentait rien, mais fut ému par ce début de contact.
— Vous savez, commença-t-il, j’ignore si vous me touchez le pied, le tibia, le genou ou la cuisse. Je ne sens plus rien.
— Je sais, j’ai votre dossier.
Maria ôta sa main et s’empara de celle, inerte également, de Sylvain.
— Pareil pour la main. Dans mon dossier, il est marqué comment ça m’est arrivé ? demanda-t-il.
— Non. Nous nous bornons à constater les signes cliniques pour être au plus près de l’attente de nos patients.
Sylvain tourna la tête et regarda le plafond.
— J’ai quarante-cinq ans et ma passion a toujours été le parachutisme.
— J’ai vu en bas toutes les coupes que vous avez remportées et les photos.
Sylvain sourit. C’était la première fois qu’elle venait et elle avait remarqué cela… Il poursuivit.
— Il y a cinq ans, j’ai effectué un saut de quatre mille mètres. Il n’y avait aucune difficulté particulière, j’ai réalisé des sauts semblables des centaines de fois. Après la chute libre, j’ai ouvert le parachute et me suis dirigé tranquillement vers le plateau des Faucons en haut de la falaise des Espars. Le vent se leva, j’avais du mal à conserver une altitude adéquate avec mon point d’atterrissage. J’arrivai alors près de mon but, mais trop bas. Je décidai donc d’effectuer un demi-tour pour me poser plus bas dans la plaine quand une rafale me plaqua durement contre la falaise. Ma voile se plia et je chutai d’une hauteur de quarante mètres, à peine ralenti par les aspérités et les arbres. Je perdis connaissance et me retrouvai à l’hôpital, emmené par les pompiers que mes amis, qui m’attendaient sur le plateau, avaient appelés. Quand j’eus repris suffisamment connaissance, un médecin vint me voir avec une radio, une seule. Il me la montra en contre-jour avec la fenêtre et me désigna un point précis. Pas besoin d’être médecin pour reconnaître une colonne vertébrale ni pour voir qu’elle était fracturée à deux endroits. Sans aucune précaution de langage, il me signifia clairement que j’étais devenu tétraplégique. Il me fit la liste de tout ce qui fonctionnait encore et m’invita à réfléchir à l’organisation de ma vie future. La fonction sexuelle se trouve parmi les choses qui marchent encore chez moi. Il est certain que j’aurais bien échangé celle-ci contre mes quatre membres, mais il en est autrement et je ne peux même pas me satisfaire seul. Les auxiliaires de vie me disent qu’elles ne sont pas là pour m’aider dans ce domaine. J’ai bien essayé en fantasmant pour avoir une érection pendant ma toilette, mais rien n’y a fait. Elle a fait comme si elle ne remarquait rien. Voilà pourquoi vous êtes ici.
Maria sourit et lui caressa la joue puis, comme à un enfant, elle lui réajusta la mèche de cheveux qui lui tombait sur le front. La conversation dériva sur divers sujets. Sylvain était enchanté. Pendant une heure, il eut une discussion normale avec une personne normale. Il n’était plus question de son état de santé ni de rien d’autre qui le concernât dans sa vie de tous les jours. Ils rirent souvent tous les deux puis, tout naturellement, Maria glissa son bras sous la couette. Elle se rapprocha de lui et devina le torse amaigri à travers le pyjama. Fermant les yeux, elle laissa aller sa main dans le pantalon et caressa le sexe de son patient qui banda instantanément. Maria enserra le membre viril raide comme un bambou. Elle émit un petit sifflement entre ses dents.
— Vous avez eu besoin de fantasmes ? s’enquit-elle.
— Oh ! Non, vos caresses ont suffi, déclara-t-il fièrement.
Lâchant la bite de Sylvain, Maria roula la couette au pied du lit dévoilant son corps entier. Elle ne sembla pas remarquer les jambes décharnées quand elle ôta le pantalon. Seul le pénis, raide comme un piquet, eut droit à son attention. Elle sortit deux petits étuis aluminisés de sa poche.
— Fraise ou chocolat ? questionna-t-elle.
Sylvain sourit.
— Choisissez, c’est plus pour vous que pour moi.
— Oui, vous avez raison. Voyons, fraise, ce n’est pas encore la saison et comme Pâques vient seulement de passer, il reste des chocolats ! plaisanta-t-elle.
Elle s’allongea, saisit la verge érigée, tira le prépuce, enfila la capote « chocolat » et happa le gland habillé de ses lèvres brûlantes.
— Oh ! Ouiiii… émit bruyamment Sylvain dans un souffle.
Une fraction de seconde, Maria ne put s’empêcher de faire la comparaison avec le pénis de son époux. Julien était déjà bien doté, mais le phallus de Sylvain, s’il ne lui semblait pas plus long, lui paraissait un peu plus épais. Elle en avait « plein la bouche » au sens littéral du terme. Elle tira un rideau mental sur son couple et entama avec expertise une succion du gland à l’aide de ses lèvres et de sa langue. Quelquefois, elle amenait la bite jusqu’au fond de sa gorge, attendait la nausée puis recommençait sa tétée. Sylvain n’avait pas connu ça depuis longtemps, il soufflait, geignait, ahanait… Enfin, après une dizaine de minutes, il cria :
— Je vais jouir, Maria ! Je vais jouir !
Maria accentua ses va-et-vient.
— Je jouis ! Je JouiiiIIISSS !!!
Maria sentit Sylvain se contracter et dans sa main, pulser les jets de sa jouissance. Lorsque les éjaculations cessèrent, Maria laissa retomber le pénis ramolli encore enveloppé de sa capote toute froissée. Elle ôta le préservatif et s’assura de la présence de sperme dans le réservoir. Elle le noua pour éviter les fuites et le lâcha dans une petite poubelle proche du lit. Elle mouilla une éponge de toilette et lava soigneusement les attributs virils de Sylvain.
— Maria, c’était merveilleux, lui avoua-t-il. Je voudrais tant que vous reveniez.
— Vous savez que ce n’est pas possible, Sylvain. Mais j’ai des collègues qui font aussi bien que moi, sinon mieux.
Maria se leva et recouvrit Sylvain de la couette. Elle prit ses affaires et déposa un petit baiser sur ses lèvres.
— Quand on me fera la toilette, je penserai à vous dorénavant. Elle ne pourra pas ignorer mon érection cette fois, elle sera trop belle ! s’exclama-t-il.
— Je prends ça comme un compliment et je vous souhaite également qu’elle la remarque assez pour en avoir envie.
*-*
De Meyrin où il se trouvait, il était plus facile pour se rendre à Versoix de passer par la France via Ferney-Voltaire. Exit l’immeuble vétuste de Sophie, le GPS lui signifia son arrivée devant l’entrée d’un parc, au bord du lac Léman. Julien sortit du véhicule, sonna à l’interphone et après s’être fait reconnaître, remonta en voiture. Les grilles s’ouvrirent comme par magie. Il roula une centaine de mètres au milieu des arbres pour parvenir à une maison blanche assez cossue. Une femme proche de la cinquantaine aux yeux bleus et cheveux grisonnants, sobrement vêtue, l’accueillit la main tendue.
— Bonjour, Monsieur, je suis si contente que vous ayez pu venir aujourd’hui. Désolée, je m’y suis prise un peu tard.
Julien la salua, légèrement circonspect.
— Bonjour Madame. Rassurez-vous, mon emploi du temps n’a pas été bouleversé, mais mon dossier parle d’une jeune femme sourde et muette…
— Oui, il s’agit de ma fille Sonia. Appelez-moi Céline s’il vous plait. Venez, Monsieur ?...
— Julien, appelez-moi Julien.
Julien et la propriétaire des lieux pénétrèrent dans la maison jusqu’à un confortable salon richement décoré. Céline l’invita à s’asseoir sur un canapé près d’une table basse. Elle s’installa elle-même dans un fauteuil, s’empara d’une théière et emplit les deux tasses qui se trouvaient là.
— Russian Earl Grey, précisa-t-elle.
Puis elle proposa une assiette de petits gâteaux secs que Julien déclina.
— Il faut que je vous dise tout, fit Céline en reposant l’assiette à laquelle elle n’avait pas touché non plus.
— D’après mon dossier, il s’agit d’un rapport sexuel complet, précisa Julien. Ce n’est pas ça ?
— Si, si, parfaitement. Seulement ma fille est sourde et muette et vous ne pourrez pas communiquer avec elle. Je vais vous raconter son histoire, car je souhaite que vous « accomplissiez » votre tâche avec prudence.
Céline avait accompagné le mot « accomplissiez » de guillemets visuels.
— Le père de Sonia nous a quittées il y a vingt ans. Il n’a pas supporté l’idée d’avoir une fille handicapée et nous n’avons plus jamais entendu parler de lui. En grandissant, il a bien fallu que je dise la vérité à notre fille. Depuis son plus jeune âge, nous communiquons par la langue des signes. Elle n’est pas vraiment muette, mais elle n’a jamais pu apprendre à parler du fait de sa surdité totale. Pour elle, les hommes sont tous des « salopards », passez-moi l’expression, et la venue de la puberté était pour elle une situation pleine de contradictions, car elle se sentait malgré tout attirée par les garçons de son âge.
Elle a flirté avec un des élèves de sa classe peu après ses dix-huit ans (c’est un établissement spécifique). Je n’ai jamais trop su ce qui s’était passé entre eux, toujours est-il qu’après elle a commencé à se masturber. Je ne la surveille pas particulièrement, mais même si elle se cache, elle ne m’entend bien sûr pas venir. Il y a un an environ, je l’ai surprise en train de se caresser en prenant son bain. Quand elle m’a vue, elle m’a demandé d’approcher de la baignoire. Elle se saisit de ma main lorsque je fus à sa portée, la plongea dans l’eau contre son sexe et la remua en fermant les yeux. J’avais bien évidemment compris ce qu’elle me réclamait et je l’ai fait. Oui, Julien, pensez de moi ce que vous voulez, mais j’ai masturbé ma fille et même plusieurs fois, la dernière remontant à une semaine. J’en arrivai à me dégoûter moi-même alors que je ne tirai aucun plaisir personnel de cet acte. J’ai beaucoup réfléchi depuis et une intervention de votre association m’a semblé la seule solution. J’ai donc téléphoné en urgence pour demander le passage d’un des membres.
Cette fois, Céline croqua un biscuit et but une gorgée de thé.
— J’ai bien compris la situation, fit Julien. Seulement, puisque je ne peux pas communiquer avec votre fille, je vais être obligé de vous demander ce qui m’est permis et ce qui ne l’est pas. Pardonnez la crudité de mes propos, mais vous avez demandé un rapport sexuel complet. Or un rapport sexuel complet ne se borne pas à la pénétration d’un sexe dans un autre. Il ne faut pas oublier tous les préliminaires et activités sexuelles annexes, permettant de décupler le plaisir qu’un homme et une femme peuvent ressentir au moment du coït en lui-même.
— Je vous remercie de votre franc-parler, cela va me faciliter la tâche. En deux mots, vous pouvez embrasser ma fille et pratiquer le cunnilingus, mais pas la sodomie ni d’anilingus, ce sera peut-être pour plus tard. Sonia pourra, si elle le veut, vous prodiguer une fellation. La pénétration devra être complète et suivie d’une éjaculation de votre part. Bien entendu, vous utiliserez tous les préservatifs nécessaires.
— J’ai bien noté, Céline. Je vous remercie de la confiance que vous me témoignez.
Céline sourit tristement.
— Ma fille vous attend, c’est à l’étage au fond du couloir à gauche.
Julien se leva et inclina légèrement le buste vers la maîtresse de maison. Céline se resservit du thé et ne regarda pas Julien qui s’éloignait.
Il accéda à un large escalier en chêne vitrifié sur lequel il s’engagea. Les marches craquèrent un peu et le conduisirent à un palier. À gauche, une porte barrait le passage. Il obliqua à droite et parvint au fond du couloir. Il voulut frapper à la porte avant de se ressaisir, concevant l’inutilité de son geste. Il tourna la poignée et s’avança doucement. La chambre était vaste, sobre, et dans des tons gris qui ne seyaient pas trop avec une jeune femme de l’âge de Sonia. Deux larges fenêtres masquées par des voilages blancs lumineux éclairaient la pièce. Au centre du mur opposé à l’entrée, un grand lit moderne au matelas épais. Sonia était assise dessus, les jambes serrées et les deux mains entremêlées qui s’agitaient sur ses genoux. Elle était manifestement stressée et Julien remarqua le regard inquiet qu’elle lui lançait. C’était une jolie fille aux cheveux châtains. Elle ressemblait beaucoup à sa mère sauf pour la couleur de ses yeux marron. Il voulut la rassurer, mais ignorant la langue des signes, il ne put que s’asseoir à côté d’elle et poser sa main sur celles de la jeune femme. Les doigts nerveux s’immobilisèrent et Sonia soupira comme si elle était soudain soulagée. Tournant la tête, elle fixa Julien dans les yeux, guettant un sentiment qu’elle seule pouvait distinguer. La parole lui étant exclue, la vue et le toucher demeuraient les uniques moyens de communication dont elle disposait avec un « valide ». Le jeune homme soutenait le regard, mais hésitait à aller plus loin.
Sonia devina son embarras et elle prit les devants. Vêtue d’une simple robe, elle la remonta vers ses fesses et dirigea sa main sur ses cuisses blanches et douces. Il se sentit rassuré sur l’objet de sa mission et caressa les jambes de sa partenaire avant de l’allonger sur le drap. Sonia ferma les yeux, Julien s’enhardit à lui ôter sa robe. Elle ne portait qu’un tanga en guise de sous-vêtements et des mules d’intérieur comme souliers. Se mettant à genoux devant le lit, entre les jambes ouvertes de Sonia, il tira sur la ceinture de la culotte et la fit glisser lentement jusqu’aux chevilles. Il l’appuya sous ses narines, elle sentait bon la jeune femme et sans la rechercher vraiment, il eut une violente érection. Il déposa tout un chapelet de baisers des pieds aux aines et plongea le nez dans la touffe brune et frisottée. Le parfum de son sexe possédait la même note juvénile que celui qu’il venait de humer. La vulve était encore serrée, mais la fente brillait, reflétant la lumière du jour. D’un coup de langue, Julien goûta la cyprine. C’était bien celle d’une jeune femme à peine sortie de l’adolescence. Il glissa un doigt dans le vagin, elle émit un petit grognement et le lubrifiant abonda. Elle se releva soudain et se repositionna au milieu du lit. Ses mains indiquèrent à son amant de se défaire de ses habits et de venir la rejoindre. Julien s’exécuta et enfila un préservatif. Il s’approcha d’elle en progressant à genoux, la laissa se saisir de son membre raide et en téter le gland. Julien apprécia quelques minutes puis se retourna en position de soixante-neuf. Sonia comprit tout de suite et les deux partenaires se pompèrent mutuellement avec des bruits de succion appuyés, ponctués de gémissements et de râles. Sonia avait l’habitude de la masturbation et la caresse linguale qu’on lui prodiguait déclencha rapidement son orgasme qu’elle accueillit par un fort grognement et en lacérant les fesses du jeune homme de ses ongles. Julien cria aussi, mais pas encore de jouissance, les griffes étaient pointues…
L’orage passé pour Sonia, il se retira de sa bouche, changea de préservatif et s’allongea au-dessus d’elle dans la position du missionnaire. Il la regarda dans les yeux, quémandant un accord qu’elle lui donna en clignant une seule fois des paupières. Le vagin lubrifié, même vierge, n’opposa aucune résistance au pénis tendu comme un arc. Les deux amants d’une heure gémirent en même temps au moment de la pénétration puis Julien embrassa sa partenaire qui desserra les lèvres instantanément. Tout le long des va-et-vient, les langues se mêlèrent puis après de longues minutes Sonia écarta la tête de Julien pour pousser de petits soupirs de plus en plus fort. Julien sentit les ongles acérés dans ses omoplates et se prépara à un nouveau labourage. Il n’en eut cure. Accélérant le mouvement de ses hanches, il s’abandonna lui-même à l’orgasme qu’il retenait quand Sonia grogna en lui déchirant la peau du dos. Le spasme simultané ne subsista qu’une quinzaine de secondes, mais il sembla à chacun durer une éternité. Julien laissa retomber tout le poids de son corps sur la jeune femme qui souriait de bonheur tout en lui caressant l’arrière du crâne. Le temps allongeait ses secondes en minutes et ses minutes en heures. Contre son gré, il sortit son sexe mou du vagin et attrapa la capote qui pendouillait au bout de son gland, le petit réservoir plein de sa semence. Il la noua et se leva pour la jeter. Sonia reprit la place assise qu’elle avait lorsque Julien est arrivé, mais nue cette fois. Elle observait Julien tendrement, il en fut bouleversé. Nu également, il serra la tête de la jeune femme contre son ventre, déposa un baiser sur ses lèvres et se rhabilla. En sortant de la pièce, il aperçut, ému, Sonia se sécher les yeux à l’aide d’un mouchoir brodé.
Julien rejoignit Céline qui était restée au salon. Elle lisait un magazine « people » qu’elle reposa en le voyant venir.
— Je peux vous assurer que tout s’est bien passé selon vos souhaits. Vous devriez maintenant voir votre fille d’ici une heure ou deux. Son premier rapport sexuel l’a, je pense, satisfaite, mais a déclenché une grande émotion qu’elle doit partager. Vous seule en êtes capable.
— Je n’y manquerai pas. Je vous remercie beaucoup, Julien. Je sais que je ne vous reverrai pas, mais vous resterez dans nos mémoires à toutes les deux.
Julien sortit récupérer son véhicule. S’installant au volant, il essuya une larme qui perlait. C’était certainement le vent frais d’avril…
*-*
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6 avis des lecteurs et lectrices après lecture : Les auteurs apprécient les commentaires de leurs lecteurs
Les avis des lecteurs
Merci lecteur. Rendez-vous dernière semaine de mars pour le deuxième et dernier chapitre.
Excellent récit, très bien écrit comme d'habitude.
Vivement la suite.
Bravo.
M.
Vivement la suite.
Bravo.
M.
Merci Daniel, c'est en effet ce que j'ai essayé de traduire. Je vous donne rendez-vous au chapitre 2, fin mars.
Ton récit est parfait ces assistants sexuels sublimes on oublie tout mais on retient qu’un homme ou une femme avec un handicap reste des êtres humains avec également des envies sexuelles. Daniel
Merci lecteur de cette appréciation. Il s'agit là d'une vision tout à fait personnelle de l'activité d'assistant sexuel, je suis sans doute loin de la vérité, mais il me plaisait de la raconter ainsi.
Toujours cette belle écriture d'un français parfait traduisant une belle et riche imagination.
On est tenté cette fois de laisser en second plan le coté érotique pour bien ressentir un coté émotionnel attendrissant.
C'est très beau,
félicitation.
On est tenté cette fois de laisser en second plan le coté érotique pour bien ressentir un coté émotionnel attendrissant.
C'est très beau,
félicitation.

